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E   X   T   R   A   I   T   S

D   E   S

E   X   P   O   S   E   S


RESSOURCES HALIEUTIQUES MARINES DE TOLIARA

(par Ralison, Directeur à la SOMAPECHE)

Le développement de la pêche dans une aire maritime donnée est subordonné à l'injection d'hommes, de capitaux et de technologie appropriée selon un dosage tenant compte de multiples considérations dont certaines à caractère économique et/ou politique. L'injection de ces facteurs de développement est déclenchée, sinon stimulée, par la connaissance préalable de l'existence en quantité exploitable d'espèces-cibles dans l'aire maritime considérée.

On passera donc en revue ci-après les prospections halieutiques et pêches expérimentales passées et on rappelera leurs résultats. Auparavant un rappel des conditions hydrométéorologiques influençant la pêche sera fait.

I. CONDITIONS DE MILIEU

Avec le Nouveau Droit de la Mer, les aires maritimes placées sous juridiction malgache se sont étendues. La figure 1. donne un aperçu de la Z.E.E. malgache telle qu'elle peut être fixée en vertu de l'ordonnance No85.013 du 13 septembre 1985 et on constate que le problème de la souveraineté sur les îles éparses notamment celles situées au large des côtes tuléariennes, (Europa, Bassa da India) doit être solutionné afin d'éviter que de vastes zones maritimes avec leurs ressources ne restent sous un statut juridique flou, avec toutes les conséquences négatives que cela signifie au niveau des activités halieutiques et de la gestion des ressources biologiques marines (figure 1.).

Madagascar couvre une superficie de 596.000 Km2 pour une longueur de côte de 4.500 km environ dont 1.000 Km pour le Faritany de Toliara. La superficie du plateau continental malgache est de 32.600 milles carrés dont 14.000 milles carrés environ pour le Faritany de Toliara ; la zone la plus importante y étant probablement le Bac de l'Etoile de 2.500 milles carrés. Ce plateau continental est large sur la côte Ouest de 30 à 60 milles sauf dans la partie située entre Morombe et Androka où il devient étroit. Sur la côte Est (Nord de Tolagnaro …), le plateau est large de 3 à 5 milles

REGIONMOIS
010203040506070809101112TOTAL
- Sud Taolagnaro au Cap Sainte Marie44665557888773
- Toliara à Morondava292922293030292826282628166

Tableau 1 : Nombre de jours avec vents de vitesse inférieure à 10 km/h (d'après MOAL, 1974).

Sur le plan météorologique, les côtes malgaches sont soumises à l'alternance de la mousson du Nord-Est de novembre à mars (saison humide) qui provoquent respectivement une houle Nord-Ouest et une houle Nord-Est. Le tableau 1 donne le nombre de jours de calme ou avec vents de vitesse inférieure à 10 km/h autorisant les sorties en mer avec de petites embarcations. On constate que si sur la façade occidentale du Faritany les conditions météorologiques sont favorables aux activités de petites embarcations de pêche, ailleurs celles-ci constituent un facteur limitant.

Les eaux qui baignent les côtes malgaches sont chaudes et pourvues en éléments nutritifs dissous venant des grandes profondeurs. Les eaux sont donc stratifiées et stables et cette relative stabilité hydrologique ne serait troublée dans la région qui nous intéresse que par :

De l'ensemble des travaux concernant les eaux malgaches (dont ceux de VASSEUR, 1964 ; MAESTRINI et PIZZARO, 1966 … sur le grand récif de Toliara), on peut retenir qu'en référence à des préoccupations essentiellement halieutiques, hydroclimat et climat y sont étroitement liés et que le facteur de différentiation de deux périodes climatiques reconnues (saison séche et saison humide), est la pluviométrie se traduisant par une forte dessallure des eaux du plateau continental en février-mars (27%) et par une salinité maximale en août-octobre (35–36%).

Dans l'état actuel de nos connaissances, la thermocline située autour de -150 m sur la côte Ouest est peu marquée ; dans certaines régions elle disparaît. Sur la côte Est par contre, elle est plus accentuée et ce vers -100 m.

