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5. ACTIVITES DU PROJET AU GABON

5.1 PERFECTIONNEMENT

Installation

Le centre piscicole national est installé à Oyem, chef-lieu du département du Woleu - N'tem. Les bâtiments comprennent trois bureaux, un laboratoire-salle de cours, deux réserves et un internat conçu pour six stagiaires (dortoirs, installations sanitaires et cuisines). Les bâtiments annexes abritent un magasin d'outillage, un garage et une réserve d'aliments pour bétail.

La superficie totale des bâtiments construits par le projet couvre 500 m2. L'eau courante et l'électricité sont fournies par la ville d'Oyem. Une route latéritée de 75 m de long sur 8 m de large, donnant accès au centre de la station à des véhicules poids lourds, a été aménagée au cours du projet.

Personnel et stagiaires

Le personnel instructeur se compose de l'expert, Directeur du projet national et de son homologue, ancien stagiaire du centre régional de Bangui, qui a pris ses fonctions le 1er août 1970 et cumule également celles d'administrateur. Un volontaire du progrès a collaboré au projet à partir de novembre 1971, et un assistant gabonais a participé aux cours pratiques généraux et à des cours théoriques et pratiques de systématique des poissons.

Un cours de formation a été organisé du 3 novembre 1970 au 20 février 1971 pour neuf stagiaires non internes. Ceux-ci étaient de niveau moniteurs (cinq) et brigadiers des eaux et forêts (quatre). Parmi eux, huit appartenaient à la Fonction publique gabonaise et ont été immédiatement affectés à des postes répondant à leurs qualifications par la Direction des eaux et forêts (of. annexe 4). L'accent a été mis sur les cours pratiques relatifs à la construction des étangs et principalement de leurs accessoires tels que moines, déversoirs, etc. Les stagiaires ont construit eux-mêmes plusieurs ouvrages de ce genre.

Conclusions

La formule de recyclage adoptée ne s'est pas révélée particulièrement satisfaisante et l'on a pu observer a posteriori une grande confusion dans les connaissances globales des moniteurs recyclés. Lorsque ceux-ci se sont retrouvés dans la vie professionnelle, ils n'ont pas mis en application les enseignements reçus ou ont “mélangé” des connaissances anciennes avec les plus récentes. Dans de rares cas, les méthodes enseignées ont été mises en pratique: construction de moine en béton, méthode rationnelle de l'élevage, notions modernes d'alevinage, etc.

La Direction des eaux et forêts a rapidement pris conscience du niveau insuffisant de ces agents de la Fonction publique et n'a plus procédé au recrutement des autres moniteurs en poste dans diverses régions du pays pour de prochains stages.

5.2 EXPERIMENTATION

Installation

Initialement, la Station comportait 27 bassins sans alimentation indépendante et sans système de vidange réglable. Vingt-six étaient du type étang en dérivation. Le canal de dérivation principal alimentant la station prend son eau dans un étang de barrage, en passant à travers la digue par une buse en ciment. L'ensemble du site avait une superficie totale de 5,95 ha répartis en 80 a d'étangs de pisciculture en dérivation et environ 5,15 ha en deux étangs de barrage et de source.

Les travaux d'aménagement ont permis d'augmenter légèrement la surface des étangs en dérivation, l'amenant à 1,10 ha y compris l'étang de source inclus dans la station. En juin 1972, la station comprenait 36 bassins dont 20 étaient équipés de moines et de digues percées. Depuis août 1971, aucun étang ne se trouvait plus en chapelet. Parmi les aménagements réalisés, il convient de citer:

L'entrée du canal de dérivation principal est constituée par un goulot bétonné avec diverses vannes à rainures et un déversoir permettant la vidange occasionnelle du canal.

La digue de l'étang de barrage alimentant la Station et la centrale de distribution d'eau a été consolidée et surélevée de 50 cm en moyenne afin de remédier à la trop faible hauteur de revanche que présentait cet ouvrage. Le niveau a également pu être relevé de 30 cm, ce qui a permis d'obtenir une plus grande différence de niveau entre le canal de dérivation et les étangs situés en contrebas.

