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5. ANALYSE - EVALUATION DU SECTEUR DES PECHES ET DE LA PISCICULTURE

5.1 Région de Ségou

5.1.1 Situation générale

Dans cette Région, l'office du Niger a implanté une infrastructure gigantesque d'irrigation des périmètres agricoles couvrant plus de 100 000 ha, dont la plupart sont aménagés en casiers rizicoles. Les canaux d'irrigation mis en place depuis des dizaines d'années (les plus anciens datent de 50 ans), sont envahis partiellement par une végétation aquatique verticale de Typha, les eaux de surface par Nymphea, tandis que le fond est couvert d'un véritable tapis d'algues supérieures du genre Potamogetum et Cerratophyllum. Toutes les retenues d'eaux naturelles ou artificielles couvrant des milliers d'ha, et qui alimentent le réseau des canaux de la Région, présentent exactement les mêmes caractéristiques végétales; ces plans d'eaux riches en poissons restent sous-exploités: aucune statistique n'y est effectuée.

Etant donné l'insolation intense et la faible profondeur moyenne des eaux (1 à 3 m) les algues prolifèrent dans cet environnement de prédilection, et constituent une fantastique ressource naturelle constamment renouvelée-renouvelable, mais non consommée par la faune piscicole locale dans laquelle il manque visiblement un vrai poisson phytophage.

5.1.2 Evaluation des sites visités

5.1.2.1 Molodo

(face à la rizerie)

Il s'agit d'une plaine immense sans aucun relief, où il semble y avoir un problème de drainage. Par contre, il n'y a aucun problème d'adduction d'eau par le canal limitrophe de l'O.N. Si l'on considère que la vidange des bassins de pisciculture n'est pas absolument indispensable (la manipulation du poisson -géniteurs et alevins - pouvant parfaitement s'effectuer par des engins de pêche adéquats et du personnel compétent), et qu'en cas de nécessité la vidange est toujours possible par une simple pompe portative (par exemple en cas de maladie du poisson nécessitant un changement d'eau, ou s'il convient de minéraliser le fond des étangs environ tous les 3 à 5 ans), le site de Molodo convient parfaitement à l'édification d'une ferme piscicole de 5 – 10 ha et bien davantage. Etant donné les facilités d'adduction d'eau, la qualité du sol n'apparaït ici que comme assez secondaire, et ne présente à priori aucun caractère d'exclusion.

Selon la topographie du terrain dont un levé précis des côtes reste à dresser, on pourrait créer un centre piscicole basé sur une série de 25 étangs de 60 m de long sur 10 m de large (6 ares) en prenant appui le long du canal (longueur des bassins perpendiculaire au canal) et disposant chacun d'une alimentation en eau individuelle par prise directe au travers de la digue du canal (tuyau plastique de 10–15 cm ø).

Le centre piscicole serait ceinturé sur 3 côtés d'une digue périphérique principale (pied 4 m - sommet 2 m - hauteur 1,50m), les étangs simplement séparés par une digue intercalaire (pied 3 m - sommet 1 m - hauteur 1,50 m). La terre d'emprunt de ces digues ne peut provenir que du défoncement des bassins qui devront donc être partiellement creusés sur une profondeur moyenne de 40 cm, après enlèvement préalable de la terre arable de surface à stocker hors-site et à ramener ensuite sur le fond des bassins. On préconise une longueur de bassin de 60 m, du fait que parallèlement au canal et à environ 75 m de distance, on a relevé la présence d'une zone marécageuse qu'il ne semble pas indiqué d'inclure dans le site, du moins en première phase.

Le projet annexe propose en première phase, l'édification d'un centre piscicole de 1,5 ha à Molodo (ponte, alevinage, grossissement).

Le volume total des terres à déplacer serait de l'ordre de 12 000 m3 environ (digues 6 500 m3 - terre de surface 3 000 m3 à déplacer deux fois). Le coût approximatif de ce centre incluant l'infrastructure et les super-structures est estime à $ 140 000. (Voir figure No. 1, page 40.)

5.1.2.2 Kourouma

(zone d'accostage des chalands)

C'est le site de la Région qui présente la meilleure topographie répondant aux critères d'implantation d'un centre piscicole classique.

En effet, la dénivellation du terrain est telle qu'il n'y a aucun problème d'adduction d'eau ni de drainage.

Cependant, la partie du site adjaçante au canal est assez fortement déboisée pour éviter des frais considérables de déboisement-dessouchage, ainsi que le risque de fuites d'eau en sous-sol suite au déssouchage, il conviendrait de se situer en retrait de la zone boisée, soit à 300 m environ du canal, pour s'implanter dans la partie de terrain dénudée; où la déclivité est très bonne jusqu'au proche bas-fond, permettant le drainage. Il y a là de toute évidence l'espace voulu pour édifier une ferme piscicole de 5 – 10 ha et bien davantage.

Toutefois, la qualité du sol, à première vue ni meilleure ni pire qu'ailleurs, ne peut être évaluée avec certitude que par le procédé classique d'analyse granulométrique et capacité de rétention d'eau, d'échantillons prélevés de 50 en 50 cm, jusqu'à 3 m de profondeur, test qu'il semblerait possible de réaliser par un laboratoire spécialisé de Bamako. En contrôle complémentaire et afin d'éviter toute surprise désagréable, on pourrait creuser sur le site, un petit bassin de 50–100 m2 (½ journée de buldozer) et contrôler aux prochaines pluies si l'eau y est bien retenue. Si ce n'est pas possible pendant les pluies, remplir le bassin à l'aide d'un tuyau plastique d'une longueur suffisante, en procédant par siphonage à partir du canal et contrôler le résultat. Le coût de ces opérations pourrait être imputé au reliquat de MLI/85/002.

En cas de conclusion positive, la plus vraisemblable, le projet annexe propose en première phase l'édification d'un centre piscicole de 1,5 ha à Kourouma. On préconise ici l'implantation au-dessus du sol, trois séries de bassins, ainsi que décrit au plan annexé (fig. No. 2, page 41) le pied des digues devra être ancré sur 50 cm en sous-sol (semelle). Les terres d'emprunt pour monter les digues pourront provenir du bas-fond très proche, où le sol paraît assez argileux. Sur la base d'une digue périphérique de 4 m de pied, 2 m au sommet et 1,50 m de haut, et des digues intercalaires de 3 m de pied, 1 m au sommet et 1,50 m de haut, le volume total de terres à déplacer (semelle de digues comprise) serait de 12 000 m3 environ. Le coût de cette installation comprenant l'infrastructure piscicole et ses superstructures est estimé à $ 140 000.

5.1.2.3 Tamani

(Site pré-opérationnel d'une pisciculture villageoise)

Village situé à 60 km à l'Ouest de Ségou. Quatre bassins de 10 ares chacun (25 × 40 m) sont terminés, mais ils se situent en surélévation de 6 à 10 m par rapport au niveau d'étiage du fleuve Bani. Il y a donc ici obligation et dépendance totale d'adduction d'eau par un système de pompage, et par ailleurs on n'a pas non plus de garantie sur le pouvoir de rétention d'eau du sol. Comme il est peu probable de rentabiliser les frais de pompage par la seule pisciculture, ce projet-pilote s'oriente vers d'autres activités intégrées telles que maraîchage (5 ha) et petit élevage aviaire; il y aurait donc association Elevage -Maraîchage - Pisciculture. Si l'ensemble de ces objectifs se réalise, les frais permanents de pompage et entretien seront peut-être compensés. Dans cette optique, la réalisation de ce micro-projet devrait être complétée (financement UNICEF) et surtout suivie ponctuellement de manière à cerner tous les paramètres socio-techno-économiques confirmant ou informant le bien fondé d'une telle opération dont au départ la rentabilité ne semble pas du tout évidente. Entre temps et par prudence, la répétition de telles initiatives - dans ce contexte spécifique est vivement déconseillée.

