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3. Produits Obtenus et Difficultés Rencontrées

Actuellement, le projet est vu dans un lumière positive à cause de la réalisation de la plupart des objectifs immediats dont une partie a été depassée: 1) l'encadrement de 412 pisciculteurs (200 prévus) dans 7 zones du pays, 2) 106 mois de formation pour 336 participants à tous les niveaux, 3) l'établissement de la pisciculture comme une activité agricole viable en Haiti, et 4) la sensibilisation et l'encouragement du secteur privé pour les fermes commerciales. Reconnaissons en plus, que le projet a eu une partie de son succes grace au fait qu'il est le seul appui evident du MARNDR dans une zone comme Saut d'Eau.

En plus de ces résultats et malgré les nombreux problèmes rencontrés en cours d'exécution, le projet a marqué des acquis importants comme résumés ci-après:

  1. L'établissement d'une crédibilité professionnelle en aquaculture qui attire les investisseurs du secteur privé et divers bailleurs des fonds, bilatéraux et multilatéraux,
  2. Le recrutement et la formation d'un petit noyau des cadres supérieurs et moyens afin de développer cette activité à l'échelle nationale. En partie, ce recrutement se fait à travers les étudiants d'un cours sur l'Aquaculture à l'Université d'Etat d'Haiti, que le projet a organisé et présenté à partir de 1987–1988,
  3. Un bon système de collecte de données de base nécessaires pour toute analyse économique et autres,
  4. L'amélioration de l'infrastructure de la station piscicole de Damien et la création des petites stations coopératrices (4) en province gérées par les ONG's,
  5. La mise en place d'un programme de vulgarisation de la pisciculture dans 7 régions du pays,
  6. L'importation des stocks purs de poissons afin d'assurer le renouvellement des souches dégénérées existentes, et
  7. Le lancement de l'étude sur la pêcherie de l'Etang Saumâtre y compris une documentation et analyse.

Il est important de souligner que le projet a jeté les bases nécessaires pour beaucoup d'activités dont le nouveau projet en renferme trois: 1) la création et gestion d'une écloserie moderne, 2) le développement de la pêche continentale à l'Etang Saumatre, et 3) la continuation de la vulgarisation et de la formation en pisciculture. Il est au Gouvernement d'appuyer sur cette base pour d'autres projets tel que la création d'une Centre des Ressources Aquatique Nationale, le développement des maricultures, la construction des petits barrages multi-buts comme option dans l'amenagement des bassins versants (voir proposition-Miller, 1988), et plus important, le développement d'un stratégie nationale pour l'aquaculture.

Le plus limitant facteur pour la mise en exécution de ces projets est le manque de personnel qualifié, et le soutien du gouvernement quant à la solution de ce problème reste faible. Cette situation risque de compromettre le developpement de l'agri-buisiness d'aquaculture. Notons que l'intervention du projet dans la region des Nippes a soulevé tellement d'interêt qu'un investisseur s'est lancé dans l'elevage commercial du Macrobranchium rosenbergii aux mépris de nos inquiétudes et de notre mise en garde pour la fiabilité economique de cette activité. Cet investisseur a dû recruter des consultants temporaires de la République Dominicaine et du Panama à cause de l'indisponibilité de techniciens et cadres supérieurs nationaux. Le survie de cette écloserie par des nationaux sans l'intervention régulière de consultants etrangers est douteuse.

Ci-après se trouve une présentation de chacun des produits du projet.

3.1 L'Aménagement de la Station Piscicole de Damien

3.1.1 La situation au début du projet

Le Gouvernement a une seule station piscicole fonctionnelle, celle de Damien. Deux autres stations furent construites dans les années cinquante à Mariani et à Deseaux mais elles n'ont jamais fonctionné réelement à cause de mauvais choix de site et le manque des moyens et personnel. Actuellement les traces de celle de Mariani ont disparu et celle de Deseaux est restée une ferme rizicole avec un deniviellé de seulement 40 cms sur 80 m de distance entre l'arrivé d'eau et le point de drainage (trop plât).

La station de Damien se trouve à l'intérieur de la ferme du Ministére de l'Agriculture à 15 minutes au nord de Port-au-Prince. Cette station d'alevinage et de démonstration/formation a été construite au début des années cinquante et comprend 22 bassins pour une superficie total de 2,94 ha (Annexe 1). La station est alimentée par 800 m de canal d'irrigation à ciel ouvert, qui reçoit de l'eau du gros forrage du MARNDR. Une autre pompe de 4 pouces de diamètre alimente également la station piscicole a travers ce même canal. Au debut du projet, 16 des 22 bassins s'alimentaient l'un a l'autre ou avaient des problémes d'alimentation d'eau ou de vidange. Quant aux autres infrastructures, il y avait seulement un petit batiment rustique de 45 m2 en mauvais etat (avec des fuites à la toiture, manque de fenetres) qui a servi de bureau et de magasin du projet. En 1985, la station comptait 11 ouvriers, 1 foreman et n'avait pas un systeme de documentation. Signalons qu'un village est situé le long d'une partie du perimetre de la station.

3.1.2 Résumé des Résultats-vers l'aménagement de la station piscicole de Damien

En terme de site, le siège même de la station est impropre car le sol est permeable (29 cms d'infiltration/jour) et l'eau d'alimentation est polluée par les habitants qui font leur lessive dans le canal d'amenée d'eau. Cependant le document du projet, l'abandon de l'objectif de la station de Deseaux et nos obligations en formation, vulgarisation, etc. nous ont obligé a nous servir de ce qui existait.

Beaucoup d'efforts ont été déployés afin de rendre cette station productive, avec un bon plan d'exploitation, un système de documentation et une infrastructure adéquate pour servir de siege du projet. A ce sujet, le rapport de l'expert associé L. Thijs (1988) présente en détail, divers aspects de la station. Celui de Berney (1986) en outre, traite du problème d'infiltration d'eau dans cette station. Les produits suivants répresentent les realisations dans l'aménagement de la station:

  1. 18 bassins pour 65.38 ares ont été colmatés (la superficie active ou 22 % de la station) et avec des systemes de vidange independants. Deux approches ont été essayés pour le colmatage: l'argile transporté (coût total $2.00/m2) (Thijs, 1988), et l'installation d'un plastique polyethylène (cout total $1.00/m2)
  2. Amenagement et construction des canaux d'alimentation (150 m à $10.08/m linéaire) et de drainage (200 m),
  3. Clôture de la station realisée (1.013 m dont 620 m reparé à $1.10/m),
  4. Construction d'un porcherie rustique de 4 m × 6 m à $18.71/m2,
  5. Construction d'un bac en beton de 20 m × 2.5 m × 1 m à $2,400, soit $48,01/m2,
  6. Construction d'un bureau de 11.8 m × 10.8 m pour 127.4 m2 pour $14,500, soit $116/m2,
  7. Construction d'un depot de 10.4 m × 3.35 m pour 34.8 m2 à $2.963 soit $85.16/m2,
  8. Construction d'un fumoir de 6.15 m × 3.75 m pour 23.1 m2 pour $3,250, soit $140/m2,
  9. Construction d'un canarderie de 7.8 m × 13.5 m pour 105 m2 pour $283, soit $2.69/m2,
  10. Construction d'un garage du bateau de 6.85 m × 3.35 m pour 23 m2 pour $1,501, soit $65.40/m2,
  11. L'etablissement d'un systeme de documentation valable,
  12. L'etablissement d'un plan d'exploitation,
  13. Production d'alevins pour satisfaire la demande,
  14. Production de poissons commercial,
  15. Les efforts vers une gestion d'autofinancement,
  16. Les élevages associés-porcs/ poissons,
  17. Introduction des techniques ameliorées de production d'alevins et manipulation/transport de poissons,
  18. Des essais au traitement/fumage de poissons.

Thijs (1988) a détaillé les depenses effectués sur la station piscicole de Damien. Celles-ci depassent $35.000 en total.

3.1.3 Production à la station piscicole de Damien

La station piscicole de Damien a été rendu productive seulement sur 22 % de sa superficie avec 14 bassins pour l'alevinage (36.34 ares-12%) et trois bassins de production (29.04 ares-10%); ceci malgré des gros problèmes d'insuffisance d'eau, pollution d'eau, infiltration d'eau elevée et le manque de controle d'acces à la station par des villageois. Les trois grands bassins (228 ares-78%) sont restés improductifs a cause de la permeabilité du sol (coût trés elevé de colmatage) et d'autres problémes déjà cités.

3.1.3.1 Production d'alevins

Au cours des trois années du projet il y a eu 90.186 alevins de tilapias et carpes distribués aux pisciculteurs comme presenté au Tableau 1 (Thijs, 1988). La production a beaucoup augmentée vers la fin de 1988, avec 180.000 alevins produit sur la station. Notons que les espéces importées (T. nilotica et T. aurea) représent 81% des alevins distribués, ce qui demontre un dégré de succes dans les efforts tentés pour remplacer les espéces dégénérés avec les nouvelles souches ameliorées.

Tableau 1: Distribution et vulgarisation des alevins de T.mossambica, T. aurea, T. nilotica et les carpes par le projet d'aquaculture. 1986- Juin 1988. (d'aprés Thijs, 1988).

