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6. ANALYSE DES RESULTATS

6.1. Production d'alevins

6.1.1. Production d'alevins par les producteurs privés

A. Identification des candidats

Au départ, l'organisation du dossier a été laissée au soin du candidat, ce qui a amené à refuser un certain nombre de dossiers fantaisistes. Ceci explique aussi en grande partie pourquoi seulement 48% des dossiers présentés ont été retenus.

Les deux critères de sélection qui font le plus souvent obstacle sont d'une part, la disponibilité en eau et d'autre part, la disponibilité en terrain, ce qui est en général dû à une topographie peu propice. De ce fait, 7 producteurs sur 9 ont procédé à la transformation des rizières en étangs de pisciculture plutôt que de construire des étangs sur des tanety.

64% des dossiers retenus (7 sur 11) ont été proposés par les vulgarisateurs. Nous avons permis à ces vulgarisateurs de s'installer comme producteurs privés tout en restant engagés comme vulgarisateurs piscicoles, et ceci malgré un emploi du temps majoritairement consacré à leur installation. Presque tous les vulgarisateurs qui n'ont pas été choisis comme agent de terrain permanent (responsable de zone) ont voulu s'installer comme producteurs d'alevins, mais dans la plupart des cas, un site approprié fait défaut.

Vu le contexte rural dans la zone d'intervention du projet, nous avons, dès les premières identifications des producteurs privés, abandonné l'idée initiale exprimée dans le document du projet, d'installer un nombre restreint de producteurs (15) devant produire une quantité importante d'alevins en année de croisière : 200.000 alevins par producteur et par campagne, faisant ainsi de l'activité piscicole, la principale activité de l'exploitant. En revanche, nous nous sommes davantage orientés vers une production en année de croisière moins importante (e.g. 100.000 alevins par producteur et par campagne) et surtout vers l'intégration de l'activité piscicole comme une des activités principales d'une exploitation agricole intégrée.

L'expérience de cette première année de sélection nous a confirmé l'importance du choix de candidat/site ; aussi, les futures sélections devront être plus sévères pour mieux garantir le succès et la pérennité de la production d'alevins en milieu rural. En encadrant moins de producteurs à la fois, l'équipe de vulgarisation peut passer davantage de temps chez chaque exploitant producteur d'alevins, lui permettant de devenir rapidement très performant (acquisition du savoir-faire). Cette démarche, acceptant volontairement un nombre de producteurs privés restreint, dans un premier temps, nous semble de loin préférable à celle voulant installer dès le démarrage, un grand nombre d'exploitants, dont le suivi serait forcément moins performant et dont un grand nombre risqueraient de rester médiocres et/ou d'abandonner l'activité piscicole.

B. Service intrants

La mise en place d'un service intrants s'est faite un peu au coup par coup, en fonction des besoins exprimés par les producteurs privés. Presque tous les producteurs ont fait appel au service intrants. Les intrants les plus demandés sont les fibres de piassava, les géniteurs, la provende alevinage et la chaux agricole. Toutes les livraisons ont été effectuées lors des visites d'appui technique.

Nous pouvons, néanmoins, retenir que le service intrants est davantage utilisé comme un service de livraison à domicile, plutôt que comme un service proposant des intrants performants par les producteurs d'alevins. En effet, à l'exclusion des fibres de piassava et des géniteurs initiaux, les autres intrants peuvent être préparés ou trouvés localement.

Le service intrants devra être considéré par l'équipe de vulgarisation comme un outil devant :

  1. aider la mise en place d'un réseau de producteurs privés en milieu rural ;

  2. sensibiliser aux normes techniques et aux techniques piscicoles à suivre ;

  3. faire accepter l'utilisation de matériel et d'intrant performants ;

  4. être utilisé comme support à l'établissement du système de crédit.

Cependant, il faudrait éviter de donner au service intrants une vocation d'assistance dont les producteurs seraient dépendants et proposer, en parallèle au service intrants des solutions locales alternatives.

C. Crédit piscicole

Le crédit informel en nature a été un succès, et chaque producteur privé qui y avait droit, y a eu recours. La souplesse et la rapidité de ce système informel ainsi que le fait que le prêt a été fait par un projet, sont certainement les explications de ce succès.

Par contre, plusieurs lacunes de système de crédit utilisé peuvent être formulées :

  1. le crédit est établi au coup par coup selon les besoins immédiats sans qu'aucune situation prévisionnelle des besoins n'ait été établie ;

  2. le service de vulgarisation se substitue aux instances de crédit sans en avoir les moyens de contrôle et de fonctionnement ;

  3. le terme de crédit est relativement exagéré et le système utilisé est plutôt un prêt en nature ne correspondant pas à un service financier réel.

Etant donné la faible dimension de ces petites stations piscicoles rurales et l'innovation de l'activité, le montant des prêts en nature a été peu élevé : en moyenne 54.834 Fmg par producteur.

La bonne relation que nous entretenons avec les producteurs d'alevins et les revenus supplémentaires du grossissement en rizières ont certainement facilité le remboursement de crédit et expliqué le taux de recouvrement de 100%.

D. Livraison de géniteurs

A part un producteur qui pratique déjà depuis quelques années la reproduction de la carpe commune, tous les nouveaux producteurs privés d'alevins (8 sur 9) ont eu recours à la cession de géniteurs. A cause du nombre d'étangs d'alevinage restreint, le nombre maximal de géniteurs à livrer a été fixé à 4 géniteurs femelles et 6 géniteurs mâles par producteur.