5.1.2.4 Nionokoroni

(Site opérationnel d'une pisciculture villageoise)

Village situé à 10 km à l'Ouest de Niono, où un étang collectif d'environ 10 ares a été édifié en 1984, sur la bas-côté du canal O.N., auprès duquel il est alimenté par gravitation. Tilapia nilotica et Clarias lazera y sont élevés en association. Le suivi de cet essai-pilote est assuré par un technicien piscicole (ex-Bouaké) et au moment du passage à l'improviste du consultant, le contrôle de l'eau a révélé une excellente production de zooplancton.

Il est prématuré de vouloir tirer des conclusions de cette expérience trop récente, mais elle paraît positive et les pêcheurs-paysans du village semblent assez bien motivés. Il importe avant tout de maintenir l'encadrement technique, assurer le suivi ponctuel et la formation des paysans concernés relative à la gestion de l'étang et notamment au maintien du niveau correct du plan d'eau, à l'élimination de la végétation aquatique (Typha et Nymphea), au nourrissage adéquat du poisson, à la fumure, au taux de mise en charge, ainsi qu'au rassemblement systématique de tous les intrants afin de dresser le bilan de cette opération.

La répétition massive de cet exemple n'est sans doute pas possible en raison de la topographie du terrain, mais il peut certainement contribuer à la sensibilisation d'une campagne rizi-piscicole dans le secteur.

5.1.2.5 Kolongo

(Site proposé pour une opération piscicole villageoise)

C'est sans aucun doute la proposition la plus intéressante recueillie au cours de la mission, émanant du comité de développement du village. Il s'agit de la conversion de 1 à 5 ha de rizières en site piscicole. Cette proposition est d'autant plus intéressante qu'elle pourrait être le point de départ d'un test-pilote préalable à une action piscicole de grande envergure en milieu rizicole irrigué. L'adduction d'eau par gravitation est garantie. Les bassins piscicoles devront être creusés entièrement et le drainage ne sera pas possible, mais c'est là un aspect secondaire; il suffira de prévoir dans l'équipement, une pompe portative d'appoint (puissance 3 à 5 cv environ).

Une attention particulière devrait être accordée à la réalisation de ce micro-projet, mais il conviendrait de procéder pragmatiquement, par étapes:

Il est possible sinon probable, que la combinaison intégrant un étang piscicole en rizière aménagée pour l'élevage semi-intensif en 5 mois de l'association Tilapia - Clarias, soit la solution d'avenir la mieux indiquée pour le développement de la pisciculture dans les périmètres agricoles irrigués. De plus, les essais d'élevage poule -canard - poisson pourront y être tentés.

Cette opération paraît tellement importante que le projet annexe l'associe dans ses activités d'appui technique ponctuel. La station de San approvisionnera le site en alevins Tilapia. Le problème de provende adéquate devra également être résolu et nécessitera peut-être au début un service d'appui complémentaire, à partir de San.

Les résultats techno-économiques indiqueront le choix définitif du type d'élevage à adopter; soit l'élevage intensif en polyculture, en bassin, impliquant le nourrissage; soit l'élevage semi-intensif prolongé - en rizière - sans nourrissage (sauf une légère nourriture d'entretien en étang, pendant l'assec de la rizière au moment de la maturation-récolte).

5.1.2.6 Nionokoroni

(Canal régulateur de Niono - Canal d'excédent d'eaux de Kolongo-Macina proposés pour élevages en cages)

Certains sites, soit en chenaux ne servant pas à la navigation, soit dans les retenues d'eaux de profondeur adéquate, sont sans aucun doute valables pour des élevages en cages.

Toutefois d'une part, la nourriture adéquate semble soulever un réel problème et d'autre part, du fait du peu de résultats probants obtenus à ce jour dans des essais de cette nature tentés en Afrique, ne permettent pas de conseiller ces mêmes essais au Mali, d'autant plus que ce pays a bien d'autres priorités que celle de cette spéculation hasardeuse actuellement hors de portée du milieu rural.

5.1.2.7 Macina

(Exploitation de deux plans d'eau, à la décrue)

Le premier site situé à 20 km de Macina est un chenal drainant les eaux excédentaires d'irrigation vers le fleuve; il est probable qu'à la crue les eaux du fleuve envahissent ce chenal, tout en le réempoissonnant.

La pêche intensive (épervier-senne, etc.) de décrue à l'aide d'engins trainant sur le fond provoque une extrême turbidité des eaux résiduelles, arrêtant toute productivité primaire, désoxygénant l'eau, ce qui crée finalement un environnement quasi invivable pour le poisson ayant jusqu'alors échappé aux engins. Toutes les pêches de décrue mènent au même résultat et socialement, il paraît impossible de pouvoir les arrêter. Cependant, des techniques moins polluantes et moins destructives peuvent être introduites, dans le cas de ce chenal, verveux, trabaques, etc.

Dans le cas des mares risquant l'assec, toute la faune piscicole est irrémédiablement condamnée; c'est la spécificité des pêches de décrue dans les mares résiduelles-temporaires auxquelles il n'y a aucun remède sauf celui de capturer tout le poisson disponible pour le livrer à la consommation, au lieu de le laisser perdre au détriment de l'économie générale.

Le second site est une mare résiduelle d'environ 5 ha à côté de Macina, alimentée par l'eau de crue du fleuve: le système marche quand la crue est suffisante ce qui n'est pas toujours le cas. Pour pallier toute carence de crue suffisante, il est suggéré de creuser un petit chenal au travers du bas-rebord de la mare, côté fleuve pour faciliter la pénétration du flux. Un fossé de 2 – 3 m de large, sur 1,50–2 m de profondeur et muni d'une vanne, semble devoir assurer l'accès à la mare par une crue moyenne, ce qui serait une bien meilleure garantie d'exploitation régulière par les pêcheurs concernés; ceux-ci rapportent que cette mare leur procure 5 t de Tilapia et 3 t de Silures. Selon le principe ci-dessus, aucune pêche restrictive ne doit y être envisagée, mais une bien meilleure gestion du stock pourrait être obtenue par des pêches périodiques à l'aide d'engins sélectifs au cours de la décrue, au lieu d'une pêche unique, collective en fin de décrue.

Dans les deux mares/chenal de Macina, il n'y a pas moyen de procéder à un aménagement de leur assiette, ni d'y creuser des trous à poissons, le chenal n'étant jamais à sec, tandis que la mare est trop encaissée.

5.1.2.8 Pisciculture du Père Vespirene

(privé européen - résident)

Il s'agit d'un modèle piscicole sans aucun rapport avec le contexte du milieu rural malien, où il ne peut être reproduit.

Sans objet dans ce rapport.

