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12. L'AMENAGEMENT DES RESSOURCES1

Les crevettes penaeïdes représentent une des ressources halieutiques les plus profitables du monde. Leur prix très élevé et la forte demande sur les marchés des pays riches (Etats-Unis, Japon, Europe) représentent une formidable incitation au développement des pêcheries. De nombreux pays en voie de développement désirent tirer de cette ressource les moyens (en devises) dont ils ont besoin et toutes les conditions sont ainsi réunies pour que, en l'absence de mesures de contrôle, l'effort de production atteigne des niveaux trop élevés, conduisant à un surinvestissement, des coûts de production excessifs, une rentabilité nulle et peut-être même une réduction globale de la valeur des captures.

L'aménagement de ce type de pêcherie, dès les premiers stades apparaît donc comme un facteur important d'un développement harmonieux et d'une rentabilisation optimale. Dans cet ordre d'idée il convient d'en cerner les objectifs pour identifier les méthodes les plus adaptées car, bien que les données nécessaires ne soient pas toujours aussi complètes qu'on le voudrait, il a été accumulé une fantastique quantité d'informations depuis les travaux pionniers de Boerema (in FAO/UN, 1961) et Gunter (1966) sur l'aménagement de la pêche crevettière.

12.1. PRINCIPES DE L'AMENAGEMENT

Quel que soit le type de modèle ajustant le mieux la relation entre la production d'un stock de crevettes et l'effort de pêche exercé (chapitre précédent), la relation généralement observée est la suivante: quand l'effort augmente, la prise augmente également, presque proportionnellement au début. Très rapidement, cependant, la capture augmentera moins vite que l'effort conduisant à une diminution progressive de la capture par unité d'effort (Fig. 78). Les coûts d'exploitation étant approximativement proportionnels à l'effort exercé, la courbe liant la valeur brute des captures aux coûts d'exploitation aura la forme indiquée sur la Fig. 84a. Au point B, la valeur des captures est maximale, en A la valeur des captures est égale au coût de capture, la rentabilité étant nulle. D'autres indices économiques sont portés sur la Fig. 84b: le produit marginal (valeur nette ajoutée à la capture par un accroissement des coûts d'une unité ou pente de la courbe de valeur totale sur la Fig. 84a) et le produit économique net, c'est-à-dire la différence entre la valeur des prises et les coûts de capture. Ces courbes n'ont, évidemment, de sens que pour la pêcherie considérée dans son ensemble et ne sont pas valables lorsque l'on considère une seule unité de pêche ou un armement.

En l'absence de contrôle, la pêcherie se développera jusqu'au point A et même au delà si le produit économique net négatif est compensé par des aides gouvernementales directes (subventions, crédits à taux préférentiels) ou indirectes (dédouanement, réduction de prix du carburant, etc.). Dans la situation mondiale actuelle et devant les conséquences du nouveau droit de la mer (une importante puissance de pêche inutilisée, cherchant des terrains d'action), il est clair qu'une pêcherie rentable est susceptible de développements rapides et il est à craindre que les pêcheries dépassent leur niveau optimal de développement à cause des délais difficilement évitables dans les circuits de décision. En l'absence d'autres possibilités la pêcherie peut se stabiliser en D, où seuls les coûts de fonctionnement sont couverts (carburant, personnel, assurances) et où l'outil de production se dégrade (faute d'amortissement).

1 La trame de ce chapitre fait abondamment référence aux travaux de Gulland (1970, 1972 et 1977) et Troadec (1978)

La pêcherie crevettière des Etats-Unis est un excellent exemple de gestion inefficace d'une pêcherie. Selon Neal (1975) cette pêcherie est en état de “surpêche économique”. Il y a trop de bateaux, trop de personnel et, bien que la prise se soit stabilisée, les revenus par pêcheur diminuent. Cette pêcherie est actuellement l'objet d'analyses économiques très nombreuses: Griffin et Beatie (1978), Griffin et al. (1976), Blomo et al. (1978), Griffin et Nichols (1976), Griffin et Jones (1975), Rounsefell (1975), Greenfield (1975). Ce dernier auteur, analysant la crise économique qui sévit sur la flottille incrimine la hausse du coût du carburant comme déclencheur de la crise. Il indique que le produit marginal décroît depuis longtemps mais qu'il est resté toujours supérieur à celui que l'on pouvait espérer dans d'autres pêcheries. La hausse continuelle du prix des crevettes a permis au mouvement inflationniste de la pêcherie de se poursuivre (et Rounsefell, 1975, indique que chaque bonne année a été suivie d'un regain de la construction de nouvelles unités). En 1974, le produit économique net de tous les types de bateaux était négatif mais la flottille continuait à fonctionner car les revenus restaient supérieurs aux coûts de fonctionnement. Cette situation peut être un pis aller à court terme mais ne peut se prolonger bien longtemps car le potentiel économique se dégrade.

Fig. 84

Fig. 84 A: Relation entre l'effort et la valeur des captures montrant la position d'équilibre A en l'absence d'aménagement

B: Effets de l'évolution de l'effort sur la valeur de la CPUE, le produit marginal et le produit économique net (d'après Gulland, 1972)

C'est pourquoi, critiquant les réglementations actuelles Rounsefell demande la mise en place d'urgence d'un système d'entrée limitée associé à une forte réduction des nombres des bateaux. Il est clair que parvenue à ce stade de développement la crise ne sera pas résolue sans quelques heurts socio économiques.

En règle générale, il est certain que dans de très nombreux cas le produit économique net serait sensiblement augmenté en réduisant l'effort (à un niveau inférieur à celui qui produit la valeur maximale des captures (B, B') et où le produit marginal est nul). Au point C, le produit marginal est égal au coût de l'unité d'effort qui le produit. A ce point, le produit économique net est maximum. La difficulté réside dans le fait que différents pays exploitant la même ressource auront différents optimums économiques. Il existe, bien entendu, d'autres objectifs pour l'aménagement (meilleure utilisation de la main-d'oeuvre, meilleure distribution des revenus, etc.) mais selon Gulland (1972) le point C est en général peu éloigné de l'optimum permettant de satisfaire ces diverses exigences.

Il faut rappeler enfin que dans une analyse économique de ce type, le coût des mesures d'aménagement envisagées (coût des contraintes, de la surveillance, etc.) doit s'ajouter aux coûts de production.

Face à ce schéma théorique simplifié, l'aménagement doit être pensé en retenant quelques principes fondamentaux:

  1. Il est préférable d'intervenir très tôt dans le développement de la pêcherie. En effet, Il est plus facile d'en freiner l'expansion quand cela apparaît nécessaire que d'en réduire le niveau d'exploitation lorsque la situation devient catastrophique car les conséquences sociales et économiques à court terme sont alors tellement désastreuses que la mise en application d'un schéma d'aménagement sera très douloureuse.

  2. L'aménagement ne doit pas être seulement considéré comme un processus restrictif et coercitif mais comme une activité intégrée appuyant le démarrage d'une pêcherie à ses débuts (incitations financières, prêts, prospections scientifiques, programmes d'amélioration technologique, création d'infrastructures) en contrôlant le développement et ses conséquences (suivi de l'état des ressources, évaluation du potentiel) et mettant en place les mécanismes de régulation (quotas, licences, etc.) lorsque cela devient utile. Il est souhaitable que l'arsenal législatif et technique permettant de freiner la pêcherie soit en place avant que l'utilisation en soit rendue nécessaire.

