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6. ACTIVITES DU PROJET AU CAMEROUN

6.1 PERFECTIONNEMENT

Installations

La station de pisciculture de Foumban, située dans un périmètre de reboisement forestier, à 340 km environ au nord de Douala, avait été mise à la disposition du projet. Cette station assez récente comptait 38 bassins, d'une superficie en eau totale de 0,43 ha, alimentés par un canal long de 2 km, en dérivation sur une prise d'eau aménagée sur la rivière Melap. Elle comprenait en outre un logement pour le responsable de la station et un hangar non aménagé servant d'entrepôt pour l'équipement.

Cette infrastructure relativement restreinte pour l'installation d'un centre de formation, a été complétée au cours du projet par la construction d'un internat de sept chambres. De plus le hangar a été aménagé en bureau, laboratoire, salle de cours, réfectoire, avec bâtiment cuisine en annexe. L'habitation principale a été également complètement remise en état, ainsi que le système d'adduction d'eau, par prise directe sur le canal d'alimentation des bassins; l'électricité est fournie par un groupe électrogène de 12,5 kVA.

Personnel et stagiaires

L'expert instructeur n'a occupé son poste qu'en avril 1971. Il a été assisté dans ses travaux de formation par un volontaire de l'assistance bilatérale française, en poste à Foumban depuis le 11 décembre 1971. Un ancien stagiaire du centre régional piscicole de Bangui, de niveau cadre moyen, a occupé le poste de codirecteur de la station depuis le 6 avril 1972, et a été chargé d'une partie des cours de formation pour moniteurs.

Deux stages de trois mois ont été organisés (of. annexe 5 pour liste des stagiaires et détail des cours). Bien que les moniteurs qui ont suivi les cours avaient cessé toutes études depuis 8 à 15 ans, ils ont fourni, dans l'ensemble, un effort assez important pour suivre le programme enseigné.

Conclusions

Il est encore trop tôt pour pouvoir juger de l'efficacité des moniteurs sur le terrain, d'autant plus que la fin de leur stage a plus ou moins coïncidé avec une réforme importante des anciennes structures administratives, ce qui a ralenti les activités des services pendant quelques mois.

6.2 EXPERIMENTATION

Installations

La station dispose d'un laboratoire-salle de cours de 50 m2, avec quelques aquariums et équipement pour analyse chimique. Au point de vue piscicole le centre, cependant relativement bien construit avec des étangs en terrasse dont les digues se maintiennent bien, et avec, pour chaque étang, une alimentation par vannes et un système de vidange par moine, présente un certain nombre d'inconvénients du fait des faibles surfaces des étangs qui ont été aménagés comme bassins d'alevinage. Sur le plan expérimental, on a constaté que leur faible volume en eau est très sensible aux variations du débit d'alimentation, par excès ou manque d'eau, et aux infiltrations.

Une partie des bassins a été regroupée pour limiter cet inconvénient et leur nombre réduit à 18 pour une surface d'environ 2,2 a. Une extension limitée des bassins est possible mais apparaît inopportune, compte tenu de la pauvreté de l'eau d'alimentation et des difficultés d'approvisionnement de la station en sous-produits locaux.

A l'arrivée de l'expert en avril 1971, l'empoissonnement des bassins était quasi inexistant, du fait de la période assez longue d'abandon dans lequel ils avaient été laissés.

Des installations complémentaires, en matériaux traditionnels, furent construites, une porcherie, un poulailler, deux canardières, ainsi qu'un fumoir rustique pour le traitement des poissons.

Essais effectués

Les difficultés d'approvisionnement en sous-produits agricoles ont en partie conduit l'expert à associer différents aliments dans les essais pour lesquels il a utilisé également des poissons de tailles différentes au départ, ce qui rend la comparaison avec les travaux organisés dans d'autres stations du projet impossibles.

A titre indicatif, une alimentation composée de drêche de maïs et de déchets d'abattoir a donné un coefficient de transformation qui a varié de 1,5 à 6, avec une production extrapolée allant de 900 à 5 000 kg/ha/an.

Un essai de quatre types d'engrais minéral distribué selon les quantités suivantes:

sulfate d'ammoniaque 800 g/are/15 jours
scorie Thomas 350 g/are/15 jours
superphosphate triple 600 g/are/15 jours
engrais complet 600 g/are/15 jours

n'a donné aucun résultat. Les eaux très pauvres, d'une teneur en sels dissous inférieure à 30 mg/l, nécessiteront vraisemblablement des doses d'engrais très élevées.

Les essais d'élevages, associés, avec canards et poules, n'ont donné aucun résultat significatif, mais la densité de l'élevage était faible et l'alimentation insuffisante. Les porcs, bien qu'élevés dans des conditions défavorables (croissance de 10 kg en neuf mois), ont cependant permis une production très satisfaisante de Tilapia nilotica de l'ordre de 40 kg/are/an.

Quelques essais ont été entrepris dans le but de connaître les possibilités d'utilisation de la drêche de brasserie comme aliment de base des poissons de la station. Celle-ci peut être achetée à Douala, sous forme déshydratée (15 pour cent d'eau), à 12 FCFA/kg, et à Baffoussam, sous forme humide (75 à 80 pour cent d'eau), à 1,5 FCFA/kg.