5.1.2.9 Centre Piscicole de San


(i) Situation générale

Dans la plaine de San aménagée en périmètre agricole irrigué, dont 1 800 ha de rizières, l'eau n'arrive pas par gravitation, mais bien par une très importante station de pompage installée sur le fleuve Bani, ce qui constitue un cas d'espèce au Mali. Ce périmètre fait l'objet d'une opération de la Compagnie Malienne de Développement Textile actuellement orientée vers la riziculture. Etant donné le coût du pompage, celui-ci se limite aux besoins indispensables d'irrigation des rizières de mi-août à mi-novembre; s'il y a des cultures de contre-saison (maraîchage) les paysans doivent payer l'eau fournie.

Du point de vue piscicole ceci signifie que dans la zone d'influence directe de la Station de San, tout élevage en milieu rural ne pourra excéder 90 jours ce qui est généralement trop court pour obtenir des résultats très probants qui pourraient sensibiliser-motiver le paysan quel que soit le type de pisciculture adopté (rizipisciculture extensive ou élevage intensif en bassin piscicole aménagé en rizière).

De toute évidence, dans ce contexte spécifique, la plaine de San n'a qu'un avenir piscicole extrêmement limité, et en conséquence cette zone ne peut être considérée comme prioritaire.

(ii) La Station Piscicole

Elle comprend 8 étangs fonctionnels totalisant 20 ares; 1 bassin de 6 ares, 1 de 5, 1 de 4 et 5 de 1 are, excluant le dernier bassin qui jusqu'alors ne tient pas l'eau; de plus, il y a 4 bacs de stabulation en ciment. La Station dispose de 2 bureaux, 1 salle-laboratoire, remise à matériel et du petit équipement, ainsi que le logement du gardien.

Le personnel comprend 3 techniciens piscicoles formés à Bouaké, dont 1 détaché à Niono, émargeant au Budget Général, 1 manoeuvre et 1 gardien payś sur l'allocation annuelle de fonctionnement, de l'ordre de FCFA 3 000 000 environ (Fonds Forestier National). Le Centre dispose d'une Land Rover et de mobylettes.

(iii) Fonctionnement

Comme toute la plaine environnante, la Station est tributaire du pompage des eaux. Elle a deux sources d'approvisionnement; par gravité via le canal d'irrigation de la C.M.D.T. en période rizicole (3 mois) et éventuellement 2 – 3 mois complémentaires s'il y a des cultures de contre-saison, soit dans le meilleur des cas 5 – 6 mois sur 12. De ce fait, la Station a dû être équipée d'une pompe individuelle installée sur le Bani à 1 800 m de distance; elle fonctionne 6 à 8 mois par an au rythme de 5 heures/jour, trois fois par semaine.

(iv) Performances réalisées

La Station a été mise en charge pour la première fois en 1982 avec des alevins de Tilapia nilotica de 12 – 15 g provenant de Bouaké. A raison de 1,5 poisson au m2, ces alevins sont parvenus en 8 mois d'élevage (240 jours) à un poids moyen de 250 – 300 g, soit un taux de croissance de 1 g/jour. Ils ont été nourris d'un mélange de farine basse de riz, de tourteau de coton et de sang séché.

Le Q.N. a été de 3/1.

En 1983–84 la Station a connu des problèmes d'eau (stock éliminé).

En 1985, la Station fut remise en charge avec T. nilotica provenant du Bani, mais le manque de nourriture a interrompu les essais envisagés de croissance et reproduction.

Cette année, 1986, il n'y a pas de problème de nourriture. Deux étangs sont en charge avec T. nilotica du fleuve Bani, dont on attend la reproduction, et 1 étang empoissonné de Clarias lazera. Le programme actuel prévoit la reproduction de T. nilotica dans 2 étangs, suivie de l'alevinage (prégrossissement) dans 2 autres étangs, pour ensuite passer au grossissement dans les bassins disponibles, en association avec Clarias lazera.

L'enrichissement des bassins se fait à l'aide de fientes de poules collectées dans les villages voisins, complété par la nourriture artificielle (farine - tourteau - sang). Le verdissement des eaux est bien mené et les bassins sont riches en plancton.

(v) Conclusion

A partir de ces éléments il paraît inutile de chercher à tirer un bilan quelconque ou de se livrer à un calcul hypothétique de rentabilité. On peut simplement dire que Tilapia se reproduit et grossit normalement s'il est bien nourri. La Station située dans un contexte défavorable, a connu l'expérience des nombreux difficultés inhérentes au démarrage de toute nouvelle activité.

(vi) Contraintes

La contrainte principale est celle de l'eau ne pouvant parvenir au site que par pompage, grevant lourdement la gestion de la Station.

La qualité du sol est telle que l'on ne peut recommander une extension éventuelle du site (le plus grand bassin ne tient pas l'eau) que d'autres facteurs limitants - l'eau notamment -ne pourraient justifier en égard aux coûts.

La capacité technique trop limitée de la Station ne pourrait avoir qu'un impact infime sur le milieu rural de la zone, elle-même sans avenir piscicolecertain; à fortiori elle ne pourrait servir d'appui potentiel à des programmes piscicoles de grande envergure, éloignés de San. Elle ne peutnon plus servir à un programme de recherches, même modeste, en raison de son exiguité.

Par contre, la Station pourrait et devrait jouer un rôle important, d'appui immédiat, par fourniture d'alevins au programme très réaliste d'essais de rizi-pisciculture et en étangs piscicoles villageois dans les zones à vocation piscicole (Ségou) en attendant que ces dernières disposent de leur propre station productrice d'alevins. Hors saison rizicole, les alevins de la Station de San pourraient être déversés dans les barrages permanents de Bandiagara (Mopti) dans le cadre d'un programme d'aménagement des stocks. Elle peut également servir à la formation de personnel piscicole.

(vii) Capacité technique de la Station

Telle quelle, la Station piscicole de San, utilisée au maximum de ses capacités est susceptible de réaliser les performances ci-après:

Production d'alevins (Tilapia nilotica)

4 étangs de reproduction d'1 are (4 ares) 1 étang d'1 are, laissé à Clarias lazera

15 ares d'étangs d'alevinage.

Les 4 étangs de reproduction peuvent fournir 400 000 alevins en 4 reproductions intermittantes à partir du réchauffement des eaux (mars-avril) (160 femelles à 2 500 alevins/an).

Les 15 ares d'alevinage peuvent supporter la mise en charge de ces 400 000 alevins, en 4 séries de 100 000 (60 à 70 alevins au m2).

La productivité finale décompte fait de 20% de mortalité naturelle serait donc de 320 000 alevins environ par an, de 5 à 15 g, non sexés.

Il se confirme donc que l'appui en alevins aux essais piscicoles pilotes en cours et à ceux envisagés par le projet annexe peut être parfaitement assuré par la Station de San, à court et moyen termes.

(viii) Proposition - Recommandation

Il est proposé d'utiliser la Station piscicole de San pendant les 5 prochaines années, comme appui logistique au projet d'un programme présenté en annexe, en attendant que les régions à vocation piscicole prioritaire soient dotées de leur propre écloserie.

Les rôles fondamentaux de la Station de San seraient notamment:

  1. la production d'alevins nécessaires aux actions immédiates en milieu rural

  2. la démonstration d'élevages associés: poules - poisson

  3. la formation professionnelle des cadres nationaux qui seront nécessaires à l'encadrement des nouvelles stations piscicoles à créer à moyen terme.

Après cette période (1987–91) il sera encore bien temps au Gouvernement de décider de l'avenir de cette station.