II. LES RESSOURCES HALIEUTIQUES

2.1. Les ressources exploitées

Dans le faritany de Toliara existe une pêcherie traditionnelle très active s'adressant à des espèces cibles variées et utilisant des techniques de captures très diversifiées. D'après les données disponibles cette forme de pêche est en expansion (tableau 2.).

 NOMBRE PECHEURNOMBRE PIROGUE
1969 – 1971 (1)2.8371.914
1981 (2)3.8824.037

Tableau 2 : Evolution de la pêcherie traditionnelle.

(1) : Données de Collart (1972)
(2) : Données de Rey (1982)

Il serait par ailleurs très intéressant de comparer les données du tableau 2 avec celles issues d'enquêtes plus récentes.

Il est difficile et fastidieux d'établir une liste exhaustive des espèces exploitées par les pêcheurs traditionnels. Ceux qui sont intéressés par le sujet toutefois peuvent s'adresser aux ouvrages spécialisés dont le remarquable “Guide des poissons commerciaux de Madagascar” de BAUCHOT et BIANCHI (1983). Il est encore plus difficile, vu l'inexistence d'observations scientifiques appropriées, d'avoir une idée précise sur le niveau d'exploitation de ces espèces ; on peut avancer toutefois que pour certaines espèces sédentaires, une surexploitation existe dans des zones localisées qui sont les fonds de pêche traditionnels de certains villages (Epinephelus spp des fonds coralliens et Siganus oramus des fonds d'herbiers, situés en face des villages de pêcheurs …).

NOMS SCIENTIFIQUESNOMS LOCAUX
I.POISSONS 
I.1.Poissons de fonds 
- Epinephelus sppAlovo
- Siganus oramnirMoramasaka
- Lethniunus sppTamporaha
- Lutjanus sppZaho, Menahelika
- Upeneus sppFiantsomotsa
I.2.Poissons pélagiques 
- Scomberomorus commersonniiLamatra
- Caranx sppSabonto
- Trichiurus lepturusVatsitsaka
- Sardinella sppMarotaolana
- Stoléphorus sppTove
II.CRUSTACES 
 - Scylla serrataDrakaka
- Penaeus sppTsitsika
- Panulirus sppTsitsika bevata
III.ECHINODERMES 
 - Holothuria ocabraZanga
IV.MOLLUSQUES 
 - Crassostrea cucculataSaja, zoita
- Fasciolaria trapezium
- Murex ramosus
- Octopus sppOrita
- Sepia sppAngisy
V.REPTILES 
 - Chelonia mydasFano
- Erethmochelus imbricataFano-hara

Tableau 3 : Quelques espèces cibles de la pêche traditionnelle

2.2. Les ressources exploitables ou peu exploitées

De multiples prospections ont été réalisées dans les eaux malgaches afin d'identifier de nouvelles ressources halieutiques intéressantes sur le plan économique. D'un autre côté l'examen des pêcheries existantes permet de constater que certaines espèces sont sous-exploitées ou mesexploitées.

A. Crevettes profondes

Les fonds reconnus chalutables pour l'exploitation de ces crustacés s'étendent de part et d'autre de Morombe, dont les plus importants sont ceux situés au large de la baie de Fanemotra. Deux petites aires ont été aussi reconnues de part et d'autre du canon d'écoulement des eaux de l'Onilahy.

A noter que sur ces mêmes fonds se rencontrent, mais en faible quantité des langoustines (Nephrops adamanicus…) et le crabe rouge de fonds (Geryon spp) sans parler de certaines espèces de poissons fins (Prostispomoîdes spp).

B. Langoustes profondes

L'espèce de profondeur Paliscurus gilchristi, qui est chalutée sur le bord africain du Canal de Mozambique, avait été prospectée dès 1969 dans les eaux australes malgaches. De nouvelles investigations ont été réalisées dernièrement par les sociétés industrielles déjà en place et on s'attend à ce que celles-ci débouchent sur des opérations commerciales d'ici peu.

