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PARTIE I

1.1 SITUATION DE DEPART: LE SECTEUR AGRICOLE

La base de l'économie malgache est essentiellement agricole. La moitié de la production est realisée aux fins d'autosubsistance. Caractérisée par une grande diversité de productions, et de potentialités, l'agriculture a stagné de 1970 à 1980, n'ayant pas suivi la croissance démographique. Les besoins alimentaires de base de la population ont dû être couverts par des produits d'importation. (FAO 1988).

A titre d'exemple, le niveau de production du riz se stabilise aux alentours de 2 millions de tonnes par an. Ainsi, la production était de 1,9 million de tonnes en 1970,2,1 millions de tonnes en 1980 et 2,2 millions de tonnes en 1985. Les rendements sont sensiblement restés stationnaires au niveau moyen de 1,84 t/ha (1975 à 1985). Face à cette stagnation, le pays se trouve dans l'obligation d'en importer.

Depuis 1984, le secteur agricole a enregistré une augmentation moyenne de 2,8% par an. Cette croissance est proche de la croissance démographique. Cependant, ce chiffre masque une disparité importante des résultats entre les différents sous secteurs. Cette croissance est expliquée, selon la Banque Mondiale (1990), en grande partie par le sous secteur des pêches (et dans une moindre mesure de l'élevage) qui a enregistré une croissance moyenne trois fois plus élevée que celui des cultures. Le sous secteur des cultures a atteint en moyenne une croissance de 1,5% au cours des cinq dernières années. Ce n'est qu'en 1989 que ce secteur a enregistré un taux de croissance (6,3%) positif par habitant (grâce, pur une large part, à une augmentation de 10,7% de la production de paddy), pur retomber à 2,4% en 1990. (MERH 1992)

Trois principales contraintes au développement du secteur agricole sont généralement avancées. Premièrement, en dépit de l'amélioration considérable des facteurs d'incitation par les prix, des distorsions qui entravent le développement des filières agricoles, au potentiel pourtant prometteur subsistent. Deuxièmement, la faiblesse du pouvoir d'achat, intérieure comme extériere, freine considérablement la croissance agricole. Troisièmement, les changements au niveau des facteurs du marché (par exemple prix plus incitatifs), atteignent peu ou mal les agriculteurs en raison du disfonctionnement généralisé des marchés agricoles.

Face à ces contraintes, les pouvoirs publics élaborent actuellement une nouvelle politique agricole. Cette politique se traduirait par les grands axes suivants:

Malgré le développement rapide du secteur des pêches, ces dernières années, la consommation annuelle de poisson par habitant reste encore relativement basse (7,4kg), alors qu'au niveau mondial, elle atteint en moyenne 13,6 kg, au niveau des pays en développement 9,5 kg et des pays africains 8,1 kg. Cependant, la part du poisson dans la consommation des protéines d'origine animale à Madagascar, a augmenté jusqu'à 30% en 1989. Ceci est dû à l'augmentation de la consommation du poisson par habitant et à la baisse de la consommation de la viande (FAO 1992).

Dans l'économie nationale, le secteur des pêches joue un rôle important, car il fait vivre plus de 550.000 personnes, soit 5,2% de la population globale et il représente 4,8% du Produit Intérieur Brut (PIB) national et 13% des exportations malgaches.

La production totale halieutique de Madagascar connait une augmentation constante, grâce notamment au développement des pêcheries traditionnelles. La pêche industrielle connait aussi une croissance des captures. Par contre, la production aquacole dans son ensemble a baissé, à causse essentiellement de la régression de la pisciculture en étang. Quant à la rizipisciculture, son niveau de production demeure bas.

Il ressort de l'analyse sur la pêche à Madagascar, qu'en réalité elle ne se base que sur deux types d'activités: une pêche traditionnelle encore rudimentaire destinée à l'approvisionnement des marchées locaux, et une pêche industrielle moderne, orientée presque uniquement vers l'exportation. La production de la pêche artisanale et de l'aquaculture est négligeable. Ceci suggére que la rizipisciculture a un potentiel considérable de contribuer au développement économique malgache.