En conséquence, il est proposé que le projet cité ci-dessus apporte l'appui technique et matériel nécessaire au fonctionnement de la Station de San, dont notamment:

5.1.3 Pisciculture en liaison avec la Pêche en Région de Ségou

Les marchés de la Région sont approvisionnés en poisson frais provenant des nombreuses retenues et bas-fonds dont les réserves d'eaux alimentent tout le système d'irrigation de l'O.N.

La taille des poissons trouvés sur ces marchés indique clairement que les stocks restent encore sous-exploités: T. nilotica et galilea dépassent le kg, Lates niloticus de plusieurs kg, etc. Il semble que toutes ces retenues et mares envahies par la végétation verticale offrent suffisamment de zones refuges aux poissons où ils peuvent se reproduire et où les alevins y croissent à l'abri des prédateurs les plus dangereux.

Le seul aménagement piscicole indispensable pour une meilleure gestion des ressources disponibles, serait l'introduction dans les retenues, mares et canaux d'irrigation, de poissons herbivores tels que Tilapia rendalli et sans doute Cténopharyngodon (carpe chinoise herbivore); aucun de ces poisson ne présente un danger pour le riz, surtout dans sa technique culturale actuelle.

Le suivi bio-économique des captures (statistiques) doit y être organisé afin de contrôler-maîtriser l'effort de pêche, pour éviter à temps la surexploitation.

5.1.4. CONCLUSION GENERALES SUR LA REGION DE SEGOU

Excepté la plaine de SAN en surélévation par rapport au niveau du Bani, tous les périmètres irrigués de l'O.N. de la Région de Ségou constituent autant de zones d'excellence pour la promotion piscicole en milieu rural. C'est donc incontestablement une région prioritaire à vocation piscicole.

D'une part, du fait que les bas-côtés des canaux d'irrigation qui auraient pu convenir au développement de pisciculture en étangs, sont pour la plupart occupés par le maraîchage, et d'autre part considérant la topographie spécifique du terrain, sans aucun relief, la meilleure possibilité de développer la pisciculture à petite, moyenne et grande échelle consiste à l'associer à la riziculture, chaque rizière constituant un étang familial potentiel.

Pour appuyer cette immense perspective de déveveloppement, il faut disposer impérivativement, dès le début, d'écloseries (stations piscicoles) productrices d'alevins. D'ores et déjà, deux sites convenant à l'implantation de stations piscicoles ont été indentifiés à Kourouma et Molodo. Mais entre temps, la ministation piscicole de SAN constitue l'appui logistique indispensable aux premiers essais pilotes en cours et/au en préparation, dont le suivi ponctuel doit être assuré; de plus elle peut servir de centre de formation pratique du personnel piscicole, et de démonstration de possibilité d'élevage associé poules-poissons.

On préconise la création de deux centres piscicoles producteurs d'alevins de moyenne importance, au lieu d'une grande ferme piscicole de 5–10 Ha pour les raisons suivantes:

Le ‘modèle piscicole’ à développer en milieu rural reste à déterminer par les essais pilotes, mais il s'orientera vers l'élevage extensif (en rizières) ou intensif (en étangs) de Tilapia nilotica en association avec Clarias lazera très recherché-apprécié. Cette dernière espèce serait à capturer dans les mares naturelles locales, par des équipes de pêcheurs spécialisés, à promouvoir, trouvant ainsi un nouveau débouché à leurs activités traditionnelles.

Sur le plan sanitaire, il n'y a pas de danger d'intoxication du poisson élevé en rizières, du fait que l'on n'utilise pas d'insecticides ou pesticides mais uniquement de faibles quantités de fongicides. Par ailleurs, la bilharziose sous ses deux formes est un fléau; on pourra la combattre en introduisant notamment Bogrus docmac, malacophage, dans les étangs.

Au point de vue aménagement piscicole des stocks dans les eaux naturelles et canaux d'irrigation, la seule intervention souhaitable actuellement serait d'introduction de poissons herbivores capables de transformer en protéines animales les énormes ressources naturelles renouvelables que constituent les algues, et qui jusqu'alors se perdent.

Enfin, une brigade pëche-pisciculture bien structurée aurait son plein emploi dans l'encadrement, suivi ponctuel, des opérations pilotes en cours (et futurs) ainsi que dans le suivi de l'exploitation des mares et retenues de la région (statistiques, biologiques et économiques ponctuelles - encadrement des pêcheurs) pour en permettre l'aménagement rationnel.

5.2. REGION DE MOPTI

5.2.1. SITUATION GENERALE

Dans toute cette région, la pêche représente depuis des générations l'activité socio-économique dominante. La production piscicole annuelle du Delta central basée sur la pêche de décrue fluctuait alors entre 80 000 et 120 000 T. Cependant au cours des quinze dernières années, l'interaction combinée de la sécheresse persistante au Sahel et de la création de barrages en amont du Delta ont créé une situation bio-écologique nouvelle par la réduction sensible des crues dont la répercussion sur la capacité de croissance et de reconstitution des stocks s'est traduite par une réduction d'environ 30% du volume des captures.

La pluviomètre régissant les crues ne peut être maîtrisée, et ceci constitue la contrainte la plus importante pesant sur les pêcheries locales. Par ailleurs les eaux excédentaires des barrages amont devraient jouer un rôle régulateur des crues; mais ici également leur volume dépend des pluies. En conséquence les pëcheries de cette région restent et resteront tributaires des conditions climatiques non-maîtrisables, d'où l'incertitude de déterminer l'impact des interventions éventuelles; les pêches collectives en fin de décrue aggravent encore le phénomème.

Pour compenser la perte annuelle d'environ 30 000 T. de poisson, une meilleure gestion des eaux disponibles s'impose; on pense que la pisciculture ainsi que l'aménagement des mares résiduelles pourraient notamment contribuer à atteindre partiellement cet objectif.

5.2.2. EVALUATION DES SITES VISITES

5.2.2.1. Les mares résiduelles et leur problème d'aménagement

Les mares résiduelles de la région de Mopti sont pratiquement toutes exploitées traditionnellement par des collectivités environnantes bien définies. Généralement la capture des Alestes, forte composante des stocks, s'effectue dès l'amorce de la décrue, mais une pêche collective exterminant la population piscicole est organisée quand la mare arrive près de son point d'assèchement, c'est-à-dire à un moment où le stock en surcharge par rapport au volume d'eau encore disponible, ne grossit plus depuis déjà un certain temps. Il y a donc mauvaise gestion du stock piscicole de ces mares, dont les paysans sont conscients puisque certains en demandent l'aménagement auquel ils sont disposés à participer.

C'est l'Opération pêche de Mopti qui s'occupe de ces initiatives de base. Plusieurs mares résiduelles, représentatives d'une multitude d'autres mares du Delta, ont été visitées, notamment dans les villages de Sense et Debare à quelque 70–80 Km. au Nord de Mopti.

