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7 LES POISSONS

7.1 La connaissance des poissons

Les femmes connaissent en moyenne 3 sortes de poissons (il n'y a pas de différence entre Mushonyi et Busanza). Tableau 7.1 montre en détail le pourcentage des femmes qui connaissent les différentes sortes de poissons.

Tableau 7.1: Comparaison entre le pourcentage des femmes à Mushonyi et Busanza connaissant les différentes sortes de poissons (en %)

 Mushonyi Busanza
Indugu
(Haplochromis spp.)
88 100
Tilapia
(Tilapia nilotica)
36***100
Kabambari
(Clarias spp.)
20  24
Ndagala
(Stolothrissa tanganicae)
48  24
Isambaza
(Limnothrissa miodon)
16 4  
Injanga
(Limnothrissa miodon)
84 96

Il est à remarquer du tableau précédent que le nom “Isambaza” est très peu connu chez les femmes enquêtées. Ce qu'elle connaissent très bien. c'est le synonyme “Injanga” (qui est le mot en Kinyarwanda pour “sardine”). Malgré les efforts de publicité du projet, il semble que le nom relativement nouveau d'Isambaza n'est pas encore infiltré au milieu rural. Le facteur distance du lac, ne semble pas être un facteur déterminant sur la connaissance du poisson. Seulement pour les Tilapia, il y a une différence (***) entre Mushonyi et Busanza.

Ce qui est aussi remarquable, c'est que, bien que n'étant pas significatifs, les ndagala (du lac Tanganika) semblent être mieux connus par les femmes de Mushonyi. Peut-être ceci est explicable parce que les ndagala viennent du lac Tanganika, par la route de Kibuye.

Beaucoup de femmes connaîssent les Injanga et Indugu, mais il y en a quelques unes qui ne savent pas que ce sont des poissons (seulement les grandes espèces comme le Tilapia, sont considérées comme poissons).

La connaissance des poissons a été corrélée avec la classe sociale. Pour Busanza le coéfficient de corrélation est positif (*): plus le score de la classe sociale, plus la connaissance des poissons est large. Pour Mushonyi cette corrélation ne pouvait pas être démontrée.

7.2 La consommation des poissons

Les poissons sont mangés dans beaucoup de ménages (dans 86% des ménages enquêtées). Il n'y a même pas de différence pour la consommation, entre le secteur loin du lac et celui près du lac.

Si on compare la consommation de chaque espèce en détail, il y a quand même quelques différences entre les 2 secteurs (Tableau 7.2).

Tableau 7.2: Comparaison du pourcentage de familles consommant des poissons dans les 2 secteurs

 Mushonyi  Busanza
Injanga-Isambaza90,0  91,3
Indugu25,0***87,0
Tilapia  5,0*30,0
Ndagala15,0  4,3

Les indugu (***) et les tilapia (*) sont mangés par plus de familles à Busanza. tandis que les ndagala (séchés) sont mangés par plus de familles à Mushonyi.

Les raisons citées pour ne pas manger les poissons sont:

Le facteur “alphabétisation de la femme” semble ne pas être d'importance, puisqu'il y a autant de femmes qui savent lire/écrire qui préparent les poissons, qu'il y a de femmes qui ne savent pas lire/écrire et qui les préparent.

Tableau 7.3: Fréquence moyenne de consommation des familles enquêtées (nombre de fois/mois) et écart-type (s)

 no de fois/moiss
Mushonyi1,491,84
Busanza5,654,22

La fréquence de consommation à Busanza est plus élevée (***) qu'à Mushonyi (Tableau 7.3). Cependant la consommation de poissons est un phénomène relativement nouveau, parce qu'il n'y a pas de différence entre Busanza et Mushonyi pour la consommation des femmes de ménage pendant leur enfance. Les 50 femmes de ménage ont été divisées en 2 groupes: celles qui mangeaient des poissons pendant leur enfance et. celles qui n'en consommaient pas. La fréquence de consommation actuelle de ces 2 groupes a été comparée: il n'y a pas de différence. Ce fait peut nous montrer que la consommation de poissons est relativement nouvelle: beaucoup de femmes ont commencé à manger des poissons il n'y a pas longtemps.

7.3 Les modes de préparation des poissons

Les recettes données par les femmes de ménage se trouvent en ANNEXE 6. Sur le total des recettes données relativement (***) plus de recettes de poissons séchés sont préparées à Mushonyi. (Des ndagala séchés préparés, 75% le sont à Mushonyi!)