AnnéeTilapia mossT. aureaT. niloticaCarpe com.C. herbivoreTotal
861,2300022801,458
876,42215,69503,822025,939
88044,37612,8225,5811062,789
Total7,65260,07112,8229,6311090,186
%8%67%14%11%100%

Evidement, cette production moyenne notée par L. Thijs, (environ 30.000 alevins/an) est faible par rapport à la potentialité qui certainement doit depasser 200.000/an pour les 36 ares des bassins disponibles pour l'alevinage peu importe l'espéce ou les espéces. Notons, néanmoins, que cette production faible, a pu répondre à la demande pour les alevins. Ce résultat est un probléme de gestion insuffisante car un bon suivi de la reproduction de T. aurea en bac en beton en 1988 a produit en moyen 13.178 alevins/are/an, ce qui donne une production de 475.000 alevins/36 ares/an. Ceci peut être repeté dans les bassins comme ailleurs. Les résultats marqués en fin le 1988, sont trés encourageant. Une bonne gestion de la reproduction de la carpe peut produire facilement plus de 1.000.000 d'alevins/an avec cette superficie. Certainnement un programme de vulgarisation plus intensif qui renferme les fermes commerciales, aura besoin de répondre à une demande beaucoup plus elevée.

Notons qu'il n'a jamais été possible d'affecter un cadre à plein temps à la gestion de cette station. Actuellement un jeune technicien sans experience suit les operations avec l'assistance du directeur, mais l'utilisation de la main d'oeuvre demeure inadequate avec peu de suivi du personnel et le manque de motivation du personnel dû au niveau faible des salaires payés irregulierement. De plus, la pollution d'eau, le braconnage et les problémes socio-politique contribuent à un rendement médiocre sans possibilité d'atteindre un autofinancement.

3.1.3.2 Production commerciale

L'expert associé responsable de la station a resumé les activités et les productions piscicoles dans son rapport (Thijs, 1988). Regretablement il n'y a pas des résultats concluant sur les differents élevages- monoculture, polyculture, elevages associés, etc. Mlle Thijs a presenté des données de chaque type d'elevage, mais les resultats varient beaucoup à cause d'un mauvais survi parfois (20–80%). En ce qui concerne la vente de poissons marchands, il y a seulement trois bassins pour une superficie total de 29 ares. Dans les conditions actuelles, la station produit les poissons marchands principallement pour la fête de Pâques pour laquelle il y a eu des ventes en moyen de 340 kg pour chaque année. Les ventes totales par an ne depassent pas 500 kg ce qui donne une production “marchand” de 1.724 kg/ha/an. Donc, les recettes de vente de poissons ne depassent pas $500/an ce qui fait seulement environ 4 % des salaires des 4 ouvriers ($ 125/mois) et un cadre gestionnaire plein temps ($500/moisjamais nomé).

En theorie, cette station pouvait s'autofinancer si les 2 ha des bassins de production etaient fonctionnels sans les autres problemes. En élevage associé porc/poissons avec une production commercialisée de 5.000 kg/ha/an plus la vente de porc et la vente des alevins, les salaires de $ 12.000 et d'autres frais d'operations pourraient être couverts. Mais disons le tout de suite, ceci ne pourra jamais être atteint avec les problémes inherents au site de la station.

3.1.4 Difficultés rencontées à l'amenagement de la station

3.1.4.1 Problèmes pédologiques, hydrologiques et sociologique

Afin de rendre la station piscicole productive, il a fallu aménager les bassins et canaux d'alimentation et de drainage. Cette tâche fut plus compliquée qu'on le pensait a cause des problémes suivants:

1. Permeabilité du sol

Le sol à la station piscicole est un sol sablo-limoneux avec un peu d'argile. Les premiers essais de colmatage avec 8 cm de l'argile nous ont donnés des résultats peu satisfaisants. Une étude sur la permeabilité du sol et la disponibilité en eau réalisée en colloboration avec l'expert de la FAO, Ing. Olivier Berney, (Analyse et Perspectives sur la Disponibilité d'Eau pour la Station Piscicole de Damien) a révelé une infiltration élevée d'environ 29 cm/jour (100 m/an l) et une disponibilité en eau d'environ 36 litres/sec. venant de la pompe de 4 pouces en diamètre. Faute d'une bonne source d'argile on a solutionné le probléme d'infiltration par l'installation d'une nappe de plastique dans chaqu'un des 18 bassins.

Cette solution est de courte durée parce que le plastic a un temps de vie et le contrôle d'accès à la station des étrangers depend de la gestion de la ferme entière du Ministére. Autrement, on a essayé de trouver assez de fumier pour colmater les bassins suivant le principe prouvé de colmatage par matière organique. Sur la ferme de Damien, la quantité de fumier disponibile n'est pas suffisante part rapport à la demande.

2. Disponibilité de l'eau

Le fait que les deux pompes électriques qui alimentent la station piscicole sont trés vieilles, elles sont souvent en panne et la station passe des périodes de plusieurs jours consécutifs sans eau. Signalons aussi, qu'il existe souvent des coupures d'électricité dans la zone.

3. Pollution d'eau

Le fait que le système d'alimentation d'eau passe à travers 800 metres de canal à ciel ouvert avant d'entrer dans la station, permet une pollution accentuée. Ceci parce que plus de 400 villageois font leur lessive dans le canal d'alimentation chaque jour. Les “organismes indicateurs de pollution” (mollusques Melanoides sp. ou Bulinus sp. et algues bleu-vert, se trouvent dans les bassins à Damien. Ce probléme a un effet difficile à quantifier eu égard à la production d'alevins et de poisson commercial, mais nous trouvons que la reproduction et la croissance sont en dessous des normes; signalons que nous avons constaté des mortalités de poissons au moins cinq fois dans les bassins a Damien.

4. Contrôle d'acces à la station par les villageois avoisinants

Les villageois résidents a côté de la station piscicole, n'ont pas l'eau potable ni l'eau pour leur lessive. En conséquence ils font leur lessive non seulement dans les canaux a l'éxterieur de la station piscicole, mais aussi à l'intérieur, voir même dans les bassins par fois. Il est sur que le braconnage de poissons existe à la station piscicole car nous avons constaté la disparution de poissons; ajoutons qu'a plusieurs reprises nous avons trouvé les lignes et les hameçons sur les digues des bassins.

A la solution de ces problémes, le projet a proposé que le gouvernement installe 3 fontaines/lavoirs autour de la ferme de Damien (ref. let 020 du 18/2/87 de Miller et Garnier) afin d'approvissionner les villageois en eau et de leur fournir des endroits fixes pour leur lessive. L'equipe du projet a elaboré les plans détaillés et un devis estimatif pour ces lavoirs/fontaines sans avoir reçu une réponse du gouvernement. Bien que ce probléme de pollution d'eau à Damien touche la ferme agricole toute entiére, les recommandations pertinentes du projet ne sont pas encore prises en considération.

Au commencement, le projet avait consideré l'achat d'une pompe et le forage d'un puits a l'intérieur de la station piscicole. Mais le gouvernement n'ayant fait aucun effort pour construire les lavoirs, et tenant compte des problémes d'infiltration d'eau et d'acces des villageois à la station, nous avons eliminé cette possibilité par la suite.

3.1.4.2 Gestion

Malgré beaucoup des réalisations dans l'amenagement, en général, il manque de motivation de la contrepartie pour gerer la station piscicole comme une entité efficace, rentable et independante. La distribution d'alevins en général se fait toujours gratis (les 30.000 alevins distribués chaque année, si vendu a $0.02 chacun, peut payer un mois de salaire pour les main d'oeuvres-$600); ajoutons que la faible production renferme parfois des cadeaux pour certains fonctionnaires.

La gestion d'equipement et personnel laisse beaucoup a desirer. Une analyse de ces domaines laisse entrevoir que certains equipments ont servi a des fins personnelles et ont même disparu du depot. Une meilleur contrôle d'équipement est certainement desirée. La proposition qu'une seule personne (le technicien ou cadre) ait la clef du depot et ait seule la responsabilité du materiel, n'a pas été respectée. La main d'oeuvre est peu efficace et est resistante aux changements. Malgré beaucoup des travaux evidents a faire, il faut deplorer le manque de suivi du personnel impliquant une gestion enefficace de la station.

En effect, il n'y a jamais eu un cadre responsable plein temps pour la gestion. Le technicien actuel responable de la gestion, manque de pouvoir de decision sur les travailleurs. Son niveau technique est trop bas. En plus, sa position manque de stabilité car deputs qu'il est venu au projet il y a 10 mois, il a toujours été payé par les fonds des Nations Unies avec des promesses du gouvernement pour son integration sur leur budget. Les fonds des Nations Unies ont egalement payé pour l'amenagement d'une maison du MARNDR voisinant a la station piscicole et une motocyclette pour ce technicien.

Malgré la présence des Agronomes au projet, la production des porcs et canards laisse beaucoup à désirer. Les soins aux porcs, comme beaucoup d'autres petites interventions, se font trop souvent par un agronome ou technicien “consultuant” (payant) recruté en dehors du projet. La gestion d'une telle station doit viser une autonomie et independance pour que toutes ces petites interventions soient effectuées par l'equipe de la station. Chacun doit fournir sa part d'effort pour réduire les dépenses au strict minimum a travers l'esprit de débrouillard. Les solutions aux problemes de ce genre sont evidents et seule la contrepartie est placée pour les resoudre car il ne s'agit pas des problémes techniques.

