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2. REVUE SECTORIELLE DES PECHES CONTINENTALES ET DE L'AQUACULTURE

2.1 Pêches continentales

2.1.1 Situation générale

Dans le secteur des pêches continentales, le fait le plus marquant de ces dernières années est, sans conteste, l'introduction clandestine en 1975/76 d'oeufs embryonnés d'Ophiocephalus sp. ou Channa sp. dénommé localement Fibata, venus de Chine et déversés dans un bassin à proximité d'Antananarivo. Cette introduction de Fibata fut suivie de sa dissémination fortuite et incontrôlée qui se poursuit un peu partout dans le pays, si bien qu'actuellement tous les hauts plateaux et tous les plans d'eaux tropicaux de Madagascar en sont infestés, depuis le lac Alaotra jusqu'aux lacs de Miandrivazo - Bélo sur Tsiribihina, y compris les lacs Mantasoa, Itasy et tous ceux de la région de Maevatanana - Ambato-Boéni.

Ophiocephalus a trouvé dans ce pays des conditions de croissance et de reproduction telles qu'en une bonne dizaine d'années il se situe déjà au troisième rang des espèces les mieux représentées dans les captures: Tilapia, Carpe, Fibata, etc. Les premiers spécimens de 15–20 cm, capturés dans les marais des alentours de la capitale, sont apparus sur le marché d'Antananarivo vers le début des années quatre-vingt; on a cru alors à une dispersion très localisée de l'espèce, mais depuis 1985–86, le Fibata est apperu sur tous les marchés où il se vend de 1 000 à 1 500 FMG/kg (le Black Bass vaut 2 000 FMG/kg).

Pour sa part, la mission a vu sur le marché d'Ambatondrazaka (lac Alaotra) de nombreux Ophiocephalus dépassant 40 cm de long et pesant de 1,5 à 2 kg, ainsi que sur l'axe routier du Sud, depuis Antananarivo jusqu'à Fianarantsoa.

Force est de constater que l'introduction et la dissémination d'Ophiocephalus dans tout le pays est un fléau dont Madagascar n'avait nul besoin, mais avec lequel il faudra dorénavant compter. A terme, on va de toute évidence vers un bouleversement biologique, car on peut deviner sans peine de quel poids va peser la présence de ce vorace sur la capacité de renouvellement des stocks, et combien il va en gêner la gestion.

Ophiocephalus, vorace lent vivant principalement dans les zones littorales et marécageuses des plans d'eaux correspondant aux zones frayères de Carpe, Tilapia, Carassius, etc., met en péril le recrutement de ces espèces au moment où celles-ci sons les plus vulnérables; oeufs, larves, jeunes alevins. Seuls les Tilapias à incubation buccale pourront mieux se défendre. Les conséquences inéluctables et prévisibles vont être: une diminution des stocks de Carpe et de certains Tilapias, une régression générale de la production piscicole, l'appauvrissement des pêcheurs, la diminution du volume du poisson destiné à la population (compensée en partie par une disponibilité en vorace Fibata) qui provoquera à coup sûr une augmentation des prix au consommateur.

Cette situation dramatique pour l'avenir des pêches continentales du pays exige une intervention immédiate des services techniques pour enrayer dans les meilleurs délais la poussée spécifique et explosive d'Ophiocephalus, et parvenir à terme, non seulement à la réduire, mais à la maintenir à un taux normalement supportable pour l'équilibre des stocks en eaux fermées (environ 5 à 10 pour cent de voraces contre 90–95 pour cent de non voraces).

Etant donné que les services techniques nationaux ne seront peut-être pas en mesure de mener seuls ce combat, la mission propose l'élaboration d'urgence d'un projet pour aider à solutionner ce grave problème, et notamment:

Le second fait marquant à souligner dans ce secteur est l'intensification généralisée de l'effort de pêche sur l'ensemble des plans d'eaux continentaux, due notamment à la pression démographique et aux difficultés de ravitaillement que Madagascar a connues au cours des 10–15 dernières années, ainsi qu'à l'augmentation notoire du coût de la vie. Cette situation a fait passer la production des eaux continentales de 40 000 t en 1975 à 60 000 t en 1986.

La mission a pu visiter respectivement les lacs de Mantasoa, Alaotra et Itasy.

  1. Au lac de Mantasoa les renseignements fournis par la brigade de pêche actuellement en place sont tellement peu crédibles qu'ils ne peuvent figurer dans ce document. La production de ce lac à partir de 40–50 pirogues est passée de 55 t en 1970 (Vincke, 1972) à 60 t en 1975. A présent on estime qu'elle atteint 188 t avec 60 pirogues (MAG/85/014 - enquête-cadre - Rafalimanana, 1989); mais compte tenu du contexte spécifique de ce lac, il est probable que la production réelle se situe aux environs de 80 à 100 t. Il est possible que le lac de Mantasoa ne parvienne pas au niveau de sa productivité maximale estimée à 150 t (Collart, 1977), en raison d'une part d'Ophiocephalus qui aura une répercussion négative sur l'évolution des stocks et d'autre part, du fait que les eaux libres de ce lac ne sont pas occupées par un poisson pélagique filtreur. Il y a là une niche disponible qui pourrait accueillir la carpe argentée. L'introduction de celle-ci ne présente aucun danger puisqu'elle ne se reproduit pas en eaux fermées; il faudrait la reproduire en écloserie pour assurer le restockage annuel contrôlé de l'espèce, opération réalisable à la station piscicole d'Andasibé. On notera que ce poisson pélagique est parfaitement hors d'atteinte du Fibata.

