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V. CONSTATATIONS

A. Constatations générales

Sur le terrain, plusieurs responsables et partenaires du projet ont exprimer leur satisfaction quand aux actions réalisées. Ils ont souligné que beaucoup plus d'actions ont été réalisées en 18 mois que pendant les 3 années précédentes. Certes la construction de plus de 200 étangs piscicoles est antérieure à 1990, mais aujourd'hui plus de la moitié est fonctionnelle et beaucoup plus de pisciculteurs privés ont adressé au projet des demandes d'assistance technique aussi bien dans la construction des étangs qu'en formation.

Par ailleurs, les besoins en alevins exprimés et l'intérêt public dépassent la capacité actuelle des stations piscicoles. Ainsi donc la capture massive des alevins dans les eaux libres est un besoin urgent.

Evénement: Les événements politiques de mars 1991 ont ralenti pendant plus d'un mois les déplacements du personnel du Projet entre Bamako, Sélingué et Molodo. Une visite des responsables du PNUD Bamako au chantier de Molodo a du être ajournée. D'autre part, le château d'eau du Centre de Formation a été fortement endommagé lors des troubles de Bamako et cela a retardé son installation au Centre de Molodo.

Le retard total estimé dans le programme de finition des constructions prévues est de l'ordre de trois mois.

Approche programme: La mission a été mise au courant de “l'approche programme” du PNUD. Cette approche consiste à grouper sous une même administration les projets actuellement exécutés par la FAO. Les enveloppes prévues pour chacune des filières seront révisables annuellement au vu des résultats.

La mission s'étonne de voir trois projets aussi différents que la “Protection des Végétaux”, la “Protection de semences sélectionnées” et le “Développement de la Pisciculture” placés sous le même coordinateur du terrain. La mission pense que cet amalgame doit absolument être évité si l'on veut que le développement de la pisciculture puisse se faire conformément au plan établi.

La mission propose que la composante “Pêche” soit développée au sein de la même administration que le projet pisciculture, mais que ces deux actions soient tenues strictement séparées des autres projets.

B. Constatations spécifiques:

Le rapport du Consultant:

Le rapport sur le travail du Consultant M. Modesto Chavez est vraiment inutile comme réponse aux termes de référence de sa tâche. Le rapport rendu qui n'a rien à voir avec les termes de référence trés spécifiques est aussi d'une qualité sous-standard. Son rapport est plutôt une tournée à travers toutes les stations piscicoles mais pas d'un travail directement sur les endroits et des localités cibles pour la collecte des alevin.

Des questions doivent être posées: comment-a-t-il été recruté par la FAO? Quelles étaient ses expériences pertinentes et recommandées pour cette tâche particulière et ponctuelle et bien définie? Pourquoi un tel rapport est accepté quand son contenu est non conforme aux termes de référence?

Pour éviter le gaspillage du financement très limité des consultations, la mission recommande que la FAO exerce un contrôle rigoureux sur la sélection des Consultants pour les travaux d'une importance pour le projet qui a eu tellement de difficultés avec les Experts inappropriés.

Production d'alevins:

La production d'alevins de Tilapia du Nil dans les trois stations d'alevinage gérées par le projet n'a pas encore atteint les objectifs décrits dans le document du projet. Ceci est dû à plusieurs facteurs, notamment la difficulté de constituer un stock de géniteurs en qualité et en nombre suffisants, la mutation ailleurs dans le service des Eaux et Forêts, des difficultés pour suivre les programmes de gestion des stocks, et le fait que les étangs a Molodo ne sont pas encore complètement terminés.

Il existe au Mali un potentiel énorme dans la récolte d'alevins sauvages, notamment les silures, qui sont actuellement consommés, partout en Afrique. Cette récolte traditionnelle se fait dans les mois de novembre/décembre lorsque les eaux sur la plaine d'inondation se retirent dans le lit de fleuve. Ces alevins sont encore disponibles en grande quantité lors de la vidange des champs de riz. Les possibilites de la collecte, stockage/distribution et commercialisation des alevins vivants offriront des grandes debouchés.

Leur utilisation pour la pisciculture est donc évidente. Le projet a fait des premier essais pour récupérer ces alevins et plus de 60,000 ont été récoltés en quelques jours. Il y a cependant beaucoup à faire avant que les techniques de transport et stockage de ces alevins soient mises au point avec succes et d'être vulgariser.

Délai pour l'approbation de la révision budgétaire ‘L’:

Par la suite de la réunion tripartite en mars 1990, il a été proposé une révision budgétaire majeure pour pouvoir enfin réaliser les recommandations acceptées. Une révision mineure d'environ $250.000 a été accordée par le PNUD en juin 1990. Depuis cette date, le CTP du projet a dû proposer 14 versions du document dont le point d'inquiétude était le financement des infrastructures, surtout les maisons et bâtiments divers. Le PNUD souhaite limiter au maximum le financement des constructions, conformément à son mandat. La révision ‘L’ a été approuvée en fin février 1992.