C. Poissons demersaux

On peut avancer au stade actuel que les poissons demersaux capturés par le chalutage crevettier constituent la ressource que l'on pourrait mettre en valeur, sans grand investissement complémentaire mais seulement avec un effort minimum d'organisation au niveau des entreprises concernées et dans le circuit commercial. Ces espèces sont principalement : Upeneus spp, Nemipterus spp, Decapterus maruadsi, Rastrelliger kanagurta, Pomadasys hasta, Caranx spp, Otolithes argenteus et Psettodes erumci.

Sur la base d'un rapport de 1 Kg de crevettes chalutées pour 5 Kg de poissons d'accompagnement et d'une production industrielle annuelle de 1.500 tonnes/an de crevettes dans les eaux de la façade maritime tuléarienne, on établit une capture théorique de 7.500 tonnes/an de poissons de table.

Utilisant un chalut de fond de 23,5 m de corde de dos et de 31,5 m de bourrelet avec un maillage de cul de 25 MM de côté, SCHMIDT et DUPONT (1964) obtenaient les résultats suivants sur les parties chalutables du talus continental.

ZONEOBSERVATIONS
I. Maintirano à Morombe 
  150 – 300 m173 Kg/h dont 54% de poissons de table (Sparidae, Lutjanidae, Serramidae, Mullidae, Triglidae …)
  300 – 450 m120 Kg/h dont 32% en poissons de table (Triglidae …)
  450 – 790 m171 Kg/h dont 5% de poissons de table (Lophius sp, Merlucius sp …)
II. Cap Ste Marie à Tolagnaro 
  150 – 300 m7 kg/h (Sparidae, Lutjanidae et Scorpaenidae …)
  300 – 450 m143 Kg/h dont 49% de poissons de table (Scomber japonicus …)
  450 – 700 m53 Kg/h de poissons de farine uniquement

Tableau 4 : Captures en poissons sur le talus continental.

En juin 1983 le R/V “FRIDTJOF NANSEN” explora les côtes austro-orientales malgaches en traînant un chalut de 41 m de corde de dos et de 20 mm de côte de maillage de cul et la biomasse vierge en poissons démersaux fut estimée.

CAPTURES
Moyennes (kg/h)
DENSITE
(kg/km2)
AIRE
(km2)
BIOMASSE (tonnes)
q = 0,5q = 1
127,61.64018.00029.52014.760

Tableau 5: Biomasses vierges en poissons demersaux de Toliara à la Pointe d'Itaparina.

En appliquant à ces valeurs de biomasse la méthode de GFARCIA et AL (1987) pur le calcul du potentiel exploitable annuel et en prenant M = 0,53 en référence à VIDAL - JUNEMANN et CADY (1981), la production potentielle annuelle de cette aire est évaluée entre 6.300 et 8.600 tonnes pour q = 0,5 et 3.000 et 4.300 tonnes pour q = 1.

A noter que 2 traits de fond furent effectués par le R/V “FRIDTJOF NANSEN” sur le Banc de l'Etoile respectivement par le 113 m et 124 m. Le rendement fut de 239 Kg pour le premier trait avec Mustelus sp, Epinephelus morhua, Cheimerus nufar et Polysteganus baissaci ; pour le second le rendement fut de 63,6 Kg évec Emmelicthys nitidus, Epinephelus morhua et Cheimerus nufar.

D. Poissons pélagiques

Le groupe ichthyologique le plus important parmi les pélagiques est celui des Thonidés et l'on ne peut que regretter ici l'absence de données qui auraient pu être collectées à l'issue des diverses campagnes exploratoires thonières entrent antérieurement.