  3. Une pêcherie bien gérée crée un produit économique net important (différence entre la valeur des captures et le coût de la pêche). Il est très important de décider, au niveau des autorités, de l'utilisation qui sera faite de ce surplus (qui peut atteindre des niveaux peu compatibles avec les revenus des autres professions et créer des tensions). Cette décision permettra de définir l'arsenal législatif nécessaire au transfert des revenus (vers d'autres activités de pêche à développer, vers le trésor de l'état, etc.).

  4. Un aménagement réussi repose sur une définition claire des objectifs à attendire, sur la disponibilité de données adéquates (biologiques, socio économiques et politiques) pour l'identification des diverses alternatives possibles ainsi que sur la mise en place d'une structure, d'un mécanisme de concertation permanente entre l'administration, la recherche et l'exploitation par lequel les informations disponibles seront transcrites en décision, les conséquences de ces décisions seront suivies et les résultats utilisés par rétroaction pour affiner ou redéfinir la stratégie d'aménagement. Un schéma général de ce type de mécanisme est donné sur la Fig. 85. Un bon exemple de définition des objectifs et de propositions concrètes pour un mécanisme de coordination régionale est donné dans Etzold et Christmas (1977).

Fig.85

Fig. 85: Mécanismes élémentaires de l'aménagement, modifié de Etzold et Christmas (1977)

12.2 OBJECTIFS DE L'AMENAGEMENT

Une politique d'aménagement efficace repose sur une définition claire des objectifs à atteindre et sur la mise en place d'une structure permettant la mise en oeuvre des mesures retenues. Les divers objectifs théoriquement envisageables dans le cas d'une pêcherie crevettière sont les suivants:

  1. Conservation de la ressource à long terme

  2. Maximisation de la production physique

  3. Maximisation de la valeur totales des captures, ou des rentrées de devises

  4. Maximisation du produit économique net

  5. Diminution des coûts de production (consommation de carburant par exemple)

  6. Amélioration de la condition économique et sociale de la main-d'oeuvre par une meilleure opportunité d'emplois ou une meileure redistribution des bénéfices

  7. Amélioration de l'exploitation des espèces secondaires (trop souvent rejetées et représentant un gâchis considérable)

  8. Amélioration de la rentabilité des chalutiers par réduction de la destruction des juvéniles par les crevettiers.

En pratique, les politiques d'aménagement seront définies dans chaque cas particulier, à la lumière des connaissances scientifiques et des objectifs du moment en gardant à l'esprit que les données (biologiques et économiques) nécessaires seront rarement totalement disponibles, suffisamment précises ou même exactes.

12.3 LA PRISE MAXIMALE EQUILIBREE (MSY) 1 COMME OBJECTIF DE L'AMENAGEMENT

La simplicité apparente du concept du modèle de production (chapitre 10) a conduit à son utilisation très intensive pendant ce dernier quart de siècle par la plupart des organismes chargés de l'aménagement. Ce modèle a été utilisé pour les penaeïdes et le sera vraisemblablement encore quelques temps faute de pouvoir le remplacer facilement. L'adéquation de ce modèle pour représenter l'évolution de la ressource sous la pression de l'exploitation a été discutéé au chapitre précédent. Nous examinerons seulement ici la valeur du MSY en tant qu'outil de l'aménagement.

La notion de prise maximale équilibrée (MSY) repose sur un modèle simple:

  1. qui décrit les caractéristiques biologiques d'un stock de manière compréhensible pour tous;

  2. qui donne une échelle des valeurs pour une pêcherie. Le MSY étant la meilleure situation, celle vers laquelle il faut tendre et les efforts supérieurs à ce niveau étant à proscrire.

  3. c'est un slogan facile à adopter par tous, chercheurs, administrateurs et professionnels.

Cependant, ainsi que le rappelle Gulland (1969) “il est douteux que la réalisation de la prise maximale équilibrée doive être l'objectif de l'aménagement si ce n'est dans des circonstances très particulières”.

Depuis, de nombreux auteurs ont accumulé contre ce concept des reproches de tous ordres (Christy et Scott, 1965; Larkin, 1977; Gulland, 1969, 1977, 1978; Sissenwine, 1978, etc.).

1 MSY = Maximum sustainable yield. L'utilisation de ce sigle est tellement répandue qu'il nous a paru préférable de le conserver. L'équivalent français serait PME

12.3.1 Arguments biologiques

La recherche du MSY présente plusieurs inconvénients graves:

  1. Erosion du pouvoir reproducteur. Elle conduit à rechercher une exploitation proche de l'idéal, ou l'âge moyen dans les captures est voisin de l'âge optimal (où la biomasse d'une cohorte est maximale). Cet âge (topt) étant très proche de l'âge à la première maturité (tm) le potentiel reproducteur est atteint, le stock parental réduit aux individus jeunes, la fécondité et la qualité des oeufs sont réduites, ce qui accroît les risques de catastrophe (Larkin, 1977).

  2. Appauvrissement génétique. Elle entraîne la disparition des éléments les moins résistants d'une population conduisant à un appauvrissement génétique du stock. Selon Larkin (1977), il est inévitable que de nombreux sous-stocks aient déjà disparus.

  3. Stocks multispécifiques. Le MSY est inadéquat pour les stocks multispécifiques car on ne peut obtenir en même temps le maximum de plusieurs stocks de résilience différente et la somme des MSY spécifiques calculés sera supérieure au MSY combiné réellement réalisable. Dans la mesure où l'on admet que la production d'un peuplement est plus stable que celle de ses composantes, il peut paraître préférable de calculer un MSY global, toutes les captures spécifiques étant confondues pour éviter cette surestimation.

  4. Critique de la notion d'équilibre. La notion même d'équilibre (de stabilité) impliquée par le concept de MSY (maximum sustainable yield) est contestée car il existe des variations interannuelles de recrutement et donc de production inévitables. La recherche forcée du MSY pendant une séquence de mauvais recrutements pourrait conduire à un déséquilibre dangereux pour le stock.

On tend à admettre que le maintien de l'effort au niveau FMSY permettra en moyenne d'obtenir le maximum moyen recherché, la prise annuelle C oscillant pour des raisons naturelles autour du MSY. Selon Doubleday (1976) et Sissenwine (1978) ceci est inexact et la prise maximale moyenne (maximum average yield, MAY) est inférieure au MSY et elle l'est d'autant plus que la variabilité naturelle est élevée. Toute tentative d'extraire le MSY conduira donc à une surexploitation. En revanche, la fixation de F au niveau FMSY conduira à l'obtention d'une prise maximale moyenne inférieure, à long terme, au MSY.

Sissenwine (1978) indique que lorsque des fluctuations interannuelles de production existent (ce qui est le cas chez les penaeïdes), un ajustement du taux d'exploitation chaque année conduit à augmenter la prise maximale moyenne réalisable sur une longue période.

