Aprés trois ans et six mois d'activité, le projet d'aquaculture rurale a pris fin en Septembre 1988. Ce projet a cherché a relancer la vulgarisation de la pisciculture, commencée en 1950 par un premier projet de la FAO mais abandonné dans les années soixante par manque de soutien (fonds et équipement) et de suivi sur le terrain. Trois courtes missions d'USAID dans ce domaine dans les années 1971 (Lovell et Moss, 1971), 1973 (Smitherman, 1973) et en 1978 (Randolph, 1978) ont eu peu d'effet sur le développement de l'aquaculture; l'USAID n'a jamais eu un projet de pisciculture sur le terrain en Haiti. Un regain d'interêt par le gouvernement dans la pisciculture rurale vers 1983 (Costard, 1984) a conduit les responsables à demander une assistance auprés de la FAO et le PNUD. Ainsi, l'origine et le financement du projet suivi avec la signature du document du projet en Juin et Août 1984.
Du 8 octobre au 10 décembre 1984, la FAO a envoyé un consultant en Haiti pour la mise en oeuvre du projet de développement de l'aquaculture rurale. Cette intervention a, 1) etabli la situation au niveau du Service des Pêches et Pisciculture, 2) proposé un plan de la remise en exploitation de la station piscicole de Damien, 3) proposé une marche à suivre pour la vulgarisation et 4) établi une premiere liste des propositions d'achat. Ce rapport (Costard, 1984) a en effet, résumé la situation existant au début du projet. Suite à cette mission le Conseiller Technique Principal (CTP) est arrivé en Haiti le 31 mai 1985 aprés un long recrutement freiné par les délais administratifs au niveau de son Gouvernement.
Le manque de cadres formés et responsables n'a pas permis au projet de trouver un directeur national capable de prendre en main les destinées de l'aquaculture. De Juin 1985 à Janvier 1987, le poste de directeur national du projet a connu cinq changements. Et ceci a nui beaucoup à la gestion du projet pour laquelle le CTP a tenté des accrobaties. Il a fallu attendre l'arrivée du Directeur national actuel pour commencer un processus valable de gestion qui tienne compte des experiences du CTP et la participation de la contrepartie nationale.
Cette succession de changements a imposé beaucoup d'efforts administratifs pour le démarrage du projet et pour le lancement de l'activité de vulgarisation de la pisciculture. Ceci et le manque du personnel a limité certaines activités pratiques. Néanmoins, l'équipe du projet a toujours cherché à trouver les solutions aux obstacles qui se sont présentés; il a fallu repondre, souvent rapidement, aux changements et aux besoins de l'environment dans lequel le projet s'est déroulé. Un probléme chronique durant le projet a été la faible motivation du personnel qui est liée aux salaires insuffisants. Pour éviter une répétition de l'histoire, la direction de ce projet a toujours essayé d'établir des modèles de travail avec un souci de pérennité visant la continuation des bons précedents au delà de la durée du projet.
Un des premiers soucis du projet était de former des cadres supérieurs et intermediaires pour soutenir les activites du projet. C'est ainsi que par l'entremise du projet, cinq cadres superieurs ont été envoyés à l'étranger. Trois d'entre eux ont fini leur formation et ont rejoint le Service de Pêche et Pisciculture. Les deux autres sont attendus pour 1989. Seulement deux de ces bourses sont payées par le projet lui même, mais le projet a servi de catalyseur ou organisateur des autres. Sur le terrain, le projet a formé prés de 10 cadres intermediares pour faire la vulgarisation. Autrement, le projet a completé 31 stages de formation localement d'une durée total de 37.72 mois pour 324 participants. Afin d'attirer les jeunes cadres vers l'aquaculture et d'approfondir leur education agricole, le projet a organisé et realisé l'enseignement du premier cours d'Aquaculture a l'Université d'Haiti à la Faculté d'Agronomie et Médecine Vétérinaire à Damien. Dix-sept étudiants ont participé à ce cours. Ajoutons, que les cours complémentaires (dactylographie, comptabilité et d'ordinateur) soutenu par le projet, ont aidé non seulement à renforcer la compétence des cadres au projet, mais aussi à les motiver et amener plus de conscience professionelle.
Avec la pénurie de cadres, il a fallu prévoir une stratégie et utiliser les possibilités locales. Notons qu'aucun poste technique des nationaux a connu un cadre permanent pendant la durée du projet et le poste de responsable de la vulgarisation et formation manque un suivi adéquat depuis un an.
En effet, l'abandon de la création d'une ferme piscicole de démonstration commerciale à Dezeaux aprés les troubles politiques en Fevrier 1986, et l'orientation vers la création des Stations Piscicoles Coopératrices avec des ONG a soulagé en partie le probléme de l'insuffisance en personnel. En l'absence du personnel sur le terrain du service, ces ONG ont pu répondre plus vite aux idées de changement.
Avec cette stratégie, le projet a lancé la vulgarisation de la pisciculture rurale dans 9 régions du pays (Figure 1). La vivacité de l'approche et les résultats positifs obtenus au niveau de subsistance (35 kg/are/an) ont soulevé l'interêt du secteur privé qui avait suivi de loin les activités du projet. Ensuite, les investisseurs privés sont venus au projet pour demander des informations et de l'assistance technique. L'équipe du projet accueille favorablement ces démarches, mais la pénurie du SPP en cadres formés et responsables constitue un frein majeur aux motivations de secteur privé. Ce secteur est plus exigent que les paysans qui posent trés peu de demandes au gouvernement; une hésitation existe parmi le jeune staff de ne pas pouvoir répondre convenablement à ces investisseurs. Mais c'est ce genre de demande qui peut aider à rendre l'agriculture en général en Haiti plus productive et sérieusement à la recherche d'une autosuffisance alimentaire pour le pays.
Donc, le projet d'aquaculture cherche à servir de véhicule pour le développement de la pisciculture paysanne et pour le lancement d'un agri-business à l'échelle commerciale. Cette derniére activité peut se développer rapidement comme en témoigne la Jamaique oú l'industrie de pisciculture s'est developpée et aprés 7 années de croissance, les fermes commerciales ont produit environ 6.000.000 livres de poissons.
Bien sûr, nous attendons l'amélioration du climat d'investissement en Haiti, mais il faut prendre les devants en ce qui concerne la préparation du terrain comme formation des cadres, collecte des données de base, etc. Justement, c'est ce rôle excitant de pionnier que le projet d'aquaculture a joué; dans cette optique dynamique, le projet a fait sentir que le MARNDR a besoin d'un Service d'Aquaculture qui a été crée le 23 Novembre 1988.
Alors, ce rapport va tracer les objectifs, activités entamés et les résultats obtenus par le projet d'aquaculture rurale HAI/84/010. Il va discuter d'autres activités lancés par le projet non inclues dans le mandat original et il présentera les constations et leçons à tirer.
