Un projet de développement pêches intérieures dont les activités portent sur les recherches, la formation et la vulgarisation est localisé dans deux centres : le Centre d'Aquaculture d'eau saumâtre de Leganes et le Centre d'Aquaculture d'eau douce de Munoz. Dans ces deux centres, les objectifs sont identiques et cherchent à :
Accroître la production en étang par unité de surface tout en essayant de trouver les moyens économiques de produire par l'aquaculture des protéines procurées par les poissons;
Initier les pisciculteurs et le personnel chargé de développer l'aquaculture (domaines Recherches et Vulgarisation) aux techniques modernes de façon à réaliser le premier objectif ci-dessus;
Assister la Commission de Pêche des Philippines qui est chargée de vulgariser les résultats de recherches acquis anssi bien dans les fermes piscicoles privées que dans les stations de recherches.
Plusieurs agences collaborent dans la réalisation de ce projet:
Equipe de développement de la Science Nationale;
Université de Philippines (UP);
Université d'Etat de Luzon Central (CLSU);
Conseil de l'Agriculture et de l'Aliment National (Département de l'Agriculture);
Direction des Pêches et des Ressources Aquatiques;
Autorité de l'Economie Nationale et du Développement;
Province d'Iloilo;
Développement International de l'Agence des Etats-Unis d'Amérique (USAID).
Les études en laboratoire sont axées sur :
les analyses de : sol : pH, MO, PO4, Ca++, Mg++, CI-, HCO3, Acidité potentielle totale, texture.
cau: pH, O2, salinité, CO2 libre, Alcalinité, résistivité, dureté, SO4++, PO4 dissous, température.
phytoplancton
protéines : contenu protéinique, humidité.
la formulation de la nourriture per l'utilisation d'ingrédients locaux;
la culture de zooplancton of dialgues
Tous les laboratoires sont dotés d'équipements permettant aux chercheurs de bien mener leurs expériences (Voir liste sous-chapitre 2.2).
7.1 - Leganes, à 17 Km au Nord-Est d'Iloilo-City
71.1 - Activités principales
Le Centre d'Aquaculture d'eau saumâtre de Leganes est une station de recherches qui comporte des bureaux, des laboratoires, des écloseries, des étangs et une salle de projection. En étroite collaboration avec l'Université des Philippines, le centre se spécialise en formations sanctionnées par l'obtention des diplômes Maîtrise Sciences et Doctorat. Il forme aussi les pisciculteurs privés.
Le Bureau des Pêches et des Ressources Aquatiques (B.F.A.R.) y dispose d'étangs de plus grandes superficies où sont confirmés ou infirmés les résultats de recherches obtenus en petits étangs.
Une autre particularité du centre est la création récente d'une division Sols Acides. En effet, durant les saisons de pluie, les sols des digues sont facilement érodés et sont transportés dans les étangs mêmes. Or, il se trouve que ces sols contiennent du soufre et des oxydes de fer en excès qui entraînent une baisse considérable du pH, tombant parfois jusqu'à 4,5. Des mortalités terribles s'ensuivent.
71.2 - Autres activités
En laboratoire
Le Centre entreprend en aquarium des recherches dont l'alimentation en eau est assurée par un système de recirculation d'eau. Le système est très simple, l'eau usée étant débarassée de ses éléments indésirables en passant sur du sable et du gravier disposés en couches successives dans un bac en bois.
C'est le premier centre de recherches philippin qui a réussi à mettre au point en aquarium l'alevinage de Chanos, c'cst-à-dire du grossissement des larves jusqu'au stade alevins. Les larves sont nourries au granulé composé principalement de farines de poisson et de vitamines. Les aquariums sont pourvus d'aérateurs et les densités de mise en charge sont de 4.000 larves/m3 d'eau (En étang, ce chiffre ne peut pas excéder 100 larves/m3 d'eau). Les taux de survie sont de 89% et les larves atteignent un poids moyen de 500 mg après un élevage de l mois.
Le rapport de cet essai est en cours de rédaction.
