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1. INTRODUCTION

Conformément à une demande d'assistance du Gouvernement de la République du Rwanda en matière de pisciculture et de développement des pêches, l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), au titre du Programme des Nations Unies pour le développement (Section de l'Assistance technique), a désigné M. Jakob de Vries en qualité de biologiste des pêches intérieures (Pisciculture). M. de Vries a travaillé au Rwanda du 10 septembre 1967 au 16 décembre 1970. Il avait pour mandat de conseiller et d'assister le Gouvernement de la République du Rwanda, à l'effet d'étudier et d'évaluer les ressources des pêches intérieures, celles de la pisciculture notamment, de restaurer les centres d'élevage existants et d'en créer de nouveaux, d'améliorer les méthodes de pisciculture et la production de poissons dans les lacs naturels et de retenue, de former enfin le personnel local au travail piscicole sous tous ses aspects.

1.1 Généralités

Dans la République du Rwanda, où la population est très dense, le manque de terre arable et de pâturages pour le bétail, dont l'élevage est prédominant, représente l'un des problèmes majeurs. Les bêtes à cornes ne servent habituellement pas à l'alimentation de la population, dont le régime est essentiellement végétarien et ne contient pratiquement pas de protéine animale. Comme le revenu annuel des paysans n'atteignait, en 1970, que 36 dollars par habitant et que 92% de la population dépendent de l'agriculture et de l'élevage, une source bon marché de protéines animales aiderait considérablement à améliorer le régime alimentaire et, par conséquent, l'état sanitaire du pays.

De 1935 à 1942, en vue d'améliorer le ravitaillement du Rwanda en poisson, l'Administration coloniale belge introduisit deux espèces de Tilapia dans dix lacs réputés pour la pauvreté de leurs pêches. De 1948 à 1952, elle installa à Kigembe un gros centre piscicole, puis, en 1956, un autre établissement fut créé au groupe scolaire de Butare. D'autres étangs construits pendant cette période se rencontrent encore dans de nombreuses régions du Rwanda central.

Après l'indépendance, en 1960, le Rwanda ne s'est pas suffisamment préoccupé d'entretenir ces installations, en partie à cause du manque de personnel dans les établissements piscicoles d'Etat, en partie parce que la population ne savait pas comment exploiter les étangs qui existaient et n'était pas, non plus, habituée à consommer du poisson.

Les connaissances fondamentales sur l'écologie du lac Kivu et des six lacs du plateau reposent sur les études du professeur H. Damas1 et du Dr. G.J.L. Marlier2. Mais on ne disposait pratiquement d'aucun renseignement sur les résultats des études expérimentales ou sur les observations directes en matière de pisciculture.

1 Damas H., 1954–56 Etude limnologique de quelques lacs ruandais (Académie royale des sciences coloniales). Classe des sciences naturelles et médicales. Mémoires dans 8 nouvelles séries

2 Marlier, G.J.L., 1963 La faune africaine - Biologie d'eau douce. In Revue des ressources naturelles du continent africain - Unesco, Paris 342-71.

1.2 Déroulement du Projet

Après avoir reçu ses instructions au siège de la FAO, l'expert est arrivé à Entebbe (Ouganda) le 9 septembre 1967, où il a rencontré M. K.M. Apostolski, biologiste FAO/PNUD (AT) pour les pêches intérieures, qui travaillait au développement de la pisciculture en Ouganda. M. Apostolski a renseigné l'expert sur son projet et lui a fait part des conditions prévalant dans la partie montagneuse de l'Ouganda, analogue à certains secteurs du Rwanda.

L'expert est arrivé à Kigali le 12 septembre. Là, au cours de visites au Ministère du plan et de la coopération internationale, ainsi qu'au Ministère de l'agriculture et de l'élevage, il a eu l'occasion de s'entretenir des objectifs de sa mission et de la tâche qui lui incombait. A la suite de quoi, les représentants des Départements intéressés ont préparé et approuvé le programme de travail suivant:

  1. Remise en état du Centre de Kigembe et de la Concession piscicole du groupe scolaire de Butare.

  2. Essais d'élevage de carpe au Centre de vulgarisation de la pisciculture, à Kigembe:

    1. Frayères sur différents supports

    2. Densité de repeuplement dans des étangs où le poisson s'alimente naturellement et dans d'autres à alimentation complémentaire