La qualité des géniteurs provenant de la station piscicole d'Ambatofotsy/ Ambatolampy n'a pas été très homogène. La sélection des géniteurs au niveau de la station piscicole d'Etat, devrait être plus rigoureuse pour permettre de livrer des géniteurs avec un meilleur indice de forme, c'est-à-dire celui de la carpe commune var. royale.

Le système de conditionnement des géniteurs pour le transport en sacs plastiques devra être abandonné et remplacé par un système plus performant, e.g. conditionnement dans un bac de transport muni d'un système d'appui en oxygène.

E. Production d'alevins

Tous les producteurs privés ont préféré commencer la reproduction d'alevins avec une surface piscicole restreinte (en général moins de 10 ares) afin de (i) vérifier la fiabilité et la rentabilité de cette nouvelle spéculation ; (ii) acquérir un certain savoirfaire et (iii) créer une clientèle.

De même, tous les producteurs ont obtenu des pontes sans trop de difficultés et le pourcentage de femelles positives (74%) démontre que l'obtention des œufs fertilisés ne semble pas poser de problèmes.

Néanmoins, le fait que, peu de producteurs aient obtenu de pontes dans les 24 heures après la mise en pose, indique que la maturation des géniteurs femelles n'était pas optimale. Ceci est certainement dû à une alimentation limitée et/ou déséquilibrée pendant la période de maturation. Nous ne pourrons souligner assez l'importance de la gestion des géniteurs en particulier les conditions d'élevage et l'alimentation afin de pouvoir disposer de sujets en bonne santé et performants donnant une progéniture saine et robuste.

En fonction de l'arrivée du personnel international et du calendrier piscicole, le plan de travail de la campagne 1989–1990 a prévu l'installation de 10 producteurs privés et leur mise en opération que lpour la campagne suivante. L'installation de 11 producteurs privés d'alevins et la production d'environ 95.000 alevins chez 9 producteurs privés sont donc un agréable succès qui est dû d'une part, à l'enthousiasme des producteurs privés qui tenaient absolument à faire une première expérience de production d'alevins et d'autre part, à l'enthousiasme et au dynamisme de l'équipe de vulgarisation.

La production d'alevins par unité de surface, au cours de cette première campagne, est à la hauteur des exploitants débutants, c'est-à-dire un rendement d'environ 2.500 alevins cessibles par are.

Etant donné la surface d'alevinage limitée (en moyenne, moins de 6 ares par producteur), la quantité d'alevins produite par producteur est encore relativement faible : en moyenne 10.438 alevins par producteur et la variance est très importante. Un seul producteur a pu satisfaire la demande en alevins de sa zone d'action, ce qui nous a amené à tenter l'expérience des stations relais.

6.1.2. Production d'alevins dans les stations piscicoles d'Etat

A. Reproduction

Les résultats de la reproduction de la station d'Ambatolampy mettent surtout en exergue la différence entre la ponte semi-artificielle sur substrat de ponte artificiel en bacs et celle effectuée en étangs. La quantité d'œufs obtenue en étangs est presque deux fois supérieure à celle obtenue en bacs. Ce résultat, aggravé par le fait qu'une partie des géniteurs mis en pose en bacs se blessent contre les parois cimentées, nous amène à recommander l'abandon de la mise en pose en bacs. Pour faciliter la manipulation des géniteurs et le contrôle de la ponte, la mise en pose en étangs ne devrait plus se faire que dans des étangs de petite taille (série F) plutôt que dans des étangs de taille moyenne (série B, C, D). Il est regrettable que les géniteurs femelles mis en pose en étangs n'aient pas été marqués individuellement afin de pouvoir déterminer avec exactitude le pourcentage de femelles positives. Ainsi, nous n'avons pas pu confirmer l'absence d'influence du traitement hypophysaire sur le lieu de ponte.

Si le traitement hypophysaire a un effet positif sur la quantité d'œufs obtenue par femelle positive, cet effet est plus ou moins compensé par une diminution de la qualité des œufs (taux d'éclosion). En revanche, l'avantage du traitement hypophysaire est l'augmentation significative du nombre de femelles positives. Par contre, ces essais ont été effectués au début de la saison de reproduction et l'effet de traitement hypophysaire est, en toute probabilité, annulé en milieu de la saison de reproduction.

L'hydratation après la frayère est probablement la raison pour laquelle la quantité d'œufs obtenue par la méthode de reproduction artificielle est plus faible que celle obtenue par la méthode de reproduction semi-artificielle en étang de ponte. En effet,, pour la reproduction artificielle, elle est obtenue en pesant directement la quantité d'œufs recueillie tandis que pour la reproduction semi-artificielle, elle est obtenue par la différence de poids de la femelle avant et après ponte. Dans ce dernier cas, la valeur obtenue reflète le poids de la quantité d'œufs émise majorée de l'augmentation du poids de géniteurs due à une hydratation après la frayère.

En prenant le nombre d'œufs par gramme (700–1.000 œufs/g)1 et le poids moyen des œufs obtenus par la méthode de reproduction artificielle, nous avons pu estimer le nombre d'œufs par kg de poids corporel de nos géniteurs femelles : 115.000 œufs par kg de poids corporel. Ce chiffre est à comparer avec la valeur citée dans la littérature : 100.000 à 200.000 œufs par kg de poids corporel.