Une expérience sur la croissance du Tilapia nilotica en aquarium à différentes salinités est en cours.
A noter que tous les équipements de laboratoire ont été donnés gracieusement par les Etats-Unis d'Amérique et par le Japon.
En étang
Reproduction du Tilapia mossambica en hapa dans la proportion
1 ♀ × 3
Polyculture chanos + moule
et chanos + mulet. Ici, 3 espèces de mulets sont testées afin
de pouvoir déterminer l'espèce de mulet qui a la meilleure croissance.
Elevage associé porc-poisson. Les porcheries sont établies sur pilotis dans des étangs de 4 ares (Voir photo). Les porcs sont empruntés aux fermiers voisins.
Essais de fertilisation aux engrais organiques et aux engrais minéraux: l'objectif est l'étude de la production d'algues. (Voir photo).
7.2 - Munoz, à 150 Km au Nord de Manille
Le Centre d'Aquaculture d'eau douce de Munoz, Nueva Ecija, s'étend sur une superficie de 20 hectares d'étangs formés de 100 unités, de 2,5 ha de rizières et 1 hectare de réservoir destiné à compenser les pertes par évapo-transpiration. Des travaux d'extension du centre sont en cours.
Le Centre basait ses recherches sur les mises au point des techniques de :
la rizipisciculture
l'élevage associé porc-poisson et canard-poisson
la pisciculture du Tilapia et ses problèmes
la culture du Tilapia en cage
la pisciculture d'autres espèces
la formation
Les espèces utilisées au Centre sont le Tilapia sp, la carpe commune, la carpe argentée, la carpe à grosse tête, le chanos, le poisson-chat, les Penacidés et la moule.
72.1 - La rizipisciculture
Cette activité est rapportée exister aux Philippines depuis 1917. Elle a perdu de son ampleur ces dernières années depuis l'emploi d'insecticides toxiques en rizière. Elle a surgi de nouveau depuis l'introduction par l'Institut International de Recherches de variétés de riz résistantes aux maladies et aux insectes et de la découverte de pesticides qui n'ont pas d'effets toxiques sur les poissons.
Il existe aux Philippines 1.500.000 hectares de rizières irriguées et la pisciculture est uniquement conseillée en rizières où les niveaux et la qualité de l'eau peuvent être contrôlés.
Des expériences conduites depuis 1974 au Centre d'Aquaculture d'eau douce de Munoz se poursuivent et ont pour objectif principal l'amélioration des productions riz et poisson élevé en rizières en essayant de déterminer les données appropriées sur la densité de mise en charge, les tailles des poissons à la mise en charge, les espèces à utiliser, les doses non léthales et méthodes d'application des engrais et des pesticides. Les futurs essais porteront également sur la polyculture, le nourrissage des poissons, la gestion de l'eau. Le Centre a mis au point un certain nombre de techniques qui sont déjà vulgarisées auprès des fermiers et qui sont résumées ci-après :
Rizières : Superficie : 2 ares
Maîtrise d'eau
Sol argileux
Aménagements :
Canaux périphériques de 40–50cm de profondeur et 50–100cm de large et/ou
trou-refuge.
Diguettes : 50cm à la base et 30–40cm au sommet; 40cm de hauteur.
Grillage métallique : à l'entrée et à la sortie de l'eau.
Eau d'alimentation : Hauteur d'eau : 5–10cm à la mise en charge, progressivement élevée et ce jusqu'à 10–15cm au fur et à mesure que les poissons et les plants de riz croissent. Tout empoissonnement est précédé d'un test destiné à savoir si l'eau est indemne de pesticides ou d'autres produits pouvant tuer les poissons.
Densité : 4.000 carpillons/ha
2.000 Tilapia nilotica/ha
Charge : 1 semaine après repiquage
Durée d'élevage : 94 jours
Traitements :
Pas de nourrissage
27 jours avant empoissonnement : emploi de Carbofuran (0,1 ppt de Furadan F.) + urée à 75 Kg/ha;
3 jours avant empoissonnement : emploi d'herbicide 2-4-D à 25 Kg/ha. Le sarclage peut être fait mécaniquement ou manuellement;
43 jours après empoissonnement : Urée + Carbofuran aux doses identiques aux précédentes.
