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4 METHODOLOGIE

4.1 En général

L'importance d'une évaluation d'un projet est son utilité: elle doit porter à la fois sur les résultats et sur les processus mis en jeu. Il ne suffit donc pas de mesurer les résultats; il faut pouvoir les confronter aux objectifs et comprendre les mécanismes. Ceci exige une définition claire

La méthode d'évaluation proposée est schématisée dans Figure 4.1.

Enquête Nutritionnelle   Suivi de l'enquête nutritionnelle
 ==>vulgarisation et promotion==> 
Etude anthropométrique   Suivi de l'étude anthropométrique

Figure 4.1: Schéma global de travail

Comme déjà mentionné par HUISINGA, la méthode proposée et aussi suivie est telle:

ensuite:

et sur le plan commercialisation:

enfin:

En théorie, par cette méthode de travail, un changement des habitudes et connaissances alimentaires, spécialement à propos des Isambaza, devrait être remarqué.

4.2 Contraintes

Le changement des habitudes affectant l'état nutritionnel est un ouvrage dur et de longue haleine.

Pour introduire un nouvel aliment chez une population, il faut tenir compte de quelques aspects. L'acceptation d'un nouvel aliment peut dépendre de plusieurs déterminants. Figure 4.2 donne un aperçu schématique des déterminants.

L'acceptation des poissons est une conditio sine qua non pour la consommation, mais il faut aussi un pouvoir d'achat!

Un facteur très important qui peut aboutir vers l'acceptation c'est l'éducation nutritionnelle. Il existe plusieurs contraintes:

Environnement écologique
Commerce de poissons
Industrie de poissons
Système de communication
       
 DISPONIBILITE <=====>    
     
       
       A
Contexte ethnique
Contexte culturel
Contexte social
Technologie de pêche
      C
 HABITUDES ALIMENTAIRES <==>  C
   E
      P
      =>T
Influence familiale
Education
Expérience extérieure
Média
      A
 ATTIDUDES ALIMENTAIRES <==>  T
   I
      O
       N
Facteurs physiologiques
Facteurs psychologique
Facteurs biologiques
 NATURE HUMAINE------->   
    
       

Figure 4.2: Déterminants de l'acceptation de poissons (KREUZER, 1984)

Les deux contraintes principales sont:

Ces deux contraintes principales font que l'évaluation de l'impact du processus concerné est très difficile. Il serait idéal de suivre le comportement alimentaire du groupe cible sur une période de plusieurs années. Le changement éventuel d'habitudes serait plus clair, les facteurs confondant plus visibles.

4.3 Déroulement du travail

24/06/1988:rendez-vous à la commune de Kayove avec le Bourgmestre et autres responsables
août 1988:préparation de l'enquête alimentaire
29/08 et 02/09/1988:test du questionnaire
06/09/1988:visite du lieu de travail avec le Directeur du Projet
09/09/1988:derniers arrangements avant le début de l'enquête (logement, accompagnement, …)
12/09/1988 – 16/09/1988:première partie de l'enquête exécutée à Mushonyi
19/09/1988 – 30/09/1988:deuxième partie de l'enquête exécutée à Busanza
14/10 et 19/10/1988:visite des marchés à Kayove

4.4 Le rassemblement des données

4.4.1 La théorie

Il était nécessaire d'avoir des données concernant:

Des formulaires ont été élaboré pour le rassemblement des données.

4.4.1.1 La composition du ménage (ANNEXE 1)

Sur le formulaire “composition du ménage” ont été notés:

Ces informations concernent :

4.4.1.2 Les facteurs économiques (ANNEXE 2)

Un deuxième formulaire a été élaboré pour le rassemblement des données économiques, notamment:

Pour chaque sujet cité, le but de culture (ou élevage): consommation et/ou commercialisation a été demandé. Dans le cas de commercialisation, le prix de vente a été noté.

