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2. LE LAC TANGANYIKA

2.1 Donnees hydrobiologiques; estimation de la production potentielle burundaise

2.1.1 Caracteristiques principales du lac

La production de poisson du Burundi provient presque entierement des pecheries du lac Tanganyika qui presente les caracteristiques d'une mer et dont les principales ressources se trouvent dans la zone pelagique, contrairement a la plupart des autres lacs africains.

Le resume d'informations sur le lac est le suivant:

(Les considerations generales qui suivent sont basees sur une etude de la FAO: 1977a)

“La temperature de l'eau et la radiation solaire sont toujours a un degre optimal pour la production biologique, mais deux phases saisonnieres sont imposees par le regime des vents qui semble etre le facteur principal de regulation de la production. L'evenement remarquable survenu dans la productivite est la multiplication du phytoplancton en septembre-octobre. Ce n'est certainement pas un phenomene general valable pour tout le lac. A l'extremite sud de celui-ci la production est plus forte en saison seche a cause du courant ascendent d'un upwelling avec parfois une pointe plus petite au debut des pluies. La productivite globale semble dependre essentiellement de l'intensite et de la duree de la floraison.

Plusieurs mecanismes peuvent etre mis en avant pour expliquer cette multiplication: la derive de l'epilimnion vers le nord; les elements nutritifs entraines par les premieres pluies; leur diffusion a travers le thermocline. Les deux premieres explications seraient liees a des causes distinctes: les courants venus du sud et l'apport des tributaires.

Pour le lac tout entier, cette sorte d'apport supplementaire d'elements fertilisants a l'epilimnion pourrait se traduire par des structures differentes du phytoplancton, selon le mode d'oscillation.

La productivite de lac a l'hectare pourrait bien etre importante; l'illumination incidente par jour est aussi elevee qu'en Europe pendant l'ete; l'eau est tres peu limoneuse et par consequent, la plus grand part de la lumiere est finalement absorbee par les algues pour fournir une production primaire”.

2.1.2 Principales especes de poissons

La communaute de poissons pelagiques est constituee essentiellement de deux especes de clupeides planctonivores: Stolothrissa tanganicae (Ndagala) et Limnothrissa miodon et de leurs predateurs, trois especes de Lates et Luciolates stappersii (Mukeke). Le cycle de vie moyen des clupeides est d'environ 18 mois; les Lates et les Luciolates vivent plusieures annees. L'abondance des stocks de Ndagala et Mukeke varie considerablement a intervalles d'environ 6 a 8 ans.

2.1.3 Production potentielle du lac

Le potentiel piscicole moyen du lac a ete evalue a 90 kg/ha/an, ou a quelque 300 000 t pour la totalite du lac. Ce chiffre est cependant une moyenne technique, les stocks montrant des fortes variations naturelles en abondance qui rendent tres difficile la planification de la peche.

Les captures totales ont ete en 1982 les suivantes:

Burundi:13 600 t
Tanzanie:25 000
Zaire:30 000
Zambie.10 500
Total80 000 t

La conclusion est que le potentiel du lac dans son ensemble est sous-exploite.

2.1.4 La production potentielle dans la partie burundaise du lac Tanganyika

La production potentielle du Burundi a ete evaluee entre 16 000 et 20 000 tonnes/an.

Le niveau de la production en 1984 etant 12 000 tonnes, on devrait conclure que le potentiel de cette partie du lac est sous-exploite.

Cependant, il faut considerer que, malgre l'augmentation du nombre de catamarans et de bateaux industriels en 1983 et en 1984, le niveau de la production nationale est en baisse par rapport a la moyenne des annees precedentes. Par consequent le rendement par unite de peche a sensiblement baisse (voir Figure 1). En meme temps, en analysant la composition des captures, on remarque une reduction en pourcentage des prises de Stolothrissa (planctonophage) compensee en partie par l'augmentation des captures de Luciolates (voraces) ce qui demontre un desequilibre ou changement dans la composition des stocks.

Ces aspects recents de la production entrainent les hypotheses suivantes:

A    L'effort de peche est deja arrive a la limite supportable par les stocks de Ndagala actuels.

En effet l'augmentation spectaculaire du nombre des catamarans, dont les captures sont representees pour 90% par les Ndagala et pour 10% seulement par les Mukeke qui sont rapides et echappent en bonne parties aux engins de la peche artisanale, a probablement modifie l'equilibre des stocks generalement admis: 80% planctonophages et 20% voraces. Si on considere, en meme temps, que les Ndagala sont les captures principales des bateaux industriels et des voraces, l'hypothese d'une surexploitation des stocks de Ndagala devient fortement possible.