Très rarement, le Centre recommande aux éleveurs d'alterner l'élevage de poisson et la culture de riz. Dans ce cas, les pesticides n'ont pas d'effet nooif sur les poissons.
Résultats
Poissons : Carpe commune : 165 Kg/ha; Poids moyen : 94,7 g
T. nilotica : 128 Kg/ha; Poids moyen : 47,5 g
Riz : 6.550 Tonnes/ha
Il résulte de ces données qu'à Madagascar et aux Philippines, les techniques rizipiscicoles sont identiques.
Un rendement de 100 Kg/ha/poisson est considéré comme satisfaisant bien que la plupart des poissons ne pesaient individuellement à la vidange que 50 g.
Le tableau suivant montre une analyse économique partielle de l'activité riz-poisson sur une superficie d'l ha, résultant d'un test réalisé sur terrain dans plusieurs régions des Philippines :
Dépenses | FMG | Recettes | FMG (4) |
Grillages métalliques | 22.000 | Vente de poissons | 315.315 |
Achats de poissons et transports | 59.400 | ||
Constructions de digues, de canaux périphériques et de grillages | 12.320 | ||
Revenu réduit (5) | 121.000 | ||
Revenu net | 100.595 | ||
315.315 | 315.315 |
(4) 1 $ U.S. = 220 FMG
(5) Réduction due à la perte de rendement-riz par la construction de canaux.
L'analyse statistique comparant les rendements riz (riz seulement et riz-poisson) a cependant montré qu'il n'y a pas de différence significative entre les deux traitements au seuil de probabilité 0,01.
72.2 - La culture en cage
Il s'agit de cages flottantes (Voir photo) aveccharpente en bois et avec parois constituées de matériel synthétique (polyéthylène). Chaque cage a pour dimensions 1 × 1 × 1 mètre et comporte un couvercle et un système de nourrissage disposé à l'intérieur.
Les cages sont installées dans l'enceinte même de l'Université de Munoz, en étang où l'eau est constamment renouvelée.
Voici quelques données chiffrées sur l'élevage de poisson en cage :
Espèce utilisée : Tilapia nilotica
Mise en charge : 250 unités de 10 g
Durée de l'élevage : 3 mois. Au 2è. mois, les poissons sont sexés; seuls les mâles qui ont une croissance rapide sont remis en cage à la même densité de stockage.
Nourriture : Farine de poisson et son de riz
Ration réajustée à 3–5% du poids total toutes les deux semaines
Taux de conversion : 2,5
Résultats : 20–25 Kg de poisson; Poids moyen individuel : 200 g
Prix sur le marché : 250–380 Fmg/Kg
Main-d'oeuvre : 2 personnes/10–20 cages/2 heures par jour
Prix de revient d'une cage : 1.500–2.500 FMG; la fluctuation de prix dépend de la nature du matériel utilisé.
Durée de la cage : 2 ans
Bien que pratiquée depuis longtemps dans d'autres pays, la culture en cage est une industrie relativement nouvelle aux Philippines.
Les avantages de l'élevage de poisson en cage sont multiples :
l'élevage peut se faire dans n'importe quel plan d'eau : rivières, lacs, réservoirs, étangs, lagunes;
l'investissement nécessaire pour la construction de cages est négligeable, à la portée des fermiers; ce qui n'est pas le cas pour la construction d'étangs;
la gestion des poissons est très facile : manipulation, inventaire, récolte;
la main-d'oeuvre est très réduite; bref, on produit du poisson aux moindres frais;
il permet un stockage à fortes densités;
dans les conditions normales, une cage de 1 m3 de volume peut rapporter un revenu net minimum de 1.750 Fmg par mois.
Il n'existe pas de sérieux problèmes; les maladies sont rares; les prédateurs ne pénètrent qu'occasionnellement dans les cages.