Discutant la notion de maximum “équilibré” (sustainable) Sissenwine conclut que la seule grandeur qui y corresponde, à la lettre, est la quantité prélevable quelles que soient les variations interannuelles de biomasse et c'est donc la production la plus faible prévisible en moyenne. En pratique, cela implique une mauvaise utilisation des années à forte production, mais pour les espèces à vie très courte (penaeïdes, céphalopodes, etc.), à production très variable et imprévisible, cette technique pourrait être selon l'auteur la seule utilisable si l'objectif annuel de capture ne peut être ajusté en fonction d'indices de recrutement obtenus par ailleurs.

Gulland et Boerema (1973) suggèrent que lorsque la production annuelle est indépendante de l'abondance des parents (ce qui est peut-être le cas des penaeïdes où les variations interannuelles de production semblent masquer d'éventuelles relations avec l'abondance du stock parental), il suffit de maintenir F au niveau considéré comme optimum sur la courbe du rendement par recrue (Fmax ou F0.1).

12.3.2 Arguments techniques

  1. Valeur des statistiques. La simplicité du modèle repose sur les statistiques élémentaires nécessaires à sa mise en oeuvre. Larkin (1977) rappelle que les statistiques officielles sont très largement imprécises, encore que les statisticiens admettent qu'elles sont pourtant plus précises qu'exactes. C'est le cas des penaeïdes pour lesquels, à cause du manque de données de qualité, la répartition des prises et de l'effort par espèces et par stock unitaire est imprécise, la notion d'effort souvent approximative, et les données concernant la pêche artisanale le plupart du temps inexistantes.

  2. Méthodes régressives. Sissenwine (1978) critique l'utilisation des régressions de la cpue sur l'effort de pêche quand ce dernier est déterminé par la division de la capture par la cpue et quand, de surcroît, un lissage par moyennes mobiles est appliqué à la série d'effort pour tenir compte des temps de latence (méthode de Gulland, 1969). La confusion de la variable indépendante (cpue) et de la variable dépendante (qui est en réalité l'effort dans ce cas particulier) entraîne l'existence d'une corrélation significative même sur des séries de captures et de cpue tirées au hasard.

  3. Valeur limitée pour l'aménagement. En dehors des considérations déjà énumérées, l'un des handicaps moyens du MSY est son inaptitude à permettre la prévision des conséquences d'une modification du vecteur des mortalités par pêche en fonction des saisons ou de l'âge et donc de prévoir les résultats d'un changement de maillage, d'une fermeture annuelle, ou d'un accroîssement de l'effort de pêche artisanal sur les juvéniles.

12.3.3 Arguments socio-économiques

Dès 1965, Christy et Scott soulignaient l'inaptitude du concept MSY à tenir compte des considérations sociales (emplois, loisirs, etc.) et économiques (coûts, revenus, bénéfices, etc.).

12.3.4 Conclusions

L'utilisation du concept de prise maximale équilibrée (MSY) ou prise maximale moyenne (MAY) comme base de l'aménagement présente donc des difficultés dont il faudra tenir compte. L'obtention d'un maximum physique des captures (en tonnage ou en valeur) n'est pas un objectif défendable, car il ne peut que difficilement être obtenu, et peut être approché seulement au prix de certains risques pour la reproduction et la stabilité de la ressource (encore que ce risque soit peut-être limité dans le cas de penaeïdes), et moyennant un accroîssement des coûts que l'accroîssement des captures ne peut justifier.

Les propositions de rechange sont cependant rares et imprécises et la définition du concept de prise otpimale équilibrée (optimum sustainable yield, OSY) de Roedel (1975) souligne toute l'ampleur du problème. En effet ce nouveau concept est défini comme:

“A deliberate melding of biological, economic, social and political values, designed to produce the maximum benefit to society from stocks that are sought for human use, taking into account the effect of harvesting on dependent or associated species.”

En réalité, comme le souligne Sissenwine (1978), l'OSY reste en pratique essentiellement basé sur le MSY modifié par des contraintes diverses (économiques, sociales, etc.) et l'épitaphe de Larkin (1977) pour le concept de prise maximale équilibrée paraît encore prématurée.

Le MSY apparaît donc toujours comme une grandeur utile à définir. Il représente une contrainte à connaître, à ne pas dépasser sans raisons sérieuses, et ne constitue pas à proprement parler l'objectif à atteindre. Il paraît donc utile de définir comme objectif d'aménagement, un point situé à gauche du maximum sur la courbe (Fig. 84A).

Gulland et Boerema (1973) ont proposé de définir le niveau d'effort “optimum” sur une courbe de rendement par recrue en fonction de F, par le critère F0.1 défini comme le point où la courbe de rendement par recrue (ou la tangente à la courbe) a une pente égale à 10 pour cent de la pente de la tangente à l'origine, c'est-à-dire quand le produit marginal devient inférieur à 10 pour cent du produit marginal théorique pour le stock vierge. Ce critère permet pour une perte très réduite des captures totales, une réduction sensible des coûts, une augmentation du produit économique net et une grande amélioration du pouvoir reproducteur.

Par analogie, sur un modèle de production, le niveau optimum d'exploitation Fopt peut être défini empiriquement comme celui où la capture marginale (augmentation de capture pour une unité d'effort supplémentaire) devient inférieure à 10 pour cent de la cpue obtenue sur le stock au tout début de l'exploitation.

12.4. LES METHODES D'AMENAGEMENT1

On peut les classer en deux groupes qui ne sont pas parfaitement distincts: les méthodes agissant sur les tailles capturées et celles qui contrôlent l'effort de pêche.

12.4.1 Le contrôle des tailles capturées

Toutes les méthodes que l'on peut envisager sous cette rubrique ont pour résultat de diminuer la mortalité dans les classes jeunes dans l'espoir d'améliorer la production dans la mesure ou les gains potentiels par croissance des survivants compenseront largement les pertes par mort naturelle. Le contrôle peut être obtenu soit: par réglementation des maillages, par établissement d'une taille limite au débarquement, par fermeture ou réglementation de l'exploitation dans les nurseries, par fermetures saisonnières au moment de la migration vers la mer.

N'agissant pas sur la taille de la flottille, ces mesures ne permettent pas d'éviter qu'à long terme les investissements et les coûts ne deviennent excessifs.

12.4.1.1 Réglementation du maillage

Selon Lindner (1966), l'accroissement de la maille nécessaire à une augmentation sensible de la taille des crevettes capturées est tel que la perte immédiate serait intolérable même si un petit bénéfice peut en être attendu à long terme. Cette affirmation qui concerne les crevettes seules, est confirmée par Lhomme (1978) qui note que les mailles de 20 à 35 mm de côté fournissent des courbes de sélection pratiquement confondues et nettement distinctes des courbes correspondant aux mailles de 40 et 50 mm (Fig. 73).

Selon Gulland (1972) la réglementation du maillage ne présente pas d'intérêt pour les penaeïdes car la courbe de sélection est peu précise (à cause de la présence d'un rostre et d'appendices qui gêneraient le passage à travers les mailles. Boerema (1974) a indiqué "que la réglementation du maillage ne serait pas très efficace pour réguler la taille des crevettes capturées, à cause du large intervalle de sélection des maillages utilisés par les crevettiers (cf. 10.2 et 10.4.2). Selon cet auteur, cette réglementation devrait être complétée par l'établissement d'une taille minimale marchande qui éviterait la mise en vente des jeunes capturés mais ne pourrait éviter leur déstruction par les chaluts.

