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1. INTRODUCTION

1.1 Buts de la missions et mandat

Dans le cadre du projet MAG/85/014 “Assistance à l'administration des pêches et de l'aquaculture”, dont l'un des objectifs consiste à préparer un plan de développement de l'ensemble du secteur halieutique pour le prochain cycle de planification simultanée du PNUD et du gouvernement couvrant la période 1991–1995, deux consultants, Michel Vincke et Alphonse Collart ont été envoyés à Madagascar munis du mandat suivant:

  1. dresser un bilan diagnostique sur les différents types d'activités des pêches continentales et de l'aquaculture à Madagascar, à partir des orientations proposées par A. Collart (1979), de la documentation disponible et de l'analyse critique des projets en cours de réalisation ou envisagés;

  2. recommander une stratégie et un programme de développement à moyen terme pour lesquels le rôle et les investissements des opérateurs privés et des institutions publiques seront clairement identifiés.

1.2 Itinéraire et activités

Les déplacements et activités de la mission se trouvent en Annexe 1.

1.3 Personnes rencontrées

La liste des personnes rencontrées par la mission se trouve en Annexe 2.

1.4 Remerciements

Les consultants expriment leurs plus vifs remerciements à toutes les instances et personnes rencontrées, à la FAO, au PNUD, aux divers services gouvernementaux malgaches et tout particulièrement à la Direction des pêches et de l'aquaculture, ainsi qu'aux personnels nationaux et internationaux des divers projets visités sur le terrain qui leur ont apporté tout l'appui nécessaire au succès de la mission.

CONCLUSIONS ET RECOMMANDATIONS

CONCLUSIONS

Les pêches continentales ont connu au cours de ces derniéres années un accroissement spectaculaire, la production passant de 40 000 t en 1979 à environ 60 000 t en 1986. Bien qu'il n'y ait aucune statistique, cette capacité de production semble se confirmer par les résultats d'une vaste enquête-cadre réalisée en 1987–88 qui met en évidence pour la première fois, l'importance des effectifs des pêches continentales totalisant 37 889 pêcheurs et 16 828 pirogues (eaux douces intérieures; zone côtière/pêche maritime exclue).

La meilleure évaluation actuelle de la potentialité des eaux continentales est de l'ordre de 75 000–80 000 t. La plupart des grands plans d'eaux donnent des signes évidents de surexploitation et le seul secteur présentant encore quelques réserves (15 000 t) pourrait être celui des eaux saumâtres (lagunes et estuaires).

Les perspectives d'avenir à moyen terme paraissent très limitées, du fait qu'en plus de la surexploitation déjà mentionnée, les eaux continentales se trouvent à présent infestées par un dangereux vorace inconnu jusqu'alors, l'Ophiocephalus sp. qui risque de compromettre le recrutement normal des stocks, s'attaquant aux oeufs, aux larves et aux alevins.

Dans ce contexte, il est très probable que les pêches continentales auront un certain mal à augmenter encore leur production actuelle. Tout au plus parviendront-elles à maintenir leur niveau actuel qui pourrait même accuser une certaine régression au cours des prochaines années, jusqu'à ce que la poussée spécifique présente d'Ophiocephalus soit maîtrisée. Dans ce secteur il y a un manque général de matériels de pêche adéquats.

L'aquaculture en eau douce, la pisciculture et la rizipisciculture, en stagnation ces denières années, présentent actuellement des signes évidents de relance d'intérêt, notamment de la part des privés sur les hauts plateaux. En effet plusieurs privés construisent des étangs de pisciculture ainsi que des centres producteurs et distributeurs d'alevins, aidés dans leurs efforts par les services techniques publics et la FAO.

Dans ce domaine on peut être franchement optimiste et si la tendance actuelle est confirmée, confortée par un programme d'appui et de suivi continu, ce secteur pourrait, à long terme, parvenir au potentiel énorme qu'il représente, estimé entre 60 000 et 90 000 t.

L'aquaculture marine est également en éveil par la mise en activité récente d'une ferme-pilote d'élevage de crevettes de mer. Le privé paraît très actif dans ce domaine et Madagascar disposant de vastes sites propices à la mariculture, pourrait connaître un développement très rapide du secteur. Cette perspective permet d'espérer qu'une partie des installations de mariculture pourra servir à la production de poisson de consommation, selon des accords à négocier entre les pouvoirs publics et les entreprises privées.

Les services gouvernementaux responsables des pêches et de l'aquaculture paraissent très structurés au niveau central, tandis que le personnel de terrain et des régions décentralisées n'est pas encore au complet. La plupart d'entre eux, de récente affectation, manquent encore d'expérience et de compétences techniques.

Il y a un manque général de moyens de travail et de déplacements, si bien que ce personnel se confine dans des tâches administratives plutôt que techniques.

Mis à part un manque d'écloserie, l'infrastructure d'appui à l'aquaculture (stations piscicoles) existe sur les hauts plateaux et fonctionne sous l'impulsion d'un projet FAO assisté par un personnel national compétent.

A la suite de changements structurels et de la récente décentralisation des pouvoirs, il n'y a pas encore une parfaite cohérence entre les différentes autorités centrales et décentralisées. Sous certains aspects (entre autres, la gestion des stations piscicoles), il apparaît que le service central devrait conserver certaines prérogatives.