Un déversoir en maçonnerie a été construit sur la berge de l'étang. Des rainures métalliques permettent, par la pose ou l'enlèvement de planches de différentes hauteurs, d'augmenter ou de diminuer le débit de cet ouvrage, cet étang étant très sensible au régime de tornade. Une digue perçée sur une profondeur de 1 m aboutit au bac de décantation de la station de pompage et est pourvue d'un déversoir trop-plein.

Dans le laboratoire, trois aquariums encastrés ont été aménagés à partir du mois d'août 1971. Après de nombreuses difficultés dues au manque de matériel adéquat, deux d'entre eux, de 1 000 et 1 800 l,ont été mis en service début février 1972.

Essais effectués

Les essais commencés en mars 1970 ont porté sur l'alimentation directe (alimentation artificielle) et indirecte (fumure), ainsi que sur les élevages associés, la rizipisciculture et l'introduction de nouvelles espèces.

Alimentation artificielle

Aucun aliment artificiel d'un prix de revient suffisamment bas n'a pu être trouvé localement, ni importé d'autres régions. Ce problème, propre à la station d'Oyem est, dans une certaine mesure, rencontré par tous les pisciculteurs ruraux.

Produits locaux

Manioc: Les quantités cultivées permettent seulement d'assurer la consommation humaine locale. Les tubercules ne sont jamais cultivées dans le but de nourrir du bétail ou des volailles et encore moins des poissons en étang.

Patates douces, taro ou colocase: Les quantités disponibles sont très faibles.

Végétaux

- Feuilles de manioc: C'est généralement la seule nourriture utilisée par les pisciculteurs; malheureusement, les quantités distribuées sont faibles parce que les champs sont parfois fort éloignés des étangs. Quand les feuilles sont achetées dans les villages, elles coûtent 5 FCFA le kilogramme, ce qui les rend trop chéres pour la station de pisciculture d'Oyem, compte tenu du coefficient de transformation de cet aliment.

- Feuilles de taro: Elles sont moins abondantes que les feuilles de manioc; le ravitaillement est donc encore plus difficile.

- Végétaux divers (Setaria, paspalum): Les quantités à distribuer sont trop importantes pour envisager leur emploi régulier comme nourriture.

Déchets ménagers: Comprennent une grande variété de déchets alimentaires tels que: coques d'arachides, pulpe et noyaux de noix de palme, pulpe de canne à sucre, pelures de bananes douces ou plantains, drêche de maïs (confection clandestine d'eau de vie), etc. Leur récolte, dans les villes, est laborieuse, coûteuse en temps et transport, et déplaisante. Une solution consiste à proposer aux établissements scolaires et aux hôpitaux de créer des étangs et de les exploiter eux-mêmes. Dans les villages du Woleu-N'tem, les déchets cités ci-dessus fourniraient un appoint supérieur par leur utilisation dans les étangs, plutôt que par leur accumulation en vue de la production du compost ou terreau à plus ou moins longue échéance.

Produits importés

Drêche de biére: Malgré l'important tonnage journalier perdu à Libreville, ce produit, même préalablement séché, ne peut être utilisé à Oyem en raison du prix prohibitif du transport (10 FCFA/kg en saison cacao pendant six mois, 20 FCFA le reste de l'année). Le taux de conversion étant de 12, le seul prix de revient de l'aliment varierait de 120 à 240 FCFA/kg, pour la production d'un kilogramme de Tilapia, qui sera vendu en moyenne à 150 FCFA.

Son de farine: Le taux de conversion de cet aliment est plus bas (compris entre 6 et 9) mais acheté au prix de 15 FCFA/kg à Libreville, son prix de revient est grevé des mêmes frais de transport. Par contre, comme on le verra plus loin, il est avantageusement utilisé pour la nourriture de base des porcs, dans le systéme des élevages associés porcs-poissons.

Fumure minérale

Les quatre essais réalisés ont porté sur l'utilisation de deux engrais phosphatés, le superphosphate triple dosant 45 pour cent de P2O5 et les scories Thomas qui dosent 15 pour cent de P2O5 mais apportent également d'autres éléments: 40 pour cent de chaux, 3 pour cent de Mg et Mn, etc. (Cf. section 2.2). Les scories semblent avoir une meilleure action à dose réduite. Le pH et le SBV mesurés en saison des pluies n'ont pratiquement pas varié malgré la présence de chaux et de Mg (pH 6 et SBV 0,6 Mg). Les scories sont également moins chéres mais leur utilisation, compte tenu du transport et des rendements obtenus ne laisse pas de marge bénéficiaire.