  2. Au lac Alaotra, comme à Mantasoa, la CIRPA n'était guère en mesure de fournir des renseignements fiable. C'est pourtant un lac pour lequel on dispose de données assez complètes. L'enquêtecadre (MAG/85/014) indique une diminution sensible des effectifs de pêche:

    -1977:2 478 pirogues     ….2 872 pêcheurs (Collart, 1977)
    -1988:1 278 pirogues     ….2 020 pêcheurs (enquête-cadre MAG/85/014)

    En même temps la production passe de 4 000 t en 1975 à 3 000 t en 1988, revenant ainsi à son point de départ de 3 000 t en 1965.

    La tendance de la production indique une croissance de l'effort de pêche jusqu'au niveau maximum de 4 000 t qui s'est maintenu pendant les années 1970–75, suivie après d'un recul de la production ayant pour cause: un effort de pêche excessif, la sédimentation accélérée par érosion du bassin versant, envahissement de papyrus, la réduction de la photosynthèse, donc de la productivité primaire due à la forte turbidité des eaux libres par brassage au moindre vent, et de plus, la poussée explosive d'Ophiocephalus dont la répercussion directe sur les stocks se fait déjà probablement sentir.

    Il n'est certes pas indiqué d'introduire une nouvelle espèce de poisson pélagique, les eaux libres devenant de moins en moins “habitables”. Carpes et Carassius sont à coup sûr les espèces les plus directement menacées par Fibata, tandis que Tilapia nilotica notamment ne montre actuellement pas de signe de surexploitation, même si la quantité diminue.

  3. Au lac Itasy, la dernière étude sur l'état des stocks et la situation des pêches date de 1985 (Mathes, MAG/82/014), concluant à la surexploition des stocks et au besoin d'aménagements piscicoles. Une tentative d'estimation de la production exprimée à partir d'un seul mois d'observations (juin 1985) ne paraît pas exploitable.

    L'enquête-cadre (MAG/85/014, Doc.trav.No.6 - Bellemans, 1989), procédant à des échantillonnages statistiques a trois niveaux, a mis en place un système très complexe dont l'un des modules, basé sur les mises à terre, a permis d'estimer la production actuelle à 245 t tandis que le module apliqué aux COS démontre l'incapacité du système à produire des données fiables pour déterminer la production. Cette approche ne peut être utilisée que pour une meilleure connaissance de la commercialisation du poisson.

    Par ailleurs, dans le même projet, une autre approche (Rafalimanana, 1989), se basant sur les résultats de l'enquête-cadre, estime la production à 285 t.

    Le lac Itasy a connu son apogée dans les années 1960-65 avec une production annuelle de plus de 1 000 t (Thérézien, 1964; Vincke, 1970; Moreau, 1979) suivie depuis par des alternances de production oscillant autour de 300 t, ce qui correspond à une productivité de 80 kg/ha/an.

    Il paraît évident qu'ici, les stocks continuellement surexploités ne sont plus capables de se reproduire ni de se reconstituer normalement, malgré une fermeture annuelle de la pêche de deux mois, situation encore aggravée à présent par le Fibata. Par ailleurs, certaines niches (pélagique et de fond) restent disponibles, demandant l'introduction d'espèces appropriées qui contribueraient à une meilleure rentabilité du lac, de même que l'introduction de la pisciculture en cage ainsi que la pisciculture autour du plan d'eau, dans des chenaux à creuser, les rizières ou en étangs, selon le cas.

2.1.2 Production du secteur

La surface des eaux continentales de Madagascar est souvent controversée selon le point de vue des auteurs utilisant des critères différents. Cependant, les chiffres de référence le plus souvent cités, de 550 000 ha, sont ceux de Kiener (1963) résumés dans le Tableau 1.

Sauf quelques cas exceptionnels, on ne considère pas ici les rivières comme des zones de pêches potentielles étant donné leur turbidité trop élevée; mais ces mêmes eaux utilisées en grande partie pour l'irrigation des rizières peuvent être recupérées pour la rizipisculture (200 000 à 300 000 ha).

Par ailleurs, en analysant la localisation des mangroves, il apparaît clairement que la plupart d'entre elles se situent sur la facade maritime littorale et ne sont que des zones fictives de pêche; seules font exception la Loza (18 000 ha) et la Betsiboka (46 000 ha).

Compte tenu de ces éléments, on peut admettre qu'en pratique Madagascar dispose d'environ 220 000 ha de plans d'eaux continentaux exploitables, eaux douces et eaux saumâtres confondues (Tableau 1).

Tableau 1

CLASSIFICATION DES EAUX CONTINENTALES

a)Lacs, lagunes, MaraisSuperficie ha
 • 22lacs et lagunesde plus de 1.000 ha93.260
 • 21-"-de 500 à 999 ha14.000
 • 45-"-de 250 à 499 ha14.700
 • 98-"-de 100 à 249 ha14.740
 • 338-"-de 20 à 99 ha19.500
   Sous-total156.200

b)Mangrove (forêt de palétuviers soumis aux marées) 
 • Mahavavy Nord (Ambilobe)11.200
 • Ifasy (Baie d'Ambaro)14.000
 • Sambirano (Ambanja)8.000
 • Loza (Analalava - Antsohihy)18.000
 • Baie de la Mahajamba (Port Bergé)39.400
 • Bombetoka (Betsiboka - Mahajanga)46.000
 • Mahavavy sud et Soalala34.000
 • Besalampy Nord et Sud45.700
 • Maintirano25.500
 • Manambolo9.000
 • Tsiribihina (Belo)28.000
 • Mangoky (Morombe)23.200
 Sous total302.000
c)Riveries - Fleuves91.800
           TOTAL GENERAL550.000