B    Le stock de poisson au Burundi peut etre relativement isole et les quantites capturees ne sont pas compensees par les migrations d'autres poissons du reste du lac, qui, comme on l'a dit, est sousexploite. Cette hypothese parait etre confirmee par une etude de la FAO (1977b).

“Il peut y avoir plusieurs types de deplacements d'ensemble des poissons; la population qui se trouve a la partie septentrionale du lac (Burundi) pourrait etre relativement isolee du fait de mouvements plus restreints que les deplacements qui se produisent dans le reste du lac, ou bien le deplacement de poissons vers les eaux burundaises pourraient egaler ceux des poissons qui s'en ecartent”.

Ces hypotheses devraient etre confirmees par un programme d'etudes hydrobiologique du lac dont la realisation s'avere urgente.

En attendant cette etude il faudra adopter une politique prudente dans l'exploitation des stocks de Ndagala dans la partie burundaise du lac.

Le developpement de la production ne nous parait possible qu'a deux conditions, a savoir:

-   realiser un accord de peche avec les trois autres pays riverains pour adopter une politique commune pour la libre exploitation du lac ou bien en payant des permis de peche pour les bateaux industriels. Ceci permettrait de reduire l'effort de peche sur la partie burundaise du Lac Tanganyika et une expansion nouvelle de la peche artisanale et industrielle;

-   diversifier l'exploitation des stocks, surtout en ameliorant la technique des carrelets pour permettre aux pecheurs de capturer les Mukeke pour re-equilibrer les captures a l'ordre biologique naturel. Une etude recente de la FAO (Roest, 1985) est du meme avis: “Il est bien connu que les pecheurs du lac Tanganyika capturent une quantite limitee de predateurs a cause de la lenteur de leurs methodes de peche. L'introduction de methodes plus rapides permettrait aux pecheurs artisanaux d'exploiter les stocks de Luciolates de 1–2 annees qui actuellement ne sont pas pratiquement pechees. La reduction de leur nombre permettra sans doute une survie plus importante de Stolothrissa juveniles et ceci est dans l'interet immediat de la peche artisanale”.

De toutes facons il faudra adopter une serie de mesures pour rationaliser la peche burundaise, a savoir:

-   garder le nombre actuel de bateaux industriels et artisanaux.

A present les nombres de bateaux industriels est de 20 unites et les catamarans sont environ 1 000. Une etude de la FAO (1977a) indiquait le niveau suivant: “L'optimum de l'effort de peche pour les eaux burandaises est de 17 unites industrielles et de 1 040 unites artisanales ou equivalent”.

-   reduire la pollution du lac qui pourrait etre une des causes de la reduction de stocks de poisson (Meybeck 1985).

2.2 Les pecheurs

2.2.1 Evaluation du nombre de pecheurs

On trouve au Burundi trois categories de pecheurs:

Les pecheurs a plein temps sont ceux de la peche industrielle seulement. Chaque unite emploie environ 23–35 pecheurs burundais. Par consequent leur nombre est a 600 personnes environ.

Par contre les travailleurs de la peche artisanale et coutumiere restent des paysans-pecheurs; la peche est une activite secondaire, voire marginale pour la plupart d'entre eux; la peche est marginale par le temps qu'ils lui consacrent, qui varie de 10 a 12 jours par mois selon l'epoque de l'annee. Le nombre des pecheurs artisanaux et coutumiers est d'environ 5 500 personnes. Par consequent, le nombre total de pecheurs du Burundi est de 6 000 personnes environ.

2.2.2 Organisation du travail de la peche artisanale: les contrats de partage

L'equipe de peche est en general composee de 4 a 5 individus. Cette main d'oeuvre est peu stable et il arrive que le patron de peche est oblige de modifier son equipage a cause de la non-disponibilite de l'un ou de plusieurs de ses hommes. Ces changements frequents, surtout au moment des principaux travaux agricoles, nuisent a la cohesion de l'equipage et par la meme, a la rentabilite de l'unite.

Les contrats de partage des benefices de la peche artisanale sont tres varies. D'une facon generale les contrats reposent sur des principes tres simples qui sont les suivants:

-   les frais d'exploitation sont deduits du montant des ventes des captures;

-   les revenus nets sont partages en deux parties dont la premiere est pour le proprietaire et la deuxieme pour l'equipage.

Par consequent les contrats de partage sont plus avantageux soit pour le proprietaire du materiel soit pour les pecheurs et en effet, compte tenu de la duree de l'equipement, prolongee au-dela de sa longevite normale par reparations et bricolages, l'amortissement assez vite realise permet ensuite au proprietaire de jouir des benefices nets, importants pendant plusieures annees.