Fumure organique

Ces essais, qui ont constitué l'essentiel des travaux de recherches à la station d'Oyem, ont donné les résultats les plus encourageants et sont susceptibles d'avoir une application pratique en milieu rural.

Rouissage du manioc: Cette technique procéde de la coutume alimentaire des populations qui se protégent des toxines en fermentant les tubercules de manioc dans un point d'eau peu profond, de préférence stagnant. Elles font fermenter indistinctement les tubercules de manioc doux (sans toxines) et de manioc amer (avec toxines). Les jus de diffusion ont une teneur en sels dissous qui fertilisent les eaux; quelques débris de pulpe sont parfois entraînés par les poissons.

Au Gabon, le rouissage se fait directement sur le fond boueux du point d'eau choisi. C'est ce qui a été fait à la station également mais en protégeant toutefois les tubercules ramollis par une barriére constituée d'un fin clayonnage. Les tubercules sont à point pour être débarrassés de leur enveloppe ou écorce et être pressés à la main pour en extraire l'excés d'humidité aprés trois à cinq jours.

A la station, l'unité de temps choisie a été une semaine. Il y avait donc interruption de fermentation pendant deux à trois jours. Les résultats sont résumés ciaprès:

Manioc en tubercule par are et par semaine
(kg)
Superficie de l'étang
(ares)
Nombre de poissons au mètre carréTilapia nilotica récoltés par ha/an
(kg)
Durée de l'essai
(mois)
    52,052   4806
  100,6032 4003
  502,0553 200   4,5
1000,8434 2803
2000,6034 0003

Les rendements ont été proportionnels aux quantités rouies. Toutefois, il semble qu'un rendement optimal a été obtenu avec un taux de manioc de 50 kg/are. Un tel résultat pourrait être exploité lors d'un programme de développement de la pisciculture familiale.

Le résultat fait ressortir l'intérêt d'utiliser des doses même réduites dans de petits étangs (moins d'un are). Lorsque de petites doses sont mises à fermenter dans des étangs trop grands, les éléments fertilisants sont perdus dans la masse d'eau trop importante. Cependant, il ne sert à rien, compte tenu des résultats, de mettre des doses dépassant 100 kg même dans de petits étangs.

Fientes de volailles: Pour trois essais, des litières de poulaillers ont été utilisées et des fientes pures dans deux autres. Dans chacun des cas, une certaine quantité de nourriture (provende) gaspillée est mélangée à l'engrais. A Oyem, l'élevage de la Mission protestante fournissait jusqu'en mars 1971 l'essentiel des déchets récupérés. Il a été estimé grossiérement que les fientes et débris de nourriture constituaient 30 à 40 pour cent de la matière totale dans le cas de litières très décomposées. Celles-ci étaient déversées chaque mois derriére un clayonnage placé dans un coin de l'étang. Elles étaient gratuites à Oyem, seul le transport était à assurer par la pisciculture. Les résultats obtenus sont donnés ci-après:

Litières de poulaillers par are et par moisSuperficie de l'étang
(ares)
Nombre de poissons au métre carréTilapia nilotica récoltés par ha/an
(kg)
Durée de l'essai (mois
(1) 1502,0521 4006
(2) 1503,3011 8006
  monosexe  
(3)   802,0532 3309

La richesse des litières de poulaillers semble assez variable comme l'indiquent les essais (1) et (3), étant donné qu'une quantité moitié moindre a permis d'obtenir un rendement supérieur d'une tonne. Deux constatations importantes ressortent de l'analyse de ce résultat apparemment anormal.

Fumier de bovins: Cet engrais n'a jamais été utilisé avec une population pure de Tilapia; en effet, sa réussite est relativement difficile, compte tenu qu'un troupeau réduit de zébus est gardé dans un corral trés étendu, uniquement pendant la nuit. Les quantités obtenues sont faibles et de mauvaise qualité (délavées, mélangées à de la terre, etc.). Un apport de 100 kg/are a servi au démarrage de l'élevage de canards afin de rémédier au nombre insuffisant de volaille, au début de l'essai.

