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4. ÉTUDES DE CAS

4.1 Mantella aurantiaca

La méthodologie n'a été appliqué que partiellement. Les différentes données existantes ont été relevées mais elles sont encore insuffisantes ; surtout dans le cadre des aspects bio-écologiques pour conclure sur les dynamiques de la population de Mantella aurantiaca, sur la production maximale par km2 pour les animaux, sur l'estimation du potentiel de menaces, etc..

4.1.1 Données quantitatives

Pour les espèces animales, les méthodes de collecte de données ne sont pas les mêmes au niveau scientifique. Chaque classe d'animal a sa méthode d'étude propre. Actuellement, peu d'informations scientifiques sont disponibles pour les PFNL animaux : les études fondamentales se limitent sur celles entrant dans le cadre de préparation de mémoire ou de thèse. La plupart des données sont constituées par les résultats d'inventaire qui ne donnent que des aspects généraux de chaque espèce.

Pour le cas de Mantella aurantiaca qui est une espèce d'amphibiens, les données disponibles au niveau biologique ne sont constituées que de celles de mémoire (Ramilison, 1997) et de quelques études de filière (BIODEV, 1995 ; Rakotomavo, 2000). Par contre, les données socio-économiques sont déjà affectées par des méthodes bien établies.

Les éléments sur lesquels on a déjà attribué des méthodologies de collecte de données auparavant, sont la production, l'habitat, la consommation et la commercialisation.

Production

Les données sur la production sont obtenues par la méthode de relevé des états biologiques de la population (comptage des _ufs par femelle, sexe ratio, fréquence de reproduction, taux de réussite de l'éclosion, durée et taux de réussite des développements des formes larvaires, âge de reproduction) reliées à l'étude de la densité.

Au niveau de la densité, la méthode adéquate est la méthode de capture sans relâche sur transects à placettes contiguës pendant quelques jours. Les résultats obtenus sont traités par la méthode de calcul de régression linéaire de Hayne.

Pour la production, la méthode appliquée jusqu'à maintenant se limite au niveau des collectes de données biologiques sans aller plus loin dans le calcul du potentiel démographique.

Les données chiffrées sur la production annuelle ne sont pas encore obtenues jusqu'à maintenant du fait de l'inexistence d'évaluation du potentiel de l'offre bien établi.

Habitat et origine de la ressource

Les études d'habitat et de distribution de l'espèce sont effectuées par la méthode d'enquête auprès des chercheurs et des acteurs de la filière.

Consommation et méthode de récolte

La méthode appliquée jusqu'à maintenant est la méthode d'enquêtes au niveau des acteurs touchés par la filière : ils s'agit des ramasseurs, des collecteurs et des exportateurs. Les enquêtes plus poussées touchant tous ces acteurs ne sont menées qu'au sein de projets d'étude financés par les Bailleurs de fonds (USAID, IUCN ou CITES).

Par contre, il y a la régularité d'arrivée de données au niveau des exportateurs traduites par les déclarations des volumes exportées.

D'après les enquêtes effectuées, la consommation au niveau familial donc locale est inexistante. En effet, Mantella aurantiaca n'est pas considéré comme ayant une vertu thérapeutique par la population locale.

Par contre, au niveau international, d'après les études biologiques effectuées, le genre Mantella du fait de sa forte coloration, renferme des alcaloïdes biologiquement actifs (cf. description biologique). Les chiffres d'exportation des individus exploités pour ces alcaloïdes ne sont pas disponibles du fait de la confusion des utilisations au niveau des services qui enregistrent les données.

Commercialisation

C'est la partie la plus fournie en matière de méthode de collecte de données. Ici, deux niveaux ont été déjà explorés : le circuit national et le circuit international de la filière.

Pour le circuit national, il s'agit de cibler les acteurs et effectuer des enquêtes par niveau : ramasseurs, collecteurs intermédiaires et exportateurs.

Les données sur l'exportation sont obtenues par l'enregistrement des déclarations effectuées par les exportateurs et vérifiées par le service des Eaux et Forêts avant d'être enregistrées au niveau de ce même service (du service des douanes et de l'INSTAT). Ces données sont également envoyées annuellement à la CITES.

Pour les autres éléments clés comme la durabilité du potentiel et de l'offre, la tendance récente de l'utilisation et l'accès aux ressources et droits de propriété, la méthodologie d'enquête mentionnée dans la partie aspect socio-économique est utilisée.

La méthodologie proposée dans ce travail a été appliquée en établissant une fiche d'enquête dont le canevas est (en annexe 8.4) avant toute descente au niveau de toutes les institutions concernées.

Les données quantitatives disponibles sont celles enregistrées par le service statistique de la MEF. Celles-ci démontrent que le commerce international de Mantella aurantiaca a commencé à augmenter de façon considérable à la fin des années 80.

Les statistiques d'exportation de Mantella auriantiaca sont figurées dans le tableau 4 et le la figure 2 suivants :

Tableau 4. Exportation de Mantella auriantiaca

Année

1988

1990

1992

1995

1997

1998

1999

2000

Nombre exporté

280

3 237

12 000

9 793

6 700

26 598

8 599

3 557

Sources : Statistiques MEF (2000)


Figure 2. Exportation de Mantella auriantiaca

D'après figure 2, 280 spécimens ont été exportés de Madagascar en 1988 (Behra, 1991). Ce chiffre avait augmenté de 3 237 en 1990 et de 12 000 en 1992. Il a peu diminué de 9 793 en 1995 et arrive même à 6 700 en 1997. En contre partie, ce chiffre a fortement augmenté en 1998 car 26 598 individus de Mantella aurantiaca étaient exportés de Madagascar (MEF, 1998).4

Les milieux ainsi que la période de collecte de ces spécimens figurés ne sont pas mentionnés dans la base de données de la MEF.

Les Etats-Unis détiennent toujours la grande partie du marché avec un taux de 34 pourcent pour Mantella aurantiaca (Rakotomavo, 1999).

4.1.2 Données qualitatives

Aspects éco-biologiques

Les informations issues des différentes enquêtes sur Mantella aurantiaca nous permettent d'établir les tableaux suivants :

Tableau 5. Informations bio-écologiques sur Mantella aurantiaca

Systématique

Règne : ANIMAL
Embranchement : VERTEBRES
Sous-embranchement : GNATHOSTOMES
Super-classe : TETRAPODE
Classe : AMPHIBIENS
Ordre : ANOURES
Famille : MANTELLIDAE
Genre : Mantella
Espèce : aurantiaca

Nom vernaculaire

· Sahomena (Malgache) ;
· Grenouille dorée (Français) ;
·Golden frog (Anglais).

Synonyme

-

Statut actuel

· En annexe II de la CITES depuis Novembre 1994 ;
· Endémique

Morphologie

· Caractères généraux

    • Couleur

    • Taille (tête + tronc)
    • Longueur de la queue

· Tête

    • Yeux
    • Dentition

· Membres

    • Nombre de doigts
    • Nombre d'orteils
    • Palmure

 

 

Trois types : Entièrement rouge orangé, rouge intense ou jaune orange
20 à 26 mm
sans queue

 

noir
aucune

 

5
5
aucune

Formes biologiques (œufs, larves, nymphes)

œufs larves adultes

Distribution géographique

· Dans le monde

· À Madagascar

 

Madagascar

Région de Moramanga, Anosibe An'ala (au nord), région d'Ambatolampy (au centre) et région d'Ambositra (au sud)

Habitat

· Dans le monde

· À Madagascar

 

 

Forêt dense humide de moyenne altitude de l'Est

Régime alimentaire

Insectes

Caractéristiques sexuelles

Dimorphisme sexuel au niveau de la taille (femelle plus grande que le mâle) et de la couleur (mâle très coloré par rapport à la femelle)

Mode de reproduction

Reproduction sexuée

Période de reproduction

Limitée seulement aux premiers mois de la saison de pluie

Fréquence de production

Une seule fois dans l'année

Caractéristique particulière

Présence d'alcaloïdes biologiquement actifs

Population en milieu naturel

Période

Mars 1994
Mai 1994

 

 

Avril 1995

Zone

Fiherenana
Fiherenana

Fiherenana
Andasimanavia

Beanana
Andranonakoho
Andavamamba
Ambodirina
Amparihilava
Torotorofotsy
Sahorana
Antsahamenarano
Antsampandranobe
Andasilava
Anjaranombimainty (Ambatolampy)
Antoetra (Ambositra)
Ambohimitombo (Ambositra)

Densité (ind/ha)

1 614 à 3 000
500 à 1 652

968 à 1 052
1 900

3 234
2 233
5
1 614
3 000
14 à 230
18
20
14
14
3 à 4
_
_

Population en élevage en captivité

Sans recensement

Mode d'exploitation

· En milieu naturel

· Élevage en captivité

 

Collecte dans la nature
Existence d'essai d'élevage en captivité chez quelques opérateurs

Niveau d'exploitation

Zone la plus exploitée : région de Moramanga

Pas de données sur la superficie exacte des zones d'exploitation

Impacts écologiques

· Déséquilibre au niveau de la chaîne trophique suite à des prélèvements non contrôlés ;

· Diminution de la population suite à la surexploitation pouvant conduire à l'épuisement voire disparition de l'espèce.

Recommandations

· Période de collecte : saison de pluie ;

· Non collecte des jeunes individus.