Alors, en termes absolus, moins de poissons sont mangés à Mushonyi, mais en termes relatifs, plus de poissons séchés y sont préparés. En ce qui concerne les poissons fumés, relativement il n'y a pas de différence entre Mushonyi et Busanza.

Comme déjà indiqué en 7.2 les indugu sont beaucoup plus préparés à Busanza. Les femmes de Mushonyi n'ont donné aucune recette des indugu frais et seulement une recette avec indugu fumés.

Si on regarde toutes les recettes données, l'absence de l'utilisation de sel est frappante.

7.3.1 Explication de la préparation

La préparation des poissons est expliquée en premier lieu par la mère de la femme, en second lieu elle a appris par elle-même (environ 30% des réponses données). Il est remarquable qu'à Mushonyi 26% des femmes ont appris à cuisiner (ou plus largement ont été encouragées d'utiliser les poissons) par les autorités médicales (médecin, hôpital, centre nutritionnel). Ce qui démontre la valeur potentielle des canaux d'information!

A Mushonyi, significativement plus de femmes (**) visitent un CN, CCDFP ou CS; la distance d'un centre peut être un facteur déterminant.

7.4 La concurrence entre les Isambaza et les Indugu

Des femmes qui préparent les Isambaza, aussi bien que les indugu, 73,1% disent qu'elles préfèrent les Isambaza (il n'y a pas de différence entre Mushonyi et Busanza).

Les raisons mentionnées sont:

Des 26,9% qui préfèrent les indugu, les raisons du choix sont:

La disponibilité du poisson est un facteur déterminant sur la consommation (Figure 3.2): 34,2% des femmes préparent exclusivement les Isambaza, tandis que 73,1% des femmes veulent les préparer! Il y a un phénomène un peu inattendu: à Mushonyi (loin du lac) plus de femmes (*) disent qu'elles trouvent les Isambaza qu'à Busanza. Le peu des Isambaza qui sont pêchés, sont alors commercialisés aux marchés plus loin du lac, néanmoins au même prix qu'aux marchés proches du lac! Les indugu sont moins transportés, ils sont plus vendus près du lac.

40% des femmes interrogées pensent que les Isambaza ne sont pas cher; environ 50% des femmes prépareraient les Isambaza plus souvent si ils étaient moins chers.

7.5 Les dépenses aux poissons

7.5.1 Les dépenses par mois

A Mushonyi on dépense moins d'argent par mois (***) aux poissons qu'à Busanza. Tableau 7.4 donne la dépense moyenne par mois.

Tableau 7.4: Dépense moyenne par mois (en FRW) aux poissons et écart-type (s) pour Mushonyi et Busanza

 Dép. moy/moiss
Mushonyi48,6  64,3
Busanza204,8188,3

Pour Mushonyi, ne pouvait être démontré que la dépense par mois augmente avec le score de la classe sociale, tandis qu'à Busanza cette relation était positive et significative(*). Plus la femme est âgée, moins elle dépense par mois aux poissons (*). Cette corrélation négative, démontrée pour l'échantillon de Busanza, peut nous montrer de nouveau que le poisson est un aliment nouveau, et que les jeunes femmes sont plus ouvertes pour l'accepter. Par suite, on a aussi pu démontrer que les femmes qui savent lire/écrire (=les femmes les plus jeunes) dépensent plus d'argent par mois (***) aux poissons dans le même secteur.

7.5.2 Les dépenses à la fois

Les dépenses à la fois pour l'achat des poissons ne diffèrent pas pour Busanza et Mushonyi. Tableau 7.5 donne les montants.

Tableau 7.5: Dépense moyenne à la fois pour l'achat des poissons (en FRW) pour Mushonyi et Busanza et l'écart-type (s)

 Dép./foiss
Mushonyi27,918,4
Busanza31,717,2

Comme pour les dépenses par mois aux poissons, la dépense moyenne à la fois augmente avec le score de la classe sociale à Busanza: plus la classe sociale est haute, plus la dépense aux poissons est haute.

Une estimation a été faite pour calculer l'apport en protéines venant des poissons, basée sur les données recueillies: par jour il y a un apport de 0,3 g de protéines par personne pour l'échantillon de Mushonyi et 1,4 g pour Busanza, ce qui correspond avec 1 kcal, respectivement 4,7 kcal par personne par jour (la valeur énergétique des protéines est 3,35 kcal/g; cfr MINAGRI, 1988). Les résultats de la FAO (1986) donnent: 0,1 g de protéines par personne par jour venant des poissons (1 kcal/pers/jour).


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