Les étangs rigoles où ont été séparés des alevins d'Heterotis niloticus ont été particulièrement fertilisés au fumier de bovin.

Contenu de panse et sang: Ce mélange a été utilisé dans deux essais comme fumure de départ. Il avait été au préalable déposé sur des tables en bois à claire-voie avant d'être répandu dans l'eau, une semaine plus tard, dans le but d'obtenir une production continue de larves de diptéres (asticots). La fumure de départ est déposée sur la partie amont de l'étang pendant un assec d'une quinzaine de jours. Les résultats obtenus sont résumés ci-après:

Fumure de départ
(kg/are)
Alimentation fumure
(kg/are/mois)
Superficie de l'étang
(ares)
Nombre de poissons au mètre carréTilapia nilotica récoltés par ha/an (kg)Durée de l'essai
(mois)
(1) 252011,601,567012
(2) 5020  8,300,598010

La forte fumure de départ a influencé l'essai (2). Dans le cas où les étangs d'un pisciculteur privé se trouveraient à faible distance de l'abattoir et où il pourrait s'occuper lui-même de la récolte et de la distribution de l'engrais, l'aspect économique deviendrait nettement positif.

Enfin, très récemment, il a été démontré que le sang, aliment extrêmement riche en protéines, permettait d'obtenir des rendements très importants en Silures (Clarias lazera). En effet, ces espèces omnivores à tendance carnivore marquée, ayant une croissance supérieure aux Tilapia, utilisent avec plus de profit ce genre de nourriture de qualité.

Elevages associés

Ce sont les élevages associés qui ont donné les rendements les plus élevés. Leurs techniques sont les plus complexes car elles nécessitent la combinaison de deux techniques d'élevage. La production de poissons obtenue est pratiquement automatique car elle ne nécessite aucun effort particulier (pas de nourrissage) autre que la vidange. Six mois d'exploitation de l'étang sont généralement suffisants pour obtenir une production très valable.

L'arrière effet de la fumure est très important et on peut dire que l'étang ne fait que s'améliorer; ce phénomène est dû à un enrichissement de la vase en matières organiques et minérales qui sont remises en circulation par les poissons, lors de l'introduction de ceux-ci. On déconseillera les techniques anciennes d'assec dans le cas des fumures organiques dans lesquelles se rangent ces essais. On notera aussi qu'un arrêt momentané de l'élevage associé à l'élevage piscicole n'empêche pas pour autant la progression de ce dernier qui continue à profiter du phénomène cité cidessus. L'exemple d'un élevage monosexe mâle de Tilapia nilotica dans un étang de 9 a sur lequel a été installé un élevage de canards pendant près d'un an et demi (cinq canards/are) est significatif. Les poissons ont été introduits à la fin de l'élevage, à la densité de 0,5 poisson par mètre carré pendant trois mois. Le rendement a été de 2 400 kg/ha/an, sans apport de nourriture extérieure, ni fumure d'appoint.

Les poissons élevés étant en partie coprophages, les élevages associés peuvent aussi entrer dans la catégorie de techniques piscicoles avec alimentation directe. Il en est de même pour les aliments gaspillés par les volailles et les porcs qui sont utilisés soit directement, soit indirectement (fumure), par les poissons.

Seul l'aspect piscicole sera examiné ici.

Elevage de canards

Les résultats des cinq essais réalisés du début de l'année 1971 à novembre 1972 sont résumés ci-après:

Nombre de canards/areSuperficie de l'étang
(ares)
Nombre de poissons au métre carréTilapia nilotica récoltés par ha/an
(kg)
AnnéeDurée de l'essai en mois
(1)   68,8031 56019716
(2)   67,7011 470197110 
  monosexe mâle   
(3)   48,8052 15019725
(4) 103      24 50019724
(5) 203      6-1972   3,5

On notera l'arrière effet de fumure caractéristique de l'essai (3).

