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7.- LEGANES ET MUNOZ

Un projet de développement pêches intérieures dont les activités portent sur les recherches, la formation et la vulgarisation est localisé dans deux centres : le Centre d'Aquaculture d'eau saumâtre de Leganes et le Centre d'Aquaculture d'eau douce de Munoz. Dans ces deux centres, les objectifs sont identiques et cherchent à :

Plusieurs agences collaborent dans la réalisation de ce projet:

Les études en laboratoire sont axées sur :

Tous les laboratoires sont dotés d'équipements permettant aux chercheurs de bien mener leurs expériences (Voir liste sous-chapitre 2.2).

7.1 - Leganes, à 17 Km au Nord-Est d'Iloilo-City

71.1 - Activités principales

Le Centre d'Aquaculture d'eau saumâtre de Leganes est une station de recherches qui comporte des bureaux, des laboratoires, des écloseries, des étangs et une salle de projection. En étroite collaboration avec l'Université des Philippines, le centre se spécialise en formations sanctionnées par l'obtention des diplômes Maîtrise Sciences et Doctorat. Il forme aussi les pisciculteurs privés.

Le Bureau des Pêches et des Ressources Aquatiques (B.F.A.R.) y dispose d'étangs de plus grandes superficies où sont confirmés ou infirmés les résultats de recherches obtenus en petits étangs.

Une autre particularité du centre est la création récente d'une division Sols Acides. En effet, durant les saisons de pluie, les sols des digues sont facilement érodés et sont transportés dans les étangs mêmes. Or, il se trouve que ces sols contiennent du soufre et des oxydes de fer en excès qui entraînent une baisse considérable du pH, tombant parfois jusqu'à 4,5. Des mortalités terribles s'ensuivent.

71.2 - Autres activités

7.2 - Munoz, à 150 Km au Nord de Manille

Le Centre d'Aquaculture d'eau douce de Munoz, Nueva Ecija, s'étend sur une superficie de 20 hectares d'étangs formés de 100 unités, de 2,5 ha de rizières et 1 hectare de réservoir destiné à compenser les pertes par évapo-transpiration. Des travaux d'extension du centre sont en cours.

Le Centre basait ses recherches sur les mises au point des techniques de :

Les espèces utilisées au Centre sont le Tilapia sp, la carpe commune, la carpe argentée, la carpe à grosse tête, le chanos, le poisson-chat, les Penacidés et la moule.

72.1 - La rizipisciculture

Cette activité est rapportée exister aux Philippines depuis 1917. Elle a perdu de son ampleur ces dernières années depuis l'emploi d'insecticides toxiques en rizière. Elle a surgi de nouveau depuis l'introduction par l'Institut International de Recherches de variétés de riz résistantes aux maladies et aux insectes et de la découverte de pesticides qui n'ont pas d'effets toxiques sur les poissons.

Il existe aux Philippines 1.500.000 hectares de rizières irriguées et la pisciculture est uniquement conseillée en rizières où les niveaux et la qualité de l'eau peuvent être contrôlés.

Des expériences conduites depuis 1974 au Centre d'Aquaculture d'eau douce de Munoz se poursuivent et ont pour objectif principal l'amélioration des productions riz et poisson élevé en rizières en essayant de déterminer les données appropriées sur la densité de mise en charge, les tailles des poissons à la mise en charge, les espèces à utiliser, les doses non léthales et méthodes d'application des engrais et des pesticides. Les futurs essais porteront également sur la polyculture, le nourrissage des poissons, la gestion de l'eau. Le Centre a mis au point un certain nombre de techniques qui sont déjà vulgarisées auprès des fermiers et qui sont résumées ci-après :

Rizières : Superficie : 2 ares
Maîtrise d'eau
Sol argileux

Aménagements :
Canaux périphériques de 40–50cm de profondeur et 50–100cm de large et/ou trou-refuge.

Diguettes : 50cm à la base et 30–40cm au sommet; 40cm de hauteur.

