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2. RESUME DE LA SITUATION ACTUELLE:
SYSTEME STATISTIQUE DES PECHES MALGACHES

Les disponibilités en matière de statistiques relatives à la pêche en mer et dans les eaux continentales à Madagascar et les modalités de leur élaboration ont fait déjà, à plusieurs reprises, l'objet de présentations détaillées (voir notamment Kasprzky et Christophe (1989), Bonzon (1989)).

Toutefois, il ne paraît pas inutile de revenir une nouvelle fois sur l'existant afin de l'évaluer à la lumière de certains faits récents d'une part, et de ses aspects positifs et de ses faiblesses dans les propositions d'un système permanent d'autre part.

On propose de passer en revue les différents domaines du système pêche.

2.1 STATISTIQUES DE LA DIRECTION DE LA PECHE ET DE L'AQUACULTURE (DPA)

2.1.1 Certificats d'origine et de salubrité (COS)

Ces documents qui fournissent des indications sur la nature des produits (poissons, crevettes, etc.), leur présentation (fumé, séché, etc.), leur origine et leur destination, les quantités concernées et leur valeur ne portent que sur les “exportations” hors des provinces et hors du territoire national. Ils ne concernent pas les produits provenant de eaux continentales, à l'exception de ceux de la province d'Antananarivo. Même si le COS couvrent aussi les pêcheries continentales de la zone d'Ambato-Boeny, de Miandrivazo et de Belo Tsiribihina ainsi que celles de la province d'Antananarivo et de Toamasina, seuls ces COS ne sont pas analysés faute de personnel au sein de la DPA.

Ils ne permettent donc pas de suivre la totalité de la production et, dans la mesure où ils sont basés sur les déclarations des premiers acheteurs, voire remplis par eux, on peut penser qu'ils fournissent des données entachées d'erreurs, par exemple en ce qui concerne les quantités et les types de produits.

En revanche, l'analyse de ces documents peut renseigner sur les grands circuits commerciaux. De plus, si—l'on admet que les quantités “exportées” par les provinces sont, dans une certaine mesure, proportionnelles aux quantités pêchées, la compilation et l'analyse des COS pourrait fournir une indication qualitative sur les fluctuations de la production: stabilité, augmentation ou diminution. Enfin, si une sensibilisation des services décentralisés de la DPA concernant le soin à apporter à la rédaction des COS, de même que l'extension de ces documents à l'ensemble des productions des eaux continentales sont envisageables, il n'est pas exclu d'en obtenir des informations quantitatives et notamment de pouvoir en déduire un indice d'abondance de la production annuelle.

2.1.2 Enquêtes de marché

Les produits de la pêche mis sur les grands marchés sont en principe suivis, pour ce qui est de leurs quantités et de leur qualité, par des enquêtes réalisées par les services décentralisés. Compte tenu de l'hétérogénéité des modes de collecte des informations, et de leur qualité générale, leur intérêt dans un système de statistiques de pêche est négligeable.

2.1.3 Statistiques des pêches industrielles

2.1.3.1 Crevettes

Les sociétés exploitant les navires crevettiers bénéficient de quotas annuels de capture dans les différents secteurs statistiques côtiers et d'attribution de licences par navire, leur permettant de réguler l'effort de pêche. Ces attributions sont assorties de l'obligation de déclarations mensuelles relatives à:

D'emblée, le type des informations demandées a été décidé dans un but de gestion des pêcheries et l'on a noté que des informations identiques sont fournies au Centre de recherches océanographiques de Nosy Be (CNRO). Les bordereaux retournés à la DPA par les sociétés se présentent sous une forme très hétérogène et celle-ci préfère suivre les exportations à partir du traitement informatisé des COS établis par les mêmes sociétés ou par les services décentralisés. Ce traitement est fait régulièrement mais les données ne font pas l'objet de contrôle de vraisemblance.

Les fiches concernant l'effort de pêche font l'objet d'un traitement qui est actuellement exclusivement manuel, à la division “gestion des activités de la pêche industrielle” de la DPA.

Une informatisation complète des opérations de saisie et traitement est tout à fait envisageable comme on le verra plus loin.

D'ores et déjà, on peut s'interroger sur l'intérêt d'un double circuit de transmission d'informations identiques entre les sociétés industrielles et la DPA d'une part et le CNRO d'autre part.

L'exploitation de ces informations par le CNRO n'a pas donné récemment matière à publication. Les mesures nationales de gestion des stocks de crevettes se fondent sur des évaluations remontant à plus de 10 ans et qui mériteraient une actualisation (Rabesalama, 1990).

2.1.3.2 Thons

L'accord de pêche CEE-Madagascar permet d'attribuer aux thoniers de la Communauté des licences de pêche exploratoire qui sont assorties de l'obligation d'embarquer un observateur par navire et de remplir les déclarations de pêche conformément au modèle de l'ICCAT. Ces fiches, qui répondent à des objectifs de gestion des pêcheries, sont acheminées sur les services de la DPA, mais actuellement, seules les informations concernant les quantités capturées sont traitées et ce, manuellement, pour contribuer à l'élaboration du rapport annuel.

Compte tenu de la standardisation de ces documents, l'informatisation de la saisie de la totalité des informations qu'elles contiennent et de leur traitement sont tout à fait envisageables. L'exactitude de ces informations pourrait au préalable être contrôlée grâce à la présence des observateurs embarqués.

