Les alevins nécessaires à la mise en charge des rizières et des étangs de pisciculture proviennent, pour l'instant, de deux sources :
les producteurs privés d'alevins : à présent, seulement dans la région d'Antsirabe (CIRPA du Vakinankaratra) ;
les stations piscicoles d'Etat : en attendant la relève par les producteurs privés d'alevins en milieu rural, le Gouvernement a mis deux stations piscicoles à la disposition du projet, à savoir : la station d'Ambatofotsy/ Ambatolampy pour l'approvisionnement en alevins de la région d'Antsirabe et la station d'Ampamaherana pour les régions d'Ambositra et de Fianarantsoa.
La méthode de production d'alevins utilisée dans les stations d'Etat est la même que celle vulgarisée auprès des producteurs privés d'alevins : une reproduction semiartificielle dans des étangs de ponte sur des substrats de frayère artificiels (collecteurs d'oeufs appelés “kakabans”), une incubation des œufs et un élevage d'alevins dans des étangs de pisciculture.
Une première identification des candidats producteurs privés d'alevins est faite par l'agent de terrain (vulgarisateur). Après son avis favorable, ce dernier ouvre un dossier comprenant une fiche d'état civil, des renseignements généraux concernant l'exploitation, l'expérience piscicole du candidat, un schéma de localisation et un plan des aménagements piscicoles existants. A partir de ce minimum d'information, le service de vulgarisation organise une visite du terrain afin de confirmer les potentialités piscicoles du site proposé et, le cas échéant, accepte le dossier proposé. Dans ce cas, une proposition d'aménagement, un plan de travail et un calendrier de travail sont préparés et discutés avec l'intéressé ; dans le cas contraire, les impossibilités d'aménagement et d'exploitation piscicole lui sont expliquées.
Les candidats retenus sont encadrés par la CIRPA/projet et peuvent bénéficier des services suivants :
suivi technique : un suivi technique est assuré par le service de vulgarisation (agents de terrain et dans la mesure du possible, des cadres). Le nombre de visite de terrain de ces encadreurs est fonction des performances du producteur ;
service intrants : certains intrants piscicoles spécifiques qui ne sont pas disponibles en milieu rural peuvent être achetés au prix de revient à la CIRPA/projet (cf. annexe I.) ; ces intrants ne sont livrés que lors des tournées de suivi ;
crédit piscicole : le projet est en train de mettre en place un crédit piscicole à travers une institution bancaire, prévoyant des crédits de campagne, de petit matériel et d'investissement. En attendant la mise en place de ce crédit, un crédit en nature pour certains intrants a été proposé lors de cette première campagne;
fourniture de géniteurs : des géniteurs provenant des stations piscicoles d'Etat ont été livrés aux producteurs qui en avaient fait la demande et à condition que l'aménagement piscicole soit terminé et réalisé convenablement. La livraison des géniteurs a également pu faire l'objet d'un contrat de crédit. Le transport s'est fait en sacs plastiques doublés (épaisseur 200 microns chacun) remplis de 10 à 15 litres d'eau, avec deux à trois géniteurs par sac et gonflés à l'oxygène médicale.
En attendant que la production d'alevins chez les producteurs privés puisse satisfaire la demande, une production complémentaire est assurée par deux stations piscicoles d'Etat : la station piscicole d'Ambatofotsy/Ambatolampy et celle d'Ampamaherana. La première assure, à priori, la demande provenant de la CIRPA du Vakinankaratra et la deuxième celle provenant de la CIRPA de Fianarantsoa.
La production piscicole (autant alevins que poissons de consommation) est sous la responsabilité directe d'un chef de station et son chef hiérarchique, le chef CIRPA. En attendant la nomination d'un chef de station d'Ampamaherana et d'un chef CIRPA de Fianarantsoa, la responsabilité de la production d'alevins de cette station a été assurée par le Service Provincial de la Pêche et de l'Aquaculture (SPPA) de Fianarantsoa.