3.1.5 Rôle futur de la station piscicole de Damien

Aprés 3.5 ans d'efforts et aprés analyse de sa gestion, au milieu des contraintes d'ordre physique, economique et social, la station piscicole de Damien semble avoir une seule option: servir de centre de formation pour les etudiants de l'Université et constituer un centre d'alevinage pour les villageois et gens de la ville qui veulent faire du poisson comme passe-temps (hobby). Ajoutons la possibilité des demonstrations de traitement de poissons (fumage, etc.). Mais ne faisons pas d'illusions, ceci dépend de la bonne prise en main de la ferme de Damien par le MARNDR, qui devrait prendre les mesures appropriées pour empêcher l'accés des villageois à l'interieur du perimetre de cette ferme.

Par contre si l'état veut jouer un rôle d'avant garde dans la promotion du poisson, il doit nécessairement déplacer le site de la station nationale, conduire un centre pilote dans lequel toutes les motivations du secteur privé se retrouvent et surtout produire des alevins pour l'ensemencement des grands plans d'eau continentaux du pays en y mettant des cadres formés, responsables et bien payés qui sont prés à se depasser pour justifier leur prestation de service. Autrement il n'y aura pas de motivation car le salaire faible impose aux employés devant le rythme de l'inflation leur fait obligation de rester à Portau-Prince et de chercher des travaux à temps partiel pour couvrir leurs depenses. Dans les Caraibes, Haiti est le seul pays à ne pas avoir une station piscicole experimentale viable.

3.2 Formation

Le projet a marqué de bonnes notes dans la formation avec la realisation de 40 stages et bourses. Au début des activités, on a confirmé le faible niveau de scolarité du personnel d'execution. Faisaient defaut des cadres experimentés et capables de dominer la matière. Avec le deploiement progressif du projet en province, nous avons rapidement senti la necessité d'un encadrement au niveau paysan et auprés des techniciens des differents ONG, etc.

3.2.1 Produits

Donc, pour cet objectif, le projet a porté beaucoup de flexibilité et a mobilisé les moyens nécessaires pour la réalisation de 31 stages (Annexe 2) locallement pour 37.72 mois de formation avec 324 participants. Ces stages ont cherché a combler les lacunes à tous les niveaux: 1) paysan, 2) techniciens de divers organismes, 3) main d'oeuvres de la station de Damien, 4) agents et techniciens piscicoles, 5) cadres affectés au projet, 6) cadres divers (Agronomes de Districts, etc.), et 7) les étudiants (et etudiantes) de la Faculté d'Agronomie et Medicine Veterinaire (FAMV).

Les cadres ont beneficié des courts stages, des voyages d'étude, un cours sur l'aquaculture à la FAMV et des bourses pour une totale de 68.7 mois en, Côte d'lvoire, Panama, Jamaique, Haiti et à l'Université d'Auburn aux USA. Plusieurs cadres ont egalement beneficiés de soutien partiel du projet (billets d'avions, per diem, etc.) pour des missions officiels en Israel, Auburn, et Taiwan. L'equipe du projet a joué un rôle de catalyseur pour l'organisation des bourses et stages auprés d'autres sources d'aide. Le Tableau 2 resume la formation.

Soulignons l'importance du premier cours sur l'aquaculture à la Faculté d'Agronomie de l'Université d'Haiti. Ce cours a été organisé par les cadres et le CTP du projet malgré les nombreux troubles dans le pays à l'époque. Pratique et réel, le cours a servi à sensibiliser les jeunes cadres universitaires et à éveiller leur intérêts pour cette discipline. Par ce bias et les stages d'été, organisés pour les etudiants, le projet joue un rôle de catalyseur pour le recrutement de cadres du SPP.

L'organisation du premier séminaire sur l'aquaculture en Haiti le 14 et 15 d'Octobre 1987 (Garnier et Miller, 1987) fut un succés aussi bien sous l'angle de la formation qu'a celui de la vulgarisation. Cette conference a fait partie des activités de la Journée Mondiale d'Alimentation de la FAO; il a rassemblé 63 participants de tous les secteurs (paysan, artisanal, et commercial) interessés à l'elevage de poissons ou de crevettes.

Tableau 2. La formation au projet d'aquaculture. PNUD/FAO/HAI/84/010. 1985–1988.

 Type de stage ou formationNombre de StagesDurée Mois/TotalNombre Participants
1.Voyages d'etudes - cadres  6  8.7   9
2.Bourses (l'appui par le projet avec bourse d'USAID)  3 60.0   3
3.Formation, cours et stages pour les Etudiants et Etudiantes (FAMV)  4 10.5  26
4.Stage des Techniciens et Agents et personnel de la Station Piscicole11    6.66  93
5.Stages des Cadres  4  3.2  20
6.Stages des Tedhniciens des ONG  2    0.56  37
7.Stages des Leadeurs Pisciculteurs  8  0.8143
8.Stages speciaux des cadres  216.0    5
 Total Globale40106.42336
 Total pour l'etrangere  9 68.7  12
 Total pour stages en Haiti31  37.72324

3.2.2 Difficultés rencontées à la formation

3.2.2.1 Manque de cadre national formateur plein temps

L'equipe du projet a effectué 21 stages en province souvent dans les conditions difficiles avec les moyens de bord. Une grande partie du temps a été consacrée à l'organisation et éxecution de ces stages et il faut souligner que ce sont ces stages qui ont aidé a motiver le plus grand nombre d'haitiens pour la pisciculture. Le succes du projet tient surtout a sa determination à poursuivre le volet de formation.

Par contre le gouvernement tarde encore a affecter un homologue national plein temps pour s'occuper de la vulgarisation et de la formation. Pendant un certain temps, un expert associé a rempli cette fonction en collaboration avec d'autres cadres du projet. Le poste national pour la vulgarisation et formation reste vacant depuis un an. Tenant compte du surcroit de travail de l'expert associé et de son intérêt pour la pêche continentale, il a été transféré dans une nouvelle activité sur l'étude de la pêcherie de l'Etang Saumatre sans homologue pour cette activité.

C'est dommage que ce poste en vulgarisation et formation, clef de voute du projet soit resté vacant. Afin d'assurer la réusite de cette activité, le gouvernement doit y affecter un cadre pratique et bien experimenté en pisciculture, aptes à apprehender les problémes réels de terrain et ayant des facilités en communications. La reussite du projet sur le terrain est conditionnée à l'existence de ce cadre.

3.2.2.2 Probléme d'arrivé des stagiaires a part

Le projet devrait former 10 agents piscicoles pour le SPP pendant 8 semaines; ceci a été realisé et a eu un coût en temps tres élevé. Le fait que l'affectation du personnel d'exécution a été étalé sur deux ans et demi a obligé l'organisation des stages sans aucune considération du temps ni efficacité d'emploi des formateurs. Ce probléme a même été aggravé par l'affectation dans une autre service de deux de nos techniciens (d'une promotion de 4 l) juste après leur formation de deux mois.

3.2.2.3 Recrutement du personnel

Le recrutement du personnel (agents et techniciens) devrait être soumis aux critères rigoureux et exigents afin d'assurer un niveau minimum adequat. La crise financière du gouvernement a imposé le choix parmis les gens travaillant déjà au MARNDR pour la pluport. Enfin il n y avait pas une selection par concours ou d'autres critéres objectifs car le MARNDR n'a pas eu les moyens de recruter du nouveau personnel. Ainsi, le projet était obligé d'accepter une personnel d'éxecution ayant un niveau assez bas. Dans un prochain projet, il faut certainnement, avoir un recrutement par concours dans chaque région visant une sélection objective du personnel déjà résident dans les différents zones. Ce dernier represente un probléme important car 5 sur 7 techniciens ne resident pas dans leur zone d'affectation.

Si le gouvernement donne priorité à l'aquaculture, il est important de preselectionner des cadres pour cette activité et de leur donner une formation aquacole plus poussée. Afin d'effectuer ceci, l'infrastructure existe déjà à travers l'Ecole Moyenne qui recrute et forme durant trois ans les cadres intermediaires mais seulement pour le reboisement et la médicine veterinaire actuellement. Un complement de cours en aquaculture peut creer une autre option pour aquaculture.

3.2.2.4 Necessité des tâches pratiques pour les cadres retournant des études

La pénurie du personnel a crée une situation dans laquelle aucun cadre n'est affecté à plein temps dans un poste pratique. Le premier cadre formé, a été integré dans le poste du directeur ayant des tâches plutôt administratives que pratiques. Ceci ne permet pas aux jeunes cadres d'appliquer ce qu'ils ont appris pendant leur étude; notons que quand un jeune est absorbé dans l'abysse administratif juste a son retour, il est tres difficile de s'en sortir. Dans ces conditions, le pays comme l'organisme étranger financier ou le stagiaire lui-même perdent leur investissement en argent et en temps.