Il serait intéressant de déterminer, lors de la prochaine campagne, le pourcentage d'œufs émis, récupéré sur le substrat artificiel de la méthode de reproduction semiartificielle en étang afin de pouvoir évaluer avec plus de précision les performances de l'incubation/éclosion et de l'alevinage en étangs.

1 Dans Woynarovich, E et L. Horvath, 1981. “La reproduction artificielle des poissons en eau chaude : manuel de vulgarisation. FAO Doc. Tech. Pêches (201) : 191 p.

B. Elevage d'alevins

Les résultats d'alevinage de la station piscicole d'Ambatofotsy/Ambatolampy confirment la dispersion élevée des résultats en pisciculture. Dans ce cas précis, cette variance est accentuée par les effets des traitements (densité et type d'aliment) et les mauvais résultats de deux étangs d'alevinage. Ces mauvais résultats de deux grands étangs de 25 ares expliquent également la différence entre le rendement moyen de 6.129 alevins/are et la moyenne des rendements de 7.678 alevins/are.

Les résultats de cette station piscicole ont dû être analysés en excluant les résultats des étangs empoissonnés avec une densité de 12.000 larves/are (dont 2 étangs sur 3 ont eu des mortalités massives). Néanmoins, les influences de la densité et de l'aliment sont évidentes (cf. tableau 5.8. et 5.9.) et confirment nos hypothèses. De même, la moyenne des rendements augmente de 7.678 à 9.520 alevins/are. Cependant, l'analyse factorielle a également confirmé l'importance des facteurs du milieu comme la température et le taux d'oxygène dissous et aussi du facteur “production naturelle”. Ce dernier a souligné l'importance de la fertilisation.

Il serait intéressant de tester des densités à la mise en charge supérieure à 20.000 larves/are afin de pouvoir déterminer la densité optimale pour cette méthode d'alevinage dans des conditions qui prévalent sur les Hautes-Terres de Madagascar. En Hongrie, des densités de 40.000 à 60.000 larves/are sont communes pour le premier alevinage (jour 1 – 15) et de 30.000 larves/are pour le deuxième alevinage (jour 16 – 42).

Nos analyses ont confirmé aussi l'importance du management (contrôle des facteurs du milieu et des facteurs de l'élevage) et par conséquent, de la personne responsable de la production. Ceci explique pourquoi, au fil des années, en améliorant son savoirfaire, le responsable d'une station piscicole obtient des rendements de plus en plus importants. Les résultats de nos deux stations piscicoles et du secteur privé en sont un bon exemple : la moyenne des rendements de la station d'Ambatofotsy (plusieurs années d'expérience) est de 7.678 alevins/are ; celle de la station d'Ampamaherana (première année d'expérience) est de 3.405 alevins/are et celle du secteur privé (première année d'expérience) est de 2.556 alevins/are.

Les résultats des deux stations étatiques montrent une diminution de la production lors du deuxième alevinage. Ce phénomène est plus important à Ambatofotsy/ Ambatolampy qu'à Ampamaherana (rendement moyen de 588 et 2.976 alevins/are respectivement). Ce mauvais résultat du deuxième alevinage est dû, d'une part, à une négligence des facteurs du milieu et de l'élevage (e.g. station Ambatofotsy/ Ambatolampy) et d'autre part, à une diminution de la qualité des œufs/larves issus des pontes tardives (fin de la saison de reproduction naturelle). Les essais d'alevinage effectués à Madagascar dans les années 60 par le CTFT ont surtout suggéré ce dernier phénomène. Il serait intéressant de mettre en place un essai pour confirmer ou infirmer la diminution de la qualité des œufs/larves issus des pontes tardives.

Avec une production de 1.025.275 et 331.006 alevins de carpe commune var. royale, les deux stations piscicoles d'Etat ont atteint les objectifs de production qui leurs ont été attribués pour cette campagne 1989–1990 (cf.tableau 2.1.).

6.2. Cessions d'alevins

6.2.1. Cessions par les producteurs

Les résultats de la première campagne de vente d'alevins produits et vendus par les producteurs privés de la CIRPA du Vakinankaratra représentant 16% des alevins cédés sous ou avec le contrôle du projet dans cette CIRPA et concernant 13% du nombre d'acheteurs, sont très encourageants et témoignent de la facilité d'intégration des producteurs privés dans le circuit de vente d'alevins.

Nous rappellerons que la vente des alevins produits par les producteurs a été laissée sous leur entière responsabilité. La pratique a montré qu'un service de vente d'alevins à jour fixe, une fois ou deux fois par semaine, est efficace sans être trop contraignante pour le producteur. La pêche des alevins, se faisant à la demande et directement dans l'étang d'alevinage, au moyen d'une épuisette manipulée à partir de la digue, est satisfaisante. L'étang d'alevinage n'est vidangé complètement qu'une fois que la plupart des alevins ont été pêchés, évitant ainsi des manipulations inutiles souvent préjudiciables aux alevins.

Il convient de ne pas intervenir pour l'organisation de la vente des alevins mais, d'accentuer le rôle de vulgarisation des producteurs d'alevins auprès des acheteurs par des supports tels que rizière de démonstration, affiche technique, etc …. Les cessions chez et par les producteurs privés permettant la possibilité de s'approvisionner en alevins sur une période assez longue ont confirmé la souplesse de ce système par rapport aux cessions traditionnelles. En plus, ce système permettra d'atteindre, au fil des années, un public beaucoup plus vaste. En effet, les acheteurs des cessions traditionnelles organisées par la CIRPA/projet sont presque tous originaires d'une zone relativement restreinte (jusqu'à quelques kilomètres) autour du point de cession.

