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4. CONCLUSIONS - RECOMMANDATIONS GENERALES

4.1 Sur les points de référence de la mission

4.1.1 Station Piscicole de San

Les diverses contraintes pesant sur cette mini-station de 20 ares n'en permettent par l'extension. Mais telle quelle, cette station offre un appui logistique immédiat aux opérations pilotes de pisciculture villageoise et de rizi-pisciculture initiés en Région de Ségou, ou à entreprendre à Mopti.

Le projet annexe propose le renforcement technique et matériel de cette station pour la rendre pleinement opérationnelle; production suffisante d'alevins nécessaires aux essais en cours, ou planifiés; servir simultanément aux besoins de formation des personnels nationaux destinés à l'encadrement des stations piscicoles à créer et des opérations pêche-pisciculture, ainsi qu'à des démonstrations d'élevage associés.

4.1.2 Région de Ségou

- Ferme Piscicole de 5–10 ha

La mission a identifié deux sites propices à la création de fermes piscicoles de grande surface; à Kourouma, la topographie se prête à la construction d'une pisciculture de concept classique; à Molodo, le site piscicole sera creusé au niveau des rizières, ce qui l'intègre au contexte de toute la Région pour laquelle il servira de modèle à reproduire. Il reste à s'assurer de la capacité de rétention d'eau du sol de Kourouma.

La mission recommande toutefois la création sur ces sites, et en première phase, de 2 stations piscicoles productrices d'alevins, de moyenne importance, avec possibilité d'extension future, ce qui s'accorde mieux à la stratégie de développement pragmatique à mettre en oeuvre dans un milieu rural où n'existe encore aucune tradition piscicole.

Par ailleurs, toute ferme piscicole implique la nécessité de disposer de nourriture adéquate, indispensable à l'élevage intensif de poisson; géniteurs en reproduction; alevinage; grossissement.

Les rizières de la Région disposent d'une quantité limitée de sousproduits (farine - son de riz) tandis que le tourteau de coton devra provenir de la Région de Sikasso. Des arrangements inter-ministériels devront être pris afin d'assurer les quotas de provendes nécessaires aux Stations Piscicoles promotrices de la pisciculture en milieu rural.

4.1.3 Au niveau national

(i) Les zones propices au développement piscicole intégré à l'agriculture

Les zones prioritaires pour le développement de la pisciculture intégrée à l'agriculture se circonscrivent exclusivement dans les périmètres agricoles irrigués où l'on possède la maîtrise de l'eau, c'est-à-dire, par ordre d'importance:

Dans chacun de ces périmètres le développement de la pisciculture extensive (sans nourrissage du poisson) est possible, à toute échelle de grandeur, mais uniquement en l'associant-intégrant à la riziculture irriguée; la pisciculture intensive (avec nourrissage du poisson) en étangs creusés dans les rizières est également possible, mais sa promotion immédiate semble prémature du fait qu'elle exige des techniques plus avancées, un fort encadrement, ainsi que des services d'appui pour assurer l'approvisionnement régulier en provendes adéquates.

Partout dans le pays, en dehors des rizières irriguées, le manque d'eau, la topographie et/ou la qualité du sol réduisent presqu'à néant les possibilités de pisciculture familiale ou villageoise en étangs.

Le projet annexe propose le suivi ponctuel des essais pilotes en cours comme d'autres à entreprendre à court et moyen termes, afin de déterminer le “modèle piscicole” à développer à long terme en milieu rural, répondant le mieux au contexte spécifique du pays et aux capacités d'absorption des paysans.

(ii) Programme de développement piscicole, plan d'action a long terme

Le projet annexe intitulé “Développement de la Pisciculture et Rationalisation des Pêches” formulé en fin de mission, constitue en soi le programme détaillé du développement de ce secteur;

4.2 Sur le plan institutionnel

Bien que la pêche occupe le troisième rang dans l'économie nationale, ce secteur n'est représenté que par une Division Pêche-Pisciculture au sein de la Direction des Eaux et Forêts.

Par ailleurs , la responsabilité des actions Pêche-Pisciculture en cours relève de Directions, voire de Ministères différents, selon l'organisme de tutelle coiffant l'opération: par exemple, Opération Sélingué; Opération Riz Mopti; Opération Pêche Mopti; Laboratoire d'Hydrobiologie de Mopti, etc.

La structure actuelle de l'Administration des Pêches et de la Pisciculture demande de toute évidence un aménagement adéquat sans lequel:

  1. elle ne pourra jamais valablement gérer-administrer ce domaine d'une telle importance pour l'avenir socio-économique du pays, et

  2. la mise en place et l'application d'une stratégie nationale et cohérente de développement de ce secteur seraient impossible.

En conséquence, il est vivement recommandé au Gouvernement de créer dans les meilleurs délais une Direction nationale des Pêches et de la Pisciculture, afin de pouvoir harmoniser ses politiques et stratégies de développement du secteur. Le succès du projet annexe de Développement de la Pisciculture et de Rationalisation des Pêches dépendra notamment en grande partie de cette décision fondamentale.

4.3 Sur le plan des techniques et espèces piscicoles à promouvoir

La maîtrise de l'eau conditionne toute possibilité piscicole; dans le contexte climatique et topographique du Pays, elle se limite aux périmètres agricoles aménagés-irrigués, et notamment dans les rizières. Ici, l'élevage extensif de poisson en association avec la culture du riz représente la meilleure technique d'avenir en milieu rural.

Toute spéculation d'élevage piscicole intensif dans ces mêmes périmètres est évidemment possible si l'on dispose d'alevins en quantité suffisante, d'une adduction d'eau permanente, par gravité (gratuite), ainsi que d'une nourriture adéquate à un prix raisonnable: dans ces conditions, il n'est pas difficile de démontrer la viabilité d'une telle initiative.

Par contre, il n'est actuellement pas possible de démontrer avec suffisamment de sécurité, la rentabilité d'une pisciculture intensive qui serait tributaire d'une adduction d'eau par pompage.

Par ailleurs, les élevages piscicoles en cages ou en enclos dans les eaux naturelles présentent encore beaucoup trop d'incertitudes pour être recommandés dans l'immédiat.

Quant aux choix des espèces piscicoles, on parle beaucoup plus au Mali de Clarias lazera que de Tilapia, du fait de la préférence et de la meilleure valeur commerciale accordée au premier. Les deux espèces ont a peu près la même courbe de croissance.

La meilleure solution (ou la meilleure choix) alliant économie et gestion piscicole indique qu'il conviendrait d'associer les deux espèces dans les élevages piscicoles. La question est la disponibilité d'alevins;

Il est cependant bon de savoir qu'une telle écloserie pourrait être érigée le moment venu, au site de Sélingué.


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