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VI.- ASPECTS SOCIO-ECONOMIQUES

Dans la société haitienne, certains de ces facteurs jouent un rôle prépondérant et il faut en tenir compte pour le développement de la pêche et pisciculture continentale.

6.1- La Communauté des Pêcheurs:

Ceux ci occupent en général un niveau très bas dans la société rurale et sont même déconsidérés (Ref. 23). La plupart, cependant exercent d'autres activités économiques, généralement l'agriculture. On estime à 250 (1966) le nombre de pêcheurs au Lac Péligre (Ref. 38) mais une estimation récente (mission, en présence de M. Winfield qui a fait l'étude en 1986) les évalue entre 400 et 500. Ceci n'inclue pas les nombreux enfants qui pêchent à l'hameçon depuis les rives.

A l'E. Saumâtre, il y a environ 40 pêcheurs “professionnels” (Ref. 41); au T. Caiman, on estime 150 (certains disent 1.000, chiffre franchement invraisemblable) et à Miragoâne 170 (Ref. 23) en 1981. 12 comptés (en 12 canots) en Décembre 1988.

Au total donc, quelques 800 pêcheurs pour les 4 lacs (ce qui donne une production annuelle d'environ 175:800 ~= 220 kg/pêcheur/an, au prix moyen de Gdes. 7.12/kg cela représente un revenu moyen annuel de Gdes. 1.568

En comparaison, Phaneuf (Ref. 23) estimait un revenu annuel moyen par pêcheur de $. 75.00 en 1981 à Miragoâne.

Socialement, les pêcheurs ont peu de cohérence, l'individualisme et la compétition prime tout et ils n'hésitent pas même à voler les engins/captures de leurs voisins. Leur attitude vis-à-vis des autres composantes de la société est basée sur la méfiance et même l'hostilité, surtout lorsqu'il s'agit des autorités (gouvernement).

Au Lac Péligre, cependant, existent parmi eux des individus plus enclins à coopérér entre eux et même à créer une association pour mieux défendre leurs intérêts. Ceux qui pêchent en groupes (au “Camp” sur la rive O de Saumâtre, au T. Caiman) probablement sont plus enclins à s'entendre et à s'organiser socialement. C'est en tout cas de cette base qu'il faudra partir pour former des groupements cohérents qui pourraient peu à peu se constituer en association coopérative. Il s'agira d'identifier entre les pêcheurs, les individus plus dynamiques qui pourrait noyauter ces groupes et les diriger.

6.2- Le Secteur Secondaire:

Etant donné l'état primitif du secteur Pëche Continentale et sa dispersion, les seuls éléments du secteur secondaire sont les marchand(e)s de poisson qui assurent la commercialisation.

Il n'existe pas de secteur d'infrastructure de services, ni technique (construction de bâteaux, mécaniciens, traiteurs, fournisseurs, chaîne de froid etc.) ni financier (crédit) ou autres (services sociaux) dans les zones des lacs (et la situation, de ce point de vue pour le secteur marin, n'est pas beaucoup plus développée).

Du point de vue institutionnel, il existe le service des pêches, au MARNDR (voir chapitre suivant).

En ce qui concerne le secteur commercial, si les pêcheurs eux mêmes, ou un membre de leur famille ne se charge pas de vendre le poisson au consommateur, ce sont les intermédiaires: Les marchandes en général. Celles ci ont également un pouvoir d'achat faible et ne peuvent écouler, faute de moyens (aussi de transport, de conservation) que de petites quantités du jour au jour.

Ici aussi, l'individualisme compétitif est la règle, aussi bien entre elles que face aux pêcheurs et aux acheteurs. Il sera difficile, sauf avec beaucoup de patience et moyennant la mise en place d'une organisation de service, notamment pour améliorer la conservation du produit (par ex. installation d'échoppes hygiéniques sur les principaux marchés, pour la vente de poisson avec adduction d'eau, toit, table etc. et de préférence gratuits), que l'on pourra commencer à former un groupe de commerçantes capables de surmonter leurs difficultés.

6.3- Les Cols de Bouteilles:

Principalement, ceux-ci concernent:

- L'attitude (sociale) des pêcheurs et marchandes

- Les bas niveaux de revenus, empêchant toute entreprise ou innovation.

- Le manque de cohérence sociale.

- La méfiance vis-à-vis des autorités.

- La dispersion géographique.

La résolution de ces problèmes va nécessiter en tout premier lieu, une présence continue sur le terrain des agents du service ou du projet; le déroulement suivi des activités programmées, (surtout en ce qui concerne la vulgarisation); une attitude patiente, compréhensive, persuasive et la participation de la communauté et du secteur secondaire dans tous les aspects.

Il faudra surtout combattre les attitudes négatives et/ou cyniques et tenter de diriger les discussions vers l'identification des problèmes et la+ recherche de solutions.


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