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2.- GESTION DE L'EAU

2.1- Rappel de Quelques Principes de base

On suppose ici que la technicité propre à la corstruction de Centres Piscicoles est bien connue et surtout bien appliquée, et par conséquent cette question ne sera pas abordée dans ce document elle figure en détail dans tous les manuels de pisciculture.

Il semble toutefois assez opportun de rappeler quelques principes de base relatifs à l'environnement des bassins piscicoles et ayant trait plus spécialement à la gestion de l'eau, principes que l'on a trop souvent tendance à oublier ou à négliger :

  1. en climat tropical et en saison sèche, on estime que les besoins en eau de compensation dûs à l'évaporation naturelle (vent - soleil) et aux suintements (qualité des digues) sont généralement de l'crdre de 3 litres/seconde/Ha.

    En plus de ces besoins, il faut tenir compte des impératifs de la gestion des plans d'eaux en cypriniculture ; après l'assec hivernal (saison sèche), remplissages et vidanges successifs selon le type d'élevage effectué. Par exemple la reproduction de la Carpe (cas concret concernant Madagascar) qui débute avec le réchauffement des eaux (fin Août, Septembre), correspond à l'époque transitoire de fin de saison sèche et du début des pluies où il faut précisément de grosses quantités d'eau, alors que l'on est en pleine période d'étiage ; il faut en effet remplir et vidanger alternativement les étangs de ponte (après chaque pose) les étangs de premier et second alevinage, et maintenir dans chacun d'eux une alimentation et un niveau d'eau suffisants, ce qui est actuellement rarement le cas. Si le principe des vidanges n'est pas respecté, des pestes s'installent dans les étangs et compromettent toutes les pontes de même que les phases de premier alevinage : c'est l'une des causes les plus courantes de l'anéantissement d'une grande partie des oeufs, larves et alevins de Carpe.

    En pratique, on ne peut être parfaitement à l'aise sur une station piscicole productrice d'alevins de Carpe, si l'on ne dispose pas d'un débit d'eau permanent de l'ordre de 10 litres/seconde/Ha.

  2. découlant du (i) ci-dessus : sauf cas très exceptionnels, les stations piscicoles alimentées par des sources manquent généralement d'eau ; à cet égard, les cas de la SISAONY et d'AMBATOLAMPY sont typiques. Il vaut donc mieux capter l'eau nécessaire, par dérivation, à partir d'une rivière dont on a contrôlé et calculé le débit à l'étiage. Il faut également avoir à l'esprit que l'eau a souvent plusieurs utilisateurs (les riziculteurs, notamment à Madagascar) en fin de saison sèche donc à l'étiage, et qu'il doit y en avoir en suffisance pour couvrir les différents besoins.

  3. Si l'adduction d'eau s'effectue à partir d'une retenue, on se rappellera qu'il est nécessaire de protéger celle-ci des eaux de ruissellement (gros orages - pluies torrentielles) en la ceinturant d'un large fossé d'évacuation de ces eaux débouchant hors de la station.

  4. Le canal d'alimentation de la station piscicole sera équipé en amont, d'un bassin de décantation ainsi que d'un filtre suffisant ; ce dernier est surtout nécessaire au tronçon d'alimentation des étangs de ponte et des écloseries, où l'eau doit être indemne de fines particules en suspension capables d'asphyxier les oeufs en s'y déposant.

    Ce filtre sera fait en maçonnerie ; il aura de 3 à 5 fois la section du canal d'alimentation pour assurer le maintien d'un débit suffisant ; il sera constitué de couches alternées de gravier, charbon de bois ou sable grossier, séparées par de forts grillages. Le filtre sera nettoyé régulièrement, au fur et à mesure qu'il s'obstrue.

  5. Toutes les adductions d'eau seront équipées de grilles à mailles de 0,50 microns pour étangs de ponte et d'incubation, de 1 à 2 mm pour étangs de premier et second alevinage, de 3 à 5 mm pour étangs de stockage des géniteurs et pré-géniteurs. Ces grilles seront inspectées tous les jours et brossées régulièrement pour prévenir toute obstruction.

    De même, les canaux d'amenée d'eau aux étangs (toujours horizontaux) seront prolongés soit par une plaque perforée, soit par un bout de tuyau coiffé d'une boîte de protection, de manière à créer une chute de 0,30 à 0,50 cm pour bien oxygéner l'eau.

  6. En cas de grêle ou de pluie violente au moment des pontes et incubation, les étangs frayères doivent pouvoir être couverts d'une bâche de plastique pour éviter la destruction massive des oeufs (grêle) ainsi qu' un changement brusque de la température de l'eau, auquel les oeufs et jeunes larves sont très sensibles.

  7. A titre indicatif, les profondeurs moyennes d'eau à maintenir dans les étangs seront les suivantes :

  8. Enfin, le PH de l'eau des stations piscicoles des Hauts-Plateaux étant partout inférieur à 7, il est indiqué de répandre annuellement, à l'assec, mais sur fond humide, 1 à 2 Tonnes/Ha de chaux éteinte (amendement et non désinfection).


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