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4. ACTIVITES DU PROJET EN REPUBLIQUE POPULAIRE DU CONGO

4.1 PERFECTIONNEMENT

Installation

La station piscicole nationale de la Djoumouna avait été désignée pour la réalisation des travaux du projet en République populaire du Congo. Située à 25 km de Brazzaville et d'accès très facile, elle comporte 5 ha d'étangs en bassins de superficies variées et divers bâtiments: bureau, laboratoire, salle de cours, chambres et douches pour stagiaires, ainsi que deux maisons d'habitation de trois lits chacune.

Un unique groupe de 3 kVA fournit le courant pour l'éclairage et la force motrice devant servir, entre autres, au pompage et à la distribution de l'eau courante sur la station. L'internat et la salle de cours ont une capacité maximale de dix élèves. L'internat comporte également une salle-à-manger et une petite cuisine de type local (four à bois et réchaud à pétrole). Ces installations entretenues et maintenues en état de fonctionnement représentent une infrastructure rustique tout juste suffisante à supporter les activités d'un projet de formation.

Au point de vue purement piscicole, la situation est aléatoire: beaucoup d'étangs sont vieux et en mauvais état et il reste de gros travaux à faire surtout pour la réfection des canaux d'alimentation et des moines de vidange. Heureusement, le projet a installé (construit ou remis en état) huit stations piscicoles dans l'intérieur du pays, spécialement dans la région du Pool. Ces stations ou relais d'alevinage ont également servi d'infrastructure au projet, principalement pour l'alevinage et la vulgarisation mais aussi pour certaines expérimentations simples et pour la démonstration aux stagiaires. Leur construction a été plusieurs fois l'occasion de travaux pratiques pour les élèves. Enfin, l'obtention d'une Land-Rover a permis, outre la vulgarisation, de faire des tournées et des travaux pratiques avec les stagiaires.

Personnel

En 1970 et 1971, l'expert en place assurait seul l'ensemble des cours théoriques, travaux pratiques et application en vulgarisation. Au début de 1972 une partie des cours a été confiée à un volontaire du service national français. En outre, depuis juillet 1972, l'homologue congolais de l'expert participe à l'enseignement (stage octobre-décembre 1972). S'il avait été disponible dès le début du projet il aurait participé à l'ensemble des activités de l'expert. Dans le cas d'un projet de formation technique, il est nécessaire de prévoir dès le début un collaborateur, expert associé, car il est pratiquement impossible pour une personne seule de mener parfaitement de front le travail administratif et de recherche avec un programme complet d'enseignement comportant préparation des cours, enseignement, travaux pratiques et encadrement des équipes déjà formées.

Trois experts du BIT, de la FAO et de la Coopération française en mission en République populaire du Congo ont participé à l'enseignement en donnant quelques cours portant respectivement sur les cultures associées à la pisciculture, le petit élevage et les techniques de vulgarisation en milieu rural.

Stagiaires

Les différentes actions de formation suivantes ont été entreprises:

Stages de formation de moniteurs piscicoles (Cf. annexe 5)

Pour le premier stage (1970), le niveau de base des stagiaires était faible mais ils possédaient de bons rudiments pratiques. Trois sur les dix ne savaient pratiquement ni lire ni écrire et comprenaient très mal le français, ce qui a obligé à doubler chaque cours d'une répétition en langue vernaculaire.

Dans le cas de recyclage d'éléments ayant surtout une base pratique il faudrait exiger, pour la participation à un stage théorique, le niveau du certificat d'études. Quoi qu'il en soit, ce type de recyclage d'anciens praticiens devrait surtout se faire par un encadrement régulier et un travail en équipe sur le terrain.