1.2 DOCUMENT DU PROJET

Au 30 août 1988, le Gouvernement de Madagascar signait avec le PNUD et la FAO un accord de coopération en vue d'assister le Ministère de la Production Animale (Elevage et Pêche), et des Eaux et Forêts (MPAEF) dans la mise en oeuvre de la promotion de l'aquaculture, et privatisation de la production d'alevins. La contribution initiale du PNUD , la période janvier 1989 - décembre 1992 se chiffrait à 687.000 US$, et celle du Gouvernement à 507.500.000 Fmg. le montant actuel de la contribution du PNUD se chiffret à 1.272.431 US$. Les sections 3.1 et 3.2 examineront les objectifs immédiats et du développement respectivement

2.0 LA STRATEGIE DE DEVELOPPEMENT RIZIPISCICOLE (SRDP)

2.1 LE CONCEPT DE LA SDRP

Les activités dans le secteur de la rizipisciculture à Madagascar, ont pour une grande part débuté avec le projet MAG/76/002 “Développement de la pêche continentale et de l'aquaculture”, quiavait entre autres objectifs, d'aider les services techniques gouvernementaux à appuyer le développement de la pisciculture, en équipant certaines stations piscicoles, et en formant les cadres nationaux aux techniques d'exploitation. Ensuite, le projet MAG/82/014 “Vulgarisation de la pisciculture et développement de la pêche continentale”, a axé ses activités sur la vulgarisation. Ce projet a créé un réseau de vulgarisateurs, et à partir des stations piscicoles, a organisé la production des alevins mis à la disposition des pisciculteurs.

Ce projet n'a pas eu tous les résultats escomptés et a montré un certain nombre de problèmes qui mettait en doute la durabilité des acquis. A noter parmi ces problèmes, l'incapacité de l'État à continuer à assurer les charges budgétaires du personnel de vulgarisation, l'insuffisance des alevins à la disposition des paysans, et les coûts de production des alevins trop élevés.

L'actuel projet a été chargé de développer une stratégie avec un accent particulier sur la pérennité. Le pilier de la stratégie adoptée par le projet, est le développement d'un réseau de pisciculteurs spécialisés dans la production d'alevins de la carpe (Cyprinus carpio) destinée à être vendu aux rizipisciculteurs avoisinants.

Par cette stratégie, le projet tente de lever plusieurs contraintes constatées lors des projets précédents, en particulier :

  1. Mettre sur le marché suffisamment d'alevins de qualité, pour satisfaire le plus grand nombre de pisciculteurs et rizipisciculteurs (actuels et potentiels).
  2. Substituer aux stations (principales ou secondaires) dans leur rôle de productrices d'alevins, dont la gestion étatique a été constatée problématique et qui n'ont pas pu assurer une production et distribution aux prix accessibles aux paysans. En effet, si les prix de cession visent la rentabilité des stations, ils ne sont pas toujours à la portée des paysans.
  3. Assurer une vulgarisation durable de la rizipisciculture auprès des riziculteurs, en appuyant sur l'intérêt des pisciculteurs spécialisés dans la production d'alevins, de développer le marché pour leurs produits.

La mission a été impressionnée par le très bon niveau d'exécution de cet aspect du projet, et par l'exigence technique et l'attention apportée au détail par l'équipe sur le terrain. La liste de documents techniques préparés au cours du projet se trouve dans l'annexe 6.

La mission retient que le projet a démontré la faisabilité de cette approche, par ailleurs, elle a pu constater que:

  1. par les expériences progressivement acquises, le projet a abouti à des critères, quoique exigentes, pour la sélection d'un pisciculteur paysan voulant se spécialiser en production d'alevins de carpe. Ces critères, d'après les résultats de la campagne en cours, semblent assurer une probabilité élevée de réussite dans la production d'alevins. Cette exigence (dans les critères) doit être respectée si l'approche est appliquée ailleurs. La liste de facteurs d'identification des producteurs privées d'alevins se trouve dans l'annexe 7.
  2. Le projet propose une technique simple de production de la carpe qui répond bien aux conditions dans lesquelles les paysans-pisciculteurs font leur exploitation.
  3. Le projet a mis en place des services effectifs qui fournissent intrants et crédits bancaires aux producteurs qui en demandent. Ces services ont pu faciliter la mise en place rapide du nombre actuel de pisciculteurs producteurs d'alevins.
  4. Avec la préparation du matériel didactique en cours de finition, le projet aura les outils nécessaires pour aider les pisciculteurs producteurs d'alevins à populariser les techniques de rizipisciculture.