N.B. Eaux propres à la pêche

a) Lacs, lagunes, marais156.200 hay inclus les zones à fortes crues de Miandrivazo et d'Ambato Boeni/Maevatanana
b) Mangove  
   • loza18.000 haexclu les autres mangroves qui sont localisés sur la facade maritime
   • Bombetoka-Betsiboka46.000
c) rivières et fleuvès (p.m.) sauf rares exceptions, les eaux des rivières à forte turbidité sont impropres à la pêche
Total des Eaux Continentales propres à la Pêche220.200 ha

La première tentative d'estimation réaliste de la production des pêches continentales experimée par Kiener (1963) pour les années 1950–62, était de l'ordre de 22 000 à 25 000 t. Collart (1977) estimait que cette production atteignait environ 40 000 t au cours des années 1970–75, en donnant les justifications adéquates. Ces chiffres se retrouvent dans les statistiques officielles jusqu'au début des années quatre-vingt; puis elles passent de 44 000 t (1984) à 54 000 t (1985) et à 60 000 t en 1986 (Ralison, 1988, source DPA). Collart (1979) prévoyait une progression plus linéaire de la production de ce secteur pour atteindre 60 000 t en l'en 2000.

On peut tenter d'expliquer ce chiffre en se référant aux résultats des deux enquêtes-cadres menées par MAG/85/014 qui fournissent un inventaire des effectifs suivants:

  1. étude l (MAG/85/014) - “Bilan diagnostique des caractéristiques structurelles des pêches continentales à Madagascar” (Rafalimanana, 1989).

  2. étude 2 — “Résultats de l'enquête-cadre des pêcheries traditionnelles côtières”, Rapport de terrain No. 4 (Bellemans, 1989).

Cette étude couvre une bande côtière de 10 km partant du littoral vers l'intérieur (y inclus les Pangalanes), soit le reste des eaux continentales non couvertes par l'étude l, et aboutit aux résultats suivants:

eaux douces côtière:   3 856 pirogues et  11 600 pêcheurs
eaux estuariennes:   9 914 pirogues et  20 875 pêcheurs
Total zone côtière13 770 pirogues et 32 483 pêcheurs
surface couverte:le reste des eaux continentales, soit 170 000 ha

Aucune estimation fiable de la production n'émane de cette étude, mais on sait que ce secteur comprend les eaux saumâtres et les vastes plaines côtières soumises à inondations, secteurs spécifiquement plus riches donc plus productifs ne permettant pas la simple extrapolation avec les résultats obtenus par l'étude l. Le rendement par effort de pêche y est certainement meilleur et par conséquent, on peut provisoirement admettre une production possible de 4 t/pirogue/an, ce qui donnerait pour les 13 770 pirogues concernées quelque 55 000 t. Si l'on y ajoute les 9 000 t des eaux intérieures (étude 1), on totalise 64 000 t.

Par conséquent, on peut admettre provisoirement le chiffre officiel de 60 000 t comme production actuelle des eaux continentales, sous réserve d'observations statistiques fiables qui le confirmeraient, mais qui ne seront disponibles que dans 1 ou 2 ans, dans la mesure où la DPA prenne les dispositions adéquates pour mettre en place le réseau nécessaire au recueil de ces données indispensables.

2.1.3 Potentialité du secteur

La productivité des eaux continentales de Madagascar dépend de la spécificacité de chaque plan d'eau, mais dans l'ensemble on peut les classer en trois grandes catégories:

  1. les lacs principaux des hauts plateaux, de basse et moyenne altitude rotalisant environ 63 000 ha (Tableau 2);

  2. les lacs et rivières de basse altitude, grandes plaines dont la plupart sont soumises aux inondations (crues), pour une surface d'environ 80 000 ha;

  3. les eaux saumâtres des lagunes et estuaires, soit 80 000 ha environ.

En ce qui concerne les principaux lacs (63 000 ha), Collart (1977) en a estimé la production maximum soutenable à 14 600 t. Cette évaluation paraît à présent surestimée, en raison des Pangalanes (11 000 ha) dont l'appauvrissement extrême ne produit pas plus de 10 kg/ha/an, ainsi que la régression des stocks surexploités des lacs Alaotra et Itasy, à laquelle il faut ajouter maintenant l'interférence imprévue d'Ophiocephalus. Seuls quelques lacs isoles tels que Kinkony et Tsiazompaniry restent encore sous-exploités.

Pour ces raisons, la meilleure estimation de la potentialité actuelle de ces plans d'eaux serait de l'ordre de 10 000 t environ (160 kg/ha/an) (63 000 ha).

Pour le reste des eaux continentales partagées entre eaux saumâtres (80 000 ha) et les zones à fortes crues (80 000 ha), toutes deux à productivité élevée, on peut estimer qu'elles seraient capables de soutenir un effort de pêche de l'ordre de 500 kg/ha/an pour les premières et de 320 kg/ha/an pour les secondes (le double de la productivité atteinte dans les lacs ordinaires) soit des potentialités de 40 000 et 25 000 t respectivement.

La totalité des eaux continentales aurait donc une potentialité de pêche de l'ordre de 75 000 t (10 000 + 40 000 ÷ 25 000).

Cette estimation semble corroborer celle avancée par Rabelahatra (1988) qui cite pour ces mêmes eaux un potentiel de 77 000 t.

Tableau 2

PRINCIPAUX LACS

Alaotra22 000 haPangalanes11 000 ha
Itasy3 500 haMantasoa1 375 ha
Kinkony15 000 haTsiazompaniry2 333 ha
Maevatanana8 000 haTotal63 230 ha

2.1.4 Gestion des plans d'eaux

2.1.4.1 Aménagements écologiques et piscicoles

Ecologiquement, cheque grand plan d'eau de Madagascar est marqué de caractères spécifiques propres; le maintien de leur productivité demande des interventions particulières, et notamment:

Pour les Pangalanes

Appauvrissement extrême du milieu par manque d'apports en eau de mer et où la productivité actuelle ne dépasse pas 6 à 8 kg/ha/an (MAG/76/002 - Lasserre 1979). Cette situation catastrophique impose la réouverture de chenaux de communication mer-lagune pour laquelle un dossier complet de l'étude de faisabilité a été produit par MAG/76/002 (Vetillart, 1980).

