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2. GENERALITES

2.1 Géographie1

La République populaire de Chine s'étend sur un vaste territoire de 9,6 millions de km2. D'est en ouest, sa largeur est de 5 000 km et, du nord au sud, 5 500 km séparent ses frontières.

La population actuelle de la Chine est d'environ 800 millions d'habitants2.

Administrativement, le pays comprend trois municipalités (Pékin, Shanghai et Tsientsin) placées directement sous la tutelle de l'autorité centrale, 22 provinces et cinq régions autonomes. La carte de la Figure 1 montre les principales divisions administratives et leurs chefs-lieux.

La topographie est d'une grande diversité. Au dessous de montagnes perdues dans les nuées, s'étagent des bassins de taille et de pente variables. De grands plateaux ondulés alternent avec de vastes plaines et, dans le nord-ouest, s'étendent jungles et déserts. Les plaines que traversent les biefs moyen et inférieur du Yangtsé sont entaillées par les vallées de ses tributaires où l'on trouve également de nombreux lacs. De tous ces paysages, la Mission, qui a parcouru près de 4 500 km à l'intérieur du pays, n'aura vu qu'une faible partie.

Certaines régions ont un climat chaud toute l'année, d'autres connaissent des longs hivers et des étés courts. La plus grande partie du territoire se trouve dans la zone tempérée. Les températures élevées associées à des précipitations abondantes offrent des conditions favorables pour l'agriculture, particulièrement dans l'est et le sud.

La Chine a d'abondantes ressources en eau. Des monts Changpai dans le nord-est aux monts Hengtuan dans le sud-est, il existe un énorme potentiel d'énergie hydroélectrique et de réserves d'eau.

Les trois plaines principales - celle du nord-ouest, celle du nord et celle de bas Yangtsé - occupent au total environ 1 million de kilomètres carrés, soit en gros le dixième de la superficie de la Chine. Ces plaines ont la plus forte densité de population et c'est là que sont situées la plupart des villes.

Aujourd'hui, environ 107 millions ha (1 600 millions de mu) sont cultivés. Ce sont surtout les plaines qui, grâce à l'épaisseur du sol humifère et au climat favorable, constituent les régions agricoles privilégiées. La plaine du Yangtsé est aussi une région très importante pour la pêche, avec ses grands lacs et le terrain favorable à la pisciculture.

2.2 Histoire récente et organisation sociale actuelle3

Il est nécessaire de rappeler l'essentiel de l'histoire récente de la Chine pour comprendre les progrès accomplis ces dernières années dans le domaine de la production agricole et aquicole. La Chine a derrière elle un très long passé culturel et aussi technologique. Développement et modernisation ne sont néanmoins apparus que tardivement et l'expansion générale agricole et industrielle, à laquelle on assiste aujourd'hui sur une vaste échelle, est relativement récente.

1 Renseignements extraits de “China, a geographical sketch” (Anonyme), 1974

2 Estimations données par Huang Shu-Tse, chef de la délégation chinoise à la Conférence mondiale de la population, tenue par l'ONU à Bucarest en 1974

3 La plus grande partie de ces informations ont été fournies à la Mission par M. Liu (commune populaire de Ho Law), ou sont extraites des rapports du premier voyage d'étude professionnel et de Solecki (1966)

Figure 1

Figure 1 Carte politique de la Chine montrant ses divisions administratives et chefs-lieux

Le début de cette expansion a coïncidé avec la fin de la Révolution et la formation de la République populaire socialiste en 1949. Le nouveau gouvernement, sous la direction du président Mao Tsé-tung, a institué un programme de réforme agraire qui a distribué les terres des propriétaires aux paysans. Des équipes d'aide mutuelle ont été créées pour mettre en commun les ressources et lutter contre le fléau endémique que constituaient les inondations et la sécheresse. Le gouvernement central a assigné la priorité à l'aménagement des principaux cours d'eau, parallèlement à la reconstruction générale.

Le succès de ces équipes d'aide mutuelle a conduit à la création, en 1955, de ce que l'on a appelé les coopératives primaires, qui se partageaient les travaux normaux et d'urgence. Leur revenu était réparti entre les coopérateurs, selon l'apport de chacun à la coopérative (terre et autres moyens de production).

