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3. ORGANISATION DE LA CAMPAGNE

3.1. Production d'alevins

Les alevins nécessaires à la mise en charge des rizières et des étangs de pisciculture proviennent, pour l'instant, de deux sources :

  1. des producteurs privés d'alevins ou secteur privé ;

  2. des stations piscicoles d'Etat : en attendant la relève par les producteurs privés d'alevins en milieu rural, le Gouvernement a mis deux stations piscicoles à la disposition du projet, à savoir la station d'Ambatofotsy/ Ambatolampy pour l'approvisionnement en alevins de la région d'Antsirabe et la station d'Ampamaherana pour les régions d'Ambositra et de Fianarantsoa.

La méthode de production d'alevins utilisée dans les stations d'Etat est la même que celle vulgarisée auprès des producteurs privés d'alevins : une reproduction semi-artificielle dans des étangs de ponte sur des substrats de frayère artificiels (collecteurs d'oeufs appelés “kakabans”), une incubation des œufs et un élevage d'alevins dans des étangs de pisciculture. Ces techniques sont développées dans le document intitulé “Manuel pour le développement de la pisciculture à Madagascar” (cf. FAO-FI : DP/ MAG/88/005, Document Technique No 4).

3.1.1. Production d'alevins par le secteur privé

Pour cette troisième campagne de production d'alevins en milieu rural comme pour les deux campagnes précédentes, nous avons continué l'identification, l'installation et l'encadrement des producteurs privés d'alevins dans la CIRRH du Vakinankaratra (région d'Antsirabe). Au cours de cette campagne 1991–1992, nous avons également commencé l'identification, l'installation et l'encadrement d'un secteur privé producteur d'alevins dans les régions d'Ambositra et de Fianarantsoa.

L'encadrement du réseau de producteurs privés incombe aux agents de terrain de la cellule de vulgarisation de chaque circonscription. Concernant la CIRRH de Fianarantsoa, nous étions, lors de cette campagne, dans une phase de transition entre l'ancien système d'encadrement basé sur les 29 vulgarisateurs (un avait démissionné) et le nouveau système pour lequel il ne nous reste que 5 agents de terrain (responsables de zone). L'encadrement du secteur privé a été assuré en particulier par les 5 responsables de zone qui ont reçu une assistance des 24 vulgarisateurs restant jusqu'à fin mars 1992. Malheureusement, la motivation de ces derniers n'a pas été optimale puisqu'ils étaient en fin de contrat. Quant à la CIRRH du Vakinankaratra (région d'Antsirabe), l'encadrement du secteur privé était assuré par les responsables de zone et la cellule de vulgarisation.

La forte dispersion de l'évolution de l'ensemble des producteurs privés et stations rurales de production nous a menés à distinguer deux groupes à partir de la campagne précédente : le groupe des producteurs type “artisanal” et celui des producteurs type “familial”. Les critères pour identifier des producteurs d'alevins de type artisanal ayant un potentiel de production de 100.000 alevins en année de croisière se trouvent en annexe 1. Les sites ayant un potentiel moins élevé (5.000 à 20.000 alevins par campagne) et/ou un propriétaire moins motivé sont classés de type familial.

Une première identification des candidats producteurs privés d'alevins est faite par l'agent de terrain (responsable de zone ou vulgarisateur). Après son avis favorable, ce dernier ouvre un dossier comprenant une fiche d'état-civil, des renseignements généraux concerant l'exploitation, l'expérience piscicole du candidat, un schéma de localisation et un plan des aménagements piscicoles proposés (cf. annexe 2.). A partir de ce minimum d'informations, le service de vulgarisation organise une visite du terrain afin de confirmer les potentialités piscicoles du site proposés et, le cas échéant, accepte le dossier proposé. Dans ce cas, une proposition d'aménagement, un plan de travail et un calendrier de travail sont préparés et discutés avec l'intéressé ; dans le cas contraire, les impossibilités d'aménagement et d'exploitation piscicole lui sont expliquées.

Les procédures d'installation et d'encadrement d'un producteur privé d'alevins qui ont beaucoup évolué depuis le début du projet en 1989 ainsi que le calendrier d'installation d'un producteur privé d'alevins, sont représentés en annexe 3.

