Les dépenses pour la viande, l'huile de palme, le sucre et le sel ont été considérées. Ces aliments sont (presque pour 100%) achetés: il faut de l'argent pour les obtenir. (L'obtention des aliments par troc est exceptionnelle: une seule fois l'échange des aliments a été rencontré: du fromage artisanal contre des patates douces)
La femme de ménage visite le marché en moyenne 1 à 2 fois par mois.
A Busanza, les familles mangent plus fréquemment de la viande qu'à Mushonyi. Par suite, plus d'argent par mois est dépensé (*).
| no de fois/mois | s | dépense/mois | s | |
| Mushonyi | 0,4 | 0,4 | 122,2 | 188,1 |
| Busanza | 1,4 | 1,9 | 533,1 | 839,5 |
L'écart-type de la dépense par mois est assez grand. La consommation de viande est utilisée comme déterminant de la classe sociale (cfr 4.4.2.2.). Les familles pauvres mangent très peu de viande (une fois par an), tandis que les familles riches en mangent au moins une fois par semaine. Cette grande dispersion fait augmenter l'écart-type. La consommation de viande augmente avec la classe sociale: cette corrélation positive pouvait être démontrée aussi bien pour Mushonyi (*), que pour Busanza (*).
Basé sur la dépense par mois, l'apport par personne et par jour de protéines devenant de la viande a été calculé: pour Mushonyi 0,6 g et pour Busanza 2,3 g de protéines, ce qui correspond avec 2,0 kcal/pers/jour, respectivement 7,7 kcal/pers/jour.
L'huile de palme est un aliment cher, qui doit être importé de l'étranger. Il est considéré comme aliment de fête et doit être acheté au marché ou dans une boutique. L'avantage de l'huile est qu'elle peut être stocké pendant longtemps et on peut l'utiliser petit à petit. Tableau 8.2 donne la quantité moyenne utilisé par mois et la dépense moyenne par mois pour les 2 échantillons (il n'y a pas de différence).
| quant./mois | s | dép.moy/mois | s | |
| Mushonyi | 0,7 | 0,4 | 117,3 | 59,8 |
| Busanza | 1,2 | 0,9 | 168,7 | 138,3 |
Plus le score de la classe sociale est haut, plus la dépense pour l'huile est haute (*). Le nombre moyen d'enfants par famille est 5 (cfr 6.1), c.-à-d. 7 personnes par famille. La consommation d'huile par personne et par mois varie entre 100 et 171 g, ou bien entre 3 et 6 g par personne par jour! (Ce qui est environ 10 fois trop peu!)
Le sucre est surtout utilisé pour ajouter à la bouillie de sorgho. La bouillie est surtout donnée aux enfants. Pour cela, il y a une corrélation positive (*) entre la dépense moyenne au sucre par mois et le nombre d'enfants par famille, pour les familles des 2 échantillons: plus le nombre d'enfants par famille est grand, plus la dépense par mois est haute.
| quant. moy./mois | s | dép.moy/mois | s | |
| Mushonyi | 0,67 | 0,46 | 63,4 | 40,0 |
| Busanza | 1,51 | 2,05 | 141,0 | 192,0 |
Dans le Tableau 8.3 les écarts-types sont de nouveau assez grands: il y a beaucoup de variation dans la consommation de sucre. La consommation augmente, pour les 2 secteurs, avec le niveau de la classe sociale(*).
Les apports enrégistrés correspondent avec un apport énergétique par personne et par jour de 12,7 kcal pour Mushonyi et de 25,9 kcal pour Busanza. FAO (1986) donne un apport de 18 kcal/pers/jour pour les habitants du Rwanda).
Les familles enquêtées utilisent peu de sel: en moyenne une famille dépense 44,8 FRW (s= 27,9 FRW) par mois pour l'achat du sel (c.-à-d. environ 4,2 g de sel/personne/jour). L'absorption de sodium varie beaucoup chez l'homme (de 70 à 350 milli-équivalent (méq)), avec une moyenne de 200 méq ou 4,6 g de sodium (environ 12 g de sel de cuisine) par jour (HENDERICKX, 1986). Un apport de sel de 4,2 g/pers/jour n'est pas mauvais: certains auteurs conseillent 4 à 5 g de NaCl par jour (DEN HARTOG, 1973).
Une corrélation entre l'utilisation de sel et la classe sociale ne pouvait pas être démontrée: ceci renforce l'idée que ce n'est pas le manque d'argent qui détermine l'utilisation limitée, c'est plutôt que le sel n'est pas incorporé dans les habitudes alimentaires.
Résumant, on peut dire que les dépenses mensuelles pour la viande, l'huile et le sucre sont corrélées positivement avec la classe sociale (surtout pour Busanza (*)). Un montant moyen pour les dépenses pouvait être calculé, mais avec un écart-type assez grand, suite à la grande différence entre les familles concernées: dépense moyenne mensuelle pour la viande, l'huile, le sucre et le sel par famille: 608,2 FRW (s=970,9 FRW).
Pour l'estimation du revenu monétaire, une supposition a été faite: le peu que les femmes gagnent avec la vente du surplus des récoltes au marché, n'est pas considéré, puisque cet argent est immédiatement utilisé pour l'achat d'autres aliments et choses. Il était très difficile pour les femmes de donner une estimation de ce qu'elles gagnent.
Les 2 sources les plus importantes du revenu monétaire sont:
Le tableau suivant donne les montants mensuels calculés (avec l'écart-type) des 2 échantillons.
| Revenu mensuel de la bière | s | Revenu mensuel du café | s | |
| Mushonyi | 563,0 | 448,0 | 122,5 | 295,7 |
| Busanza | 1526,0 | 2146,4 | 1055,5 | 855,7 |
Le revenu provenant de la bière est assez important pour les familles: c'est une ressource monétaire stable et sûre. A Busanza, le revenu est plus élevé (**), ce qui est en concordance avec les cultures cultivées.
Le revenu provenant du café est plus élevé, mais pas si stable et sûr que celui de la bière. A Busanza, de nouveau, le revenu est plus élevé (***). Effectivement la culture de café est plus important à Busanza (Cfr Tableau 3.6)
Les autres revenus rencontrés sont:
Le revenu total moyen par mois est plus important à Busanza (**): 3971 FRW (s= 5012 FRW) comparé avec Mushonyi: 1237 FRW (s=1006 FRW).
L'estimation du revenu moyen annuel, provient du fait que: le revenu total moyen annuel/personne est constitué pour
45% des revenus monétaires
45% de l'autoconsommation alimentaire
10% de combustible, semences, pertes (LAURE, 1982).
Le revenu monétaire a été calculé en 8.5. L'estimation du revenu moyen total par an et par personne est calculé par (18):
R = le revenu moyen / an / personne
Le revenu moyen annuel par personne est plus élevé pour l'échantillon de Busanza (*) : 17277 FRW (s = 26938 FRW); celui de Mushonyi est 5711 FRW (s = 4470 FRW). LAURE (1982) a trouvé un revenu total moyen annuel / personne de 9983 FRW, ce qui est comparable avec le montant calculé.
Il y a une corrélation significative (*) et positive entre le revenu et la classe sociale pour Busanza et Mushonyi: plus le revenu est haut, plus la classe sociale est haute. Ceci peut être une preuve que le choix des indicateurs déterminant la classe sociale a été assez bien efficace.