2.1.4 Autres informations statistiques de la DPA

2.1.4.1 Pêches artisanales

2.1.4.2 Pêches traditionnelles

a) Eaux marines et mangroves

b) Eaux continentales

Il n'existe aucune donnée fiable au niveau de la DPA. Seules certaines Brigades de pêche et aquaculture envoient des informations aux services provinciaux.

Ainsi, le service principal de la province d'Antananarivo a mis au point un modèle de relevé détaillé de déclaration statistique qu'il pensait susceptible de répondre à ses préoccupations en matière de gestion du lac Itasy. De fait, en raison de leur conception actuelle, ces bordereaux sont difficilement exploitables en dehors d'une évaluation de la production commercialisée. Le dépouillement est exclusivement manuel.

Sur certains plans d'eau, l'attribution individuelle de droits de pêche est assortie de l'obligation de déclaration de production. L'amélioration de la situation même si théoriquement envisageable, avec une généralisation de ces dispositions réglementaires, se heurte à des difficultés objectives de caractère administratif et social.

2.2 STATISTIQUES ELABOREES DANS LE CADRE DU PROJET MAG/85/014

2.2.1 Constat

A la lumière des recommandations formulées par l'expert statisticien recruté dans le cadre du projet, ont été mis en place successivement:

Par ailleurs, conformément au programme du projet, une enquête socio-économique a été conduite de janvier à mars 1990: elle n'est évoquée ici qu'en raison de son incidence sur le reste du programme statistique.

Les résultats des deux enquêtes-cadres ont été publiés et ceux relatifs à la pêche traditionnelle en mer ont été discutés lors du séminaire tenu en septembre 1988. C'est pour tenir compte des objections formulées à cette occasion que, dans le cadre du projet, une évaluation a été entreprise dans la seconde moitié de 1989. Les données collectées à cette occasion n'ont pu jusqu'à présent être traitées, faute d'accès au programme de traitement.

Le suivi en routine des pêches traditionnelles a connu une interruption au début de 1990 lorsque les enquêteurs ont eu à entreprendre l'enquête socio-économique. Cependant, les résultats des premières collectes de données ont donné lieu à la présentation d'un bilan provisoire (Bellemans, 1990). En raison de certaines extrapolations hasardeuses, et compte tenu de la brièveté de la période pour laquelle les données étaient disponibles, les chiffres concernant la production annuelle des différentes provinces pour 1989 doivent être considérés avec une certaine réserve.

Depuis avril 1990, les 40 enquêteurs désormais opérationnels (35 ressortissant au projet et 5 fonctionnaires des services provinciaux de pêche et d'aquaculture) ont repris la transmission de leurs résultats de travail de terrain. Cependant, en raison du départ du statisticien affecté au projet et du manque de disponibilité des autres intervenants, aucun contrôle de vraisemblance de ces données n'a été entrepris. De plus, le logiciel de saisie et de traitement n'étant plus disponible, ces opérations ont été abandonnées et les retards s'accumulent.

2.2.2 Evaluation

2.2.2.1 Enquête-cadre

Les enquêtes-cadres réalisées dans le cadre du projet PNUD/MAG/85/014 sont d'une grande utilité.

Les pêches maritimes et continentales n'étaient auparavant connues que grâce à des études ponctuelles, souvent trop vieilles et ne couvrant pas tous les secteurs d'activité, en particulier pour ce qui est des pêches traditionnelles. Désormais, la DPA dispose de résultats quasi exhaustifs sur l'ensemble du territoire, portant sur les nombres et types d'embarctions, les types d'engins utilisés, l'effectif des pêcheurs ainsi que d'une certaine évaluation de la production et de sa composition spécifique et d'une estimation de l'effort de pêche. L'importance économique et sociale des pêches malgaches à la fin des années 80 est ainsi désormais connue.

On peut regretter que les opérations d'évaluation de cette enquête n'aient pu être menées à terme.

2.2.2.2 Suivi en routine de la pêche traditionnelle

Le suivi en routine, lorsque ses résultats définitifs seront disponibles devrait permettre aussi de valider les résultats de l'enquête cadre puisque cette dernière rassemblait déjà des informations qui sont désormais collectées sous une forme plus détaillée.

A ce propos, devant le caractère très détaillé des documents à remplir par les enquêteurs, on peut se demander si leur élaboration a fait l'objet d'un échange de vues suffisamment poussé avec les utilisateurs potentiels de statistiques de pêche: services de la Direction de la pêche et de l'aquaculture, économistes ou biologistes des pêches.

On rappellera, en effet, que ces bordereaux mensuels sont conçus pour recenser, en quantité et en valeur, 64 espèces ou groupes d'espèces dont 12 pour les eaux douces, 20 modes de collecte ou de capture différents, 7 types de navires de pêche et la pêche à pied et ce dans 34 centres d'enquêtes recouvrant 150 villages de pêcheurs.

En admettant que le traitement de l'ensemble de ces informations soit repris, on voit difficilement, dans le contexte actuel, qui, dans l'administration des pêches ou dans la recherche halieutique malgache, pourrait être en mesure d'exploiter l'ensemble des résultats.


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