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MINAGRI/PNUD/FAOSEM/89/05
PROJET RWA/87/012juin 1989

SEMINAIRE TRENTE ANS APRES L'INTRODUCTION DE L'ISAMBAZA AU LAC KIVU

Gisenyi, 6–7 juin 1989

SYNTHESE DES RESULTATS DE LA DEUXIEME PHASE DU PROJET (1982 – 1986)

par

Thatien BAZIRAMWABO
Directeur National du Projet
PNUD/FAO-RWA/87/012

1 INTRODUCTION

La deuxième phase du projet RWA/77/010-GCP/RWA/008/NET d'un financement de 1.411.201 US$ est venue consolider et compléter les acquis de la première phase avec les mêmes objectifs généraux et les objectifs immédiats suivants:

La deuxième phase qui devait commencer avec le début de 1982 a été retardée par le manque de fonds et le recrutement du personnel international et n'a démarré pleinement que mi-1984. La periode intermédiaire étant couverte par le TCP pour un montant de 82.000 US$ et le financement PNUD.

Cette même phase a connu des periodes de très fortes productions et c'est la naissance de la méthode de séchage naturel au soleil qui venait d'être adoptée comme méthode de transformation permettant de garder longtemps le produit et pouvant ainsi atteindre les zones rurales éloignées de la pêcherie.

2 RECHERCHE HALIEUTIQUE

L'évaluation scientifique des stocks de poissons du lac Kivu a été initialement effectuée en sous-traitance par l'Université Nationale du Rwanda, Département de Biologie. Cette institution a produit certains résultats mais malheureusement une synthèse des travaux effectués, sous forme d'un rapport final n'a jamais été soumise.

Deux missions écho-acoustiques couvrant la totalité du lac ont été effectuées en 1985 et 1986 à la suite d'un accord signé entre le Rwanda et le Zaïre. Quatre autres prospections ont été faites dans la partie rwandaise du lac seulement.

2.1 Résultats évaluation de la biomasse

L'analyse des résultats des campagnes acoustiques a abouti à une estimation du stock des poissons pour l'ensemble du lac Kivu de 6.000 à 9.000 tonnes dont à peu près 2.000 à 3.000 tonnes pour la partie rwandaise du lac et 4.000 à 6.000 tonnes pour la partie zaïroise (K. Johannesson 1985). D'autres méthodes d'évaluation de la productivité avaient antérieurement donné les résultats suivants:

2.2 Distribution horizontale et verticale

La distribution géographique montre des différences saisonnières. En saison des pluies, les poissons étaient plus abondants près de la côte. C'est une indication des migrations du large vers les zones côtières pour la reproduction. On a constaté également différentes couches de poissons à différents niveaux de profondeurs. Ceci peut être l'indication d'une répartition différentielle par sexe et/ou par taille. La limite bathymétrique de la distribution de ce poisson est liée à la limite de l'oxygénation en profondeur (Reusens E/A 1985).

2.3 Etude biométrique

Pendant certaines périodes (1985–1987), la production des unités artisanales et celle du bateau Isambaza était composée de poissons adultes et l'on croyait que les unités de pêche atteignaient les zones éloignées de la côte en raison de la sélectivité des grandes mailles des engins de pêche récemment introduits. Alors que dans les années 1980–1981, les captures étaient composées d'immatures et de poissons de taille inférieure à 10 cm, ce qui avait conduit à penser que les pêcheurs opéraient près de la côte dans les zones de reproduction. Si on ne suit pas le mouvement des pêcheurs sur le lac, on pourrait penser que ce qui vient d'être dit plus haut est cent pour cent vrai. Non car les résultats de 1989, montrent que les immatures sont partout dans le lac, tant sur le littoral qu'au large. C'est un phénomène qui reste à la discrétion des biologistes.

3 LA TECHNOLOGIE DES PECHES

La technique utilisée pour la pêche des clupéidés Limnothrissa miodon sur le lac Kivu a été jusqu'en 1985, essentiellement la pêche au filet soulevé à bord de catamarans ou trimarans. Cette technologie trouve son origine dans les méthodes utilisées depuis quelques décennies sur le lac Tanganyika. Cette méthode a été adoptée par le projet pêche implanté à Gisenyi depuis 1979. Toutefois, des modifications ont été constamment apportées surtout au niveau de la forme du filet et du maillage utilisé.

3.1 Les unités de pêche

En 1983, les unités en bois ont été remplacées par des unités en métal; en 1984, toutes les unités ont été remplacées par des unités en bois lamellé-collé et tous les moteurs hors-bord ont été repris par le projet. Ici, il faut noter que les unités de Gisenyi ont commencé avec des trimarans en bois, métal et fibre de verre propulsés par des moteurs hors-bord. En août 1985, une pirogue en planches de 13 m de long a été construite localement et a été dotée d'une senne tournante et coulissante. Sa capture moyenne était de 350 kg par nuit de pêche. Un filet maillant et dérivant monofilamment a été essayé le jour et la nuit sans lumière. Les résultats n'étaient pas mauvais, mais le filet difficile à manier, la qualité du poisson défectueuse et l'opération de démaillage prenait beaucoup de temps.