En 1966, les coopératives primaires sont devenues coopératives avancées: la totalité des terres et des machines a été transférée à la coopérative, où le travail était réparti selon les aptitudes et le revenu de chacun. Cette période a coìncidé avec le premier plan quinquennal (1954–68), qui a insisté sur le développement de l'irrigation. La plupart des réservoirs actuels ont été construits à ce moment. Les coopératives n'avaient habituellement qu'une économie unique.

Avec le Grand Bond en Avant (1958), les coopératives ont fusionné pour former des Communes à économie diversifiée et ont renforcé leur assise financière.

On peut discuter de la réussite du Grand Bond en Avant, en ce qui concerne ces objectifs immédiats. Mais il est certain que le système des communes a marqué le début du développement global et simultané de tous les secteurs de production. Il s'est produit alors un tournant des priorités vers l'économie agricole.

En 1957, le Yangtsé a été équipé de ponts pour le trafic ferroviaire et routier. La reproduction artificielle des carpes chinoises élevées en étang a été aussi réussie pour la première fois dans le Kwang tung en 1958, date qui a marqué un tournant dans l'essor de la pisciculture et de la production.

En 1961, les grandes lignes de la nouvelle Chine avaient pris forme. Des progrès considérables de l'agriculture et de l'industrie avaient amélioré le revenu national, en même temps, cependant, qu'apparaissaient des problèmes d'élitisme dans les professions et les cadres du parti communiste; ce qui détermina finalement la Révolution culturelle.

“La Grande révolution culturelle prolétarienne” (1966–69) a apporté des changements importants dans l'organisation. Des mesures ont été prises pour intensifier la motivation sociale ou “la conscience politique”. Une participation accrue aux prises de décision a été donnée aux travailleurs (ouvriers ou paysans), particulièrement dans les communes et dans les activités traditionnelles, comme la médecine, l'enseignement, la recherche et l'armée. L'importance donnée à l'expérience pratique et aux “leçons à recevoir des masses” a imprimé une orientation marquée à tout l'enseignement comme à la recherche - y compris celle sur l'exploitation halieutique et la pisciculture.

L'évolution de la société socialiste est toujours en train de se poursuivre.

Aujourd'hui, les terres sont la propriété de la commune, amalgame d'administration sociale, politique et économique, et aussi municipale. Elle couvre en général une superficie de 1 000 à 10 000 ha.

Les outils manuels, petits tracteurs, embarcations, etc., sont généralement la propriété de l'unité qui a financé leur achat - habituellement l'équipe de production. Actuellement, c'est l'équipe qui constitue l'unité comptable de base. En moyenne, une équipe comprend environ 100 travailleurs.

Les gros tracteurs, camions, bateaux de plus grande dimension, ainsi que l'équipement lourd, sont en général détenus par les brigades de production, qui représentent un groupage plus diversifié d'une dizaine d'équipes.

Une grande partie des habitations relève de la propriété individuelle et est transmissible par héritage. De même pour les acquisitions de bicyclettes et postes de radio, qui demeurent personnelles. Graduellement, cependant, la comptabilité de base est en train de passer des équipes de production à des niveaux plus élevés. On assiste aussi à un mouvement de transfert de la propriété des moyens de production vers les échelons supérieurs. Dans nombre de communes, la propriété des maisons individuelles a déjà été transférée à la commune.

2.3 Situation de la pêche et de l'aquaculture continentales

La Chine a aussi une très longue histoire dans ce domaine. Il y a plus de 2 400 ans qu'un nommé Fan Li pratiquait la reproduction et l'élevage de la carpe commune à Wushi, dans la province de Kiangsu, en Chine orientale. En 473 avant J.C., Fan Li a écrit un livre “Reproduction des poissons” qui constitue le premier ouvrage connu sur la pisciculture.

Aujourd'hui, la superficie des plans d'eau, en Chine continentale, est d'environ 20 millions d'ha (300 millions de mu), dont un tiers, soit 6,7 millions d'ha (100 millions de mu), peut être utilisé par la pisciculture. Sur cette superficie, environ 60 pour cent sont constitués d'étangs piscicoles (en plaine et en altitude), de bassins d'irrigation et d'étangs de village - tandis que les lacs et réservoirs en occupent 40 pour cent.