Le deuxième stage (1971), a regroupé cinq anciens moniteurs (à recycler) et quatre jeunes vulgarisateurs agricoles disponibles par suite de l'arrêt d'une grande action nationale de rénovation rurale (encadrement politico-technique). Ce stage a été retardé de plusieurs mois par les difficultés de recrutement, les prévisions nécessaires n'ayant pas été faites par le Secrétariat au plan pour les ressources humaines. Il semble qu'il faille insister à nouveau, comme pour les bourses et la nomination d'homologues compétents, sur l'intérêt qu'auraient les gouvernements d'entreprendre, dès la signature du document de projet, une action pour désigner et mettre à la disposition du projet en temps opportun des candidats de niveau suffisant.

Pour les candidats à recycler les mêmes remarques que pour le premier stage sont valables. Pour ce qui est des quatre jeunes candidats, on peut considérer ce type de recrutement comme favorable pour former des moniteurs à condition qu'ils soient ensuite sérieusement encadrés par un responsable de secteur. Le niveau du certificat d'études, combiné avec une ouverture pratique aux problèmes de technique et de vulgarisation agricole, permet une formation piscicole assez rapide (ce stage poussé jusqu'à ce que les candidats montrent tous un comportement piscicole satisfaisant a duré cinq mois) mais l'accession au stade de responsable de secteur piscicole semble difficile par suite du niveau trop bas de formation de base.

Le recrutement par concours a été instauré pour le troisième stage (1972). Le niveau exigé était celui de la cinquième. Sur une trentaine de candidats, onze ont été retenus.

Il est à noter que, bien que les épreuves du concours portent pour 50 pour cent sur les mathématiques, trois des candidats retenus montraient en calcul des difficultés incompatibles avec le métier de moniteur piscicole. Il est donc nécessaire que, même après recrutement sur concours, les stages de formation piscicole comprennent toujours un programme de révision des mathématiques de base (calcul des surfaces, des volumes, des pentes, règle de trois, prix de revient, etc.).

Les candidats ont montré une plus grande facilité d'assimilation que ceux des stages précédents. Les aspects théoriques de la formation peuvent être compris et étudiés en deux mois environ. Une différence de niveau de formation représentant deux ou trois ans d'école semble donc non négligeable. Leur capacité de réflexion personnelle est également supérieure, ainsi que leur ouverture aux problèmes économiques et politiques. Il semble possible pour certains d'entre eux d'accéder par un sérieux travail personnel à des postes de responsabilité.

Stages accélérés

Deux stages accélérés, d'une durée respective de un mois et six semaines, ont eu lieu en 1971 et 1972, pour six jeunes gens (trois vulgarisateurs agricoles sans travail et trois élèves d'un collège technique agricole envoyés en stage par leur directeur).

Pour les trois jeunes vulgarisateurs, actuellement aides-moniteurs, le travail pratique avec un moniteur compétent aurait probablement été tout aussi rentable que ce type de stage. Encore une fois, l'ouverture aux aspects théoriques, permettant l'accession à des postes de responsabilité, n'est valable que lorsque le niveau de base est suffisant.

Des trois élèves du collège technique agricole, l'un a été recruté pour le stage complet. Un long stage de pratique avec fort encadrement aurait été nécessaire pour les deux autres en raison de leur jeune âge.

Participation à des stages de formation agricole

Des cours de pisciculture ont été donnés à des moniteurs agricoles et des animateurs ruraux dans le cadre d'un projet de développement rural intégré exécuté par l'OIT. Ce genre d'action paraît très utile pour généraliser la pratique des cultures et élevages associés à la pisciculture. Par la suite, l'aide reçue de ces moniteurs et animateurs dans les actions de vulgarisation piscicole s'est révélée très profitable.

Cours de pisciculture dans un centre d'orientation professionnelle

Le projet a accepté d'organiser des cours de pisciculture dans un centre cherchant à reclasser, dans les métiers agricoles, des jeunes gens ayant dû abandonner leurs études. Douze fois deux heures de cours ont été données à 40 élèves (sur 55 inscrits). L'expérience fut un échec du fait du manque d'autorité et de compétence du directeur de l'école, de l'absentéisme tournant des élèves.