RECOMMANDATIONS

1. D'ordre général

La Direction des pêches et de l'aquaculture devrait entre autres:

1.1 Dans le domaine des pêches continentales

  1. Mettre en place le réseau nécessaire au recueil des données statistiques indispensables basé sur un système simple et fiable;

  2. Compléter l'encadrement technique des pêches par les halieutes encore nécessaires, mais surtout à l'échelon des cadres moyens (adjoints techniques à former et à recruter d'urgence);

  3. En attendant la création du “Fonds national pour le développement de la pêche artisanale”, poursuivre les négociations avec les donateurs potentiels sur les possibilités d'octroi de matériels de pêche adéquats, à spécifier exactement, suivant leur destination (lacs, lagunes, mer), et en assurer la vulgarisation auprès des pêcheurs selon une procédure de cession adéquate. La spécification détaillée et précise par engin de pêche pourrait faire l'object d'une consultation particulière;

  4. Préparer l'étude et la mise en application de dispositions légales permettant le prélèvement d'une petite taxe (TVA) sur les produits d'exportation des pêches et mariculture industrielles (thons, crevettes, langoustes) et ceci afin de constituter et d'alimenter un “Fonds national pour le développement de la pêche artisanale” et de déterminer ses modalités de fonctionnement.

    En alternative, négocier avec les industriels précités, l'octroi d'un certain quota de matériels et d'équipment de pêche spécifiques, en légitime compensation des avantages dont ils jouissent, afin de promouvoir la pêche artisanale;

  5. Procéder à l'étude et à la promotion d'une nouvelle loicadre sur les pêches dont les projects ont déjà été élaborés lors des consultations FAO antérieures, et la compléter de décrets de mise en application spécifiques à chaque grand plan d'eau ou par secteur écologique, notamment pour les lacs Alsotra, Itasy, Mantasoa, Tsiazompaniry, Kinkany, région Ambato Boémi et Miandrivago;

  6. L'amodiation du droit de pêche appliquée depuis plus de 20 ans n'ayant et ne pouvant donner les résultats escomptés, il paraît mieux indiqué d'ériger toute pêche de type commercial (senne, filet maillant, épervier, etc.) en profession et de rendre le permis de pêche obligatoire, de même que l'immatriculation des pirogues; ces dispositions ne sont pas contraignantes car elles peuvent être effectuées simultanément avec, par exemple, la perception de l'impôt.

1.2 Dans le domaine de l'aquaculture

  1. Afin de faire face aux besoins actuels et futurs des halieutes et surtout des adjoints techniques pour relever la capacité technique d'absorber les programmes actuels et à venir, former d'urgence les cadres indispensables, notamment à l'encadrement et à la gestion des stations piscicoles et des écloseries;

  2. Pour des raisons évidentes d'efficacité, la DPA devrait garder ses attributions directes de gestionnaire des stations piscicoles assorties d'un statut d'autonomie, de même que la coordination de l'aide et des programmes dans les régions décentralisées, la maîtrise du personnel technique et de leurs moyens de travail.

2. D'ordre particulier

2.1 Dans le domaine des pêches

  1. Préparer pour la mise en route dans les meilleurs délais, un projet visant simultanément la recherche des moyens de capture les plus efficaces d'Ophiocephalus, à vulgariser ensuite dans tout le pays, et l'étude bio-écologique de ce vorace.

2.2 Dans le domaine de l'aquaculture

  1. Proposer l'extension et le renforcement du projet MAG/88/005 “Promotion de l'aquaculture et la privatisation de la production d'alevins” pour toute la période 1991–95 qui devrait être suivie d'une période de consolidation d'égale durée 1996–2000.

    Le même projet ne devrait pas être impliqué dans les activités de la station de la Sambilahy aussi longtemps que le BIT qui l'a constuite ne l'ait pas rendue fonctionnelle et que des accords dans ce sens n'aient pas été négociés avec la FAO et le gouvernement.

  2. Négocier un protocole d'exploitation de la station piscicole d'Antsirabé conjointement par la DPA et la Recherche, étant donné le rôle capital que ladite station est appelée à jouer dans lè processus de développement de l'aquaculture, notamment pour la DPA:

  3. Reprendre la négociation avec le FED en vue d'aboutir au financement de 3 sites piscicoles dotés d'une écloserie, notamment à Andapa, Antsampandrano, Bezana, après étude de faisabilité;

  4. Procéder à la privatisation de la gestion des stations piscicoles secondaires récupérables, pour en faire des centres de production et de distribution d'alevins - leur exploitation par le secteur privé devrait être basée sur une procédure libérale.

    Dans le même ordre d'idées, prévoir la privatisation à terme de la station salmonicale de Manjakatompo.

  5. Préparer un project-pilote pour la mise au point des modules économiques à vulgariser ultérieurement en aquaculture aux Pangalanes (élevages associés porc-poisson, canard-poisson, acadja, enclos, cages, etc.) en vue de déboucher sur un vaste projet de développement intégré aquacole dans ce plan d'eau.

    En même temps procéder à la relance dans les circuits de financement extérieurs non remboursables du dossier d'aménagement écologique pour la réhabilitation des pêches aux Pangalanes (financement assez problématique vu le coût très élevé de l'opération).

  6. Etablir conjointement avec le projet MAG/88/005 (Coordination pour schéma d'étude) et/ou consultation locale, un inventaire de tous les périmètres irrigués, grands et moyens, à l'échelle nationale, afin d'identifier les prochaines priorités d'intervention en dehors de sa zone actuelle d'activité (extension des opérations en 1991–95).

    De même, une monographie ou inventaire de la situation des étangs de pisciculture, et de la rizipisciculture, pourrait être réalisée au niveau de chaque Faritany, par exemple par le SPPA.

2.3 Dans le domaine de la mariculture

  1. Veiller au respect intégral de la mangrove lors des installations de mariculture côtière, en raison de son double rôle de protection des côtes et de nurserie des larves de crevettes (indispensable au recrutement des stocks pour chalutage industriel des crevettes) et de très nombreuses espèces de poissons de mer.


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