6. CONCLUSIONS

Le recensement complet des effectifs de pêche en 1979–80 et le dépouillement des premières observations statistiques commencées en 1978 à l'initiative du Projet, permettent de poser un nouveau diagnostio sur l'état actuel des pêcheries du Lac Alaotra ;

• l'augmentation démesurée du nombre de pêcheurs (pêcheurs et pirogues) de même que les types d'engins à fines mailles couramment utilisés, soulèvent les plus vives inquiétudes sur l'avenir, tant économique que biologique des pêcheries de ce plan d'eau -

• l'analyse des échantillons des liverses espèces de poisson démontre clairement que l'ensemble des stocks est soumis à une surexploitation caractérisée; il n'y a pratiquement plus aucune technique de pêche suffisamment sélective, laissan : aux poissons une chance suffisante de parvenir au stade de maturité et de reproduction. Tous les engins présentement utilisés ont des mailles de 20–30 m/m de côté (quelquefois 10–15 m/m), donc très en-dessous de la dimension règlementaire de 40 m/m ; comme résultat direct, le stock Carpe, malgré une double saison de reproduction annuelle, semble sur le déclin. Il est probable que l'effort de pêche s'exerçant sur cette espèce ne permette plus le recrutement de jeunes reproducteurs, en nombre suffisant : si cette surexploitation se poursuit, la régression du stock Carpe sera irréversible et pourra même entraîner la disparition de l'espèce. Le stock Tilapia semble mieux résister à l'effort de pêche intensif actuel, en raison même des conditions particulières de protection dont les oeufs et larves sont l'objet de la part des parents, au moment de la reproduction : toutefois ces stocks ne sont pas invulnérables et le moment peut arriver où le recrutement des future géniteurs étant compromis, l'espèce ne puisse résister davantage à la surexploitation, et décline rapidement -

• enfin, l'étude rapide du milieu (réf. : Rapport Woynarovich - 1980) souligne que les stocks actuels composant la faune ichtyologique du Lac, sont incapables d'utiliser rationnellement les ressources nutrition-nelles présentes et naturellement renouvelables.

Il convient donc par conséquent, de compléter la faune piscicole du Lac (aménagement des stocks) par l'introduction d'espèces nouvelles, susceptibles d'occuper les niches écologiques actuellement vides, et notamment :

• des espèces exploitant les ressources des eaux pélagiques, phytophages et zooplanctonophages telles que : Hypophthalmichthys molitrix (Carpe argentée) et Aristichthys nobilis (Carpe marbrée ou à grosse tête) -

• une espèce nécrophage (détritivore) susceptible d'utiliser les quantités énormes de détritus disponibles provenant de l'immense marais de Cypéracées, telle que Labeo rohita.

Ces espèces ne se reproduisent qu'en rivières très longues, soumises à de fortes crues; il est dono vraisemblable qu'elles ne trouvent pas au Lac Alaotra les conditions d'anvironnement nécessaire à leur propagation naturelle (sauf peut-être dans la rivière Sahabe, pour autant que celle-ci ne soit pas complètement obstruée par Eichhornia Crassipes). Par conséquent, leur introduction devra être suivie d'une étude biologique des plus sérieuses. Si leur inaptitude à la reproduction naturelle dans ce plan d'eau se confirme (milieu fermé), il conviendra de procéder au renouvellement annuel des stocks de ces espèces, par propagation artificielle, en Ecloserie à édifier à proximité du Lac. Les stocks d'alevins déversés sont exploitables après 6 mois, les poissons atteignant déjà à cet âge, une taille parfaitement commerciale, de 300 à 500 grammes.

Ce programme d'aménagement des stocks et de rationalisation des pêches demande l'appui total des autorités locales, ainsi qu'une coopération étroite avec les communautés des pêcheurs.