Action d'alphabétisation fonctionnelle

Le projet a participé activement en République populaire du Congo à une action d'alphabétisation fonctionnelle greffée sur un projet de développement rural intégré exécuté par l'OIT en collaborant à la composition d'une série de documents pédagogiques et de matériel didactique:

Fiche du technicien: Ce fascicule évalue le problème piscicole, définit les objectifs d'une action dans le cadre de la pisciculture rurale artisanale en République populaire du Congo, décrit la solution proposée, les moyens à mettre en oeuvre. Cette fiche s'adresse aux responsables de l'alphabétisation pour qu'ils soient au courant de l'action entreprise. Elle a aussi été utile pour définir ou rappeler aux responsables piscicoles les objectifs recherchés.

Fiches techniques de pisciculture: Ce document illustré résume les principaux aspects de technique piscicole nécessaires pour réaliser les objectifs choisis. Ils s'adresse aux “alphabétiseurs” qui doivent avoir assimilé les éléments principaux des techniques piscicoles qui seront mises en oeuvre pour réaliser les objectifs choisis. Ces fiches ont aussi été très utiles comme mémento technique à l'usage des moniteurs piscicoles, des aides-moniteurs et des pisciculteurs pilotes capables de lire.

Fiches de l'animateur: Manuel dans lequel sont consignées en détail onze séances d'animation réalisées dans le cadre du projet. Les principaux éléments suivants y sont indiqués: matériel à utiliser, questions à poser, réponses à susciter et démarche réflexive à laquelle entraîner les élèves.

Document de post-alphabétisation: C'est un mémento remis aux néo-alphabétisés après la série de leçons sur la pisciculture. Comportant de nombreuses illustrations et deux textes explicatifs juxtaposés, il rappelle et explique les principaux points sur lesquels il faut veiller pour créer et exploiter une pisciculture artisanale. Ce document peut aussi être distribué aux pisciculteurs privés n'ayant pas suivi de session d'alphabétisation mais sachant un peu lire.

Conclusions

La formation pratique doit représenter la partie la plus importante du stage et elle devrait être prolongée par une période de probation (travail effectif encadré) dans les conditions réelles de travail qui permet de juger de la qualité effective des élèves sortants.

Le niveau de formation de base doit être au moins celui de la classe de 5ème (cycle secondaire du système français) qui permet de bien tirer parti du stage et qui ne représente pas au niveau recrutement une charge financière trop lourde pour l'Etat. Par effort de simplification, il reste possible de familiariser de bons praticiens avec les principes théoriques de base qui doivent leur permettre d'adapter les techniques.

Dans la seconde étape de formation, qui consiste à la mise au travail pratique de nouveaux moniteurs, du matériel technique indispensable doit pouvoir leur être fourni (niveau, clisimètre, décamètre, machette).

Il est conseillé de profiter de toutes les occasions pour donner une formation piscicole même rudimentaire aux moniteurs agricoles et autres animateurs ruraux. L'ouverture des moniteurs agricoles à la pisciculture encourage utilement l'harmonisation des efforts et l'association culture-élevage-pisciculture.

Des difficultés ont été rencontrées au point de vue organisation matérielle des stages; en particulier, l'absence de bourse de subsistance pour les moniteurs séparés de leur famille rend difficile, voire impossible, le fonctionnement de l'internat. Un montant de 5 000 FCFA (20 dollars E.-U.) par mois et par stagiaire serait suffisant pour couvrir les frais de nourriture.

4.2 EXPERIMENTATION

A la station piscicole nationale de la Djoumouna, les conditions de départ furent défavorables à une réelle expérimentation à cause du mauvais état des étangs présentant de nombreuses fuites et interconnections et subissant de fréquentes ruptures de digue. Un premier protocole complet d'essais comparés sur densité et nourriture variables dut ainsi être interrompu pour de constantes réparations, surtout en saison des pluies. Dans ces conditions, et étant donné les possibilités immédiates en République populaire du Congo de compléter la formation par du travail pratique, l'expert sur place a reçu un véhicule tout terrain et l'autorisation d'orienter une partie de ses activités vers la vulgarisation, la création de stations piscicoles et l'étude des possibilités piscicoles du pays.