Lors de la crue, toutes ces mares se remplissent d'eau et de poisson par simple gravité facilitée par un canal percé dans la berge du fleuve. L'eau, à la crue comme à la décrue, suit un thalweg indiquant avec précision le point le plus bas du bourrelet de berge de la mare considérée. Le premier problème qui se pose ici est celui de la maîtrise de la crue, au niveau de la mare, de manière à y bloquer la décrue; or, ce problème se situe exactement à l'endroit du thalweg qu'il suffit d'aménager comme suit:

La vanne commandant le canal, levée à la crue, sera baissée au moment où l'eau est parvenue à son niveau maximum (les mares ici ne sont pas surrondées). A partir de ce moment, on possède la maîtrise absolue du plan d'eau et du poisson qu'il contien; il s'agit dès lors d'un problème piscicole lié à la pêche-capture du poisson. L'eau bloquée dans la mare subira uniquement l'effet d'évaporation qui en diminuera la hauteur de 10 à 15 mm par jour. Sans aménagement, les mares arrivent à leur étage, ou assèchement, après trois ou quatre mois environ. Grâce à l'aménagement préconisé, le plan d'eau est maintenu, au départ, à son niveau maximum; la perte par évaporation laissera à la bio-masse un temps de croissance de cinq à six mois, soit environ soixante jours complémentaires, ce qui est énorme.

La productivité naturellement élevée de ces bas-fonds est encore constamment enrichie par la fumure organique des animaux d'élevage venant s'y abreuver, ainsi que par des multitudes d'oiseaux. Dans ces conditions, on peut estimer que les mares aménagées produiront au moins 1 T/Ha. L'avantage énorme de ce type d'aménagement consiste dans sa simplicité, son coût réduit, donc à la portée immédiate des villages concernés, mais sa réalisation demande un suivi technique.

Le second problème est celui de la gestion-exploitation rationnelle du stock poisson. Pour ce faire, il convientd'aménager des trous à poissons dans l'assiette de la mare (à l'assec ou à l'étiage), c'est-à-dire créer des bassins-refuges et de capture d'environ 20–30 m de large sur 40–60 m de long et un mètre de profondeur (dimensions à revoir après expérience). Selon la longueur ou l'importance de la mare, deux à quatre bassins de ce type seront aménagés. Au fur et à mesure de l'evaporation du plan d'eau, le poisson trouvera aux heures chaudes un meilleur environnement dans ces refuges où l'eau sera plus fraîche; ils serviront également de chambre de capture. Ce type d'aménagement n'est possible que dans les mares autrophes (non encaissées).

Le premier stock à exploiter sera celui des Alestes souvent très important, dont la capture traditionnelle à l'amorce de la décrue va changer complètement. Il faudra attendre que la mare ait diminué, par évaporation, d'un tiers environ de sa hauteur avant de commencer la pêche d'Alestes; c'est un poisson de surface dont les bancs sont facilement repérables. Il faudra tester ici un filet en monofilament de nylon transparent, à mailles de huit mm de côté à monter et manoeuvrer comme une senne (chute 1,50 à 2 m, longueur 200 m environ). Un tel engin empêche tout maillage du poisson; les espèces juvéniles autres qu'Alestes, capturées vivantes, pourront être remises à l'eau sans dommage, pour grossissement.

Quant l'eau sera réduite de près de la moitié, d'autres pêches dirigées devraient commencer, cette fois à l'aide de filets droits à mailles sélectives (filets maillants) de quatre à six cm de côté de manière à ne capturer que les gros poissons. Ces filets posés en surface peuvent être manoeuvrés à la manière d'une senne ou suivant la technique de pêche à la frappe. Espacer ces pêches de quinze jours.

Quand l'eau arrivera à 50 cm environ au-dessus du niveau des bassins-refuges, on poursuivra les pêches dirigées en réutilisant le même type de filet que pour Alestes, à manoe vrer dans l'aire de ces bassins; opération à renouverler de quinze en quinze jours jusqu'à l'étiage. Le menu fretin serait laissé dans les trous refuges, sauf s'il y a menace d'assec.

Cette technique rationnelle de gestion des stocks élimine la pêche collective. Dans l'aménagement des mares et la gestion des stocks, il semble que ce soit là les meilleures mesures à préconiser, assurant la maïtrise de la crue, permettant au poisson de croître normalement dans un environnement plus favorable, de l'exploiter rationnellement tout en préservant, dans la mesure du possible, les poissons juvéniles susceptibles de reconstituer les stocks au cours de la crue suivante.

Ces mesures devraient être discutées au niveau des communautés pour obtenir leur adhésion-participation, du fait du changement radical qu'elles apportent dans une tradition bien établie: pêches dirigées rationnelles au lieu d'une pêche collective, souvent exterminatrice.

Sur le plan piscicole, il n'y a pas lieu d'envisager actuellement un type quelconque d'empoissonnement complémentaire des mares.

(i) En conclusion

Les project d'aménagement pilote des mares résiduelles proposés par l'Opération pêche Mopti, en collaboration avec les populations concernées, méritent le plus vif èncouragement. En effet, leur impact socio-économique sur l'aménagement, à terme, de l'ensemble des mares du Delta, peut être considérable; à ce titre, le projet présenté en annexe prévoit fournir un appui matériel et technique ponctuel, pour le suivi de ces essais, ainsi que pour les améliorations qu'ils pourraient comporter. Une mission d'un technologiste des pêches est prévue pour la mise au point des diverses techniques de capture à vulgariser.

5.2.2.2. BANDIAGARA


(i) Les barrages de retenues du Pays Dogon

Cette sous-région présente un relief très rocailleux où aucune rivière n'a un caractère permanent. Dans cette zone, G.T.Z. réalise un programme de barrages-retenues d'eaux dont certains à caractère permanent, d'autres, semi-permanents; ils servent notamment au développement des cultures irriguées et du maraîchage. Quatre barrages permanents existent déjà dont deux ont été visités: Daga et Tegourou.

Le premier présente d'excellentes qualités piscicoles: pH7 et une forte productivité de phyto-zooplancton; il n'y a aucun doute que la potentialité de ce plan d'eau est élevée. Il semblerait que Clarias et/ou Chrisychthys s'y soient introduits fortuitement, mais le Laboratoire de Mopti, faute de moyens, n'y a fait aucun déversement et n'y a opéré aucune pêche de contrôle.

Le second bassin en aval du premier présente un contexte assez différent: moins profond, avec abondance d'algues supérieures, et envahissement en surface de Nymphea, mais il n'y a aucune végétation verticale du genne Typha. Ici, le Laboratoire de Mopti y a effectué un déversement de Tilapia qui a été éliminé suite à un traitement radical des eaux contre l'onchocercose.

Il est absolument évident que dans ces lacs une importante productivité primaire constamment renouvelée n'est pas exploitée, et il conviendrait donc d'y programmer une intervention piscicole et d'en assurer le suivi, en collaboration avec le Laboratoire de Mopti.

Ces bassins-réservoirs dispersés en Pays Dogon représentent la seule possibilité pour les populations locales, de disposer de poisson frais et améliorer ainsi leur qualité de vie, par une meilleure alimentation.

Aucune autre forme de pisciculture, de type familial ou autre, ne peut être envisagée dans le contexte spécifique de cette zone.

(ii) Conclusion - Recommandation

Dans le cadre du projet annexe, et en collaboration avec le Laboratoire de Mopti, réaliser une intervention piscicole ponctuelle et en assurer le suivi, la séquence de l'opération pourrait être la suivante:

A ce moment, organiser la collecte des statistiques bio-économiques.

Une brigade pêche-pisciculture (Mopti) devrait superviser cette opération en collaboration avec le Laboratoire, ainsi qu'avec l'Expert associé du projet qui ferait de son côté une étude de milieu.