Si aucun aménagement écologique n'intervient, faute d'investissements, l'alternative serait d'utiliser les Pangalanes comme support au développement d'élevages piscicoles en cages, avec nourrissage, ce qui pourrait faire l'objet d'un projet-pilote (aquaculture en cages, acadjas, enclos).

Pour le lac Kinkony

Ce lac est en communication avec la mer et en principe, les stocks de poissons euryhalins (dont Chanos chanos) se renouvellent constamment pour autant que les rivières Mahavavy Sud et Kotomay ne soient pas complètement obstruées par les amas de troncs d'arbres charriés par les eaux. Si tel est le cas, il faut dégager les obstacles. Il conviendrait également de désenclaver ce plan d'eau à haute productivité naturelle et le réempoissonner en Tilapia nilotica et en Carpe pour rajeunir les stocks (éviter la dégénérescence).

Pour le lac Alaotra

Lac eutrophe, en voie de comblement à long terme. Dans ses eaux libres à forte turbidité, la carpe est l'un des rares poissons pouvant s'accomoder de ce milieu. Développer la pêche à outrance d'Ophiocephalus: creuser et aménager des chenaux de capture dans toutes les zones marécageuses. Pour carpe très vulnérable, aménager des frayères artificielles flottantes (îlots de kakabans). Enfin procéder à des réempoissonnements périodiques de carpe et Tilapia pour assurer le rajeunissement des stocks (dégénérescence).

Pour le lac Itasy

Lac surexploité, avec deux eaux libres à faible turbidité dans lesquelles se développe un plancton abondant. Cette ressource renouvelable reste sous-exploitée par Tilapia et justifierait l'introduction d'une espèce pélagique filtrant le plancton telle que carpe argentée. Lutter contre Ophiocephalus et aménager des frayères artificielles pour carpe. Procéder à des réempoissonnements périodiques de Carpe, Tilapia nilotica et T. rendalli pour rajeunissement des stocks. Encourager le développement de la pisciculture en cage, ainsi que la pisiciculture en chenaux, en rizières et en étangs en bordure du lac, suivant le cas.

Pour les cas de Mantasoa et Tsiazompaniry

Lacs de barrage établis sur sol latéritique mais enrichis par les cultures de riz en amont; bassin versant couvert en partie de fougère et de bruyère indiquant une certaine acidité. Introduire dans les eaux libres un planctonophage tel que carpe argentée. Lutter contre Ophiocephalus et aménager des frayères artificelles pour carpe. Réempoissonner périodiquement en carpe et Tilapia pour rajeunissement des stocks. Parvenir à un meilleur entretien des pistes d'accès.

Pour les lacs des régions Ambato-Boéni - Miandrivazo

Lacs résiduels peu profonds soumis à de fortes crues (plaines basses inondées). Plans d'eaux très productifs nécessitant une lutte à outrance contre Ophiocephalus. Dans ce milieu, des réempoissonnements périodiques ne semblent pas indiqués, sauf cas exceptionnels.

2.1.4.2 Exploitation rationnelle des stocks

Une bonne gestion bio-économique des plans d'eaux est indispensable pour assurer la pérennité des pêcheries et garantir la viabilité économique des unités de production, donc du pêcheur.

Faute de dispositions adéquates (encadrement juridique des pêches) l'anarchie s'installe menant à la surexploitation, ce qui devient le cas le plus fréquent à Madagascar. Aussi, dans le domaine des pêches continentales, ce n'est plus de développement dont il conviendrait de parler, mais de rationalisation, ce qui implique l'application des mesures générales suivantes pour l'ensemble des plans d'eaux.

(Ces dispositions ne touchent pas la simple pêche de subsistance par des moyens autorisés).

L'encadrement juridique actuel des pêches continentales ne semble plus adéquat et il paraît nécessaire de promulguer une nouvelle loi-cadre assortie de décrets d'application particuliers en fonction de chaque catégorie spécifique de plans d'eaux, notamment pour les lacs Aloatra; Itasy, Mantasoa, Tsiazompaniry, Kinkony, région Ambato-Boéni et Miandrivago.

Sans atteindre à la liberté individuelle en ce qui concerne la simple pêche de subsistance traditionnellement pratiquée par les riverains, il conviendrait, à terme, de professionaliser toute pêche à caractère commercial (senne, épervier, filet maillant, pirogue).

Jusqu'alors, le système couramment en vigueur à Madagascar pour l'exploitation des plans d'eaux était celui de l'amodiation du droit de pêche. Mais ce système n'a pas donné satisfaction et l'alternative proposée est celle de l'établissement du permis de pêche annuel obligatoire (Collart, 1977 “Programme pour le recueil de données statistiques de base sur les pêches continentales” pages 9, 10 et 11).

2.1.4.3 Equipements matériels

L'approvisionnement en matériel de pêche est quasi-inexistant, et les pêcheurs fabriquent leurs propres engins avec des moyens rudimentaires. Le gouvernement pourrait remédier à cet état de choses en créant un Fonds d'équipement à la pêche artisanale (continentalc et marine) alimenté par la perception d'une légère taxe (TVA de 0,5 pour cent par exemple) sur les produits de la pêche industrielle crevettière et thonière versée sur un compte convertible géré par la DPA sous contrôle du Comité des pêches (ou autre autorité à définir). Cette formule permettrait l'achat d'équipements adéquats pour les différentes pêches, en exonération de taxe comme il est d'usage pour les produits consommés à la mer (ou assimilés, pour pêche continentale) afin de promouvoir la pêche artisanale).

