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F I C H E S  T E C H N I Q U E S

(préparées par le Projet PNUD/FAO/MAG/88/005)

C O N T R O L E S  D E  L' E L E V A G E

La forte demande d'alevins pour la première compagne du projet MAG/88/005 “Promotion de l'aquaculture et privatisation de la production d'alevins” qui se chiffrait à plus d'un million d'unités, sans effort significatif de sensibilisation confirmait l'engouement de la zone encadrée (Ambatolampy à Ambalavao/Fianarantsoa) pour les activités piscicoles. Le suivi de certaines exploitations piscicoles a fourni des résultats encourageants quant aux rendements à l'unité de surface : 175 Kg/Ha/cycle de poisson en rizière et 588 Kg/Ha/an en étang. Malgré tout, ces résultats restent insuffisants dans l'ensemble et l'accent va être mis pour la campagne 1990/91 sur l'augmentation de la surface empoissonnée par pisciculteur et surtout sur une amélioration de la qualité de l'élevage. Pour ce faire, le projet prépare actuellement quelques dizaines de fiches techniques adaptées aux circonstances locales, publiées en langues francaise et malgache et s'adressant aux vulgarisateurs, aux producteurs privés d'alevins et aux paysans. Ces fiches traitent les thèmes relatifs à la reproduction, à l'élevage, à la préparation des étangs et des rizières, bref à tout ce qui concerne la gestion des étangs et des rizières, la gestion de l'eau et du stock de poissons.

Nous publions ici deux fiches techniques déjà élaborées et qui se rapportent aux contrôles de l'élevage de poisson en étang et en rizière :

I. LUTTE PREVENTIVE CONTRE LES MALADIES DES POISSONS

I.1. Généralités

Rappelons que la maladie est un état “anormal” se traduisant par des troubles du comportement (par exemple : façon de nager, voir schéma) pouvant conduire à la mort ou se guérir spontanément au terme d'une évolution plus ou moins longue. Qu'elle qu'en soit l'issue, elle s'exprime toujours au niveau de l'élevage par des pertes économiques sensibles.

Trois types de facteurs peuvent intervenir pour aboutir à l'apparition d'une maladie :

  1. les prédispositions génétiques, la physiologie du poisson (malformation anatomique ou fonctionnelle) sont souvent des cas isolés qui n'ont que peu d'importance dans un élevage de groupe.

  2. les modification du milieu dans lequel vit le poisson (prolifération d'algues, pollution, faute technologique et surtout les manipulations).

  3. les parasites vivant dans l'environnement du poisson (parasites végétaux et animaux, bactéries, virus …).

En général, les poissons dits “sains” vivent en parfaite harmonie avec ces trois facteurs (santé, milieu, agent de maladie), aussi, il faut savoir que des parasites sont toujours présentes dans le milieu à des concentrations faibles et non actives.

I.2. Conseils

Exceptés quelques paritoses externes, les méthodes d'intervention sont rarement possibles en élevage en étang en cas de maladie déclarée. Seule la prévention peut être sérieusement envisagée et repose actuellement sur des mesures sanitaires et hygiéniques.

De nombreuses précautions peuvent être prises pour diminuer les risques de maladie des poissons, parmi lesquelles :

  1. un des meilleurs remèdes préventifs consiste à assurer aux poissons une bonne alimentation selon la règle bien connue :

BONNE SANTE = BONNE ALIMENTATION

Pour une bonne alimentation équilibrée, voir notre fiche technique sur l'alimentation.

  1. limiter les manipulations des poissons, ne procéder aux pêches et manipulations que lorsqu'elles sont justifiées. Procéder avec douceur et précaution.

En effet, les opérations de pêche, de tirage, de transport, de déversement, induisent un état de choc général sur le poisson, ce qui diminue sa capacité de résistance et d'adaptation et augmente la sensibilisation du poisson aux maladies. De plus, l'usage des filets et des instruments de pêche provoque des écaillures qui sont des portes d'entrée pour les agents des maladies.

Il faut retenir les trois règles d'or pour opérer une manipulation :

  1. par mesure sanitaire, il faut éviter l'introduction des poissons malades et l'utilisation de matériel contaminé, il faudrait également isoler tout poisson malade.

Plusieurs traitements de maladies et parasitoses externes peuvent être appliqués à des poissons qui seront intégrés à l'exploitation ou aux malades et qui consiste en un bain dans une solution de :

DENOMINATIONCONCENTRATIONDUREE
Sel1–2% c'est-à-dirse: 10 à 20 g/l d'eauVingt minutes
Formol200–300 ml/m3 d'eauTrente minutes
Trichorphon0,2 mg/l d'eauVingt-quatre heures
0,5 mg/l d'eauTrente minutes

Utiliser un baquet ou un seau pour pratiquer le traitement. Le baquet ou le seau doit être suffisamment grand pour empêcher le manque d'oxygème pendant le traitement (ex : un demi-fût de 2001).

