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6. ADMINISTRATION ET INSTITUTIONS DES PECHES ET DE LA PISCICULTURE

6.1 Politique du Gouvernement en matiere de peche et pisciculture

Au Burundi, l'autosuffisance alimentaire reste la priorite absolue, comme proclame par le President de la Republique et sur laquelle il insiste dans tous ses discours concernant la politique de developpement economique du pays.

Dans ce cadre, compte tenu de l'importance qui revetent les poissons dans l'alimentation de la population burundaise, elles aussi devraient etre considerees comme une priorite du pays.

Par ailleurs, le developpement de la peche et de la pisciculture entrent dans le cadre de la politique de developpement rural integre qui vise essentiellement a corriger le desequilibre structurel et a instaurer des relations economiques plus equilibrees entre le milieu rural et le milieu urbain.

On remarque cependant qu'en pratique, la peche et la pisciculture n'occupent pas la place qui leur reviendrait dans la politique economique du Gouvernement.

Le plan quinquennal 1983/1987 du pays se limite a faire des previsions assez vagues sur le sous-secteur, sans essayer de tracer des orientations techniques et economiques qui seraient pourtant indispensables.

La contrainte principale pesant sur ce secteur de production, est l'absence d'une politique gouvernementale clairement definie quant a l'appui qu'elle entend accorder a la peche, en ce qui concerne l'approvisionnement materiel sans lequel ni la peche industrielle ni la peche artisanale ne pourront se mantenir et developper leurs activites; il s'agit d'octroyer les licences et devises necessaires aux importations de ces materiels, equipements et accessoires, ainsi que leur detaxation, y compris la detaxation des carburants et lubrifiants consommes a la peche, selon l'usage internationale en la matiere.

Ces mesures, en plus d'allegements fiscaux, taxes, etc., seront particulierement indispensables dans le cas ou la peche industrielle aurait acces aux zones de peche eloignees, hors des eaux territoriales du Burundi; elles sont imperatives pour la peche artisanale (Collart, 1985).

6.2 Structures de la Sous-direction des peches et la pisciculture

6.2.1 Niveau central des peches

Le Service des peches releve au Burundi de la Sous-direction des peches et de la pisciculture du Departement des Eaux et Forets, lequel forme une partie du Ministere de l'Agriculture et de l'Elevage.

Les fonctions principales du Service sont l'application des reglements sur la peche, la coordination de la recherche et la collecte des statistiques des peches. En ce qui concerne la Sous-direction elle est composee par 3 ingenieurs dont deux en technologie des produits de peche, un en techniques piscicoles et deux biologistes. Les cadres moyens sont formes par 7 assistants biologistes et 7 observateurs de la peche industrielle (au marche central). En total l'effectif du personnel totalise 48 employes.

6.2.2 Niveau central de la pisciculture

A travers tout le Burundi, les activites piscicoles sont la responsabilite technique du Ministere de l'agriculture et de l'elevage, en passant par la Sous-direction des peches et de la pisciculture du Departement des eaux et forets. La Sous-direction ne possede pas un seul membre du personnel ayant des annees d'experience et une formation en pisciculture. Parmi les trois membres avec des annees d'experience et une formation d'ingenieur agricole, deux ont suivi une formation de technologiste pour les produits des poissons, et un, celle de technologiste des peches. Cependant, un fonctionnaire, suivant actuellement un cours de formation en pisciculture devrait etre rattache a la Sous-direction a son retour.

En plus du personnel avec des annees d'experience, base dans les bureaux de la Sous-direction des peches et de la pisciculture a Bujumbura, les postes des six volontaires du Programme piscicole du Corps de la Paix americain sont rattaches a la Sous-direction, a l'interieur du pays (les provinces de Kayanza, Ngozi, et Muramvya et la commune de Mwisale). Les operations de ce programme piscicole sont supervisees par le Service des peches. Cette equipe represente l'apport total de la Sous-direction dans le secteur piscicole. En bref, on peut dire qu'a part la publication d'un manuel de pisciculture pour le benefice des agronomes sur le terrain, il semblerait qu'il n'y ait eu aucune activite piscicole de la part de la Sous-direction, jusqu'au lancement du Programme du Corps de la Paix americain il y a deux mois (octobre–november 1985).