Les candidats retenus sont encadrés par la CIRRH/projet et peuvent bénéficier des services suivants :

  1. suivi technique : un suivi technique est assuré par le service de vulgarisation (agents de terrain et dans la mesure du possible, des cadres). Le nombre de visite de terrain de ces encadreurs est fonction de l'expérience et des performances du producteur ;

  2. Service Intrants : certains intrants piscicoles spécifiques qui ne sont pas disponibles en milieu rural peuvent être achetés au prix de revient aux CIRRH/projet (cf. annexe 4.) ; ces intrants conformes aux normes retenues dans les fiches techniques, ne sont livrés que lors des tournées d'appui ;

  3. crédit piscicole : le projet a mis en place un crédit piscicole à travers une institution bancaire, prévoyant des crédits de campagne, de petits matériels et d'investissement à des taux d'intérêt de 12% (court terme) pour le premier crédit et de 13% (moyen terme) pour les deux derniers. Le crédit d'investissement n'est pas disponible pour les producteurs d'alevins débutants. Le formulaire de demande de crédit utilisé se trouve en annexe 5. Avant d'envoyer les demandes de crédit piscicole à la cellule de vulgarisation de sa circonscription, la succursale locale de la banque (BTM) donne son accord (vérification des impayés éventuels). Finalement, les crédits sont accordés par un comité composé d'un représentant de la banque, un du Gouvernment et un du projet. Les crédits, aussi bien en nature qu'en argent, ne sont débloqués qu'après la signature d'une reconnaissance de dette par l'intéressé ;

  4. fourniture de géniteurs : des géniteurs provenant des stations piscicoles d'Etat ont été livrés aux producteurs qui en avaient fait la demande et à condition que l'aménagement piscicole soit terminé et réalisé convenablement. La livraison des géniteurs a également pu faire l'objet d'un contrat de crédit. Le transport des géniteurs s'est fait en bac en polyester de 600 ou de 300 l dont l'oxygénation est assurée par un agitateur branché sur la batterie de la voiture.

Afin d'assurer un bon encadrement et le suivi des résultats des producteurs privés d'alevins et pour faciliter le transfert des connaissances techniques aux (rizi)pisciculteurs acheteurs d'alevins chez les producteurs, chaque producteur d'alevins encadré a reçu un cahier de visites d'encadrement (cf. annexe 6), un cahier de compte (cf. annexe 7), des affiches de sensibilisation, des affiches techniques, deux panneaux en contre-plaqué de 60 × 120 cm chacun, des carnets de reçus (cf. annex 8), une fiche de référence (check-list d'intervention d'un étang d'alevinage (cf. annexe 9.), des fiches de quantification et de comptes prévisionnels (cf. annexe 10) et des fiches de bilan final (cf. annexe 11).

Pour garantir la production d'alevins par le secteur privé, les CIRRH/projet assurent la formation des producteurs privés encadrés. Le schéma retenu pour la formation de ces derniers comprend en première année de campagne un encadrement régulier (une visite toutes les 1 à 2 semaines) privilégiant le savoir-faire de terrain et l'apprentissage pratique. En seconde année, cet encadrement (une visite toutes les 2 à 4 semaines) a été complété par une formation théorique de quatre jours ainsi qu'une visite d'une station piscicole rurale appartenant à un producteur d'alevins. Les principaux aspects de cette formation théorique et pratique sont les techniques de production d'alevins et celle de poissons de consommatior ainsi que la gestion d'une micro-entreprise rurale. La formation de la deuxième année (la troisième année du producteur d'alevins) est centrée sur la gestion avec un rappel des techniques piscicoles, celle de la troisième année (la quatrième du producteur d'alevins) sur les aspects du marketing.

3.1.2. Production d'alevins dans les stations piscicoles d'Etat

En attendant que la production d'alevins chez les producteurs privés puisse satisfaire la demande, une production complémentaire est assurée par deux stations piscicoles d'Etat : la station piscicole d'Ambatofotsy/Ambatolampy et celle d'Ampamaherana. La première assure, a priori, les demandes provenant de la CIRRH du Vakinankaratra et la deuxième celles provenant de la CIRRH de Fianarantsoa.

La production piscicole (aussi bien en alevins, géniteurs qu'en poissons de consommation) est sous la responsabilité directe d'un chef de station et de son chef hiérarchique, le chef CIRRH.

Un des plus grands obstacles ne permettant pas le bon fonctionnement des stations piscicoles étatiques à Madagascar est le non-fonctionnement du système de gestion administrative et, en l'occurrence, l'absence d'une autonomie financière. Afin de contourner ce problème et de garantir le fonctionnement de ces deux stations piscicoles, un contrat a été établi entre le Gouvernement et le projet autorisant l'utilisation des revenus de ces stations pour leur propre fonctionnement. Ainsi, ces revenus sont gérés conjointement par le Gouvernement et la FAO.