2.1.4.4 Encadrement technique

En ce qui concerne la pêche continentale, 6 BRIPA existent, dont: lac Alaotra, Itasy, Miandrivazo, Ambato-Boéni, Mantasoa et Bélo sur Tsiribihina. Il en manque encore trois pour assurer la couverture suffisante des principaux plans d'eaux: Pangalanes, Kinkony et Tsiazompaniry.

Une fois ce personnel en place, l'encadrement technique du secteur des pêches continentales paraît suffisant pour:

Quant à l'encadrement scientifique des pêches, ce dernier devrait se faire en collaboration avec les organismes nationaux de recherches et/ou les universités. En outre, chaque ingénieur halieute devrait avoir un thème de recherche dans ces activités (Collart, 1979, p. 65–66).

2.2 Aquaculture

Les élevages de poissons se font, en eau douce, en rizières irriguées (rizipisciculture) et en étangs. Des essais d'élevages en cages sont également prévus, au lac Itasy. Une ferme-pilote d'élevage de crevettes marines s'est implantée à Nosy Bé, début 1989.

2.2.1 Aquaculture en eau douce

On ne dispose pas au niveau du pays de données statistiques récentes, ni sur la rizipisciculture, ni sur la pisciculture en étangs.

Bien que la rizipisciculture fasse l'objet d'une attention particulière des autorités responsables de ce secteur depuis plusieurs décennies, les résultats obtenus jusqu'alors restent modestes, car liés directement à la capacité de production d'alevins de carpes par les stations piscicoles. Cette production est actuellement de l'ordre de 500 000 à 1 000 000 d'alevins obtenus en reproduction semi-naturelle sur kakabans. On estime à 700 ha, les rizières empoissonnées (Vakinankaratra et Fianarantsoa) dont la production totale annuelle serait de l'ordre de 115 t de poisson.

Cette situation ne reflète pas du tout les capacités de production d'alevins, le pays disposant à la station d'Antsirabé/Périnet d'une écloserie d'une capacité de 3 à 4 millions de carpillons, non utilisée pour des raisons exposées plus loin.

Il faut souligner que Madagascar dispose de 800 000 à 900 000 ha de rizières irriguées. Si un tiers seulement de cette surface était aménagé pour y pratiquer la rizipisciculture, soit 200 000 à 300 000 ha susceptibles de produire 200–300 kg/ha/an, la production de ce secteur pourrait atteindre 60 000 à 90 000 t. Mais il faudrait pour cela pouvoir disposer annuellement de 500 à 750 millions de carpillons, uniquement pour la rizipisciculture.

Quant aux élevages en étangs, il semble y avoir une forte reprise, du moins dans certaines régions. Dans les zones du Vakinankaratra et de Fianarantsoa, les étangs totalisent environ 136 ha, ayant produit 69 t de carpes et Tilapia en 1988. Rien que pour la mise en charge de ces étangs, il faut environ 3 millions d'alevins et il est probable que la demande, à l'échelle du pays, dépasse largement les 15 millions d'alevins, uniquement pour la pisciculture en étangs (environ 750 ha sous eau).

Telle est l'envergure du problème de l'aquaculture en eau douce, posé à Madagascar, dont l'énorme potentialité en fait l'un des secteurs prioritaires de développement en milieu rural.

2.2.1.1 Essais d'élevage en cage au lac Itasy

Le projet PNUD/FAO/MAG/86/005 “Développement agricole intégré de la région du lac Itasy” vise au développement de toute activité rémunératrice adaptée aux possibilités des villageois de la région. Ils pratiquent déjà la rizipisciculture et la pêche ainsi que les élevages en étangs. Le projet avait demandé les services d'un consultant pour étudier les possibilités d'insérer un volet d'élevages en cages ou en enclos pour tenter de rehausser la production du lac Itasy, en baisse depuis quelques années (Matthes, 1985; Nugent, 1989).

Avant de décider d'un développement d'élevage en cages ou en enclos, il était recommandé de faire une étude technico-économique sur le sujet (Nugent, 1989). Ce travail a été effectué à partir d'août 1988, selon les recommandations du consultant (voir Mémoire de M. Rakotoambinina, 1989).

Le projet MAG/86/005 vient d'engager N. Rakotoambinina comme expert national, chargé de l'exécution d'un programme de recherches appliquées d'élevages en cages flottantes de Tilapia nilotica au lac Itasy. Les travaux porteront sur la production de fingerlings de 25 g, leur grossissement jusqu'à la taille marchande (125 g environ), l'alimentation (formulation et fabrication, utilisant des ingrédients locaux), l'étude des facteurs physico-chimiques et la rentabilité économique.

Le Conseiller technique principal du projet MAG/85/005 (M. Janssen) assistera le projet MAG/86/005 pour ce qui concerne le volet pisciculture du projet. La vulgarisation éventuelle de l'élevage en cages sela décidée en fonction des résultats des essais, d'ici deux à trois ans.

2.2.1.2 Les recherches piscicoles en eaux douces

Ces recherches sont du ressort du Département des recherches forestières et piscicoles (DRFP) du Ministère de la recherche scientifique et technologique pour le développement qui dispose de trois stations piscicoles: Andasibé/Périnet à l'Est, Kianjasoa au MoyenOuest et Ampamaherana (Fianarantsoa) au Sud (Rabelahatra, 1988). Il est à noter que les installations de la station d'Ampamaherana (étangs des séries B et D) ont été transférées, fin 1987, au SPPA de Fianarantsoa et ne sont donc plus gérées par le FOFIFA (voir section 2.2.13, pour ce qui concerne Ampamaherana).