Il faut ajouter que le manque d'infrastructure de base et d'activités ponctuelles sur le terrain au niveau de l'état et au niveau du secteur privé ait une connection avec la penurie du personnel dont le petit nombre doit obligatoirement occuper un poste administratif.

3.3 Vulgarisation de la Pisciculture

Historiquement, la vulgarisation agricole en Haiti a eu des lacunes sur le terrain ce qui est temoigné par l'absence des vulgarisateurs et agronomes dans beaucoup des zones en province. Vu ce manque de support pour l'encadrement des paysans pour le developpement agricole, il existe un manque de confiance dans la faible infrastructure officielle. Afin de combler ces lacunes, les ONG et le secteur privé ont des programmes d'appui en province mais leur approche aussi est parfois trop charitable, impossant ou même feodale. Sans consistance dans le development agricole et avec tellement de sources d'intervention, le pays devient un “pays des projets” sans coordination.

Malgré cette situation, le projet a lancé la vulgarisation de la pisciculture dans 8 régions du pays. Au total 11 agents et techniciens ont été formés mais le nombre est tombé a 7 faute de trois qui ne sont plus avec le projet et un qui est regrettablement decédé dans un accident de Moto.

C'est dans ce contexte que le projet d'aquaculture a travaillé dans la vulgarisation de la pisciculture.

3.3.1 Produits - vulgarisation de la pisciculture

Le programme de vulgarisation de la pisciculture en Haiti contient les volets suivants:

  1. La formation,
  2. La collecte des données,
  3. Les stations satellites,
  4. Les aspects économiques, et
  5. Le développement de la pisciculture à l'échelle industrielle.

L'expert associé responsable de la vulgarisation a détaillé la situation dans son rapport elaboré en Mars 1988 (Vlaminck, 1988). Ce rapport de 22 pages traite la gestion des bassins en milieu rural et une analyse économique, entre autre. Ce volet du projet a fait beaucoup de progrés comme presenté au Figure 4.

Figure 5. Acroissement de la pisciculture en Haiti depuis juillet 1985. Projet d'Aquaculture PNUD/FAO/HAI/84/010. Situation Decembre 1987.

Figure 5

3.3.1.1 Organisation de la vulgarisation

Le progrès effectué dans ce domaine est dû en partie a une bonne conception du programme au début du projet.

  1. Chaque technicien a été bien equipé avec une matériel d'une valeur de $351.40 (Miller, Rapt. d'Inception, 1985) comme presenté au Tableau 5.
  2. Chaque technicien a établi un croquis de sa zone pour l'organisation de son programme.
  3. Chaque technicien a organisé son programme de sortie en vulgarisation dans lequel chaque village a eu son jour de visite annoncé par le technicien.
  4. Des rapports mensuel ont été redigés visant la collecte de données et le recensement des pisciculteurs.
  5. Chaque technicien a été equipé d'une motocyclette (soit un Honda 70 cc ou un 125 cc) et un contrat a été signé pour assurer le remboursement du tiers du prix d'achat sur une periode de 3 ans, après laquelle la moto appartiendrait au technicien.
  6. L'entretien des motocyclettes a été planifié par l'argent remboursé par chaque technicien pour sa motocyclette.
  7. Les stages de recyclages ont été organisé chaque année pour ce personnel de terrain.
  8. Les réunions mensuelles ont été organisé pour coincider avec la collecte des salaires des techniciens au début de chaque mois.

Les résultats auraient été plus concrets, si à côté de cette conception, le projet avait mieu organisé l'integration des techniciens dans la gestion des stations piscicoles coopératrices avec les ONG. Ceci pouvait servir à amener une meilleure demonstration des compétences des techniciens basées sur des résultats et pas des choses qu'ils ne voit pas encore et qu'il ne croit pas. Le projet doit certainnement renforcer ses interventions dans cet optique; c'est à dire, l'implantation de centres de démonstration.

3.3.1.2 Le bilan économique annuel d'un technicien piscicole

Beaucoup d'emphase été mis sur la necessité de justifier ou rentabiliser l'emploi de chaque technicien (Miller, Rapt. d'Inception, 1985). Le tableau 3 resume le bilan de rentabilisation d'un technicien-son côut annuel ($2.363) et la production de poissons (1.455 kg/an) necessaire pour justifier ces depenses du gouvernement.

3.3.1.3 Recencement

En juillet 1988, 410 pisciculteurs, propriétaires de 451 étangs étaient encadrés par 7 techniciens piscicoles dans les zones d'action du projet. La superficie de ces étangs renferme 342, 6 are. Les zones de Saut-d'Eau et de Nippes représente 53,22% de cette superficie (voir tableau 4).

Tenant compte de la superficie disponible au début du projet, la superficie totale à l'époque de cette évaluation représentait une augmentation de 405 %.

Tableau 3. Analyse du salaire et la rentabilisation d'un technicien piscicole. Projet d'Aquaculture. HAI/84/010. Novembre 1988.

Coût Annuel d'un Technicien PiscicoleRentabilisation Annuelle
  Coût Annuelle 
 Rubrique($ US)En gros, chaque technicien doit faire produire par les pisciculteurs une valeur totale de poissons de $2.562. A $1.76/kg (4 Gdes/lb) ceci ceci se calcule a 1455 kg de poissons.
1.Salaire-$150/mo. × 12$ 1.800
2.Entretien Motocyclette 1/3 Prix d'Achat $2.000 soit $667 sur 3ans       222
3.Carburant-10 gal/mo × $1.15 × 12       138A la recherche de ceci, notons les résultats cherchés à partir de la fin de la 2ème année de travail du technicien sur le terrain:
4.Amortissement Motocycle 1/2 du prix= $1.000 @ sur 4 ans       250- 100 bassins de 100 m2 chacun, soit 1 ha de bassin
- avec une production moyenne de 1455 kg/ha/an (3201 lbs), le travail d'un technicien est rentable
- cette production peut être depassée car la production en moyenne en en vulgarisation atteign 35 kg/are/an
5.Matériel Amortissable (2 à 5 ans-Tableau 4)       117
6.Matériel non amortissable        35
 Total  $2.363

Tableau 4: Recencement des étangs piscicole en Haiti en juillet 1988. Projet d'Aquaculture PNUD/FAO HAI/84/010.

zoneactifinactif
 nombre des piscicultnombre des étangssuperficie totale m2nombre des piscicultnombre des étangssuperficie totale m2
Nippes  32.  36.10439.63   -   --
Saut-d'eau  97.118.  7485.65   -   - -
Savanette  17.  22.  2287.00  29.  29.2900.00
St. Marc  75.  78.  4050.70  29.  29.  869.00
Trianon   5.   8.    334.00   -   -  -
Gros jean  29.  33.    830.85  40.  40.1584.65
Leogane  27.  29.  1616.62  29.  29.1863.00
       
Total283.324.27044.45127.127.7216.65
Superf. moy.        83.47      56.82

Résumé  
1.nombre total des étangs:451
2.nombre de pisciculteurs:410
3.superficie totale:342.6 ares
4.superficie moyenne:  76 m2

3.3.1.4 La construction des Nouveaux Etangs.

Depuis le début du Projet le 31 Mai 1985, 300 nouveaux étangs étaient construits pour une superficie totale de 257 ares. Dans les zones ou le Projet a introduit la pisciculture, c.a.d. Saut-d'eau et Nippes, les étangs ont une superficie moyenne de 65m2 et de 290m2 respectivement et sont tous drainables. Dans les autres zones, la superficie moyenne est plus petites et parfois les bassins n'ont pas de moyen de drainage.

Les coüts de construction pour des étangs familiaux varie selon la zone. (voir tableau 5). En moyenne un bassin de 100 m2 couts US$ 35.00 et il est fouillé pendant 40 hommes jours de main d'oeuvre.

Le volume de m3 de terre déplacé/100m2 de superficie de bassin est trop élevée dans les zones de Savanette, Gros Jean et Léogane. Ceci est due au fait que les bassins sont tellement petits, qu'on ne peut pas utiliser la pente naturelle du terrain pour diminuer le déblais.

Tableau 5: Données sur la construction des étangs piscicoles familiaux dans 7 regions en Haiti. (moyens rapporter a un étang de 100 m2). Projet d'Aquaculture PNUD/FAO HAI/84/010. Decembre 1987. (Vlaminck. 1988)

zonenombre de result.m3 deplacé /are m3nombre hj /are hjm3 /hj m3coüts /hj us$coüts /m3 us$coüts /are us$
Savanette1771.86391.840.750.4129.28
Saut d'eau2052.29451.160.960.8243.30
Trianon  859.44381.570.860.5432.40
St. Marc        (1) 13-60-     0.27-     16.80
                     (2)   5-25-     1.71-     46.82
Gros jean3670.07521.330.370.2819.77
Leogane2186.40402.170.670.3326.85
Nippes1050.97361.391.240.8945.50
        
Moyen 62.81421.510.830.5634.81

(1) avec coumbite
(2) avec main d'ouevre

3.3.1.5 Production piscicole selon different systemes d'élevage

Le Tableau 6 resume les productions piscicoles obtenus dèjâ en Haiti à plusieurs niveaux: monoculture, polyculture et élevage associé.

