FAO/SMIAR: Rapport sur l'Afrique No.3 - décembre 2004 p.4

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PREMIÈRE PARTIE : SITUATION PAR SOUS-REGION

CALENDRIER DES CULTURES CÉRÉALIÈRES EN AFRIQUE SUBSAHARIENNE

Calendrier des cultures céréalières

Sous-régionCultures céréalières
SemisRécolte
Afrique de l’Est 1/mars-juinaoût-décembre
Afrique australeoctobre-décembreavril-juin
Afrique de l’Ouest  
- Zones côtières (première campagne)
(seconde campagne)
mars-avril
août-septembre
juillet-septembre
novembre-décembre
- Zone du Sahel juin-juilletoctobre-novembre
Afrique centrale 1/avril-juinaoût-décembre
1/  Hormis le Burundi, le Rwanda et la République démocratique du Congo qui ont deux campagnes principales, et la République-Unie de Tanzanie, dont la campagne principale suit le calendrier des semis de l’Afrique australe. Au Soudan, les semis des céréales secondaires se font en juin-juillet et la récolte d’octobre à décembre

En Afrique de l’Est, la moisson des céréales de la campagne principale de 2004 est bien avancée dans les zones septentrionales de la sous-région, tandis qu’elle est achevée dans les zones méridionales. La production totale de 2004 dans la sous-région devrait être inférieure au volume de l’an dernier du fait de la sécheresse, des précipitations irrégulières et du conflit. La grave sécheresse qui a sévi en certains endroits en Somalie, en Érythrée, au Kenya et au sud-est de l’Éthiopie pourrait avoir des conséquences très préoccupantes.

En Érythrée, la moisson des céréales de la campagne principale “kremti” de 2004 a commencé. Les pluies saisonnières qui tombent généralement entre juin et septembre ont été inférieures à la moyenne à long terme en de nombreux endroits du pays. Dans la plus grande partie de Maekel, Gash Barka, Anseba, ainsi que dans les zones orientales de Debub, les pluies ont été particulièrement insuffisantes. Selon les premières estimations du Ministère de l'agriculture, la production céréalière atteindrait environ 109 000 tonnes, volume pratiquement identique à la récolte bien inférieure à la moyenne rentrée l'an dernier. Dans les zones de Debub et Maekel, les semis des cultures de fin de campagne (pois chiche et vesce) ont aussi été entravés, la cherté des semences sur les marchés rendant celles-ci inaccessibles. L’état des pâturages et les disponibilités de fourrage n’ont guère été satisfaisants dans la plupart du pays, du fait des précipitations insuffisantes.

S'agissant des disponibilités alimentaires, la situation demeure précaire du fait des mauvaises récoltes consécutives et des effets encore sensibles de la guerre avec l'Éthiopie voisine. La cherté des céréales continue de peser sur le pouvoir d'achat et la sécurité alimentaire d'une grande partie de la population. La Prévalence de la malnutrition aiguë est élevée, notamment à Gash Barka et Anseba, où l'on notait des taux de respectivement 19,1 et 18,4 pour cent, ce qui place ces deux zones au-dessus du seuil critique fixé à 15 pour cent par l'Organisation mondiale de la santé (OMS). En juillet 2004, une Opération d'urgence a été approuvée conjointement par la FAO et le PAM en vue de fournir une aide alimentaire à environ 600 000 personnes touchées par les mauvaises récoltes, pour un coût total de 49 millions de dollars E.-U. sur 9 mois (juillet 2004 à mars 2005).

Une Mission FAO/PAM d'évaluation des récoltes et des disponibilités alimentaires vient de rentrer d’Érythrée et devrait publier un rapport complet prochainement.