La méthode de reproduction utilisée dans les stations piscicoles est la même que celle recommandée aux producteurs privés d'alevins, c'est-à-dire la reproduction semi-artificielle. Toutes les pontes ont été réalisées en étang avec des kakabans comme substrat de ponte artificielle (collecteurs d'œufs) et sans hypophysation puisque les résultats des deux campagnes précédentes ont démontré que l'hypophysation des géniteurs, en particulier les géniteurs femelles, n'est pas indispensable pour obtenir des œufs de la carpe commune en quantité suffisante.

Etant donné que plusieurs méthodes de mise en place des substrats artificiels dans les étangs de ponte sont utilisées à Madagascar, nous en avons testé trois afin de déterminer s'il y a un rapport entre la ponte (aussi bien du point de vue quantitatif que qualitatif) et l'emplacement des substrats artificiels (kakabans). Les trois méthodes testées sont :

  1. tapis de kakabans placés les uns contre les autres au milieu de l'étang à 20 cm de la surface de l'eau ;

  2. même procédé que A mais avec un écartement de 20 cm entre chaque kakaban ;

  3. kakabans placés de façon isolée et dispersée sur les bords de l'étang, à 10–15 cm de la surface de l'eau.

La technique d'alevinage est également la même que celle vulgarisée auprès des producteurs privés d'alevins. L'incubation des œufs, l'élevage larvaire et l'alevinage sont tous les trois réalisés de façon consécutive dans le même étang. L'alevinage est basé sur une production optimale d'aliments naturels favorisés par des amendements d'engrais organiques et chimiques. Cette production naturelle est complétée par l'utilisation d'un aliment artificiel.

Les alevins de chaque étang sont récoltés par pêche intermédiaire à l'aide d'un filet senne suivie par une vidange complète de l'étang. Avant de les distribuer au cours des cessions, les alevins sont conditionnés durant plusieurs jours dans des bacs en dur. Pendant ce temps, ils sont triés, comptés et les alevins malformés et/ou en mauvaise condition sont éliminés.

3.2. Cessions d'alevins

Comme pour la production d'alevins, nous avons, à présent, deux systèmes de distribution d'alevins en milieu rural : les cessions par les producteurs privés d'alevins (secteur privé) et celles par les CIRRH (Gouvernment), tous les deux assistés, pour l'instant, par le projet.

3.2.1. Cessions par le secteur privé

L'organisation de la vente d'alevins produits par les producteurs privés a été laissée sous l'entière responsabilité de ces derniers. Néanmoins, l'organisation appliquée pour les cessions CIRRH/projet leur a été vivement conseillée. Cette organisation consiste en :

A. Commandes d'alevins

Il a été conseillé à chaque producteur de tenir une liste d'inscription des commandes pour, d'une part, sensibiliser/informer la clientèle, mais aussi pour connaître plus ou moins la quantité d'alevins à produire et d'autre part, augmenter la demande d'alevins dans sa région. Pour faciliter ces inscriptions, chaque producteur d'alevins “opérationnel” a reçu des affiches de sensibilisation type “commande”. Le nombre d'affiches distribué (jusqu'à 10 par producteur) dépend de l'importance du site et du niveau de savoir-faire de l'intéressé.

B. Préparation des cessions

En étroite collaboration avec le service de vulgarisation et en fonction du calendrier rizicole et des commandes, le calendrier de cession est préparé. Des affiches de sensibilisation type “cession” ont été distribuées aux producteurs d'alevins afin d'informer la clientèle du lieu, de la date et de l'heure des cessions. En général, le producteur reçoit deux fois plus d'affiches de sensibilisation type “cession” que de type “commande”.

C. Cessions d'alevins

Des carnets de reçu ont été livrés gratuitement à chaque producteur “opérationnel” en lui demandant d'établir un reçu de vente pour chaque livraison. Il a été conseillé aux producteurs d'aligner leur prix de vente sur celui de la CIRRH/projet (i.e. 30 Fmg/unité).

Comme pour la campagne précédente, les producteurs privés dont la production est insuffisante peuvent demander une cession d'alevins du Gouvernement chez eux pour satisfaire la demande de leur clientèle.

Si l'objectif principal des circonscriptions/projet est la privatisation de la production d'alevins par la mise en place d'un réseau de producteurs privés d'alevins, le but recherché est évidemment la privatisation de la vulgarisation des techniques (rizi)piscicoles améliorées (sensibilisation, formation, soutien et suivi) par ce secteur privé producteur d'alevins.