Essais effectués

Quelques essais comparatifs ont cependant été réalisés sur la fumure organique, la pratique du rouissage du manioc en étang, l'élevage associé du porc et l'utilisation stricte d'alevins jeunes de classe d'âge aussi homogène que possible avec interruption de l'élevage dès l'apparition des premières pontes.

Les essais de fumure (fiente de volaille) ont donné dans des étangs de 2,5 et 3 a des rendements qui, rapportés à l'hectare et à l'année, avoisinent 10 t. Des résultats inférieurs (5 à 6 t) sont couramment obtenus dans les petits étangs de Mindouli (2 à 4 a) où le rouissage du manioc est opéré régulièrement.

A la station de la Djoumouna, l'utilisation régulière de carcasses de boucherie, à raison de 10 kg par are toutes les deux semaines a permis d'obtenir une production moyenne de 3 500 à 4 000 alevins dans des frayères d'un are vidées tous les trois mois. Cette production semble cependant nettement plus faible en saison sèche (1 000 à 1 500 alevins). La taille des alevins varie de 1 à 4 cm. Ceux-ci sont en priorité vendus aux pisciculteurs privés pour l'alevinage de leurs étangs. Pour la seule station de la Djoumouna la production est de l'ordre de 100 000 alevins par an.

Des informations complémentaires sur ces essais ont été données à la section 2.2

4.3 ETUDES

L'exécution du projet PRC/72/011, Perfectionnement, recherche et vulgarisation en pisciculture, devrait permettre d'adapter les techniques mises au point à Bangui, spécialement pour ce qui est de l'adaptation du Clarias lazera à la pisciculture artisanale et du nourrissage des poissons par granulés. Cette dernière technique semble devoir permettre l'installation d'une unité intensive de production à proximité de Brazzaville. L'adaptation immédiate de ces techniques n'a pu être réalisée en raison de la diversification des activités du projet en République populaire du Congo en 1972.

Examen des possibilités de développement de la pisciculture

Les tournées, effectuées dans le pays pour la prospection, l'affectation des moniteurs, la construction de stations et la vulgarisation, permettent aujourd'hui de proposer des orientations pour le développement piscicole.

Elles sont développées en détail dans la note 8 de l'annexe 3. On en trouvera ci-après un rapide résumé.

Le principal facteur d'orientation de la pisciculture en République populaire du Congo est la subordination du choix des secteurs géographiques à développer au choix du type de pisciculture et réciproquement. On peut distinguer trois types de pisciculture possibles: familiale, artisanale et industrielle.

On entend par pisciculture familiale une pisciculture pratiquée sur petite surface (1 à 5 a environ par pisciculteur) ayant pour objectif de valoriser les déchets ménagers et de fournir périodiquement une certaine quantité de protéines fraîches. Son but est donc avant tout nutritionnel et d'épargne.

La pisciculture artisanale désigne une exploitation de type agricole, représentant au moins 25 pour cent de l'activité professionnelle du pisciculteur, si possible intégrée aux cultures et à l'élevage, et devant rapporter régulièrement à son exploitant au moins 10 000 FCFA tous les mois. Le poisson produit est en principe destiné aux marchés locaux; son objectif s'inscrit directement dans le développement général de l'économie rurale.

La pisciculture industrielle désigne une exploitation de petite ou grande surface utilisant les techniques modernes de pisciculture intensive. La production est destinée à être dirigée vers les marchés des grands centres. Son objectif est avant tout économique: réduire autant que faire se peut les importations de poisson. Elle peut être étatique, privée ou coopérative.

L'étude résuméeici présentera tout d'abord une vue d'ensemble des secteurs; elle détaillera ensuite les possibilités de développement de chaque type de pisciculture dans chacun d'eux en proposant les grandes lignes de l'infrastructure nécessaire.

- Région de la Likouala

Grande forêt sur marécage. Aucun des trois types de pisciculture n'est possible. Le développement des pêches est à envisager.