4.4.1.3 Inventaire des, aliments (ANNEXE 3)

Sur l'inventaire, tous les aliments sont mentionné (en Français et en Kinyarwanda). Les aliments sont classés en 4 groupes:

De chaque aliment ont été noté:

4.4.1.4 Les habitudes alimentaires

Des informations alimentaires peuvent être obtenues par une méthode indirecte ou directe.

La méthode indirecte nous aide à calculer la consommation par tête d'une population (à partir des chiffres connus de production, importation et exportation des aliments).

Avec la méthode directe on s'adresse directement à la personne en question. Cette méthode directe se fait chez des populations, des familles et des individus.

Au début de l'enquête, il fallait déterminer quelques points fondamentaux:

La méthode utilisée dépend de ces facteurs. Mais chaque méthode a ses propres limites. Du début jusqu'à la fin de la recherche on devra être conscient de la valeur des données, pour qu'on ne les évalue pas plus haut ou plus bas que nécessaire.

La méthode la plus importante c'est l'anamnèse alimentaire (anamnèse vient d'un mot Grèc qui veut dire “préhistoire”). On peut la définir comme un interview ou un questionnaire afin d'obtenir de l'information sur le rythme et sur le genre (qualité et quantité) des aliments consommés par un individu dans un certain délai.

On part avec l'idée qu'il y a un certain schéma dans ce qu'on mange. Cela implique qu'il y ait une certaine régularité dans la consommation alimentaire en ce qui concerne le type d'aliments et la quantité consommée et/ou la combinaison des aliments dans les repas.

4.4.1.5 La méthode “dietary history”

Considérant que

la méthode “dietary history” a été choisi comme outil de travail. Avec la méthode on s'informe sur l'alimentation consommée du matin au soir. Puisque la nourriture des jours de fête peut être très différente des autres jours, on doit aussi prendre des informations à propos de ces journées.

Cette méthode a été combinée avec une méthode “cross-check”. La méthode “cross-check” est utilisée pour contrôler les données qu'on a obtenu de la méthode “dietary history”. On s'informe sur la fréquence de consommation des aliments et la quantité p.ex. la quantité de viande achetée par semaine. Par ces questions, le contrôle est possible pour voir si la personne n'a pas oublié quelques aliments ou si les quantités données sont à peu près exactes.

Cette méthode s'appuie beaucoup, parce qu'elle demande beaucoup de mémoire de la personne qui est questionnée. La qualité des données en est très dépendante. L'avantage de la méthode est qu'on obtient directement une idée de ce que l'individu mange habituellement.

4.4.2 La pratique

Pour l'anamnèse alimentaire orale, une vingtaine de questions ont été préparées. La version finale se trouve en ANNEXE 4.

4.4.2.1 Test du questionnaire

Pour détecter les problèmes possibles et pour avoir une idée de la durée totale de l'enquête par famille, l'enquête a été testé chez deux familles. L'agent du CCDFP de Kayove nous accompagnait et il nous introduisait dans la famille, expliquant notre travail et demandant la coopération. Puis, Mlle NYIRABAZUNGU, la monitrice piscicole, commençait avec le formulaire “composition du ménage”. Ensuite, l'anamnèse alimentaire orale a été exécutée par l'auteur, avec la monitrice piscicole comme interprète. Mlle NYIRABAZUNGU continuait avec le formulaire “facteurs économiques”, pour terminer avec le formulaire “inventaire” qui était utilisé pour le “cross check”. La monitrice a été observée pendant son travail, les problèmes et difficultés ont été noté. Basé sur les résultats du premier test du questionnaire, les formulaires ont été changés et améliorés.

La deuxième édition de l'enquête a été testée de nouveau dans 2 autres familles. Basé sur ses derniers résultats, la version finale des formulaires a été faite.

4.4.2.2 Détermination de la classe sociale

Les habitudes alimentaires peuvent fortement être corrélées avec la classe sociale. Pour cette raison, un système de détermination de la classe sociale a été établi.