Les alevins cédés par les stations relais interviennent à concurrence de 7% du total des alevins cédés sous ou avec le contrôle de la CIRPA/projet. Le chiffre des alevins cédés en station relais est à comparer au chiffre des alevins livrés à ces stations relais par la CIRPA/projet qui est de 50.100 et représente 66% de ce dernier. Le fonctionnement des stations relais n'est donc pas optimal, ce qui est surtout lié aux conditions de stockage chez les producteurs, aux différentes manipulations et au système de comptage. Ce système de station relais, présentant beaucoup d'inconvénients dont l'absence de contrôle, n'est pas satisfaisant.

Pour permettre aux producteurs de satisfaire une demande en alevins excédant leur production, la CIRPA/projet pourrait organiser une cession sur le site de production du producteur privé sur la demande de celui-ci et à condition que sa production soit épuisée. L'expérience de station relais ne devrait pas être renouvelée.

L'utilisation par les producteurs privés d'alevins de 1.296 alevins en moyenne, démontre que les spéculations de production d'alevins et de production de poissons de consommation, surtout en rizières, sont étroitement liées. La production de poissons marchands chez les producteurs devient une spéculation rémunératrice à part entière et est à comparer avec l'activité marginale qui est pratiquée par les acheteurs rizipisciculteurs et pisciculteurs même après plusieurs années de vulgarisation traditionnelle dans la zone d'Antsirabe (achat en moyenne 128 alevins par acheteur). Toutefois, nous constatons que la moyenne d'alevins achetés chez les producteurs (137 alevins par acheteur) est légèrement supérieure à la moyenne d'alevins achetés au cours des cessions organisées par la CIRPA/projet dans la zone du Vakinankaratra (128 alevins par acheteur). Ceci démontre l'intérêt d'une vulgarisation piscicole auprès des paysans (rizi)pisciculteurs par le secteur privé.

En effet, les producteurs privés sont devenus des (rizi)pisciculteurs importants et souvent très performants qui pourraient sensibiliser favorablement les (rizi)pisciculteurs de leur zone et ceci dans leur propre intérêt. Ce serait donc une sorte de “marketing”.

S'il n'est pas facile d'obtenir des résultats de production chez les producteurs, l'obtention des résultats financiers est encore plus difficile. Néanmoins, nous avons pu obtenir ces données chez 6 des 9 producteurs privés (cf. tableaux 6.1. et 6.2.).

L'estimation des revenus confirme l'importante part de la production des poissons de consommation dans le revenu des producteurs d'alevins. Chez deux producteurs, ce revenu est même supérieur à celui des alevins, en moyenne 45% des revenus sont issus de la vente des poissons de consommation. Ceci s'explique par un manque d'expérience en production d'alevins en première année de production. Néanmoins, même en année de croisière, la production des poissons de consommation sera toujours très intéressante, représentant une part non négligeable du revenu du producteur privé. Une importante partie de la production est non rémunérée, en moyenne 37% du revenu théorique ; cette partie représente la valeur des alevins mis en grossissement, les poissons marchands autoconsommés et les cadeaux (autant en alevins qu'en poissons de consommation).

Tableau 6.1. : Estimation des revenus piscicoles chez quelques producteurs privés, campagne 1989–1990

Code producteurAlevins cédés (unité)Valeur alevins cédés (Fmg)Poissons marchands (kg)Valeur poissons marchands (Fmg)Revenu (Fmg)Autoconsommation (%)1
ANT/1/11.91038.200----
ANT/2/216.442328.840----
ANT/2/211.187223.740----
FAR/0/11.850222.0001726.70048.70045
FAR/0/27.718154.36077114.760269.12035
AMB/0/113.635272.7004590.000362.70024
ANT/0/16.127122.5403454.650177.19053
BET/1/13.64072.800128256.000328.80046
BET/1/211.242224.84091180.000404.84022
Moyenne8.195162.22465120.352265.22537
Ecart-type5.254107.4414184.850132.42713

1- Pourcentage correspondant à la valeur des alevins et poissons marchands non-vendus.
2- dont 1.500 tilapias.

Tableau 6.2. : Evaluation financière de la spéculation pisciculture chez quelques producteurs privés, campagne 1989–1990

Code ProducteurChargesRevenusMarge brute
InfrastructurePetit matérielFonctionnementTotal1AlevinagePoissons marchandsTotal
ANT/1/1----38.200---
ANT/2/2----328.890---
ANT/2/2----234.740---
FAR/0/1104.0009.45063.94071.03022.00026.70048.700-22.330
FAR/0/280.0009.45055.10060.990154.360114.760269.120208.130
AMB/0/1105.60014.45070.10578.275272.70090.000362.700284.425
ANT/0/151.00010.950104.525109.265122.54054.650177.19067.925
BET/1/151.60012.900110.040115.20072.800256.000328.800213.600
BET/1/238.25010.57555.58563.613224.840180.000404.840351.227
moyenne71.74211.19676.53383.062162.224120.852265.225183.830
écart-type29.0271.99924.52323.463107.44184.850132.427138.242

1- Les infrastructures sont amortis sur 20 ans, le petit matériel sur 5 ans.

L'évaluation financière (cf. tableau 6.2.) montre que : i) les investissements, en particulier la construction des étangs sont relativement faibles ; ii) à part un producteur qui a raté sa production d'alevins, tous les producteurs ont une marge brute positive ; iii) ceux-ci ont tous récupéré, dès la première année, le montant total des investissements.