Grillage métallique : à l'entrée et à la sortie de l'eau.

Eau d'alimentation : Hauteur d'eau : 5–10cm à la mise en charge, progressivement élevée et ce jusqu'à 10–15cm au fur et à mesure que les poissons et les plants de riz croissent. Tout empoissonnement est précédé d'un test destiné à savoir si l'eau est indemne de pesticides ou d'autres produits pouvant tuer les poissons.

Densité : 4.000 carpillons/ha
2.000 Tilapia nilotica/ha

Charge : 1 semaine après repiquage

Durée d'élevage : 94 jours

Traitements :

Très rarement, le Centre recommande aux éleveurs d'alterner l'élevage de poisson et la culture de riz. Dans ce cas, les pesticides n'ont pas d'effet nooif sur les poissons.

Résultats

Poissons : Carpe commune : 165 Kg/ha; Poids moyen : 94,7 g
T. nilotica : 128 Kg/ha; Poids moyen : 47,5 g

Riz : 6.550 Tonnes/ha

Il résulte de ces données qu'à Madagascar et aux Philippines, les techniques rizipiscicoles sont identiques.

Un rendement de 100 Kg/ha/poisson est considéré comme satisfaisant bien que la plupart des poissons ne pesaient individuellement à la vidange que 50 g.

Le tableau suivant montre une analyse économique partielle de l'activité riz-poisson sur une superficie d'l ha, résultant d'un test réalisé sur terrain dans plusieurs régions des Philippines :

DépensesFMGRecettesFMG (4)
Grillages métalliques22.000Vente de poissons315.315    
Achats de poissons et transports59.400  
Constructions de digues, de canaux périphériques et de grillages12.320  
Revenu réduit (5)121.000  
Revenu net100.595  
 315.315 315.315    

(4) 1 $ U.S. = 220 FMG
(5) Réduction due à la perte de rendement-riz par la construction de canaux.

L'analyse statistique comparant les rendements riz (riz seulement et riz-poisson) a cependant montré qu'il n'y a pas de différence significative entre les deux traitements au seuil de probabilité 0,01.

72.2 - La culture en cage

Il s'agit de cages flottantes (Voir photo) aveccharpente en bois et avec parois constituées de matériel synthétique (polyéthylène). Chaque cage a pour dimensions 1 × 1 × 1 mètre et comporte un couvercle et un système de nourrissage disposé à l'intérieur.

Les cages sont installées dans l'enceinte même de l'Université de Munoz, en étang où l'eau est constamment renouvelée.

Voici quelques données chiffrées sur l'élevage de poisson en cage :

Espèce utilisée : Tilapia nilotica

Mise en charge : 250 unités de 10 g

Durée de l'élevage : 3 mois. Au 2è. mois, les poissons sont sexés; seuls les mâles qui ont une croissance rapide sont remis en cage à la même densité de stockage.

Nourriture : Farine de poisson et son de riz
Ration réajustée à 3–5% du poids total toutes les deux semaines

Taux de conversion : 2,5

Résultats : 20–25 Kg de poisson; Poids moyen individuel : 200 g

Prix sur le marché : 250–380 Fmg/Kg

Main-d'oeuvre : 2 personnes/10–20 cages/2 heures par jour

Prix de revient d'une cage : 1.500–2.500 FMG; la fluctuation de prix dépend de la nature du matériel utilisé.

Durée de la cage : 2 ans

Bien que pratiquée depuis longtemps dans d'autres pays, la culture en cage est une industrie relativement nouvelle aux Philippines.

Les avantages de l'élevage de poisson en cage sont multiples :

Il n'existe pas de sérieux problèmes; les maladies sont rares; les prédateurs ne pénètrent qu'occasionnellement dans les cages.

72.3 - Elevage associé

Le Centre entreprend aussi des recherches sur l'élevage associé poropoisson et canard-poisson. Les poissons ne sont pas nourris, étant donné qu'en associant l'élevage des porcs et des canards avec la pisciculture, on met à la disposition des poissons les aliments gaspillés par les animaux et les déjections organiques qui fertilisent l'étang de façon continue.