Généralités sur la biologie et l'écologie

· Description : Mantella aurantiaca se caractérise par sa couleur lumineuse rouge dorée d'où son appellation de « grenouille dorée malgache ». Cette espèce endémique a un habitat local endémique où elle s'entasse et ne peut être localisée que par ces cris (Zimmermann. E & Zimmermann H., 1994).

· Systématique : Mantella (Boulenger 1882) aurantiaca (Mocquard, 1900) est dans la classe des Amphibiens, l'ordre des Anoures et la famille des Mantellidae. Les noms vernaculaires sont : Sahomena en malgache, grenouilles pygmées dorées en français et golden frog en anglais.

· Statut écologique : Grâce aux travaux de Zimmermann E. & Zimmermann H. (1992) et de BIODEV (1992) sur la dégradation de son habitat due aux cataclysmes naturels, différentes actions anthropiques, etc ..., la protection d'espèce de grenouilles dorées appelé M. aurantiaca a vu le jour (IUCN/SSC, 1993). La conférence sur la protection des espèces en novembre 1994 au Fort Lauderdale Floride l'a rangé en annexe II de la CITES.

· Morphologie : Si une seule espèce de Mantella aurantiaca est reconnue actuellement, des variations notoires de coloration et de taille ont pu être observées dans la nature. On distingue trois types dans la nature :

· Aire de répartition : Avant 1991, Mantella aurantiaca n'a été observé que dans les formations forestières entre Beforona et Moramanga et la rive Nord-Est de Torotorofotsy (Zimmermann, 1994). D'autres localités ont été aussi signalées dans la région de Moramanga : Fierenana plus au Nord et Nosy Be An'Ala, Alakambato et Beparasy plus au Sud ; à Maromiza, à Antsampandranobe qui est la limite Nord de sa distribution ; à Anjaranombimainty dans l'Ankaratra et Ambohimitombo et Antoetra dans la région d'Ambositra comme limite Sud (Ramanamanjato & al, 1994). (cf : cartes de distribution géographique de Mantella aurantiaca)

· Habitats : L'habitat préférentiel est constitué de litière dans les forêts humides à Pandanus pulcher (Glaw & Vences, 1994, Zimmermann E. & Zimmermann H., 1994). M. aurantiaca s'abrite sous les feuilles mortes durant la saison sèche. Au début de l'hiver, M. aurantiaca fréquente les milieux ouverts, les tavy et les lisières de la forêt. Pendant la période de reproduction, elle se déplace sous les plantes vertes se trouvant en bordure des eaux courantes et des fleuves (Rakotomavo, 2000). On la trouve dans les talwegs au-dessus de 900m d'altitude et se raréfie à 1 000 m. Elle est abondante dans les talwegs mais rare dans les interfleuves sèches (Blommers-Schlösser & Blanc, 1991 ; Glaw & Vences, 1994).

· Régime alimentaire : L'analyse quantitative du contenu stomacal montre que le régime alimentaire est constitué de petits insectes tels que des fourmis, des coléoptères, des diptères et divers larves (Blommers-Schlösser & Blanc, 1991 ; Glaw & Vences, 1994).

· Reproduction :

· Densité de la population : Plusieurs facteurs influent sur la densité de la population de M. aurantiaca. Le climat est considéré comme le facteur le plus important. En effet, cette densité est particulièrement élevée durant la période chaude qui s'étend du mois de novembre au mois d'avril. En plus, cette période coïncide avec la période de reproduction de Mantella.

Production

L'étude de la biologie de la reproduction associée aux études de densité reflétant la dynamique de la population peut permettre l'estimation de la production en milieu naturel.

Les données sur la reproduction sont plus ou moins complètes mais n'ont jamais été utilisées dans le calcul de la production.

Quant aux données sur la densité, les périodes de collectes ainsi que les sites étudiés ne reflètent pas de complémentarité d'études : les milieux d'étude sont différents et les périodes ne sont pas cycliques. Seules les données observées dans le site de Fiherenana présentent deux descentes en phase de reproduction et en phase de post-reproduction de la même année (mars et mai 1994).

Origine de la ressource

Les principales zones de collecte se trouvent aux alentours de Moramanga : dans le marais de Torotorofotsy, à Beparasy et à Nosy Be An'Ala.

Ces zones font partie de la forêt tropicale humide du Centre-Est avec un climat de type tropical humide, et une courte période sèche durant les mois de septembre et octobre.

Le marais de Torotorofotsy se trouve entre 10 à 20 km au Nord-Est d'Andasibe dans une forêt humide et marécageuse. Au Nord, dans les zones exposées au soleil existent des formations primaires à Pandanus pulcher qui est une plante endémique. Le Sud-Est est une zone déboisée où on a planté des Eucalyptus. Quelques tavy entourent ces quelques habitats. Une voie ferrée relie cette zone à celle d'Andasibe (Zimmermann E. & Zimmermann H., 1994, Rakotomavo, 2000).

Durabilité du potentiel et de l'offre

Les deux parties concernées par ce sujet sont principalement le service forestier, gestionnaire des produits de faune et les opérateurs ou plutôt les intermédiaires c'est-à-dire les collecteurs.

En effet, les études biologiques ont montré que la principale zone de collecte qui est le marais de Torotorofotsy n'a plus qu'une faible densité de l'ordre de 14 à 270 individus / ha.

Il est évident que pour une durabilité du potentiel, le service forestier décentralisé doit impérativement orienter les collecteurs à trouver d'autres zones plus riches pour permettre à la zone citée plus haut de reconstituer son stock initial.

Ainsi, l'élevage en captivité hors de la saison des pluies est fortement indiqué pour ne pas entraver la production en milieu naturel. Ce qui assurera l'offre pendant la saison sèche.

Aspects socio- économiques

Tableau 6. Informations socio-économiques sur Mantella aurantiaca

Importance économique

· Locale

· Nationale

· Internationale

· Source de revenu d'appoint pour les paysans

· La plus forte valeur des grenouilles exportées

· Utilisation d'alcaloïdes dans un but pharmaceutique

· Animaux exotiques de décoration

Acteurs dans la filière

Paysans ramasseurs, collecteurs, exportateurs et opérateurs économiques

Circuit de la commercialisation

Ramasseurs · Collecteurs·Opérateurs·Exportateurs

Structure de prix (par unité)

Niveaux/Années

Ramasseurs

Collecteurs

Exportateurs

1995

FMG25 à 100

FMG300 à 400

US$15 à 20

1999

FMG200 à 400

FMG750 à 1 250

US$6 à 8

Valeur économique

Madagascar est renommé par sa richesse en biodiversité faunistique. Ne serait-ce que pour les amphibiens, le taux d'endémisme est exceptionnel, de l'ordre de 99 pourcent selon l'Académie Nationale Malgache en 1995.

Les statistiques au niveau du Service de la Conservation de la Biodiversité du Ministère des Eaux et Forêts ont montré que le genre Mantella et surtout l'espèce Mantella aurantiaca est la plus prisée dans le commerce international.

Ce qui constitue une source de revenus non négligeable au niveau de la population locale riveraine des zones de collecte de l'espèce.

Commercialisation

A Madagascar, le commerce international du genre Mantella a créé tout un réseau de collecte de l'amont à l'aval de la filière.

En effet, les jeunes gens locaux qui sont classés ramasseurs arrivent à collecter une centaine et plus d'individus dans une zone donnée. Ensuite, les collecteurs qui jouent l'intermédiaire entre les paysans locaux et les exportateurs reçoivent des bénéfices énormes. Ce que montre le circuit de commercialisation ci-après au niveau local (cf. structure de filière) (Rakotomavo, 2000).

Figure 3. Circuit de la commercialisation de Mantella aurantiaca

Accès aux ressources et droits de propriété

L'insuffisance de contrôle sur terrain a amené les acteurs concernés par la filière à profiter de l'accès libre aux ressources.

En effet, malgré l'existence de la réglementation en vigueur, (cf annexe 8.2, texte réglementant les produits de chasse), la collecte est libre sans respect des limites du territoire demandé dans l'autorisation délivrée par le service compétent.

39 opérateurs travaillent actuellement sur l'exportation de l'espèce mais une minorité possède des installations adéquates pour l'élevage en captivité.

D'ailleurs, l'élevage n'est qu'une forme de transit pour les individus destinés à être exportés. Les spécimens sont plus vigoureux après quelques semaines dans le vivarium accueillant les individus provenant du milieu naturel

En fait, le régime de propriété joue surtout quand la zone de collecte demandée appartient à l'opérateur, ce qui n'est pas souvent le cas.

Contribution au revenu et à l'emploi

Le réseau de collecte proposé plus haut démontre la répartition non équilibrée des bénéfices à chaque niveau de la filière. Le service forestier et la population locale doit, chacun en ce qui lui concerne, tirer bénéfice de ce circuit de commercialisation. Normalement, le Service de la Conservation de la Biodiversité prélève quatre pourcent du montant FOB comme redevances forestières approvisionnant le Fonds Forestier National.

L'emploi existe au niveau local et national, mais il n'est pas encore rémunérant jusqu'à présent il existe encore une diffénce de prix entre ramasseurs-collecteurs et exportateurs et la ressource n'est pas disponible d'une façon durable.

En effet, les dernières enquêtes qui ont été menées nous ont appris que les ramasseurs ne peuvent collecter qu'une centaine d'individus par zone et par saison de collecte surtout si celle-ci a fait l'objet de plusieurs prélèvements ultérieurement.