6.2.2. Cessions par les CIRPA/projet

Les étonnants résultats des commandes d'alevins de la CIRPA de Fianarantsoa dès la première campagne organisée par la CIRPA/projet (46% des alevins commandés pour 53% des souscripteurs) démontrent l'engouement de cette zone pour la spéculation piscicole.

Les résultats des commandes de l'actuelle campagne 1989–1990 sont à comparer avec ceux de la campagne précédente (cf. tableau 6.3.). Le nombre d'alevins commandés et le nombre de souscripteurs de la campagne 1989–1990 et de la campagne précédente 1988–1989 sont illustrés dans les figures 6.1. et 6.2.

Nous remarquons que le nombre total d'alevins commandés pour la campagne 1989– 1990 a plus que doublé (progression de 215%) par rapport à celui de la campagne précédente. Ceci est surtout le résultat de l'ouverture des zones d'Ambositra et de Fianarantsoa et les très bons résultats obtenus dans ces zones. Au niveau de la CIRPA du Vakinankaratra, nous observons une légère augmentation du nombre d'alevins commandés (16%) avec une progression plus marquée pour les Fivondronana d'Antanifotsy (57%) et d'Ambatolampy (29%).

Quant au nombre de souscripteurs lors de la campagne 1989–1990, il est, pour la même raison principale, en progression de 225%. Pour la CIRPA du Vakinankaratra, cette progression n'est que de 6% par rapport au nombre de souscipteurs de la campagne 1988–1989.

Tableau 6.3. : Commandes d'alevins, par Fivondronana et par CIRPA, campagne 1988–1989

CIRPAFIVNbre de souscripteursNbre d'alevins commandés% souscripteurs% alevins commandésNbre commandés/ souscripteur
VakinankaratraAntsirabe I/II1.336167.2502830125
Betafo1.879199.3483935106
Ambatolampy40347.83388119
Faratsiho941103.6852018110
Antanifotsy22444.88058200
Sub-total Vakinankaratra4.783562.996100100118
FianarantsoaFandriana-----
Ambositra-----
Ambohimahasoa-----
Fianarantsoa I/II-----
Ambalavao-----
Sub-total Fianarantsoa     
TOTAL4.783562.996100100118

La progression plus faible du nombre de souscripteurs par rapport au nombre d'alevins commandés tente à prouver que l'accent porté par le service de vulgarisation sur la qualité de la pisciculture a été entendu par un certain nombre de souscripteurs, en particulier par ceux des Fivondronana d'Antanifotsy et d'Antsirabe. En effet, la progression du nombre d'alevins commandés par souscripteur reflète en général une meilleure application des normes d'empoissonnement. Le faible nombre d'alevins commandés par souscripteur du Fivondronana d'Ambalavao confirme l'innovation de la (rizi)pisciculture dans cette région et indique un besoin important en informations techniques.

Les histogrammes comparant le nombre d'alevins commandés et le nombre de souscripteurs des deux dernières campagnes (cf. figures 6.1. et 6.2.) mettent en relief la dominance de 4 Fivondronana, c'est-à-dire les Fivondronana d'Antsirable et de Betafo pour la CIRPA du Vakinankaratra et les Fivondronana d'Ambositra et de Fandriana pour la CIRPA de Fianarantsoa, autant au niveau du nombre d'alevins commandés qu'au niveau du nombre de souscripteurs.

Le très faible nombre de personnes inscrites qui ont préféré payer en avance les alevins commandés démontre que l'absence d'argent liquide lors des cessions (période de soudure) n'est certainement pas la seule explication du nombre relativement limité d'alevins achetés par acheteurs.

Figure 6.1. : Nombre d'alevins commandés par Fivondronana au cours des campagnes 1988–1989 et 1989–1990

Figure 6.1

Figure 6.2. : Nombre de souscripteurs par Fivondronana au cours des campagnes 1988–1989 et 1989–1990

Figure 6.2

FIVONDRONANA

Si pour la CIRPA de Fianarantsoa, cette campagne de cession d'alevins était la première, cela fait 5 années que la CIRPA/projet organise des cessions d'alevins dans la CIRPA du Vakinankaratra. La figure 6.3 illustre l'évolution du nombre d'alevins commandés de la campagne 1985–1986 jusqu'à celle de 1989–1990.

Figure 6.3. : Nombre d'alevins commandés par Fivondronana de la CIRPA du Vakinankaratra, au cours des campagnes 1985–1986 à 1989–1990.

fig 6.3

A l'exception de la 2ème campagne (1986–1987), l'histogramme montre une augmentation régulière des commandes d'une campagne à l'autre pour tous les Fivondronana. Cette augmentation est plutôt due à l'augmentation du nombre de souscripteurs qu'à la progression du nombre d'alevins commandés par souscripteur. Cet histogramme confirme également la dominance des Fivondronana d'Antsirabe et Betafo pour la spéculation (rizi)piscicole.

Les résultats des commandes de la campagne de 1986–1987 ne sont pas très repésentatifs puisque ces commandes ont été enregistrées avec l'aide des agents des Eaux et Forêts et couvrent une zone d'action élargie, tandis que ceux de toutes les autres campagnes n'ont été collectées que par nos agents de terrain (vulgarisation).