Ces données confirment que les meilleurs résultats (75.15 kg/are/an - moyenne de 4 résultats) ont eté obtenus en faisant l'elevage associé porcs/poissons. Notons, néanmoins, que 15 résultats obtenus au niveau paysan en monoculture de Tilapia aurea ont donné en moyenne 34 kg/are/an. Les polycultures de tilapias et carpes ont produit 30.43 kg/are/an. Notons qu'il faut améliorer la survie (%) du stock original, car une survie d'environ 75 % est faible et indique qu'il existe une perte de poissons quelque part.

Le rendement des bassins en milieu rural semble trop elevé (34 kg/are/an) pour les faible ressources alimentaire et compostaire des paysans. Néanmoins, ceci indique une premier résultat moyen à confirmer. Il est important de signaler que 50 % de la production est composée de poisson de taille commerciale (> 100 g) et le reste des alevins < 50 g. Il s'agit d'un problème à resoudre dans le cadre du nouveau projet avec la production de tilapia mâle et de carpe au niveau des stations coopératrices pour la vente aux pisciculteurs privés. Notons que la qualité d'eau en general en Haiti est trés fertile et riche en calcaire avec des pH > 7 et l'alkolinité CaCO3 depassant 200 ppm.

Tableau 6. Production de poissons par plusieurs systemes en Haiti Projet d'Aquaculture. FAO/PNUD/HAI/84/010. d'arés Vlaminck.

RubriqueProduction Divers
 Alevins 1 T. aureaMonoculture T. aurea 2Monoculture Carpes -3Polyculture-5 Tilapia/carpesElev. Assoc6 Porc/Poiss
1.Superficie (m 2)1907322.7550.576.0
2.Durée (jours)115244255190160
3.Densité (No. / 100 m 2)40418311581-C200
113-T
4.Production (Kg/are/an)453410.39.67-C75.15
20.86-T
5.Survie (%)70547173 - C76.3
58-T
6.Males (%) a 40 g.35.65710038-C55.6
97-T

1 - 10 résultats;
2 - 15 resultats;
3 - + 80 gm +;
4 - 4 resultats;
5 - 6 resultats;
6 - 4 resultats

3.3.1.6 Evaluation économique de la pisciculture paysannale

Miller et Badio (1986) et Vlaminck (1988) ont effectué une bonne analyse de la vulgarisation de la pisciculture en ce qui concerne les aspects économiques. Les derniers relevés de Vlaminck sont presenté aux tableaux 7 et 8.

Dans la monoculture semi-intensive de T.aurea, l'achat de la nourriture et la main d'oeuvre sont les coüts principaux. Ils forment respectivement 41,6% et 38,9% des coüts d'opération. Dans une monoculture extensive, au contraire, l'achat des alevins et l'amortissement du bassin formait les coüts majeurs (voir tableau 7 et 8).

Le coût de production par kg poisson et plus élevé dans une opération intensive que dans une opération extensive, notamement $ 0,88/kg poissons par rapport à $ 0,57/kg. Ceci est due aux échelles d'économies differentes.

Le rapport de retour sur l'investissement dans un système semi-intensive est 83,4% par rapport a 49,7% dans le système intensive. Dans un an et demi l'investissement original est payé dans un système semi-intensive.

Tableau. 7: Coûts et recettes annuelles pour une monoculture semi - intensive de T. Aurea dans un étang de 100 m2 en Haiti. Decembre 1987. (d'aprés Vlaminck).

rubriquequantitevaleurs
$US
pourcentage
%
A. investissement   
construction-etang
    1.35.00 
B. couts d'operations   
achat d'alevins
200.   4.0010.4
fertilisation
   ---
nourriture (kg)
180. 16.0041.6
main d'œuvre (hj)
  15. 15.0038.9
amortissement (10)
    3.50  9.1
total  38.50 
C. production (kg\are\an)   
.marchands
    24.4 48.80 
.moyen+alevins
    18.9 18.90 
total     43.30 67.70 
D. couts\kg    0.88 
E. benefice 29.2 
F. rapport de retour sur l'investissement  83.4

Tableau 8: Couts et recettes annuelles pour une monoculture extensive de T. Aurea dans un étang de 100 m2 en Haiti. Decembre 1987. (d'aprés Vlaminck).

rubriquequantitevaleurs
$US
pourcentage
%
A. investissement   
.construction-etang
   1.35.00 
B. couts d'operations   
.achat d'alevins
200.   4.0042.1
.fertilisation
   - -   -   
.nourriture (kg)
   - -   -   
.main d'œuvre (hj)
    2.  2.0021.1
.amortissement (10)
   3.50 36.8
total   9.50 
C. production (kg\are\an)   
.marchands
   10.220.40 
.moyen+alevins
     6.5  6.50  
total   16.726.90 
D. couts\kg   0.57 
E. benefice 17.40 
F. rapport de retour sur l'investissement  49.7

3.3.1.7 Commentaires sur chaque zone

Tenant compte de la diversité à travers les différentes zones de vulgarisation, la discussion suivante est présentée dans un effort d'encapsuler brievement les particularités de chaque aire d'activité.

3.3.1.7.1 Saut d'Eau

Cette zone montagneuse (600 m), à 2.5 heures de la capital, répresente une des deux zones d'activité du projet au Plateau Central; autrement nous venons de commencer des activités a Belladère (340 m) qui n'est pas consideré dans cette discussion. Saut d'Eau a beaucoup de potentialité pour la pisciculture car 1) les paysans y sont tres motivés pour cette activité, 2) il y existe une abondance d'eau de bonne qualité, 3) la terre est argileuse. La station coopératrice de la zone manque la presence des responsables de l'ONG actuellement, ce qui l'a reduit à trés peu d'activité. Selon la Mission d'Evaluation (1988), les paysans de cette zone sont convaincus que la pisciculture est plus rentable que l'agriculture. Notons que cette zone a le plus grand nombre de bassins du projet (97 sur 283 actif pour 34 %) et c'est la seule zone òu les pisciculteurs ont participé eux mêmes aux stages de formation. La region est très bonne pour la reproduction des carpes et plusieurs pisciculteurs ont fait des bénéfices interessants avec la vente des carpions.

Signalons entre parenthése qu'en Juillet de chaque année que cette zone est un haut lieu de pélerinage religieux et de grande fête vodouesque.

3.3.1.7.2 Savanette

Cette zone isolée, est a quelques kilomètres de la frontiére Dominicaine et à 3.5 heures de Port-au-Prince. La topographie est trés accidenté et montagneuse et le sol contient beaucoup de graviers dans certains endroits. Seulement 17 bassins sont actifs (6 % de tous les bassins actif du projet) et la zone reste limitée pour une expansion. Il faut sortir de la zone pour une expansion vers Belladèire comme nous sommes en train de faire.

3.3.1.7.3 St. Marc

Le projet est actif à Haut St. Marc dans une zone riche en agriculture à une heure et demi de la capital. Les activités dans cette région peuvent être augmentées malgré sa topographie également accidentée. Il y a beaucoup de competition pour la main d'oeuvre ici. Vingt six pourcent (26%) des bassins actif du projet se trouve dans cette zone, qui mérite un autre technicien basé à St. Marc même, afin de couvrir des activités eventuelles à l'Etang Bois-Neuf et vers la vallée de l'Artibonite.

3.3.1.7.4 Thomazeau

Cette nouvelle zone est au bord de l'Etang Saumâtre et Trou Caïmon à une heure de route de la capital. La pédologie de cette zone est caracterisée par un sol de deposition de profile limon, sablo-argileuse ayant souvent beaucoup de gravier. Plus qu'on s'eloigne des montagnes vers la plaine, plus le sol contient de l'argile. Le développement de la pisciculture dans cette zone serait trés limité prés des mornes, mais la plaine offre beaucoup de sites pour les grands fermes. La plaine a beaucoup des plantations de canne a sucre actuellement. Les limitations ici concernent des problèmes fonciers, d'accès a l'eau d'irrigation et ceux de drainage. Cette plaine, comme la vallée de l'Artibonite, présente des problèmes de drainage à cause du manque d'entretien reguliér des canaux d'irrigation. Cette zone est propice pour l'établissement d'une gestion à production soutenue vu le faible nombre de pêcheur. Le nouveau projet devra empoissonner ces eaux avec tilapias sp. et collecter des données sur la limnologie, l'effort de pêche et marketing.

3.3.1.7.5 Gros Gens et Ti Marché

La zone de Gros Gens, situé a 30 minutes de Port au Prince, est la zone ayant le moins de potentiel; les possibilités d'extension sont minces, car la region est collineuse, la disponibilité en eau est limiité et le sol limon-sabloneux a beaucoup de gravier. Les 33 bassins actifs dans cette zone sont parmis les plus petits enregistrés au projet, avec seulement 25 m2 de superficie en moyenne. L'agent responsable est peu qualifié, peu motivé, peu present et bon pour la retraite. Le projet et Service d'Aquaculture doivent serieusement evaluer l'avenir de notre appui pour cette zone.