2.2.3 Revenus bruts et nets par pecheur artisanal

L'etude des depenses et recettes d'une unite prototype de peche artisanale (Annexe A) porte aux conclusions suivantes:

-   la marge beneficiaire d'une unite artisanale est d'environ 517 000 FBU/an, soit Dollars E.U. 5000 environ;

-   l'equipage qui est proprietaire du catamaran beneficie des revenus de Dollars E.U. 1 000 par pecheur/an.

Compte tenu des benefices de la peche s'ajoutant aux revenus de l'agriculture, il s'agit d'un montant important;

-   le cas echeant, les revenus nets sont de Dollars E.U.500/pecheur/an. Si l'on considere que les depenses en capital necessaires, pour l'achat d'un bateau equipe sont de 220 000 FBU, soit dollars E.U. 2 000 environ, il est evident que un equipage pourrait acheter un catamaran avec les economies de un a deux ans de travail.

Cependant on remarque que pendant les dernieres quatre annees le prix moyen du poisson paye aux pecheurs est reste, grosso modo, stable autour de 110 FBU/kg, tandis que le cout de l'armement a double a cause de la hausse des prix de l'equipement. Par consequent il est actuellement plus difficile qu'un equipage puisse devenir proprietaire d'un catamaran, soit a cause de l'individualisme des pecheurs, qui rend les associations rares, soit a cause des revenus qui sont, en termes reels, moins eleves que dans le passe.

2.2.4 Organisations des pecheurs

Les unites de peche vivent une vie autonome basee sur un individualisme accentue. Il s'agit d'un aspect important de la mentalite des pecheurs dont il faudra tenir compte dans les projets envisages. Depuis 1975, deux associations de pecheurs sous la forme de cooperatives ont ete creees. A present une seule cooperative reste, pratiquement en veilleuse: il s'agit de la cooperative des pecheurs de Magira, qui compte environ 15 adherants.

Les buts de la cooperative sont la construction des catamarans, l'approvisionnement des pecheurs en equipement, ainsi que la commercialisation des produits de la peche. Cette cooperative a beneficie de moyens materiels et capitaux limites; les resultats obtenus par la cooperative sont tout a fait modestes.

2.3 Methodes et engins de peche

2.3.1 Introduction

Les details techniques sur les methodes et les engins de peche sont donnes en annexe (Annexe C). Dans cette partie du rapport on se limitera a l'evaluation des problemes et contraintes de chaque type de pecherie.

2.3.2 La peche industrielle

En 1985, la peche industrielle compte 20 unites de senneurs de type grec.

La situation economique de ce secteur de la peche burundaise ne devrait pas etre mauvaise car les armateurs sont en train de construire trois nouveaux bateaux pour remplacer d'anciennes unites.

Cependant, il faudrait adopter une serie de mesures pour un nouveau developpement de la peche industrielle au Burundi, a savoir:

A.    Permettre aux bateaux industriels de travailler dans les eaux des pays limitrophes par la liberalisation de la peche sur le lac ou par l'octroi de permis de peche.

Cette mesure est fondamentale car elle permettrait un developpement de la production qui est impossible en utilisant les seules ressources du Burundi.

Dans cette hypothese, les eaux burundaises seraient, en pratique, reservees en grande partie a la peche artisanale qui pourra ainsi augmenter ses unites en entrainant une amelioration des revenus et de l'emploi; en meme temps il faudra realiser la reconversion des unites de la peche industrielle qui devront etre equipees comme des bateaux a plus long rayon d'action. Ceci demandera des etudes de prefaisabilite, d'eventuels investissements importants de la part des armateurs, et une politique favorable au developpement de la peche industrielle.

B.    Construire un port de peche equipe des infrastructures necessaires pour le developpement d'une chaine de froid.

2.3.3 La peche artisanale

Le secteur artisanal compte environ 1 000 catamarans qui utilisent des lampes a petrole a pression pour attirer le poisson et des carrelets pour les capturer.

La peche artisanale est encore dans une situation de croissance puisque au cours des trois dernieres annees le nombre d'unites nouvelles a augmente d'environ 5% par an malgre la diminution des captures et des revenus par unite.

L'explication de ce phenomene apparemment contradictoire se trouve dans le fait que le pecheur burundais est surtout un paysan. L'effort de peche est limite aux moments les plus favorables; pendant les periodes mortes pour la peche ils s'adonnent a l'agriculture.

Les investissements relativement faibles demandes, les revenus monetaires relativement eleves, font en sorte que, a present, cette activite reste interessante pour un certain nombre de personnes.