Le R/V “FRIDTJOF NANSEN” au cours de sa campgane de 1983 avait aussi prospecté les poissons pélagiques. Si les rendements horaires avec un chalut pélagique furent inférieurs à 5 Kg, il a été capturé par contre avec un chalut de fond, les quantités suivantes de petits poissons pélagiques à migrations verticales citadiennes :

- Banc de l'Etoile63,0 Kg/h
- Pointe Itaperina à Manakara170,5 Kg/h

Les principales espèces rencontrées ont été :

L'interprétation des données de prospections acoustiques permet d'un autre côté d'avancer l'existence dans les eaux du Sud Est malgache (Toliara - Cap Sainte Marie - Toamasina) d'une biomasse vierge de 50.000 tonnes correspondant à un stock de production de 20.000 tonnes/an en référence à une mortalité hypothétique de 0,8.

PISCICULTURE ET RIZIPISCICULTURE

(par le chef CIRPA de Tolagnaro)

I. Situation actuelle

En principe, l'activité de base sur ce secteur est la production et la distribution d'alevins en quantité suffisante pour assurer l'empoissonnement annuel des plans d'eau et des rizières. Il est à noter que Tolagnaro dispose de 5.000 ha environ de plans d'eau.

La production d'alevins dans la région était assurée par la station piscicole de FANJAHIRA.

Cette station de pisciculture est abandonnée pour le service depuis 1969 vu les difficultés rencontrées (crédit et problème d'eau).

L'année dernière, la CIRPA de Tolagnaro a été dotée d'un crédit pour réhabiliter la station.

* Comme ressources :

Si toutes les conditions sont réunies (maîtrise d'eau, alimentation bien conçue, géniteurs performants, matériels piscicoles complets …) la capacité de production pourra atteindre 100.000 alevins/an.

II. Contraintes

Quelques facteurs freinent le fonctionnement de cette station de production d'alevins :

1. Insuffisance de l'eau

L'eau du réservoir artificiel irrigue les rizières des villages situés dans la vallées en aval de la station (rizière de 40 ha environ). Chaque saison sèche (septembre et octobre), nous sommes obligés de fermer la vanne pour que l'eau suffise à notre pisciculture, mais cela entraine une insuffisance d'eau des rizières et pose toujours des problèmes entre le service et les collectivités locales.

Il est à noter que le lac n'a pas de source permanente, c'est l'eau de pluie qui est retenue par un système de barrage.

2. Personnel :

Absence de gardien, pas d'agents ECD.

3. Nourriture des poissons:

La provenderie n'existe pas à Tolagnaro, on rencontre sur le marché local quelques sous-produits tels que le son de maîs et le son de riz mais le problème réside au payement.

Actuellement, on fertilise les bassins en deversant périodiquement des fumiers de ferme seulement. Mais on dit que la productivité d'un type d'élevage est liée directement à la nourriture disponible qualitative et quantitative, ainsi qu'à la conduite de l'élevage.

4. Equipement :

Défaut de moyen de locomotion (ex : commande des besoins de la station).

IV. Priorités

Pour que cette station de production d'alevins soit fonctionnelle, à notre avis, on devrait avoir en priorité la maîtrise de l'eau et cela nécessite des modifications pour augmenter la capacité de retention du réservoir (rehausser le barrage de retension);

Des rizières sont aménageables en rizipisciculture mais ne sont possibles qu'après intervention de quelques autorités administratives (agriculture, génie rural, eaux et forêts, travaux publics, …) dans l'aménagement rizicole (barrage, canaux d'irrigation …).

V. Projet :

Comme projet de développement de la pisciculture dans la région de Tolagnaro, la CIRPA suggère les activités suivantes :

  1. Résoudre le problème d'eau ;

  2. Déversement des alevins dans les plans d'eau menacés de surexploitation ;

  3. Pousser le contrôle de la legislation de pêche continentale : fermeture de pêche et contrôle des mailles de filet ;

  4. Aménagement des rizières en rizipisciculture ;

  5. Installation, suivi et appui technique de quelques pisciculteurs producteurs d'alevins (encadrement) ;

  6. Vulgarisation de la rizipisciculture.

PRESENTATION DE L'ENTREPRISE “LANSU”

La “Langouste du Sud” abrégée LANSU est une Entreprise socialiste créée en 1979. Elle participe à l'exploitation des langoustes australes malgaches dans la région Anosyenne (Extrême Sud-Est de Madagascar) et dans la région d'Androy (Sud de Madagascar).

