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3. ACTIVITES DU PROJET EN REPUBLIQUE CENTRAFRICAINE

3.1 PERFECTIONNEMENT

Personnel et stagiaires

Trois stages pour moniteurs, d'une durée de trois mois, ont été organisés en 1969, 1970 et 1971. Ils ont été suivis respectivement par 8, 12 et 8 stagiaires (of. annexe 5, liste, résultats obtenus et affectations connues).

Dans l'ensemble, le niveau des stagiaires était bas et leur capacité à suivre les cours très variable, ce qui a posé quelques problèmes pour l'organisation des premiers stages prévus en principe pour diffuser un enseignement uniforme. Une amélioration fut apportée pour le troisième stage. Les faiblesses des élèves étaient notables dans le domaine de la topographie élémentaire, des calculs de surface, des notions de rentabilité, et a amené un pourcentage d'échecs assez important. Comme en République populaire du Congo, il est apparu utile de compléter la formation des stagiaires par une période de mise en activité pratique intégrée, limitée jusqu'à présent à deux éléments actifs qui sont détachés au centre piscicole pour une période de quelques mois.

Le personnel forestier envoyé au centre ayant généralement une activité polyvalente, les stages ont été restreints par les activités extrapiscicoles de ce personnel. Un certain nombre de stagiaires ayant été choisis parmi les gardes forestiers préposés à la chasse, ceux-ci ont conservé leur ancienne affectation aprés le stage, ce qui a limité sensiblement le nombre de moniteurs affectés à des zones piscicoles à un peu moins de 50 pour cent de ceux qui avaient été formés.

Initialement, le Gouvernement avait demandé la formation de 100 moniteurs, ce qui dépasse apparemment les possibilités actuelles d'utilisation de ce personnel.

Pour la mise au travail des stagiaires, la Direction des eaux, pêche et pisciculture n'a disposé que de crédits insuffisants qui n'ont pas permis d'assurer aux moniteurs des moyens de locomotion adéquats et ont limité le déplacement du personnel d'encadrement moyen ou supérieur chargé d'organiser et appuyer les actions de vulgarisation. D'autre part, la situation financière précaire des stations piscicoles à l'intérieur du pays ne permettait pas d'assurer à ces moniteurs une base d'appui suffisante.

Conclusions

L'objectif fixé par le projet pour la formation de moniteurs n'a été que partiellement atteint en nombre et en qualité.

En ce qui concerne le nombre, il eut été possible au projet d'organiser deux sessions de formation supplémentaires, mais l'insuffisance des structures d'accueil n'a par ailleurs pas poussé les responsables du projet à former un nombre élevé de moniteurs qui n'auraient pu être utilisés efficacement.

Au point de vue qualité, l'absence de sélection (concours préalable) a été un handicap et explique le pourcentage trop élevé d'échecs pour du personnel ayant en principe une formation de base suffisante.

Une période d'enseignement de trois mois permet tout au plus de donner des bases théoriques et pratiques de travail aux moniteurs. Une phase supplémentaire de moniteur stagiaire, de deux ou trois mois au minimum, devrait permettre au candidat de compléter sa formation par des activités de terrain en compagnie de moniteurs expérimentés ou d'experts.

3.2 ETUDES1

Possibilités de développement de la pisciculture

Deux types de pisciculture peuvent être envisagés: de type industriel, plus ou moins intensive, telle qu'elle est pratiquée à la station de la Landjia et de type familial, à pratiquer par la population éloignée des centres ou ne disposant que de faibles revenus.

Les centres de pisciculture intensive apparaissent seuls capables, grâce à leur personnel spécialisé, d'adapter les techniques locales et de les vulgariser auprès des futurs pisciculteurs familiaux, en accordant également un appui matériel sous forme de prêt d'outils et de vente d'alevins. Leur installation est donc prioritaire à toutes actions de vulgarisation familiale.

La pisciculture familiale donne généralement des rendements sensiblement inférieurs à la précédente et demande un large soutien de la part du personnel d'encadrement qui doit faire preuve d'énergie et de persuasion, sous peine de voir toute initiative rapidement réduite à néant.

Quatre secteurs ont été considérés comme présentant des avantages en vue de l'installation ou du développement d'une forme de pisciculture industrielle ou familiale. Ce sont par ordre de priorité: Bangui, Bambari, Mbaiki et Bouar.

1 Les travaux d'expérimentation ont été traités au chapitre précédent.

Région de Bangui

La ville même, avec plus de 180 000 habitants, représente un très grand marché potentiel. Elle possède déjà une infrastructure piscicole comprenant la station de la Landjia (5 ha) et deux petites stations annexes à Ndress (± 10 a). La zone de Ndress est favorable au point de vue hydrographie à l'édification de petits bassins en chapelets. Une pisciculture privée importante de 3 ha en zone suburbaine près de la route de Damara peut constituer une autre base de départ d'action piscicole bien que l'installation des bassins y est beaucoup plus difficile.