Cependant la pérennisation de ces bonnes démarches techniques, dépend en grande mesure des incitations économiques, y comprenant la gestion du marché. La mission retient, que l'équipe du projet devrait accorder une place importante à la gestion du marché (en alevins ou en poissons de consommation) dans les dernieres mises au point à apporter pour la pérennisation de la stratégie. Dans la section 2.4, la mission propose des mesures spécifiques pour assurer la gestion du marché.

En effet, on a pu constater le rôle essentiel que jouent les incitations économiques au moins au niveau de l'adoption de la technique proposée. Aux sites où les paysans tirent profit de leurs efforts, la réussite de l'adoption technique était évidente, surtout là où il n'existe aucun problème de type foncier. Mais les sites où, on pouvait constater, par exemple, la brimade perpétrée par le père pour son fils, la réussite de l'opération était faible, parce que les jeunes veulent s'installer à leurs propres comptes ou étre plus indépendents.

Dans cette optique, et surtout pour assurer la pérennisation de la SRDP, en plus des critères de sélection des pisciculteurs-paysans, le futur choix des lieux d'implantation des rizipisciculteurs, doit tenir compte des incitations économiques pour l'adoption de la technique; c'est-à-dire que, pour assurer que le producteur tire profit de son effort, la situation foncière ne doit pas poser des difficultés, concernant la distribution juste des bénéfices, la brimade entre père et fils doit être évitée, l'écoulement de la production d'alevins ou poissons doit être facilité par la proximité des marchés importants ou par des axes routiers carrosables pendant touté l'année.

Néanmoins, l'introduction des opportunités inégales d'accès à la technique proposée dans le milieu rural, doit être évitée. L'implantation des centres de distribution situés près des centres importants de consommation, où les paysans enclavés viennent se ravitailler, pourra démontrer à ces derniers les avantages de la technique proposée par le projet.

2.2 VIABILITE SOCIOLOGIQUE DE LA RIZIPISICULTURE DANS LE MONDE RURAL

Selon l'étude sociologique préparée par le projet (Document Technique No.5) La production d'alevins à titre privé, ainsi que la rizipisciculture est “une réponse pertinente à l'attente des populations rurales, qui manquent à la fois de sources protéiniques et de revenus”. Spécifiquement, la quasi-totalité des producteurs privés enquêtés se dit gagnante, même ceux qui n'ont produit que le quart de la production escomptée. En plus, la plupart des producteurs privés prend cette activité au sérieux, indépendamment de leur niveau socio-économique. Ceci montre d'une part que la rizipisciculture est une activité rémunératrice, et qui répond à l'attente des paysans, qui sont à la recherche de revenus d'appoint et que d'autre part, la rizipisciculture a un potentiel important d'enracinement dans le système de production de la zone d'intervention.

Toujours dans l'ordre sociologique des facteurs, la pratique de la pluriactivité de la population rurale dans la zone d'intervention est d'importance considérable. D'ailleurs, malgré le fait que l'économie paysanne est axée sur l'autosubsistance, la diversification des activités agricoles est un fait évident. La culture de riz est l'activité primordiale. Mais le paysan de la région a adopté des spéculations rémunératrices de contre-saison, incluant l'élevage bovin et porcin, ainsi que quelques animaux de basse-cour. La pratique de cultures de contre-saison est presque généralisée dans la région, notament la pomme de terre ainsi que le blé, le mais, le manioc, les fruits et les cultures maraichères. Cette impressionante diversité de cultures, témoigne de la capacité technique du paysan malgache, ainsi que son désir de se couvrir contre les risques inhérents à l'agriculture de subsistance afin d'assurer ses revenus monétaires d'appoint.

A ces nombreuses activités de diversification agricole, le paysan malgache vient d'ajouter l'activité de la rizipisciculture. Sans doute, le paysan de la zone d'intervention a évalué le temps et les ressources à consacrer à l'activité de la rizipisciculture, en fonction des revenus qu'il peut en tirer, et l'estime avantageuse. Tout de même, il faut souligner que la même logique peut être appliquée en sens contraire, c'est-à-dire, dans la mesure où la rizipisciculture ne sera plus gagnante, le paysan la lassera tomber pour une autre activité plus payante. Ceci peut freiner les processus de pérennisation de la rizipisciculture, malgré son grand potentiel de contribution au développement.

