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IV. SYMPOSIUM SUR L'AMELIORATION DES STOCKS DANS LE CADRE DE L'AMENAGEMENT DES PECHERIES D'EAU DOUCE

A. Introduction

6. Conformément à la recommandation de la CECPI à sa onzième session, un Symposium sur l'amélioration des stocks dans le cadre de l'aménagement des pêcheries d'eau douce s'est tenu immédiatement avant la douzième session de la CECPI, du 31 mai au 2 juin 1982. Le Symposium était présidé par le Professeur T. Backiel. On établira un rapport détaillé de cette réunion - résumé des débats des différentes sessions et conclusions de caractère général - et ce rapport sera publié comme document de la CECPI.

B. Repeuplement

7. On a pu constater lors du Symposium que, même si presque tous les pays effectuent des repeuplements avec une grande variété d'espèces, on évalue très peu les résultats de ces repeuplements, et les résultats suscitent souvent des controverses. L'anguille est une espèce qui se prête très bien au repeuplement et son introduction est finalement reconnue comme nécessaire et rentable dans un certain nombre de pays européens. D'autre part, le repeuplement en brochets n'aboutit souvent à aucune amélioration des communautés. L'examen du repeuplement en salmonidés a permis de clarifier de nombreux aspects des pratiques actuelles, mais il reste encore des zones d'ombre.

8. Le repeuplement en corégonidés est une pratique largement répandue dans le nord de l'Europe et au Canada, mais les résultats obtenus prêtent également à controverses. On a par exemple souligné que les corégonidés présentent une très grande variabilité taxonomique, ce qui rend l'évaluation du repeuplement plus difficile que pour d'autres espèces. En outre, lorsque l'on parle de repeuplement en espèces indigènes, on ne peut pas passer sous silence la question de l'introduction de corégonidés exotiques, car on a pu constater, dans certains cas, l'apparition de nouveaux stocks génétiques suite à des hybridations.

9. Pour ce qui concerne les cyprinidés, les preuves sont peu convaincantes et il faudra réaliser de nombreux autres travaux avant de pouvoir tirer des conclusions pratiques.

10. Plusieurs questions techniques ont été abordées au cours du Symposium. L'une portait sur la relation entre la taille des poisssons utilisés pour le repeuplement et les résultats obtenus. Dans le cas des salmonidés et des corégonidés, on a démontré qu'il était en général plus efficace d'utiliser des poissons plus âgés que des poissons d'âge 0+. On a estimé que l'époque choisie pour le repeuplement avait également une certaine importance, les meilleurs résultats étant obtenus au printemps. La question de l'intensité du stress pendant le transport des poissons et des moyens de l'éviter au moyen de tranquillisants, a suscité des controverses.

11. Vu le manque général d'informations sur le succès ou l'échec des pratiques actuellement utilisées pour la plupart des espèces, les participants au Symposium ont estimé que la CECPI devait redoubler d'efforts pour éclaircir ces questions.

C. Transferts

12. On a pu constater, lors du Symposium, qu'il existait des divergences de vues concernant le succès ou l'échec des introductions de poisson. De nombreuses introductions de salmonidés n'ont guère réussi et dans certains cas l'introduction d'autres espèces (“alewife” aux Etats-Unis) a carrément échoué. Mais il y a aussi eu des réussites, comme par exemple la transplantation du barbeau dans la Severn ou les introductions en Finlande de l'écrevisse Pacifascatus leniusculus bien préparées par une étude préliminaire. Cette divergence d'opinion est particulièrement marquée pour certaines espèces, comme par exemple le sandre, qui est bien accepté au Danemark mais est un véritable fléau pour les pêcheurs de l'Est-Anglie (Royaume-Uni).

13. On a appelé l'attention des participants sur le type de repeuplement non autorisé suivant: des pêcheurs à la ligne introduisent, dans certains pays, des espèces exotiques qu'ils utilisent comme appât, parfois de façon non délibérée parfois volontairement, pour accroître leurs captures. Cette pratique est préoccupante mais il est difficile d'adopter des mesures de contrôle à ce sujet.