Il est à remarquer que lors de la collecte, les ramasseurs ne distinguent ni le sexe ni la taille.

Le tableau suivant montre la structure de prix à chaque niveau de la filière :

Tableau 7. Structure des prix aux différents niveaux

ANNEES

1995

1999

Ramasseurs (FMG)

25 à 100

200 à 400

Collecteurs (FMG)

300 à 400

750 à 1 250

Exportateurs (US$)

15 à 20

6 à 8

Source : BIODEV (1995), Rakotomavo (2000)

Au niveau du circuit interne (national), les prix aux ramasseurs et aux collecteurs ont connu une augmentation. Par contre, le prix à l'exportation a diminué du fait que l'offre est beaucoup plus importante que la demande. Ce qui exige une meilleure organisation au niveau de l'exportation. D'autant plus que l'espèce est inscrite dans l'annexe II de la CITES, l'Organe de Gestion CITES Madagascar doit fixer le quota annuel de chaque exportation.

Le fait d'augmenter les prix aux ramasseurs valorise cette ressource et pourrait, de ce fait, participer à la diminution du volume de collecte suivant un quota raisonnable avec système de prélèvement contrôlé qui n'auront pas d'impacts sur l'abondance du stock naturel.

Ceci montre une fois de plus la nécessité d'élaborer un plan de valorisation de cette espèce dans lequel le Service forestier sur place contrôlera aussi bien la production que la sortie des animaux dans sa localité aux fins de gestion rationnelle de cette ressource.

Tendance récente de l'utilisation

L'espèce Mantella aurantiaca est toujours prisée dans le commerce international d'animaux exotiques de décoration et son utilisation en tant que tels constitue une part importante jusqu'à maintenant.

La découverte de sa vertu thérapeutique est encore très récente et encore en cours d'étude jusqu'à maintenant. De ce fait, l'utilisation en tant que médicament n'entraîne pas de collecte massive de cette espèce.

4.1.3 Recommandations

· Le prix au niveau des ramasseurs et collecteurs devrait être augmenté et proportionnel au prix à l'exportation ;

· Les jeunes individus ne devraient pas être ramassés afin d'éviter la disparition de l'espèce ;

· La collecte pendant la saison sèche et la collecte dans les Aires Protégées (Parcs, Réserves) devraient être annulées ;

· La maîtrise du savoir-faire est de recours lors du transport de ces ressources : du milieu naturel vers le collecteur et du collecteur vers l'opérateur ;

· La proposition de l'évaluation du stock doit se faire à partir de l'étude de différents paramètres tels que les densités, sur des logiciels appropriés pour ce genre d'étude ;

· La sensibilisation des villageois sur la collecte seulement des adultes et sur la protection de l'habitat de l'espèce est primordiale ;

· L'amélioration du système de constitution de base de données devrait être considérée ;

· Un système de régulation de l'exploitation devrait être mis en place

· Le suivi de la mise en place effective des sites d'élevage des opérateurs, compte tenu de leur collecte dans la forêt et de l'impact de ce prélèvement dans ce milieu naturel doit être mené par le Service forestier

Proposition d'études complémentaires sur Mantella aurantiaca

Des études complémentaires sont à mener pour compléter les données afin de pouvoir entrer dans les phases d'exploitation et d'analyse des données et dans les phases de stockage et de diffusion des données mentionnées dans la démarche méthodologique de cette présente étude. Elles touchent les rubriques suivantes :

Aspects bio-écologiques

Dans cette partie, des études de densité de quelques populations dans au moins deux sites (site de collecte et de site sans collecte) sont nécessaires dans la complémentarité des données. En effet, les données préexistantes seront considérées comme état t0 et les études à mener cibleront deux des sites déjà étudiés pendant au moins trois périodes : pré-reproduction, reproduction et post-reproduction.

La méthodologie appliquée sera la même que celle mentionnée dans les études initiales et nécessite la participation d'un biologiste expert et d'un assistant herpétologiste.

Les éléments de base utiles et à ressortir de ces études sont :

· la structure des populations ;

· la densité par période ;

· l'appréciation de l'évolution de chaque population par rapport à l'état t0 mentionné ci-dessus ;

· le calcul du potentiel d'évolution de la population à partir de l'utilisation des éléments sur la reproduction avant et pendant les études menées dans le cadre de cette descente de terrain ;

· la mise au point d'une méthode de suivi adéquate pendant l'exploitation éventuelle de l'espèce.

Aspects socio-économiques

Les lacunes au niveau de cet aspect sont la méconnaissance du stock potentiel et de la partie exploitable. En complément avec les études de densité, il faut effectuer des identifications de méthodologie de calcul du volume exploitable chaque année afin de pouvoir estimer les quotas à mentionner dans les permis de collecte pour la durabilité de l'exploitation de l'espèce. Ici, la méthode de Robinson & Redford (1991) (cf. annexe 8.6) est applicable mais nécessite au préalable les différentes études bio-écologiques précédentes.

La définition d'un système d'exploitation et de suivi de celui-ci s'avère nécessaire pendant deux années au moins, cette phase étant considérée comme phase expérimentale avant d'adopter un système définitif qui est conditionné par les réussites et amélioration de cette phase.

La participation d'un socio-économiste et des agents des Eaux et Forêts est nécessaire pour la détermination d'une structure de prix soutenable, pour la méthode de collecte, pour le système de suivi de collecte et leurs enregistrements, et pour les formations au niveau des services déconcentrés et décentralisés.

Stockage des données

Dans cette rubrique, il est nécessaire d'équiper les différents services de contrôle et d'enregistrement de matériels informatiques performants et mis en réseau.

Il est nécessaire de recruter un statisticien et un informaticien pour la détermination de la méthode de stockage et d'analyse des données quantitatives et qualitatives.

Tableau 8. Chronogramme des activitées proposées

Désignations

Responsables

Année 2001-2002

D

J

F

M

A

M

J

J

A

S

O

N

Etudes des aspects bio-écologiques

Un Expert biologiste herpétologue

Un expert forestier

+

   

+

   

+

+

       

Etudes des aspects socio-économiques

Agents des Eaux et Forêts

Socio-économiste

       

+

+

+

         

Stockage des données

                 

+

     

Mise en place du système expérimental

Service des Eaux et Forêts central

                 

+

+

 
   

Année 2002-2003

Suivis des collectes

Services décentralisés des Eaux et Forêts

+

+

+

+

+

+

+

+

+

+

+

+

Suivis bio-écologiques

Expert biologiste herpétologue

Un expert forestier

+

   

+

   

+

+

       

Stockage des données

Informaticien

Statisticien

               

+

     

4.1.4 Conclusions

· Au niveau de la biologie de l'espèce, les données collectées par la méthode appliquée sont plus ou moins complètes pour Mantella aurantiaca. Néanmoins, il n'existe pas encore de méthode de suivi écologique mené jusqu'à maintenant. La plupart des résultats sont constitués par des études sporadiques. Les points suivants sont à relever :

· Au niveau des aspects socio-économiques, les données sont un peu plus fournies et permettent de tirer les constatations suivantes :

4.1.5 Proposition de fiche de collecte de données pour la faune dans le cadre de l'exploitation des PFNL

Suite à l'existence de plusieurs classes d'animaux dont les caractéristiques sont disparates, la fiche de collecte de données finale contient les différents types au niveau de la morphologie. Ce qui donne la fiche de synthèse suivante :

Tableau 9. Proposition de fiche de collecte de données


4.1.6 Références

Andriatsiferana et al. 1999. Les grenouilles du genre Mantella, Poster, Journée de l'Enseignement Supérieur. Faculté des Sciences, Université d'Antananarivo, MINESUP, Antananarivo

Behra, Rabemananjara, Rabibisoa, Ramilison et Ravoninjatovo. 1995. Etude de la répartition et du niveau de population de deux espèces d'Amphibiens de Madagascar (Mantella aurantiaca et Mantella crocea, sous famille des Mantellinae), rapport BIODEV, Juin 1995.

BIODEV. 1992. Statuts and distribution of reptile and amphibian exported from Madagascar

BIODEV. 1993. Distribution maps of reptiles and amphibians exported from Madagascar, décembre 1993.

Blommers-Schlossers et Blanc. 1991. Amphibiens, Faune de Madagascar 75 (1), Muséum National d'Histoire Naturelle de Paris, pp 263-274

Blommers-Schlossers et Blanc. 1993. Amphibiens, Faune de Madagascar 75 (2), Muséum National d'Histoire Naturelle de Paris, pp 385-397

Curtis, H. 1979. Biology, Third edition, Worth Publisher, inc ; 444 Park Avenue South New York 10016

Glaw & Vences. 1994. A fieldguide to the amphibians and reptiles of Madagascar, Second edition, Zoologishes Forchungsinstitut und Museum Alexander Koenig, Bonn

Houndry, J. & Beaumont, A. 1985. Les métamorphoses des amphibiens, Fondation Singer-Polignac, Edition Masson.

Mattison, C., 1987 : Frogs and toads of the world. Edition Blandford, 191p.