    3. Essais d'alimentation au son de blé et à la balle de riz.

  3. Expériences avec plusieurs espèces de Tilapia:

    1. Détermination de la densité de repeuplement dans des étangs où l'alimentation est naturelle

    2. Repeuplement combiné de Tilapia avec carpes et Serranochromis.

  4. Expériences avec Clarias carsonii (poisson-chat indigène de la famille des Siluridés):

    1. Essais de reproduction

    2. Essais d'alimentation.

  5. Remise en état des grands étangs du Rwanda central.

  6. Vulgarisation de la construction d'étangs en zone rurale, fourniture d'alevins et initiation à l'exploitation d'étangs à poissons.

  7. Etudes générales sur les eaux naturelles et les ressources de la pêche.

  8. Formation du personnel, y compris l'organisation de séminaires pratiques sur l'entretien des étangs.

Une réunion eut lieu le 20 septembre 1967 au Ministère de l'agriculture entre MM. Hitayezu, Secrétaire général du Ministère de l'agriculture et de l'élevage; Ntakaburimwano, du Ministère du Plan; Monnom, conseiller agricole; Mickelson, conseiller forestier; Mubiligi, Directeur du département des eaux et forêts; Kayonga, Directeur de l'agriculture. M. Mubiligi fut désigné comme contrepart de l'expert, qui devait être basé à Butare, à 142 km au sud de Kigali et à 16 km seulement de la station de Kigembe, dont la remise en état avait été décidée en priorité.

En septembre 1968, M. Joseph Ruremesha fut affecté au Centre de pisciculture de Kigembe pour y être formé à l'exploitation. En septembre 1969, après avoir terminé ses cours à la Section agricole du groupe scolaire, à Butare, il fut nommé Directeur du Centre.

En juillet 1969, un autre stagiaire, M. Themistocles Kayigiri, rallia Kigembe comme vulgarisateur piscicole; puis, après avoir été affecté à la Concession piscicole du groupe scolaire en avril 1970, il en fut nommé directeur en septembre de la même année.

L'expert rejoignit Kigali le 5 décembre 1968, en vue de resserrer sa collaboration avec les départements ministériels, également par impossibilité de se loger à Butare. Du 2 avril au 5 juin 1969, l'expert prit son congé en Europe, pendant lequel, du 20 au 23 mai, il s'entretint du projet au siège de la FAO.

Du 16 au 24 septembre 1969, M. N. Kayonga, Directeur de l'agriculture au Ministère de l'agriculture et de l'élevage, et l'expert participèrent à la Conférence de la FAO à Rome sur les investissements halieutiques, où ils représentaient le Gouvernement de la République du Rwanda. Du 13 au 16 mai 1970, l'expert reçut à Kigali la visite du Dr. Karl F. Lagler, expert consultant au siège de la FAO, à l'occasion de laquelle des conversations eurent lieu avec le Gouvernement sur l'orientation privilégiée à donner au programme de l'expert. Celui-ci quitta Kigali le 16 décembre 1970 pour le siège de la FAO à Rome, où il termina sa mission le 31 décembre.

1.3 Remerciements

La FAO tient à exprimer sa reconnaissance aux nombreuses personnes qui ont collaboré avec l'expert au cours de sa mission, en lui offrant leurs précieux conseils et assistance, en particulier à MM. Ribanji et Kabogabo, respectivement Secrétaire général et Directeur général du Ministère de l'agriculture et de l'élevage, qui ont témoigné d'un vif intérêt pour le développement de la pisciculture. La FAO exprime tout spécialement sa gratitude à MM. Mubiligi, Directeur du département des eaux et forêts, Monnom, conseiller agricole, et Roggeman, Directeur du bureau d'études au Ministère de l'agriculture et de l'élevage, pour leur aide et leur coopération. Elle adresse aussi ses remerciements à MM. P.B.N. Jackson et Illugason, membres du Projet FAO/FS du lac Victoria (AFR REG 49), Mann et Pritchard, qui appartenaient précédemment à l'Organisme de recherche pour les pêches de l'Est-africain, à Jinja (Ouganda).

Nos remerciements vont enfin aux contreparts de l'expert sur le terrain, MM. Ruremesha et Kayigiri, aux Volontaires français de Kigembe et d'ailleurs, pour leur assistance.


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