Cependant, Hyne (1975), Garcia et al. (1979), Lhomme (1979), Garcia et Lhomme (1977)2 indiquent que ce type de réglementation serait utile et les derniers auteurs avancent les arguments suivants:

1 Un inventaire des méthodes utilisées dans divers pays pour les penaeïdes est disponible dans un document de la FAO/CPOI (1973) (pour l'océan Indien) et dans le travail de Calder et al., 1974 (pour les Etats-Unis)

2 Voir le paragraphe 10.2 pour des références supplémentaires

Le problème de la réglementation des maillages devient ardu lorsque la pêche peut porter simultanément sur des espèces de tailles optimales différentes. L'ajustement du maillage correspondant à l'optimum pour les stocks les plus rentables (en général les grosses espèces) conduit à sous-exploiter les espèces secondaires.

Dans le même ordre d'idée, notons que la sélectivité des pièges, barrières chinoises, et autre types de madragues peut être également modifiée pour laisser échapper les jeunes, en augmentant la taille des intervalles entre les baguettes de bambou composant le barrage et la chanbre de capture (Le Reste et Marcille, 1973).

Dans l'optique d'un aménagement intégré de l'exploitation des espèces démersales, il faudrait prendre en considération dans la définition du maillage optimal, non seulement les différentes espèces de crevettes capturées ensembles, mais les espèces de poissons accessoires (et dont seuls les plus beaux spécimens sont en général conservés) et également les effets induits par le maillage utilisé par les crevettiers sur les ressources des chalutiers (destructions massives de juvéniles).

Une réglementation des maillages existe dans la plupart des pays (selon Ruello, 1975, elle existe en Australie depuis 1880) mais les pêcheurs tournent souvent la loi de la manière suivante:

Il est important de noter que lorsque la période de recrutement intense est limitée dans le temps, une fermeture saisonnière de la pêche juste avant le recrutement produit un effet sensiblement identique à celui d'un réglementation du maillage (en ce qui concerne les crevettes seulement, bien entendu).

12.4.1.2 Taille commerciale minimale

Cette réglementation vise deux objectifs:

Tous les spécialistes s'accordent pour reconnaître l'inefficacité de cette méthode quand elle est utilisée seule. Elle oblige les pêcheurs à rejeter les jeunes crevettes capturées. Un temps important est perdu pour le tri et celles-ci sont de toutes manières rejetées mortes à cause de leur fragilité; l'impact sur la conservation de la ressource est nul. Dans les quelques cas où cette mesure a été mise en vigueur, elle l'a été sur la base de considérations commerciales pratiques (difficultés de conditionnement, marché limité) et sous la pression des commerçants bien plus qu'en fonction de considérations biologiques sérieuses. Rounsefell (1975) indique que dans certaines zones estuariennes du golfe du Mexique les rejets atteignent 80 pour cent des captures. Cet exemple suffit à indiquer l'inutilité de cette mesure, appliquée seule.

12.4.1.3 Protection et aménagement des nurseries

La toute première phase de grossissement rapide des crevettes a lieu dans les estuaires, au niveau de la zone intertidale et dans les herbiers ou mangroves et la protection de cette phase passe par la conservation de l'habitat (voir ci dessous).

(a) L'interdiction de la pêche. Lorsque les jeunes crevettes gagnent des profondeurs un peu plus élevées, elles sont susceptibles de capture, d'abord par la pêche artisanale (chaluts à main, pièges, etc.) puis, lorsque la profondeur est suffisante, par des chaluts motorisés. Les zones peuplées de crevettes dont la taille est toujours inférieure à la taille de première capture autorisée devront donc être fermées en permanence à tous les types d'exploitation.

La protection sera renforcée si cette mesure est accompagnée d'une loi instituant une taille minimale à la commercialisation. Dans les pays en voie de développement, cependant, la loi peut être tournée car les crevettes de petites tailles séchées ou fumées et réduites ou non en poudre servent de condiment et sont écoulées sur des circuits traditionnels peu contrôlables.

(b) L'aménagement du milieu. Les nurseries doivent également être protégées des agressions indirectes comme la pollution. La localisation des zones de concentration des juvéniles devrait être prise en compte dans le choix des sites d'implantation d'industries polluantes, les développements urbains, etc., et la réhabilitation biologique des habitats degradés est une mesure d'aménagement susceptible de donner de bons résultats. En revanche, la destruction des herbiers par le chalutage “artisanal” peut avoir pour conséquence une baisse sensible de la production.

L'aménagement des bassins fluviaux (irrigation, barrages antisel, etc.) est également susceptible d'affecter la capacité biotique de certaines nurseries et donc le recrutement.

Le dragage intensif des passes lagunaires modifie la distribution des salinités dans les estuaires et les conséquences peuvent être importantes (changements de composition, baisse de l'abondance). En revanche les travaux visant à régler le niveau de l'eau dans les marais et à favoriser les échanges mer-estuaire peuvent être de nature à favoriser l'entrée des larves dans les zones de croissance, augmentant accroissant ainsi la production du stock. Il a été proposé d'aménager des zones naturelles pour diminuer la prédation, et améliorer ainsi la survie des larves (Kurata, 1972) et même de construire des zones intertidales artificielles (Kurata, 1979).

(c) Le repeuplement. Pratiquée surtout au Japon, cette technique est un sous-produit de l'aquaculture. La relative facilité que l'on rencontre à élever les crevettes jusqu'au stade postlarve et la difficulté rencontrée à les élever de manière économique jusqu'à une taille commerciale ont conduit certains laboratoires à envisager sérieusement les possibilités de suppléer à la reproduction des crevettes par un apport artificiel de postlarves ou juvéniles cultivés artificiellement.

C'est une approche ardue car les résultats concrets semblent difficiles à démontrer. Doi et al. (1972) ont élaboré une méthodologie permettant de suivre l'évolution des populations de manière à évaluer quantitativement l'impact de l'ensemencement sur le stock sauvage et ils ont souligné les difficultés majeures de cette approche. Kurata (1972) a énuméré les conditions essentielles de la réussite des ensemencements en soulignant que certains des principes sont incompatibles entre eux. Selon Hiroko (1973), on n'a que peu de preuves biologiques des bénéfices produits par cette technique et Doi et al. (1973) montrent que la production de crevettes dans la mer intérieure de Seto (où a lieu ce type d'expérience) est inversement proportionnelle à la quantité de zone intertidale dégradée par les activités humaines (Fig. 86). La perte serait, selon lui, de 6 t/km2 de terrain naturel détruit et ce résultat indique qu'il est illusoire de chercher à améliorer d'un côté par repeuplement, un recrutement que l'on détruit de l'autre, par pollution ou dégradation des nurseries.

Cependant, une étude de Hasegawa et al. (1975) indique que le taux de recapture des “semences” par les pêcheurs peut atteindre 42 pour cent et que l'opération peut être profitable si les techniques de libération des jeunes sont améliorées. Les résultats définitifs de cette technique d'aménagement restent donc encore à prouver et des études ultérieures semblent nécessaires avant que l'on puisse se prononcer sur son efficacité.

12.4.1.4 Fermetures saisonnières dans les estuaires

En dehors des zones marginales de l'habitat, la majeure partie des fonds chalutables d'une baie est peuplée de crevettes dont la taille varie suivant les saisons. La nécessité de protéger les crevettes jusqu'à une certaine taille entraîne la nécessité d'interdire la pêche jusqu'à ce que la taille limite soit atteinte.