  1. Observation journalière de l'exploitation

  1. La pratique de l'assec permet de limiter très fortement les populations de parasites externes des poissons (ex: divers vers protozoaires, etc… En effet, l'assec pourra éliminer une partie des hôtes intermédiaires du cycle d'un parasite. C'est l'une des plus importantes mesures préventives.

L'assec est également important pour la minéralisation de la vase qui favorise la fertilité de l'étang. L'assec peut être de courte durée si la température est élevée, une semaine jusqu'à ce que la vase soit bien craquelée. L'assec peut être plus long si les températures sont plus fraîches, et même remplacé par une mise en culture de l'assiette de l'étang. Il peut être annuel dans les étangs de grossissement, mais, il est vivement conseillé après chaque cycle dans les étangs d'alevinage. Il est donc important d'avoir des étangs bien construits et totalement vidangeables.

  1. Un traitement du fond de l'étang à la base de chaux agricole permet de créer un pH très élevé qui “désinfectera” efficacement le fond de l'étang.

Pour procéder efficacement, il faut établir une profondeur d'eau de quelques centimètres sur toute la surface de l'assiette de l'étang dans laquelle, on a joute de la chaux préalablement diluée pour obtenir un pH supérieur à 10 et on laisse agir quelques jours. La chaux sera répandue à raison de 1.000 Kg/Ha.

Outre le rôle de “désinfection” de la chaux, l'action de la chaux pourra également améliorer la fertilité de l'étang.

Remarque :

La chaux vive à un pouvoir de désinfection beaucoup plus efficace que la chaux agricole. Etant donné les difficultés de trouver de la chaux vive sur le marché, c'est un traitement à base de chaux agricole qui a été proposé.

II. TRANSPARENCE ET COULEUR DE L'EAU DE L'ETANG

II.1. Transparence et couleur

La lumière est indispensable pour que les organismes du phytoplancton puissent se développer dans l'eau (c'est la production primaire). Il faut donc qu'au départ, l'eau soit aussi transparente que possible.

Les eaux troubles qui contiennent des matières en suspension ne sont pas favorables à la pisciculture. En effet, d'une part, la pénétration de la lumière ne s'y fait pas et la production de phytoplancton est ralentie ; d'autre part, la boue qu'elle renferme peut être nuisible aux poissons. Cette boue se colle sur les branchies et gêne la respiration, elle peut aussi se coller sur les oeufs des poissons et les tuer.

Il faut donc éviter d'alimenter un étang avec des eaux de couleur rouge, jaune ou grise. Il faut également éviter l'incursion de bétail ou de gens dans l'étang ce qui peut troubler l'eau par mélange avec la base du fond et entraîner l'asphyxie des poissons.

A l'opposé, les eaux de couleur claire, légèrement bleutées ou vertes sont excellentes pour la pisciculture. Lorsque les étangs sont bien nourris ou fertilisés, l'eau prend une couleur vert foncé (couleur soupe de pois) qui est très bon signe. Les eaux brunes de forêt ne sont pas excellentes, mais, il est généralement possible de les utiliser pour la pisciculture.

Remarque :

On peut mesurer la transparence en se servant du disque de Secchi ou simplement d'une assiette attachée au bout d'une ficelle, mais assez souvent cette mesure peut tromper une personne non avertie. En effet, le défaut de transparence peut aussi bien provenir d'une accumulation de planction (cas favorable) que d'une accumulation de sédiments en suspension (cas défavourable).

II.2. Transparence de l'eau comme indicateur de fertilisation

La transparence (contraire = turbidité) de l'eau des étangs varie de environ zéro jusqu'à la clarté totale, elle dépend de la quantité de particules en suspension (phytoplanction, zooplancton, particules humiques et particules d'argile). Généralement, le développement du phytoplancton change la couleur qui devient verte. En mesurant la transparence d'un étang de coloration verte, on aura une idée de la densité du phytoplancton ou de la fertilité de l'étang.

La transparence peut être mesurée par l'immersion du bras dans l'eau ou au moyen du disque de Secchi ; l'emploi du disque de Secchi est la méthode la plus fiable. Le disque est réellement un outil au pisciculteur.

Le disque de Secchi est un disque blan ou blanc et noir de 25 à 30 cm de diamétre, et il peut être très facilement fabriqué.

Le disque est attaché à une corde marquée tous les 10 cm sur toute la longueur.

Pour mesurer la transparence, le disque est descendu dans l'eau jusqu'à la profondeur exacte à laquelle il n'est plus visible.

La profondeur qui peut être mésurée sur la corde donne la mesure de la transparence.

TRANSPARENCE DE L'EAUE F F E T
1–15 cmTrop de phytoplancton Risque de manque d'oxygène, spécialement à l'aube, arrêtez la fertilisation. Observez régulièrement le comportement du poisson. il peut être nécessaire de changer l'eau.
15–25 cmAbondance de phytoplancton Arrêtez la fertilisation. Observez régulièrement le comportement du poisson.
25–50 cmQuantité optimum de phytoplancton pour la production de poissons. Continuez l'apport (habituel) de fertilisant.
>50 cmTrès peu de phytoplancton. Stimulez le développement du phytoplancton par apports de plus de fertilisants.

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