Rakotomavo, E. 2000. Etude de la filière : Mantella de Madagascar, rapport de consultation, O.N.E

Ramanamanjato, J.B. 1993. Contribution à l'étude des reptiles et amphibiens de la forêt ombrophile du Sud-Est de Madagascar, Mémoire de D.E.A, Faculté des Sciences, Université d'Antananarivo

Ramanamanjato, J.B.; Raselimanana, A. et Behra, O. 1994. Etude de la répartition et des niveaux de population de certaines espèces animales malagasy couramment collectés pour l'exportation, Rapport final, TRADEM IIa : USAID/BIODEV. 57p

Ramilison, O.S., 1997. Contribution à l'étude d'une espèce amphibienne malgache Mantella aurantiaca, 199 (ANOURES, MANTELLIDAE) : Etude taxonomique, biologique et écologique dans la région de Moramanga.

Vences M., Glaw, F. et Böhme, W. 1999. A review of the genus of Mantella (Anura, Ranidae, Mantellidae) : Taxonomy, distribution and conservation of Malagasy poison frogs, Zoologishes Forchungsinstitut und Museum Alexander Koenig, Bonn, Hermany, Zoologishes Staatssammlung Münchhausener, München, Germany

Zimmermann, H. 1996. Der schutz des tropishen regenwaldes und ein kleines fröschchen in Ost-Madagascar

Zimmermann, E. et Zimmermann, H. 1994. Reproductive strategies, breeding and conservation of tropical frogs and malagasy poison frogs. Faculty of Biology, University of Konstanz, Germany.

4.2 Catharanthus roseus

La méthodologie a pu être appliquée seulement de manière partielle. Les informations obtenues proviennent des études bibliographiques et d'une descente de terrain. Les informations sur la production sont obtenues à partir des opérateurs/exploitants par conséquents de source unique et biaisée.

La mise en œuvre des études avec des méthodologies spécifiques comme l'ethnobiologie, nécessite du temps, des ressources humaines et du matériel.

4.2.1 Informations quantitatives

Production

Tableau 10. Production de Catharanthus dans les aires de collecte

Site

Potentialité/mois
(t)

Productions réelles/mois
(t)

Méthodes de collectes

Moyens utilisés

Cadence de production

Ambovombe III

15 - 20

7 - 15

Collecteurs libres et animateurs d'achat

Charrette / Camionnettes

1 fois / semaine

Tsihombe

25 - 30

9 - 25

Collecteurs libres

Camionnettes / Camion

1 - 2 fois / semaine

Beloha

15 - 18

= 14

Collecteurs libres + ramasseurs salariés

Camionnettes / Camion

1 - 2 fois / semaine

Ambovombe I

10 - 15

1 - 7

Collecteurs libres et achats directs aux paysans

Camionnettes

3 fois / semaine

Ambovombe II

15 - 20

05 - 13

Collecteurs libres

Camionnettes

1 fois / semaine

Source : PRONATEX (non-daté)

Consommation

Quant aux propriétés empiriques, les malgaches utilisent les Catharanthus en décoction, macération, pâte et mastication.

En décoction, les Catharanthus servent à traiter la gale, les maux de dent, l'amygdalite, les blessures et les plaies externes. L'infusion moins forte que la décoction aide à soulager la coqueluche, la fatigue musculaire et l'étouffement. Des précautions particulières sont à prendre envers les enfants, les femmes enceintes et les individus à faible tension artérielle.

La pâte est obtenue en broyant finement les racines contre la pierre et en ajoutant un peu d'eau. Enduite sur le front, elle soulage les maux de tête, calme la douleur névralgique et cérébrale. Utilisée en usage externe, elle favorise et active la crevaison des abcès.

La mastication des feuilles possède un effet amnésiant c'est-à-dire faisant oublier la faim et la soif.

Commercialisation

La commercialisation du Catharanthus a débuté à la fin de l'année 1967, le volume de transaction se tournait autour de 30 à 50 tonnes. Elle a ensuite pris un grand essor, car en 1972, l'établissement Emile STHELE-Cie et TROPIC-IMPORT s'occupait déjà de la plantation, de la collecte, et de l'exportation de pervenche.

En 1973, la société PRONATEX a été créée après les événements nationaux de 1972 et 1973, Emile STHELE a dû céder son exploitation à SEAR.

En 1975-1976, il y avait sept sociétés exportatrices de plantes médicinales à Madagascar : PRONATEX, SEVPROMA, SOPRAEX, SOAMADINA, Ets RAZANATSEHENO Henri, VOKATRA VOAFANTINA, et ATSIMO-EXPORT. La demande en pervenche était très élevée dans le marché mondial pendant ces deux années. Ce qui explique l'exportation de 1 200 tonnes en 1975.

En 1981, d'autres nouvelles sociétés rejoignaient le rang des exportateurs de Catharanthus, alors que certaines firmes ont dû abandonner cette filière à cause de la forte concurrence.

En 1984, la CODIMEX, la SOPRACAM, et la COREMA sont venues aussi se rallier à la collecte et l'exportation de pervenche, ce qui explique la remontée de la production en 1984 et 1986.

La demande a fortement baissé à partir de l'année 1988 et seule la PRONATEX-SOAVOANY, a pu continuer l'exportation de cette plante. Notons que cette société tient la première place pour l'exportation des plantes médicinales de Madagascar. Elle a pu surmonter les concurrences et les difficultés liées à la collecte ainsi qu'à l'exportation de Catharanthus roseus (la production se stabilise autour de 350 à 400 t/an actuellement).

Soulignons, que la société PHARMEX assure aussi l'exploitation des feuilles de cette plante dans la région de Farafangana et Vangaindrano (Sud-Est de Madagascar). La potentialité de cette région est évaluée à 50-100 tonnes par an (Andriamanalintsoa, 1995)

Le circuit de commercialisation est démontré dans la figure 4.

Figure 4. Circuit de la commercialisation de Catharanthus roseus

Le Catharanthus roseus fait partie des rares spéculations considérées comme culture de rente dans le Sud malgache. Quand le prix de collecte est assez intéressant, les paysans se ruent à la cueillette à la culture de cette plante. Tableau 11 résume l'évolution du prix de collecte de Catharanthus aux paysans en Androy (Prix en Fmg/kg).

Tableau 11. Evolution du prix à la collecte (en FMG)

Année

1968

1971

1971

1972

1973

1974

1975

1977

1978

Racines de C. roseus

10

25

50

50

100

100

120

185

185

Feuilles de C. roseus

5

 

30

50

50

50

50

100

75

Année

1979

1980

1981

1982

1983

1984

1985

1986

1987

Racines de C. roseus

190

200

200

200

150

150

150

300

300

Feuilles de C. roseus

100

100

200

100

100

150

150

200

200

Année

1988

1989

1990

1991

1992

1993

1994

1995

2000

Racines de C. roseus

250

250

250

250

250

250

250

300

500

Feuilles de C. roseus

200

400

150

150

   

400

500

600

Source : Document de synthèse CIREF Fort-Dauphin, paysans producteurs et collecteur

Les tendences actuelles:

· 1988-2000 : La production se stabilisait à 350-400 tonnes ;

· 1996-1998 : Reprise de la culture par PRONATEX pour un temps ;

· 2000 : Le produit malgache de PRONATEX est homologué aux Etats-Unis, la culture reprend.

Perspective d'avenir du PRONATEX

La production-exportation se stabilise à 400t. Selon les responsables, ce chiffre est en harmonie avec l'équilibre naturel. Il ne devrait pas dépasser la limite de 800 tonnes. En résumé, actuellement deux sociétés sont actives : PRONATEX depuis 1972 et SOCOSUD-EST depuis 1999.

Il est à noter que la société SOCOSUD-EST ne fait que de la collecte auprès des paysans et n'envisage pas jusqu'ici à s'investir dans la plantation.

Débouchés :

Les pays acheteurs sont jusqu'à présent les pays Européens. Le tableau suivant illustre la quantité exportée et les pays destinataires.

Tableau 12. Produits exportés (1997-1999)

Année

Pays

Quantité (kg)

FOB (Fmg)

1997

Belgique

8 000

29 764 800

 

France

138 400

537 984 720

1998

Belgique

40 000

165 002 040

 

France

51 220

213 710 694

 

Corée

2 400

76 153 104

 

Mexique

100 001

425 344 726

1999

Belgique

45 000

198 035 775

 

Italie

60

116 598

 

Mexique

35 000

167 047 650

Source : MEF, non-daté

 


Figure 5. Prix FOB par kg en FMG

4.2.2 Informations qualitatives

Historique

L'exploitation de Catharanthus roseus débutait en 1967 dans le Sud de Madagascar. C'étaient des opérations de collecte de plantes sauvages faites par des chimistes et botanistes étrangers. Le Catharanthus roseus ou trongatse était considéré comme mauvaise herbe dans les champs ou dans les terrains défrichés.

En 1970, la firme Allemande HOECHST, par l'intermédiaire de Monsieur Raymond GEROLD, a mené une culture de pervenche sur 60 ha de superficie à Bejofo, Alaotra. On a dû abandonner cette exploitation car le coût de production était trop élevé par rapport à la collecte des plantes sauvages dans le Sud. En plus, on a constaté une forte attaque de chenilles de lépidoptères Heliothis armigera et de Prodena qui ont dévasté une grande partie de la plantation. Le rendement de production était trop faible (250 à 350 kg/ha pour les racines et 450 à 600 kg/ha pour les feuilles).

Cette même année, l'établissement Emile STHELE avait acheté une grande concession coloniale de 2 000 ha environ à Ranopiso (42 km au Nord-Ouest de Fort-Dauphin). Cette firme a ainsi défriché ce terrain et a débuté la culture industrielle de Catharanthus sur 1 000 ha en 1971.