La LANSU n'intervient pas directement à la pêche mais elle achète les langoustes auprès des pêcheurs dans 19 principaux lieux de collecte dont 16 dans la région Anosyenne (de Tolagnaro à Sandraninony) et 3 dans l'Androy (Laranous - Faux-Cap - Antaitaika).

La LANSU n'intervient pas directement à la pêche, par contre elle a équipé les pêcheurs de cinq embarcations (type catcher) faisant partie du premier don japonais : 2 à Ampasika et à Manafiafy, 1 à Vatoroka-Isapera et 2 à Maseny. Les pêcheurs utilisant ces embarcations doivent vendre leurs prises à la LANSU.

La LANSU utilise des voitures pour le transport et le transfert journalier des langoustes achetées vers l'usine de traitement installée à Tolagnaro. Les produits finis, vendus aux marchés intérieurs et extérieurs sont présentés sous deux formes : langoustes entières et queues crues congelées. Les langoustes entières sont de quatre types : vivantes, crues congelées, cuites congelées et cuites refrigérées.

Les expéditions se font par voie aérienne pour les vivantes et les cuites refrigérées, et par voie maritime pour les autres types de produits.

Des problèmes se posent à cette exploitation des langoustes australes non seulement pour la LANSU mais aussi pour l'ensemble de la pêcherie, particulièrement du côté pêche (c'est-à-dire au niveau des pêcheurs) et du côté transport (au niveau des opérateurs).

  1. Du côté pêche, les caractères rudimentaires des moyens de production : casiers et pirogues empêchent les pêcheurs d'augmenter et d'améliorer leurs captures.

  2. Du côté transport, on peut distinguer deux étapes :

    1. Les transferts des produits des lieux de collecte à l'usine.
    2. Les expéditions des produits finis.

Pour la première étape et dans la région Androy, elle est assez faible car la route y est globalement en bon état. Tandis que dans la région Anosyenne la situation est tout à fait différente.

Cette région est desservie par la route nationale non bitumée et sans pont. Alors, les voitures sont contraintes de marquer des arrêts assez longs lors des traversées des bacs et de ralentir en cours de route. Naturellement, ces phénomènes favorisent la déssication et la dégradation bactérienne des produits et occasionnent par la suite aux opérateurs des pertes pondérales considérables.

Pour la deuxième étape, le problème concerne surtout l'expédition par voie aérienne. C'est la compagnie “AIR MADAGASCAR” qui assure le transport des produits. Ces derniers quittent Tolagnaro au milieu de la journée (entre midi et une heure, généralement le dimanche), font escale à Ivato, avant le transfert vers la France ou la Réunion sans être mis dans des enceintes refrigérées, donc ils sont soumis aux variations de température, après quoi, arrivés à destination, on peut constater jusqu'à 30% de taux de mortalité.

Face à ces problèmes, il importe en priorité de chercher des solutions. Pour les pêcheurs, il serait nécessaire de leur fournir des moyens de production plus résistants et durables. A ce sujet, la Compagnie Malgache de Caoutchouc (COMACAT), évoquée lors du dernier Conseil d'Orientation de l'Unité de Formation Supérieure Halieutique (UFSH), est disposée à promouvoir des pirogues en fibres de verre associés à de la résine polyester dans la région de Toliara. Il serait nécessaire d'étendre ce projet dans la région Anosyenne. Il suffit de fournir aux pêcheurs quelques prototypes de casiers et de pirogues faits avec ces matériaux, de leur laisser attester les efficacités. Les éventuelles remarques des pêcheurs permettent par la suite de procéder à quelques modifications si nécessaire.