Un des plus grands obstacles, ne permettant pas le bon fonctionnement des stations piscicoles étatiques à Madagascar, est le non-fonctionnement du système de gestion administratif et, en l'occurrence, l'absence d'une autonomie financière. Afin de contourner ce problème et de garantir le fonctionnement de ces deux stations piscicoles, un contrat a été établi entre le Gouvernement et le projet autorisant l'utilisation des revenus de ces stations pour le fonctionnement de celles-ci. Ainsi, ces revenus sont gérés conjointement par le Gouvernement et la FAO.
La présence d'un ingénieur stagiaire de l'Unité de Formation Supérieure Halieutique (UFSH) nous a permis de réaliser quelques essais d'amélioration de techniques de production d'alevins. Ainsi, nous avons pu comparer :
la méthode de reproduction usuelle, semi-artificielle (c'est-à-dire ponte dans des bacs ou étangs sur substrats de frayère artificiel, avec ou sans hypophysation des géniteurs) avec la méthode de reproduction artificielle (c'est-à-dire hypophysation des géniteurs ; obtention manuelle des gamètes ; incubation des œufs, dans des bouteilles de Zoug et élevage larvaire dans des jarres/entonnoirs) ;
quatre densités d'empoissonnement et deux types d'aliment pour l'alevinage.
Comme pour la production d'alevins, nous avons, à présent, deux systèmes de distribution d'alevins en milieu rural : les cessions par les producteurs privés d'alevins (secteur privé) et celles par les CIRPA (Gouvernement), tous les deux assistés par le projet.
L'organisation de la vente d'alevins produits par les producteurs privés a été laissée sous leur entière responsabilité. Néanmoins, l'organisation appliquée pour les cessions CIRPA/projet leur a été vivement conseillée. Cette organisation consiste en :
A. Commandes d'alevins
Il a été conseillé à chaque producteur de tenir une liste d'inscription des commandes pour d'une part, sensibiliser/informer la clientèle, mais aussi pour connaître plus ou moins la quantité d'alevins à produire et d'autre part, augmenter la demande d'alevins dans sa région. Pour faciliter ces inscriptions, chaque producteur d'alevins “opérationnel” a reçu des affiches de sensibilisation type “commande”. Le nombre d'affiches distribué (jusqu'à 10 par producteur) dépend de l'importance du site et du niveau de savoir-faire de l'intéressé.
B. Préparation des cessions
En étroite collaboration avec le service de vulgarisation et en fonction du calendrier rizicole et des commandes, le calendrier de cession est préparé. Des affiches de sensibilisation type “cession” ont été distribuées aux producteurs d'alevins afin d'informer la clientèle du lieu, des dates et de l'heure des cessions. En général, le producteur reçoit deux fois plus d'affiches de sensibilisation type “cession” que type “commande”.
C. Cessions d'alevins
Des carnets de reçu ont été livrés à chaque producteur “opérationnel” en lui demandant d'établir un reçu de vente pour chaque livraison. Il a été conseillé aux producteurs d'aligner leur prix de vente sur celui de la CIRPA/projet (i.e 20 Fmg/unité).
Pour appuyer la recherche d'une clientèle, il a été proposé aux producteurs de vendre des alevins produits par les stations piscicoles étatiques au cas où leur production ne pouvait satisfaire la demande. Après épuisement de leur propre production et sur la demande explicite du producteur, un certain nombre d'alevins a été livré pour vente “en relais” chez ces derniers. La responsabilité de la vente et le stockage des alevins incombait dès la livraison au producteur qui s'engageait à rembourser 75% de la valeur monétaire des alevins déversés.
En attendant que le secteur privé puisse satisfaire la demande d'alevins, des cessions sont organisées par les deux CIRPA concernées en collaboration étroite avec le projet.