On remarquera ci-dessous qu'a l'oppose de la negligence quasi-totale de ce secteur de la part du Ministere, il existe une activite considerable initiee par les Autorites provinciales, en dehors du Service administratif du Ministere de l'agriculture et de l'elevage.

6.2.3 Niveau peripherique de la peche

Huit “observateurs” du Service des peches operent dans les centres de peche du Lac Tanganyika, en relevant les statistiques de production d'environ 300 catamarans.

Le manque de suivi et de controle de la part du Service des peches font en sorte que leur travail est peu fiable, voire inutile. Compte tenu que le developpement de la peche artisanale s'est realise de facon anarchique, un systeme d'encadrement technique des pecheurs serait necessaire. Par contre, il manque completement en ce qui concerne les lacs du nord.

6.2.4 Niveau peripherique de la pisciculture

Actuellement, il n'existe pratiquement pas de services auxiliaires competents ou a titre consultatif, a la disposition des eleveurs recemment interesses. L'absence d'un personnel qualifie et le peu de moyens de transport sur le terrain ne permettent pas a la Sous-direction de fournir des services auxiliaires. Ce manque d'appui se manifeste par les resultats mediocres du programme actuel de construction d'etangs, qui a le support des Autorites provinciales, ceci pourrait amener a un retard dans le programme d'ensemble pour l'amenagement pisiccole a l'interieur du pays, a moins que des mesures de correction ne soient prises au plus vite.

Avec le lancement du Programme piscicole du Corps de la Paix americain, ces services auxiliaires commencent a etre a la dis-position de ces provinces, qui ont ete choisies pour faire partie du programme.

6.3 Formation

Il existe dans le pays une seule ecole de formation de techniciens agricoles a Karuzi. La formation en peche est peu developpee et surtout theorique. Les eleves de cette ecole devraient recevoir une formation nouvelle pour operer dans le sous-secteur.

6.4 Credit

Les pecheurs ont beneficie d'un systeme de credit pendant une periode de sept ans dans le cadre d'un projet de la banque mondiale.

Les fonds du projet Banque Mondiale pour le Developpement des Peches ont ete canalises par la Banque Nationale de Developpement Economique (BNDE) et de celle-ci a la SUPOBU.

Le montant rembourse par les pecheurs etait limite a cause du mauvais systeme mis en place.

Actuellement, ni les pecheurs ni les pisciculteurs ne beneficient d'une quelconque forme de credit.

6.5 La SUPOBU

La Societe des Usines de Poisson du Burundi (SUPOBU) a ete creee a l'initiative de projets FAO aupres du Ministere de l'Agriculture. C'est une agence financierement autonome. Creee en 1973, la SUPOBU couvre tous les aspects du developpement des peches, de la production a la distribution. A l'instar des autres societes parastatales, la SUPOBU peut acheter du poisson, construire et diriger des centres de developpement, commercialiser du poisson au Burundi ou a l'exterieur, creer des centres de commercialisation, importer, vendre ou louer du materiel de peche et financer sa vente, construire des embarcations de peche.

La SUPOBU est etablie pour 30 ans. A present, les activites de cette societe sont limitees a cause de la crise financiere de la SUPOBU, qui doit etre consideree en veilleuse. La societe continue a operer dans les domaines suivants:

Les resultats obtenus par la SUPOBU dans les differentes domaines d'activites ont ete juges assez pauvres.

Par consequent l'existence meme de la societe est mise en discussion.

La mission pense aussi que la commercialisation du poisson et son traitement ne devraient pas etre menes par une societe etatique qui manque de la flexibilite necessaire pour un produit aussi specifique que le poisson.

De plus, la SUPOBU fait double emploi avec la Sous-direction des peches avec le resultat que les responsabilites des deux organismes sont confuses.

Actuellement il existe une proposition de projet danoise pour relancer la SUPOBU; par contre la mission estime qu'elle devrait disparaitre. De toute facon la mission souhaite qu'une decision soit prise rapidement sur l'avenir de cette societe car on pense que la situation de veilleuse actuelle, qui freine toute initiative dans le sous-secteur, est une forte contrainte au developpement de la peche.


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