La zone de Ti Marché etait couverte par un technicien qui a quitté le projet. Apart des problémes avec l'agent - non residence, reportage de données fictives, etc. - la zone presente des conditions peu favorables pour le développement de la pisciculture- sol sableux-gravier, disponibilité d'eau trés limitée. Cette localité est située en aval de Gros Gens dans la plaine de Cul de Sac dans une zone d'alluvions (de la Riviére Grise). Bien qu'il y eut un interêt manifesté (une quarantaine des pisciculteurs) pour l'elevage de poissons ici, il est possible qu'on puisse trouver ailleurs dans la plaine d'autre zones plus favorables (bonne terre argileuse et plus d'eau). Dans la futur, une prospection dans cette region peut conduire à l'identification d'autres potentialités.

3.3.1.7.6 Leogoane

Nos grandes activités dans cette zone sont concentrés autour la station cooperatrice à Christianville située à une demi heure au sud de Port-au-Prince. L'ONG concerné est un groupe de missionnaires qui gerent une ferme (boeufs, porcs, poules) integrée avec une clinique medicale et dentaire, une école primaire, une école vocationnelle agricole et divers autres activités. Les élevages associés porcs/poules/poissons donnent des rendements encourageants dépassant 70 kg/are/an. Nous cherchons a amener cet ONG a être plus orienté vers un développement général dans la zone. Ils penchent, parfois, trop sur la charité aux paysans. De même que nous avons formé beaucoup des techniciens pour la gestion des bassins de cette ONG, ils ont subi beaucoup trop de changement en personnel. Neanmoins, nous comptons sur cet ONG à partir de l'accord de collaboration pour intervenir dans le milieu rural environnant avec un appui dans la vulgarisation de la pisciculture. En effet, la région de Leogane offre beaucoup de potentialités pour la pisciculture.

3.3.1.7.7 Nippes

La zone des Nippes est située à l'ouest de Miragoane à 2.5 heures de la capital. Cette zone a beaucoup de potentialité car elle est bien arrosée et la sol est trés bon. La premiere ferme commerciale d'aquaculture en Haiti est en voie de construction ici à O Rouck avec l'Association des Eleveurs de Porcs des Nippes (AEPN). L'équipe du projet a commencé d'aider AEPN depuis novembre 1986 avec le piquetage des premiers bassins dans la zone. Jusqu'a ce jour, le projet a dépensé beaucoup d'énergie en essayant de collaborer avec le groupe AEPN. Le projet a affecté un bon technicien dans la zone et nous avons organisé et geré trois stages dans la zone. Les conseils techniques du projet ont été souvent rejetés par les responsables de l'AEPN. Il reste à confirmer, mais la mission d'evaluation (PNUD/FAO/Gov't Haitien, 1988) a remarqué que l'approche de l'AEPN risque de freiner le développement de la pisciculture rurale dans la zone à cause de l'esprit attentiste crée parmi les paysans par cet ONG. L'assistance financière (venant d'une aide Canadiene et Française) fournit par l'AEPN pour la construction de bassins a favorisé plutôt les grands propriétaires au détriment des petits agriculteurs (PNUD/FAO/Gov't. Haitien, 1988).

Actuellement un de ces propriétaires construit une écloserie commerciale pour le crevette d'eau douce, Macrobrachium, et pour l'elevage des tilapias rouge avec un prêt financiér de SOPHIDES. Le projet n'a pas manqué d'exprimer sa mise en garde pour l'élevage des crevettes d'eau douce qui n'est pas encore confirmé dans d'autres pays de la région de la Caraibe, comme un élevage économiquement rentable. Le projet a besoin de réevaluer son approche dans cette zone dans un effort d'aider les petit pisciculteurs. Des contacts sont en cours avec un autre ONG “Le Bon Berger” à du Parc, pour l'implantation d'une autre station cooperatrice pour la démonstration des techniques applicables par les paysans et le secteur privé.

3.3.1.8 Expansion de la pisciculture Rurale

Vue le succès de la pisciculture dans les zones d'actions du projets, les paysans d'autres zones sont interessés. Des demandes des groupements de paysan sont venues des zones suivantes pour introduire la pisciculture chez eux.

  1. Vallée de l'Artibonite
  2. La chapelle
  3. Pignon
  4. Croix-Fer (Belladère)
  5. Hinche
  6. Casal
  7. Petit-Goave
  8. Les Cayes
  9. Jacmel
  10. Grand Anse-Corailles
  11. Thomassique
  12. Cabaret

Le manque du personnel du gouvernement affecté au Projet nous oblige, actuellement, a ne pas répondre à ces demandes d'aide technique.

3.3.1.9 Développement de l'Aquaculture Commercial en Haiti

Le projet a reçu de nombreuses demandes des investisseurs du secteur privé pour les prospections de leurs terrains pour l'implantation des fermes d'elevage de poissons ou pour la construction des fermes d'élevage de crevettes. Le projet a été contacté egalement par le secteur crediteur (banques) et differents promoteurs d'agribusiness. Vu l'interêt de plus de 40 investisseurs, haitiens et américains, et tenant compte du succès de ces exploitations dans d'autres pays dans la region et les problèmes nutritionnel a resoudre dans le pays, il semble inévitable qu'il y aura un agri-business en aquaculture à grande échelle dans un proche avenir en Haiti. Néanmoins, pour le moment, aucune ferme commerciale est operationelle, à part celle de l'AEPN qui est en bonne voie de construction aux Nippes pour l'elevage de crevette d'eau douce (Macrobrachium) et le tilapia rouge.

Comme déjà mentionné, ce secteur est plus exigent au gouvernement que les paysans qui manque d'organisation et de pouvoir économique. Le gouvernement cherche lentement à répondre aux besoins des investisseurs et doit éventuellement répondre à certains problèmes évidents afin d'assurer le développement de ce secteur:

  1. Recrutement et formation des cadres et techniciens en aquaculture.
  2. Disponibilité de crédit aux investisseurs en aquaculture.
  3. Disponibilité des informations techniques et économiques en aquaculture.
  4. Disponibilité d'aliments pour poissons et crevettes.
  5. Elimination des taxes d'importation sur les aliments de bétails.
  6. Amélioration dans le climat d'investissement.
  7. Support réel du gouvernement pour l'installation et fonctionnement du nouveau Service d'Aquaculture.

Les jeunes cadres nationaux du projet ont repondu avec hesitation aux investisseurs; jusqu'a ce jour, le CTP a joué un role de contact et de pivot vers l'encouragement de ce secteur.

3.3.2 Problèmes rencontrés dans la vulgarisation et formation

3.3.2.1 Manque de cadre

Faute de motivation des cadres nationaux, le projet n'a pas pu établir un systeme de vulgarisation soutenu pour la long terme. Le gouvernement n'a jamais affecté un cadre supérieur plein temps à l'activité, qui impose des longues heures en province souvent dans les conditions jugées difficile par les fonctionnaires. Il semble que les jeunes cadres du Ministère sont moins attirés par le projet d'aquaculture qui offre comme salaire de base $200/mois par rapport à d'autres projets qui offrent plus de $500. L'expert associé responsable pour ce volet, a effectué nombreuses missions en province sans un homologue; c'est ainsi, que la continuation des travaux commencés est en question. Ce manque de suivi des techniciens par un homologue haitien a crée beaucoup de problèmes comme suit.

3.3.2.2 Faible niveau d'education des techniciens

Une partie des problèmes rencontrés dans la vulgarisation est liée au faible niveau d'éducation (ecole primaire) des techniciens et agents. A cause de ceci, beaucoup des données de base sont incorrectes faute de calcul de base; sans un cadre supérieur pour vérifier les activités sur le terrain ce problème va continuer. Ajoutons que beaucoup de formation à la tâche n'est pas realisée par le manque d'un cadre. En plus de ceci, un technicien est prés pour la retrait et n'est pas très actif.

3.3.2.3 Manque de résidence dans la zone par les techniciens

Une condition préalable pour un bon vulgarisateur est l'election de sa résidence dans sa zone d'activité; ceci assure la disponibilité du technicien auprés des pisciculteurs et à tendance à rendre l'agent plus sensible et plus au courant des activités dans la zone. Ceci n'est qu'un voeu, car seulement trois des sept techniciens résident dans leur zones d'action. Signalons que la direction nationale envisage des actions concretes (transfert) pour ameliorer cette situation.

3.3.2.4 Utilisation des motocycles affectés aux techniciens

Le fait que les agents ne résident pas dans leur zone implique un usage exageré des motocyclettes, dont plusieurs ont déjâ subi des réparations depassant la moitie du prix d'achat. De même qu'il est prévu que les motocyclettes restent dans la zone d'activité, les responsables sont trop tolérant quant aux déplacements des techniciens en dehors de leur zone d'affectation; ceci malgré beaucoup d'accidents. Regretablement, un technicien a perdu sa vie suite à un accident de motocyclette qui a eu lieu loin de son lieu de travail. Des consignes ont été passées interdisant les déplacements de ces motos vers Port-au-Prince.

3.3.2.5 Remboursement des motocycles

Chaque agent et technicien a signé un contrat d'emploi et de remboursement au tiers du prix d'achat de sa moto à la livraision de l'engin. L'argent remboursé devrait servir pour assurer une partie du coût d'entretien. De bien qu'il y ait eu un remboursement partiel de la part des techniciens, la comptabilité des sommes recues n'a pas été tenue correctement (selon le Chef du SPP) par le comptable du SPP qui etait designé responsable. Tenant compte de cette situation, les fonds du PNUD ont servi pour une partie de l'entretien. Actuellement, le compte remboursement des motos contient des fonds pour l'entretien des motos.

