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I. RESUME DES CONCLUSIONS

  1. Il ressort de l'ensemble des enquêtes que l'insuffisance de produit est constaté et mentionné le plus souvent par les enquêtés. Ce manque de produit est beaucoup plus manifeste dans les villes des hauts plateaux et dans les villes des côtes orientales que dans les villes des côtes Ouest de Madagascar. Il est lié au niveau de production lequel est assez élevé sur les côtes Ouest, et assez faible et limité dans la partie Centrale et Orientale. De même, le faible rayon d'action des opérateurs, la petite taille des entreprises fonctionnant essentiellement avec leurs propres ressources financières, le niveau d'investissement insuffisant, le comportement des opérateurs qui évitent de prendre des risques, influencent également la disponibilité des produits halieutiques dans les marchés urbains.

  2. Les caractéristiques du circuit de commercialisation sont directement liées aux types de produits. Pour les produits frais, le circuit est relativement court et simple, c'est à dire que les opérateurs spécialisés dans ces types de produits (pèrent dans la majorité des cas à l'intérieur de leur Fivondronana, donc un faible rayon d'action sans beaucoup d'intermédiaires. Pour les autres produits, tels que les poissons congelés, salés-séchés et fumés leur rayon d'action est plus étendu et couvre une grande partie du territoire, avec plusieurs opérateurs intermédiaires.

  3. La grande majorité des opérateurs commercialisant les produits halieutiques sont des petits entrepreneurs, travaillant sur une quantité limitée de produits et spécialisés d'une manière générale sur les poissons frais. Les opérateurs de taille plus grande, moins nombreux, opèrent essentiellement sur les produits congelés et salés-séchés.

    En particulier, des chaînes de commercialisation, disposant par exemple des chambres frigoriques ou des véhicules adéquats, existent seulement pour les produits congelés. Par contre, les produits frais, ne disposent presque pas de chaîne de froid (par exemple la glace est très rarement utilisée).

  4. Par ailleurs, avec l'insuffisance de produit considéré comme facteur principal limitant l'activité commerciale, le deuxième facteur est le manque de fonds de roulement. Ce dernier facteur reste, en fait, lié à la petite taille des entreprises, généralement familiales, n'utilisant que leurs propres ressources, n'ayant pas recours au crédit bancaire ou autres. Cependant, il faut remarquer que ces différents éléments sont inter-reliés entre-eux, créant en quelque sorte un “cercle vicieux”.

    En effet, le rayon d'action et la quantité commercialisée sont limités par le manque de fonds de roulement. Par conséquent, le chiffre d'affaire reste aussi assez faible, lequel ne peut ainsi engendrer une disponibilité financière suffisante pour permettre l'élargissement du rayon d'action et l'augmentation des quantités achetées. Ce qui influence et en même temps explique en partie le manque de produit constaté des revendeurs jusqu'aux consommateurs.

  5. Cependant le problème de manque de produits aux marchés urbains devrait être aussi expliqué et vérifié au niveau des producteurs eux-mêmes. Car on peut constater que certaines parties de la production sont traitées non pas en vue d'en ajouter de la valeur, mais pour permettre une conservation plus longue. Cette transformation semble être ainsi réalisée faute de ne pouvoir écouler directement les poissons frais, bien que ces derniers ont un prix plus intéressant pour les producteurs que les prix des produits salés-séchés et fumés.

  6. L'enquête a aussi montré que le niveau d'investissement dans le circuit commercial tel que magasin de stockage, moyens de transports et de conditionnement, est relativement faible, sauf pour les produits congelés pour lesquels les sociétés de pêche ont investi beaucoup. Toutefois, il faut remarquer que les revendeurs sont quand même beaucoup plus intéressés que les détaillants aux investissements et dans la pêche et dans les moyens de collecte et de revente. Un tiers d'entre eux déclarent investir dans les engins ou les embarcations de pêche. De même ils sont aussi intéressés au financement des activités des détaillants. Par ces faits, les revendeurs développent à la fois la production dont ils ont besoin et les débouchés pour assurer l'écoulement plus rapide des produits. Par contre, il faut aussi constater que les détaillants sont moins intéréssés à investir tant dans la pêche que dans l'extension de leurs propres activités. Il semble donc que les revendeurs constituent le maillon principal du développement et de la production et de la commercialisation des produits halieutiques.

  7. Pour la majorité des revendeurs et des détaillants, la commercialisation des produits halieutiques apparait comme la principale ou l'unique activité. En effet, environ 50% des revendeurs et 60% des détaillants ne font que la revente ou la vente de poissons. Le reste combine cette activité avec d'autres telles que agriculture, élévage, artisanat, autres commerces, etc… Ainsi ces opérateurs consacrent en moyenne, environ 4 jours par semaine à cette activité même pendant la période agricole durant laquelle s'est déroulée l'enquête.