Les résultats de la campagne de vente (cf. tableau 5.15.) confirme les résultats des inscriptions, à savoir :

La différence entre le nombre d'alevins commandés et cédés lors de la campagne 1989–1990 est mise en exergue dans le tableau 6.4. et à la figure 6.4. Si pour la CIRPA de Fianarantsoa, les cessions de tous les Fivondronana sont inférieures aux commandes, ceci n'est pas le cas pour tous les Fivondronana de la CIRPA du Vakinankaratra. En effet, dans 4 Fivondronana, les ventes sont inférieures aux commandes (même jusqu'à 20%) tandis que pour les Fivondronana d'Antsirabe I et II, les ventes sont supérieures aux commandes (135%).

Tableau 6.4. : Commandes et ventes d'alevins par Fivondronana, campagne 1989–1990.

CIRPAFivondronanaNbre d'alevins commandésNbre d'alevins cédés
VakinankaratraAntsirabe I/II176.700237.850
Betafo222.888125.558
Ambatolampy61.90528.401
Faratsiho118.65224.430
Antanifotsy70.46645.320
Sub-total Vakinankaratra650.611461.559
FianarantsoaFandriana159.872145.487
Ambositra195.651154.661
Ambohimahasoa73.82647.469
Fianarantsoa I/II108.06690.679
Ambalavao22.51021.085
Sub-total Fianarantsoa559.925459.381
TOTAL1.210.536920.940

La comparaison entre le nombre d'alevins commandés et livrés lors de cette campagne 1989–1990 illustre également parfaitement les principaux problèmes rencontrés au cours de cette campagne, c'est-à-dire le manque d'alevins durant la deuxième partie de la campagne dans la zone d'Antsirabe (e.g. Fivondronana de Betafo, de Faratsiho et d'Ambatolampy). Cet effet a été accentué par un retard de la saison des pluies.

Le fait qu'en général nous livrons moins d'alevins que commandés est surtout lié aux restrictions de notre système de distribution d'alevins. En général, chaque point de vente n'est servi qu'une fois par campagne de cession. En effet, si au moment de la cession, l'acheteur potentiel (souscripteur) n'a pas encore repiqué son riz, ou n'a pas assez d'eau, ou n'a pas été informé de la date et l'heure de la cession ou encore n'a pas d'argent, il ne pourra pas acheter d'alevins. En revanche, si nous organisons plusieurs ventes par point de cession, le nombre d'alevins cédés dépassera le nombre d'alevins commandés (e.g. Fivondronana d'Antsirabe). Ceci a été confirmé par les ventes du secteur privé qui n'a pas ces restrictions de distribution d'alevins.

Dans la CIRPA du Vakinankaratra, en particulier dans le Fivondronana de Betafo, nous avons constaté une activité florissante d'un secteur parallèle qui propose différents produits sur le marché : des alevins qui sont, soit pêchés dans des eaux libres, soit issus des productions familiales non-encadrées par le projet et des œufs de carpe commune attachés aux racines des jacinthes d'eau. Au fur et à mesure que la demande d'alevins augmentera dans les années à venir, ce secteur se développera certainement et peut être considéré comme un résultat de plusieurs années de développement piscicole.

La réduction significative du nombre de points de vente telle qu'appliquée dans les zones d'Ambositra et de Fianarantsoa n'a pas du tout handicapé les cessions. En revanche, les paysans (rizi)pisciculteurs dans la zone d'Antsirabe, beaucoup trop habitués à un service de vente à domicile, auront certainement besoin d'une période d'adaptation pour s'habituer au système de cession par le secteur privé, nécessitant plus de déplacement de la part de l'acheteur.

Figure 6.4. : Nombre d'alevins commandés et cédés par Fivondronana, campagne 1989–1990

fig 6.4

Les résultats des cessions par rapport à ceux de la campagne précédente (cf. tableau 6.5. et figures 6.5. et 6.6.) confirment les observations faites ci-dessus.

Au niveau de la zone d'intervention du projet, le nombre d'alevins cédés est en progression de 219% tandis que cette augmentation n'est que de 10% pour la CIRPA d'Antsirabe pour des raisons évoquées plus haut. Le nombre d'acheteurs, est aussi en progression de 219% pour la zone d'intervention du projet, tandis qu'au niveau de la CIRPA du Vakinankaratra, le nombre d'acheteurs a légèrement diminué (3%).

Tableau 6.5. : Ventes d'alevins par Fivondronana et par CIRPA, campagne 1988–1989

CIRPAFivondronanaNbre d'acheteursNbre d'alevins cédés% acheteurs% alevins cédésNbre cédés/ acheteur
VakinankaratraAntsirabe I/II1.139155.9003137137
Betafo1.351114.829362785
Ambatolampy18325.58456140
Faratsiho86392.1802322107
Antanifotsy18031.24057174
Sub-total Vakinankaratra3.716419.733100100113
FianarantsoaFandriana-----
Ambositra-----
Ambohimahasoa-----
Fianarantsoa I/II-----
Ambalavao-----
Sub-total Fianarantsoa-----
TOTAL3.716419.733100100113

Figure 6.5.: Nombre d'alevins cédés par Fivondronana au cours des campagnes 1988–1989 et 1989–1990

fig 6.5

Figure 6.6. : Nombre d'acheteurs par Fivondronana au cours des campagnes 1988–1989 et 1989–1990

fig 6.6

La figure 6.7. illustre le nombre d'alevins cédés par Fivondronana de la CIRPA du Vakinankaratra depuis la première cession jusqu'à présent. Cette figure, complétée par celle des commandes (cf. figure 6.4.) mettent en exergue:

Ces résultats confirment la nouvelle stratégie de développement du projet qui prévoit la mise en place d'un réseau autonome de producteurs privés d'alevins en milieu rural, et une vulgarisation piscicole auprès des paysans (rizi)pisciculteurs par ce secteur privé par intérêt mutuel. En plus, l'acheteur potentiel aura plusieurs mois pour se décider et pour acheter ses alevins. Il est, à l'heure actuelle, difficile à dire, dans quelle mesure la demande et l'offre d'alevins évolueront, même si, jusqu'à présent, l'offre a toujours été inférieure à la demande. Cette progression dépendra, en effet, de la capacité du secteur privé à développer, d'une part la production d'alevins, et d'autre part le “marketing” (vulgarisation) auprès de la clientèle.

