L'augmentation de l'offre en produits halieutiques face à la croissance de la demande et les capacités d'investissements des opérateurs, ainsi que l'amélioration des infrastructures des marchés, constituent les domaines principaux des recommandations qui vont suivre. Ces recommandations s'adressent essentiellement aux administrations publiques et para-publiques (par exemple chambre de commerce, etc …).
Il est nécessaire de :
stimuler le développement de la pêche traditionnelle, en améliorant les conditions d'acquisition d'engins et matériels de pêche (par exemple, detaxer les importations et, développer la production locale de ces matériels, supprimer les permis de coupe de bois en vue de la construction des pirogues etc …) ;
favoriser l'implantation d'entreprises de pêche artisanales et semi-industrielles aux poissons en précisant et en adaptant aux conditions spécifiques de ces pêcheries, les dispositions générales prévues par le code des investissements et les réglementations subséquentes. Mais comme ces types de pêche restent encore marginaux et mal-connus, il est plus judicieux d'entreprendre des projets-pilotes afin de mieux vérifier leurs possibilités de développement et leurs rentabilités. De cette manière on pourra soulager les opérateurs éventuels des gros risques encourus par l'exploitation de ces types de pêche. Ces projets, pour être rentables devraient être installés sur les côtes où les conditions climatiques freinent actuellement le développement de la pêche traditionnelle, alors qu'une demande assez élevée pourrait garantir un prix rémunérateur à ces exploitations (par exemple, installer les sociétés ou les entreprises de pêche à Toamasina ou à Fénérive-Est, pour exploiter les ressources de la baie d'Antongil) ;
susciter les sociétés industrielles de pêche crevettière à augmenter, en quantité beaucoup plus élevée qu'actuellement, la production de poissons d'accompagnement, soit en la débarquant directement dans les ports les plus proches de leurs lieux de pêche (par exemple à Morondava pour les sociétés qui pêchent dans les zones Sud-Ouest), soit en utilisant des bateaux-relais appropriés de collecte en mer. Rappelons qu'actuellement la quantité de poissons d'accompagnement commercialisée est de 1.940 tonnes (1989). Mais selon J. Roullot (1989) “un minimum de 5.000 tonnes de poisson de premier et de deuxième choix peuvent être commercialisés localement”. Cependant si on ajoute à ces poissons de premier et deuxième choix, les poissons tout-venants, qui sont quand même appréciés par les consommateurs, on peut fixer comme objectif à ateindre jusqu'en 1995 une quantité d'environ 7.000 tonnes
On peut également augmenter l'offre de poisson par les actions menées par les collecteurs, par la mise en place de conditions plus favorables à l'exercice de leurs activités. Il s'agit de:
désenclaver certains villages et régions où les réseaux routiers sont très difficiles, par l'utilisation d'embarcation de collecte et des moyens de conservation et de stockage appropriés. Cela peut se réaliser par une collaboration plus étroite entre producteurs et collecteurs ayant des capacités d'investissements suffisantes et une attitude plus favorable pour le développement de la pêche (par exemple confinancement des achats d'engins et de matériels de pêches, de pirogue ou même des moteurs marins, et ainsi que des équipements nécessaires à la transformation ou à la conservation des poissons). Ensuite les collecteurs eux-mêmes ou des sociétés de collectes pourraient investir dans les moyens de collecte et de stockage pour élargir leurs rayons d'actions en particulier pour les produits frais, dont les prix seront relativement plus rentables, que les autres produits traités;
vulgariser par les collecteurs ou autres, les techniques de tranformation et de conservation appropriées, pour stimuler l'augmentation de la quantité de produits pêchés et l'amélioration de leur qualité ;
favoriser les revendeurs (collecteurs, mareyeurs, grossistes) par une assistance plus concentrée (par exemple dans la gestion de leurs entreprises, dans l'accès au crédit, dans la préparation des dossiers et suivi des projets, etc…) et la création d'un statut professionnel de ces opérateurs en collaboration avec les chambres de commerce. Par ailleurs, les petits opérateurs doivent être aussi protégés même si l'émergence des gros opérateurs est indispensable en égard à leurs capacités d'investissement ;
toutefois, comme les relations et interdépendances entre producteurs et collecteurs (revendeurs) représentent un point critique pour le développement de la commercialisation, il serait grandement souhaitable de faire des études aprofondies sur ce sujet.
On peut accroitre les capacités d'investissement des opérateurs par différentes mesures :
faciliter l'accés au crédit avec un taux d'intérêt bonifié, c'est à dire au maximum le même taux que celui appliqué dans l'agriculture;
permettre l'acquisition des moyens de travail appropriés, soit dans le cadre des mesures prévues dans le code des investissements, soit par la participation d'organismes de financement internes ou externes, gouvernementaux ou non gouvernementaux. Par exemple, en ce qui concerne les investissements et le fonctionnement de ces entreprises, les avantages suivants peuvent être accordés :
exonération des équipements de la taxe d'importation,
exonération des droits de mutation et d'apports,
exonération ou réduction pendant une période déterminée de l'impôt sur les bénéfices,
exonération de la taxe professionnelle,
exonération de la TUT (TVA en France) pour les matériels et engins de pêche.
Cependant, il faut remarquer que ces avantages liés au statut d'une petite et moyenne entreprise (PME), définis par le code des investissements, doivent être aussi accordés de la même manière aux entreprises artisanales (individuelles ou non).
Pour améliorer les conditions de commercialisation des produits frais, il faut :
inventorier et réhabiliter les infrastructures frigorifiques existantes;
pourvoir certains marchés d'abris contre le soleil, d'eau courante et d'électricité ainsi que des canaux d'évacuations des eaux usées ;
construite de nouveaux marchés couverts dans les grands centres de consommation, les équiper de fabrique de glace et de magasin de stockage ;
équiper également les grands centres de production ou de collecte de poisson frais de fabrique de glace et magasin de stockage ;
créer à Antananarivo un complexe de stockage et de distribution des poissons frais.