A l'heure actuelle, le niveau de rentabilité de la pisciculture restera gagnant, tant que le paysan pourrai vendre aux paysans avoisinants les surplus, du produit après qu'il ait satisfait les besoins de l'unité familiale. Mais au fur et à mesure que le succès de la rizipisciculture encouragera les autres paysans à s'embarquer dans l'opération, les besoins d'autosubsitance seront comblés un peu partout. Donc, on arrivera au seuil où la rizipisciculture, soit reste une activité d'autosubsistance, soit elle fournit les marchés en produit pour satisfaire les bésoins de protéine au niveau national, ce qui à son tour pourrait améliorer les revenus des paysans.

Si la rizipisciculture peut réaliser les objectifs prévus, pour une plus grande disponibilité de protéines pour la consommation nationale et l'amelioration des revenus paysans, il faudrait d'ores et déjà prévoir les processus pour encourager la pisciculture et distribuer ses produits aux marchés dans le cadre de la SRDP du projet présent.

Dans l'ordre sociologique, il va falloir sensibiliser les paysans sur la rentabilité économique et durable de la rizipisciculture, tel que proposé par le projet. Il faudrait préciser aux paysans, que la technique de la rizipisciculture n'est plus une spéculation additionnelle rémmunératrice pour assurer un revenu d'appoint, afin de dépanner en cas de besoins imprévus. Il s'agit plutôt d'une technique avec un grand potentiel économique à exploiter. Le potentiel économique de la rizipisciculture est la mise en marche d'un système où des poissons offerts à prix abordable. pour les consommateurs, deviendront une source de profits pour les producteurs. La section suivante expliquera comment exploiter le potentiel économique de la rizipisciculture.

2.3 VIABILITE ECONOMIQUE DE LA RIZIPISCICULTURE DANS LE MONDE RURAL

Tous les données disponibles suggèrent qu'il existe une demande importante pour la viande de poisson sur le marché national. Comme déjà mentioné, la moyenne annuelle par habitant (7,4kg) est en dessous de la moyenne africaine (8,1kg) en matière de consommation de poisson (FAO 1992).

En principe, toute décision sur la production, doit prendre en considération les estimations de la demande. De plus, la rizipisciculture, ou l'aquaculture en général, doivent avoir moins de problèmes de marché que la pêche libre, parceque les premières comportent le potentiel de mettre en rapport plus facilement la production avec les opportunités de marché. Or la production rizipiscicole peut être orientée vers le marché plus facilment que la pêche commerciale ou artisanale.

On devrait déterminer les préférences des consommateurs dans les centres importants de consommation, dans la zone d'intervention. Il faudrait déterminer leurs préférences pour les différentes variétés de poissons d'eau douce disponibles frais et secs; en même temp que préciser si la préférence pour le poisson sec est plus importante que pour le poisson frais. Le pouvoir d'achat des differents types de consommateurs est aussi un autre facteur important à définir.

Après être arrivé à une notion claire de la demande réelle et potentielle, il faudrait identifier les différents canaux de commercialisation ainsi que la mise en pieds d'une procédure de stockage et de conservation ainsi que l'organisation du transport. Le volet conservation peut prendre une importance primordiale dans le cas où les consommateurs préférent le poisson sec.

Toujours en fonction des données de la demande, il faudrait déterminer la production actuelle et potentielle dans la zone d'intervention en fonction des disponibilités des ressources naturelles (eau, sols,…) Ceci doit être accompagné par une étude de rentabilité dans le cadre des systèmes de productions agricoles (farming system). Cette étude de rentabilité des productions piscicoles en eau douce doit être axée sur les différents types (proposés ou représentatifs) d'explotation rizicole. La rentabilité doit être calculée “sans” et “avec” le paquet technique piscicole proposé. Les résultat montreront, non seulement s'il y a un besoin de crédit pour l'implantation du paquet technique, mais aussi il montrera le revenu supplémentaire provenant de son implantation.

La pisciculture en étang dans les nouveaux sites, doit être aussi l'objet d'une étude de rentabilité soit au niveau de la production d'alevins, soit au niveau de la production de poissons.
Pour mieux maitriser l'offre et la demande, il faudrait approfondir les connaissances du secteur parallèle de vente d'alevins, aux rizipisciculteurs, ainsi qu'étudier les options ouvertes au service d'encadrement pour les encourager à augmenter ou améliorer leur production si nécessaire.

Enfin, l'état des routes et des pistes doit être restauré afin de motiver les paysans à produire pour le marché et faciliter l'écoulement de leur production vers les centres de consommation en général. Egalement, les problêmes engendrés par les vols doivent être résolus.