En Éthiopie, la récolte des céréales de la campagne principale "meher" de 2004 est bien avancée. Les principales régions productrices à l'ouest et au centre du pays devraient rentrer une récolte moyenne, tandis que les régions agricoles et agro-pastorales de l'est rencontrent de graves difficultés, suite aux pluies saisonnières tardives et irrégulières, associées à la pénurie de semences. En outre, dans les zones tributaires de la campagne secondaire "belg", les cultures et l'élevage ont été durement touchés par l'insuffisance et la mauvaise répartition des pluies. En temps normal, les pluies de la campagne belg tombent de février à mai et les cultures représentent environ 10 pour cent de la production céréalière totale, mais dans certaines zones, elles assurent l'essentiel de la production céréalière annuelle.

Les régions pastorales situées dans le centre-sud et l'est du pays sont particulièrement touchées, et une migration inhabituelle du bétail est signalée en certains endroits. Selon une récente évaluation interinstitutions dans les régions tributaires de la campagne belg et les régions pastorales, les besoins d'aide alimentaire d'urgence ont augmenté et concernent désormais 7,8 millions de personnes pour le reste de 2004, contre 6,9 millions en juin 2004. Une mission FAO/PAM d'évaluation des récoltes et des disponibilités alimentaires vient de rentrer d’Éthiopie et devrait publier un rapport complet prochainement.

Au Kenya, les semis des cultures de la campagne secondaire (dite des "petites pluies") sont presque achevés. Selon les estimations météorologiques, les petites pluies devraient être bénéfiques dans la plupart du pays, mais elles seront inférieures à la normale dans les régions pastorales du nord. Certains endroits du centre et du littoral ont enregistré des précipitations anormales pour la saison, ce qui a amélioré les ressources hydriques des districts pastoraux.

La récolte des céréales de la campagne principale (dite des "longues pluies") de 2004 est terminée dans les principales régions productrices des provinces de la Vallée du Rift, de l'Ouest et de Nyanza. Les prévisions révisées du Ministère de l’agriculture et de l’élevage établissent la récolte de maïs de cette campagne à 1,7 million de tonnes environ, bien en dessous de la moyenne des cinq dernières années. On s’attend donc à un déficit aigu de maïs et le gouvernement s’apprête à effectuer des importations vivrières importantes.

Les mauvaises campagnes consécutives dans la plupart des zones pastorales ont rendu de nombreux ménages très vulnérables et incapables de faire face aux pertes constantes de bétail et de moyens de subsistance. En août 2004, la FAO et le PAM ont approuvé conjointement une Opération d'urgence visant à fournir une aide alimentaire à environ 2,3 millions de victimes de la sécheresse, pour un coût total de 81 millions de dollars E.-U. sur six mois (août 2004 - janvier 2005). À la fin octobre, les contributions confirmées représentaient 60 pour cent environ de la totalité des besoins.

En Somalie, les précipitations abondantes tombées en octobre et novembre ont entraîné des inondations et endommagé les biens en certains endroits. Ces pluies, qui ont marqué le démarrage précoce de la campagne secondaire “deyr”, ont été particulièrement abondantes dans les régions pastorales du nord touchées par la sécheresse et une grande partie de la vallée du Juba au sud du pays. La superficie ensemencée pendant cette campagne deyr devrait augmenter par rapport aux quatre campagnes deyr précédentes, du fait des précipitations normales à supérieures à la normale enregistrées dans la plupart du pays.

Malgré ce qui précède, la crise humanitaire est grave et devrait persister dans le pays, du fait de l’insécurité, des pertes élevées de bétail enregistrées précédemment, du mauvais état des parcours, du fort endettement des ménages et de l'immense pauvreté. Selon de récentes enquêtes nutritionnelles effectuées en certains endroits, le taux de malnutrition est élevé. La récolte céréalière de la campagne principale "gu", qui a été rentrée en août/septembre dans le sud de la Somalie, est estimée à 125 000 tonnes environ, soit près de 25 pour cent en dessous de la moyenne.

L'Unité d'évaluation de la sécurité alimentaire (UESA) a publié récemment des estimations pour le bilan céréalier 2004/05, qui indiquent un déficit céréalier d'environ 36 000 tonnes pour le pays. Des renseignements et une analyse plus détaillés peuvent être consultés sur le site www.unsomalia.net qui se trouve sur la page web de l'UESA.