Les stations d'Antsirabé/Périnet et de Kianjasoa ont été visitées par la mission.

Ces stations sont très mal entretenues et les activités de recherche y sont extrêmement réduites par manque de crédits et de budget de fonctionnement (personnel, aliments pour poissons, équipement, moyens de transport, etc.). Les recherches effectuées ces dernières années n'ont pas donné les résultats escomptés (élevages en cages à Kianjasoa, études hydrobiologiques) à l'exception de certains essais de rizipisciculture (DRFP, 1988).

(i) Station d'Antsirabé/Périnet

Cette station, jadis une installation modèle, est entièrement sous-utilisée. Il s'y trouve une écloserie moderne (capacité de 3 à 4 millions de carpillons) qui fonctionne entièrement au ralenti, malgré la meilleure bonne volonté du Chef de station, M. Jaosolo Besoa, technicien chevronné, spécialisé en reproduction des poissons. Actuellement la production de carpillons est quasi-nulle, comparée à la capacité de l'écloserie. Une grande partie des étangs d'alevinage (grossissement des larves et alevins) sont vides. Les étangs ne sont pas entretenus et les réparations ne se font pas, par manque de main-d'oeuvre.

Le cyclone Honorine, en mars 1986, a provoqué quelques dégâts matériels (arbre tombé sur l'habitation du Chef de station) mais qui n'ont pas encore été réparés. Les inondations causées par ce cyclone ont provoqué la perte des géniteurs de carpe royale (sauf 3 femelles et 7 mâles) et la disparition des stocks de carpes argentées et d'Heterotis niloticus.

La station dispose actuellement de 36 femelles de carpe royale (dont trois anciennes, marquées) et de 70 mâles ce qui est nettement insuffisant par rapport à la capacité de l'écloserie. Il reste également un petit stock de carpes communes importées de Hongrie en 1979.

Les stocks de reproducteurs de carpe ne sont pas alimentés correctement. Il faut signaler que pour l'année 1989, les stations d'Antsirabé/Périnet et de Kianjasoa n'ont pu acheter au total que 2 tonnes d'aliments, alors que les besoins pour Andasibé/Périnet sont de l'ordre de 10 t/an.

Les quelques milliers d'alevins produits depuis septembre et stockés en étangs ne sont, eux aussi, pas nourris correctement. Les élevages associés avec porcs et canards ont également été arrêtés pour la même raison.

La station a été électrifiée il y a quelques années, mais les installations intérieures manquent toujours ce qui fait que les travaux dans l'écloserie se font à la bougie ou avec une mêche à pétrole.

Il est regrettable de voir qu'une des meilleures stations de recherches et de production d'alevins de Madagascar est ainsi pratiquement vouée à l'abandon.

(ii) Station de Kianjasoa

Cette station de recherches piscicoles, installée en 1978 dans le Centre de recherches zootechniques de Kianjasoa se trouve à 170 km à l'Ouest d'Antananarivo. Elle est à l'heure actuelle difficilement accessible, surtout durant la saison des pluies.

En plus des étangs de stockage et d'alevinage, il y a une écloserie d'un modèle plus réduit que celle d'Andasibé/Périnet.

Les étangs ne sont pas entretenus et de nombreuses digues sont à réparer. L'écloserie n'est pas utilisée et les poissons manquent de nourriture.

Il n'y a pas de programme de recherche en cours et la station est totalement inactive.

2.2.1.3 Les stations piscicoles de MPAEF/DPA

En plus des deux stations de recherche à Kianjasoa et à Andasibé /Périnet, il existe en principe encore 20 autres stations piscicoles réparties à travers le pays. La liste des 31 stations piscicoles gouvernementales se trouvent au Tableau 3 et sont représentées à la Fig. 1.

Il ressort du Tableau 3 que sur 31 stations piscicoles, il n'y en a que 7 qui fonctionnent, 4 sont réhabilitées ou en cours de réhabilitation et 20 stations sont inactives et/ou abandonnées, certaines depuis quelques dizaines d'années.

Durant ses tournées sur le terrain, la mission a pu visiter les stations d'Analabé, d'Ambohidray, d'Ambatolampy et d'Ampamaherana (étangs de la série A), gérées par le MPAEF/DPA. Ces quatres stations sont remarquablement bien entretenues, ce qui contraste fortement avec ce que la mission a pu constater dans les stations de recherche.