Pour le transport, la meilleure solution est de bitumer la route et de construire des ponts. Le Président de la République a promis lors de sa dernière campagne electorale de fournir trois ponts Beiley pour les trois premières rivières. Il est à espérer que cette promesse sera tenue et bientôt ces rivières seront pourvues de ponts. Pour les solutions à court terme, la contribution des opérateurs avec la COMACAT et l'UFSH s'avèrent une fois de plus indispensables. En effet, l'utilisation des caisses isothermes et pourvu de glace permet de créer une atmosphère plus fraiche en cours de route donc de minimiser la dessication et les activités bactériennes.

En ce qui concerne l'expédition des produits finis, l'installation à Ivato d'un entrepôt frigorifique serait indispensable. Cette installation permettra de conserver les produits pendant l'escale. L'investissement ne paraît pas difficile puisque le Japon dans le cadre de la coopération avec Madagascar contribue largement en cette matière. Il y a deux semaines environ, les deux pays ont inauguré le complexe de Nanisana. Notons qu'à Ivato, il en existe déjà, mais il paraît que cet entrepôt soit utilisé seulement pour les letchis.

LA MER ET SON ENVIRONNEMENT

(par Mme RABESANDRATANA)

Environnement, c'est le mot à la mode ou plutôt la réalité en danger et à laquelle nous ne devons plus tourner le dos. En effet, sur nos côtes et particulièrement à Toliara sous nos yeux, la mer et son environnement, source de vie, sont en train de subir une dégradation croissante et rapide, engendrée par l'explosion démographique de ces derniers temps.

Mais que se passe-t-il donc ?

Personne n'ignore que les produits de la pêche, source non négligeable de protéines quotidiennes, appartiennent à de nombreux niveaux trafiqués plus ou moins enchevêtrés.

Prenons l'exemple d'une chaîne alimentaire très simple. Par photosynthèse, des végétaux microscopiques flottants dans la mer ou phytoplancton, à partir de sustances organiques dont une foule d'animalcules ou zooplancton s'en nourrit. Le zooplancton est la proie de petits crustacés avalés à leur tour par des petits poissons et des crustacés dans l'estomac de gros poissons pêchés par l'homme. Il va de soi que la pyramide alimentaire à la base, constituée par plusieurs milliers d'êtres phytoplanctoniques porte à son sommet les gros poissons en passant par de nombreux petits poissons constituant sa proie. Si pour une raison quelconque, il y a déséquilibre dans cette chaîne, il n'y aura pas de gros poissons. Pour l'homme ! Autre possibilité : si on ne laisse pas grandir les petits poissons, car on est pressé de les consommer et d'en faire de l'argent avant l'âge adulte, le gros poisson se fera rare !

Il existe également des poissons brouteurs de polypes ou invertébrés poussant en colonies et dont le squelette constitue les coraux récifaux. Si ces polypes disparaissent, il en sera de même de leurs prédateurs et nous n'aurons pas de gros poisson !

Or, qu'est ce que nous constatons actuellement à Toliara ?

Un très grand nombre d'individus disparaissent chaque année sous l'action de l'homme pour des prix dérisoires. Une mesure de protection s'avère d'une extrême urgence !

Quant aux Echinodermes, l'oursin Tripneustes gratilla et l'holothurie Holothuria scabra sont récoltés à marée basse. L'oursin vidé de ses gonades sur place est moins menacé de disparition que les autres espèces, car dans l'eau, il reste toujours des gamètes assurant la pérénité de l'espèce. L'holothurie commence à poser des problèmes car certains pêcheurs collectes souvent des individus de taille inférieure à celle exigée pour l'exportation. Quelques étoiles de mer intéressent les touristes ainsi que certains tribus qui s'en servent pour faire des amulettes.

En ce qui concerne les reptiles, la loi protégeant les tortues est actuellement en vigueur.

Nous ne citons là que quelques exemples frappants.

Madagascar et particulièrement Toliara avec, surtout ses récifs de réputation mondiale, attire de nombreux touristes notamment ces derniers temps. Ce qui est un grand atout pour notre île. Toutefois, nous devons être sur nos gardes pour parer à toute cause de déséquilibre de l'environnement marin.