Au Soudan, une crise humanitaire touche le Grand Darfour, où les combats ont contraint plus de 1,2 million de personnes à quitter leur foyer et leur exploitation, un grand nombre d'entre elles se réfugiant au Tchad voisin. Les rapports dressent un sombre tableau; le conflit englobe la quasi-totalité du Grand Darfour, et les activités agricoles et les opérations humanitaires rencontrent donc de graves difficultés.

Dans le sud du Soudan, une évaluation en cours indique un recul de la récolte céréalière pour la campagne actuelle par rapport à l’an dernier. Dans le centre et le nord du pays, la récolte des céréales de la campagne principale de 2004 a commencé. La production devrait chuter par rapport à celle de l’année précédente du fait des précipitations irrégulières et des troubles civils.Une Opération d'urgence révisée a été approuvée conjointement par la FAO et le PAM le 9 juillet 2004, en vue de fournir une aide alimentaire à 2,1 millions de victimes de la guerre et de la sécheresse, pour un coût s'élevant à 158 millions de dollars E.-U. jusqu'à la fin de 2004.

En Ouganda, les perspectives concernant les cultures vivrières de la campagne secondaire de 2004, à récolter à partir de janvier, demeurent incertaines. Les pluies sporadiques tombées depuis août suscitent des préoccupations quant au développement des cultures.

S'agissant des disponibilités alimentaires, la situation reste dans l'ensemble stable, mais les prix sont relativement élevés du fait des récoltes vivrières réduites de la campagne principale de 2004. Les prix du maïs, par exemple, sont restés particulièrement élevés ces neuf derniers mois; à Kampala, ils atteignent près de 30 pour cent de plus que la moyenne. Toutefois, l'arrivée des cultures sur les principaux marchés, y compris dans les zones touchées par le conflit, se déroule normalement.

Les troubles civils dans le nord de l'Ouganda, malgré une diminution des attaques de rebelles ces derniers mois, demeurent une grave menace pour la situation alimentaire de la population. Le PAM continue de distribuer des vivres à plus de 1,4 million de personnes vulnérables, situées principalement dans le nord du pays. Les résultats préliminaires d’une enquête d’évaluation nutritionnelle menée récemment (août 2004) dans la région semi-pastorale du Karamodja indiquent que globalement, le taux de malnutrition parmi les enfants de moins de cinq ans est aigu, à savoir 18,7 pour cent. Ce chiffre reste au-dessus du seuil critique, fixé à 15 pour cent, mais représente une légère amélioration par rapport aux 22 pour cent constatés en mai 2003.

En République-Unie de Tanzanie, les semis de la campagne "vuli" de 2004/05 dans les régions à régime pluvial bimodal du nord sont bien avancés. Des précipitations normales à supérieures à la normale sont attendues de septembre à décembre dans la plupart du pays, et les perspectives sont favorables dans l'ensemble.

Selon les estimations, la récolte de céréales (maïs principalement) de 2004 s'élève à 4,9 millions de tonnes environ, soit une hausse de plus de 20 pour cent par rapport à l'an dernier et à la moyenne des cinq années précédentes. Dans l'ensemble, la situation des disponibilités vivrières est satisfaisante, les prix des céréales étant stables ou en recul dans le centre, sur la côte est, dans la région des Lacs et dans le nord. Toutefois, on a signalé de fortes augmentations de prix dans les zones montagneuses du sud et sur la côte sud, en partie du fait de l'accroissement de la demande de céréales de pays voisins, tels que la République démocratique du Congo et le Malawi, qui ont enregistré de forts déficits dus aux intempéries ou à l'insécurité. En outre, on signale qu'une douzaine de districts situés au nord et au centre de la Tanzanie, principalement dans les régions d'Arusha, Kilimandjaro, Dodoma, Morogoro, Shinyanga et Singida, sont touchés à divers degrés par l'insécurité alimentaire.