Les années 1972-1973 ont été marquées par le début de la vulgarisation et de l'encadrement technique de la culture de Catharanthus chez les paysans en Androy (Sampona, Tsihombe, Faux-Cap, et Ambovombe). Ces actions ont été menées par l'établissement Emile STEHLE, la SEAMP et L'ONG Allemande MISEREOR. Ils ont ainsi axé les opérations d'encadrement sur :

· La distribution des semences (graines) chez les paysans;

· Le développement de la culture attelée (charrues) pour la préparation des terrains;

· La vulgarisation de la culture en ligne et de la culture en billon pour le Catharanthus;

· L'introduction de l'association Catharanthus-Céréales ou Catharanthus-plantes vivrières;

· La diffusion de la nécessité des sarclages pour cette plante;

· Les méthodes de récolte, surtout la conduite de l'effeuillage tous les trois mois;

· L'encadrement de la collecte des produits (surtout les feuilles, et les racines).

C'est l'époque à laquelle on a assisté aux défrichements massifs des forêts locales pour la mise en culture de Catharanthus roseus.

En 1974, la société Allemande BOEHRINGER MANNHEIM a repris la plantation industrielle de Ranopiso et a créé la SEAR ou Société d'Exploitation Agricole de Ranopiso (Fort-Dauphin). Cette dernière assurait encore l'encadrement de la culture de pervenche en Androy, en plus de sa propre exploitation.

En 1978, la culture industrielle de Catharanthus a été abandonnée à cause du coût de production trop élevé. En effet, la collecte des produits auprès des paysans se développait.

En 1984-1985, la société PRONATEX et la Circonscription des Eaux et Forêts d'Androy, ont acheté des semences à Erakoke (Ambovombe) et à Sampona (Amboasary-Sud), qu'ils ont ensuite distribuées chez les paysans producteurs. Les terrains domaniaux au bord des axes routiers ont été ensemencés à cette époque.

Entre 1973 et 1978, le Service Provincial des Eaux et Forêts de Fianarantsoa, a mené des essais de culture de Catharanthus à Mandazaka, Fivondronana d'Ambalavao, Faritany de Fianarantsoa.

En 1976, des expérimentations agronomiques ont été faites par le département recherche agronomique du FOFIFA en Androy, malheureusement les résultats ne sont plus accessibles actuellement.

Le Service Agriculture de l'opération « Androy » a mené des essais de culture de Catharanthus dans ses stations agricoles depuis 1982 à 1989, mais, il se cantonnait à cette époque à la production de manière paysanne ou familiale et n'a pas entrepris de véritables travaux de recherche du type (sélection variétale, fertilisation ...).

Quand il y a eu forte demande de Catharanthus, sa culture s'est développée au détriment des autres spéculations. Alors que les paysans ont transformé les champs de cette plante en parcelle de cultures vivrières. Seuls les produits des aires naturelles sont exploités actuellement.

Durabilité du potentiel et de l'offre

L'analyse de la description systématique et botanique permet de se fixer quant à la durabilité du potentiel.

En effet, le Catharanthus est une espèce se trouvant à l'état spontané dans ses aires naturelles. Il est considéré presque comme une plante envahissante selon les paysans qui s'attellent à d'autres cultures vivrières.

De même, la plantation industrielle effectuée par la société exportatrice PRONATEX sur des milliers d'hectares soutenue par les populations riveraines assure l'offre en matière de plantes médicinales. La répartition géographique citée ci-après confirme la durabilité de l'offre.

La quantification de la consommation locale n'a pas pu être déterminée de façon précise. Il a seulement été possible d'interviewer brièvement les paysans collecteurs.

Accès aux ressources et droit de propriété

L'historique de la production du Catharanthus depuis 1967 montre l'évolution du mode d'accès à la ressource.

En effet, l'espèce se trouvant à l'état spontané, la production a été obtenue à partir de la cueillette libre.

La renommée en tant que plante médicinale contre la leucémie lui a valu une exploitation soutenue à travers la plantation industrielle en 1971. Diverses opérations de vulgarisation et d'encadrement ont été menées pour rentabiliser les investissements dans la culture industrielle.

La demande étant toujours forte, les sociétés exportatrices ne négligent pas la cueillette dans le milieu naturel environnant effectuée par les paysans.

Il est à remarquer que depuis l'amont c'est-à-dire à la cueillette jusqu'en aval à l'exportation toutes les activités y afférentes suivent les normes internationales requises par les firmes importatrices.

Le suivi de la filière de Catharanthus roseus permet de dire que Madagascar devrait avoir un droit de propriété intellectuelle quant à la gestion durable de cette ressource qui est endémique.

Aspects bio-écologiques

Catharanthus G. Don f. appartient à la famille des Apocynaceae. Selon les différents traitements, on reconnaît six ou sept espèces toutes endémiques de Madagascar sauf une, Catharanthus pussillus endémique de Sri Lanka. Les espèces malgaches sont Catharanthus roseus, C. ovalis, C. longinfolius, C. coriaceus, C. trichophyllus groupées dans la section Euchlonera et C. scitulus formant à elle seule la section Androyella. Catharanthus roseus, le plus connu, le plus répandu est le plus exploité. Devenu pantropical et équatorial, il se rencontre sur presque toutes les dunes littorales malagasy en populations éparpillées et forme des formations denses dans le pays Androy surtout dans les champs de culture abandonnées. On le considère souvent comme une mauvaise herbe envahissante.

· Catharanthus roseus possède cinq variétés : roseus roseus à fleurs roses violacées;

· Catharanthus roseus albus : fleurs blanches à gorge jaune;

· Catharanthus roseus ocellatus : fleurs blanches à gorge violette;

· Catharanthus roseus villosus : fleurs roses violacées, feuilles très pubescentes;

· Catharanthus roseus augustus : fleurs roses violacées, plantes ne dépassant pas 15 cm de haut.

Tableau 13. Informations bio-écologiques sur Catharanthus rosues

I)- Systématique

Règne : VEGETAL

Embranchement : CORMOPHYTES

Sous-embranchement : ANGIOSPERMES

Classe : EUASTERIDES

Ordre : GENTIANALES

Famille : APOCYNACEAE

Genre : Catharanthus

Espèce : roseus

Synonyme : Vinca rosea

Noms vernaculaires

- Heladolo, Arivotambelona (Betsimisaraka Nord)

- Felatanamamba (Betsimisaraka Sud)

- Felabaratra (Sihanaka)

- Sarita (Tanala, Betsileo)

- Voninkazo-mbönané ou fleur de bonne année (Farafangana)

- Tonga (Fort-Dauphin) Trongatse (Ambovombe, Amboasary Sud)

- Befela (Tsihombe), Salotsa Betsileo, Vonenina (Merina)

- Tsimatiririnina (Sakalava)

II)- Statut actuel

Non encore documenté

III)- Description botanique

- Port

· Herbe vivace dressée;

· Sous-arbrisseau vivace ligneux à la base pouvant atteindre 15 - 75 cm de haut.

- Fleurs

· Inflorescences sympodiale pseudo-latérale;

· Fleurs généralement par deux corolle rose violacée à gorge plus foncée ou blanche, tubes floraux 15 - 25 mm - Lobes 3 - 8 mm.

- Feuilles

· Opposées, à forme oblongue obovée, parfois elliptique obluses au sommet, longuement rétrécies à la base, nervahon peunée, glabres

· Pétioles rouges sombres hautes de 1.5 cm

- Graines

Oblongues, tronquées, noirâtres, scrobiculées albuminées longues 2.5 - 3 mm embryon central à 3 cotylédons

- Fruits

Apocarpes bifolliculaires glabres ou pubescents, méricarpes recourbés et divergents à paroi mince

- Racine

Pivotantes peu développée

IV)- Reproduction

· Sexuée , pollinisation non encore documentée, généralement anémophile et entomophile

· Pouvoir de germination 8 - 16 mois

· Données phénologiques : floraison à 3 mois après germination

· Phase de végétation en saison humide

V)- Habitat

· Habitat naturel : sables humifères, lieux arides, rochers et terrains défrichés du Sud de Madagascar

· Besoin altitude 20 - 350 m

· Température : 10 - 27°C

· Pluviométrie : 300 - 400 mm

· Édaphiques : sables littoraux, sables humifères, sables roux, sables blancs, sols de dunes anciennes calcaires, sols ferrugineux tropicaux

VI)- Distribution géographique

Dans le monde: Cultivée dans d'autres pays USA

A Madagascar: Endémique à Madagascar (Fort-Dauphin, Ambovombe, Amboasary Sud Beloha - Tsihombe)

VII)- Exploitation

Mode : arrachage de la plante

Impacts écologiques:

· Menace d'éradication de l'espèce par arrachage de la plante entière;

· Destruction de la population naturelle;

· Destruction des niches écologiques des espèces endémiques animales et végétales associées;

· Modification de la formation végétale.

 

Impacts socio-économiques

Apport de revenu supplémentaire pour les ménages récolteurs auprès de quelques villageois

L'habitat

Rappelons que le Catharanthus roseus est endémique à Madagascar mais actuellement répandu dans nombreux pays tropicaux.

