Dans l'avenir à moyen terme (jusqu'en 1995) et à la lumière des analyses précédentes ainsi que des informations ci-dessous on peut émettre les hypothèses suivantes :
Le demande intérieure va augmenter sensiblement par la pression de la croissance démographique, en particulier celle du milieu urbain. De même la baisse de la disponibilité théorique par habitant de viande influencerait la demande de poisson vers la hausse.
No | DATES | 1 9 8 9 | 1 9 9 5 | 2 0 0 0 | 2 0 0 5 |
1. | Population urbaine | 2.327 | 3.147 | 4.054 | 5.212 |
2. | Population rurale | 8.571 | 9.910 | 10.842 | 11.751 |
3. | Population totale | 10.898 | 13.057 | 14.896 | 16.963 |
Source : A. Rabetsitonta (1989)
Les chiffres du tableau 12 sont fondés sur une hypothèse moyenne en retenant les taux d'accroissement réels:
Pour l'année 1995, on prévoit donc que la population totale sera de 13.057 milles dont ¼ dans le milieu urbain. Il est alors possible d'estimer les besoins en produits halieutiques (traduits en frais) pour l'année 1995. On a choisi deux variantes :
avec une consommation stabilisée au niveau de 7,5 Kg en moyenne par an et par habitant (1989) dont 15,4 Kg pour le milieu urbain et 5,4 Kg pour le milieu rural, les besoins seront au total de 102.000 tonnes environ;
avec une consommation de 10 Kg par habitant et par an prévue dans la politique en matière de production halieutique de la D.P.A. (avril 1987), on aura au total environ 130.000 tonnes en 1995.
Les besoins ci-dessus seront augmentés en considérant la tendance à la baisse de la consommation de viande. En effet, de 1960 à 1988 la consommation de viande (viandes et abats) a diminué de 28,3%) passant de 25,1 Kg par habitant et par an à 18,0 Kg. En particulier pour la viande bovine qui constitue ⅔ de la consommation totale de viande, on prévoit ainsi une baisse de 29% pour la période 1988–95 (S.E.D.E.S. 1988 - Annexe No1).
Si on compare les besoins ci-dessus à la consommation locale en 1989, on constate que :
selon la première variante, on a une augmentation des besoins de 20.000 tonnes pendant 6 ans, c'est à dire jusqu'en 1995, soit une moyenne de 3.300 tonnes par an;
et selon la deuxième variante ces besoins devront être augmentés de 48.000 tonnes pour la même période, soit 8.000 tonnes par an en moyenne.
Il faut cependant souligner que la réalisation de ces objectifs semble être assez difficile, en prenant en considération que :
la production de la pêche continentale n'augmentera pas ;
l'aquaculture n'occupera encore qu'une très faible partie de la production destinée à la consommation locale ;
la pêche maritime (en mer et en estuaire) est celle qui pourra couvrir une partie appréciable de ces augmentations prévisibles de la demande locale. Cela:
par le développement de la pêche traditionnelle ;
et par l'utilisation plus large des poissons d'accompagnement de la pêche industrielle crevettière à l'approvisionnement des marchés.
Mais en revanche la pêche artisanale, même si elle se développera durant la même période, va se concentrer en grande partie sur l'exploitation des produits nobles destinés en majorité à l'exportation (crustacés, céphalopodes et certaines espèces de poissons comme le thon, l'espadon, etc…). Il est difficile de croire qu'elle s'orientera naturellement vers la pêche aux poissons sans une assistance renforcée et permanente de l'Administration des pêches.
Les développements des différentes pêcheries pourraient permettre de satisfaire l'augmentation de la demande locale si on retient la première variante. Mais, elles seront vraiment insuffisantes pour réaliser les besoins exprimés selon la deuxième variante, même si une nouvelle pêcherie aux poissons (semi-industrielle et/ou artisanale avancée) puisse être installée pendant cette période relativement courte. Toutefois, il faut insister que les opérateurs de la pêche industrielle doivent augmenter le débarquement à terre jusqu'à un tiers des poissons d'accompagnement comestibles capturés actuellement, pour satisfaire la demande locale pendant la période 1991– 1995.
