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3. VULGARISATION PISCICOLE

Toute l'activité de la section piscicole est basée sur :

3.1. Production d'alevins

La période de maturité sexuelle de la Carpe se situe en Août-Septembre selon les conditions climatiques des régions ; les géniteurs qui se sont reproduits à cette époque sont de nouveau aptes à une seconde reproduction en Janvier-Février, s'ils sont maintenus dans un environnement favorable et disposent d'une nourriture adéquate.

La première période de reproduction précède de 2 mois environ la saison de repiquage du riz “hâtif” dans les rizières, ce qui donne aux stations piscicoles le temps de pousser l'alevinage à un stade assez avancé. La seconde saison de reproduction Carpe correspond à la saison de plantation du riz “tardif” et permet l'empoissonnement de ces rizières avec des alevins plus jeunes, mais de taille parfaitement suffisante.

Les procédés de reproduction et d'alevinage de Carpe sont décrits en détail - sous forme de manuels - dans les documents techniques figurant en bibliographie (6) (7).

Un planning de reproduction semi-naturelle et artificielle des Carpes est mis au point chaque année par les Ingénieurs techniciens de la Division Pêche-Pisciculture. Ce calendrier est communiqué aux stations piscicoles qui, en principe, exécutent le programme sous la supervision d'un technicien de l'échelon central.

3.2. Collecte des commandes d'alevins de Carpe et sensibilisation du monde rural aux activités piscicoles.

Eu Juillet-Août, le Service Central invite par circulaire administrative tous les Vulgarisateurs Agricolas des régions couvertes par la vulgarisation à collecter dans chaque village les commandes d'alevins des rizi-pisciculteurs ; ils en dressent la liste qu'ils font parvenir à l'échelon central, dans le temps imparti.

Simultanément, des causeries radiodiffusées en langue malgache sont données par les techniciens de l'échelon central, ayant pour objet la sensibilisation du milieu rural pour les activités piscicoles, avec une attention particulière à la rizi-piscioulture.

Entre temps, le résultat du premier alevinage est connu et l'échelon central qui a classé les demandes au fur et à mesure de leur réception, dresse alors à son tour un calendrier de distribution d'alevins, par région, ou villages regroupés : les dates prévues sont respectées dans toute la mesure du possible.

Ce calendrier est également communiqué aux stations piscicoles, chacune en ce qui les concerne, (selon les résultats de l'alevinage et le lieu de distribution) de manière que les quantités d'alevins requises soient récoltées des bassins, mises en stabulation en temps voulu, et prêtes au transport aux dates fixées. L'échelon central approvisionne chaque station en sacs de plastique et en oxygène.

3.3. Distribution des alevins de Carpe en milieu rural

Aux dates prévues, les Agents du Développement Rural convoquent les rizi-piscicultours par la voie des autorités villageoises, aux lieux et places désignés pour la distribution des alevins. Ceux-ci conditionnés dans des sacs de plastique gonflés d'oxygène, à partir des stations piscicoles, sont acheminés sur place á l'aide d'un véhicule approprié : selon l'état des routes, une camionnette ou un véhicule à double pont. En pratique, ce genre de véhicule peut contenir 12 à 15 sacs, soit 12.000 à 25.000 alevins environ, chaque sac contenant 1.000 à 2.000 poissons, selon la grosseur de ces derniers.

Le conditionnement des alevins se fait de nuit, de 2 à 4 H. ou de 4 à 6 H. du matin selon les distances à parcourir, de manière à parvenir sur place pendant les heures fraîches de la matinée.

Le personnel distributeur d'alevins se compose d'un Adjoint technique de l'échelon central responsable de cette activité, assisté d'un régisseur de recettes; les alevins sont en effet cédés à titre onéreux aux rizi-pisciculteurs. Ces recettes sont ensuite reversées au Trésor.

Afin d'accélérer le processus de distribution, il n'est pas cédé moins de 50 poissons par rizi-pisciculteur. Ceux-ci munis de récipients divers, transportent alors immédiatement les poissons dans leurs rizières situées en général à une distance de 1 à 3 heures de marche du lieu de distribution.

Avant la ditribution, l'Adjoint technique rappelle rapidement les techniques et pratiques risi-piscicoles à respecter, sous forme de recommandations qu'il adresse aux pisciculteurs rassemblés. A cette occasion, on remet également par village, quelques exemplaires d'un fascicule de vulgarisation rizi-piscicole édité en langue malgache.

Les techniques rizi-piscicoles appliquées à Madagasoar ont fait l'objet d'une publication figurant en bibliographie (8).

3.4. Résultats

Le cycle de croissance du riz dure environ 120 à 140 jours soit 4 à 5 mois. La fumure organique généralement appliquée aux rizières, la faible hauteur des eaux et la chaleur estivale contribuent au développement intensif de phyto et zooplancton dont se gavent les alevins de Carpe.

Dans ces conditions et dans ce laps de temps, la production mcyenne piscicole est de l'ordre de 200 kg à 1'Ha, sans apport complémentaire de nourriture. Par contre si le poisson est nourri, la production peut alors s'élever dans le même temps à 400Kg-Ha.

Ce poisson récolté frais, se vend au village même, au prix actuel de 400–500 FMG/kg, voire davantage, surtout aux environs d'Antananarivo. Une partie du poisson est consommée en économie de subsistance, par des pêches occasionnelles en cours d'élevage ou par prélèvement familial à la récolte.

3.5. Commentaire

Les perspectives de développement du secteur piscicole et rizi-piscicole sont particulièrement encourageantes, mais il faut faire face aux problèmes principaux suivants :

• Infrastructure : il faut créer des Ecloseries en nombre suffisant pour couvrir les besoins en alevins d'une région donnée et réduire les distances à parcourir, étant donné le manque ou le mauvais état des routes ainsi que les coûts élevés du transport. En corollaire, des moyens de travail et un budget correspondant aux capacités de ces Ecloseries, base du développement rizi-piscicole.

L'implantation de Centres piscicoles-Ecloseries est assez coûteuse et le plus souvent, le budget national ne suffit pas à couvrir ces dépenses ; en conséquence, il conviendrait de faire appel aux différentes sources extérieures de financement pour la construction de telles installations.

• Personnel : la gestion et la maîtrise des Ecloseries oxigent du personnel de conception et d'exécution spécialisé, apte à appliquer les technologies les plus avancées en reproduction induite, et à gérer correctement ces centres producteurs d'alevins.

• Administration et budget : le fonctionnement rationnel des Ecloseries ou Centres piscicoles ne peut s'effectuer dans le cadre restreint des règles administratives classiques. Ces Centres devraient disposer d'un statut particulier les dotant de l'autonomie financière. Dans ces conditions, les Centres piscicoles peuvent fonctionner normalement et faire face à tous les problèmes de gestion quotidienne exigeant la plupart du temps des solutions rapides, sinon instantanées que scule permet une formule de gestion extrêmement souple.

• Vulgarisation : les Agents du Développement Rural devraient recevoir au départ, une formation piscicole beaucoup plus poussée, ou tout au moins être recyclés périodiquement de manière à les rendre techniquement plus efficaces dans la sensibilisation des populations concernées ainsi que dans l'application des techniques rizi-piscicoles, notamment dans la lutte contre les prédateurs.

Le gros handicap des vols de poissons, trop fréquents en rizières, doit trouver une solution de surveillance collective au niveau du village.

Sous l'aspect du développement général des pêches et de l'aquaculture à long terme, un document technique figure en bibliographie (5).


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