En Afrique australe, les semis de céréales de la campagne 2004/05 sont en cours et l’on prévoit des précipitations normales pour la saison. De graves pénuries d’intrants agricoles sont attendues dans plusieurs pays de la sous-région, notamment au Zimbabwe ainsi qu’au Swaziland et au Lesotho, qui ont été touchés par la sécheresse. La production céréalière de 2004 (compris le riz exprimé en paddy) a été estimée à 21,9 millions de tonnes, soit une légère baisse par rapport à l’an dernier. Par conséquent, les besoins d’importations céréalières pour 2004/05 sont estimés à environ 7 millions de tonnes, soit 8 pour cent de plus que le volume importé l’an dernier. Les excédents de céréales en Afrique du Sud et en Zambie, ainsi que les échanges entre les autres pays, devraient permettre de couvrir ces besoins en grande partie par des circuits commerciaux, mais un volume important d’aide alimentaire d’urgence (environ 930 000 tonnes) sera néanmoins nécessaire. Pour la première fois, le PAM a lancé une Intervention prolongée de secours et de redressement (IPSR) à l’échelle régionale, d’une durée de trois ans, qui exigera 405 millions de dollars E.-U. et 656 573 tonnes de produits alimentaires, en vue d’aider les populations victimes de l’insécurité alimentaire et du SIDA dans la sous-région.

En Angola, les précipitations normales tombées à la fin octobre et les pluies abondantes au début novembre devraient favoriser les semis de la campagne principale. Toutefois, la superficie ensemencée au total pourrait se ressentir des pénuries d’intrants agricoles indispensables tels que semences, outils et puissance de traction, à moins que celles-ci ne soient surmontées. Suite à l'amélioration de la sécurité, bon nombre de personnes déplacées à l'intérieur du pays et de réfugiés ont regagné leur région d'origine.

La production céréalière de 2004 a été supérieure à la moyenne, mais elle ne pourrait couvrir que la moitié de la totalité des besoins de céréales du pays. L’analyse actuelle de la vulnérabilité indique que 334 000 personnes souffrent d’insécurité alimentaire et 717 000 sont fortement à risque. Une mission FAO/PAM d’évaluation des récoltes et des disponibilités alimentaires qui s’est rendue dans le pays en mai 2004 a estimé qu’environ 178 000 tonnes d’aide alimentaire en céréales seraient nécessaires pendant la campagne de commercialisation 2004/05 (avril/mars). Avec le début de la période de soudure, les prix du maïs étaient beaucoup plus élevés en septembre sur la plupart des marchés, par rapport à ceux enregistrés en août.

Au Lesotho, les semis de la campagne principale ont commencé en certains endroits. Les pluies tombées au début du mois d’octobre et du mois de novembre dans la moitié est du pays seront propices aux semis, mais globalement la campagne 2004/05 a connu des débuts difficiles. Du fait de la grave sécheresse qui a sévi en 2004, la situation des disponibilités alimentaires demeure très tendue. La plupart des besoins d’importations céréalières peut être assurée par voie commerciale, mais le manque de pouvoir d’achat d’une grande partie de la population entraîne un grave problème d’insécurité alimentaire. Les estimations révisées établissent les secours alimentaires nécessaires à environ 48 500 tonnes de céréales, destinés aux populations les plus vulnérables touchées par les mauvaises récoltes et le VIH/SIDA. Actuellement, le PAM fournit une aide alimentaire à 400 000 personnes par le biais de distributions générales et ciblées. Une nouvelle IPSR à l’échelle régionale visera environ 171 000 bénéficiaires.