    Ces constatations sont d'ailleurs liées au nombre moyen d'années d'expériences (assez longues) et à leur propre opinion selon laquelle ils ont choisi ce métier par habitude et parce qu'il est plus, sinon aussi lucratif que les autres. Il apparait que ces opérateurs ont une attitude plutôt favorable vis à vis de ce métier. Il semble donc que ce métier est en train de devenir une véritable profession et une spécialité bien définie pour une forte partie de ces opérateurs.

  8. En ce qui concerne le prix, il est considéré comme toujours à la hausse. Cette constatation s'explique selon ces opérateurs par l'inflation et par l'insuffisance de l'offre de produits halieutiques. Toutefois, d'après les consommateurs le prix des poissons est estimé assez proche du prix de la viande de boeuf, mais moins cher que les autres viandes. Cependant, dans les villes des hauts-plateaux et celles de la côte Est, le prix du poisson semble être plus élevé que celui de la viande de boeuf. Par contre dans les autres villes côtières, il est moins cher. Par ailleurs, on constate aussi que le prix des poissons de mer est moins élevé que celui des poissons d'eau douce.

  9. Du producteur jusqu'au consommateur, le prix est presque doublé pour les poissons frais et augmente de 50% à 70% pour les autres produits halieutiques. On peut dire aussi que le gain brut par kilo est plus élevé pour les poissons salés-séchés et frais que pour les produits congelés et fumés. Dans tous les cas, il dépasse 500 FMG/Kg. Cependant, si on compare les marges brutes, les revendeurs gagnent par kilo de produits halieutiques commercialisés un peu plus que les détaillants. Si on considère la quantité globale commercialisée par les revendeurs, qui est de 4,5 à 10 fois plus que celle des détaillants (respectivement pour le poisson frais et salé-séché), on peut dire que le revenu brut des revendeurs est beaucoup plus important que celui des détaillants. C'est pourquoi les revendeurs sont plus intéressés à l'investissement dans le secteur de la pêche que ces derniers.

  10. En particulier, concernant les poissons frais, les invendus tant pour les revendeurs que les détaillants, sont assez faibles. Ainsi, pour ce type de produit, le risque de mévente et par conséquent la perte de revenu est minimisée par la conservation ou la transformation des invendus en vue d'une revente ultérieure, et quelque fois par la diminution volontaire de leur prix de vente vers la fin de la journée.

  11. Les problèmes rencontrés les plus souvent, aussi bien par les revendeurs que par les détaillants, dans l'exercice de leur métier, sont presque les mêmes, à savoir : la compétition entre opérateurs, l'offre de produit limitée et l'irrégularité des approvisionnements. Ces problèmes sont réels, mais il faut remarquer qu'ils sont très liés au faible rayon d'action de ces opérateurs et au manque de moyens techniques et financiers pour élargir l'espace de leur activité et pour chercher les produits dans les villages de pêcheurs plus éloignés. Mais il faut souligner que ces problèmes plus accentués pour les poissons frais apparaissent aussi dans une certaine mesure pour les autres produits.

  12. En général, la clientèle achetant les produits halieutiques, est composée de cadres moyens, d'ouvriers, de paysans et de commerçants, donc des catégories de la population possédant des revenus moyens. La préférence dominante de cette clientèle semble se porter essentiellement sur les poissons frais. Elle est plus marquée pour les poissons frais d'eau douce que pour les poissons de mer. Toutefois, cette préférence est liée aux caractéristiques de l'échantillon où domine les réponses des villes des hauts-plateaux pour lesquelles les poissons frais de mer ne sont presque pas disponibles tandis que les poissons d'eau douce correspondent à leur habitude de consommation. Les produits congelés quoique assez neufs sur le marché sont relativement acceptés, plus que les autres produits traités. Mais, les consommateurs des villes continentales acceptent ces derniers produits plus que les consommateurs des villes côtières qui ont un accès plus facile aux produits frais.

  13. La qualité nutritive et l'habitude alimentaire sont les principaux facteurs favorisant la consommation de poisson. En ce qui concerne le prix du poisson, les opinions des consommateurs sont partagés entre facteur limitant et facteur favorisant. Tandis que le principal facteur freinant l'achat de poisson, c'est la faiblesse du pouvoir d'achat. Il en est de même pour la disponibilité des produits halieutiques en particulier par rapport à la disponibilité de la viande.


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