- Région de la Sangha

Forêt. Il existe des possibilités restreintes de développement de la pisciculture familiale entre Makoua et Ouesso et aux alentours de Souanké et de rares possibilités de pisciculture artisanale.

- Région de la Cuvette

Sol et topographie défavorables au centre et à l'est de la région (sables-marécages); situation légèrement meilleure à l'ouest. Le développement de la pisciculture familiale est possible sur l'axe Makoua-Etumbi-Kellé. Un centre piscicole pourrait être créé à Ewo et la pisciculture familiale et artisanale développée parallèlement dans ce district. Un moniteur y est déjà affecté.

- Région des plateaux

Situation hydrographique très défavorable à l'ouest de la région (Djanbala et Lékana). Les possibilités sont très restreintes pour la pisciculture familiale sur les affluents de la Nfourka et de la Lékéti, dans des conditions si défavorables qu'elles ne justifient pas l'intervention du service piscicole. A l'est de la région, les districts de Gamboma et Abala permettent un bon développement de la pisciculture familiale avec quelques possibilités de pisciculture artisanale. Trois moniteurs, chacun soutenu par un aide-moniteur, sont en place à Gamboma, Etoro et Abala. La station d'Etoro peut fournir des alevins.

- Région du Pool

District de Gamaba: Il existe des possibilités de poursuivre parallèlement le développement de la pisciculture familiale et, là où la topographie le permet, artisanale. Des unités industrielles de petite surface, alimentées en eau par des rivières à fort débit qui croisent la route du nord pourront être créées à condition que le nourrissage par granulés d'une espèce supportant une haute densité au mètre carré ait été mis au point. Les granulés devront être fabriqués par l'usine d'aliments de Maya-Maya ou, à défaut, par les Moulins de Jacob. Cette implantation est à l'étude dans le cadre du projet cité ci-avant basé à la Station nationale de la Djoumouna.

District de Kinkala. Il est possible d'entreprendre la relance de la pisciculture familiale, jadis florissante. Les efforts doivent cependant se tourner vers le regroupement des étangs, éventuellement sous forme coopérative, dans les vallées où la pisciculture artisanale est réalisable. Secteurs principaux: Kinkala, Matoumbou, Hamon et Moulenda. Support: une nouvelle station d'alevinage à Kinkala avec moniteur et responsable régional affectés à Kinkala. Des moniteurs pourraient être affectés à Hamon et Moulenda.

Pour la pisciculture artisanale, les meilleures conditions sont offertes par les vallées affluentes de la Foulakari et de la Moulenda, dans le secteur Moulenda, en zone schisto-calcaire.

District de Boko: La pisciculture familiale et surtout artisanale doit être développée dans l'ouest, en zone schisto-calcaire. Aucune relance n'est valable dans l'est. Support: deux stations d'alevinage redressées et agrandies à Mankoussou et deux moniteurs. Des regroupements d'étangs familiaux paraissent possibles dans les secteurs de Nzaza, Louingui et Voka.

District de Mindouli: Les conditions topographiques et géologiques sont très intéressantes sauf dans le nord du district. Poursuivre et encourager de préférence le développement de la pisciculture artisanale afin de maintenir à ce secteur son rôle pilote dans ce genre d'activité. Les principaux secteurs sont: Mindouli, De Chavannes, Mangola, Marche, Marchand, Brusseaux. Support: la nouvelle station de Mindouli et les moniteurs qui y sont affectés, ainsi que ceux de Marchand et De Chavannes. Des moniteurs pourront être envoyés à Mangola et Kindamba-N'gouédi, dans ce dernier secteur pour exploiter le centre d'alevinage et y relancer une pisciculture de type familial.

Districts de Nayama et Kindamba: Sables. Ruisseaux lents encaissés au fond de vallées très ouvertes. Peu favorables à un grand développement piscicole. Possibilités restreintes de pisciculture familiale et rarement artisanale. Support: une nouvelle station de démonstration et d'alevinage à Kindamba et un moniteur (affecté).

