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A N N E X E   4

DISCOURS DU MINISTRE DE L'ELEVAGE ET DES RESSOURCES HALIEUTIQUES POUR LA CEREMONIE D'OUVERTURE DE LA TABLE RONDE




Excellences,

Monsieur le Ministre, Monsieur l'Ambassadeur,

Messieurs les Représentants des Organisations Internationales,

C'est un plaisir pour moi et pour mon Département d'être avec vous aujourd'hui pour discuter ensemble de la pêche et de l'aquaculture. Ou'il me soit permis de vous saluer et de vous remercier vivement d'avoir honorer de votre présence à l'ouverture de cette table ronde. En octobre 1990, une rencontre de ce genre a été organisée. Il a permis de définir les grandes orientations et les axes stratégiques du secteur. Les résultats de ce séminaire national d'octobre 1990, qui a été précédé par six séminaires provinciaux, ont particulièrement satisfait mon Département car ils ont découlé de l'analyse détaillée des problémes au niveau du terrain et de la confrontation de diverses propositions émanant aussi bien des pêcheurs et des autres opérateurs que de l'administration et des différentes institutions concernées par le secteur, la recherche, la formation, les banques, etc.

Les conclusions de ce séminaire, la réalisation de plusieurs études ponctuelles ainsi que la préparation d'un bilan diagnostic du secteur nous ont permis d'élaborer un plan directeur de la pêche et de l'aquaculture pour le court, moyen et long termes.

Avant de vous présenter ce plan, je me pemettrais de vous décrire brièvement la situation actuelle du secteur et son rôle dans l'économie nationale.

La production halieutique actuelle de 104.000 tonnes représente 4,8% du PIB national et 12% du PIB du secteur primaire (agriculture, élevage, forêt et pêche).

Il est à souligner l'importance de la pêche traditionnelle dans la constitution du PIB du secteur des pêches (77%). Cette pêcherie, qui fournit 80% de la production totale, assure également presque entièrement le ravitaillement de la population en protéine animale d'origine halieutique car le pays n'importe quasiment pas de poissons.

En 1990, la disponibilité théorique en poisson par habitant était de 7,4 kg alors que celle en viande oscillait autour de 18 kg. La part du poisson dans la consommation de protéines d'origine animale a augmenté de 16,3% en 1960 à 29,4% en 1989.

L'apport de la pêche dans les recettes d'exportation globale malgache était de 13% en 1990. Ainsi, les produits de la pêche, avec une valeur de 60 milliards de FMG, occupent la troisième position parmi les principaux produits exportés par Madagascar, après la vanille et le café. Les produits exportés sont constitués essentiellement de crevettes (85% de la valeur des produits halieutiques exportés en 1990). Cependant, la part des autres produits a augmenté ces dernières années.

Le recensement effectué en 1989–1990 indique la présence de plus de 62 mille pêcheurs professionnels et plus de 6.000 personnes travaillant pour des activités liées directement à la pêche. Si on considère que chaque pêcheur a en charge entre 6 et 10 personnes, on constate que la pêche fait vivre plus de 550 mille personnes, soit 5,2% de la population globale.

Outre les pêcheurs professionnels, des milliers de personnes pratiquent la pêche ou l'aquaculture de façon occasionnelle ou comme activité secondaire (par exemple les pisciculteurs et les pêcheurs saisonniers des lacs tarissables).

Parmi les facteurs les plus importants qui continueront d'influencer à l'avenir le développement du secteur, il faut mentionner l'existence d'une réserve importante de ressources halieutiques peu ou pas exploitées. En comparant le niveau actuel de production (104.000 tonnes) au potentiel du stock halieutique de Madagascar évalué à 450.000 tonnes dont 300.000 tonnes environ ayant une valeur commerciale, la production actuelle pourrait tripler. Ces possibilités d'augmentation concernent essentiellement la pêche maritime et estuarine ainsi que la mariculture de crevettes grâce à l'existence de 52.000 ha de terrain propice à cet élevage.

Le plan directeur de la pêche et de l'aquaculture repose essentiellement sur l'existence de ressources peu ou pas exploitées et se fixe comme objectifs :

  1. - la participation, pour une large part, à la satisfaction des besoins locaux en protéine d'origine animale, par une augmentation de la disponibilité en poissons sur le marché intérieur ;

  2. - la contribution à l'accroissement des rentrées de devises pour le pays ;

On ne saurait par ailleurs, oublier les impacts socio-économiques découlant de l'exploitation desdites ressources entre autres :

  1. - l'élévation du niveau de vie des pêcheurs ;

  2. - la création d'emplois (pêcheurs, armateurs, dockers, mareyeurs, main d'oeuvre pour la transformation et la conservation des produits, transporteurs, etc).

Certains de ces objectifs de développement ont été quantifiés. Pour la production, elle doit augmenter de 104.000 tonnes en 1990 à 144.000 tonnes en 1996 et jusqu'à 190.000 tonnes à l'horizon 2.000. Celle destinée pour la consommation locale devra s'accroître de 48.000 tonnes en dix ans, soit un taux de croissance moyen de 5,9% par an (taux supérieur à celui de la croissance démographique : (3%). Ainsi la disponibilité en poissons par habitant pourra passer de 7,4 kg en 1990 à 8 kg en 1996 et à 8,5 kg en 2001. Quant à l'exportation des produits halieutiques, les recettes en devises atteindront dès 1996, 130 milliards de FMG (prix constant 1990) soit une augmentation de 120% ; la quantité exportée pourra encore tripler d'ici dix ans.