La densité de 10 canards/are semble optimale, spécialement si ces derniers n'ont pas d'accès à la terre ferme. Il n'y a, dans ce cas, aucune perte de fumure. Ce point important sera souligné avec attention au cours des recommandations.

Elevage de poules:

Cet élevage est le complément des essais de fertilisation organique à partir des fientes de volailles.

Le poulailler étant en partie (perchoirs) construit au-dessus de l'étang, les fientes ne sont pas accompagnées de corps inertes (copeaux, terre). Les mangeoires se trouvant sur une planche à claire-voie, entre les perchoirs, des débris d'aliments tombent également à l'eau. Un parcours enherbé est à la disposition des volailles. Les fientes obtenues ne constituent que les excréments produits au cours de leur sommeil (12 heures).

Nombre de poules/areSuperficie de l'étang
(ares)
Nombre de poissons au mètre carréTilapia nilotica récoltés par ha/an
(kg)
AnnéeDurée de l'essai en mois
(1) 15–202,5044 90019724   
(2) 60–800,5023 60019722,5
    Le pH a atteint 9
(3) 10     2,505-19723,5

Ces rendements sont particulièrement encourageants, compte tenu de l'extrême facilité de l'élevage.

L'entretien est minime, il suffit de brosser certaines accumulations de fientes à l'eau. Cet essai réalisé avec des poules peut se faire également avec des poulets de chair. La demande (oeufs ou chair) justifiera le choix. Une concentration très élevée de fientes de volailles - essai (2) - n'entraîne pas nécessairement des rendements plus importants, par contre les risques d'asphyxie augmentent considérablement.

Elevage de porcs

C'est l'élevage le plus satisfaisant des trois tant du point de vue des rendements piscicoles obtenus que de la simplicité et de la rusticité de l'élevage; c'est également pour les pisciculteurs ruraux l'élevage qui s'adapte le mieux aux conditions précaires de nourrissage et de ravitaillement.

Deux types de porcheries ont été construites, l'une de 30 m2 couverte de paille (chaume de palme), divisée en trois boxes de 8 m2 et entiérement suspendue sur un coin d'étang. Les matériaux utilisés sont des piquets de bois ordinaire pour les murs et charpentes, des bambous de chine tranchés pour les murs et divisions et des planches de bois dur pour les planchers. Quatre géniteurs, trois truies et un verrat, y sont abrités; cependant, ils ont accès à l'eau par une plage de terre en partie boueuse. Les animaux se baignent beaucoup, le nettoyage est simple et les déchts sont entraînés à l'eau. Les porcs troublent l'eau sur une certaine profondeur. Deux essais ont été faits sur cet étang de 4 a.

L'autre porcherie de 60 m2 d'abri couvert (paille), est construite en matériaux plus solides: cinq boxes de 8 m2 sont entiérement dallés. Deux sont entourés de grillage renforcé, tandis que les trois autres sont entourés de piquets de bois. Les piscines sont séparées par des piquets de bois dur imputrescible. Cette porcherie a l'avantage d'un entretien plus aisé et est plus hygiénique également. La piscine cimentée évite le trouble de l'eau. Un seul essai a été effectué sur cet étang de 5,70 a. Les résultats des trois essais sont donnés ci-aprés (on estime que trois porcelets de moins de six mois équivalent à un porc adulte).

Nombre de porcs adultes/ areSuperficie de l'étang
(ares)
Nombre de poissons au métre carréTilapia nilotica récoltés par ha/an
(kg)
AnnéeDurée de l'essai en mois
(1) 1432 40019726   
   (2) 1,5455 97019723,5
(3) 1   5,743 10019723,5

Le rendement de l'essai (2) est particulièment bon. Il est probable qu'un second essai sur l'étang de 5,70 a, avec un chiffre plus élevé de porcs, donnera une augmentation sensible de production compte tenu de l'enrichissement progressif de l'étang et de la qualité des installations (dalles cimentées évitant la turbidité). La densité de deux porcs par are doit pouvoir être dépassée sans inconvénients (appauvrissement en oxygéne). Cependant, si un élevage important est à envisager, il convient de conserver une densité moyenne afin de multiplier les surfaces d'étangs fertilisés.