A Madagascar, cette plante peut s'adapter dans tous les coins de l'île. On la trouve le long de la côte Est, partant d'Antalaha jusqu'à Fort-Dauphin. La région d'Ambovombe, d'Amboasary-Sud, de Beloha et de Tsihombe contient l'aire naturelle et est considérée comme principale productrice de Catharanthus.

Pour confirmer cette large distribution géographique, citons certaines appellations ou noms vernaculaires selon les régions :

Heladolo, Arivotambelona dans le Betsimisaraka Nord ; Felatanamamba (Betsimisaraka Sud) ; Felabaratra (Sihanaka) ; Sarita (Tanala, Betsileo) ; Voninkazo-mbônanè ou fleur de bonne année (Farafangana) ; Tonga (Fort-Dauphin) ; Trongatse (Ambovombe, Amboasary-Sud) ; Befela (Tsihombe) ; Salotsa (Betsileo) ; Vonenina (Merina) et Tsimatiririnina (Sakalava).

La répartition géographique des aires naturelles des espèces malgaches est documentée ci-dessous:

· Catharanthus roseus : Sud subdésertique de l'Androy, dunes littorales et voisinage immédiat de la mer;

· Cataharanthus scitulus : bords de la rivière Menarahaka, de Ivohibe à Iakora;

· Catharanthus ovalis grandifolius : Massif gréseux de l'Isalo;

· Catharanthus ovalis ovalis : Ouest, Moyen Ouest et Nord-Est de Madagascar, à l'intérieur des terres, région d'Ivohibe, Ihosy, Betroka, Sakaraha, Ankazoabo, Ikalamavony, Ambatonfinandrahana, Miandrivazo, Manja;

· Catharanthus coriaceus : Massif gréseux d'altitude de l'Itremo, végétation à form ahon de Tapia (Arivonimamo, Ambalavao);

· Catharanthus trichophyllus : dunes tombeuses et inondables du littoral de l'Est de Fort-Dauphin à Ambiraroma, région du Sambirano, Nosy be jusqu'aux Comores;

· Catharanthus lanceus : Hautes terres de l'Imerina et du Betsileo. Région Sihanaka et Bezanozano.

Méthodes de récolte

A partir de six mois, les racines peuvent être récoltées, tandis que l'effeuillage est pratiqué trois fois par an, avant d'extirper les racines.

L'effeuillage nécessite des soins particuliers. Ce sont les femmes qui s'occupent de cette opération, celle-ci se pratique par la cueillette des feuilles bien vertes, indemnes de maladies et de tâches. Certains paysans découpent seulement les branches feuillées sur le terrain, puis les transportent au village pour effectuer l'effeuillage.

L'extirpation des racines concerne les plantes mûres. Cette opération est facile sur les sols sableux. Les plantes récoltées sont ensuite mises en endains et laissées à se sécher sur place ou rassemblées dans un coin de la parcelle.

Les paysans découpent chaque plante au niveau du collet à l'aide d'une hache ou d'une coupe-coupe « Antsibe ». Les racines découpées seront ensuite séchées sur la parcelle même. L'heure de récolte est variable selon la disponibilité des paysans ou de la main-d'œuvre.

Le séchage des feuilles se fait soit sur les champs, soit dans la cour au village. Les feuilles sont étalées dans la cour bien propre, sur des nattes ou des toiles en sisal. Le retournement fréquent des feuilles est nécessaire pour obtenir une qualité homogène. La durée de séchage est de trois à sept jours.

Les racines ne nécessitent pas de soins particuliers, il suffit de les étaler dans les champs ou dans la cour durant quatre à sept jours. Les paysans reconnaissent que les racines sont bien sèches quand ces dernières présentent un noyau jaunâtre et quand leur écorce est difficilement rayable. Les produits biens secs sont ligotés et mis en rondins avant d'être stockés soit à l'abri des branches non utiles de cette même plante dans les champs, soit dans la cour au village.

L'étape suivante consiste à la livraison des produits aux ramasseurs ou directement au centre de collecte - Les procédures de séchage y continue après le pesage. Après le triage, on procède au test du taux d'humidité des lots - Les marchandises présentant un taux de huit à 14 pourcent sont en norme. Elles sont conditionnées en balles de 103 kg avec couverture en toile aérée.

Aspects socio-économiques

Tableau 14. Informations socio-économiques sur Catharanthus roseus

Importance locale

    · Source de revenu pour les paysans temporaire ou permanent;

    · Utilisation locale contre la gale, maux de dents, hypertension, coqueluche, fatigue musculaire en forêt.

Importance nationale

· Exportation par rapport à la production mondiale;

· Utilisation pharmaceutique.

Niveau d'exploitation

    Zone

    Superficie

 

    Androy Sud-Est

3 500 ha

    Acteurs

    Activités

    - Paysans
    - Collecteurs
    - Employés de société

    - Récolte par les paysans locaux
    - Ramassage par les employés de société
    - Séchage préalable au moment de la récolte

Valeur économique

Si le Catharanthus a une répartition géographique assez vaste, l'espèce Catharanthus roseus est le fleuron de la région du Sud-Est de Madagascar à savoir l'Androy en matière de valeur économique

En effet, la société PRONATEX domine cette région de par sa vaste exploitation industrielle soutenue par sa plantation de grande envergure.

Les données chiffrées recueillies auprès de la société elle-même de par son rapport d'activités remis auprès de la Circonscription des Eaux et Forêts de Fort-Dauphin et aussi de par son exportation traitée au niveau du Service de la Valorisation Economique montrent l'importance économique de cette ressource qu'est le Catharanthus roseus.

D'après les enquêtes auprès des paysans, le prix actuel vendu à la PRONATEX est de FMG500/kg pour les racines et de FMG600/kg pour les feuilles.

Le prix FOB à l'exportation se chiffre actuellement à FF4.5/kg.

Selon la société exploitatrice il ne semble pas distinguer la racine et la feuille à l'exploitation en ce qui concerne le prix.

Contribution au revenu et à l'emploi

Il est vrai que l'activité agricole reste prédominante au niveau des paysans qui s'attellent à honorer la demande des sociétés exportatrices.

En effet, il a été constaté sur place une vraie organisation de la récolte à travers les nombreuses zones de collecte de la société PRONATEX.

Tous les acteurs concernés par les activités de récolte, de séchage et du conditionnement sont bien conscients du respect des normes pratiquées sinon le fruit de leur travail ne sera pas rémunéré.

De par son existence assez longue dans la région de l'Androy, la société PRONATEX fait travailler un personnel assez important créant ainsi des emplois à chaque catégorie d'acteurs de la filière. Elle s'active également à donner des avantages socio-économiques à son personnel.

Tendance actuelle de l'utilisation de Catharanthus

Les Catharanthus sont des plantes médicinales d'une très grande utilité pharmaceutique en particulier dans le traitement de certaines tumeurs cancéreuses (dont plusieurs formes de leucémie), de la maladie de Ilodgkin, ainsi que dans le traitement des hypertensions artérielles et vasculaires. L'industrie pharmaceutique exploite pour le moment les propriétés antitumorale et hypotensive des Catharanthus. Plus de 80 alcaloïdes sont connus mais sept font l'objet d'une exploitation actuellement : Vincalemoblastine, le Vincaleurocrustine, l'Apmalicine, le Reserpine, Reserpiline, le Serpenline, le Leurasine (tableau 3) récapitulatif des propriétés de C. roseus.

Tableau 15. Utilisation commercielle de Cataharanthus roseus

Alcaloïdes

Nom commercial

Propriétés

Partie de la plante utilisée

Maladies traitées

Observations

Vincaleucoblastine - vincablastine

Velbe, V.L.B

Antitumorale, anti-leucémique

Hypotenseur

Feuilles

-plusieurs formes de leucémie

-maladie de Ilodgkin

-tumeurs embryonnaires

Le V.L.B est surtout utilisé pour traiter la leucénie monocytaire et la maladie de Ilodgkin

Vincaleurocristine

Leurocristine

Vincristine

Onlovin

V.C.R

Antitumorale, anti-leucémique

Hypotenseur

Feuilles

Leucémies aiguës maladie de Ilodgkin

L'oneovin est dit parfois plus actif que le V.L.B

Apmalicine

Yohimbine

Raubasine

Hypotenseur artériel

Hypotenseur vasculaire

Irrigation et oxygénation cérébrales

Le Yohimbine est légèrement aphrodisiaque

Racines

Hypotensions artérielles et vasculaires

médicaments : hydrosarpan (servier) tenserlix (RFA) surtout la Ranbasine

Résepine

Réserpine

Antileucemique excellent hypotenseur mais neurodepresseur

Racines

Surtout hypotension artérielle

Alcaloïde présent également dans la plante Rauwolfia (malagasy)

Résepine

Réserpine

Excellent hypotenseur artériel

Racines

Hypotension artérielle

Moins nocif que la reserpine, alcaloïde présent aussi dans la plante malagasy Rauwolfia

Serpenline

Serpenline

bon hypotenseur

Racines

Hypotension artérielle

Alcaloïde présent dans le Rauwolfia indieu : R. serpentina

Leuresine

Leuresine

Antitumorale

Feuilles

Certaines formes du cancer

Alcaloïde présent également dans Catharanthus ovalis ovalis

4.2.3 Discussion

Les données collectées sont assez limitées. Les sources comprennent : la société exploitatrice, le service décentralisé du MEF et les paysans collecteurs. Il n'existe pas de données récentes et précises. Les informations auprès du Service des Douanes ne renseignent ni sur les conditions de collecte, ni sur la quantité réelle enlevées dans les aires naturelles ou les plantations.