Tableau 3

PINCIPALES STATIONS PISCICOLES DOMANIALES

FARITANY/STATIONS PISCICOLESB A S S I N SPERSONNEL TECHNIQUEACTIVITESETAT ACTUEL
NombreSuperficle (ha)
1. FARITANY ANTANANARJVO     
• Ambatofotsy-Ambatolampy342.622Alevins et polssons marchands (carpes)Actif (Projet P.H.U.D./F.A.O.)
• Sisaony331.134Alevins et poissons marchands (carpe tilapia)Actif
• Ambohidray (Mjarinarivo)310.831Alevins (carpe)Actif
• Ambatolavna (Manjakandriana)90.70-Alevins (carpe)En cours de reliabilitation
• Andepombe (Betafo)170.23-Alevins (carpe)En cours de rehabilitation (Projet P.N.U.D./F.A.O.)
• Hanjakatompo511.401Alevins et poissons marchands (truite)Actif
• Mandoto (Amnoteka)80.07-AlevinsInactif
• Antsampandrano140.29-Alevins et poissons merchands (truite)Inactif
• Anoavokely70.22-Poissons marchands (carpe) Inactif
2. FARITANY ANTSIRANANA     
• Andrakaraka150.14-Alevins (carpes)Inactif
• Les Roussettes  -Alevins et poissons marchands (truites)Inactif
3. FARITANY MAHAJANCA     
• Bealanana340.20-Alevins (carpe)Inactif
• Befandriana   Alevins (carpe)Inactif
• Tsaramandrcso60.60-Alevins (carpe. Heterotis)Abandonné
4. FARITANY IOAMASINA     
• Analabe (Horamanca)441.922Alevins et poissons marchands (carpe. cyprin coré et tilapia)Actif
• Ivoloina242.05-Alevins et poissons marchands (carpe Heterotis)Inactif
• Menalona290.25-Alevins (carve)Abandonné
• Anosibe An Ala50.15-Centre ce relai pour Alevins (carpe)Inactif
• Fénérive-Est50.02-Alevins (carpe)Inactif
• Menagisy33-Poissons marchands (carpes, tilapia, paratilapia, gouramier)Inactif
5. FARITANY FIANARANTSOA     
• Andraimbe260.66-Alevins (carpe)Inactif
• Ialatsare160.86-Alevins (carpe)Actif
• Ifanadiana100.11-Station relaiInactif
• Ikongo101.22-Alevins (carpe)Inactif
• Ampamaherana240.93-Alevins (carpe)Actif
6. FARITANY TOLIABA     
• Manamby60.40-Alevins (carpe)En cours de réhabilitation
• Iritsoka140.24-Alevins (carpe)En cours de réhabilitation
• Ifarantsa80.40-Alevins (carpe)Inactif
• Bezaha   Alevins (carpe)Abandonné

Source: Rabelahatra, 1988

Figure 1.

Figure 1. Localisation des stations piscicoles principales (d'après Rabelahatra, 1988, modifié)

Les stations d'Analabé et d'Ambohidray font de l'alevinage de la carpe, utilisant des Kakabans et, autant que possible, pratiquent l'éclosion en caisses. Ces stations disposent de géniteurs en bon nombre et reçoivent régulièrement la provende nécessaire à l'alimentation des géniteurs et des alevins. Le personnel y est suffisant pour l'entretien des étangs et l'exécution des travaux courants.

A Analabé, les premières 8 poses ont été effectuées le 19 septembre 1989, produisant 60 700 larves dont on a obtenu, un mois plus tard, 22 000 carpillons cessibles. La station dispose de 104 géniteurs mâles de carpe royale et de 52 femelles (poids moyen des reproducteurs: entre 1 et 1,5 kg).

Quant à la station d'Ambohidray (située à 5 km au Sud de Miarinarivo) elle dispose de 100 reproducteurs de carpe royale. En 1987, il y eu cession aux pisciculteurs et rizipisciculteurs de 90 000 carpillons et de 150 000 en 1988. Cette station recevra sous peu un lot de reproducteurs de Tilapia nilotica, en provenance de la série D d'Ampamaherana, qui serviront à la production d'alevins nécessaires aux essais d'élevage en cages au lac Itasy (voir section 2.2.1.1).

La station d'Ambatofotsy-Ambatolampy, affectée au projet MAG/88/005, fonctionne normalement, sous la conduite de M. Victor Randriantsizafy, chef de station compétent. La principale activité de la station est la production d'alevins de carpe royale pour la fourniture aux rizipisciculteurs et pisciculteurs de la région du Vakinankaratra (Antsirabé), zone Nord du projet.

Durant la campagne 1988–89, la station d'Ambatofotsy-Ambatolampy, a commercialisé au total 457 034 carpillons dont 381 657 ont été livrés à 3 746 exploitants de la région du Vakinankaratra, 16 447 livrés dans la région d'Ambositra et 58 930 carpillons ont été vendus dans les environs d'Antananarivo et Miarinarivo.

La station continue à pratiquer des élevages associés de porcs et de poisson, mais selon une formule originale. Les deux porcheries sont mises à la disposition d'un privé qui élève des porcs, sans frais pour la station. En contrepartie, la station bénéficie du lisier qui fertilise les étangs d'alevinage.

La mission a également visité les étangs de la station d'Ampamaherana, situés dans la station forestière où, durant les années cinquante, il avait été envisagé de construire des séries d'étangs dans cinq vallées du reboisement, en aval des retenues d'eau utilisées pour l'arrosage des pépinières et ensuite pour la lutte contre les incendies. En fait, de ces 5 séries prévues, seuls les étangs des séries B (dans la vallée dite “Vallée heureuse”), C,D et E ont été à l'époque aménagés.

Très rapidement d'ailleurs, les étangs des séries C et E ont été abandonnés pour diverses raisons, et ce depuis au moins vingt ans. La vallée de Sambilahy, dite série A, était restée au stade de projet étant donné la nature marécageuse du terrain.

C'est dans cette vallée que le BIT a aménagé une nouvelle station qui ne fait pas partie de ce que l'on a coutume d'appeler la station piscicole d'ampamaherana, station composée des étangs des séries B (64 étangs) et D (29 étangs), les seuls étangs qui ont été utilisés durant les vingt dernières années.

Les impressions de la mission sur les aménagements de Sambilahy se trouvent à la section 2.2.1.4.

Les étangs de la station d'Ampamaherana (série B) sont bien entretenus et certains travaux de réhabilitation, effectués par le BIT, sont en cours (réfection des bacs en béton). Par manque de temps, la mission n'a pas pu visiter les étangs de la série D (Vallée des Résineux), où se trouvent des souches de différentes espèces de Tilapia, de Black-bass, de Marakely (Paratilapia polleni) et de Carassius auratus.

