A Szazhalombatta, la reproduction artificielle de la Carpe comporte quatre phases qui sont successivement : l'hypophysation, la fécondation artificielle, l'incubation et la résorption de la vésicule.
L'hypophysation ou injection hypophysaire doit son nom à l'hypophyse ou glande pinéale qui est une glande endocrine de 2 – 3mm de diamètre, pesant 2 – 3 mg, située dans la tête du poisson, sous l'encéphale, dans une dépression de la base du crâne. Elle secrète entre autre une hormone sexuelle, la gonado - stimuline qui, en arrivant dans le sang, provoque le développement des organes génitaux :
chez la femelle oeuvée, elle provoque la maturation et la séparation des oeufs de la paroi des ovaires d'où l'expulsion des oeufs;
chez le mêle, ce sont la maturation et l'émission de laitance.
J'ai assisté à une séance de prélèvement d'hypophyse qui se fait par trépanation de la boîte crânienne à l'aide d'un chignol électrique sur lequel est monté un cylindre d'acier. Il suffit ensuite de détacher l'hypophyse du cerveau à l'aide d'une petite cuiller.
A défaut de perceuse, pour détacher le cerveau, on peut faire des sectionnements antérieurs et postérieurs à l'aide de ciseau ou de couteau.
Les hypophyses recueillies sont immédiatement dégraissées et desséchées dans l'acétone absolue qui est renouvelée au bout de 8 heures. Le renouvellement sera répété trois fois pendant le même temps.
On les assèche ensuite à l'ombre ou en salle sur du papier filtre pendant quelques heures et on les conserve dans un dessicateur. Elles peuvent y être conservées pendant 3 ans, mais il est préférable d'utiliser des hypophyses fraîchement prélevées.
Comme il y a une variation cyclique annuelle de la quantité d'hormones présentes dans l'hypophyse, la collecte a lieu en Hongrie en hiver de Janvier à Mars.
Avant l'injection, les hypophyses sont finement broyées dans un petit mortier en porcelaine et émulsionnées dans une quantité suffisante de solution physiologique (NaCl à 0,65%) qui correspond au nombre de carpes à traiter.
Avant l'hypophysation, afin de les manipuler facilement, les géniteurs sont tranquillieés au MS 222 Sandoz à la dose de 5–10 g/10 litres d'eau.
L'hypophysation est systématique chez les mâles comme chez les femelles. Les femelles reçoivent deux injections au lieu d'une comme par le passé, car les résultats d'études menées à Szazhalombatta ont montré qu'avec les doubles doses, 70 à 90 % des reproducteurs traités donnent des oeufs fécondables tandis que la proportion est de 40 – 50 % pour les femelles qui n'ont reçu qu'une seule injection.
Les doses d'hypophyses utilisées (x) sont les suivantes :
Mâle | Femelle | Observation | |
1ère injection | 2 mg/kg | 3 mg/ femelle ou 0,3 mg/kg | La dose utilisée dépend de l'état de la femelle |
2 ème injection | Néant | 3 mg/kg |
Les deux injections sont séparées par un intervalle de 12 heures.
L'injection intra-musculaire a lieu à mi-distance du premier rayon de la nageoire dorsale et de la ligne latérale.
Après la seconde injection, l'appareil génital des femelles est suturé afin d'éviter que les oeufs ne s'écoulent dans les bassins de maturation.
Aussitôt l'injection faite, les géniteurs sont gardés en laboratoire, dans des bassins en béton, et ne doivent en aucun cas être perturbés car le calme est indispensable pour que la maturation s'effectue dans les meilleures conditions.
Ayant lieu après la seconde injection, la ponte est déterminée por le tagesgrade d'ovulation qui est de 240 degrés-heures. Ce système de caloul consiste à multiplier les degrés marqués par la température de l'eau enregistrée toutes les heures par le temps (en heures). A l'écloserie de Szazalombatta, après chacune des deux injections, la température de l'eau est maintenue à 24°. L'ovulation a donc lieu 10 heures après la seconde injection. Plus la température diminue, plus la durée d'ovulation est longue.
Il arrive très rarement que la température de l'eau soit sujette à variation. Dans ce cas, deux mesures sont à prendre :
contrôler de temps on temps la température et l'enregistrer toutes les heures. Il suffit ensuite de faire l'addition des températures ainsi relevées jusqu'à ce que l'on obtienne le total de 240 degrés ;
mettre 1 ou 2 mâles injectés parmi un lot de femelles également injectées. Une femelle est prête à pondre quand elle se livre aux premières manifestations actives de la ponte naturelle ou qu'elle est constamment chassée par un mâle.