Ce retard a bouleversé le déroulement du projet, notamment le planning, le programme de formation au Centre, et la production d'alevins. Les étangs de démonstration à Molodo sont inachevés. Le temps et l'effort consacrés par le CTP à refaire et présenter ces révisions successives l'ont détourné des activités du projet pour lesquelles son expertise était nécessaire.

Centre Piscicole National à Molodo:

Les bâtiments compris dans le centre de formation ont été achevés fin 1991. Il a déjà abrité cinq sessions de formation. Le centre a été bien conçu. Il reste à équiper le laboratoire et les bureaux avec le matériel commandé ou déjà arrivé.

Les 12 étangs de démonstration et d'alevinage ne sont pas encore totalement terminés. Il reste à construire 6 moines, terminer la pose des tuyaux de vidange, et construire un canal de vidange. Ces travaux ont été arrêtés en 6/91 car la révision budgétaire n'a pas été signée en temps opportun. Il y a un retard du au problémes de terrassement dans une zone marécageuse, donc on ne peut travailler que 6 mois de l'année.

La mission respecte la décision de la mise en eau et empoissonnement des étangs non terminés visant une production d'alevins plus rapide. Néanmoins, l'objectif de produire 150.000 à 200.000 alevins par an a Molodo est mise en jeu compte tenu des dérangements nécessaires pour terminer les travaux. La production d'alevins à Molodo était encore bouleversé par la mutation du chef de centre.

Station de Kourouma:

La construction des bâtiments légers, un bureau, magasin de stockage, maison du gardien, hangar et bacs de triage s'est achevée en Novembre 1990. La station en état de fonction et produit actuellement des alevins de tilapia donc 30.000 en 1990 et 45.000 en 1991. Ces chiffres sont loin de la capacité de la station. Les problémes de l'affectation des agents et le niveau technique et motivation du personnel sur place sont à résoudre.

Station de San:

La station de San a été mise en veilleuse par le projet à cause des problèmes d'approvisionnement d'eau. Le projet veut céder la station à la C.M.D.T. qui est l'agence responsable pour la gestion hydrologique de la zone. Le projet/service des Eaux et Forêts assure la formation des agents et l'appui technique selon besoin. La mission trouve que cette solution convient aux objectifs du projet et elle est d'ailleurs la seule solution pratique visant la pérennité de l'activité.

Station de Sélingué:

La construction prévue par le document du projet dont la pose d'une clôture et deux étangs supplémentaires à la station piscicole de OEHRN est fait. La station n'arrive pas à fournir suffisamment d'alevins de Tilapia nilotica pour les mêmes problémes mentionnés ailleurs. Les essais de capture d'alevins de tilapia sauvage dans les canaux du périmétre ont eu lieu avec un résultat mitigé. On a récolté un nombre assez important mais il y a davantage des alevins de T. galilea et T. zilli que de T. nilotica, l'espèce de choix pour la pisciculture. Les pisciculteurs sont obligés de se servir de T. galilea. Cependant, le capture des alevins de silure a réussi.

Les activités piscicoles dans le périmètre irrigué en aval du barrage de Sélingé sont en bonne voie. Le projet, en proche liaison avec le OEHRN, a fait une série d'essais dans les emprunts de terrassement et canaux de vidange dont il existe plus de 25 Ha. Bien qu'il y ait des difficultés dans les premiers essais, les résultats sont encourageants.

Collecte des alevins:

Le Mali représente un cas unique dans le développement de pisciculture Africaine. Le silure (Clarias sp.) est très apprécié par la population et se vend facilement. Cet espèce, robuste et omnivore, a déjà été l'objet de plusieurs projets de développement piscicole en Afrique, dont on a une bonne connaissance. Le problème ailleurs en Afrique était l'approvisionnement en alevins, dont on dispose en quantité énorme au Mali, pendant les mois d'octobre et novembre, dans la plaine du Delta innondee.

Il reste à trouver les techniques adaptées au conditions Maliennes pour la collecte, stockage et transport de ces alevins, pour les commercialiser en assurant leur survie efficace malgré des conditions difficiles.

Aspects du pisciculture Malienne:

La mission a beaucoup apprécié les efforts piscicoles des privés et organismes dont l'Institut Polytechnique Rural de Katibougou et le Centre Père Michel ou l'entretien soigneux des étangs laisse une meilleure impression que ceux des stations non-finie du projet. Les installations des stations piscicoles du projet devraient être establis comme de mos modèles. Compte tenu des investissements importants déjà consentis, il est donc prioritaire de finir les stations dans les meilleurs délais.