Je n'ai pas pu disposer de renseignements chiffrés sur l'élevage associé. J'ai remarqué que les canardières et les porcheries en cours de construction sont établies sur les digues et les déjections sont déversées régulièrement dans l'étang avec l'eau de nettoyage. (Voir photo).

72.4 - Formation

A la fin de l'année 1978, le Centre a formé 200 pisciculteurs. Les thèmes de formation étaient axés sur les techniques de reproduction et d'élevage des espèces, et l'objectif était d'apprendre aux pisciculteurs à produire leurs propres alevins.

Le Centre a également procédé à la formation des techniciens et des moniteurs du Bureau des Pêches et des Ressources Aquatiques chargés de la vulgarisation de façon à les familiarsier aux nouvelles techniques piscicoles.

Enfin, il existe au sein même du Centre une équipe de vulgarisation qui se déplace jusque dans les fermes piscicoles pour assister techniquement les pisciculteurs.

72.5 - Pisciculture du tilapia

Quatre espèces de tilapia font l'objet d'études au Centre d'Aquaculture d'eau douce de Munoz : il s'agit par ordre d'introduction des Tilapia mossambica (1950), T. nilotica et T. zillii (1972) et T. aurea (1977).

Les tilapias se reproduisent facilement, et les observations ont montré que c'est l'espèce nilotica qui a la croissance la plus rapide et est relativement plus résistante aux maladies et aux variations des conditions physico-chimiques du milieu telles haute température, diminution du taux d'oxygène.

La pisciculture du T. nilotica en rizière et en cage a été déjà décrite plus haut; les techniques d'élevage de l'espèce en étang sont également mises au point et vulgarisées en milieu rural.

En étang, les densités de mise en charge varient de 10.000 à 20.000 alevins de 5–10 g/ha. La hauteur d'eau y est maintenue entre 80 et 100 cm.

L'étang est fertilisé aux engrais organiques et inorganiques, débarassé manuellement et biologiquement de la végétation aquatique, préservé de la contamination par les pesticides qui sont toxiques pour les poissons. Les entrées d'eau sont munies de grillage à fines mailles pour éviter l'entrée des prédateurs.

Un supplément de nourriture est distribué à partir du 2è. ou du 3è. mois de l'élevage si le plancton existant dans l'étang est jugé insuffisant et si les poissons ont une croissance lente.

Les poissons sont récoltés après 3 ou 4 mois d'élevage, quand ils ont atteint la taille marchande de 80–100 g. Les rendements sont de l'ordre de 4 à 6 tonnes par hectare par an. Le prix sur le marché fluctue entre 1 et 1,5 pesos le kg.

Le problème majeur est sans aucun doute la nature prolifique des tilapias qui se reproduisent pendant toute l'année. Aux vidanges, on retrouve différentes tailles de tilapia, et les étangs en sont surpeuplés; il en résulte une lente croissance des poissons élevés.

Maintes méthodes sont utilisées dans d'autres pays en vue de contrôler la reproduction des tilapias en étang de grossissement : élevage du sexe à croissance rapide après séparation manuelle des mâles et des femelles; polyculture avec espèces carnivores, hybridation pour obtention d'une génération toute mâle, élevage en cage.

L'inversion de sexe a été expérimentée avec succès à Munoz en 1976. Ont été utilisés des alevins de T. nilotica à sexes non différenciés de 19mm de longueur totale et 0,13–0,15 g de poids individuel moyen. Les traitements consistaient à mélanger à chaque gramme de nourriture quelques microgrammes de méthyltestostérone. Avec l'administration de 30 ug et 50 ug de ce produit, 98% des poissons traités étaient tous mâles. Les poissons traités avaient des pourcentages de mâles significatifs par rapport aux poissons témoins (52%) au seuil de probabilité P.0.01.


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