La saison “idéale” de fermeture peut être, fixée, en moyenne, à partir de données expérimentales. Cependant, la dynamique des cohortes varie sensiblement d'une année sur l'autre en fonction de la date du début de la saison de ponte et du recrutement des larves dans les estuaires ainsi que de la combinaison entre la température et la salinité durant le séjour dans la nurserie (Ford et St. Amant, 1971). Les pêcheurs étant très réticents vis-à-vis de cette fermeture, il peut être souvent nécessaire de fixer tous les ans les dates précises d'ouverture et fermeture en fonction de l'évolution du peuplement contrôle par échantillonnage permanent pendant la période critique. L'évolution de la biomasse des crevettes est un phénomène extrêmement dynamique et selon Ruello (1975) le bénéfice obtenu par un aménagement souple justifie le coût de la recherche supplémentaire nécessaire. La date d'ouverture est calculée par extrapolation des données recueillies pendant les semaines précédentes et correspond à la date à laquelle un certain pourcentage (50 ou 75 pour cent par exemple) de la population dépasse la taille minimale limite adoptée. Un exemple théorique est donné sur la Fig. 87. Une telle méthode est utilisée aux Etats-Unis (Ford et St. Amant, 1971; Ingle, 1956, 1960) et en Australie (Ruello, 1975).

L'établissement de cantonnements interdits à la pêche, ou de fermetures saisonnières a pour conséquence de retarder l'âge à la première capture pour le rapprocher de l'âge optimal, augmentant aussi la biomasse moyenne disponible et la prise totale.

Lorsque plusieurs espèces cohabitent dans un estuaire, la mise en application de ce principe est plus compliquée, surtout lorsque les saisons de pontes sont différentes. Un exemple peut être trouvé dans Ford et St. Amant (1971) et Eldridge et Goldstein (1977) proposent des schémas utilisables lorsque deux espèces sont concernées.

12.4.1.5 Fermetures saisonnières en mer

La pêche en mer pourrait être fermée au moment où le recrutement est le plus intense. On éviterait aussi l'exploitation de concentrations de juvéniles à croissance rapide et n'ayant pas atteint la taille de maturité sexuelle. Cette fermeture pourrait être coordonnée avec celle de la pêche dans l'estuaire quand elle existe. Les travaux réalisés en Côte d'Ivoire (Garcia, 1977) indiquent que les résultats à espérer dépendent beaucoup du schéma des variations saisonnières de capturabilité en mer. Grant et Griffin (1979) ont étudié les conséquences de ces fermetures sur la capture dans le golfe du Mexique.

L'aspect économique de ces fermetures doit être considéré avant que la décision de les appliquer soit prise. En effet, une fermeture courte (un mois) peut être mise à profit par les armateurs pour assurer les réparations (en supposant que les chantiers de carénage puissent recevoir toute la flottille le même mois). Une période plus longue peut être très coûteuse si les bateaux n'ont pas d'autre possibilité de rechange que l'arrêt de leurs activités. Le bénéfice économique peut, dans ce cas, être dissipé par le fait que les charges fixes doivent être supportées même pendant la fermeture.

Les possibilités de “délestage” existent cependant souvent moyennant parfois une petite adaptation du gréement et elle est d'ailleurs souvent utilisée en morte saison par les pêcheurs. Ainsi en Côte d'Ivoire, par exemple, en saison froide, une partie de l'effort est détourné sur les crevettes côtières ou profondes, négligées le reste de l'année. Sur la côte sud-est des Etats-Unis les crevettiers recherchent le poisson en morte saison (lutjanidés, serranidés, sparidés, pomadasidés) ou pêchent le crabe, les huîtres, les clams, ou les crevettes profondes (McKenzie, 1974).

12.4.2 Le contrôle de l'effort de pêche

Ce type d'aménagement permet de réduire les coûts et, souvent, d'accroître les captures et leur valeur. On peut distinguer deux types d'actions: celles qui visent à limiter l'efficacité de la pêche et celles qui visent à limiter la capacité de la flottille.

(a) Limitation de l'efficacité de l'effort. Ces mesures sont rarement appliquées chez les crevettes en mer où l'innovation est plutôt la règle et où le passage du chalutage classique à un chalut au gréement double, puis Twin (voir paragraphe 3.2) a permis d'améliorer sans cesse l'efficacité de la pêche. En diminuant l'efficacité d'une flottille, les limitations d'efficacité alourdissent inutilement les coûts et Gulland (1972) conclut que ces mesures ne peuvent se justifier du point de vue économique, sauf pour éviter la destruction des juvéniles (des crevettes ou de la faune associée). C'est le cas dans les estuaires où la taille des filets' utilisés, en Australie par exemple, est limitée dès 1865 (Ruello, 1975). De même, les filets traînés sur les petits fonds sont interdits dans certaines zones estuariennes du Sénégal. Les pêcheries artisanales au filet fixe posent un problème particulier. L'efficacité globale de la pêcherie dépend de la position des filets dont l'efficacité varie suivant la localisation et augmente en particulier fortement dans les passes et les goulets (voir chapitre 8.5). La nécessité d'assurer un certain échappement et une meilleure répartition des revenus le long de l'axe de migration peut justifier la mise en place d'une réglementation sur les emplacements et les nombres d'engins autorisés. L'interdiction d'utiliser des engins efficaces peut se justifier pour protéger une classe de pêcheurs n'ayant pas les moyens d'investir en équipements coûteux. On peut ainsi interdire le chalutage dans les lagunes pour laisser aux artisans utilisant des filets fixes le bénéfice des captures.

Fig.86

Fig. 86: Relation entre la surface cumulée des zones d'estuaire dégradées et la capture totale dans la mer intérieure de Seto (Doï et al., 1973)

Fig.87

Fig. 87: Schéma théorique de définition de la date d'ouverture de la pêche en estuaire (adapté de Ford et St Amant, 1971)

Rappelons également que le résultat réel d'une mesure visant à limiter l'efficacité d'une unité de pêche est souvent contestable car la puissance de pêche effective dépend de nombreux facteurs liés à l'engin, au navire, et à la distribution de l'effort, etc., ce qui permet le plus souvent aux pêcheurs de continuer à augmenter leur efficacité par l'intermédiaire d'un facteur non limité.

(b) Quotas d'efforts (ou de prises). Certaines fermetures saisonnières apparaissent également comme un moyen détourné, coûteux et peu efficace de limiter l'efficacité des flottilles. C'est le cas, par exemple, quand la pêche est fermée lorsque l'effort ou la capture a atteint un certain niveau. Cette mesure réduit les coûts de fonctionnement (en carburant) mais, si elle n'est pas assortie d'un bloquage de la taille de la flottille, elle n'est en général pas suffisante pour empêcher un surinvestissement à long terme.