Par la cession d'alevins et par son savoir-faire (rizi)piscicole, le producteur privé artisanal est devenu l'interlocuteur privilégié de sa clientèle de (rizi)pisciculteurs. Il accède par ce biais à la fonction souhaitée de vulgarisateur (sensibilisateur, formateur et agent d'appui), d'une part pour étendre son marché et d'autre part, pour assurer la continuité de ce dernier. Cette vulgarisation des techniques (rizi)piscicoles se fait, pour l'instant, au moyen de brochures, d'affiches de sensibilisation, d'affiches techniques, de rizières/étangs de démonstration, etc … Selon le dynamisme, l'esprit d'entreprise du producteur et sa réceptivité au regard de l'intérêt économique, des séances de vulgarisation (sensibilisation et/ou formation) sont organisées non seulement sur le site du producteur au moment de la vente, mais également dans les centres ruraux environnants.

3.2.2. Cessions par la CIRRH/projet

En attendant que le secteur privé puisse satisfaire la demande d'alevins, des cessions sont organisées par les deux CIRRH concernées en collaboration étroite avec le projet.

L'organisation de la cession d'alevins par la CIRRH/projet est semblable à celle des producteurs, à savoir :

A. Commandes d'alevins

Cette activité incombe aux agents de terrain (les responsables de zone pour la région d'Antsirabe et les responsables de zone/vulgarisateurs pour les régions d'Ambositra et de Fianarantsoa) et a, comme objectif, outre la sensibilisation/information, de connaître la demande d'alevins par endroit, d'identifier/choisir les points de vente et le nombre d'alevins à apporter le jour de cession. Ces inscriptions sont stimulées par des affiches de sensibilisation type “commande” durant les mois d'août et septembre, voire jusqu'à la date de cession.

B. Elaboration d'un calendrier de cession

Chaque CIRRH prépare un calendrier de vente en tenant compte :

85 points de cession ont été retenus dont 44 pour la CIRRH du Vakinankaratra et 41 pour la CIRRH de Fianarantsoa contre 70 et 48 pour la campagne précédente respectivement. Le nombre de points de vente pour les régions d'Ambositra et de Fianarantsoa a été limité dès la première campagne de cession d'alevins afin d'éviter un service de vente à domicile. En revanche, deux ou trois passages successifs à un intervalle de 2 à 4 semaines ont été organisés pour certains points de vente importants.

La plupart des cessions de la CIRRH du Vakinankaratra ont été organisées à partir d'Antsirabe étant donné que la station productrice d'alevins se trouve à plus de 100 km de cette localité. Cette organisation requiert donc un approvisionnement d'Antsirabe en alevins à partir d'Ambatolampy. Cet approvisionnement est également intégré au calendrier de cession d'alevins. Pour la région de Fianarantsoa, les cessions ont été organisées à partir de la station piscicole d'Ampamaherana (30 km de Fianarantsoa).

En somme, le calendrier de vente reprend les données suivantes : l'endroit, la date et l'heure de cession, l'équipe responsable de l'approvisionnement et celle de la cession, le nombre d'alevins commandés et le moyen de transport.

Au total, 4 véhicules tous-terrains ont été utilisés pour la campagne de cession dont 2 pour la région d'Antsirabe et 2 pour celle d'Ambositra et Fianarantsoa.

C. Préparation des cessions

Les agents de terrain ont eu la responsabilité d'informer les intéressés, au moins une vingtaine de jours avant chaque cession d'alevins, du lieu, de la date et de l'heure de la cession. Cette campagne d'information se fait à l'aide des affiches de sensibilisation type “cession” et par des tournées sur le terrain.

D. Cessions d'alevins

Avant d'être transportés, les alevins sont préalablement conditionnés à la station piscicole pendant au moins deux jours dans des bacs en ciment. Le transport se fait dans des bacs en polyester de 400 ou de 600 litres. L'oxygénation est assurée par un ou deux agitateurs (12 Volts) branchés directement sur la batterie du véhicule.

Les cessions proprement dites ont été effectuées par une équipe composée, en fonction de l'importance de la cession, d'un ou de deux cadres et de 2 à 4 compteurs. Sur le lieu de cession, l'agent de terrain organise les acheteurs en attendant l'arrivée de l'équipe assurant le transport et la vente d'alevins. Les personnes inscrites sur la liste de commande sont prioritaires sur les autres candidats acheteurs. Lors de la livraison, un reçu est délivré pour chaque achat et un surplus de 10% est livré pour compenser les pertes éventuelles ultérieures dues au transport et à la manipulation. A la fin de chaque cession, une fiche de compte-rendu de cession est établie par le responsable de l'équipe.


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