Les grands axes stratégiques retenus pour concrétiser ces objectifs sont les suivants :

  1. - l'accroissement de la production de la pêche maritime dans son ensemble doit occuper une place prépondérante ; en effet, cet axe stratégique permet principalement d'augmenter les disponibilités en poisson pour la consommation locale, d'améliorer le niveau de vie des pêcheurs et, de créer de nouveaux emplois et, d'accroitre les recettes en devises pour l'économie nationale ;

  2. - la diversification et le développement des produits marins d'exploitation sont la stratégie de base pour augmenter significativement les apports en devises du secteur de la pêche et de l'aquaculture pour l'économie nationale ; mais la mise en oeuvre de cet axe stratégique aura aussi des impacts appréciables sur la création d'emplois et l'amélioration du niveau de vie des pêcheurs et des aquaculteurs ;

  3. - enfin, il faut déterminer les stratégies importantes d'accompagnement qui se rapportent à l'exécution et au soutien des programmes d'actions. Pour le court et moyen termes, il faut améliorer et renforcer la gestion du secteur par des mesures visant à rendre plus efficiente l'intervention de l'administration, à mieux aménager les différentes pêcheries et à assurer la conservation des stocks ainsi qu'à dynamiser les activités des institutions concernée par la pêche et l'aquaculture.

Pour réaliser ces trois grands axes stratégiques dix (10) sous-programmes sont considérés comme prioritaires à savoir :

  1. - Accroissement de la production destinée pour le marché local

    1. Promotion de la pêche traditionnelle maritime, amélioration des moyens de travail et du niveau de vie des pêcheurs ;

    2. Participation plus importante de la pêche artisanale et industrielle dans le ravitaillement du marché intérieur ;

    3. Développement de la pisciculture ;

    4. Promotion de la commercialisation locale et mise en place des infrastructures nécessaires.

  2. - Diversification et développement des produits marins d'exportation

    1. Augmentation des captures de crustacés et autres produits marins ;

    2. Meilleure intégration de l'exploitation thonière dans l'économie nationale ;

    3. Promotion de l'aquaculture de crevettes marines.

  3. - Amélioration et renforcement de la gestion du secteur

    1. Amélioration de l'intervention de l'administration ;

    2. Aménagement des pêcheries et conservation des stocks ;

    3. Support aux institutions concernées par le développement des pêches.

Les sous-programmes sont soutenus par plusieurs actions qui peuvent se présenter sous forme de projets de démonstration, des conseils directs aux opérateurs, des plans d'aménagement de différentes pêcheries ainsi que de recherche et de formation, des études avec la présentation de nouveaux règlements économiques, juridiques et fiscaux, des réorganisations et d'amélioration du fonctionnement de l'administration.

Le plan directeur a permis d'identifier et de prioriser les actions à mener dans plusieurs domaines aussi bien pour le court, le moyen que le long terme. Les dix sous-programmes proposés apparaissent très etoffés et insistent, le plus souvent, sur l'urgence de la mise en oeuvre de la plupart des actions.

Ainsi le premier plan à moyen terme appelé à démarrer le plan directeur devra retenir toutes les actions fondamentales permettant d'assurer un développement significatif du secteur. Vu le nombre de ces actions, le financement de ce premier plan dépassera certainement les possibilités du Gouvernement. Toutefois, compte tenu de l'importance des objectifs fixés, quelques peu ambitieux mais vitaux pour l'économie global du pays, il s'avère indispensable de mobiliser tous les moyens nécessaires pour l'exécution des actions retenues.

Ce premier plan à moyen terme que l'on peut denommé “Programme cadre global de développement de la pêche et de l'aquaculture pour la période 1992–1996” que vous avez déjà obtenu contient trente neuf (39) thèmes.

Le nombre élevé de ces thèmes et leur diversité posent le problème de la coordination. Une approche en terme de programme permettrait sans doute de les réaliser avec efficacité et cohérence. Grâce à ce programme sectoriel on peut :

Ici, je tiens à remercier le PNUD et la FAO qui, par l'intermédiaire du projet MAG/85/014 “Assistance à l'Administration des pêches”, nous ont soutenu dans la conception de cette approche programme jugée plus rationnelle que l'approche projets.

La réussite de la réalisation du Programme repose principalement d'une part sur une compréhension mutuelle et une collaboration effective non seulement entre l'administration et les bailleurs de fonds, mais surtout entre ces derniers et, d'autre part, sur l'efficacité de la coordination au niveau de la structure d'exécution.

Pour terminer mon intervention, permettez-moi de vous rappeler certains chiffres indicatifs de ce programme :

Excellences, Mesdames et Messieurs, je m'excuse d'avoir été long mais il m'est paru indispensable de vous fournir ces éléments qui serviront de base à nos discussions.

Je vous remercie.


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