Selon la société exploitatrice, l'exportation de Catharanthus (tige), feuilles et racines se base jusqu'à présent sur la collecte dans les aires naturelles. Les plantations sont encore au stade d'essai.

Les données disponibles proviennent surtout de l'exportateur et des Services administratifs et n'illustrent pas la réalité sur le terrain : biomasse réelle disponible, impact de la collecte sur la population naturelle, potentiel de régénération de l'espèce.

Les indications obtenues auprès des paysans pendant la courte descente sur terrain renseignent mais de façon peu précise sur les possibilités de collecte sur le même endroit (trois récoltes de feuilles, une récolte de racine par an, retour au même endroit après six mois).

Les sites de collecte de la société exportatrice sont indiqués mais leurs étendus réelles ne sont pas données de façon précise. Le temps de travail imparti n'a pas permis d'entreprendre des études de la dynamique des populations dans les aires de collecte et les aires intactes. Une carte de distribution, utilisant les moyens modernes tels que le Système d'Information Géographique (SIG) serait d'une grande assistance dans l'évaluation de la situation réelle de l'espèce : biomasse disponible, possibilité de régénération. De telles études permettraient de connaître le statut écologique de l'espèce et d'émettre des suggestions pratiques en vue d'une gestion durable et efficace assurant la conservation de l'espèce, le partage équitable des bénéfices et un vrai développement local.

L'espèce a été exploitée pendant plus de trente années mais les retombées locales et la contribution au développement de la région ne sont pas à présent tangibles.

La fiabilité des recommandations à proposer pour Catharanthus roseus dépend encore de l'entreprise de certaines études scientifiques appropriées.

4.2.4 Conclusion et recommandations

L'exploitation de Catharanthus roseus présente une portée positive au niveau mondial. Malheureusement la population locale ne semblerait pas avoir bénéficié beaucoup de cette entreprise. Les données de base scientifiques permettant de définir un plan de gestion efficace, en harmonie avec la conservation et assurant le partage équitable des bénéfices seraient d'une grande importance. Dans ce but les recommandations suivantes sont émises :

· évaluer les ressources disponibles de façon scientifique (GIS, biométrie, dynamique de population, régénération) afin de contribuer à la valorisation de l'espèce et au développement réel de la population locale ;

· évaluer scientifiquement les effets de pression exercée sur l'espèce et son environnement ;

· définir les programmes prioritaires pour la gestion durable de cette ressource naturelle.

Les indicateurs mesurables de telles études seraient la localisation et la distribution mises à jour de l'espèce, les données mesurables sur sa potentialité de régénération et de production, son statut écologique, une amélioration visible de la condition de vie des paysans collecteurs.

4.2.5 Références

Andriamanalintsoa, J.J. 1995. Contribution à l'étude de la pervenche de Madagascar ou Catharanthus roseus, cas d'Ambovombe, d'Amboasary-Sud, Beloha et de Tsihombe (Fin d'études 1989-1995)

Maberley, D.J. 1997. The Plant-Book. Cambridge

Rakotomanana, R. 1982. Plantes médicinales de Madagascar : Les Catharanthus

4.3 Prunus africana

Dans la démarche globale de la méthodologie, la phase préparatoire et la phase de collecte de données ont été testées.

Dans la phase préparatoire, des informations ont pu être collectées à partir de l'exploitation des études bibliographiques. Ces informations d'ordre qualitatif sont présentées dans cette partie.

Figure 6. Teste de méthodologie sur Prunus africana

Dans la phase de collecte de données, l'exploitation des rapports au niveau du service a permis d'avoir certaines informations mais très limitées :

· Production: les données sur les quantités réellement récoltées ne sont pas parvenues au niveau central. Les données existantes se rapportent au nombre de permis octroyés annuellement, par région et la superficie;

· Consommation : la quantification des données y afférentes nécessite des enquêtes-ménages demandant du temps et des moyens.

Seuls les données au niveau de la commercialisation sont exploitables car l'exportation du Prunus africana passe obligatoirement au niveau central, ceci étant un produit CITES.

L'application des méthodes spécifiques proposées pour la collecte des données d'ordre scientifique (inventaire, ...) et d'ordre socio-économique exige la mise en place d'un système permanent de collecte de données proposées dans la deuxième partie en tenant compte des activités, des ressources humaines et financières nécessaires.

4.3.1 Informations quantitatives

Production

Les principales zones de production connues actuellement sont les suivantes :

Tableau 16. Principales zones de production de Prunus africana

ANNEE

CIREF

REGION

SUPERFICIE (Ha)

Permis d'exploita-tion (nombre)

1995

Moramanga

Tamatave

 

1

   

Total

 

1

1996

Antananarivo

Antananarivo

 

1

 

Moramanga

Tamatave

640

2

 

Ambatondrazaka

Tamatave

2 010

3

   

Total

2 680

8

1997

Antananarivo

Antananarivo

1 750

2

 

Moramanga

Tamatave

1 340

9

 

Ambatondrazaka

Tamatave

4 125

9

   

Total

7 215

20

1998

Moramanga

Tamatave

600

6

   

Total

600

6

1999

Ambatondrazaka

Tamatave

5 065

16

   

Total

5 065

16

2000

Ambatondrazaka

Tamatave

630

1

   

Total

630

1

   

Total Général

16 160

52

Le nombre de tiges varie entre cinq à neuf pieds à l'hectare. Un pied adulte peut donner entre 300 kg à 1 200 kg d'écorces.

Remarque : Les données obtenues dans le cadre des études de filière sont incomplètes car ne permettent pas d'avoir la potentialité de l'espèce dans son aire de distribution. Des inventaires doivent être faites si l'on veut avoir des données scientifiques valables afin d'évaluer le quota d'exploitation à octroyer annuellement.

Consommation

Malgré l'existence des différents noms vernaculaires, l'utilisation traditionnelle du Prunus africana à Madagascar reste embrionale par rapport aux autres pays africains.

Utilisée en tisane simple, l'écorce guérit des mictions difficiles dans une hypertrophie prostatique.

Dans quelques régions, on utilise l'écorce des tiges et les feuilles dans la pharmacopée traditionnelle contre le paludisme, la fatigue. Jusqu'à présent, aucune étude n'a été faite afin d'évaluer l'importance de la consommation au niveau locale. Des enquêtes - ménages doivent être menées au niveau des principales zones de production.

4.3.2 Informations qualitatives

Historique

L'exportation de Prunus africana a débuté vers les années 1960 dans la région de Tsaratanana.

Face à la croissance continue de la demande sur le marché mondial. Elle s'est étendue à Bealanana entre les années 70 et 80 par PRONATEX puis à Manditsara pour se prolonger jusqu'à Anosibe.

Au début, le mode d'exploitation s'est fait de manière rationnelle (travaux de collecte organisés, recolteurs encadrés, technique de prélèvement par écorçage sur pied respectée...). Malheureusement plus tard, face à l'importance de la demande, l'exploitation est devenue anarchique (abattage de l'arbre, écorçage jusqu'aux racines, non respect des dimensions minimales exploitables, incursion dans les aires protégées).

Situation actuelle

Le besoin toujours croissant en écorce de Prunus africana ne cesse d'augmenter ne serait que pour satisfaire les besoins annuels de 900 tonnes par an de la Société INDENA-Madagascar.

Cependant, malgré l'aire de répartition très large de l'espèce commençant au Nord à Bealanana et pouvant s'étendre jusqu'à Fort-Dauphin au Sud, la situation reste alarmante.

Durabilité du potentiel et de l'offre

Les études faites dans le cadre de l'étude de filière ne permettent pas encore d'avoir une idée sur la potentialité de l'espèce au niveau national. Seule, la potentialité au niveau régional est connue pour certaines zones comme Ankerambe et Ambongamarina dans région d'Anjozorobe.

Des travaux d'inventaire doivent être menés afin de connaître le stock réel existant sur terrain afin de sortir le quota d'exploitation à attribuer aux exploitants.

Comme il a été souligné dans la partie « Etude générale », une étude de la filière Prunus africana a été entreprises par le Service de la Valorisation Economique de la Direction Générale des Eaux et Forêts en collaboration avec le Bureau d'Etude BIODEV permettant ainsi de mieux appréhender l'analyse des données disponibles.

Aspects bio-écologiques

Tableau 17. Informations bio-écologiques sur Prunus africana

I)- Systématique

Règne : VEGETAL

Embranchement : CORMOPHYTES

Sous-embranchement : ANGIOSPERMES

Classe : DICOTYLEDONE

Ordre : ROSALES

Famille : ROSACEES

Genre : Pygeum

Espèce : africanum

Synonyme : Prunus africana

Noms vernaculaires

· Saripaiso ou Sary (Bealanana, Mandritsara, Befandriana Nord)

· Paisoala (Betsileo)

· Tsipesopeso (Moramanga)

· Sofintsohihy ou Kotofihy (Brickaville, Amparafaravola, Vohimena)

· Tsintsefintsohihy ou Kotofihy (Ambatondrazaka)

II)- Statut actuel

· En annexe II de la CITES depuis 1996;

· Menace de transfert à l'annexe I en 1998.