2.4 POSSIBILITES DE L'INTEGRATION DES FEMMES.

Lors du déplacement de la mission sur les divers sites, on a pu constater le rôle non négligeable de la femme dans les processus de prise de décision comme pour les travaux d'entretien, dans les exploitations rizipiscicoles, ce qui est essentiel pour la réussite de l'opération.

D'ailleurs, le rapport sociologique du projet (Document Technique No. 5) fait remarquer que la femme malgache tient une grande place dans l'agriculture en générale. En effet, la femme a suffisamment de connaissances empiriques pour gérer une explotation agricole familiale. Néanmoins, l'étude a montré, que la femme tient un rôle effacé dans les prises de décisions, ce qui est caractéristique de la civilisation malgache.

Vu la grande importance de la femme dans l'activité agricole, et particulièrement dans les exploitations rizipiscicoles, il est souhaitable d'encourager leur intégration dans la formation pour la phase suivante de la SRDP. La femme peut prendre des décisions et faire fonctionner l'exploitation en commun ou en l'absence de l'homme. Dans cet esprit, il y a donc lieu d'intégrer la femme dans la vulgarisation. Il sera nécessaire d'envisager la formation de “vulgarisatrices”. Des femmes l'ont souhaité lors des interviews de la mission sur les sites. Elles ont ajouté qu'elles ne remettaient pas en cause la bonne formation donnée par les vulgarisateurs actuels, mais qu'elles se sentiraient plus à l'aise avec une vulgarisatrice.

2.5 LA CELLULE DE SUIVI ET EVALUATION

En 1991 une petite cellule de Suivi et Evaluation a été créée au sein du projet. Elle est opérationnelle et elle applique les méthodologies essentielles dont une étude de base (enquête géographique) et des enquêtes de suivi de production. Dans l'annexe 4, se trouve un résumé des activités de la cellule. En raison des ressources limitées, les résultats des enquêtes exécutées manquent de la fiabilité nécessaire; malgré ces limitations, ils donnent un aperçu réprésentatif de la situation actuelle dans les zones d'intervention en matière de rizipisciculture.

Comme il a été déjà établi (FAO 1980; FIDA 1985), les activités de suivi et d'évaluation (S&E) font partie intégrante des fonctions de gestion. Le but fondamental de l'activité de suivi est de suivre en permanence les progrès réalisés dans l'exécution du projet et de ses éléments par rapport à ses objectifs, éliminer en temps voulu les contraintes et les retards, prendre en cas de besoin les mesures correctives nécessaires. Alors que l'activité d'évaluation continue a pour but fondamental de déterminer si les objectifs relatifs aux produits espérés demeurent valables; d'apprécier l'efficacité et l'impact d'une activité en cours, et de prendre les principales mesures correctives nécessaires. La cellule S&E joue un rôle d'état-major auprès de la direction d'un projet; sa tache essentielle consiste à aider la direction à suivre et à évaluer de façon continue le projet en cours d'exécution. La cellule de S&E peut se situer au niveau d'un secteur pour assurer le suivi d'une politique de secteur/ministère.

La mission considère qu'une cellule de S&E doit être prévue et budgétisée à Antananarivo. Elle doit devenir un outil de gestion dans la politique de la Direction des Ressources Halieutiques pour le développement de la rizipisciculture sur le plan national. D'ores et déjà, il est nécessaire d'avoir une mise au point d'une étude de base plus précise et plus fiable que celle préparé par le présent projet. Cette procédure doit être appliquée dans de nouvelles zones (projets) pour établir une approche comparable et standarisée.

