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1. INTRODUCTION

Situé en plein coeur du Sahel, le Mali figure depuis toujours comme l'un des plus gros producteurs de poisson d'eau douce de l'Afrique au Sud du Sahara, grâce à la vaste dépression (30 000 km2) du Delta Central du Niger dans laquelle en temps normal, l'alternance des crues (reproduction et grossissement des stocks piscicoles) et des décrues (pêche) permet une productivité particulièrement élevée, de l'ordre de 90 000 – 120 000 t en relation directe avec les fluctuations pluviométriques interannuelles caractérisant la région.

Cette activité halieutique concerne 300 000 personnes environ; elle occupe la troisième place dans l'économie nationale, après l'agriculture et l'élevage, assure 8% des exportations, et 2,6% du P.I.B., ce qui explique le rôle capital que joue ce secteur dans la vie socio-économique du Pays.

Or, au cours de ces 10–15 dernières années, une extrême sécheresse a sévi sur tout le Sahel, réduisant très fortement les crues et modifiant profondément l'environnement bio-écologique de la faune piscicole du Delta du Niger. Ces conditions climatiques défavorables se sont traduites par une chute spectaculaire de la production piscicole, fluctuant actuellement entre 50 000 à 90 000 t. Cependant, l'effort de pêche n'a pas diminué pour autant, bien au contraire; la pression des pêcheurs sur les stocks en diminution s'est encore accentuée par l'emploi abusif d'engins à fines mailles capturant les poissons juvéniles et déclenchant la surexploitation.

Pendant le même temps, les Autorités responsables de ce Pays ayant compris que l'agriculture traditionnelle pluviale et de décrue ne permettrait jamais de parvenir à l'autosuffisance alimentaire, réalisent un vaste programme d'infrastructures conduisant à la maitrise de l'eau, dans le but d'assurer simultanément ses basoins en énergie électrique, son développement industriel, ainsi que la sécurisation de son agriculture dont l'essor est basé sur l'irrigation. C'est ainsi que furent édifiés de nombreux barrages et retenues en amont du Delta Central du Niger. Cette infrastructure indispensable au Pays devrait en principe, permettre la régulation des crues, pour autant que la pluviométrie revienne à la normale; mais il s'agit là d'un paramètre non-maîtrisable qui, de toute évidence, restera toujours très fluctuant.

Il parait tout aussi évident que les crues du Delta du Niger ne connaîtront jamais plus leur amplitude d'antan, mais que celles-ci dans le cas le plus favorable seront moyennes, précisément grâce à la régulation assurée par les barrages, ce qui aura comme résultat pratique, une stabilisation de la pêche à un certain niveau que l'on peut vraisemblablement situer entre 60 000 à 90 000 t.

D'une part, la régression de la potentialité piscicole du Delta du Niger de l'ordre de 30 000 t prive la population malienne d'un approvisionnement précieux en protéines animales et d'autre part, elle crée une situation socio-économique alarmante, aggrâvée de surcroït par la surexploitation décimant les stocks et pouvant entraîner localement de grâves conflits sociaux.

En fait dans le Delta du Niger, les Autorités du Pays doivent faire face à un problème de rationalisation des pêches impliquant des mesures de conservation et d'aménagement des stocks piscicoles.

Conscient de la gravité des problèmes, le Mali a déjà pris quelques dispositions réglementaires qui doivent être complémentarisées par des interventions d'ordre scientifique et technique, parmi lesquelles l'étude des possibilités offertes par la pisciculture; ce sont les raisons ayant motivé la mise sur pied de la présente consultation, suite à la requête gouvernementale auprès du Programme des Nations Unies pour le Développement.


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