2.2.1.4 Réhabilitation des stations piscicoles

Des efforts ont été entrepris en 1988 pour réhabiliter certaines stations piscicoles. Les travaux financés par le budget FNDE (Fonds national de développement économique) ont permis la réhabilitation des stations d'Ambatolaona (Antananarivo), Ivoloina (Taomasina), Fanjahira et Manamby (Toliary). La “réhabilitation” (en fait l'aménagement d'un marais) dans la Vallée de Sambilahy, près de la station d'Ampamaherana, a été financée par le BIT sous forme de projet à “haute intensité de main-d'oeuvre” (méthode HIMO). Les travaux, exécutés sous la responsabilité de la Cellule de gestion du projet PNUD/BIT/MAG/88/001, ont commencé en septembre 1988 et ont été terminés à la fin de l'année (DPA, 1989).

La mission a pu visiter les étangs aménagés dans la Vallée de Sambilahy (étangs dits de série A) et a également pris connaissance du dossier préparé par la Cellule de gestion du projet BIT/MAG/ 88/001 intitulé “Projet d'aménagement de marais en pisciculture à Ampamaherana, Fivondronana de Fianarantsoa II - Evaluation ex-Ante” de septembre 1988.

La station d'Ampamaherana (étangs des séries B et D), gérés précédemment par la FOFIFA, furent transférés fin 1987 au Service provincial de la pêche et de l'aquaculture (SPPA) de Fianarantsoa, membre de la Commission provinciale pour le développement intégré de Fianarantsoa. Le SPPA a présenté un dossier sommaire de demande de réhabilitation et d'extension de la station d'Ampamaherana, sous le couvert de la Commission provinciale. La Cellule de gestion HIMO a accepté cette demande et a lancé les travaux (BIT, 1988). Des 5 séries d'étangs, seules la réhabilitation des séries A, B et D a été retenue par le BIT, étant donné que la série C est complètement détruite et que les étangs de la série E sont complètement abandonnés depuis des années (BIT, 1988).

Cette station de la Sambilahy n'est pas affectée au projet MAG/88/002, aussi, la mission recommande que le projet se tienne à l'écart du site inutilisable, aussi longtemps que le BIT ne l'aura pas réaménagé et rendu en parfait état de fonctionnement (écloserie) et d'utilisation (étangs), et ce après que de nouveaux accords soient conclus avec la FAO, pour inclure ce site dans ses activités.

2.2.1.5 Salmoniculture

Depuis toujours la station piscicole de Manjakatompo (Ambatolampy) a une vocation salmonicole et dispose d'installations de reproduction (écloserie) de truite, d'étangs d'alevinage et de grossissement dont la capacité de production de poissons de consommation est estimée à quelques tonnes par an.

Ces installations n'ont jamais été exploitées rationnellement, à l'echelle commerciale, alors qu'un marché potentiel existe, à Antananarivo principalement, mais aussi dans la région, et qui va s'amplifier à coup sûr par le développement rapide du tourisme. Pour l'instant, un seul privé à Fianarantsoa produit les truites nécessaires à son hôtellerie et dessert quelquefois certains restaurants de la capitale.

Une étude rapide du marché sur cette question confirmerait sans doute la nécessité de produire des truites “portion” à Manjakatompo, à l'échelle commerciale et justifierait la privatisation, à terme, de la station salmonicole.

Pour ce faire, l'Etat peut directement susciter l'intérêt de l'initiative privée locale en mettant à sa disposition l'outil de production dans des conditions très libérales, pendant 5 ans, à charge du privé de maintenir la station en état, et le personnel spécialisé en activité, qu'il paie, et de produire un bilan de ses opérations, à la suite de quoi une convention équitable serait établie entre les deux parties.

Une autre alternative serait que l'Etat confère à la station le statut de ferme d'Etat autonome et procède à un essai-pilote de production intensive de truite “portion”, en confiant la station à un ingénieur halieute spécialisé qui produit et vend le poisson. Le bilan de l'activité peut alors laisser le choix à l'Etat, soit de poursuivre l'exploitation, soit de la céder par convention à un privé.

Il faut noter que des élevages de truites ont également été pratiqués il y a déjà de nombreuses années dans les stations de la Montagne d'Ambre (Les Roussettes, Faritany Antsiranana) et d'Antsampandrano (Faritany Antananarivo). Ces deux stations sont à présent inactives et/ou abandonnées. Il y aurait également un projet récent de trutticulture prévu dans le faritany de Toliara, mais qui a peu de chances de réussir étant donné les températures élevées.

2.2.2 Aquaculture marine

Les activités dans ce domaine concernent l'élevage de crevettes marines à Nosy-Bé (projet MAG/88/006) dont il est question à la section 3.5.

Sans attendre les résultats du projet-pilote d'élevage de crevettes (MAG/88/006), le gouvernement malgache est déjà sollicité par plusieurs groupes financiers désireux d'implanter des élevages de crevettes marines à différents endroits de la côte Ouest (DPA, 1989).

La mission recommande d'éviter toute précipitation dans l'octroi de concessions d'aquaculture industrielle, aussi longtemps que les résultats définitifs, après 3 ou 4 cycles d'élevages expérimentaux exécutés à la ferme-pilote de Nosy-Bé, ne soient connus et aient donné assez de garanties de faisabilité pour approuver les investissements lourds en jeu et dans lesquels l'Etat serait partie prenante.

La DPA, sur budget FNDE, prévoit la construction d'une ferme de mariculture à Antsahabingo (Mahajanga) pour y poursuivre les élevages expérimentaux de Chanos chanos, éventuellement en association avec des crevettes marines (DPA, 1989). Ces essais feront suite à ceux entrepris en 1978; Collart et Rabelahatra, 1978), à Antsiranana, pour autant que l'Etat dispose de fonds et de techniciens suffisants.

Par ailleurs, l'Université de Toliary projette l'aménagement de deux sites de mariculture dans les environs de la ville (ancienne saline et site marécageux vers l'aéroport) pour l'élevage de mulets, Syganus et peut-être de Macrobrachyum.


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