III)- Description ou botanique

- Port

· Espèce arborescente allant jusqu'à 40m de hauteur;

· Diamètre dépassant 1 mètre à maturité;

· Fût droit, ramification 15 à 20 m de sol.

- Fleurs

· Inflorescences en grappe de petites fleurs blanches à pédoncules rouges de 5 à 7 mm de long, sur la partie inférieure des rameaux de feuilles;

· Fleurs parfumées;

· Pétales très petits et laineux sur le bord;

· Nombreuses étamines fixées directement sur le calice.

- Feuilles

· Crénelées et glabres, de forme elliptique et oblongue avec un apex pointu et une base arrondie ;

· Longues de 5 à 15 cm sur 2,5 cm à 6 cm de large;

· Phyllotaxie alterne;

· Pétioles rouges sombres, hautes de 1.5 cm.

- Graines

Enfermées dans un péricarpe épais dont la couche superficielle est charnue alors que la couche profonde a la consistance du bois

- Fruits

· A noyaux ou drupes, très amers, rouges à maturité, glabres et globuleux;

· Drupe de forme ronde ellipsoïde de 0.7 cm de long et de 1.1 cm de diamètre.

- Flore

· Contient le principe actif;

· Écorce blanche et fine (pied mâle);

· Écorce rouge et épaisse (pied femelle).

- Racine

· Racines pivotantes à large empattement de 10 à 15 m;

· Dirigées généralement vers les cours d'eau passant près du pied.

IV)- Reproduction

· Sexuée : plante dioïque, pollinisation par les insectes (abeilles, guêpes)

· Multiplication végétative : semis, bouturage.

 

Données phénologiques de la fructification

(variable selon les régions à Madagascar)

 

Région

Période de fructification

 

Mandritsara

Avril - Mai - Juin

 

Andilamena - Didy - Ambatondrazaka

Mai - Juin - Juillet

 

Anosibe An'Ala

Octobre - Novembre - Décembre

 

Anjozorobe - Beparasy

Octobre - Novembre - Décembre

V)- Habitat

· Forêts ombrophiles de montagne, sur les versants et les ravines longeant les cours d'eau;

· Altitude 1 000 à 2 500 mètres;

· Température 9°C - 31°C;

· Sol de type « mull forestier » (sols frais et humide où la matière organique fraîche est incorporée par le fait d'une forte activité biologique).

VI)- Distribution géographique

· Dans le monde: Forêts montagneuses de l'Afrique Centrale et Orientale (Cameroun, Angola, Zaïre, Kenya, Madagascar, Soudan, Ethiopie);

· A Madagascar: Distribution réduite dans les régions montagneuses du Nord et sur la falaise orientale (Bealanana, Mandritsara, Zahamena, Andilamena, Ambatondrazaka, Didy, Fiherenana, Anjozorobe, Mandialaza, Beparasy, Moramanga, Anosibe An'Ala.

VII)- Exploitation

Mode : Abattage totale de l'arbre suivi d'écorçage. Abandon du tronc en forêt

Impacts écologiques:

· Menace d'éradication de l'espèce par l'abattage systématique des arbres;

· Destruction du groupement végétal par chute de l'arbre;

· Destruction des niches écologiques des espèces animales et végétales en relation avec ce Prunus;

· Modification de la formation végétale par l'apparition des plantes heliophiles.

 

Impacts socio-économiques:

Apport de revenu supplémentaire pour les ménages récolteurs (FMG900 000 à 1 100 000 par an selon un enquête BIODEV à Ambongamarina ANJOZOROBE);

Diversification des activités.

Aspects socio-économiques

Tableau 18. Informations socio-économiques sur Prunus africana

Importance locale

· Source de revenu d'appoint pour les paysans;

· Utilisation locale;

· Utilisation de l'écorce de tiges et des feuilles dans la pharmacopée traditionnelle contre le paludisme, la fatigue, la douleur lombaire liée à la blennorragie chronique et la miction difficile;

· Bois non valorisés, abandonnés en forêt.

Importance nationale

· La plus forte valeur des plantes médicinales exportées;

· Utilisation industrielle;

· Depuis 20 ans, écorces utilisées par l'industrie pharmaceutique dans la fabrication d'un médicament contre les maladies de la prostate.

Niveau d'exploitation

    Situation des permis octroyés

 

    Zone

    Superficie (ha)

    Anjozorobe

    3 250

    Moramanga

5 000

    Andilamena

    570

    Ambato (Didy)

    600

    Amparafaravola

    600

Niveaux d'activités des filières

    Acteurs

    Activités

 

    Collecteurs

· Récolte effectuée par les paysans des villages situés à proximité de la ressource;

· Transport à dos d'homme jusqu'au lieu de stockage ou point d'achat du collecteur;

· Séchage préalable par les paysans ou les collecteurs.

 

    Exportateurs

· Pré-transformation en extrait mou;

· Exportation extrait (SODIP);

· Écorces brutes (PRONATEX).

 

    Importateur

Transformation finale en dégageant les principes actifs

Circuit de la commercialisation

 

 

 

Écorce brute

 

 

 

Extrait ferme de  Prunus

Tableau 19. Structure de prix en FMG/kg

DESIGNATION

ECORCE VERTE

ECORCE SECHE

Prix d'achat aux récolteurs

1 000 à 1 500

2 000 à 2 500

Prix d'achat aux collecteurs intermédiaires

1 100 à 1 650

2 200 à 2 750

Redevances aux Eaux et Forêts

125

125

Ristournes Fokontany

25

25

Frais de transport au poste d'achat à la charge des collecteurs

100

100

Prix rendu poste d'achat

1 750 à 2 000

2 750 à 3 000

Frais de transport du poste d'achat au centre de conditionnement (centre de séchage) à la charge des collecteurs

200

200

Frais de séchage

350

-

Prix rendu Moramanga

2 300 à 2 550

2 750 à 3 200

Transport de centre de stockage au centre de transformation

200

200

Prix rendu site

2 500 à 2 750

2 750 à 3 400

Prix de vente à (Ex-SODIP) INDENA

 

4 200 à 5 200

Prix de vente à l'exportation

 

15 000 à 20 000

Marges bénéficiaires

Acteurs

Marges dégagées écorces vertes (FMG/kg)

Marges dégagées écorces sèches (FMG/Kg)

 

    Paysans récolteurs

   
 

    Collecteurs intermédiaires

100 à 650

200 à 750

 

    Collecteurs mandataires

1 700 à 2 550

1 500 à 1 800

 

    Collecteurs exportateurs

12 500 à 17 250

10 800 à 14 800

4.3.3 Recommandations

D'après les références bibliographiques, plusieurs études ont été menées concernant cette espèce dans les pays où elle existe.

Des échanges d'expériences avec les autres pays comme le Cameroun doivent se faire en permanence afin d'améliorer la gestion de l'espèce.

Au vu des résultats obtenus dans le cadre de cette étude, les recommandations suivantes sont proposées aux fins d'améliorer la disponibilité des données permettant de prendre des décisions pour une gestion durable et rationnelle d'espèce :

· sur le plan organisationnel

· sur le plan technique

4.3.4 Conclusions

Madagascar est privilégié de par l'existence de cette espèce fortement prometteuse au point de vue économique.

Cependant, son exploitation demande un réel effort de gestion rationnelle et durable à travers une amélioration des techniques d'exploitation et surtout la mise en œuvre des travaux de régénération.

Dans cette optique, une commission nationale sur le Prunus africana a été mise en place en 1999, et dont l'objectif est de préparer un Plan d'Action National concerté avec la participation de tous les acteurs de la filière.

Par ailleurs, au mois d'avril de cette année, un technicien du Ministère des Eaux et Forêts a été envoyé au Cameroun dans le but de réaliser une visite-étude sur le Prunus africana. Les objectifs de cette visite-étude est de promouvoir un échange d'expérience entre les (2) deux pays et de développer la collaboration pour la production de matériels d'extension (poster, manuel, dépliants) du Prunus africana à Madagascar avec l'Université de Bangor.

Au mois de Juin, une séance de restitution des acquis de ce déplacement a été organisée auprès du Comité National à la Direction Générale des Eaux et Forêts.

Des points importants ont pu être dégagés tant sur le plan organisationnel (système de gestion) que sur le plan technique et plus particulièrement les travaux de régénération.

Ces acquis ne pourront être que bénéfiques pour Madagascar.

4.3.5 Références

BIODEV. 2000. Rapport final. Etude de Filière Flore sauvage. Prunus africana. Septembre 2000

Rajaonarivony, B.A. 1997. Valorisation et contribution à la relance de la culture du Prunus africana (Mémoire de Fin d'Etude 1993-1997)

Pechard, G. 2000. Regard économique sur les règles du jeu gouvernant le partage des avantages tirés de l'exploitation de la biodiversité (Mémoire de Recherche 1999-2000)

Walter, S et Rakotonirina, J.C. 1996. L'exploitation du Prunus africana à Madagascar

Cunningham, A.B. et Mbenkum. 1993 Sustainability of harvesting Prunus africanum bark en Cameroun. A medicinal plant in international trade. People and plants working paper 2. Paris

Service de la Conservation de la Biodiversite. non-daté. Rapport annuel d'exportation

University of Wales. non-daté. BANGOR - Prunus africana : a Monoopaph

4 Faute d'identification au niveau du Ministère, les données d'exportation de Mantella milotympanum sont encore intégrées parmi les données de l'exportation de Mantella aurantiaca.

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