Une autre pisciculture privée composée de plusieurs étangs de quelques dizaines d'ares s'est également développée au sud-ouest de Bangui. Un soutien technique adéquat devrait pouvoir faciliter des implantations futures dans cette zone.

Région de Bambari

La région possède déjà, comme atout majeur, une station bien aménagée de 23 étangs d'une superficie totale de 2,9 ha. En outre, Bambari se trouve au centre d'une région cotonnière et les usines de décorticage peuvent fournir des tonnages très importants de graines non utilisées. La liaison avec Bangui est par ailleurs assez facile en toutes saisons. Bambari compte une trentaine de milliers d'habitants. L'approvisionnement actuel en poissons est très réduit, ce qui ne signifie pas, étant donné le pouvoir d'achat assez faible de la population, que de grandes quantités de poissons pourront être vendues en une ou deux opérations de vidange. Un étalement de la production en fin de mois sera sans doute nécessaire si l'on augmente les surfaces exploitables.

Alindao, à 120 km au sud de Bambari, possède également une station piscicole d'Etat, de surface suffisante pour appuyer une action de production et de vulgarisation immédiate. A Alindao une partie des graines de coton est traitée de façon intermittente pour l'extraction de l'huile, ce qui donne un approvisionnement possible mais irrégulier en tourteaux de coton à bas prix.

Les autres points d'appui intéressants dans le secteur de Bambari sont Ippy (110 km) qui possède six étangs piscicoles et Grimari (80 km) qui dispose de dix étangs.

Dans tout le secteur, les possibilités d'implantation d'une pisciculture à caractère familial semblent bonnes. Par contre, des piscicultures privées importantes pourraient rencontrer des problèmes de commercialisation.

Région de Mbaiki

Mbaiki compte une population urbaine de 10 000 habitants. Une station d'alevinage existe à proximité de la ville. Elle ne comporte malheureusement qu'un seul grand bassin de production, plus 11 bassins de production d'alevins. Des travaux de remise en état seront nécessaire, dont le plus important est la réparation du canal d'amenée d'eau, qui pourrait être faite assez rapidement par la pose de tuyaux en ciment.

Le secteur de Boukoko, à quelques kilomètres de Mbaiki, dispose d'un étang de plusieurs hectares, actuellement inexploité, qui pourrait servir de point de départ à une série d'étangs en chapelets ou en dérivation.

Le secteur de Boda (85 km de Mbaiki) est également à considérer par l'intérêt que les populations ont montré pour la pisciculture familiale. Une petite station d'alevinage existe encore dans cette ville et compte quatre bassins.

Le principal problème de la région est l'absence de source de sous-produits agricoles ou d'élevage, mis à part l'abattoir de Mbaiki. L'approvisionnement en granulés au départ de Bangui (100 km par une route goudronnée) apparaît essentiel pour la relance de la pisciculture dans cette région.

Région de Bouar

La ville de Bouar compte 20 000 habitants. Une station de pisciculture y avait été aménagée. Remise récemment en eau, elle peut servir de point de départ à une action de vulgarisation, mais la station est insuffisante pour assurer une production intensive et ne peut être étendue dans le site qu'elle occupe. Il est cependant possible de créer une station piscicole de production dans le secteur de la Bole à 15 km de Bouar où des travaux d'irrigation avec barrage ont été antérieurement réalisés. A Bouar se trouve une usine de décorticage de graines de coton dont les sous-produits pourraient être utilisés par la station. L'approvisionnement en granulés venant de Bangui peut être également envisagé mais la distance est assez grande (460 km) et la route parfois en mauvais état, ce qui rend cette solution moins favorable.

Aspects économiques

Les aspects économiques de l'exploitation des types de pisciculture envisagés ont été traités à la section 2.4. La commercialisation des produits, fondée sur la seule expérience du projet, résulte des ventes de poissons réalisées à la station de la Landjia. Celles-ci ont été en progression constante au cours des trois dèrnières années: 1970: 7 t; 1971: 9,5 t; 1972: 12 t, ceci uniquement par intensification des méthodes d'exploitation.

Cette production s'écoule facilement en période de paye qui s'étale sur une dizaine de jours en fin et début de chaque mois, moins le reste du temps, les possibilités d'achat étant très réduites.

Le prix de vente du poisson est actuellement assez variable, d'autant plus que la commercialisation sur le marché se fait à la pièce ou par tas. Le prix pratiqué pour la vente directe à la station, 150 FCFA/kg en 1972 sera augmenté de 20 pour cent en 1973 et passera à 180 FCFA/kg afin de serrer de plus près la réalité des cours du marché local.

