CONCLUSION

1 - Résumé des résultats des élevages réalisés en 1990

1.1 - P.Monodon

Un résumé exhaustif de tous les essais d'élevage réalisés en 90 est présenté dans le tableau de la page 64. On s'intéressera plutôt aux résultats obtenus lors des essais 90 N^o 9, 10, 12, 13, 14, 19 et 20.

Prégrossissements : concernent les élevages 9, 10 et 18

Ces trois essais de prégrossissement à environ 25 postlarves/m2 ont donné des résultats excellents avec un aliment haut de gamme (Président) :

• Survie supérieure à 90 %
• Poids moyen final compris entre 1,5 et 3 g en deux mois

• Indice de conversion = 1

Ces essais, bien que réalisés à une densité d'élevage un peu faible (40/m2 aurait été préférable) ont montré qu'il était possible en saison chaude d'ensemencer des post-larves à P10. Les animaux ayant déjà atteint une taille suffisante (poids moyen > 4 mg) ; ceci permettra des économies d'Artemia importantes. Par contre, en saison fraîche, il est préférable d'attendre au moins P15, tel que réalisé dans l'essai 90.18.

La différence de poids final dépend de la température d'élevage suivant qu'il est fait en saison froide ou chaude.

Grossissements : Il s'agit principalement des élevages en semi-extensif (N^o 12, 13, 14 et 19, 22).

• Essais 12, 13 et 14

Réalisés à faible densité 1,5/m2, 3/m2, 5/m2 avec des animaux prégrossis. Compte tenu de la densité d'élevage, ces essais avaient pour but de limiter la ration alimentaire au strict minimum (aliment Président).

En fait, l'essai à 1,5/m2 a montré une croissance très faible puisque les animaux ne sont passés que de 3 g à 6 g en 60 jours.

Les deux autres élevages ont été légèrement meilleurs quoique insuffisants (11,7 g en 70 j et 14 g en 106 j). Dans tous les cas l'indice de conversion s'est révélé beaucoup plus haut que prévu (1,8 à 2,2).

La première hypothèse envisagée pour expliquer ces mauvais résultats a été de suspecter une toxicité des engrais utilisés (présence de pesticides). En attendant les résultats d'analyses, les distributions d'engrais ont été arrêtées très rapidement.

Parallèlement, peu ou pas d'aliment a été distribué pendant les premières semaines d'élevage.

A la pêche, une population très importante de petits crustacés fouisseurs appartenant au genre Callianassinae a été découverte dans le sédiment superficiel des fonds de bassin.

En fait, ces mauvais résultats sont à attribuer à l'action conjuguée de plusieurs facteurs :

• Fond de bassin très sale dûe à l'impossibilité de les sécher
• Forte présence de compétiteurs dans le bassin (Callianassinae)
• Absence de fertilisation : basse productivité naturelle

• Peu ou pas d'apport d'aliment en début d'élevage

Les crevettes malgré un contexte relativement extensif n'ont pas trouvé d'aliment en quantité et qualité suffisante. Bien que la survie ait été bonne (> 80 %, mais à partir de juvéniles transférés entre 1 g et 4 g de poids moyen), la croissance est restée très mauvaise par sous alimentation.

• Essais 19 et 22

Ces deux élevages réalisés avec les mêmes animaux mais prégrossis dans un cas (22) et ensemencés directement dans l'autre (19) sont significatifs.

L'élevage 19, pourtant réalisé dans un bassin assez bien préparé (sauf le fond) avec mise en eau 15 j avant, apport d'engrais et de poudre d'aliment, a montré une survie catastrophique (13 %) après 180 j d'élevage (poids moyen final 36 g). Cette mauvaise survie avait d'ailleurs été décelée très tôt après un essai de dénombrement.

L'élevage 22, réalisé avec les mêmes animaux, mais pregrossis jusqu'à 1,4 g, a par contre donné d'excellents résultats. Pour une densité initiale assez faible (3,2/m2), un poids moyen final de 31 g a été atteint en 148 j (96 % de survie et indice de conversion = 1,6).

Hormis la taille des crevettes à l'ensemencement, la seule différence notable entre ces bassins (de 2 hectares chacun) résidait dans le fait que seul le bassin de l'élevage 22 avait subi une chloration avant la mise en eau (100 kg de chlore actif/ha). Cette chloration a permis d'éliminer (ou d'éloigner) les CALIANACAE et de supprimer d'autres compétiteurs et prédateurs éventuels (flaques nombreuses).

Les juvéniles ensemencés étaient d'autre part suffisamment gros, pour recevoir du granulé dès le début de l'élevage. La “pauvreté” de l'eau d'élevage, l'importance d'alimenter les crevettes dès l'ensemencement et surtout de traiter les fonds de bassin ont été mis en évidence à travers ces essais.

1.2 - P.Indicus

Au cours de ce cycle d'élevage semi-extensif où les essais 90.15 et 90.16 ont été pratiqués à 1,5 et 3/m2, les résultats de croissance et de rendement n'ont pas été améliorés par rapport aux essais précédents en semi-intensif ou intensif.

P.Indicus, quelque soit la densité d'élevage, voit sa croissance identique jusqu'à10 – 12 g, seul l'extensif à 1/m2 permet d'atteindre 20 – 25 g.

Le bilan des 11 élevages réalisés avec P. Indicus depuis le début de la ferme pilote confirme le peu d'intérêt de cette espèce pour l'aquaculture du type semi-intensif.

1.3 - P. Semisulcatus

Cette espèce pratiquement pas utilisée en aquaculture dans les autres pays éleveurs de crevettes, a démontré sur la ferme pilote également qu'elle n'est pas du tout apte, en fonction des connaissances actuelles, à l'élevage aquacole = très mauvaise survie en fin d'élevage et croissance très faible même en extensif.

Par contre, la reproduction et l'élevage larvaire ne posent pas de difficulté particulière.

PRODUCTION DES BASSINS (Cycles III)

* : Prégrossissements (exclus de la production)
PG : Prégrossissements