On remarque cependant que du point de vue economique un niveau de captures stagnant produit par un nombre croissant d'unites signifie produire la meme quantite avec des couts plus eleves.

Les contraintes specifiques du secteur artisanale sont les suivantes:

A.    Peche concentree sur une seule espece de poisson qui expose cette pecherie aux fluctuations des stocks de Ndagala.

B.    Manque d'efficacite du systeme actuel de peche aux carrelets, qui ne permet pas d'exploiter les stocks des predateurs de facon appropriee;

C.    Manque de variete des methodes de peche, avec pour resultat que certaines especes de poisson, ne sont pratiquement pas exploitees.

2.3.4 La Peche Coutumiere

Les 700 pirogues monoxyles rudimentaires qui pratiquaient une peche cotiere de subsistance a l'aide de filets “Lusenga”, epuisettes coniques en nylon, ont ete progressivement remplacees par des catamarans et par des techniques de peche artisanales. Actuellement il ne reste qu'environ 40 pirogues traditionnelles qui debarquent chaque annee environ 50 tonnes de poisson.

2.3.5 Contraintes communes a la peche artisanale et coutumiere

Les principales contraintes de la peche artisanale et coutumiere sont les suivantes:

A.    “Grande disparite existant entre les materiels, equipements et engins utilises; nature des pirogues, marques de moteurs et des lampes de peche, etc. qui compliquent les problemes de maintenance” (Collart, 1985)

B.    La penurie de l'equipement de peche dans les marches locaux et leur cout tres eleve par rapport a la qualite est la contrainte principale de la peche artisanale et coutumiere. La SUPOBU fournissait l'equipement de peche a des prix tout a fait raisonnables. Actuellement un seul commercant s'occupe de cette activite et exploite la situation de monopole pour pratiquer des prix qui sont trois fois plus eleves par rapport a la SUPOBU pour du materiel de qualite mediocre.

Par consequent les pecheurs s'approvisionnent surtout en Tanzanie. D'apres les declarations des pecheurs, il parait que l'approvisionnement sur ce marche est parfois dangereux; de plus, ils perdent du temps et de l'argent pour le voyage.

2.4 La production piscicole du Lac Tanganyika au Burundi

2.4.1 Introduction

Il est extremement difficile de reconstruire les donnees concernant la production piscicole du lac Tanganyika au Burundi.

Les statistiques du Service des peches, qui servaient a donner de grandes orientations jusqu'au 1982, sont devenues encore plus incompletes a cause de la reduction du nombre des observateurs.

Cependant, on essaiera d'avancer des chiffres basees sur les donnees existantes et sur nos observations.

2.4.2 Tentative de reconstruction de la production par type de peche

A. Peche industrielle

Depuis 1980, quand 6 506 tonnes furent capturees, les captures totales de ce secteur ont diminue a 4 116 t en 1981, pour rester ensuite stables autour de 3 300 t entre 1982 et 1984. Il est a noter, cependant, que les statistiques de 1980 portent sur 13 mois lunaires et celles de 1981 et 1982 sur 12 et 11 mois respectivement. Neanmoins, une tendence negative est nettement visible.

Il faut considerer cependant que, d'apres nos observations, 15% de la production industrielle echappe aux statistiques officielles; par consequent le niveau actuel de la production industrielle se situerait autour de 5 200 t.

Tableau de Production de la Peche Industrielle

 Total observe
(tonnes)
Total extrapole
par la mission
19814 1166 174
19823 6415 461
19833 1994 798
19843 4535 179

B. Peche artisanale

La peche artisanale est un secteur important dont les captures totales annuelles sont superieures a celles de la peche industrielle.

Des 807 unites catamarans denombrees en 1982, un nombre moyen de 312 fut couvert mensuellement par les observateurs en 1980, 318 en 1981 et 394 en 1982. A present les catamarans sont environ 1 000. Les unites controlees actuellement par les observateurs sont 300 catamarans environ.

Le Service des peches et la mission ont cherche a combler les lacunes statistiques par des extrapolations qui donnent les results suivants:

 Total observe (t)Total extrapole (t)
19813 8197 401 (A)
19824 4619 891 (A)
19833 1497 000 (B)
19842 8786 500 (B)

(A) Source: extrapolation du Service de peche
(b) Source: evaluation de la mission basee sur 50 kg/poisson par sortie pour 10 sorties/mois

Meme pour la peche artisanale la tendence negative est bien visible.

C. Peche coutumiere

Selon le dernier recensement, il n'y a que 50 pirogues qui pratiquent la peche au Lusenga. Cependant le nombre moyen d'unites suivies mensuellement pour les statistiques etait en 1982 de 10 pirogues dont les captures atteignaient 28 tonnes.