Les recettes enregistrées durant les trois dernières années sont en nette progression: 1970: 1 050 000 FCFA, 1971: 1 425 000 FCFA, 1972: 1 800 000 FCFA. Pour cette dernière période, il faut ajouter les produits des petits élevages associés, porcs, canards, ce qui donne un total de 2 000 000 FCFA environ.

Compte tenu de l'augmentation du prix de vente des poissons, de l'extension des surfaces des bassins et d'une possible intensification de la pisciculture des Clarias, la station pourrait atteindre un point d'équilibre en recettes et dépenses en 1973. L'objectif est évidemment de dépasser ce seuil et d'avoir un bilan d'exploitation bénéficiaire. Ce but pourrait aisément être réalisé dès l'année suivante.

Conclusions

L'expérience montre que dans la région de Bangui une augmentation sensible de la production peut être absorbée par le marché local en poisson frais, à condition de choisir la période de commercialisation. Une forme de pisciculture artisanale trouvera également dans cette région des possibilités favorables d'installation; la pisciculture familiale ne doit pas y prendre une place prioritaire.

La région de Bambari constitue également une base d'expansion piscicole favorable, mais la commercialisation des produits y sera plus difficile. Les revenus modestes des habitants permettent de penser qu'une pisciculture familiale sera mieux adaptée aux besoins locaux que des piscicultures semi-industrielles privées.

Les régions de Mbaiki et Bouar comportent toutes les deux des avantages et des inconvénients mais représentent néanmoins des zones possibles de développement de la pisciculture après une adaptation des techniques et un aménagement des installations de base.

3.3 RECOMMANDATIONS

Perfectionnement

La formation de 36 nouveaux moniteurs et le recyclage de 24 anciens stagiaires seraient nécessaires pour que la Direction des eaux, pêches et pisciculture puisse disposer d'un personnel d'encadrement suffisant.

Les candidats moniteurs seront sélectionnés après un concours qui devrait permettre d'éliminer les éléments inaptes à suivre efficacement les cours.

Il est souhaitable que le stage soit complété par une période de mise en activité sur le terrain. Ceci pourrait se concrétiser dans le cadre du projet RCA/72/002 relatif à la vulgarisation de la pisciculture.

Le choix des périodes de recyclage ne doit pas souffrir de l'activité polyvalente des gardes ou préposés forestiers, étant entendu que ceux qui seront admis au stage auront une activité future exclusive ou à large prédominance piscicole.

Des cours élémentaires, essentiellement pratiques, seront également diffusés auprès des pisciculteurs privés, dans les secteurs d'activité du projet complémentaire.

Recherches

Sur la base des résultats et conclusions de l'expérience régionale (of. section 2.3) effectuée principalement à Bangui, il serait souhaitable:

Dans les conditions actuelles, ces travaux de recherches ne peuvent être réalisés qu'avec une assistance en experts et équipement. Il est souhaitable qu'un ou deux chercheurs centrafricains puissent, grâce à des bourses de recherches, se spécialiser en biologie aquatique afin qu'une certaine continuité dans les travaux entrepris puisse être assurée.

Vulgarisation

Il est recommandé d'établir une infrastructure piscicole efficace avant de développer des actions de vulgarisation à l'intérieur du pays.

La Direction des eaux, pêches et pisciculture doit pouvoir disposer de moyens suffisants en équipement et personnel pour pouvoir appuyer, assister et contrôler le personnel local en activité. Des centres piscicoles recevant l'assistance d'aides extérieures devraient être développés dans des lieux sélectionnés tels que Bangui, Bambari, Bouar, Mbaiki, qui peuvent acquérir rapidement une infrastructure suffisante.

Le succès d'une production intéressante des bassins dépendant étroitement des possibilités d'alimentation de ceux-ci, la fabrication d'aliments granulés et l'organisation de leur distribution apparaissent comme essentiels pour le démarrage de la pisciculture rurale dans les zones oû d'autres formules d'alimentation sont inexistantes ou insuffisantes.

Les méthodes d'élevages associés représentent l'une des meilleures formules de production et leur diffusion est très recommandable en milieu rural.

Le rouissage du manioc assure également une très bonne production des bassins et cette pratique constitue une formule très économique à recommander pour l'exploitation familiale ou artisanale.

Des formes de pisciculture à caractère industriel et commercial doivent être installées dans les zones de Bangui et Bambari en priorité. La pisciculture artisanale à caractère professionnel est à encourager et diffuser partout où elle apparaît possible. La pisciculture familiale qui répond à un besoin différent et nécessite un support plus actif est à développer dans toutes les zones favorables et partout où elle est assurée d'un soutien adéquat.


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