On a fait observer que lorsqu'on avait affaire à des animaux à vie courte comme les crevettes penaeïdes, les céphalopodes et peut-être quelques espèces tropicales de poisson1, une réglementation par quotas annuels de capture peut se révéler insuffisante. En effet, chaque pêcheur cherchant à s'assurer une part croissante du quota global, tendrait à accroître ses moyens de capture et surtout à concentrer ses opérations de plus en plus tôt après le recrutement. La même capture totale serait alors composée d'un nombre de plus en plus élevé d'individus de plus en plus jeunes, ce qui entraînerait une augmentation parallèle de la mortalité par pêche malgré un bloquage de la capture totale. Dans une telle situation, la réglementation n'aboutirait pas au résultat escompté - à savoir le bloquage du taux d'exploitation. Elle risquerait même de devenir néfaste au plan économique. Rien n'empêche en effet les investissements d'excéder notablement le niveau correspondant à ce qui serait nécessaire au cas où les opérations de pêche pourraient être uniformément réparties tout au long de l'année. Une meilleure distribution de l'effort annuel pourrait être obtenue par l'établissement de quotas portant sur des périodes plus courtes (par trimestres par exemple), choisis de façon à mieux répartir l'exploitation le long du cycle annuel. Une telle législation resterait néanmoins plus lourde à appliquer.

Sur le plan opérationnel, le contrôle de la mortalité par pêche, par l'établissement de quotas de capture, suppose aussi que l'autorité chargée de l'aménagement ait connaissance en temps réel des prélèvements effectivement réalisés. Les difficultés qu'éprouvent certains pays riverains à connaître la nature (espèces) et les prélèvements réellement réalisés par les diverses flottilles opérant dans leur zone exclusive (échantillonnage de leur pêche artisanale et contrôle de l'activité et des performances réalisées par les navires étrangers opérant sous licence notamment) militent plutôt en faveur du recours à la limitation de l'effort.

(c) La limitation de l'accès à la pêcherie. Aucune des mesures préconisées ci-dessus peut, seule, éviter la surexploitation. Tout au plus pourra-t-on améliorer l'état du stock et accroître temporairement la rentabilité. Très rapidement cependant, cette amélioration incitera les armateurs à investir dans un effort supplémentaire qui viendra, par le jeu des mécanismes décrits au début de ce chapitre, dissiper la rente que la réglementation avait pu dégager (Pearse, 1980).

1 Où l'essentiel de la prise dépend du recrutement de l'année

La régulation du taux d'exploitation par contrôle de l'effort de pêche, par exemple par limitation des moyens de capture autorisés, évite de telles difficultés. Elle permet non seulement de prévenir la surexploitation biologique des stocks mais aussi, et ce n'est pas là son moindre avantage, de minimiser les coûts de capture. Par ailleurs, en cas de surestimation de l'effort par rapport au niveau optimum d'exploitation visé, une telle réglementation n'entraînerait pas les dommages qui résulteraient d'une réglementation par quotas de capture dans le cas où la prise maximale moyenne aurait été surestimée (Walter, 1976).

Compte tenu de la faible longévité des crevettes tropicales, du fait que les variations interannuelles d'abondance sont beaucoup plus importantes que celles de la capturabilité, et de la possibilité qu'offre cette méthode de contrôler et les prélèvements et les coûts d'exploitation, la préférence devrait donc être donnée à la régulation des moyens d'exploitation.

Celle-ci pourrait se faire, par exemple, en contingentant le nombre de bateaux dans les flottilles nationales tout comme, dans les pays où la question se pose, le nombre de licences accordées aux navires étrangers (les licences devraient bien évidemment préciser aussi les limites de taille et les autres caractéristiques influant sur la puissance de pêche des navires, ainsi que le type de pêche (engin) et les espèces autorisées).

La limitation du nombre d'unités est simple à mettre en oeuvre, surtout si elle est entreprise assez tôt mais le contrôle des taux d'exploitation par la limitation de l'effort de pêche implique également que soient évaluées et suivies les performances des diverses catégories de navires et notamment les gains d'efficacité qu'ils ne manqueront pas de tirer d'innovations technologiques (accroissement de la puissance de pêche) ou d'améliorations dans la distribution spatio-temporelle des opérations de pêche (amélioration du coefficient de capturabilité). En principe, le rendement de chaque catégorie de navires dans chaque pêcherie peut être déterminé à partir de l'observation des performances d'échantillons de bateaux. Cette possibilité peut simplifier sensiblement la collecte des données. Cette dernière reste, de toutes façons, indispensable pour pouvoir tenir compte périodiquement des gains d'efficacité dans la détermination du volume global des licences. Des cahiers de bords, tenus en échange de la licence, peuvent être une excellente source de données pour contrôler l'activité de la flottille.

L'introduction d'un système d'aménagement par licences présente des avantages et des inconvénients. L'un des aspects essentiels est que la réglementation entraînera la création d'un substantiel profit à partager entre les propriétaires de licences, ce qui entraînera l'acquisition par le tenant de la licence d'une plus-value considérable. Selon Olsen (1975) ce bonus atteint 20 000 à 30 000 dollars (U.S.) par bateau dans le sud de l'Australie.

Ce phénomène peut créer des tensions quand les revenus deviennent exagérement supérieurs à ceux obtenus par les autres métiers (Haysom, 1975) ainsi que des pressions considérables de la part de l'extérieur pour entrer dans la pêcherie.

Le prélèvement par l'état d'un droit de pêche très élevé permettra au trésor public de récupérer une partie de la plus-value créée par l'aménagement, et réduira l'incitation à entrer dans la pêcherie. Selon Gulland (1978), le prélèvement d'un droit de pêche pour les nouvelles entrées de plus en plus élevé au fur et à mesure que l'optimum est approché doit progressivement décourager les éventuels candidats, les pêcheurs et l'administration arrivant aux mêmes conclusions en ce qui concerne le niveau de rentabilité de la pêcherie. La valeur potentielle de la licence peut être utilisée pour stimuler l'exploitation de zones ou espèces moins recherchées (en liant l'acquisition d'une licence à la condition d'effectuer des prospections sur certaines espèces ou de débarquer un certain tonnage de poissons), ou inciter à la création d'infrastructures à terre. Hancock (1975) note que la mise en exploitation de stocks lointains a été favorisée en Australie par la limitation a priori des entrées sur ces stocks, les compagnies pionnières étant assurées d'un quasi monopole.

En revanche, selon Bowen (1975) la sécurité créée par le système de licences gêne la prospection des zones nouvelles, crée des situations de quasi monopole gênantes, augmente artificiellement la valeur du bateau autorisé, crée une discrimination gênante pour les pêcheurs extérieurs, permet aux unités de pêche peu efficaces de subsister. Gulland (1972) note également que ce système pourrait décourager les innovations techniques et Hancock (1975) constate que ce n'est pas le cas en Australie où la technique a toujours évolué très vite.

Notons que lorsqu'il existe plusieurs stocks voisins, l'attribution de licences pour un stock donné doit être assortie de l'obligation d'exploiter ce stock pendant un certain nombre de mois dans l'année.

Haysom (1975) résumant les résultats d'une expérience de limitation des entrées dans la pêcherie de Moreton Bay (Australie) souligne que la mise en place de ce système dans le cas d'un stock non vierge pose de nombreux problèmes sociaux et économiques (surtout si le stock est surexploité) et que la décision d'attribution des licences doit s'appuyer sur une bonne analyse socio-économique préalable.