Les principaux périmètres producteurs de poisson sont situés dans le bassin hydrographique du Heilung (Fleuve Amour), ainsi que dans les biefs inférieurs du Fleuve Jaune, du Yangtsé et de la Rivière des Perles. Le Yangtsé, avec ses nombreux lacs, petits et grands, représente la région la plus importante et comprend les provinces ayant la plus forte production, le Kiangsu et le Hopei (Solecki, 1966). A cause de ses multiples canaux et lacs, le delta du Yangtsé est appelé “le filet aquatique” de la Chine. Il a pour centre la ville de Wushi, la Venise chinoise.

Au second rang des régions productrices, vient le bassin de la Rivière des Perles. Comme le bassin oriental du Yangtsé, les plaines qu'arrose cette Rivière ont de tout temps été consacrées à la pisciculture, grâce à l'eau qui y abonde et aux vastes étendues offertes à la reproduction naturelle des grandes carpes chinoises (que l'on appelle là-bas “le poisson familial”).

Si quatre espèces de cyprinidés dominent la production d'eau douce, on rencontre en Chine plus de 500 espèces de poissons dont 200 au moins sont consommées. Les espèces auxquelles nous nous référerons le plus souvent dans ce rapport sont les suivantes:

Quatre espèces principales (poissons “de la famille”, ou carpes chinoises):

Carpe herbivoreCtenopharyngodon idella
Carpe noireMylopharyngodon piceus
Carpe argentéeHypophthalmichthys molitrix
Carpe marbréeAristichthys nobilis

Autres espèces communément élevées en culture mixte avec les précédentes:

Carpe de vaseCirrhinus molitorella
Carpe communeCyprinus carpio
Cyprin doréCarassius auratus
Poisson (brème) de WuchanMegalobrama amblycephala
TilapiaTilapia mossambica

Parmi les espèces prédatrices préférées:

Poisson mandarinSiniperca chautsi
OphiocéphaleOphiocephalus argus

La pisciculture continentale se partage entre l'élevage en étang et l'élevage dans les lacs et réservoirs. Dans ces derniers, la pisciculture consiste essentiellement à stocker le poisson élevé dans les étangs voisins, tandis que, avec la pisciculture en étang, le poisson s'alimente aussi, directement et indirectement, grâce à la fertilisation de l'eau.

La pisciculture en étang s'effectue dans deux sortes du communes: les communes de pêche et les communes agricoles, où la pêche constitue une occupation accessoire. Les communes de pêche adoptent habituellement le système de production “totale”, c'est-à-dire intégrée, en utilisant simultanément poissons, porcs et légumes. Les communes agricoles, où la pisciculture est secondaire, se vouent à la production globale des céréales, du poisson, du bétail et de cultures diverses.

L'exploitation des lacs et réservoirs revêt trois formes selon qu'ils sont propriété du domaine public, de la brigade ou de la commune, de la brigade et de la commune. En général, cependant, les réservoirs sont exploités par les communes. Dans les réservoirs les plus importants, l'empoissonnement relève de l'Etat, tandis que les brigades de production organisent la pêche avec les membres de la commune.

A tous les niveaux, de l'échelon national jusqu'à la province, le district et la commune, la politique agricole est constamment présentée sous la forme répétée des “dits” du président Mao.

Chaque citoyen connaît ces adages. En voici quelques-uns parmi les principaux:

  1. “L'agriculture est la base, l'industrie est le facteur dirigeant”

  2. “La conservation de l'eau, ou l'irrigation, est le sang vital de l'agriculture”

  3. “En matière de conservation d'eau, entreprenez des projets modestes”

  4. “Que les céréales soient le maillon-clé du développement total par l'agriculture, l'industrie, l'élevage, la foresterie, les occupations accessoires et la pêche”.

La Mission a constaté que la pêche continentale et particulièrement la pisciculture en étang ont partout été comprises comme une part intégrante du système agricole. Frain et poisson s'“épaulent” l'un l'autre et se sont développés parallèlement.

Dans les pêcheries continentales, l'accent est mis sur la pisciculture et le développement simultané de l'élevage et de la pêche.

La production d'alevins constitue la base de la pisciculture. Les communes populaires ont créé leurs propres stations d'alevinage, qu'elles font fonctionner elles-mêmes.


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