3.0 RESULTATS DE LA SDRP

3.1 OBJECTIFS IMMEDIATS

Les objectifs immédiats précisés dans le document du projet sont au nombre de trois ,a savoir: 1. Au niveau du paysan: “Augmentation de la production rizipiscicole de 200 tonnes par an dans la région d'Antisarabe (zone nord) et de 90 tonnes par an dans la zone de Fianarantsoa (zone sud), étalement de la production dans le temps, par l'introduction et l'utilisation de techniques adéquats de production et de conservation des produits…”
2. Au niveau des producteurs d'alevins privés: “Zone nord: capacité de produire et de commercialiser au moins 3 millions d'alevins de carpe royale…Zone sud: aprés la mise en place du système de vulgarisation, une quinzaine d'unités de production d'alevins avec une capacité similaire à celles de la zone nord auront été établies…”
3. Au niveau des structures d'appui: “Consolidation de la capacité de service d'appui existant dans les domaines de la conservation et de l'amélioration des souches, de la mise à la disposition des producteurs d'alevins de géniteurs appropriés notamment de complement d'alimentation, de la synchronisation des pontes et dans l'identification des canaux de commercialisation. En appui initial au secteur de production privé, assurer la production d'au moins deux millions d'alevins cessibles par an en attendant que les producteurs privés puissent assurer la relève, à l'issue du projet la zone nord, moitié dans la zone nord, moitié dans la zone sud.”

Lors des revues tripartites précédentes, ils auraient été augmentés à quatre avec la sub-division de l'objectif concernant les structures d'appui pour préciser le rôle des stations de l'Etat.

Au départ (dans le document du projet) ces objectifs ont été établis avant la mise en place des détails de la stratégie. Ils semblent avoir été plutôt vagues et optimistes, et par conséquent, les résultats attendus ont été fixés pour chaque campagne à un niveau plus réaliste que le projet, en accord avec ses partènaires lors des revues tripartites annuelles.

Les données quantitatives relatives à des paramètres de production sauf celles des producteurs d'alevins, reposent sur des procédés statistiques. Ces procédés ont évolué pendant le projet, ce qui rend les comparaisons quelquefois difficiles. Comme déjà noté, il est donc nécessaire de terminer la mise au point des méthodes fiables appliquées par la cellule Suivi et Evaluation. Ainsi le gouvernement aura des outils statistiques pour:

3.1.1. PRODUCTION DE POISSONS DE COMSOMMATION EN MILIEU PAYSAN

“Augmentation de la production piscicole de 200 tonnes par an dans la région d'Antsirabe et de 90 tonnes par an dans la zone de Fianarantsoa”.

Production pisicole (t/an)

RégionDébut projet1989/19901990/19911991/1992Objectif projet
Antsirabe200138177247400
Fianarantsoa1008855143190

La production piscicole annuelle du projet a connu un accroissement régulier pendant les trois dernières campagnes. Les chiffres “d'avant projet” ne sont pas très précis, et si on les compare avec les chiffres de la campagne '89/'90 (920.948 alevins cédés), contre 400.000 avant le present projet, il est peu probable que la production piscicole dépassait 100 tonnes et 50 tonnes en 1989 pour Antsirabe et Fianarantsoa respectivement. L'augmentation est donc dans l'ordre des 290 tonnes prévues.

Rendements (rizi)pisciculture

RégionDébut projet89/9090/9191/92Objectif projet
Antsirabe : pisciculteurs (kg/ha/an)
rizipisculteurs (kg/ha/an)
550
183
754
188
936
179
-1.000
250
Fianarantsoa: pisciculteurs (kg/ha/cy)
rizipisciculteurs (kg/ha/an)
N/A
N/A
722
150
564
65
715
217
550
183

Les rendements piscicoles (par unité de production) ont été suivis. Si les objectifs visés à Antsirabe n'ont pas été totalement atteints, pour Fianarantsoa, ils ont été dépassés. Ceci reflète l'amélioration apportée aux méthodes dans le cas de Fianarantsoa, qui a bénéficié des expériences d'Antsirabe. Il faudrait maintenant viser une amélioration des rendements de la rizipisciculture de base à partir des efforts de vulgarisation par les producteurs d'alevins.

Nombre de (rizi)pisciculteurs encadrés

 Début projet1989/19901990/19911991/1992Objectif projet
Antsirabe7.0008.96913.300 9.000
FianarantsoaN/A4.9508.193 8.000

Il est clair que le nombre de paysans touchés par ce projet est important et dépasse les espoirs initiaux. Cet objectif a été atteint.

3.1.2 PRODUCTION “PRIVEE” D'ALEVINS

“Mise en place d'un réseau de producteurs privés d'alevins ayant une capacité de produire et de commercialiser au moins 3 millions de carpes royales dans la région d'Antsirabe, et au moins 1 million d'alevins dans la région de Fianarantsoa.”