Rizipisciculture

Des essais de rizipisciculture ont été entrepris dès 1971. Une première rizière d'environ 10 a a été aménagée sur l'assiette d'un étang peu profond. Des fossés et des trous refuges ont été creusés à l'abri de diguettes. Ces dernières avaient pour but principal de retenir l'épaisse couche de vase et de boue dans laquelle le riz devrait être planté. Deux autres riziéres de conception plus simple, de 2,50 a chacune, ont été creusées dans un terrain disponible à la station, près des bâtiments. Deux pépinières, d'un total de 2,4 a, complètent l'ensemble.

Six essais ont été réalisés jusqu'en octobre 1972, mais quatre seulement sont à prendre en considération. Avec des mises en charge de 100 alevins de Tilapia nilotica à l'are, des rendements de 680 kg/ha/an ont été obtenus.

Production naturelle

La production naturelle des eaux à la station a été déterminée quatre fois dans des étangs différents. Aucun étang témoin n'a été conservé constamment à cet usage pendant le projet. Les résultats enregistrés sont donnés ci-après.

Type d'étang et systéme d'alimentation en eauSuperficie
(ares)
Rendements obtenus
(kg/ha/an)
Durée de l'essai
(mois)
Annéeobservations
(1) dérivation étang d'essai3,6051051971ancien étang d'essai avec fumure organique
(2) dérivation étang de décantation142041972dépôt de boue
(3) étang de barrage - source10,5047101971étang d'infiltration également
(4) étang de barrage50050 à 75181970
1971
approximation

Les rendements obtenus sont trés variables. L'essai (1) laisse apparaître une erreur due à un arrière effet de fumure qui peut être important comme on l'a vu précédemment. L'essai (2) est plus valable mais a été réalisé dans un étang provenant d'une partie d'ancien étang en dérivation nourri. De plus, son rôle de bac de décantation lui donne une quantité de vase plus importante que dans les autres.

L'essai (3) a été conduit dans un étang d'eau de pluie ou stérile où l'eau, d'une certaine clarté (turbidité 0,90 m), provenait d'infiltrations de pluies et de sources traversant elles-mêmes des terrains acides et trés peu dégradables.

L'essai (4) a été réalisé sur l'étang de barrage de la station et a donné approximativement les rendements des étangs de barrage de brousse. Le ruisseau alimentant la station traverse des zones habitées avec peu de végétation; il est aussi partiellement pollué.

Elevage des Clarias

Les premiers Clarias lazera, originaires de la station de la Landjia, ont été amenés fin juin à Oyem. Des essais d'acclimatation de Clarias walkeri en étang avaient été entrepris depuis le début du projet au Gabon. D'autres espèces, moins intéressantes, ont également été observées.

- Clarias walkeri

C'est une espèce locale peuplant abondamment les cours d'eau et les étangs de barrage. Poisson de choix sur la table gabonaise, les gros spécimens observés atteignaient 1,5 kg, la taille habituelle oscillant le plus souvent autour de 500 g.

Bien que se reproduisant parfaitement dans l'étang de barrage d'Oyem, alimentant la station, la reproduction n'a jamais pu être obtenue dans les étangs de dérivation. Divers systèmes ont été utilisés sans succès:

Analyse des raisons possibles d'échecs:

- Clarias lazera

Un essai d'acclimatation et de croissance de cette espèce importée de République centrafricaine a été entrepris avec succès à la station piscicole d'Oyem. Des alevins, d'un poids moyen de 17,5 g ont accusé deux mois plus tard un poids moyen de 370 g; ils étaient alors âgés de cinq mois environ. Des croissances en poids et en taille d'un lot de Clarias lazera composé de 25 poissons (23 mâles et 2 femelles) sont illustrées au tableau ci-après:

Nombre de spécimens observésNombre de poissons au mètre carréAge des spécimens
(mois)
Taille moyenne
(cm)
Poids moyen
(g)
Production nette
(kg)
Production extrapolée 1
(kg/a/an)
(1) 25   0,33   13,5     17,50,450mise en charge
(2) 25   0,3427   130,53,26540
(3) 2415343708,830266  
(4) 2416   37,54109,84049
(5) 24173943110,354   25