La détermination a été basée sur 5 indicateurs significatifs:

Ces critères ont été choisis parce qu'ils semblaient les plus pratiques, les plus significatifs et les plus faciles à observer sans gêner la famille.

Tableau 4.1 montre la détermination de la classe sociale, selon le score total de la famille. Si une famille mange de la viande une fois par an ou jamais, on lui donne 1 point. Si elle mange de la viande une fois par semaine ou plus, la famille a 3 points. Toutes les possibilités entre les 2 extrêmes sont cotées à 2 points.

Pour les autres indicateurs, la même procédure est suivie. Le total des scores est calculé. Une famille est considérée être pauvre, si elle a 6 points ou moins. Une famille moyenne a un score entre 7 et 10 (7 et 10 y compris) et une famille est considérée riche si elle a plus de 10 points.

Tableau 4.1: Détermination de la classe sociale

 IIIIII
1. Consommation de viandejamais ou 1 fois par an murs en terre 1 fois par semaine
2. Maisonet toit en paille murs en briques
3. Transportà piedbicyclettemoto, voiture
4. Chaisesrienchaises ou bancsfauteuils
5. Habillementpas de souliers vêtements salessouliers mais pas à la maisonsouliers vêtements propres

Points:égale à ou moins de 6: une famille pauvre (≤ 6)
entre 7 et 10 (7 et 10 y compris): une famille moyenne (≥ 7 et ≤ 10)
plus de 10: une famille riche (> 10)

Exemple: une famille, habitant dans une maison avec des murs en terre et un toit de tuiles, mangeant de la viande une fois tous les 3 mois. Tout le monde va à pied; dans la maison il y a quelques chaises. La femme a des souliers qu'elle met quand elle va au marché.

Score (voir Tableau 4.1):indicateur 1: II
 indicateur 2: II
 indicateur 3: I
 indicateur 4: II
 indicateur 5: II

Score total: 9 points c.-à-d. une famille moyenne.

4.4.2.3 L'enquête exécutée à Mushonyi

25 familles ont été interrogées au secteur de Mushonyi, c.-à-d. 5 familles par jour. Il fallait une heure et demie pour l'interrogation d'une famille. Les familles ont été choisies au hasard dans les collines (Figure 3.3).

Mlle NYIRABAZUNGU et l'auteur étaient accompagnées par le MONAGRI du secteur, qui était connu et bien accepté chez toutes les familles. Le MONAGRI faisait une petite introduction dans chaque famille, en présentant les deux enquêteurs, sans dire qu'elles travaillaient pour le Projet Pêche de Gisenyi, sans dire qu'elles étaient surtout intéressées par la consommation des poissons, et des Isambaza en particulier.

Le déplacement se faisait à pied, sauf le premier et dernier jour de l'enquête.

4.4.2.4 L'enquête exécutée à Busanza

25 familles ont été interrogées au secteur de Busanza, c.-à-d. 5 familles par jour. De nouveau il fallait une heure et demie pour l'interrogation d'une famille. A Busanza, la monitrice piscicole et l'auteur étaient accompagnées du MONAGRI du secteur, le chef de cellule et parfois le responsable de pisciculture.

Les femmes interrogées étaient toujours très coopératives, seulement 2 refus ont été rencontrés.

4.4.2.5 La visite des marchés de Kayove

Par les familles interrogées, 4 marchés différents sont mentionnés (où elles achètent leurs aliments). Ces 4 marchés (Bugabo, Nkora, Kabahima et Gisiza) ont été visités une seule fois pour noter les prix de vente de tous les aliments disponibles (Figure 3.3).

Aux marchés, beaucoup d'aliments sont vendus par unité de volume au lieu de poids (les haricots, pommes de terre, farine de manioc etc…). Pour savoir le vrai poids des aliments, ils ont été mesuré de nouveau au marché de Gisenyi, avec une petite balance de cuisine (les récipients étant connus). Ces mesures ont été répétées 3 fois, pour faire la moyenne de ces 3 mesures. Le prix des aliments des 4 marchés se trouve dans ANNEXE 5.


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