Le problème de la limitation de l'effort étant général et les exemples sur les penaeïdes étant rares (bien qu'en Australie cette technique soit utilisée depuis 1960, Meany, 1978) ce paragraphe a été volontairement limité à l'exposé de quelques idées. Pour de plus amples élaborations sur ce sujet on se référera par exemple au travail de Stokes (1979).

(d) Répartition optimale de l'effort sur une ressource multiple. Lorsque la ressource est constituée d'une mosaïque de stocks géographiquement distincts composés des mêmes espèces, ou d'espèces diverses, de valeur économique et d'abondance différentes, on peut penser qu'il existe une stratégie de distribution de l'effort de la flottille sur cette ressource qui permet d'optimiser le revenu produit par le stock. Garrod (1973) par exemple, indique que “dans certaines circonstances, régies par la variabilité particulière du complexe, un régime d'exploitation fonction de la densité peut être un moyen plus efficace pour exploiter un ensemble donné de ressources”. Un excellent exemple est donné par Clayden (1972) pour le complexe de la pêche morutière de l'Atlantique Nord.

Dans le cas particulier des penaeïdes, le complexe exploité peut être un ensemble de petits stocks plus ou moins indépendants au stade adulte et distribués tout au long de la côte, comme à Madagascar (Marcille, 1978): la pêche s'est d'abord développée successivement sur les différents éléments au fur et à mesure de leur découverte et les exploite maintenant simultanément.

Un autre exemple peut être trouvé au Sénégal où il existe deux stocks indépendants de Penaeus notialis (St. Louis et Roxo Bissagos). Le premier est d'un potentiel limité; il est situé plus près du port et présente des variations saisonnières d'abondance très nettes. Le second, au potentiel plus élévé, situé plus loin, montre une abondance pratiquement stable toute l'année. L'effort de pêche appliqué au premier a été saisonnier au début de l'exploitation et lorsque les rendements y étaient comparativement trop faibles, tout l'effort était transféré sur le stock sud, exploité toute l'année. Avec l'accroissement global de l'effort de pêche et la baisse des rendements sur le second stock, la pêche est devenue de moins en moins saisonnière sur le premier. Les transferts saisonniers d'effort sont maintenant très limités, et deux flottes distinctes se sont en fait developpées, ayant des caractéristiques différentes, aussi bien concernant la puissance motrice que le mode de conservation des captures. Cette évolution s'est produite naturellement et on peut supposer qu'elle découle pour les pêcheurs d'une recherche empirique d'un certain revenu maximum. Le problème devient encore plus complexe si l'on tient compte de la diversification de cette pêcherie depuis 1971. Les crevettiers exploitent maintenant parfois d'autres espèces (poissons plats, sciaenidés, pomadsydés, brotules, etc.) soit exclusivement pendant certaines marées, soit en combinaison avec la pêche à la crevette. Les caractéristiques des stocks exploités étant très différentes il existe certainement une stratégie permettant d'optimiser les revenus (ce que les pêcheurs peuvent faire empiriquement) tout en assurant la pérennité des ressources (ce qui est la responsabilité propre de l'administration).

Un autre et dernier exemple peut être trouvé en Côte d'Ivoire où, à partir de 1974–75 les crevettiers exploitant P. notialis ont commencé à s'intéresser à des espèces moins recherchées jusqu'alors comme Parapenaeus longirostris et même Parapenaeopsis atlantica respectivement abondantes sur le talus et dans les embouchures de fleuves. La répartition saisonnière de l'effort sur les trois espèces s'est faite empiriquement en fonction de la valeur potentielle des captures à chaque instant et également des possibilités d'absorption du marché.

Bien que cette ligne de recherche soit certainement, en ce qui concerne ses conséquences pour l'aménagement, une des plus importantes pour les dix prochaines années, peu de travaux ont encore été réalisés sur les pénaeïdes. Marcille (1978) a abordé le problème pour les stocks de la côte ouest de Madagascar et effectué une simulation simple basée sur les équations des modèles de production correspondant à chaque stock, et recherchant pour chaque niveau d'effort la répartition permettant la meilleure capture totale. Il montre que les captures théoriquement réalisables sont supérieures de 20 pour cent à celles que la pêcherie a obtenu au cours de son développement passé.

Il est évident que les paramètres économiques (temps de route, coût du carburant, proximité d'un port de déchargement, valeur des espèces capturées) jouent un rôle primordial dans la définition d'une stratégie optimale. Prises en compte de manière élémentaire par Marcille ils sont, en revanche, un élément important du modèle de simulation réalisé par Clark et Kirkwood (1979) en Australie pour optimiser le développement d'une pêcherie de crevettes à entrée libre avec deux types de bateaux et deux espèces de valeur inégale en calculant l'allocation spatio-temporelle optimale de l'effort de pêche et la meilleure composition pour la flottille.

Notons que le problème posé est le même, que l'on considère l'exploitation simultanée ou deux ressources géographiquement distinctes ou deux espèces différentes dont la distribution dans l'espace peut être confondue mais dont la capturabilité et la valeur marchande diffèrent. Dans les deux cas on recherche un schéma optimum de distribution de la mortalité par pêche, quel que soit le critère d'optimisation retenu.

Nous ne faisons qu'effleurer ici, pour mémoire, un des aspects les plus importants de l'aménagement des ressources en zone tropicale. Si les données pour chaque stock élémentaire du complexe exploité sont disponibles et si ces éléments sont considérés comme non interactifs, la recherche de la stratégie optimale théorique peut être un processus relativement facile. Elle sera beaucoup plus difficile si les stocks considérés réagissent entre eux.

Dans tous les cas, la mise en place d'un système d'aménagement visant à faire appliquer cette stratégie optimale ne sera certainement pas un problème simple.

12.5. DISCUSSIONS

Les méthodes d'aménagement disponibles pour assurer la gestion des penaeïdes sont nombreuses. L'outil utilisable dépendra des connaissances scientifiques disponibles, des contraintes socio-économiques et des objectifs définis.

L'aménagement devrait être intégré dans le temps, de la promotion d'une pêcherie jusqu'à la définition du schéma optimal d'aménagement puis les travaux de surveillance et de suivi de l'état de la ressource.

C'est également une activité intégrée dans la mesure où l'aménagement ne doit pas s'arrêter à la capture. On a vu que le profit obtenu par une limitation des accès à la pêcherie pouvait être utilisé pour la création d'infrastructures à terre. De même, le souci d'éviter le surinvestissement peut aller jusqu'à optimiser le nombre d'usines de conditionnement et aménager les circuits de commercialisation (un réseau routier, par exemple, est de nature à permettre la mise en valeur d'une pêcherie artisanale en élargissant son marché et en lui donnant éventuellement accès à l'exportation).

L'aménagement doit en outre prendre en considération les interactions avec les autres pêcheries (destruction des juvéniles de poissons par les crevettiers, par exemple). La grande rentabilité de la pêche crevettière en fait un outil de développement pour les zones peu exploitées, la pêche démarrant sur la crevette pour être ensuite progressivement diversifiée sur le poisson (en exigeant par exemple de chaque bateau autorisé à pêcher, le débarquement d'un certain tonnage de poisson, adaptant si nécessaire le bateau à cet usage).