14. Il est évident que les divergences d'opinion découlent en grande partie de comportements différents des poissons introduits dans différentes conditions d'environnement et différentes communautés indigènes de poissons. Toutefois, il est également vrai que le verdict de réussite ou d'échec d'une introduction dépend beaucoup des comportements sociaux. On trouve d'un côté les conservateurs qui refusent toute modification du statu quo, même si de tels transferts peuvent se produire naturellement lorsqu'un cours d'eau en capture un autre; de l'autre côté, il y a ceux pour qui tous les moyens sont bons. Entre ces deux extrêmes, il faut trouver un compromis entre la qualité que réclament certains usagers et la quantité que veulent d'autres. C'est particulièrement vrai dans le cas des introductions de sandres au Royaume-Uni, où l'éducation des pêcheurs à la ligne pourrait transformer ce que l'on considère comme une introduction nuisible en une ressource utile. Il est particulièrement important d'atteindre une solution de compromis dans les systèmes fluviaux internationaux, car des mesures saluées avec enthousiasme dans un pays peuvent être considérées avec méfiance par un autre pays en aval.

15. Il est également indéniable que des échecs catastrophiques se produisent, ce qui ne plaît à aucun groupe d'usagers.

16. L'échec peut d'abord être dû à l'espèce elle-même, par élimination d'espèces locales de valeur dans le cas de prédateurs ou par arrêt de croissance et explosion de population dans le cas de poissons fourrages, cette dernière situation étant la plus répandue au niveau mondial. L'échec peut aussi être dû à des facteurs accessoires, comme par exemple l'introduction d'un agent pathogène ou la modification du milieu par élimination des plantes aquatiques, etc.

D. Conclusions et recommandations

17. Une des principales conclusions du Symposium adressées à la CECPI pour action invitait cette dernière à établir des procédures permettant de contrôler de manière plus rigoureuse et plus scientifique l'introduction d'espèces exotiques avant qu'elle ne s'effectue, étant donné les nombreux effets souvent nocifs qu'une telle introduction entraîne pour les espèces indigènes.

18. L'autre conclusion importante était qu'il fallait réaliser davantage de travaux sur le repeuplement et sur ses résultats, en utilisant des méthodes scientifiques d'analyse et d'évaluation.

19. Le Symposium a donc recommandé à la CECPI d'adopter un code d'usage visant à réduire les risques d'effets contraires découlant de l'introduction ou du transfert d'espèces d'eau douce et d'instaurer un groupe de travail chargé d'administrer le code, d'élaborer des procédures particulières pour l'autorisation des introductions et des transferts et de fournir aux Etats membres, par l'intermédiaire de la Commission, des conseils sur l'opportunité d'introduire les différentes espèces proposées. Cette recommandation est examinée plus en détail au paragraphe 23.

20. Il a en outre recommandé à la CECPI d'instaurer un groupe de travail sur l'amélioration des stocks, qui aurait le mandat suivant:

  1. élaborer, à l'intention de la CECPI, un code d'usage pour la réglementation de l'introduction des espèces exotiques et établir des procédures pour sa mise en oeuvre;

  2. étudier la situation actuelle en matière de repeuplement et élaborer des directives pour le repeuplement à l'aide de différentes espèces, conformément à de saines méthodes d'aménagement des pêches.

21. Le Symposium a également recommandé que certains documents présentés lors de la réunion soient édités et publiés en annexe au compte rendu des débats.

22. Finalement, le Symposium a tenu a exprimer sa gratitude au Professeur T. Backiel pour l'énergie et les efforts considérables qu'il a déployés lors de l'organisation et de la présidence de cette réunion.

23. A la fin du Symposium, des participants intéressés ont constitué un groupe restreint pour étudier à nouveau les mesures à prendre en ce qui concerne le code d'usage. Ce groupe a affirmé la nécessité d'un tel code d'usage, mais a estimé qu'il était prématuré d'adopter le code sans effectuer une étude plus approfondie. Il faut examiner cette question plus en détail afin de présenter un document satisfaisant à la CECPI pour adoption. Le Groupe a donc recommandé que le code actuel s'inspirant des réglementations du CIEM (Conseil international pour l'exploration de la mer) (document CECPI/XII/82/17)1, ainsi que d'autres informations soient envoyés, pour observations, aux différents pays, par l'intermédiaire des correspondants nationaux. Ces observations devront être transmises au Groupe de travail mentionné ci-dessus et aux Sous-Commissions, pour qu'ils puissent présenter un projet définitif sur cette question à la treizième session de la CECPI.

1 Les documents présentés à la session figurent à l'annexe C


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