Page précédente Table des matières Page suivante


7. CONCLUSIONS

7.1 Conclusions concernant le secteur des peches

La peche est une activite importante pour le Burundi aussi bien sur le plan economique que sur le plan social : on estime que 1% de la population vit des revenus directs ou indirects de la peche; le poisson represente un apport considerable de proteines animales (34% du total des proteines animales consommees) et le moins dispendieux du pays.

Les eaux interieurs sont constituees principalement par le Lac Tanganyika au sud-ouest (2 280 km2 au Burundi) et par Cohoha et Rweru au nord-est (140 km2 au Burundi). Au total la superficie des eaux au Burundi est de 2 500 km2.

7.1.1 La situation des peches sur le Lac Tanganyika

La production de poisson du Burundi provient presque entierement des pecheries du lac Tanganyika, dont les principales ressources se trouvent dans la zone pelagique.

Le potentiel piscicole moyen a ete evalue a quelque 300 000 tonnes pour la totalite du lac. Le montant des captures etant environ de 80 000 t pour l'ensemble des pays riverains, on peut affirmer que le potentiel du lac dans son ensemble est sous-exploite. Le potentiel dans la partie burundaise a ete evaluee a 20 000 tonnes. Ce chiffre est cependant une moyenne technique, les stocks montrant de fortes variations naturelles en composition et abondance qui rendent tres difficile la planification de la peche.

De toute facon, en 1984 le niveau estime de la production au Burundi etant 12 000 tonnes, on devrait conclure que le potentiel de cette partie du lac est egalement sous-exploite. Cependant, il faut considerer les elements suivants qui pourraient s'opposer a cette conclusion:

Par consequent on estime qu'une politique de developpement de la production pourrait etre envisagee a deux conditions seulement a savoir:

En attendant la realisation de ces conditions, il faut adopter une politique prudente dans l'exploitation du lac, en limitant les permis de peche. En meme temps, un programme d'etudes hydrobiologiques sur l'evolution continue des stocks de poissons du lac s'avere indispensable afin de mieux comprendre le potentiel optimum.

Le nombre de pecheurs est de 6 000 environ. Les seuls pecheurs a plein temps sont ceux de la peche industrielle, tandis que les autres doivent etre consideres comme des agriculteurs-specheurs. En pratique, les agriculteurs-pecheurs peuvent choisir de s'adonner a l'activite la plus rentable pendant une periode determinee.

Par consequent, ils beneficient d'une grande flexibilite qui leur permet de maximiser leurs revenus. Le revenu net d'une unite artisanale est d'environ 570 000 FBU/an, soit US$ 1 000/pecheur/an. Cependant, on remarque que la plupart des pecheurs travaillent pour un armateur; dans ce cas, leur niveau de revenus est d'environ US$ 500/an.

Au Burundi, la peche se pratique a 3 niveaux differents, a savoir:

Les captures concernent deux genres economiques principales: les Stolothrissa (planctonophages) et les Luciolates (voraces); en 1983, les voraces ont represente 45 % des captures de la peche industrielle; ceci indique un changement d'equilibre dans les stocks qui pourrait etre le resultat d'un effort de peche tres intense sur les stocks de Stolothrissa.

Il ne semble pas y avoir de problemes specifiques relatifs a la technologie de la peche industrielle; la construction d'un port de peche equipe des infrastructures necessaires pourrait faciliter les operations de cette pecherie.

Par contre, le niveau technologique de la peche artisanale reste inadequat et pourrait etre ameliore par un systeme d'encadrement qu'actuellement fait defaut.

Les principales contraintes de la peche artisanale et coutumiere sont la penurie d'equipements dans les marches locaux et leur cout tres eleve par rapport a la qualite ainsi que la grande disparite existant entre les materiels, equipements et engins utilises.

En ce qui concerne le niveau de production, il est difficile d'avancer des chiffres car les statistiques sont devenues tout a fait incompletes. L'opinion de la mission est que pendant les dernieres deux annees la production annuelle moyenne est restee, grosso modo, stable autour de 12 000 tonnes, dont, en 1984, 5 250 tonnes pechees par les bateaux industriels et 6 500 t capturees par les embarcations artisanales.

Le systeme de conservation du poisson par la refrigeration et la congelation est limite a une chambre froide en panne au marche central de Bujumbura qui devrait etre completee par une machine a glace et une unite de congelation ayant une capacite de stockage de 3 tonnes.

Le sechage sur des claies surelevees reste le systeme de traitement le plus utilise. Les claies surelevees sont assez efficaces pour les Stolothrissa et leur diffusion serait necessaire pour ameliorer la qualite du poisson traite et pour equilibrer les prix.

7.1.2 La situation des peches dans les lacs du nord

L'ensemble des cinq lacs du nord ont une superficie totale de 19 390 ha dont 15 465 ha au Burundi. Le potentiel piscicole de ces lacs a ete estime par la mission a 700 tonnes/an.

Malgre ses dimensions remarquables (6 125 ha au Burundi) il est possible que le potentiel du lac Cohoha pourrait etre limite a cause du nombre assez reduit des plages (qui sont les lieux de frai des Tilapia) des faibles quantites de phytoplancton et zooplancton, du manque de vase dans le fond, et la peche a la senne pratiquee sur les plages. Cette impression de la mission parait confirmee par l'existence d'un nombre limite de pecheurs et par le niveau reduit de leurs captures (0,8 kg/jour).