5.2.2.3. l'Opération rizicole Mopti

l'Elevage dispose, à proximité de Mopti, d'un vaste périmètre ceinturé d'une digue carrossable munie de deux vannes régulatrices permettant la mise sous eau de quelque 40 000 Ha de terres faisant l'objet de riziculture. La spécificité de ce périmètre réside dans le fait que les rizières n'y sont pas délimitées par des casiers aménagés ou individualisés par les diguettes classiques; ici, les champs de riz se suivent simplement à la suite les uns des autres. La mise sous eau s'opère par gravité, lors de la crue du fleuve; quand la lame d'eau atteint 1,50 m d'amplitude (crue moyenne) le site à juste la hauteur d'eau suffisante et la vanne est baissée. Si la crue est trop faible, elle ne remplit alors que les mares résiduelles du site, et la saison rizicole avorte. La période de mise sous eau dure généralement troismois (de Septembre à Décembre).

A l'endroit des vannes règlant la crue, prennent place des grillages métalliques à mailles losangiques de 7 × 3 cm interdisant l'entrée des gros poissons qui pourraient attaquer le riz, mais à travers lesquelles des alevins de 40–50 gr passent aisément. Ces jeunes poissons trouvent dans les rizières d'excellentes conditions de croissance, et trois mois plus tard ils atteignent une taille commerciale. La récolte des poissons en rizières n'est pas organisée et il semble qu'un grand nombre d'entre eux regagnent le fleuve à la décrue, ou se perdent dans les mares résiduelles.

C'est le seul site vocation partiellement piscicole de la région, si l'on fait exception de la possibilité d'adduction d'eau par pompage, spéculation éventuelle dont la viabilité n'est pas évidente. Dans le cas spécifique du site de l'Opération Riz Mopti, il s'agit d'une pisciculture naturelle extensive, à grande échelle, dont la potentialité est probablement três élevée, de l'ordre de 200–300 Kg/Ha/an, peut-être davantage. Ceci signifie qu'en torisnois correspondant à la période de mise sous eau, la productivité du site serait de l'ordre de 50–75 Kg/Ha, soit une biomasse possible de 2 000 à 3 000 T, pour autant qu'un nombre suffisant de jeunes poissons parvienne en ces lieux. Cette production naturelle pouvant être obtenue sans le moindre investissement, il importe de gérer au mieux ce plan d'eau afin qu'il profite au maximum aux collectivités concernées.

(i) Recommandation

A défaut d'aménagement du périmètre en rizières classiques, la meilleur gestion à recommander dans ce cas semble devoir s'organiser et se réaliser au niveau des deux vannes commandant l'accès au site, crue et draînage, où l'on dispose d'une occasion unique de maîtriser le stock poisson à la décrue. Il suffit d'aménager une pêcherie, ou chambre de capture, au sortir de chaque vanne, à l'endroit de la décharge. On suggère ici, non pas de construire de suite un grand bassin en béton armé de 15 m de large sur 25–30 m de long, mais plutôt, dans un premier temps, d'endiguer les parois du chenal de décharge au moyen de sacs de sable, de façon à constituer ce type de bassin rectangulaire, dont l'extremité-aval doit être munie de grillages maintenus en place par de solides piquets (pour empêcher la fuite du poisson).

On capture alors le poisson à l'aide de grandes salabardes ainsi qu'au moyen de filets à fines mailles. Un essai de ce genre, peu coûteux, donnerait une idée réelle des quantités de poissons disponibles et selon les résultats, on pourrait alors envisager l'aménagement définitif de ces pêcheries.

A ce stade, aucune autre technique piscicole ne peut être envisagée, notamment du type empoissonnement complémentaire, car pour obtenir un impact tangible, il faudrait pouvoir disposer en une seule fois, lors de la mise sous eau du site, de quelque 100 millions d'alevins pour assurer une mise en charge minimale de 2 500 poissons/Ha, et maintenir l'élevage pendant 150 jours minimum, ce qui est absolument incompatible avec la technique culturale rizicole.

5.2.2.4. MOPTI - PROJET DE PISCICULTURE INTENSIVE

L'Opération Pêche Mopti projette la mise en place d'une pisciculture intensive à proximité du site de l'O.R.M. proche du fleuve Niger et où l'adduction d'eau par pompage est impérative. La premiére phase du projet concernerait l'aménagement de deux Ha de bassins piscicoles et l'élevage pourrait comporter la spéculation Clarias lazera en association avec Tilapia nilotica. Le coüt de l'investissement initial serait de l'ordre de 40 000 000–50 000 000 F. CFA, y inclus l'installation de pompage.

Sur la base de renseignements recueillis au cours de la mission, il est malaisé d'établir avec assez de certitude un bilan prévisionnel qui démontrerait de manière évidente la rentabilité d'une pisciculture intensive tributaire de l'adduction d'eau par pompage. En effet, beaucoup de facteurs restent trop incertains, notamment:

(i) Recommandation

Toujours dans la même zone, le Comité de développement du village de Komio met en oeuvre un périmètre assez intéressant de 40 Ha de rizières aménagées et irriguées à partir de pompage direct de l'eau du fleuve (deux pompes Lombardini, 20 C.V., débit probable 300 m3/Heure, consommation gas-oil 5–8 l.H.). L'intention des promoteurs serait d'y associer la pisciculture.

En aménageant un bassin de dix ares à proximité du canal répartiteur, ce qui est trēs simple à réaliser de main d'homme, il y aurait là une excellente occasion de mener un essai pilote d'élevage piscicole du type envisagé par l'O.P.M. avant que celle-ci ne se lance dans de gros investissements. Tous les problèmes techniques, matériels et économiques pourraient y être cernés, par un suivi ponctuel dont les résultats détermineraient avec certitude les possibilités réelles de pisciculture intensive, tributaire du pompage des eaux.

5.2.3. CONCLUSIONS GENERALES POUR LA REGION DE MOPTI

Il n'y a pas, dans cette région, de site convenant à la construction d'étangs de pisciculture, ou d'écloserie, qui puisse ëtre alimenté en eau, en permanence, par gravité. Des sites en surélévation ne manquent pas, mais ils seraient obligatoirement tributaires d'un systeme de pompage mécanique dont la viabilité ne peut être actuellement démontrée. Dans ce contexte, cette région n'apparait pas comme prioritaire, sur le plan de la pisciculture.

Par contre dans le domaine de la pëche liée à la pisciculture, cette mëme région figure en haute priorité; un domaine rizicole de 40 000 Ha dont la potentialité piscicole pourrait être de l'ordre de 2 000 – 3 000 T; mais surtout, une multitude de mares, qui aménagées très simplement, permettraient une gestion beaucoup plus rationnelle des stocks piscicoles améliorant ainsi fortement les résultats de la pêche dans la région. Ces mëmes mares constituent sans doute des ‘réserves’ à Clarias lazera qui pourrait faire l'objet d'une pêche spécialisée pour assurer (sans écloserie) les besoins des piscicultures associant Tilapia et Clarias.

Dans cette région ou la pêche est capitale, une brigade pêche-pisciculture bien structurée s'impose pour assurer l'encadrement des pêcheurs (techniques, matériels, statistiques …), l'encadrement et le suivi ponctuel de l'aménagement et de l'exploitation, gestion des stocks piscicoles des mares du Delta, ainsi que de l'aménagement piscicole et des pêches dans les retenues d'eau du Pays Dogon.