À Madagascar, les précipitations normales à supérieures à la normale tombées en octobre/novembre ont favorisé les cultures de pommes de terres mises en terre en septembre et permis de procéder aux semis de maïs et de riz. Toutefois, à ce stade précoce, les perspectives globales de récolte sont indéterminées. La superficie consacrée au paddy aurait progressé en raison des prix élevés constatés actuellement. L’estimation officielle de la production de paddy pour 2004 s'établit à 3 millions de tonnes, soit une hausse de près de 8 pour cent par rapport à l'an dernier. La production de maïs atteindrait 170 000 tonnes, résultat moyen qui marque une augmentation d'environ 10 pour cent par rapport à la récolte réduite par la sécheresse de l'an dernier. Les effets du cyclone, l’augmentation du coût des importations pétrolières et le fléchissement des prix des principales exportations du pays, telles que la vanille et les crevettes, ont provoqué une grave insécurité alimentaire parmi les groupes vulnérables. La flambée des prix du riz (à titre d’exemple, les prix seraient passés de 4 500 MGF le kilo à la mi-novembre à 6 500 MGF le kilo le 23 novembre), due essentiellement à la hausse des cours mondiaux et à la dévaluation de la monnaie locale, a aggravé la situation de la sécurité alimentaire. Les importations de riz ont fortement reculé cette année. Le gouvernement a annoncé récemment qu’il importera 100 000 tonnes de riz. En juin, l’Union européenne a alloué 70 millions d’euros au plus grand projet qu’elle n’ait jamais mené en Afrique, visant à remettre en état le principal axe routier nord-sud. En octobre, le FMI a annoncé l’affectation de 16,6 millions de dollars E.-U. destinés à promouvoir la croissance économique et à atténuer la pauvreté.

Au Malawi, la préparation des sols est en cours pour les semis de la campagne principale en novembre-décembre. Jusqu’ici, quelques pluies sont tombées, notamment dans le sud, favorisant parfois des semis précoces de maïs. Dans l’ensemble, la situation des disponibilités alimentaires est satisfaisante, mais l’accès limité à la nourriture des familles à faible revenu, du fait de l’augmentation des prix des denrées de base, devient problématique. Sur la plupart des marchés, les prix en septembre et octobre 2004 se sont maintenus au-dessus des prix subventionnés par l’ADMARC à la même époque en 2003. Au cours de la période allant de juillet à octobre, 40 000 tonnes de maïs sont entrées au Malawi sous forme d’importations transfrontalières, pour l’essentiel en provenance du Mozambique (FEWSNET Malawi et IMCS). Cela a contribué à stabiliser les prix autour de 17 à 20 MK le kilo. Dernièrement, l'ADMARC a fixé le prix du maïs à 17 MK le kilo.

Une Mission FAO/PAM d’évaluation des récoltes et des disponibilités alimentaires qui s'est rendue dans le pays en avril 2004 a estimé la production céréalière de 2004 à 1,8 million de tonnes, soit une baisse d’environ 14 pour cent par rapport au résultat proche de la moyenne enregistré l’an dernier. Les besoins d’importations céréalières sont estimés au total à 408 000 tonnes et devraient être couverts en grande partie par des importations commerciales.

Le Comité national d’évaluation de la vulnérabilité (VAC) a estimé qu’environ 1,26 million de personnes vulnérables, y compris celles qui ont subi une perte de récolte et celles gravement touchées par le VIH/SIDA, auraient besoin d’une aide alimentaire d’urgence de l’ordre de 56 000 tonnes de céréales pendant la campagne de commercialisation 2004/05 (avril/mars). La flambée des prix du maïs devrait faire augmenter ce nombre.

Au Mozambique, les semis de la campagne principale ont été perturbés par les précipitations irrégulières en octobre et au début novembre. De ce fait, les perspectives préliminaires concernant la campagne 2004/05 sont mauvaises à ce stade. La production céréalière de 2004, estimée à environ 2 millions de tonnes (soit quelque 17 pour cent de plus que la moyenne et 11 pour cent de plus que la bonne récolte de l’an dernier) indique que la production agricole s’est constamment redressée ces dernières années. Malgré une production globalement satisfaisante à l’échelle nationale, le pays pourrait enregistrer un déficit d’environ 160 000 tonnes de céréales, en particulier dans le sud et en certains endroits du centre. Dans certaines régions, telles que les districts du sud de la province de Tete, les pointes nord et sud de la province de Manica et certaines localités des provinces du sud, les récoltes ont été réduites. Selon les indications de SIMA/MADER, les prix de détail du maïs sont stables sur la plupart des marchés et sont en général plus bas actuellement qu’à la même époque en 2003 et 2002. L’analyse de la vulnérabilité indique que quelque 187 000 personnes auront besoin de 49 000 tonnes de secours alimentaires pendant la campagne de commercialisation 2004/05, pour faire face aux conséquences des inondations/ sécheresse des années précédentes et au problème du VIH/SIDA.