Enfin, l'un des principaux problèmes d'aménagement posé par les pêcheries crevettières est celui des conflits entre l'exploitation des juvéniles et celle des adultes. La première utilise des engins plus ou moins sophistiqués, de l'épervier au chalutier de petite taille, et capture des individus jeunes avant leur maturité sexuelle et avant qu'ils aient atteint la taille optimale. La deuxième est industrielle et capture des subadultes et adultes. Les deux systèmes socio-économiques concernés sont en général très différents. La pêche sur les très petits fonds (inférieurs à 5 m) les capture avant même que leur phase lagunaire soit terminée, et en pleine croissance. Cette exploitation des juvéniles provoque une réduction sensible du recrutement du stock marin. On peut, en effet, supposer qu'à l'âge où les crevettes migrent, la mortalité naturelle la plus importante (au stade larvaire notamment) a déjà eu lieu. De ce fait, la réduction en nombre du recrutement potentiel par la pêche artisanale sur les juvéniles sera suivie d'une réduction directement proportionnelle du potentiel de capture en mer (en poids). Il est donc clair que la prise maximale moyenne en mer sera obtenue par élimination totale de la pêche artisanale. Etant donné l'importance sociale de cette pêche, il est non moins évident que son élimination complète ne peut que difficilement être retenue. Il serait, à l'inverse, théoriquement possible de supprimer la pêche en mer en ne conservant que la pêche artisanale. Cependant, cette solution extrême n'est peut être pas souhaitable sur le plan économique.

L'étude de l'évolution de la prise totale (mer + lagune, en tonnage et en valeur) en fonction de diverses combinaisons de taux d'exploitation dans les deux pêcheries est complexe et nécessite l'utilisation des techniques de simulation. Une étude de ce type réalisée par Garcia (1978) sur les stocks ivoiriens de Penaeus notialis a montré (Fig. 82) que, pour des niveaux en mer proches de la pleine exploitation (ce qui est actuellement le cas presque partout), des variations du taux d'exploitation en lagune de 0 à 50 pour cent n'influençaient que peu la prise totale (en poids), mais modifiaient sensiblement sa valeur en l'améliorant (de 12 à 40 pour cent). Ce résultat n'est pas nécessairement généralisable à tous les stocks de caractéristiques dynamiques semblables. Il dépend en effet fortement de l'évolution de la capturabilité avec l'âge et des variations saisonnières de capturabilité liées aux conditions hydrologiques locales.

Un travail similaire mais plus complet en ce qui concerne l'aspect économique a été effectué par Grant et Griffin (1979). Il conclut également que les variations de l'intensité de l'exploitation sur les juvéniles n'ont pas d'influence sur la prise totale.

D'autres critères comme le coût respectif des investissements, y compris en devises étrangères, par tonne produite par la pêcherie lagunaire et la pêcherie en mer, le coût respectif d'exploitation, le nombre d'emplois créés en zones rurales ou urbaines, la répartition du profit tiré de la pêche entre les divers groupes sociaux et professionnels, etc., devraient être également considérés pour définir un plan d'exploitation rationnelle des stocks de crevettes (Troadec, 1978). McGoodwin (1979) donne, en ce qui concerne la côte pacifique du Mexique, un bon exemple de conséquences désastreuses pour le secteur artisanal d'un aménagement de la pêche à la crevette basé sur des considérations économiques simples négligeant totalement les aspects sociaux, et mettant en oeuvre une réduction importante de la petite pêche traditionnelle.

Un dernier aspect de l'aménagement de l'exploitation crevettière est celui de la coordination géographique des schémas d'aménagement.

Lorsque la ressource est constituée de crevettes poursuivant pratiquement tout leur cycle vital en estuaire, comme par exemple Metapenaeus mackleyi, il est vraisemblable que chaque stock constitue une unité distincte qui peut donc être gérée isolément.

Lorsqu'elle est, au contraire, constituée de crevettes plus classiques migrant des estuaires vers des fonds de pêche en mer parfois très éloignés, la définition de stocks unitaires est peut être beaucoup plus compliquée. Des mélanges peuvent, en effet, intervenir au niveau des adultes par migration d'une petite baie à l'autre (comme à Madagascar). Dans ce cas, la gestion des ressources doit considérer l'ensemble des sous-stocks ayant des interrelations et tendre à harmoniser les réglementations et à obtenir une répartition spatio-temporelle optimale de l'effort de pêche (voir paragraphe 12.4.2d).

La ressource peut également appartenir à deux pays différents. Bien que les migrations des penaeïdes soient limitées en mer, elles sont suffisamment importantes pour provoquer ce genre de situation (entre les Etats-Unis et le Mexique, la Côte d'Ivoire et le Libéria, le Sénégal et la Guinée-Bissau) lorsque les processus de dispersions ou de migrations saisonnières les conduisent à traverser les frontières politiques. Le stock de crevettes du Roxo-Bissagos est un exemple intéressant où une partie importante des nurseries est au Sénégal (où se produit une très active pêche artisanale) alors que le stock d'adultes est en bonne partie situé en Guinée-Bissau. Le problème classique des conflits entre la pêche artisanale et industrielle prend ici un aspect plus complexe encore, car les deux systèmes d'exploitation appartiennent à des pays différents dont les intérêts économiques ne convergent pas forcément.

La situation est très analogue quand les ressources appartiennent, dans un même pays, à des états fédérés mais ayant des juridictions propres (Australie, Etats-Unis). La définition de plans d'aménagement régionaux concertés devient alors nécessaire. De bons exemples pourront être trouvés dans les travaux de Etzold et Christmas (1977) pour le golfe du Mexique, et Eldridge et Goldstein (1977) pour la côte sud-est des Etats-Unis.

L'aménagement des stocks vierges pose un problème particulier et bien qu'il n'en existe vraisemblablement plus beaucoup, on peut rappeler la séquence d'actions proposées par Gulland (1972) et adoptées pour certains stocks d'Australie (Hancock, 1975).

  1. Effectuer une première et grossière évaluation du potentiel et du nombre maximum des bateaux à autoriser, en se basant sur la surface de la ressource et par comparaison avec d'autres stocks situés dans des zones comparables;

  2. Emettre un nombre d'autorisations inférieur à ce maximum en exigeant la remise de statistiques détaillées comme une des conditions essentielles (cahiers de pêche) à l'obtention du permis;

  3. Contrôler l'activité de ces navires pendant deux ou trois ans (la longueur de la période probatoire pourrait être liée à la stabilité du stock);

  4. Au bout de cette période, réévaluer le maximum et rectifier le nombre de licences si nécessaire tout en restant au dessous du “nouveau maximum”1. Hancock (1979) suggère de ne délivrer alors que des licences “conditionnelles” dont le renouvellement n'est pas garanti et reste soumis à une vérification des hypothèses concernant l'état du stock;

  5. Effectuer une étude de rentabilité des bateaux;

  6. Calculer le revenu net et si il est très important, décider de son utilisation (paiements de droits de pêche, obligations de débarquement du poisson, de créer des emplois par installations de centres de traitement à terre, etc.).

Les points 3 à 6 peuvent être régulièrement répétés.

1 Il faut rappeler avec Hancock (1975) le danger d'une évaluation basée sur des séries de données trop courtes lorsque des variations naturelles d'abondance sont prévisibles. L'attribution à l'effet de l'exploitation des variations naturelles de cpue conduit à des évaluations erronées du potentiel.


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