Les eaux de ce lac sont probablement sous-exploitees; cependant, il est possible que la densite du poisson ne permette pas un effort de peche intense qui soit rentable. Par consequent, il faudrait effectuer une etude hydrobiologique pour identifier le potentiel exploitable du lac, avant de lancer des programmes d'exploitation intense.

Le nombre de pecheurs est d'environ 50 personnes au Burundi dont 27 membres de deux cooperatives. Il s'agit d'agriculteurs-pecheurs qui utilisent deux engins de peche seulement, a savoir sennes de plage et filets maillants. La contrainte principale des pecheurs est constituee par les vols d'equipements.

Le niveau de production est d'environ 50 t/an, dont la plupart est vendue au marche de Kirundo.

Le potentiel du lac Rweru devrait etre relativement eleve car ses eaux sont riches en phytoplancton, les fonds vaseux, etc. Le nombre de pecheurs est d'environ 300, dont 150 au Burundi. Il s'agit de pecheurs qui pratiquent l'agriculture aussi. Vingt-six pecheurs sont membres de deux cooperatives.

Les engins de peche utilises sont les memes que sur le lac Cohoha. Les vols d'equipement representent le probleme principal des pecheurs.

Le niveau de la production est estime entre 300 et 400 t/an, dont la plupart est vendue au Rwanda.

La mission pense qu'il existe un certain equilibre entre l'eco-systeme et les activites de peche. Par consequent on estime que la seule forme d'aide utile pourrait etre representee par un soutien a la commercialisation qui est deja prevu dans le cadre d'un projet du FED.

7.1.3 La commercialisation et la consommation du poisson au Burundi

En 1984, la production nationale disponible etait evaluee a 12 240 tonnes et les importations a 10 tonnes. La population etait alors de 4 500 000 habitants et la consommation per caput de 2,7 kg/an, soit un deficit de 19,3 kg par rapport au seuil de carence.

La distribution du poisson dans le pays est tres desequilibree, une partie de la production nationale est consommee dans les villes proches des centres de peche, mais la plupart du poisson commercialise est consommee a Bujumbura et dans les villes voisines.

Il y a par consequent de vastes zones du pays qui ne consomment pratiquement pas de poisson. Cette situation depend en partie du reglement qui impose la livraison de toute la production industrielle a Bujumbura. La liberalisation de la commercialisation du poisson pourrait reduire ce desequilibre. Le prix de detail moyen du poisson sur le marche de Bujumbura est d'environ 250 FBU/kg, ce qui fait du poisson la source de proteines animales la moins dispendieuse du pays.

7.1.4 Administration des peches et de la pisciculture

7.1.4.1 Politique du Gouvernement en matiere de peche

Au Burundi l'autosuffisance alimentaire reste la priorite absolue du Gouvernement. Cependant, on remarque qu'en pratique la peche et la pisciculture n'occupent pas la place qui leur reviendrait dans la politique economique du Gouvernement. Le plan quinquennal se limite a fixer les objectifs de production du sous-secteur sans essayer de tracer les orientations techniques necessaires pour les atteindre. L'absence d'une politique gouvernementale clairement definie quant a l'appui qu'elle entend accorder a la peche reste la contrainte principale pesant sur le secteur de production.

Par contre, la situation actuelle des peches sur le lac Tanganyika demande une presence active et efficace du Gouvernement.

L'exploitation des eaux territoriales du Burundi etant probablement proche du maximum soutenable, il faut necessairement negocier des accords de peche avec les pays voisins pour augmenter la production des bateaux industriels. Dans ce cas, la structure des peches du Burundi devra etre modifiee en profondeur.

Le role du Gouvernement devrait etre le suivant:

7.1.4.2 Structure de la Sous-direction des peches et la pisciculture

La Sous-direction releve de la competence du Departement des Eaux et Forets, en dehors du personnel affecte a Bujumbura, aucun personnel d'encadrement ne se trouve sur le terrain, hormis 8 observateurs charges de la collecte de statistiques en peche artisanale qui ne sont pratiquement pas controles ni suivis par la Sous-direction. Elle se trouve dans une situation extremement difficile pour remplir ses fonctions institutionnelles pour les raisons ci-apres:

7.1.4.3 La SUPOBU

Creee en 1973, la SUPOBU couvre tous les aspects du developpement des peches, de la production a la distribution.

A present, les activites de cette societe sont limitees a cause de la crise financiere de la SUPOBU, qui doit etre consideree comme en veilleuse. L'opinion de la mission est que la SUPOBU devrait disparaitre.

De toute facon, on souhaite qu'une decision sur l'avenir de cette societe soit prise rapidement, car on estime que la situation actuelle, qui freine toute initiative dans le sous-secteur, est une forte contrainte sur le developpement de la peche.

7.2 Conclusions concernant la pisciculture

Le Burundi offre des possibilites excellentes pour l'amenagement de l'exploitation piscicole familiale, de cooperatives et communautaire, de petites proportions, dans l'interieur des debarcaderes du lac Tanganyika.

Toute l'activite actuelle dans ce secteur se resume par des amenagements non-planifies, inities par les autorites provinciales et par le Programme piscicole recent du Corps de la Paix americain.

La Sous-direction des peches et de la pisciculture ne possede pas de personnel disponible actuellement, avec une formation specifique de specialiste pisciculteur; elle a aussi peu de possibilite pour fournir des services de vulgarisation, en dehors du champ d'activite du programme piscicole du Corps de la Paix americain.


Page précédente Début de page Page suivante