3.3.2.6 Manque de recuperation des motocycles de deux techniciens sortis du projet

Deux techniciens qui ne sont plus avec le projet depuis un an n'ont jamais rendu leurs motocyclettes et peu d'effort a été fait de les recupérer. Il semble que ces motos soient perdus definitivement. Comme solution, le PNUD propose que l'achat de deux des quatres motocyclettes prévu dans le nouveau projet (HAI/88/003) pour les quatres nouveaux techniciens, soit considéré à la charge du gouvernement.

3.3.2.7 Manque de support des ONG

Les ONG qui sont responsables pour les stations coopératrices n'ont pas affecté un personnel adéquat pour assurer une bonne gestion et suivi des bassins. Ceci a entrainé une diminution du rôle de ces stations comme centre de démonstration et de production d'alevins. Une partie de ce problème provient du manque de clarté du projet vis à vis de la gestion de ces stations et notre collaboration trop flexible avec ces ONG. Le nouveau projet envisage un accord formel de collaboration avec ces ONG.

3.3.2.8 Manque d'elaboration des manuels de pisciculture

Par manque de personnel national et le manque de temps, le projet n'a pas pu réaliser des manuels ou guides, traitant des differents aspects de pisciculture.

3.4 Stations Piscicoles Cooperateurs avec les ONG

Tenant compte des problèmes socio-politiques dans le pays, avec le changement du gouvernement en Fevrier 1986, le projet a confirmé que l'objectif de la construction d'une ferme de démonstration commerciale à Dezeaux etait irréalisable. En s'adaptant à la situation, le projet a envisagé la construction de cinq petites stations piscicoles cooperatrices en collaboration avec des ONG en province. Ces stations ont eu comme objectifs 1) des centres de démonstration, 2) des centres de formation et 3) des centres de production et distribution des alevins aux pisciculteurs ruraux.

Pour ceci, un protocole de collaboration (ref. let. #021 du 14 Mai 1986 de Miller et Badio) a été etabli. Le projet a pris en charge le choix de site, l'implantation, le suivi de la construction des bassins, le suivi technique, l'equipement de pêche, prêts des outils de construction et la formation du personnel de l'ONG responsable pour la gestion des bassins. L'ONG a eu comme responsabilité le coût de la construction et la suivi de ses main d'oeuvres et la maintien d'une documentation sur la gestion des bassins.

Par la réalisation de cet objectif, le projet devrait vaincre les contraintes posées par les insuffisances de personnel du SPP. Il devrait, également, avoir un renforcement dans ses activités de vulgarisation à travers ces ONG. L'ONG devrait bénéficier de ces stations comme renforcement de leur programme d'assistance a l'encadrement des paysans dans les régions concernées. Ajoutons que le projet a encouragé les ONG à vendre les alevins.

3.4.1 Produits/Résultats

3.4.1.1 Construction des stations cooperatrices

Quatre des cinq stations coopératrices prévues ont été realisées à Saut d'Eau, Christianville (Leogane), Petit Riviere des Nippes et à Petit Place Cazeau. Le Tableau 9 présent les superficies et coût de la construction de ces stations d'aprés Vlaminck (1988).

D'aprés ces données, il est évident qu'un gros travail a été realisé à travers ces ONG. Notons que la superficie moyenne de ces stations est de 30.54 ares et que le coût de la construction mannuelle s'eleve à $58.28/are, soit $5.828/ha. A la fin du projet, une autre site pour la cinquième station était en cours à Gonaives (Fig. 1).

Tableau 9 : Données sur la construction pour les stations coöpérateurs. Projet d'Aquaculture PNUD/FAO - HAI/84/010. Déc. 1987.

stationsuperf. total
m2
nombre bassinsm3 déplacé /100 m
m3
nombre HJ/ 100 m2m3/HJ
m3
coûts/ HJ
$ US
coûts/ m3
$ US
coûts/ 100 m2
$ US
Saut d'Eau943.5  745.019.0  2.353.11.34     60.25
Christianville4350.0  652.424.0  2.162.71.25     65.60
SOS4090.015  59.3637.4  1.581.51.98   104.80
Nippes2836.0  423.935.670.671.42.05     49.00
Total12219.532      
Moyen3054     45.16529.001.692.1751.655  58.28

3.4.1.2 Gestion des stations coopératrices

La gestion des stations piscicoles coopératrices a varlé beaucoup selon les capacités et interêts des ONG. Ce manque de consistance a causé pas mal des problèmes a l'equipe du projet qui avait dèjâ beaucoup d'autres choses en cours, en dépit de la carence du service en personnel. Le gouvernement n'a jamais affecté un cadre superieur comme responsable du suivi des stations coopératrices. Nous avons perséveré, néanmoins, avec le suivi assuré par un expert associé et differents membres de l'équipe.

L'élevage associé porc cum poissons et la culture monosexe des mâles de Tilapia nilotica par triage à la main sont pratiqués à chaque station mais avec beaucoup de variation dans les resultats comme presenté au Tableau 10. La production de 73.6 kg/are/an (7.360 kg/ha/an) obtenu à Christianville représente un rendement normal dans cette association, pour ne pas dire un exemple à répéter en Haiti.

Les résultats obtenus aux Nippes sont trop faibles et reflectent, en partie le manque de suivi par les responsables de l'ONG AEPN qui à maintes reprises ont refusé les conseils techniques proposé par le projet.

Tableau 10: Données sur la production piscicole obtenus dans les stations cooperatrices. Projet d'Aquaculture PNUD/FAO HAI/84/010. Decembre 1987. d'aprés Vlaminck.

stationalevinagegrossissement (monosex males)
nombre de result.densité/areproduction
kg/are/an
survie %nombre de result.densité/areproduction
kg/are/an
survie %
Christianvill3.768.53.462.31.35.   73.645.8
Saut-d,eau1.280.49.473.2-- -
Nippes3.200.30.849.82.57.331.481.2

D'autres problèmes de gestion avec ces stations coopératrices sont dûs a un manque de suivie en géneral par le projet faute de personnel, et la tendance capriceuse des ONG. Les responsables du ONG à Saut d'Eau sont partis du pays lors des évènements politiques. La gestion de la station à Petit Place Cazeau, un ophelinat “SOS-Foyer des Jenues”, a depassé le responsable, dèjâ debordé par d'autre occupations. Le personnel du projet n'a jamais pu intervenir malgré la proximité de cette station par rapport à Damien.

3.4.2 Evaluation de l'orientation des stations coopératrices

Le projet a besoin d'une autre approche avec ces ONG qui vise une consistance d'opérations et une collaboration plus claire et plus étroite. Le choix des ONG doit être soumis à des critères plus exigents. Les ONG peuvent être plus orientés vers les activités de vulgarisation dans leur zone avec un système de contact avec les “leaders paysans” et des démonstrations. Le gouvernement manque les moyens pour remplir cette tâche et l'effet des quelques vulgarisateurs “fonctionnaires” est jugé loin d'être suffisant. Le suivi et documentation des activités dans ces stations doivent être assurés par un cadre supérieur recruté par le gouvernement. Le système d'élevage de poissons doit être réevalué également afin d'apporter une technologie appropriée qui vise la rentabilité des production piscicoles. Ceci peut être mieu fait par la production des alevins mâles de tilapia rouge aux stations coopératrices et leur vente aux pisciculteurs.

3.5 Importation des nouvelles souches de poissons

Au début du projet, nous avons constaté que les stocks de tilapias et carpes étaient naines, représentant, en effet, des stocks soumis à une selection negative pour nombreuses années. Le projet a procedé a l'importation de poissons comme presenté au Tableau 11. Signalons que nous avons partagé ces souches à trois stations differents-Damien, SOS Foyer des Jeunes et Christianville- ceci afin d'éviter d'avoir tous les stocks à la station piscicole de Damien qui a accusé des taux elevés de mortalité de poissons à cause de la pollution d'eau.

Cette objectif a été realisé mais les problemes socio-politico ainsi que le manque de controle d'acces des paysans à la station de Damien ont permis une situation peu favorable à l'isolement des souches pûrs de poissons.

Tableau 11. Importation des nouvelles souches de poissons en Haiti au projet HAI/84/010.

DateEspéceVenant deAssisté
1. 15/8/85Tilapia aureaOrlando, Florida-USAJohn Buntz U.S. Fisheries
2. 14/5/86Tilapia aureaPanamaRichard Pretto Aquaculture Serv.
3. 24/9/87Tilapia niloticaJamaiqueRoy Moo Young Aquaculture Serv.
4. 24–30/9/87Ctenopharyngodon idellaJamaique      "                        "              "
5. 28/5/88Tilapia rose (mossambica)Rep. DominicaineJacques DesChamps AEPN

Vers la fin du projet, d'autres importations etaient en train d'être commandés du Panama.

3.6 Evaluation économique

Le projet a établis une bon encadrement pour la documentation des aspects économique tels que la construction des bassins et la production de poissons. Miller et Badio (1986) et Badio et Miller (1987) ont presenté ce sujet avec l'analyse sur la production presenté au Tableaux 6–10.