Le nombre d'alevins commandés et cédés par campagne depuis la première campagne (1985–1986) jusqu'à présent, est illustré dans les figures 6.8. et 6.9. pour la zone d'intervention du projet et pour la CIRPA du Vakinankaratra respectivement.

Au niveau de la CIRPA du Vakinankaratra, la demande d'alevins a progressé de 600% et la vente de plus de 400% en 5 campagnes. Au niveau de la zone d'intervention du projet, cette progression est de, respectivement plus de 1.100% et 800%.

Figure 6.7.: Nombre d'alevins cédés par Fivondronana de la CIRPA du Vakinankaratra au cours des campagnes 1985–1986 à 1989–1990

fig 6.7

Figure 6.8.: Nombre d'alevins commandés et cédés par campagne, zone d'intervention du projet

fig 6.8

Figure 6.9.: Nombre d'alevins commandés et cédés par campagne, CIRPA du Vakinankaratra

fig 6.9

6.3. Production de poissons de consommation

Les résultats de recensement piscicole (cf. tableau 5.16.) sont à comparer avec ceux de la campagne précédente (cf. tableau 6.6.).

Tableau 6.6. : Recensements rizipiscicole et piscicole, CIRPA du Vakinankaratra, campagne 1988–1989

CIRPAFIVRizipisciculturePiscicultureTotal
rizipisciculteurs (nbre)rizières (nbre)rizières empoissonnées (ha)pisciculteurs (nbre)étangs (nbre)étangs empoissonnés (ha)(rizi)pisciculteurs (nbre)surface empoissonnée (ha)
VakinankaratraAntsirabe I/II1.7262.224195,39831.33237,32.709232,6
Betafo1.4172.223194,11.7692.30436,53.186230,6
Ambatolampy30750236,72463337,955344,6
Faratsiho1.2091.602113,87258328,91.994122,7
Antanifotsy26233332,124430212,850644,9
Sub-total Vakinankaratra4.9816.994572,03.9675.103103,48.948675,4
Fiana-Fandriana--------
Ambositra--------
Ambohimahasoa--------
Fianarantsoa I/II--------
Ambalavao--------
Sub-total Fianarantsoa--------
TOTAL4.9816.994572,03.9675.103103,48.948675,4

Pour la CIRPA, nous constatons que l'effectif des rizipisciculteurs/pisciculteurs encadrés et la surface totale empoissonnée n'ont pas changé par rapport à la campagne précédente. La légère progression de la rizipisciculture est compensée par une faible diminution de la pisciculture.

L'extension de la zone d'intervention du projet à fait progresser l'effectif encadré de 156% et la surface totale empoissonnée de 159%, ce dernier dépasse à présent les 1.000 ha.

La taille des échantillons de vérification de production allant de 1 à 2% pour la rizipisciculture et de 0,5 à 1% pour la pisciculture semble satisfaisante. Le point faible de cet échantillon est la détermination des exploitations à vérifier qui n'a, pour l'instant, pas été déterminée au hasard.

Les paramètres qualitatifs de la rizipisciculture (cf. tableau 5.17. et 5.18) font ressortir:

Pour les prochaines campagnes, nous devons beaucoup plus insister sur l'information et la formation des rizipisciculteurs et pisciculteurs afin de faire accepter la rizipisciculture améliorée par l'application des normes techniques vulgarisées et en même temps mieux les préciser. Concernant le suivi-évaluation, il serait intéressant de rajouter des paramètres rizicoles permettant d'évaluer l'impact piscicole par rapport à la riziculture.

Les résultats de rizipisciculture sont à comparer avec ceux obtenus des essais réalisés en milieu rural, dans quatre hameaux de trois petits périmètres irrigués (PPI) de la CIRPA du Vakinankaratra. Ces essais ont été réalisés en collaboration avec la cellule Recherche Développement de l'Organisation de Développement Rural (RD/ODR). L'objectif de ces essais était de comparer deux régimes alimentaires, à savoir: une alimentation naturelle et une alimentation naturelle améliorée par une alimentation artificielle de complément. Les résultats de ces essais portant sur 39 rizières se trouvent dans le tableau 6.7.