L'organisation de la cession d'alevins par la CIRPA/projet est semblable à celle des producteurs, à savoir :
A. Commandes d'alevins
Cette activité incombe aux vulgarisateurs et a, comme objectif, outre la sensibilisation/ information, de connaître la demande d'alevins par endroit, d'identifier/choisir les points de vente et le nombre d'alevins à amener le jour de cession. Ces inscriptions sont stimulées par des affiches de sensibilisation type “commande” durant les mois d'août et septembre, voire jusqu'à la date de cession. Pour les régions de Fianarantsoa et Ambositra, nous n'avons commencé cette activité que fin septembre après la formation initiale et l'installation des vulgarisateurs.
B. Paiement anticipé
Sur la demande de quelques vulgarisateurs de la région d'Antsirabe, un système de paiement anticipé (lors de la commande) a été mis en place dans le but de faciliter le paiement des alevins par les paysans pisciculteurs. En effet, le manque d'argent lors des cessions d'alevins est souvent avancé comme un sérieux obstacle à l'expansion de l'activité piscicole.
Le nombre minimum d'alevins à prépayer a été fixé à 100 par prépayeur pour d'une part, faciliter l'organisation de cette alternative et d'autre part, stimuler une mise en charge suivant la norme vulgarisée.
C. Elaboration d'un calendrier de cession
Chaque CIRPA prépare un calendrier de vente en tenant compte :
131 points de cession ont été retenus dont 89 pour la CIRPA du Vakinankaratra et 42 pour la CIRPA de Fianarantsoa. Le nombre de points de vente pour les régions d'Ambositra et Fianarantsoa a été limité dès la première campagne de cession d'alevins afin d'éviter un service de vente à domicile. Par contre, plusieurs ventes ont été organisées pour certains points de vente importants.
La plupart des cessions de la CIRPA du Vakinankaratra ont été organisées à partir d'Antsirabe étant donné que la station productrice d'alevins se trouve à plus de 100 km d'Antsirabe. Cette organisation requiert donc un approvisionnement d'Antsirabe en alevins à partir d'Ambatolampy. Cet approvisionnement est également intégré au calendrier de cession d'alevins.
Pour la région de Fianarantsoa, les cessions ont été organisées, soit directement à partir de la station piscicole d'Ampamaherana (30 km de Fianarantsoa), soit à partir d'Antsirabe une fois la production de la station d'Ampamaherana épuisée.
En somme, le calendrier de vente reprend les données suivantes : l'endroit, la date et l'heure de cession, l'équipe responsable de l'approvisionnement et celui de la cession ; le nombre d'alevins commandés et le moyen de transport. Au total, 6 véhicules ont été utilisés pour la campagne de cession dont 1 camion 5 t, 3 véhicules tout-terrain type pick-up, 1 pick-up et 1 voiture familiale.
D. Préparation des cessions
Les vulgarisateurs ont eu la responsabilité d'informer les intéressés, au moins une vingtaine de jours avant chaque cession d'alevins, du lieu, de la date et de l'heure de la cession. Cette campagne d'information se fait avec l'aide des affiches de sensibilisation type “cession” et par tournée sur terrain.
E. Cessions d'alevins
Avant d'être conditionnés à la station piscicole, les alevins sont préalablement stabilisés pendant au moins deux jours dans des bacs de ciment. Le conditionnement se fait dans des sacs plastiques doublés (épaisseur 200 microns chacun) remplis d'environ 15 litres d'eau ; de 1.000 à 1.500 alevins et gonflés à l'aide d'oxygène médical.
Les cessions proprement dites ont été effectuées par une équipe composée, en fonction de l'importance de la cession, d'un ou deux cadres et de 2 à 4 compteurs. Sur le lieu de cession, le vulgarisateur organise les acheteurs en attendant l'arrivée de l'équipe assurant le transport et la vente d'alevins. Les personnes inscrites sur la liste de commande, y compris les prépayeurs sont prioritaires sur les autres candidats acheteurs. Lors de la livraison, un reçu est délivré pour chaque achat et un surplus de 10% est livré pour compenser les pertes éventuelles ultérieures dues au transport et à la manipulation. A la fin de chaque cession, une fiche de compte-rendu de cession est établi par le responsable de l'équipe.