Au Mali, la pisciculture de production marchande commence à se développer en zones rurales et péri-urbaines comme une activité contribuant à l'accroissement des revenus et à la valorisation des divers plans d'eau. Dans le contexte actuel d'ajustement structurel, cette activité doit se développer avec tous les opérateurs privés existants (paysans, pêcheurs, entrepreneurs)

Compte tenu de la situation particulièrement favorable du Mali (disponibilité d'alevins, grandes superficies d'eaux libres etc…) le développement de la pisciculture peut à terme constituer un élément de réduction des effets néfastes des aléas climatiques et de gestion rationnelle de l'écosystème agricole (diversification des activités, intégration agriculture/élevage).

Dans la zone d'intervention du projet, il existe d'évidentes opportunités pour une participation plus accrue des femmes aux différentes activités de pisciculture, la commercialisation des alevins vivants en particulier. A cet égard, il convient de souligner que la coopérative des femmes de Dougabougou qui a déjà adressé au Projet une demande d'assistance technique pourrait être un des partenaires de choix dans la promotion et le renforcement de la participation des femmes rurales.

Plan Directeur:

La pisciculture Malienne est sur les premiers pas, mais déjà les paysans, entrepreneurs, et décideurs envisagent un avenir plein de potentiel. Un Plan Directeur de cette activité à l'échelle nationale doit prendre en considération les faits suivants:

Cependant, la restauration de la pêche dans le Delta Central du Niger, qui produisait auparavant plus de 100.000 tonnes de poissons par an est évidemment plus importante et mérite davantage d'effort au niveau national.

Pour l'autosuffisance alimentaire du Mali en poisson aussi que pour les benefices, les devises étrangères et d'emploi partout dans le pays, la restauration de la grande pêcherie est d'une importance nationale et régionale très significatif.

Observations sur les pompes et panneaux solaires: (Mali Aqua Viva)

L'ONG Mali Aqua Viva a introduit l'équipement des forages avec pompe solaire depuis 1980. Il y ont actuellement 150 installations avec une garantie de 5 ans pour la pompe électrique et 10 ans pour les panneaux solaires. Les panneaux solaires sont fournis à un prix forfaitaire, subventionnés par les églises et villes d'Europe. Par la suite les pompes solaires sont en vente au Mali par les agences privés à un prix d'environ 60% plus élevé qu'en Europe.

Dans la suite les forages équipés de pompe solaire sont des sources permanentes d'eau potable d'une importance vitale pour les usages domestiques, pour l'abreuvement du cheptel et de la culture maraîchère; surtout dans les villages éloignées des fleuves.

Dans certains cas l'eau de trop plein alimente des étangs et mares (empoissonés par le projet) qui produisent entre 300 et 1000 kg de poisson frais par an. Les avantages de l'introduction du poisson dans les zones dotées de ces installations sont multiples:

La mission recommande que ces initiatives soient soutenues et mises en valeur par les agents d'encadrement du projet, et soigneusement suivis et chiffrees.

CILSS: Projet Régional Energie Photovoltaique - FED/CILSS

La mission précise qu'un projet régional FED a programmé de fournir 180 pompes solaires pour le Mali pour les communautés demunies. Leurs installations seront assurées par le financement FED avec le but d'utiliser l'énergie solaire et le gaz butane pour l'adduction de l'eau de forage. Les zones d'intervention seront Mopti et Ségou. Les pompes ont un débit de 30 à 120 mètres cube/jour. Il y a donc un potentiel d'aménagement piscicole dans tous les pays du CILSS que la FAO doit considérer comme une opportinuté régionale donc d'en élargir l'expérience qui reste à être maitrisée par le Projet.

VOLET PECHES - UN NOUVEAU PROJET

Dans un passé non lointain, la pêche au Mali était la troisième activité économique du pays donnant de l'emploi à près de 300.000 personnes. La plus grande prise annuelle de l'ordre de 150.000 MT (en 1960–1970) a tombé à 50.000 MT.

Les raisons de cette chute drastique sont variées. Les règles coutumières, les clôtures périodiques ou spatiales de la pêche ont été bouleversées. La sécheresse prolongée et la surexploitation de pêcheries ont sévèrement affecté le stock de poisson. La zone principale de pêche au Mali est le Delta Central du Niger avec divers plans d'eau y compris des lacs, bras morts et la vaste plaine d'inondation.

La dernière mission d'évaluation a recommandé que les problèmes complexes de la pêche soient traités par un projet séparé et formulé selon des composantes prioritaires bien identifiées. Ajourd'hui la formulation de ce projet est toujours une nécessité, à part entier.

Le nouveau projet doit concerner les éléments ci-après;

Les composantes et les rayons d'action doivent être précisés par la DREF, Opérations Pêche etc… afin que le projet s'intègre directement dans leurs activités dans la zone avec leur engagement budgétaire et la participation pleine des communautés sédentaires et villages riveraines et lacustrianes.

Ce volet pêche doit élaborer également des réglémentations adaptées aux conditions de la zone, et pertinentes et applicables dans d'autres pays du fleuve Niger.


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