Tableau 6.7.: Résultats piscicoles des essais rizipiscicoles (densité 25 alevins/are) dans 3 PPI, CIRPA du Vakinankaratra, campagne 1989–1990 (moyenne par paramètre et écart-type entre parenthèses)

TraitementPPINbre de répétitionsAltitude (m)Surface (are)Durée d'élevage (j)Taux de survie (%)Poids total (kg)Poids moyen (g)Croissance (g/j)Rendement (kg/ha/cy)
Sans alimentAmbohibary41.6505,5 (1,9)90 (0)62 (20)9,5 (4,3)113 (16)1,21 (0,18)1,72 (50)
artificielManandona51.3609,2 (42)112 (5)56 (14)17,2 (9,6)138 (11)1,20(0,09)188 (40)
 Vinaninony101.87512,9(9,9)134 (9)68 (21)28,5(20,8)147 (25)1,08(0,22)242 (72)
Moyenne sans aliment artificiel19-9,2 (3,7)112 (22)62 (6)18,4 (9,6)132 (18)1,16(0,07)200 (36)
Avec alimentAmbohibary51.6505,0 (2,0)89 (4)75 (14)9,7 (2,8)109 (14)1,17(0,14)200 (25)
artificielManandona41.3607,0 (3,8)111 (85)57 (11)15,8 (12,2)154 (8)1,35(0,16)219 (52)
 Vinaninony101.8757,9 (3,8)74 (37)68 (12)12,6 (6,7)94 (14)0,98(0,18)157 (31)
Moyenne avec aliment artificiel19-6,6 (1,5)91(19)67 (9)12,7 (3,1)119(31)1,16(0,19)192 (32)

Les conditions d'élevage qui prévalent en milieu rural correspondent plutôt au traitement de fertilisation naturelle sans apport d'aliment artificiel. Ainsi, les résultats de la vérification de production sont pratiquement identiques à ceux obtenus lors des essais rizipiscicoles.

Quant à l'analyse des essais proprement dits, il est difficile d'en tirer des conclusions étant donné les différences de la moyenne de durée d'élevage entre les PPI, mais surtout à cause de la durée inégale entre les deux traitements à Vinaninony. En tenant compte de cet handicap et sans avoir recours à des extrapolations, nous pouvons, néanmoins, constater quelques tendances :

Quelques autres résultats de ces essais sont à souligner :

Pour terminer ce compte-rendu de la campagne 1989–1990, nous allons tenter d'estimer la production piscicole dans la zone d'intervention du projet. Pour ce faire, nous avons extrapolé les résultats de recensement et ceux de la vérification de la production par CIRPA (cf. tableau 6.8.).

Tableau 6.8. : Extrapolation intégrant les résultats de recensement et ceux de la vérification de la production, campagne 1989–1990

CIRPAActivitéSurface empoissonnée
(ha)
Moyenne rendement
(kg/ha/cy)
Production annuelle
(t)
Vakinankaratrarizipisciculture595188112
pisciculture8431026
Total Vakinankaratra679-138
Fianarantsoarizipisciculture32415049
pisciculture7254839
Total Fianarantsoa396-88
Total CIRPA/Projet1.075-226

Même si cette extrapolation n'est pas pleinement satisfaisante, nous pouvons conclure que le projet touche directement ou indirectement un peu moins de 14.000 exploitations représentant environ 84.000 personnes. La surface de rizières et d'étangs piscicole empoissonnée représente un peu plus de 1.000 ha pour une production annuelle d'environ 230 t. Pour l'instant, une grande partie de cette production est autoconsommée. Ces résultats démontrent un doublement de la surface exploitée et de la production piscicole par rapport à la campagne précédente et soulignent l'importance sociale de l'activité (rizi) piscicole sur les Hautes-Terres de Madagascar.

En prenant les densités à l'empoissonnement retenues par nos échantillons de vérification de production comme base (rizipisciculture 21 et 9 alevins/are et pisciculture 49 et 79 alevins/are pour la CIRPA du Vakinankaratra et celle de Fianarantsoa respectivement), la mise en charge des 1.000 ha de rizières/étangs requiert 2.524.000 alevins. Pourtant, le nombre d'alevins cédés sous et avec le contrôle du projet ne représente que 920.948 alevins. Ce phénomène peut être expliqué par une sur-estimation des densités à la mise en charge de nos échantillons de vérification et/ou par la présence d'autres sources d'approvisionnement en alevins que notre projet.

En effet, il existe un marché parallèle de vente d'alevins/œufs incité par le développement des spéculations rizipiscicole et piscicole en étangs dans la région et qui consiste en :

Il serait intéressant d'évaluer l'ampleur de ce marché parallèle. L'évaluation du premier système parallèle mentionné ci-dessus ne devrait pas poser de problèmes insurmontables, ce qui est moins évident pour les deux derniers.

Nous terminons cette analyse avec un tableau qui récapitule les principaux objectifs et résultats quantifiables de la campagne 1989–1990 (cf. tableau 6.9.).

Tableau 6.9: Principaux objectifs et réalisations quantifiables de la campagne 1989– 1990

DescriptionCIRPA du VakinankaratraCIRPA de FianarantsoaTotal
ObjectifRéalisationObjectifRéalisationObjectifRéalisation
1. Vulgarisation      
* paysans encadrés (nbre)7.5008.9692.0004.9579.50013.926
* producteurs alevins (nbre)      
. installés1011--1011
. opérationnels-9---9
* cessions d'alevins (nbre)      
. CIRPA/projet600.000389.314250.000459.381850.000848.695
. producteurs privés-72.253---72.253
* surface piscicole productive (ha)6006792003968001.075
* rendements      
. rizipisculture (kg/ha/cy)180188(180)150--
. pisciculture (kg/ha/an)550754(550)722--
* production piscicole1101384588155226
2. Stations piscicoles      
* production d'alevins cessibles (nbre)800.0001.025.275300.000331.0001.100.0001.356.275
* cheptel de géniteurs (nbre)      
. mâles21021070?280?
. femelles12517840?165?
* cession de géniteurs (nbre)      
. mâles4050--4050
. femelles2030--2030

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