Au Swaziland, les semis de la campagne principale ont été retardés en raison du temps sec qui a régné pendant la majeure partie du mois d’octobre et les récoltes s’annoncent incertaines. S’agissant de la sécurité alimentaire, la situation est grave dans l’ensemble du pays suite à la sécheresse qui a entraîné une chute de 30 pour cent du volume de céréales de la campagne principale récoltées en 2004. Avec un taux d’autosuffisance pour les céréales d’environ un tiers seulement, la population Swazi est en grande partie tributaire des importations vivrières. La Mission FAO/PAM qui s’est rendue dans le pays en avril/mai 2004 a estimé les besoins d’importations céréalières pour la campagne de commercialisation 2004/05 (mai/avril) à 132 000 tonnes environ, dont près de 100 000 tonnes devraient être importées par des voies commerciales. La Mission a aussi recommandé de fournir le solde (32 000 tonnes) sous forme d’aide alimentaire destinée aux plus vulnérables, soit 142 000 personnes, essentiellement pour atténuer les effets du VIH/SIDA et fournir un soutien direct aux ménages qui ne sont pas en mesure d’accéder aux denrées et aux intrants agricoles disponibles.

En Zambie, une pluviosité inférieure à la normale pendant les deux premières décades de novembre 2004 a été signalée dans la majeure partie du pays, sauf au nord qui a bénéficié de précipitations plus favorables. La préparation des sols est en cours dans l’attente des pluies pour les semis. Les prévisions à long terme indiquent que la campagne se déroulera normalement. Comme l’année dernière, le gouvernement applique son programme de subvention des engrais et des semences destiné à certains agriculteurs. Après deux bonnes récoltes consécutives, on signale que les prix du maïs sont inférieurs à la moyenne sur dix ans (FEWSNET). La production céréalière de 2004, estimée à 1,37 million de tonnes, marque une augmentation de 1 pour cent par rapport à la récolte exceptionnelle de l’an dernier et d’environ 23 pour cent par rapport à la moyenne des cinq dernières années. Compte tenu de l'utilisation intérieure totale et des stocks de report importants, on s’attend à un excédent exportable d’environ 150 000 tonnes pendant la campagne de commercialisation 2004/05. Selon le Ministère de l'agriculture et des coopératives, la superficie consacrée au manioc mature a progressé de 47 pour cent, passant de 140 251 hectares en 2002/03 à 206 051 hectares en 2003/04, d'où une augmentation de 46 pour cent de la production, qui s'établit à environ 1,4 million de tonnes.

Au Zimbabwe, malgré quelques précipitations enregistrées en octobre dans le centre et le nord-est du pays, le gros des semis ne devrait pas encore être entrepris, suite à la recommandation des services météorologiques du pays. Comme c’est le cas depuis plusieurs années, les agriculteurs devraient connaître des pénuries de semences, d’engrais, de carburant, de pièces détachées et de puissance de traction.

Selon les rapports, les achats de maïs par l'Office national de commercialisation des céréales ont été beaucoup plus faibles que prévu. Selon les indications de FEWSNET, cette année le prix moyen du maïs après la récolte en avril était nettement plus élevé que d'habitude, à savoir de 5 000 à 8 000 dollars zimbabwéens le boisseau (équivalant à 18 kg). Les prix ont flambé en octobre, se situant entre 10 000 et 20 000 dollars zimbabwéens le boisseau aussi bien du fait de l’inflation galopante que de la pénurie de céréales sur les marchés. Ainsi, l’inflation galopante, bien qu’en baisse constante, a été estimée à 251,5 pour cent par an en septembre 2004. Cette inflation, associée aux taux très élevés de chômage, limite considérablement l'accès à la nourriture des catégories de population les plus vulnérables. Selon le Comité d'évaluation de la vulnérabilité, environ 2,3 millions de personnes en zones rurales - et peut-être autant dans les villes - ne pourront pas satisfaire à leurs besoins alimentaires.