Pour des raisons économiques évidentes il n'est pas recommandé d'utiliser de la drêche déshydratée. Le coût de la drêche humide rendue à Foumban étant de l'ordre de 3,5 FCFA le kilogramme, et compte tenu d'un coefficient de transformation de 12, cet aliment peut permettre une production rentable de poissons au prix de vente de 150 FCFA le kilogramme. Le problème à résoudre est celui de la conservation de la drêche à Foumban, par séchage ou ensilage. Suivant les facilités d'organisation du Service des eaux et forêts, le séchage pourrait peut-être être entrepris à Baffoussam, ce qui réduirait les frais de transport.

6.3 ETUDES

Aucune étude approfondie de l'ensemble des possibilités piscicoles du pays n'a été réalisée durant la période relativement courte des travaux.

La zone située au nord de Ngaoundéré ne convient pas, pour des raisons d'hydrologie, à l'installation de la pisciculture, mais les quelques rivières à caractère permanent de cette zone présentent un potentiel productif apparemment important.

La zone nord du pays, qui dispose de sous-produits d'agriculture, en particulier des graines de coton, pourrait approvisionner les régions piscicoles en aliments riches en protéines végétales.

Dans la zone sud, signalons quelques observations faites lors d'un voyage d'étude des stagiaires régionaux. La rivière Noun, près de Baffoussam, a une teneur en sels dissous de l'ordre de 95 mg/l, soit une très faible minéralisation, cependant trois fois supérieure à celle de la rivière Melap à Foumban. Le Nkam à Kekem a une conductivité de 42 mho, soit une teneur de 52 mg/l de sels dissous environ et un pH de 7. La Dibombe à Manjo a un pH de 7,4 et une teneur en sels dissous de 69 mg/l. Il en est de même de la rivière Bare qui, près de Nkongsamba, a un pH de 7. Les températures de ces eaux étaient de l'ordre de 23 à 27° en mars 1972. Plusieurs rivières de cette région montagneuse de l'ouest pourraient alimenter des exploitations de pisciculture et des sites favorables existent en de nombreux endroits.

Le Cameroun possède également un grand nombre de plans d'eau naturels, lacs, rivières, et a entrepris la création de plans d'eau artificiels par l'implantation d'importants barrages. Des études, parfois assez complètes, souvent fragmentaires, existent pour certaines rivières, mais sans plan d'aménagement d'ensemble.

6.4 RECOMMANDATIONS

Perfectionnement

Il apparaît nécessaire de former une quarantaine de moniteurs supplémentaires pour répondre aux besoins du pays et permettre l'installation d'un service pêche et pisciculture. Elle a été prévue dans le cadre du projet CMR/72/010, Développement de la pisciculture.

Il serait souhaitable que des sessions de formation soient organisées en langue anglaise pour les pisciculteurs de la région ouest.

Il faut prévoir le recyclage d'une partie des moniteurs déjà formés. Dans la mesure du possible, un test sélectif devrait précéder l'inscription des moniteurs aux cours.

Après le stage au centre piscicole, les stagiaires devraient effectuer pendant une période de deux mois environ, un stage de mise en route pratique sous la conduite de moniteurs expérimentés.

Dans la mesure où l'élevage associé pourra être développé, des stages pour moniteurs agricoles devraient être prévus.

En ce qui concerne la formation des cadres moyens, se rapporter aux recommandations données à propos de l'action régionale, section 2.6.

Recherches

Il faut attacher la plus haute importance à la mise au point de la pisciculture du Clarias lazera, espèce à très haut rendement.

Il est nécessaire d'inventorier les disponibilités en sous-produits agro-industriels: quantité, zone et saison de production, coût, et d'étudier les possibilités de leur utilisation économique sous forme directe ou sous forme de granulés.

Pour la mise en valeur de plans d'eau naturels ou artificiels, il faut développer les recherches sur les possibilités d'élevage et de diffusion d'espèces non domestiques, Auchenoglanis, Heterobranchus, Lates, et envisager éventuellement des introductions dans des zones d'eau relativement “fraîche”.

Il faudrait reprendre l'élevage des Astatoreochromis alluaudi, poissons malacophages, en vue de leur introduction dans les barrages comme moyen de lutte biologique contre l'extension possible de la bilharziose.

Les essais d'introduction de la Carpe, entrepris à Bamenda, ne doivent pas être diffusés ailleurs sans étude préalable des avantages et inconvénients éventuels.

Vulgarisation

Trois formes d'action piscicole doivent être envisagées, la pisciculture intensive à caractère industriel, la pisciculture artisanale semi-professionnelle, la pisciculture familiale. Elles ont été définies à la section 2.5.

Les deux premières doivent pouvoir assez rapidement se développer de façon autonome. La pisciculture familiale nécessite le support d'un service piscicole bien organisé. Les trois formes ne sont pas réalisables partout et il faut définir, dans les meilleurs délais, les zones de développement de la pisciculture et les types d'action possibles. Une priorité devra être accordée au développement de la pisciculture industrielle et artisanale, sans négliger cependant la pisciculture familiale dans les zones où elle peut favorablement se développer.

La mise en place d'un service piscicole bien structuré et possédant des moyens d'action adéquats doit précéder toute action de vulgarisation rurale.

Suivant les résultats des études sur l'approvisionnement en sous-produits, l'installation d'une presse à granulés pourra être envisagée, afin d'assurer la fourniture d'aliments complets aux pisciculteurs.

Des cours d'animation rurale devraient être prévus pour informer la population des possibilités offertes par la pisciculture.


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