La mer est un véritable trésor par les nombreux produits qu'elle recèle. Des mesures devraient être prises pour une exploitation rationnelle de ses ressources. Nous pensons qu'il est urgent de mettre sur pied une Commission formée de spécialistes ; elle sera chargée de dresser une liste des espèces menacées et de trouver des moyens efficaces pour les protéger. Certaines parties du récif devraient, par exemple, constituer des parcs marins, dont l'accès serait uniquement réservé aux chercheurs afin que les espèces puissent se développer tranquillement jusqu'à la taille commerciale.

Lors d'un projet d'installation d'hôtel, les biologistes devenus en quelque sorte gardiens de notre patrimoine national, devraient être touchés à temps pour l'étude de l'emplacement qui fera le moins de dégâts possibles pour l'environnement. Nous rappelons ici l'initiative heureuse du Ministère du tourisme qui a demandé notre avis et en a tenu compte lors d'une demande d'installation d'un grand hôtel à Nosy Be qui est une relique dans le Sud à cause des pontes de tortues et de nombreux animaux en particulier les oiseaux qui s'y refugient.

La bonne volonté de tous et une collaboration efficace de tous les départements concernés pourront seuls aboutir à la sauvegarde et à la bonne gestion de nos ressources environnementales.

Ménageons le capital qu'est la mer si nous voulons le plus longtemps possible bénéficier de ses intérêts.

LA PECHE A LA LANGOUSTE DANS LE SUD MALGACHE

(par M. Mara, UFSH)

L'exploitation commerciale de la langouste du Sud a débuté en 1947. Diverses Sociétés se sont succédées pour leur mise en valeur depuis 1966. Actuellement, on a constaté une évolution rapide de la production qui passe de 180 T en 1986 à 392 T en 1989. Celle-ci peut provoquer une surexploitation de certaines zones de pêche si des mesures relatives à la gestion de pêcheries ne sont pas prises à temps. Ainsi, le projet régional pour le développement (RAF/87/008) basé aux Seychelles en collaboration avec le projet “Developpement des pêches - Formation des cadres” (MAG/84/002) de Toliara mène une étude d'estimation de stock de cette pêcherie.

Cette étude s'étale sur deux ans soit 2 campagnes de pêche. La première campagne a été réalisée de mai à décembre 1989 et la deuxième va se faire cette année durant la même période. Au passage j'adresse ici mes vifs remerciements aux directeurs des différentes sociétés opératrices, à la SPPA.6. et au CIRPA de Tolagnaro pour leur proche collaboration.

Pour des raisons scientifiques et techniques, nous ne pouvons pas encore divulguer pour le moment les résultats définitifs tant que la deuxième campagne ne soit pas achevée. Par contre, quelques résultats partiels seront communiqués.

1. Les espèces exploitées :

Cinq espèces ont été mises en évidence dans les côtières australes malgaches :

Panulirus homarus(langouste rouge = ora mena)
Panulirus japonicus(langouste rouge brique ornée de points blanc = tsitsibe)
Panulirus pénicillatus(langouste vert olive sombre = ora mainty)
Panulirus ornatus(langouste verte violavée = tsitsipase)
Panulirus versicolor(langouste verte portant des bandes blanches transversales au niveau de l'abdomen = tsitsidambo)

2. Les techniques de pêche :

Les moyens de pêches sont déterminés par l'espèce et son habitat, par les conditions ambiantes imposées par les facteurs physique et chimique du milieu, et aussi par les caractères propres à chaque population de pêcheurs.

Entre Toliara et Fenambosa, la pêche se fait en plongée. Elle s'opère sur fond de 2 à 15 mètres. Le pêcheur travaille à main nue, au harpon ou au filet. Il est équipé uniquement d'un masque. La pêche dure en moyenne 2 heures par jour, et la sortie est estimée à 15 jours par mois. La valeur marchande des captures au harpon est moins bonne.