3.6.1 Produits

Comme mentionné, le projet a elaboré deux documents sur l'analyse économique de la pisciculture en Haiti. D'autres informations économiques sur le coût de la construction et la production ont été présentées egalement dans la section 3.3 concernant la vulgarisation. Beaucoup de ces données ont été collectionnées par Vlaminck (1988) et Thijs (1988). Une analyse économique a été effectué en plus par LE JOURNAL DU COMMERCE au titre “La pisciculture: un élevage d'avenir… immédiat” (ref. journal du 27 Avril 1987). Ceci fait reference aux résultats trés positifs obtenus au Jamaique.

Une autre contribution préliminaire à cette analyse économique est l'Enquete Socio-Economique sur le Marché de Poisson d'Eau Douce en Haiti dans les Principales Zones d'Interventions du Projet d'Aquaculture” par Mr. Calixte Clerisme, sociologue (1988). Cette etude a été realisée pour compte du projet et a eu comme objectif de donner une idée du volume de poissons d'eau douce écoulé actuellement sur les marchés de certaines zones en vue d'orienter plus éfficacement les activités du projet et d'éclaircir les éleveurs de poissons ainsi que les investisseurs intéressés à se lancer dans l'entreprise du marché de poisson d' eau douce.

Tenant compte de la nécessité d'une étude de marketing de poissons en Haiti le projet a proposé les termes de reference (Miller, 1988) pour un consultant économiste, expert en marketing de poissons. Cette etude va répondre à la demande pour les informations sur le marché local pour le poisson en toute forme comme proposée par plusieurs banques, promoteurs et investisseurs.

Les résultats présentés à la section 3.3.1.5 sur l'évaluation économique de la pisciculture paysanne, nous offre des details sur la rentabilité des monocultures de Tilapia aurea soit au niveau extensif ou semi-intensif. Ces résultats préliminaires sont très positifs. Le projet a fort besoin d'en collecter encore des données sur la production piscicole afin d'etablir une analyse economique approfondie. Le manque de pisciculture au niveau commercial, limite sérieusement notre analyse mais l'exemple du succes à la Jamaique nous (le projet et beaucoup d'investisseurs) sert de modéle de ce qui est possible.

3.6.2 Problèmes rencontrés

Le projet reconnait certains faiblesses dans ces données; ceci en tenant compte du faible niveau de scolarité des techniciens et agents qui ont fait la collecte de la plupart des données. Cependant, nous avons fait beaucoup de progrés en ameliorant la comprehension de nos techniciens pour une collecte de données valables. Tenant compte de cette lacune nous avons organisé les réunions mensuelles des techniciens afin de les aider avec leur rapports et pour souligner régulièrement la nécessité d'une fidélité à la collecte des differentes informations.

3.7 Mise au point des techniques de conservation de poissons

Pour répondre à cet objectif, le projet a collaboré avec le projet FAO/PNUD Pêche Artisanale HAI/85/006. Deux modèles de fumoirs ont été construit a Damien, un modèle commerciale ayant un volume de 23 m2 pour une capacité d'environs 400 lbs de poissons. Ce modèle commercial a coûté $3.250 soit $140.72/m2; il contient un bac pour salage et un autre bac pour le stockage de poissons vivant, ceci, en plus d'un évier en béton en forme d'une “L” afin de faciliter le nettoyage de poissons par 5–6 ouvriers à la fois. Dans la chambre de fumage les poissons sont pendus ou placés sur claies. Un autre modèle du type familial/rustique a été construit pour démontrer le fumage de poissons posés sur des claies en grillage encadré en bois. Les deux fumoirs ont des foyers du feu isolés du chambre de fumage.

Beaucoup d'essais de fumage de poissons ont été effectué avec des étudiants, des techniciens et des leadeurs paysans. Nous avons demontré le fumage avec le bois de coco (ecorce de noix de coco) qui existe à travers le pays; ce qui ne demande pas qu'on coupe des arbres. Egalement, nous avons pu démontré d'une manière claire, qu'il est impossible de distinguer entre le poissons de mer et d'eau douce, ceci a travers un test de degustation conduit d'une manière scientifique (22 dégustateurs non informés d'origine des poissons). Ces essais ont été realisés avec des poissons fumés, tous de la même maniére. Ces résultats figurent dans un rapport établi pour les projets d'aquaculture et pêche artisanale par l'expert associé responsable de traitement de poissons (de Boer, 1988). La même essai doit être repeté sur la télévision nationale. Nous avons proposé un manuel sur ce sujet mais le manque de personnel a retardé cette réalisation. Ce genre de chose doit figurer dans la planification du temps au prochain projet afin d'assurer une bonne vulgarisation de ces techniques réexpérimentées dans les conditions haitiennes.

La disponibilité des poissons importés a bas prix ($0.60/ lb) fait une concurrence qui ne favorise pas le fumage de poissons au prix elevé. Nous sommes convainçus, néanmoins, de la nécessité de répéter ces expériences dans le temps et l'espace, car il existe un marché deluxe pour le poisson fumé. Encore, ceci souligne le besoin pour l'étude de marketing.

3.8 Empoissonnement des lacs et élevage de poissons en cage

La réalisation de cet objectif a été conditionnée à la collecte de données de base afin d'assurer le suivi des activités. Malgré le manque de personnel et la rareté d'information de base, plusieurs petits plans d'eaux ont été empoissonnées, comme cité aprés avec Tilapia nilotica. Signalons que les populations vivants autour de ces plans d'eau ne cessent de demander leur empoissonnement.

  1. Trou Caiman
  2. Etang Bois Neuf
  3. Canaux d'irrigation de l'ODVA
  4. 6 lagons de l'ODVA

A l'époque de ces empoissonnements, le CTP n'a pas manque de souligner l'importance d'une approche systématique avec la collecte d'un minimum de données de base sur les plans d'eau à empoissonner (Miller, 1988). Historiquement, le SPP a souvent empoissonné des lacs et plans d'eau dans le pays, mais les résultants de ces empoissonnements n'ont pas été évalués quantitativement et qualitativement. Le CTP a redigé une proposition (Miller, 1988) d'approche aux empoissonnements systématiques des plans d'eau qui tient compte de l'établissement des pêcheries soutenues. La Mission d'Evaluation (PNUD/FAO/Gov't Haitien, 1988) a supporté cette approche, ainsi que le consultant en pêche (Matthes, 1988).

Deux essais d'élevage de poissons en cage se sont terminés en échec. Trois cages d'un metre cube chacun, construits en filet, ont été empoissonnés dans l'Etang Miragoane, mais des tortues les ont détruits laissant les poissons s'echapper dans le lac. Un autre essai dans l'Etang Bois Neuf, près de St. Marc, à également échoué, cette fois à cause de manque du personnel pour assurer le suivi. Les trois cages essayées dans ce cas, étaient fait en grillage couvert en vinyl. Elles ont 1 m3 chacunes et semblent très résistantes et bonnes pour des essais. Dans le prochain projet, ce modèle merite d'être utilisé pour les résultats de production malgré son coût elevé de $ 110/m3.

3.9 Etude de la Pêcherie de l'Etang Saumatre

Un réalisation du projet non inclu au document du projet, concerne l'etude lancé sur l'Etang Saumatre. Les visites au lac et au marché de poissons de la localité nous ont donnée l'impression d'un lac peu productif. Une autre étude realisé sur lac Péligre a revelé une production assez basse de 15 kg/ha/an (Winfield, 1985). Neanmoins vu la grande superficie de l'Etang Saumatre (11.300 ha) nous l'avons vu comme une ressource potentielle énorme de production de poissons. Tenant compte de cette situation, nous avons lancé un première collecte de données et en même temps nous avons préparé un document de projet d'étude (Miller, 1987) pour financement par la BID sur Etang Saumatre.

Afin d'effectuer nos premieres collectes de données et en accord avec la contrepartie et le PNUD, un minimum d'équipement a été acheté (bateau, moteur hors bord, filets d'echantillions biologique) et l'expert associé responsable pour la vulgarisation et formation a été transféré sur le lac encore une fois sans homologue national. Cette action a porté beaucoup de bénéfices au projet et au service car pour la première fois, une bonne collection de données de base visant le long terme, a été commencée sur un lac en Haiti. Ces données ont servi pour l'étude effectuée sur l'Etang Saumatre par Winfield (1988) avec la BID, et pour la mission du consultant en pêche continentale venu pour le nouveau projet HAI/88/003 (Matthes, 1988). Actuellement ces études continuent avec la collecte des données sur les aspects limnologiques, le recensement des pêcheurs, les engins de pêche utilisés, les captures, les captures par unité d'effort et le marketing. Le projet encadre plusieurs étudiants dans ces recherches. Des propositions d'introduction des espéces exotiques par les consultants sus mentionnées sont a l'evaluation actuellement.

D'aprés nos expériences et ceux des consultants la production piscicole actuelle des lacs (21.000 ha) s'éleve a seulement 156.8 tonnes par an. Avec une bonne gestion de ces pêcheries et des empoissonnements il sera possible d'augmenter la production à 778 %, soit 1.214 tonnes pour une totale de 1.340 tonnes de poissons venant des lacs. Notons que ceci represente 10% des poissons importés chaque année en Haiti.


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