5.3. REGION DE SIKASSO

5.3.1. SITUATION GENERALE

C'est la région ‘verte’ du Mali, au relief accidenté et au sol le plus souvent rocailleux, couvert d'une savane boisée assez dense. Malgré qu'elle reçoit 800 à 1 200 mm de pluies annuelles, peu de rivières y ont un cours permanent; elles coulent dans un lit rocheux et encaissé, et dans l'ensemble elles n'offrent, avec le contexte du sol, que très peu de possibilités piscicoles.

5.3.2. EVALUATION DES SITES VISITES

5.3.2.1. KOUTIALA

Aucune rivière à caractère permanent, sauf le Koro Bani faisant limite avec Sikasso, mais au lit profond (8 – 9 m) et trop encaissé. Une petite pisciculture privée, en bassin cimenté, du ‘Paysan noir’, pompant l'eau de la nappe phréatique, inspirée du modèle Vespirene, et sans objet dans ce rapport. Il n'y a pas d'avenir piscicole dans cette zone.

Par contre la C.M.D.T. y a son usine de traitement du coton; elle dispose d'environ 100 T de tourteau de coton par mois, tritant 44% de matières protéiniques, en vente libre à 35 F. CFA/kg. L'usine fabrique également 40 000 à 60 000 T/an d'aliments pour le bétail (à 25% de protéines) considérés comme matière stratégique dont l'obtention sur place implique une procédure assez complexe, à partir de Bamako. Le prix qui était de 15 F. CFA/kg va sans doute passer à 20–25 F CFA/kg.

5.3.2.2. SIKASSO

Centre de production du thé, à Farako, du même nom que la rivière. A quelques Km de là, le bras Farako-est coule en cascade sur des plaques rocheuses affleurantes qui pourraient être le point de prise d'eau de dérivation pour alimenter par gravité un site piscicole que l'on pourrait éventuellement construire à 250 – 300 m en aval, sur le côté rive gauche dans le sens du courant; it y a là, un beau terrain en pente douce où poussent quelques palmiers. Il faudrait au préalable sonder le terrain à la tarière, pour situer la profondeur de la roche sous-jacente; si elle est suffisante (0,50 a 1 m) ce serait un site correct pour y ancrer les digues. Le débit de ce bras de rivière, à l'étiage est encore supérieur à 50 l/sec.

La rive droite de la rivière est impropre à tout aménagement. Le bras Farako-ouest fournit l'eau à l'usine à thé par un canal de dérivation de 1,5 Km de long. La prise d'eau est assurée par une murette en béton de 0,75 m barrant la rivière et servant de déversoir quand il y a excédent d'eau. En période sèche, la totalité de l'eau est absorbée par le thé et il y a donc de ce côté aucune dispo n ibilité pour une pisciculture très problématique, le terrain étant couvert de roches. Il n'y a pas d'autre rivière permanente à Sikasso.

Des projets de construction de petits barrages existent pour retenir les eaux de ruissellement. Ce seront sans doute des retenues à caractère temporaire, chose à vérifier une fois les projets réalisés. Si certains de ces barrages confirment un caractère permanent, on pourrait alors y envisager un petit programme piscicole. Dans ce contexte, Sikasso n'a pas de grand avenir piscicole et n'apparaît certainement pas comme une zone prioritaire.

5.3.2.3. BOUGOUNI

A 150 Km au Sud, près de la frontière de Côte d'Ivoire, le comité de développement de Manankoro/propose de faire une dérivation sur la rivière frontalière Dégou pour irriguer une plaine rizicole. Cette rivière coule ensuite dans une vallée assez large, inondée aux pluies, mais pour laquelle des plans d'aménagement à des fins agricoles existent. Actuellement il n'y a aucune intervention piscicole possible. Par ailleurs, dans la forêt classée de Siankadougou (6 000 Ha) à 75 Km au Nord de Bougouni, existe une mare permanente, vraisemblablement un défluant de la rivière Baoulé qui la réalimente en période de crue. L'organisation de la pêche y serait sans doute indiquée.

Comme à Sikasso, Bougouni n'a pas de grand avenir piscicole mais si, après l'aménagement de certaines vallées, des possibilités piscicoles se confirment, le site de Sélingué serait capable de fournir tous les alevins nécessaires.

5.3.2.4. SELINGUE

Le site de Sélingué présente un cas d'exception en région de Sikasso. Grâce au barrage de la Sankarani, un lac artificiel de 40 000 Ha fournit l'énergie et permet, en aval, le développement d'un vaste périmetre agricole dont actuellement 4 000 Ha sont aménagés, parmi lesquels 1 000 Ha en casiers rizicoles irrigués. Une importante infrastructure de canaux d'irrigation est mise en place; à la fin de chaque secteur desservi par un canal secondaire, existent des bassins longitudinaux (créés par le pŕelèvement des terres d'emprunt pour élever les digues) de récupération des eaux excédentaires, dont l'ensemble couvre environ 15 – 20 Ha; ils sont en communication avec les canaux tertiaires constituant le système de drainage des casiers, et en aval un canal d'évacuation permet, à son tour, le drainage de ces bassins.

L'existence de ces bassins résiduels, où l'adduction d'eau et le drainage s'exercent à volonté, présente l'énorme avantage de pouvoir fonotionner comme écloserie à Tilapia, sans investissements importants; il faut seulement y effectuer quelques aménagements tels que: le nivellement du fond; le redressement/rectification des parois; ainsi que les séparations intercalaires nécessaires pour disposer de bassins en série, soit par endiguement léger ou par barrières faites de grillage plastique rigide (Nortène, France) à fines mailles; la mise en fonction (écloseries) des bassins résiduels (15 – 20 Ha) représente à terme, une potentialité de production annuelle de 20 000 000 d'alevins, soit une production suffisante pour couvrir tous les besoins piscicoles d'un périmètre rizicole irrigué d'une étendue de 4 000 Ha, soit probablement l'horizon 2 000 du secteur. (Voir figure No. 3, page 42.)

(i) Proposition/Recommandation

Considérant les conditions exceptionnellement favorables de l'infrastructure en place et des perspectives d'avenir, le projet annexe propose, en première phase, l'aménagement d'une seule série des bassins résiduels, sur une surface de 1,5 Ha, pour en faire à très peu de frais une station piscicole productrice d'alevins, devant servir à l'introduction, démonstration et vulgarisation de la rizi-pisciculture dans la zone de Sélingué identifiée comme prioritaire. L'agencement du site comprendra quelques bassins de reproduction de cinq ou six ares séparés par des digues transversales, et des bassins d'alevinage de 10 – 15 ares séparés par de simples grillages (enclos).

(ii) Nourrissage du poisson

Le problème de l'approvisionnement en nourriture des poissons en écloserie à Sélingué semble pouvoir être résolu assez facilement, en raison des disponibilités en tourteau de coton à Koutiala, et la possibilité de disposer bientôt sur place de farine basse de riz (rizière en projet). Il est question également de créer dans la zone une fabrique d'aliments pour élevages aviaires, ce qui faciliterait les choses, car en général la provende volaille est très acceptable pour le poisson.