Région de la Bouenza: Cette région est favorable à la pisciculture surtout dans les secteurs collinaires du sud: districts de Boko-Songo et Mfouati, où le développement de la pisciculture artisanale doit être énergiquement poussé. Les districts de Madingou et Mouyondzi offrent des possibilités de piscicultures familiales et parfois artisanales.

Le district de Jacob devrait être prospecté en vue d'y trouver un site pour l'implantation éventuelle d'une pisciculture industrielle alimentée en granulés par l'usine d'aliments des Moulins de Jacob. La possibilité de développer la pisciculture artisanale devrait être étudiée à fond dans les districts de Loudima et Jacob. Les eaux y sont bonnes mais la topographie et le sol latéritique peuvent poser des problèmes. Soutien: Un moniteur est déjà affecté à Mouyondzi. D'autres devront l'être à Madingou, Boko-Songo, Mfouati, et Jacob ou Loudima suivant le résultat des prospections.

Région de la Lékoumou: Région forestière. Topographie et couvert végétal défavorables à la pisciculture. Possibilités d'un développment modeste de la pisciculture familiale (rarement artisanale) dans les districts de Sibiti et Zanaga. Soutien: La station piscicole de Sibiti et le moniteur qui y est affecté. Selon l'ampleur du développement envisagé, un moniteur pourrait éventuellement être envoyé à Zanaga.

Région du Niari: Cette région est favorable au point de vue piscicole lorsque la pente en long des cours d'eau est suffisante (têtes de ruisseaux). Il faut donc encourager la pisciculture artisanale dans les secteurs collinaires (sud-est du district de Kimongo et têtes de vallées dans les districts de Dolisie et Kibangou). La qualité des eaux est moins bonne dans le district de Mossendjo mais la topographie permet d'y développer valablement la pisciculture artisanale et familiale. Soutien: Station de démonstration et d'alevinage de Dolisie et deux moniteurs affectés à Dolisie avec la possibilité d'affecter des moniteurs compétents à Kimongo, Kibangou et Mossendjo.

Dans cette région, comme dans la Bouenza, il faut collaborer avec les services de la Santé publique pour éviter que le développement de la pisciculture ne facilite l'extension de la bilharziose.

Régions du Kouilou: Peu favorables à la pisciculture qui d'ailleurs se justifie moins du fait du ravitaillement facile en poissons de mer. Dans les collines du Mayombe, il existe des possibilités de pisciculture familiale sur les petits affluents de la Loeme (district de M'Vouti). Dans la plaine maritime, la topographie est très défavorable. Soutien: Dans l'avenir, affectation possible d'un moniteur à M'Vouti en s'appuyant sur le centre d'alevinage de Dolisie.

Aspects économiques

En République populaire du Congo, le développement piscicole peut être envisagé dans un but double: d'une part, accroître la production nationale de poisson de consommation et d'autre part, contribuer au développement du milieu rural en général. La rentabilité de la pisciculture devra donc être considérée en fonction d'un choix préalable de politique économique.

Les importations de poisson ont atteint au cours de ces dernières années, une moyenne de 16 000 t par an. La topographie, l'hydrographie et les problèmes d'encadrement ne permettent pas d'envisager, dans un proche avenir, de les compenser par la production piscicole artisanale ou familiale. Cependant l'exploitation systématique de tous les sites favorables à la pisciculture artisanale ou industrielle, l'introduction de nouvelles espèces, la généralisation d'une alimentation intensive par granulés devraient permettre d'atteindre une production appréciable sur le plan de l'économie nationale.

Ce développement dépend d'un très grand nombre de facteurs et dans l'état actuel des choses, il est prématuré de fixer un objectif réaliste dans un avenir déterminé. En ce qui concerne strictement les pisciculteurs privés, on peut prévoir, si le rythme de développement est maintenu et la production facilitée par une intensification de nourrissage, que 500 à 1 000 t de poisson pourront être produites en milieu rural fin 1975.

Tout en s'inscrivant dans l'ensemble du développement rural, la pisciculture artisanale représente pour l'exploitant une activité très rentable.