1 Sur la base d'un mois.

L'examen de la courbe de croissance montre une forte intensité plus marquée en poids qu'en taille (moins régulière) entre les 3e et 4e mois et maximum entre les 4e et 5e mois, au cours desquels l'augmentation en poids avait doublé comparativement au mois précédent. La chute de croissance entre les 5e et 6e mois, et plus encore après le 6e, est brutale bien que les conditions générales (taille de l'étang, nourrissage, etc.) soient restées les mêmes ou aient été améliorées. Si une étude économique de cet élevage est réalisée, on considérera son intérêt pendant ces deux mois de croissance optimale, étant donné que les poissons atteignent 410 g de poids moyen pendant cette période.

Essais d'introduction de nouvelles espèces

Ces essais n'ont pas été poursuivis au delà de l'acclimatation préliminaire en étang. En effet, les espèces assez peu nombreuses des rivières de forêt du Gabon, spécialement le bassin Woley-N'tem, sont en général d'assez petite taille à l'exception de trois genres.

Les genres qui survivent en eaux closes à la station d'Oyem sont les suivants: Barbus, Citharinus, Xenocharax, Hepsetus, Alestes, Clarias, Auchenoglanis et Paraauchenoglanis, Synodontis, Eutropius.

Les espèces pouvant avoir de l'intérêt en pisciculture sont le Clarias walkeri (déjà décrit précédemment) et le Barbus cardozoï. Ce dernier est un poisson de grande taille, jusqu'à 15 kg dans le N'tem. Il n'a malheureusement pas été capturé de poisson de taille réduite pouvant être transporté, et son acclimatation n'a donc pas été étudiée. Elle semble toutefois assez délicate compte tenu des moeurs de l'espèce.

A ces deux espèces, il faut ajouter l'Eutropius grenfelli. Ce schilbeidae qui atteint un poids de 2 kg est considéré comme le meilleur poisson d'eau douce de l'Afrique sur le plan culinaire. Appartenant au groupe des siluriformes, il se capture couramment dans les zones profondes, de courant faible ou nul, des rivières de la région. C'est un poisson relativement robuste, s'alimentant de proies diverses, mais aux moeurs à tendances carnassières. Il se transporte malaisément lorsqu'il a une taille de plus de 1 kg.

5.3 RECOMMANDATIONS

Perfectionnement

La réorganisation du Ministère des eaux et forêts a accru l'importance du secteur pêche et pisciculture. Chaque région possède un chef d'inspection de chasse et pêche, avec un adjoint, tous deux du niveau agent technique (cadre moyen). Cet encadrement représente au total 18 personnes qui devraient posséder une formation du type de celle donnée au centre piscicole régional de Bangui, avec un complément dans le domaine de la pêche.

Pour la préparation de tout ce personnel, il conviendrait de prévoir des cours pour la formation de ce personnel (une trentaine de candidats de niveau moyen environ).

Pour le niveau supérieur, deux ou trois bourses de perfectionnement devraient être accordées pour permettre à des ingénieurs gabonais de se spécialiser. Lors du choix du pays hôte la politique piscicole du Gabon devra être prise en considération.

Le Gabon ne prévoit la formation de moniteurs piscicoles qu'après la mise en place de son personnel d'encadrement supérieur et moyen. Une trentaine seront nécessaires pour occuper les postes prévus dans le Plan de développement de la pisciculture. Les candidats, qui seront du plus haut niveau possible, ne devraient être admis aux cours qu'après une sélection préalable.

Recherches

Elles seront limitées, presque exclusivement, à la mise au point des techniques déterminées comme les plus valables pour le développement de la pisciculture au Gabon. En particulier:

Vulgarisation

Peu de techniques sont directement vulgarisables au Gabon, compte tenu du contexte socio-économique qui caractérise le pays. Néanmoins, on peut recommander les méthodes suivantes:

Là où ces techniques seraient économiquement rentables, l'installation de complexes à caractère industriel et de stations pilotes mixtes devrait être envisagée en premier lieu pour assurer une base de développement à la pisciculture, qui pourra ensuite s'étendre progressivement dans les zones rurales prioritaires (of. note 8 annexe 3).


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