Cession d'alevins

RégionDébut projet89/9090/9191/92Objectif projet

Production
Antsirabe: stations 389.314492.917275.9531.000.000
privés
-72.253185.875371.5003.000.000
producteurs
 9203315
privés
 8.0269.29311.257100.000
alevins/producteur
     
Fianarantsoa: stations 459.381914.236381.0391.000.000
privés
---150.0001.000.000
producteurs privé
 00715
alevins/producteur
   21.428100.000

Le suivi quantitatif des résultats a été très précis. Bien que les résultats attendus tels qu'exprimés dans le PPER (document du projet) n'ont pas été atteints, la mission estime que le progrès acquis est réel. En fait, les projections de départ ont été faites sans expérience de réalité d'application.

Tout d'abord, la dimension d'une exploitation de 200.000 alevins par an ne correspond pas aux réalités (par exemple la superficie peu importante des terres disponibles à chaque propriétaire). Cet objectif a été rapidement révisé à 100.000/producteur, et cela reste l'objectif de capacité de production. En même temps, le projet s'est engagé à encadrer un plus grand nombre de producteurs Actuellement, la production des pisciculteurs (artisanaux et familiaux ensemble) est de 11.000/21.000 à Antsirabe/Fianarantsoa. Les résultats nettement mieux à Fianarantsoa confirment a validité des améliorations d'approche appliquées dans cette dernière zone. Il est important d'atteindre rapidement des améliorations quantitatives à ce niveau (déjà les premières indications de la campagne '92/'93 sont encourageantes).

Déjà le projet propose de se concentrer sur les producteurs qualifiés d'“artisanal”, l'option “familial” ne pouvant pas produire les quantités nécessaires. A Fianarantsoa en 91/92 les “artisanaux” on produit entre 4.700 et 52.845 alevins chacun, mais les “familiaux” seulement entre 0 et 11.000 chacun. Même l'objectif de 100.000 alevins par producteur artisanal pourrait être prévu ; est-ce un “potentiel” plutôt lointain ou vraiment un objectif immédiat, cela dépend de la validité d'une étude de rentabilité proposée plus loin par la mission.

Cet objectif n'a pas été entièrement atteint, mais à l'instar des améliorations déjà constatées par la mission pour la présente campagne, on peut s'attendre qu'il soit atteint pour la campagne '93/'94.

3.1.3 SERVICE D'ENCADREMENT/APPUI

“Consolidation de la capacité du service d'appui existant dans la région d'Antsirabe et mise en place d'un service de support similaire dans la région de Fianarantsoa afin de répondre aux besoins des paysans (rizi)pisciculteurs et des producteurs privés d'alevins”.

La réorganisation prévue du service d'encadrement a été menée à bien par le Gouvernement. La structure, relativement légère, est maintenant en place avec les cadres supérieurs, les cadres moyens et les vulgarisateurs. Cependant, cette réorganisation n'a été complétée que dans le courant de 1992, ce qui a eu des répercussions sur les autres objectifs, notamment ceux relatifs au réseau de producteurs d'alevins. Cet objectif a été atteint.

3.1.4 CREDIT

Le système de crédit piscicole qui a été mis en place au 20 octobre 1990 à travers la BTM à des conditions préférentielles. Pour la campagne 1991/1992, 20 producteurs ont pu bénéficier de ce crédit pour un montant de 2.651.089 Fmg (crédit campagne, crédit petit matériel et crédit investissement). les remboursements s'effectueront à la récolte (juin-juillet 1992).

Des crédits accordés lors de la campagne 1990/1991 (775.260 Fmg), 40% ont été remboursés à ce our, correspondant aux crédits de campagne. La mission recommenda à prévoir dès la campagne prochaine dans la zone actuelle du projet le crédit agricole aux conditions habituelles de la BTM. Ceci pour préparer l'après-projet. Les conditions préférentielles peuvent être valablement être appliquées au départ dans les nouvelles zones. L'annexe 8 contient un résumé de la situation du crédit au fin novembre 1992.

3.1.5 LES STATIONS PISCICOLES:

“Capacité des stations piscicoles d'Etat de produire les intrants piscicoles (alevins, geniteurs,, hypophyses, etc..) afin d'assurer la production piscicole des paysans rizipisciculteurs et producteurs privés”

La production des alevins cessibles par les deux stations principales du projet a été très nettement améliorée avec les campagnes successives. Le fait que le nombre d'alevins vendus par les stations, diminue régulièrement avec l'accroissement du nombre des alevins produits par le secteur privé illustre que les stations remplissent entièrement leur rôle de n'offrir qu'un complément à la production des producteurs privés.

