En 1984, la population du Burundi etait de 4 500 000 habitants. La population du pays prevue pour l'annee 2000 est de 7 200 000 habitants.
Sur une base theorique de consommation de 21/kg/an/habitant (seuil de carence), les besoins actuels en poisson seraient de l'ordre de 95 000 t/an et pour l'annee 2000 de 150 000 t/an.
Le potentiel du lac Tanganyika au Burundi a ete value a 20 000 tonnes/an. Ce chiffre est cependant une moyenne technique, les stocks montrant de fortes variations naturelles. Le potentiel des lacs du nord et des autres plans d'eau du pays est d'environ 800 t/an.
Par consequent les ressources nationales sont largement insuffisantes par rapport aux besoins en poisson de la population. Le developpement de la production passe par les etapes suivantes:
rationalisation de l'exploitation des ressources nationales;
recherche de sources de poisson a l'exterieur des eaux du pays.
La peche se pratique a 3 niveaux differents:
Il n'y a pas de problemes specifiques relatifs a la technologie utilisee par la peche industrielle.
La reduction des captures des deux dernieres annees doit etre imputee a la rarefaction des stocks de Ndagala qui semblent proches du maximum soustenable sous l'equilibrium actuel.
Par consequent le developpement de ce secteur de production passe necessairement par des accords de peche avec les pays voisins.
Cette situation entrainera une modification profonde de la structure de la peche et des armements qui implique l'elaboration d'un programme a long terme et des etudes approfondies a savoir:
une etude hydrobiologique sur les ressources du lac Tanganyika et la localisation des stocks de poisson;
une etude economique sur la viabilite des unites de peche industrielle transformees en bateaux a plus long rayon d'action.
L'etude devra indiquer l'equipement et les investissements necessaires pour realiser cette reconversion. En meme temps on estime que le Gouvernement devra adopter les mesures suivantes dans le cadre d'un programme a long terme afin de promouvoir les investissements necessaires:
donner des garanties aux armateurs, surtout sur le plan financier;
etude plus approfondie sur les effets a court et a long termes des subventions telles que detaxation de l'equipement et du carburant, allegements fiscaux, etc.;
octroi des licences et devises en quantite suffisante pour assurer un systeme regulier d'approvisionnement en equipement;
construction d'un port de peche equipe des infrastructures necessaires pour realiser une chaine du froid qui puisse permettre d'approvisionner en poisson les principaux centres de l'interieur aussi.
Les contraintes de la peche artisanale sont nombreuses et peuvent etre resumees comme suit:
rarefaction des stocks de Ndagala. La resolution de ce probleme est complementaire a celle de la peche industrielle, car l'exploitation des eaux des pays riverains de la part des bateaux industriels permettrait de reserver les stocks au Burundi a la peche artisanale;
peche concentree sur une seule espece de poisson (les Stolothrissa). Cette situation expose la peche artisanale aux fortes fluctuations naturelles des Ndagala (Stolothrissa) et entraine le desequilibre actuel des stocks;
niveau technique rudimentaire de la peche artisanale. L'amelioration des techniques de peche permettrait probablement de pecher les predateurs, ce qui entrainerait l'augmentation des captures et de re-etablir l'equilibre traditionnel des stocks avec la dominance de la biomasse des Ndagala;
manque d'un systeme d'encadrement des pecheurs. Ceci represente la condition prealable pour ameliorer le niveau technique.
manque d'un systeme regulier d'approvisionnement en equipement;
grande disparite existant entre les materiels, equipements et engins utilises;
utilisation de techniques nuisibles a l'ecosysteme.
On estime que, a part la premiere contrainte de cette pecherie, les autres problemes de la peche artisanale pourraient etre en bonne partie resolus par une intervention a court et moyen termes realisee par un projet d'amenagement des peches artisanales.
Ce projet devra donner son appui technique et materiel a la peche coutumiere aussi, car elle exploite des stocks qui ne sont pas peches par les autres unites.
L'amelioration technique de la peche artisanale devrait permettre de rationaliser l'exploitation des ressources nationales en equilibrant les captures des Ndagala et des Mukeke.
Il est difficile de prevoir les quantites de poissons qui seront capturees par les unites industrielles dans le cadre du programme a long terme. Il s'agira de voir en concret les types d'accord qui seront realises avec les pays voisins, le nombre d'unites qui s'ajouteront, etc.
Il est certain que le potentiel du lac permet de couvrir les besoins actuels de la population en poisson. Les resultats attendus par la rationalisation de la peche artisanale et coutumiere seront par contre necessairement limites. L'augmentation envisagee de la production est de l'ordre du 15–20 %, soit 1 000 tonnes environ. Il s'agit d'une quantite limitee, mais qui doit etre consideree importante dans la situation actuelle de carence de proteines animales dans le pays.
Le premier pas a franchir dans la realisation du programme sera d'eliminer la SUPOBU. En meme temps il faudra structurer la Sous-direction des peches qui aura toutes les responsabilites technico-administratives et promotionnelles du secteur.
Compte tenu de l'urgence de la relance du developpement du secteur des peches, le renforcement de la Sous-direction fait l'objet d'un programme a court terme qui devra etre realise dans le cadre d'un projet.
Le renforcement sera effectue par la creation d'une cellule de conception, d'execution et de suivi du programme de developpement qui sera formee de deux specialistes internationaux qui travailleront en collaboration avec leurs homologues. Les taches immediates de la cellule seront la realisation d'un plan general de developpement des peches et l'execution du projet d'amenagement des peches artisanales (programme a court terme). En meme temps la creation d'un Comite des peches pourrait faciliter les actions de planification et de mise en oeuvre des projets locaux.
Le plan general de developpement des peches representera le cadre de reference pour la realisation du programme a long terme. Il s'agit d'elaborer une strategie ayant comme objectif principal l'augmentation de la production de poissons.
Cette strategie aura des aspects politiques (accords de peche avec les pays limitrophes, politique de promotion des peches, etc.) et techniques (creation des infrastructures, re-conversion des bateaux industriels, etc.) qui devront etre resolus en meme temps. Dans ce contexte, qui demande une grande capacite de programmation, cette cellule sera l'organisme le plus directement charge d'assister le gouvernement en matiere halieutique.