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PREFACE

Les auteurs de la présente publication examinent d'un oeil critique les données existantes sur l'espèce autochtone connue sous le nom de tamarugo, Prosopis tamarugo Phil. (Mimosacées), originaire du nord du Chili.

Ils espèrent par cette analyse enrichir les connaissances sur cette intéressante essence fourragère du désert et, sans prétendre épuiser le sujet, faire ainsi en sorte que se poursuivent les recherches au Chili et qu'il en soit entrepris d'analogues dans d'autres régions désertiques du monde.

L'écosystème désertique de la Pampa del Tamarugal présente des caractéristiques très particulières. Le climat est typiquement désertique, les traits les plus importants du point de vue biologique étant: des températures diurnes élevées, une grande amplitude thermique journalière, une absence quasi absolue de précipitations, la présence occasionnelle de brouillards, une humidité relative faible et une forte radiation solaire. Les sols, constitués par des dépôts d'origine fluviale provenant de la Cordillère des Andes, sont couverts d'une croûte saline superficielle de 0,10 à 10,60 m ou plus d'épaisseur.

La plantation artificielle de tamarugos entreprise dans la Pampa del Tamarugal transforme peu à peu l'écosystème de désert absolu en un agroécosystème où l'on a obtenu un accroissement notable de la productivité nette, dans un des endroits les plus inhospitaliers et les plus difficiles à mettre en valeur du globe. Ce programme, qui a débuté en 1963, avait comme objectif principal l'utilisation du tamarugo à des fins d'élevage.

Parallèlement aux recherches sur le comportement des animaux et sur leur production on a entrepris des études sur les plantations forestières, sur la physiologie de l'arbre et sur l'économie de la ressource la plus rare et la plus précieuse dans le désert, l'eau.

Ces premières études ont permis de déterminer l'adaptation de certaines races animales, la capacité de tolérance au sel du tamarugo, l'utilisation de l'eau souterraine, lorsqu'elle est présente, par les racines d'ancrage. Elles ont aussi révélé un fait d'importance capitale, à savoir que, dans certaines conditions d'humidité atmosphérique, le tamarugo absorbe l'eau par son système foliaire, l'amène à son système radiculaire et la dépose dans la microrhizosphère, d'où elle est réabsorbée en même temps que les éléments nutritifs du sol.

Cette dernière caractéristique explique que les mesures effectuées aient indiqué que l'évaporation annuelle dans le boisement ne représente qu'une fraction de l'évaporation à l'extérieur du boisement; c'est également la raison pour laquelle on rencontre des tamarugos dans des zones où la nappe phréatique se trouve à 40 mètres ou plus de profondeur, et n'est pas en contact avec les racines des arbres.

Après ce bref préambule, nous livrons ce travail au lecteur dans l'espoir qu'il lui serve de guide pour mieux connaître ce singulier arbre fourrager du désert, au profit des habitants des vastes étendues arides qui couvrent la planète.

Fernando Riveros
Fonctionnaire principal
Groupe des pâturages et des fourrages
Division de la production végétale et de la protection des plantes
Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture
Rome, Italie.

Des semences pour l'expérimentation peuvent être fournies par le Service des semences, Division de la production végétale et de la protection des plantes, FAO, Via delle Terme di Caracalla, 00100 Rome, Italie.
L'annexe I contient des directives pour l'exécution des semis.

INTRODUCTION

Pour plus de clarté dans le développement du sujet, cet ouvrage est divisé en quatre parties.

La première partie contient des données générales sur le genre Prosopis, l'habitat de P. tamarugo, et le lancement d'un programme sylvo-pastoral. Le genre Prosopis se distingue, notamment dans le Nouveau Monde, par les liens directs qu'il a eus avec les activités de l'homme primitif, et plus récemment par son rôle comme élément utile dans la mise en valeur des zones arides. Dans la Pampa del Tamarugal, au nord du Chili, P. tamarugo, d'abord exploité intensivement comme combustible pour l'exploitation minière, sert depuis quelques années à établir des plantations artificielles, qui ouvrent de nouveaux horizons à l'élevage et au développement socio-économique de cette région.

La deuxième partie traite exclusivement du sujet fondamental de cet ouvrage, Prosopis tamarugo, dont le centre d'origine est la Pampa del Tamarugal. Cet arbre produit en abondance un fourrage apprécié par les ovins, les bovins et les caprins, contenant 12% de matières azotées totales, 30% de cellulose et 1.9% d'extrait éthéré, ainsi que des fruits dont la composition nutritive est la suivante: protéine 13,89%, extrait éthéré 1,16%, extrait azoté libre 28%, matière digestible totale 50,58%. Le rendement en fruits est en moyenne du 2,1 kg par mètre carré de projection de la cime, et même davantage pour les arbres adultes. En ce qui concerne les insectes ennemis du tamarugo, on a décrit les aspects les plus remarquables de la répartition, de la bioloqie et des moeurs de 12 arthropodes phytophages, dont certains sont endémiques dans la région.

La troisième partie traite de la production animale sous ses facettes multiples et complexes. Les espèces et races animales qui se sont le mieux comportées sont les caprins de race Angora et les ovins de races Karakul et Suffolk Down, et en ce qui concerne les bovins de boucherie, la race Hereford et ses croisements. L'étude de la consommation journalière de fourrage, y compris les fruits, du point de vue du bilan azoté, montre que les animaux conservent un bilan positif, le total d'éléments nutritifs digestibles étant comparable à celui d'un fourrage de bonne qualité, tel que le foin de luzerne.

La quatrième partie, enfin, est consacrée aux caractéristiques géographiques de la Pampa del Tamarugal. On y analyse les facteurs abiotiques: climat, géomorphologie, hydrologie et sols.


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