Avec 18 a en six étangs de production et deux de ponte, la production mensuelle est de 8 000 à 10 000 FCFA pour une heure et demie à deux heures de travail par jour et environ une demi-journée supplémentaire par semaine, ceci uniquement avec des méthodes naturelles n'entraînant pas d'autres dépenses de fonctionnement que le travail.

A elles seules, ces rentrées d'argent correspondent dans le pays à un salaire moyen d'ouvrier agricole et il reste à l'exploitant 75 pour cent de son temps de travail pour ses autres activités. Certains sont même des salariés à plein temps qui pratiquent la pisciculture en dehors de leurs heures de travail.

Les problèmes de commercialisation qui pourront survenir lors de la multiplication de ce genre d'exploitation aux alentours d'un centre secondaire seront aisément résolus par des accords sur la planification des mises en charge afin d'achalander le marché de façon régulière.

Les prix à l'investissement ont été contrôlés dans trois conditions différentes:

Sur ces bases, l'investissement est amorti en moins de trois ans, parfois même en un an et demi.

4.4 RECOMMANDATIONS

Perfectionnement

Bien qu'un embryon d'encadrement supérieur soit en place en République populaire du Congo, il importe de développer les connaissances piscicoles des responsables, ingénieurs des travaux, par des stages de formation dans des pays adéquats. Une seconde unité de cadres supérieurs devrait être créée en vue d'assurer les travaux de recherches dans les stations.

Six cadres moyens supplémentaires seraient nécessaires. Ils doivent être soigneusement sélectionnés avant leur mise en stage pour éviter les échecs (± 50 pour cent) rencontrés au cours des stages antérieurs.

Vingt-quatre nouveaux moniteurs devraient être formés pour couvrir les besoins à court et moyen terme du développement piscicole des zones déterminées par l'étude développée à la section 4.3. Les nouveaux cours devront être scindés en deux phases: trois mois en station et deux mois sur le terrain pour mettre en pratique, avec l'aide de moniteurs expérimentés, les principes reçus.

Des bourses de subsistance sont indispensables pour assurer le fonctionnement de l'internat.

Le recrutement des moniteurs sur concours doit être poursuivi. Il a donné de meilleurs résultats que le recrutement sur titre.

La formation doit également toucher la masse rurale par l'animation et l'alphabétisation fonctionnelle.

Recherches

La mise au point des techniques d'élevage et de vulgarisation du Clarias lazera est un objectif prioritaire.

Il serait utile de regrouper renseignements et données sur les espèces non domestiques utilisées par certains pisciculteurs privés, en particulier: croissance, reproduction, régime alimentaire. Ceci pourrait être fait avec des moyens réduits.

Les études d'espèces piscicoles pouvant conduire à des applications pratiques devraient être entreprises au niveau régional car elles nécessitent des moyens importants en équipement et personnel pour les mener à leur terme.

Seule une très faible partie de la station de la Djoumouna peut servir à des travaux d'études et d'observations. Il conviendrait de prospecter un site favorable à l'installation de bassins expérimentaux, dans une zone pas trop éloignée de Brazzaville, qui pourraient être utilisés par des chercheurs de différents services OMS, Université, etc., pour y conduire des recherches.

Vulgarisation

L'installation d'un réseau de pisciculture artisanale à caractère autonome doit être envisagée en priorité dans les zones favorables à ce type d'exploitation.

La fabrication d'aliments granulés à un prix économiquement favorable doit être organisée pour résoudre un problème essentiel, celui de l'alimentation des poissons.

La création de centres piscicoles à caractère industriel doit assurer une base de démonstration économique des possibilitiés de ce type d'exploitation. La pisciculture familiale peut être développée et soutenue dans toutes les zones favorables.

Dans les zones d'action piscicole définies à la section 4.3, les stations d'alevinage doivent assurer, par leur fonctionnement régulier, une base d'appui suffisante pour le travail des moniteurs. Le personnel de vulgarisation doit être pourvu de moyen de locomotion adéquat (type vélomoteur).


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