(iii) Rizi-Pisciculture: suggestion pour la conduite d'un essai pilote

On possède ici la maîtrise absolue et permanente de l'eau. En rizière irriguée recevant la fumure chimique (cas de Sélingué) se développent naturellement les conditions favorables pour la conduite d'élevages piscicoles, d'autant plus que l'on utilise pas de produits toxiques, insecticides, fongicides … Bien mieux: on programme ici la conduite de deux cultures successives du riz, ce qui assure une possibilité d'élevage du poisson pendant la période idéale de cinq ou six mois, au bout desquels on peut escompter de très beaux résultats. Il importe donc de prendre appui sur ce planning agricole pour y introduire la notion de l'élevage piscicole associé, en débutant par un essai pilote basé sur les données suivantes:

(iv) Possibilités piscicoles, en relation avec la pêche dans le lac de barrage

(iv.1) Institution et fonctionnement

La gestion du site de Sélingué relève du Ministère de Tutelle des Sociétés et Entreprises d'Etat. On vise particulièrement ici la réalisation d'un programme intégré comprenant l'énergie, l'agriculture et la pêche. En ce qui concerne la pêche, une Brigade dirigée par un ingénieur E.F. a mené une enquête-cadre et réalise ponctuellement, au débarcadère principal près de Sélingué (et en collaboration complaisante avec pêcheurs et collectrices poisson) des observations statistiques pondérales par espèces.

Il existe également un laboratoire d'hydrobiologie dirigé par une biologiste (seule) qui effectue, avec l'aide d'un labo-allemand, des recherches sur la productivité primaire, l'analyse physico-chimique des eaux, etc.; elle analyse et interprète également les données statistiques fournies par la brigade des pêches, indiquant les tendances de l'évolution des stocks exploités.

La production actuelle se situe entre 2 000 et 3 000 T/an; les captures observées au débarcadère laissent l'impression d'une sous-exploitation des stocks. Cependant certaines pêches effectuées par filets maillants et éperviers à mailles trop fines, capturent les formes juvéniles d'espèces économiques (malgré la réglementation) facilement commercialisées en raison de la proximité du marché de Bamako. Toutefois, le bassin lacustre n'a été débaisé que très partiellement, ce qui empêche l'emploi d'engins destructeurs tels que la senne de plage. La forêt sous-marine présente, constitue autant de zones-refuges où la plupart des poissons restent suffisamment protégés, notamment les démersaux. Les stocks vivant plus près du littoral, tels que Tilapia, sont plus directement menacés, bien qu'ils aient dans l'ensemble un pouvoir de résilience très élevé. Par ailleurs certains autres poissons, tels que Pellonulla, pélagiques par excellence, ne sont pas exploités par manque d'une technique de pêche adéquate, comme par exemple la pêche au lamparo combinée au carrelet.

Le manque de moyen, de matériels, de personnel ainsi que de formation spécialisée (halieutes) empêche d'aborder les problèmes de la pêche, en profondeur.

(iv.2) Propositions d'intervention

A court et moyen termes:

Les statistiques économiques actuelles devraient ëtre complétées par des observations biologiques ponctuelles, par analyse d'échantillons mensuels par espèces (relation taille-poids, class d'äge ou mode apparent, maturité sexuelle, contenus stomacaux etc.) le recueil et l'interprétation de ces données permettraient de mieux cerner l'évolution des stocks, et fourniraient tous les éléments nécessaires à leur aménagement, ainsi qu'à l'aménagement des pêches.

Il serait donc indiqué de renforcer la Brigade de pêches et le laboratoire en équipements et matériels élémentaires à leurs fonctions, ainsi que par un complément de formation (recyclage et bourses) pour parvenir au contròle et à la maîtrise de la gestion des ressources halieutiques du lac.

A long terme:

En fonction de l'évolution des stocks, procéder aux aménagements nécessaires; effort de pêche équilibré sur les différentes espèces; encadrement technique des pêcheurs; approvisionnement organisé de ma t ériel adéquat; suspension momentanée de capture de certaines espèces/protection de leur reproduction, par consensus; éventuellement introduction d'espèces nouvelles pour combler certains vides dans les niches écologiques, etc….

Alternative:

Des possibilités physiques d'élevages intensifs en cages existent de toute évidence, mais elles restent tributaires d'une alimentation adéquate problématique; d'une écloserie productrice d'alevins (par exemple pour Clarias); de l'assurance qu'il n'y a pas de danger de ‘turn over’ des eaux lacustres, ainsi que de la rentabilité de cette spéculation. Une telle opération ne paraît pas du tout prioritaire dans ce secteur.

(iv.3) Conclusion

En raison de l'enjeu socio-économique du site piscicole et lacustre de Sélingué, et du fait des très nombreux problèmes, pêche et pisciculture posés, le projet annexe préconise en complément du Centre piscicole déjà cité, l'affectation d'un expert-associé pour renforcer le personnel en place et l'aider à assurer le suivi de toutes les opérations envisagées; un support matériel d'équipements de base nécessaires à ces opérations; des consultations spécifiques notamment sur les aspects techniques des pêches et des aménagements piscicoles; des bourses de formation, particulièrement dans le domaine halieutique.

5.3.3. CONCLUSIONS GENERALES SUR LA REGION DE SIKASSO

Dans son ensemble, la région de Sikasso n'a pas un grand avenir piscicole, mais cette impression est complètement effacée par le site exceptionnellement favorable de Sélingué qui, sur le plan pêche et pisciculture figure au premier plan des priorités.

De par sa situation géographique privilégiée, Sélingué se trouve à deux heures de route de Bamako; de ce fait le lac sera de toute évidence de plus en plus fortement sollicité. Il faut donc ici redoubler de vigilance et renforcer les structures d'encadrement technico-scientifiques encore insuffisantes, afin de parvenir à rationaliser les pêches avant qu'il ne soit trop tard.

Sur le plan piscicole, la topographie de l'infrastructure en place, fait de Sélingué le meilleur site du pays, propice à la construction de n'importe quel type d'écloserie. On préconise ici l'aménagement direct d'une simple station piscicole productrice d'alevins Tilapia parce que dans l'immédiat c'est l'outil de travail qui répond le mieux à la capacité d'absorption technoéconomique du pays; mais à terme, il n'y aura auncun problème d'édifier à Sélingué une écloserie plus sophistiquée pour la reproduction induite de certaines espèces piscicoles recherchées, comme par exemple Clarias lazera.

Les techniques culturales rizicoles en double saison, particulièrement intéressantes pour les associer à la pisciculture, imposent pratiquement Sélingué comme champ d'action pilote pour la promotion de la rizi-pisciculture en milieu rural, où sa spécificité comme sa position excentrique par rapport aux autres zones prioritaires (comme Ségou par exemple) y justifient d'autant plus une action localisée, ponctuelle. Ce sont les raisons pour lesquelles le projet annexe intègre Sélingué dans son plan d'opérations qui se veut d'envergure nationale.

5.4. REGION DE KAYES

La mission n'a pas été en mesure de visiter cette région, mais elle a obtenu des renseignements suffisants à partir de Sélingué: lac de retenue à Manantali de plus de 40 000 Ha et surtout vaste périmètre agricole irrigué. En fait Manantali sera à Kayes un cas d'espèce semblable à celui de Sélingué/pour la région de Sikasso. La pêche comme la pisciculture seront appelés plus tard à y jouer un rôle socio-économique de premier ordre, dont devra tenir compte le plan directeur de développement pêche-pisciculture prévu dans le projet annexe vers 1990. Compte tenu de l'avancement des travaux, cette région bien qu'à forte potentialité localisée au site de Manantali, ne peut être considérée, dans ce rapport, comme prioritaire.


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