De Fenambosa à Erakoka, deux techniques de pêche sont pratiquées : la pêche en plongée et la pêche à pied ou pêche au flambeau. Cette dernière s'avère la forme la plus simple. Le pêcheur chasse les langoustes dans la zone intertidale. Il utilise des bâtons ou des tiges de sisal à l'extrêmité desquels il attache soit des morceaux de suif, soit des morceaux de pneu qu'il brûle. Ceci permet de visualiser l'animal.

De Tolagnaro vers le Nord, le pêcheur utilise des casiers. Ces casiers sont confectionnés par eux-mêmes à partir d'une plante lianessante (Vahipiky). Actuellement, cette plante se raréfie en montagne.

Après cet bref aperçu des techniques de pêche nous allons aborder la production.

3. La production :

Elle augmente incessamment. Les productions depuis 1979 (Fig. annexe) montrent un accroissement progressif malgré les fluctuations annuelles observées. On peut attribuer cette tendance à l'évolution du réseau et du système de collecte. En effet, un nouveau fond de pêche est exploité en 1989 : région de Sandravinany ; les sociétés ont amélioré leurs moyens de transport : transport par avion (SOMADEP) et augmentation de parc automobiles (LANSU). En 1979, la production totale est de 392 tonnes, en ne tenant pas compte les marchés noirs, puisqu'ils ne sont pas déclarés.

Sur la production totale de 1989, 83,13% proviennent de la zone Nord de Tolagnaro. Le ⅓ de la production est du mois de mai. Bien que l'ouverture officielle de la pêche ait lieu en début mai, les pêcheurs commencent déjà la capture dès avril.

Etant donné le cours élevé de la langouste, le développement de cette pêcherie entraîne un bouleversement social dans la région du Sud : on assiste depuis 1988 à une mutation des cultivateurs, bouviers et petits fonctionnaires en pêcheurs de langoustes.

Cette accroissement de la production nous engage à voir l'esquisse d'une politique de développement.

4. Esquisse d'une politique de développement :

L'intensification de pêche sur certaines zones peut provoquer une surexploitation modifiant l'état des stocks des langoustes côtières.

Afin de faire le point sur cette situation et de préconiser des mesures d'aménagements, des recherches devront être entreprises au cours des années à venir sur ces crustacés.

Ces recherches auront pour but :

Notre première approche sur la connaissance de l'état des stocks est partie d'une enquête sur les débarquements effectués. La taille commercialisable semble être atteinte à environ 3,5 ans. Ceci nécessite par conséquent des périodes de fermeture de la pêche suffisamment longues, ce qui permet de suggérer l'instauration de réserves tournantes : une zone exploitée est interdite à la pêche pour une durée de 3 à 4 ans, délai permettant aux petits individus d'atteindre une taille commercialisable tout en se reproduisant. Cette mesure complète harmonieusement la production des femelles ovigères et la fixation d'une taille commercialisable.

Jusqu'à présent, l'exploitation ne concerne que les langoustes côtières. De ce fait, les populations des zones plus profondes sont peu touchées, et il conviendrait d'en envisager l'exploitation.

Un essai de pêche industrielle a été réalisé par la PNB en octobre 1988, entre Tolagnaro et Vangaindrano dans des fonds variant de 4 à 135 mètres. D'après les résultats, il est possible de capturer 100 à 1.000 Kg de langoustes par jour dans des bonnes conditions.

Pour conclure, beaucoup de résultats devront être confirmés par la deuxième campagne. Notons que certaines zones de pêches atteignent déjà leur maximum de rendement, ce qui nécessite une gestion rationnelle zone par zone.

Malgré l'importance du flux monétaire dans la filière, aucun investissement sérieux en matériel de production n'a été opéré jusqu'à présent.

Pour le moment, il est pratiquement impossible d'obtenir des rendements réguliers et d'un volume économiquement industriel. Par conséquent, la pêche des langoustes côtières a une vocation plutôt artisanale qu'industrielle.


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