Production d'alevins cessibles (CEDES):

STATION89/9090/9191/92OBJECTIF PROJET
Antsirabe968.0001.270.0001.184.070
(275.953)
1.000.000
Fianarantsoa310.0001.100.0001.682.600
(381.039)
1.000.000

En outre les stations ont pu fournir des géniteurs de la carpe royale à tous les producteurs privés qui en ont demandés. Des nouvelles souches de la carpe commune ont été importé de la Hongrie; compte tenu du temps qu'il faut pour la multiplication de l'échantillon reçu il est encore tôt pour léfinir l'utilité actuelle de ces souches. Cet objectif a été atteint.

3.2 OBJECTIFS DE DEVELOPPEMENT

Selon le document du projet, l'objectif de développement “auquel contribuera le projet est l'augmentation de l'apport protéinique des produits de la pêche continentale, par la production de 118 000 tonnes de poissons d'ici 1990. Cet objectif est à comparer avec une production estimée à 70 000 tonnes en 1986, dont 45 000 tonnes commercialisées, toujours pour la pêche continentale, la pêche dans les lacs, rivières et lagunes étant une activité traditionnelle relativement importante. Les prises de poisson en pêche maritime étaient estimées en 1986 à 16 000 tonnes en équivalent de produits frais.”

La mission a constaté sur les sites que la production piscicole actuelle semble être destinée surtout à l'autoconsommation de l'unité familialle. Dans cette optique, l'impact sur l'apport protéinique ne pourrait être que faible. Néanmoins, étant donné que le projet présent est dans la phase pilote, la mission a recommandé des procédures pour inciter les paysans à produire pour le marché, dans la phase suivante. Comme déjà mentioné, toutes les données disponibles suggèrent qu'il existe une demande importante pour la viande de poisson sur le marché national; et la technique proposée a un grand potentiel économique à exploiter.

4.0 LES RISQUES DE LA SDRP

4.1 RISQUES RELATIFS A LA CONCEPTION SDRP

Les risques d'ordre technique sont variés:

Sauf dans le cas de la pathologie qui ne semble pas être un problème actuellement, le projet propose des solutions à ces problèmes; l'application de ces solutions dépend de l'efficacité de l'encadrement fourni aux producteurs privés. La mission a constaté que les reflexions apportées à ces problèmes par les cadres du projet sont appropriées et en mesure d'apporter des améliorations voulues par les producteurs. En bref, la qualité de l'encadrement et la vulgarisation est décisive pour maîtriser les risques d'ordre technique.

4.2 RISQUES RELATIFS A L'ENVIRONNEMENT

Dans l'environnement de la zone d'intervention, les facteurs d'ordre de gestion de ressources et d'ordre sociologique, peuvent entraver la durabilité et l'enracinement de la pisciculture.

Le climat de la région, caractérisé par une longue saison sèche, fait que la production des paysans est fortement dépendante de la pluviométrie. Dans ces conditions, un conflit sur la gestion d'eau est fort possible et peut engendrer des disputes, des procès ou des actes de sabotage perpétrés par les usagers qui se sentent lésés. De plus, prenant en considération la densité démographique, la question foncière devient très importante. Si par manque de terrain disponible, le pisciculteur est obligé d'opérer sur le terrain qui appartient à ses parents ou à un autre propriétaire, la marge d'initiative est grandement limitée.

Dans l'ordre sociologique, le projet a pu approfondir des conclusions tirées du rapport sociologique (Document Technique No.5). Le rapport a analysé les contraintes socio-économiques que confrontent les pisciculteurs producteurs d'alevins, y compris:

Or, le projet dispose d'une analyse sociologique qui devrait permettre d'éviter de se heurter contre malentendus au niveau des critères de sélection des producteurs d'alevins. Il sera souhaitable d'étendre ce travail sociologique pour (1) l'analyse des clients des producteurs d'alevins, c'est-à-dite rizipisciculteurs, et (2) l'analyse des producteurs d'alevins dans leur rôle de vulgarisateurs-promoteurs Dans le dernier cas, on peut s'attendre à des résultats fort hétérogènes parmi les producteurs. Cette variation pourrait être imputable aux différentes variables sociologiques qui doivent être identifiées. Ainsi, l'utilisation du matérial audio-visuel (affiches, boite à images, etc…) soit être sans doute introduite aux paysans avec flexibilité culturelle--dans le sens anthropologique.


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