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MINAGRI/PNUD/FAOSEM/89/11
PROJET RWA/87/012juin 1989

SEMINAIRE TRENTE ANS APRES L'INTRODUCTION DE L'ISAMBAZA AU LAC KIVU

Gisenyi, 6–7 juin 1989

LA VULGARISATION ET ASPECTS NUTRITIONNELS DE LIMNOTHRISSA MIODON

par

Lina MAHY
Nutritionniste
PNUD/FAO-RWA/87/012

1 INTRODUCTION

1.1 La nutrition

La nutrition est l'ensemble des processus biologiques qui ont lieu dans l'organisme humain ou animal, afin de fournir aux tissus:

La nutrition inclut aussi le métabolisme cellulaire permettant la transformation des aliments en énérgie et toutes les réactions qui s'y rapportent.

1.2 La situation alimentaire au Rwanda

Tableau 1: Disponibilité des substances nutritives

 Disponibilité par habitant/jour% des besoins
Energie (kcal)2174   94
Protéines (g)52,789
Graisses (g)13,935

Il y a deux types de consommation alimentaire au Rwanda (avec tous les intermédiaires entre les deux):

Le régime alimentaire est en général caractérisé par une consommation importante de légumineuses (17% de l'apport journalier en énergie). Peu de produits alimentaires d'origine animale sont consommés (moins de 3% de l'apport journalièr en énergie). La source énergétique la plus importante est constituée par les tubercules, racines et féculents (patates douces, manioc, bananes). L'apport journalier en énergie de ces aliments de base, représente environ 37% de l'apport total. Il est remarquable qu'environ 15% des calories journalières ingérés, soient constituées de boissons alcoolisées. La disponibilité par habitant en graisses est extrêmement basse (le plus basse du monde).

La consommation de poisson est très faible, selon des données de la FAO, moins de 1 kcal par jour (2% de l'apport énergétique, 5% de l'apport protéinique).

Au cours des dix dernières années, la production agricole a augmenté de 50%, grâce à l'expansion des terres cultivées. Presque tous les terres cultivables le sont maintenant. La superficie moyenne des propriétés était de 1,40 ha en 1984, assurant en moyenne la subsistence à 4,5 personnes. Si la croissance de la population se poursuit au rythme actuel (3,4% par an), l'augmentation de la production agricole ne peut s'accomplir que par une élévation du rendement à l'hectare.

1.3 L'état nutritionnel au Rwanda

L'état nutritionnel d'un individu dépend de plusieurs facteurs: état de santé, pouvoir d'achat, éducation etc.)

Tableau 2: Indicateurs de l'état de sante

taux de mortalité juvénile (1–5ans)/1000:26
taux de mortalité infantile (<1an)/1000:125
espérance de vie (ans):47
nombre de personnes par médecin:31340

La malnutrition protéino-calorique de l'enfance est un problème général au Rwanda. 33% des enfants présentent un déficit de croissance en taille. Presque 6% des enfants sont atteints de malnutrition protéino-calorique grave.

Caractèristiques principales de la situation nutrionnelle au Rwanda:

2 LA VALEUR NUTRITIVE DE LIMNOTHRISSA MIODON

Tableau 3: La composition alimentaire des ndagalas (L. miodon, S. tanganicae) par 100 g de produit comestible

 énergieeauprotéinesgraisseshydr.de carbonecendreCaPNiacineThiamineRiboflavine
(kcal)%(g)(g)(g)(g)(mg)(mg)(mg)(mg)(mg)
frais977816,23,102,7-----
séchés366   12,166,49,2012,3   5190265011,80,30,6

Le tableau 3 montre que la teneur en calcium (Ca) est assez élevée alors que le besoin pour un adulte est de 400–500 mg par jour. Cette teneur élevée en calcium tient du fait que les tètes et les arêtes sont consommées.

Les protéines de Limnothrissa miodon sont d'une très bonne qualité. L'acide aminé limitatif est le tryptophane.

Tableau 4: Rapport E/N pour quelques protéines.

Oeuf de poule:50,0
Stolothrissa tanganicae:44,8
Limnothrissa miodon:44,7
Tilapia:42
Viande:46

Le rapport E/N est le rapport des acides aminés essentiels sur les acides aminés totaux d'une protéine (plus E/N est élevé, plus la qualité est élevée). Voir tableau 4.