72.3 - Elevage associé
Le Centre entreprend aussi des recherches sur l'élevage associé poropoisson et canard-poisson. Les poissons ne sont pas nourris, étant donné qu'en associant l'élevage des porcs et des canards avec la pisciculture, on met à la disposition des poissons les aliments gaspillés par les animaux et les déjections organiques qui fertilisent l'étang de façon continue.
Je n'ai pas pu disposer de renseignements chiffrés sur l'élevage associé. J'ai remarqué que les canardières et les porcheries en cours de construction sont établies sur les digues et les déjections sont déversées régulièrement dans l'étang avec l'eau de nettoyage. (Voir photo).
72.4 - Formation
A la fin de l'année 1978, le Centre a formé 200 pisciculteurs. Les thèmes de formation étaient axés sur les techniques de reproduction et d'élevage des espèces, et l'objectif était d'apprendre aux pisciculteurs à produire leurs propres alevins.
Le Centre a également procédé à la formation des techniciens et des moniteurs du Bureau des Pêches et des Ressources Aquatiques chargés de la vulgarisation de façon à les familiarsier aux nouvelles techniques piscicoles.
Enfin, il existe au sein même du Centre une équipe de vulgarisation qui se déplace jusque dans les fermes piscicoles pour assister techniquement les pisciculteurs.
72.5 - Pisciculture du tilapia
Quatre espèces de tilapia font l'objet d'études au Centre d'Aquaculture d'eau douce de Munoz : il s'agit par ordre d'introduction des Tilapia mossambica (1950), T. nilotica et T. zillii (1972) et T. aurea (1977).
Les tilapias se reproduisent facilement, et les observations ont montré que c'est l'espèce nilotica qui a la croissance la plus rapide et est relativement plus résistante aux maladies et aux variations des conditions physico-chimiques du milieu telles haute température, diminution du taux d'oxygène.
La pisciculture du T. nilotica en rizière et en cage a été déjà décrite plus haut; les techniques d'élevage de l'espèce en étang sont également mises au point et vulgarisées en milieu rural.
En étang, les densités de mise en charge varient de 10.000 à 20.000 alevins de 5–10 g/ha. La hauteur d'eau y est maintenue entre 80 et 100 cm.
L'étang est fertilisé aux engrais organiques et inorganiques, débarassé manuellement et biologiquement de la végétation aquatique, préservé de la contamination par les pesticides qui sont toxiques pour les poissons. Les entrées d'eau sont munies de grillage à fines mailles pour éviter l'entrée des prédateurs.
Un supplément de nourriture est distribué à partir du 2è. ou du 3è. mois de l'élevage si le plancton existant dans l'étang est jugé insuffisant et si les poissons ont une croissance lente.
Les poissons sont récoltés après 3 ou 4 mois d'élevage, quand ils ont atteint la taille marchande de 80–100 g. Les rendements sont de l'ordre de 4 à 6 tonnes par hectare par an. Le prix sur le marché fluctue entre 1 et 1,5 pesos le kg.
Le problème majeur est sans aucun doute la nature prolifique des tilapias qui se reproduisent pendant toute l'année. Aux vidanges, on retrouve différentes tailles de tilapia, et les étangs en sont surpeuplés; il en résulte une lente croissance des poissons élevés.
Maintes méthodes sont utilisées dans d'autres pays en vue de contrôler la reproduction des tilapias en étang de grossissement : élevage du sexe à croissance rapide après séparation manuelle des mâles et des femelles; polyculture avec espèces carnivores, hybridation pour obtention d'une génération toute mâle, élevage en cage.
L'inversion de sexe a été expérimentée avec succès à Munoz en 1976. Ont été utilisés des alevins de T. nilotica à sexes non différenciés de 19mm de longueur totale et 0,13–0,15 g de poids individuel moyen. Les traitements consistaient à mélanger à chaque gramme de nourriture quelques microgrammes de méthyltestostérone. Avec l'administration de 30 ug et 50 ug de ce produit, 98% des poissons traités étaient tous mâles. Les poissons traités avaient des pourcentages de mâles significatifs par rapport aux poissons témoins (52%) au seuil de probabilité P.0.01.