3.1.1 Evolution des unités de pêche et de la production

Le projet comporte trois centres de pêche. Le centre de Gisenyi (siège du projet) a débuté en novembre 1979 avec trois unités de pêche. Le centre de Kibuye en 1981 avec deux unités et celui de Cyangugu en janvier 1985 avec deux unités également.

Chaque unité trimaran est équipée d'un filet soulevé de 400 m2 de surface de bouche et de deux lampes à pression de pétrole, type Columbus no 9 de 1000 candelas chacune.

Le bateau Isambaza, prévu spécialement pour la recherche a beaucoup participé à la pêche commerciale et a assuré la liaison entre les trois centres surtout en approvisionnant en matériel de pêche et en Isambaza séchés.

ANNEENOMBRE D'UNITESPRODUCTION TOTALE
GISENYIKIBUYECYANGUGUEN TONNES
1979  3--    0,7
1980  6--  41,4
1981  62-  66,2
1982  62-  83,3
1983102-  91,5
1984202-199,3
19853082329,7
19863082249,6
198730      8+5p       2+16p401,9
198831     8+9p        3+12p219,0
Note: “p” Unité privées.

3.1.2 Situation financière des unités artisanales

Tous les pêcheurs encadrés par le projet (42 unités) ont bénéficié d'un crédit, en matériel de pêche (location-vente). Chaque patron de pêche a reçu du projet une unité de pêche et son équipement complet qu'il devait rembourser à chaque campagne de pêche sur sa production à raison de 25% de celle-ci. Le prix de l'unité de pêche a beaucoup varié depuis le début du projet jusqu'en 1986. En 1979, l'unité complète a coûté plus de 400.000 FRW voire même 500.000 FRW pour certaines. En 1986 un peu moins de 200.000 FRW. Le temps de remboursement était long au début 5 ans et plus et s'est beaucoup raccourci les années suivantes (1,5, à 3 ans).

Actuellement, toutes les unités ont remboursé leurs crédits initiaux et le matériel leur appartient définitivement à l'exception de 3 unités. Toutefois l'interdépendance continue à exister c'est-à-dire que le projet continue à leur fournir le matériel de pêche et l'encadrement et les pêcheurs continuent à livrer leurs captures au projet.

4 TRANSFORMATION ET COMMERCIALISATION DU POISSON

Durant la seconde phase du projet, période pendant laquelle la production a beaucoup évolué, le projet s'est beaucoup occupé de la promotion de la consommation du poisson frais, du poisson séché et de la farine de poisson, en particulier dans les trois Préfectures riveraines du lac Kivu et de la consommation des produits congelés et séchés dans d'autres centres urbains, particulièrement à Kigali. Pour satisfaire ce besoin, le projet a installé une petite chaîne de froid (congélateurs de type familial) à Gisenyi et maintenant dans les centres de Kibuye et Cyangugu. La quantité de poissons congelés vendue annuellement représente plus de 5% de la production totale, elle est destinée aux grands Hôtels et maisons d'alimentation surtout de Kigali et Butare.

Le Projet a poursuivi ses recherches sur les méthodes de transformation et de conservation des produits de la pêche et très récemment, un nouveau produit a été mis sur le marché en août 1988, il s'agit des Isambaza fumés. Cette activité a été un peu arrêtée à la suite d'une baisse considérable de la production.

La répartition des ventes de poissons en pourcentage suivant leur présentation est la suivante: les ventes de poissons frais à Gisenyi représentent 39%, 55% pour les poissons séchés et 6% pour les poissons congelés. A Kibuye les poissons frais représentent 4% et les séchés 96%. A Cyangugu les poissons frais 70% et les poissons séchés 30%.

5 CONCLUSION

La seconde phase du Projet de développement de la Pêche au Lac Kivu a enregistré des succès dans le domaine de la technologie des pêches, l'extension rapide du nombre d'unités, l'agrandissement des filets de pêche et la maîtrise des techniques de pêche par les pêcheurs. Toutes ces améliorations ont conduit à la disponibilité croissante du poisson, à introduire diverses méthodes de transformation et de conservation, qui ont été des réussites pour le projet.

Toutefois, le projet a connu de sérieux problèmes de commercialisation surtout du poisson séché qui était un produit nouveau et mal connu dans les régions du nord du pays. Par contre, ce produit était très apprécié dans la région de Cyangugu où tous les stocks de Gisenyi et Kibuye étaient vendus régulièrement et en grande quantité.


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