3 LE PROJET ET LA VULGARISATION

3.1 Les objectifs à long terme du projet

Le projet “Développement de la pêche au lac Kivu” s'inscrit dans les perspectives de la politique du Gouvernement Rwandais qui envisage l'exploitation de toutes les ressources en vue d'arriver à une autosuffisance dans le domaine alimentaire. Le Gouvernement Rwandais s'attache à promouvoir les bonnes conditions alimentaires et nutritionnelles par l'augmentation et la diversification de la production vivrière et l'utilisation rationnelle et adéquate des produits locaux. Elle vise la réduction du taux de malnutrition jusqu'à 25% et la couverture de la surveillance nutritionnelle jusqu'à 50% des enfants de 0 a 5 ans à la fin du prochain plan quinquennal (1987–1991).

Le projet a pour objectif essentiel d'exploiter de façon rationnelle les ressources en poisson du lac Kivu en vue d'accroître la disponibilité nationale en protéines d'origine animale et de créer des emplois et des revenus monétaires pour les populations riveraines de ce lac.

3.2 La vulgarisation et la promotion

Le but de la vulgarisation est de promouvoir la compréhension nutrionnelle et l'utilité de la consommation du poisson auprès de la population pour rendre chacun capable de faire un choix rationnel sur l'utilisation du poisson dans son alimentation (l'accent est mis sur le milieu rural et le poisson séché). La promotion consiste à conseiller aux cuisiniers des collectivités (écoles sécondaires, camps militaires et restaurants) de préparer plus souvent des repas à base du poisson. Ceci dans le but de créer des habitudes en intégrant le poisson dans les menus. Le projet dispose de 4 monitrices piscicoles (2 à Gisenyi, 1 à Kibuye, 1 à Cyangugu) qui sont responsable des activités de vulgarisation et de promotion.

Les activités de vulgarisation comprennent une partie théorique et une partie pratique. La partie théorique traite de l'aspect nutrition (relation nutrition-santé, l'importance d'un repas équilibré, les 3 groupes d'aliments etc..). On commente les habitudes alimentaires des auditeurs (paysans et paysannes, enfants, enseignants). On utilise des flanellographes comme matériel didactique. La partie pratique consiste à préparer un repas complet, basé sur ce que les participants mangent d'habitude en ajoutant des Isambazas.

Il n'est plus tout à fait justifiable de faire de la vulgarisation pour l'Isambaza en ce moment, car le produit n'est pas disponible à la population. En 1987, 8555 personnes ont été informées, tandis qu'en 1988, on a touché 2855 personnes. En 1987, 403,5 kg de poissons séchés ont été utilisés pour la vulgarisation, tandis qu'en 1988, on a utilisé moins de 100 kg.

Le travail de vulgarisation a eu lieu dans les CCDFP, CERAI, écoles, Centres Nutritionnels de 21 communes, dans les preféctures de Gisenyi, Kibuye, Ruhengeri, Cyangugu, Butare, Gikongoro, Gitarama et Kigali.

3.3 Autres activités

Le projet participe chaque année à l'Exposition Nationale Commerciale. Cette bourse commerciale est une bonne occasion pour faire de la vulgarisation des Isambazas. Beaucoup de gens peuvent voir les poissons vivants (dans un aquarium), les goûter et les acheter. En 1988, le projet a eu 678 acheteurs au stand.

Le projet participe aussi à la celébration de la Journée Mondiale de l'Alimentation et il a organisé des “Soirées Isambaza” dans deux restaurants.

Le projet a aussi édité un livre en Kinyarwanda et Français, présentant 15 recettes différentes. D'autres supports publicitaires: auto-collants et T-shirts avec le logo du projet, ont été distribués, dans le cadre d'une campagne d'acceptation du produit, pour habituer la population au nom relativement nouveau d'Isambaza.

3.4 L'enquête nutritionnelle

Pendant le dernier trimestre de 1988, une enquête nutritionnelle a été organisée dans la commune de Kayove. Le but général de l'enquête est d'apprécier et évaluer le travail de vulgarisation et de formation, dans la mesure où un changement dans la consommation de poisson en général, et d'Isambaza en particulier, peut être déterminé dans les familles rurales.

Cinquante familles ont été interrogées (25 à Mushonyi et 25 à Busanza) sur les sujets suivants:

Une enquête anthropométrique dans les mêmes familles est en préparation, elle aura pour but d'acquérir des paramètres fiable qui serviront de référence pour mesurer un changement dans l'état nutritionnel.

4 CONCLUSION

Limnothrissa miodon est un aliment très nutritif. La consommation de l'Isambaza par la population rwandaise peut très bien contribuer à l'augmentation de la qualité de l'alimentation.

Le rôle de l'éducation nutritionnelle est evident: la population doit connaître l'existence et les avantages (nutritionnels, économiques) de ce produit.

Tant que la malnutrition existera, il faudra continuer à informer et faire l'éducation des populations.


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