L'importation restera probablement au niveau très bas actuel, et elle n'influencera pas la consommation locale. On ne pourra donc pas compter sur elle, pour satisfaire la demande en quantité. Même si elle va augmenter, elle sera toujours limitée, d'un côté par une importante disponibilité des propres ressources en poissons et, d'autre côté, par le pouvoir d'achat très bas de la population malgache.
En ce qui concerne l'exportation, elle continuera à être axée sur les produits nobles (en général les crustacés et les thons). Donc elle n'entrainera pas une diminution significative de la disponibilité locale de poissons. Cette orientation est liée, d'un côté, avec la demande mondiale et les prix élevés des crutacés, et de l'autre avec la position géographique de Madagascar, qui la place à une situation éloignée des principaux marchés mondiaux de poissons. Ce qui rend les produits malgaches non compétitifs, étant grevés par de lourd frais de transport.
La structure commerciale changera dans le sens d'une amélioration tant au plan du circuit spatial et des produits qu'au niveau des infrastructures et des opérateurs.
Concernant le circuit spatial de commercialisation, on peut émettre les hypothèses suivantes :
développement plus rapide du circuit indirect long par rapport au circuit direct et/ou court. Cela se réalisera grâce au développement plus significatif de la pêche maritime et estuarienne par rapport à la pêche continentale et l'aquaculture en eau douce ;
en conséquence la part des poissons de mer va augmenter dans la consommation des villes intérieures en particulier à Antananarivo, Antsirabe et Fianarantsoa ;
les collecteurs seront alors obligés de plus en plus à élargir leur rayon d'action et accéder aux zones enclavées en vue d'augmenter la disponibilité en poissons. La collecte par voie maritime et fluviale se développera plus rapidement que celle par voie terrestre du fait des difficultés des constructions routières.
Pour les produits, on peut prévoir :
une croissance plus rapide sur les marchés des produits traités, dont essentiellement des produits congelés provenant de la pêche industrielle et des collecteurs (société de collecte et collecteurs individuels);
une augmentation de la demande en poissons frais laquelle entrainera une pression plus forte à la fois sur les opérateurs pour augmenter leur offre et sur les infrastructures pour améliorer les conditions de conservation et de commercialisation de ces produits.
Au niveau des infrastructures on peut s'attendre au développement des chaînes de froid pour les produits congelés, mais également pour les produits frais sous glace. Ce qui entrainera un investissement plus élevé et l'utilisation de matériels plus spécialisés, tant à l'intérieur du circuit commercial qu'au niveau des détaillants et des places de marché.
En ce qui concerne les opérateurs du circuit commercial, il est probable que :
le nombre de véritables intermédiaires commerciaux (collecteur, mareyeur, grossiste), ayant une taille plus grande, va augmenter. De même, la professionalisation du métier se développera par la nécessité d'une spécialisation plus accrue, soit par produit soit par fonction. Cela entrainera une modernisation du circuit commercial ;
le niveau d'investissement s'élevera de plus en plus. En conséquence, on peut prévoir une amélioration qualitative des opérateurs du circuit qui seront contraints de rechercher des produits dans des endroits plus éloignés et de stimuler le développement de la production (par exemple par l'investissement dans la pêche) dont ils ont besoins. Tout cela demanderait une certaine concentration des capitaux et la création des petites et moyennes entreprises de pêche et de commercialisation. Toutefois, il faut remarquer que ces prévisions seront dépendantes des possibilités de mise en place de différentes mesures en faveur des opérateurs (code des investissements, crédit, etc…).
Les prix des poissons quoique toujours en hausse, resteront moins chers en moyenne, que ceux de la viande. Les poissons frais vont bénéficier d'une augmentation plus rapide des prix par rapport aux autres produits traités. Par conséquent le niveau de rentabilité des activités de la commercialisation va aussi croître.