Notre evaluation de la production de cette peche est d'environ 50 t/an.

2.4.3 Evaluation de la production annuelle en 1984

On estime que la production actuelle de la partie burundaise du lac devrait etre autour de 12 000 t. Il s'agit evidemment d'une evaluation assez grossiere que nous avons avancee pour donner des ordres de grandeur.

2.4.4 Composition des captures

L'essentiel des captures realisees sur le lac Tanganyika etait constitue par les Ndagala. Ils representaient de 70 a 80% des prises selon les annees.

Venaient ensuite les Mukeke qui representaient environ 15 a 20% des prises totales (jusqu'a 30% en 1976).

Les gros predateurs (Lates angustifrons, mariae et microlepis) representent un stock assez faible.

Les especes littorales sont capturees par les pecheurs coutumiers et sont constituees principalement par des cichlides (tilapia), des silurides et quelques capitaines (Lates mariae et angustifrons).

Pendant les dernieres annees on a assiste a une modification profonde dans la composition des captures, avec une forte augmentation des prises de Mukeke qui en 1983 ont represente 44% des captures, contre 54% pour les Ndagala.

2.5 Conservation, transformation et transport du poisson

2.5.1 Introduction

Les efforts entrepris en matiere de conservation et de traitement du poisson se justifient en vertu des considerations suivantes:

-   les variations des prises de Ndagala et de Mukeke sont tres importantes, aux niveaux journaliers, saisonniers et meme annuels. Un systeme de conservation et de traitement permet d'utiliser plus efficacement les disponibilites de poisson en reduisant les pertes et deteriorations;

-   necessite de prolonger la duree marchande des prises, de facon a elargir les zones de distribution.

2.5.2 Refrigeration et congelation

L'utilisation de ces techniques de conservation est assez limitee au Burundi.

A. Refrigeration

Au marche central de Bujumbura une chambre froide a ete construite, mais actuellement elle reste inutilisee a cause d'une panne. Cette chambre froide est geree par la sous-direction des peches.

Ses caracteristiques sont les suivantes:

Cette chambre froide est inadequate pour la conservation du poisson, sauf s'il est glace au prealable. Par consequent elle devrait etre completee par une machine pour la fabrication de la glace (capacite 2 t/j).

En outre on devrait changer le systeme de stockage du poisson, etant donne qu'il faudrait adopter des caisses en plastique de la capacite de 20 kg pour preserver mieux les Ndagala.

B. Congelation

La SUPOBU gere une unite de congelation dont les caracteristiques sont les suivantes:

capacite de stockage:3 t
temperature:- 20 C

2.5.3 Traitement du poisson

A Sechage

Ce systeme de traitement concerne essentiellement le Ndagala dont la petite taille se prete bien a cette operation. Le sechage s'effectue soit en periode d'abondance soit pendant toute l'annee pour vendre le poisson a l'interieur du pays.

On utilise deux methodes de sechage, a savoir:

-   sechage sur des claies surelevees

Il s'agit d'une methode efficace diffusee par la SUPOBU; en cas de pluie, le poisson est couvert, ce qui reduit les risques de cette operation. On remarque qu'il est conseille de changer les baches de couverture par l'introduction de baches transparentes qui permettent aux rayons du soleil de penetrer plus facilement.

-   sechage sur le sable

Il s'agit d'une pratique qui est encore assez utilisee car les claies de la SUPOBU ne sont pas suffisantes pour couvrir les besoins, ou meme car il faut les louer a un prix estime excessif.

Le sechage sur le sable presente de nombreux inconvenients: les poissons contiennent en effet presque toujours du sable et sont contamines par les insectes. En outre la pluie, qui est assez frequente dans ce pays, oblige le pecheur a retirer le poisson, operation qui demande du travail supplementaire.

Par consequent, la mission estime que la construction de nouvelles claies serait tout a fait souhaitable.

B. Fumage

La plupart du fumage est effectue en utilisant les fours de la SUPOBU. Cette methode est pratiquee de facon convenable et a present concerne les Mukeke seulement.

La duree du fumage varie suivant la rapidite prevue de l'ecoulement.

2.5.4 Transport du poisson

Le transport du poisson est effectue exclusivement par route.

Pour reduire les frais de transport (les commercants paient 100 FBU par caisse de la plage a Bujumbura) et les taxes, le poids d'une caisse de poisson est d'environ 50 kg, ce qui nuit considerablement a la qualite d'un produit fragile comme les Ndagala et, en meme temps, rend difficile la refrigeration des poissons. Par consequent on estime qu'il faudrait modifier le systeme de taxation du produit.


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