S’agissant de la région du Sahel de l’Afrique de l’Ouest, des missions conjointes FAO/CILSS/PAM d’évaluation des récoltes et des disponibilités alimentaires se sont rendues au Mali, en Mauritanie, au Niger et au Sénégal en octobre dernier afin d’évaluer l’impact de l’invasion de criquets pèlerins sur la production vivrière dans les pays les plus touchés. Les cinq autres pays membres du CILSS (Burkina Faso, Cap-Vert, Gambie, Guinée-Bissau, Tchad) ont reçu la visite de missions conjointes FAO/CILSS. FEWSNET a participé à certaines de ces missions. Les rapports de mission devraient être publiés à la mi- ou à la fin décembre. Dans l’ensemble, la production agricole des neuf pays du CILSS devrait être proche de la moyenne quinquennale, bien que les effets conjugués de la sécheresse et des acridiens aient causé des dégâts localisés considérables aux cultures et aux pâturages dans de nombreuses communautés rurales, en particulier dans les zones septentrionales de la plupart des pays. La situation d’un pays à l’autre est assez contrastée.

Au Burkina Faso, la production céréalière de cette année est provisoirement estimée à 3,06 millions de tonnes, soit quelque 14 pour cent de moins que la récolte record rentrée en 2003 mais toujours au-dessus de la moyenne des cinq années précédentes. La production de sorgho, principale culture céréalière, a diminué de 8 pour cent pour passer à 1,48 million de tonnes. Celles de mil et de maïs ont reculé de 26 pour cent et de 11 pour cent respectivement, tombant à 881 000 tonnes et 594 400 tonnes. La production de fonio a augmenté de quelque 22 pour cent, s’établissant à près de 11 000 tonnes. Le temps sec et l’infestation de criquets pèlerins ont provoqué des dégâts considérables aux cultures et aux pâturages au nord, à proximité de la frontière avec le Mali. La province de Oudalan a été la plus durement touchée, avec des pertes de récolte estimées à près de 100 pour cent pour le mil et à 80 pour cent pour les pâturages. Dans le nord, quelque 98 villages seraient vulnérables, tandis que dans le centre-nord, les estimations établissent le recul de la production entre 30 pour cent et 50 pour cent.

Ce recul de la production ne devrait toutefois pas compromettre gravement les disponibilités alimentaires nationales. Les importations commerciales de céréales pour la campagne de commercialisation se terminant en octobre 2005 devraient augmenter, passant à 217 000 tonnes environ, (180 000 tonnes de riz et 37 000 tonnes de blé). Les importations céréalières commerciales en 2003/04 ont été estimées à quelque 131 000 tonnes.

Au Cap-Vert, du fait du démarrage tardif de la saison des pluies, qui a retardé les semis, puis de l’irrégularité des précipitations ainsi que des infestations de criquets pèlerins, les conditions de végétation du maïs, qui est l’unique culture céréalière, ont été mauvaises dans la plupart de l’île. Une Mission FAO/CILSS a estimé la production de maïs à quelque 4 042 tonnes, sur l’île de Santiago essentiellement (plus de 50 pour cent). Ce volume représente seulement un tiers de la production de l’an dernier et est proche des récoltes rentrées en 1997 et 1998. La production de haricots et de pommes de terre sera aussi inférieure à la normale. Bien que même dans les bonnes années, le pays importe le gros de ses besoins de consommation, la population rurale, en particulier dans les zones semi-arides, pourrait être durement touchée par le déficit de production.

Au Tchad, une Mission conjointe FAO/CILSS/FEWSNET a estimé provisoirement la production céréalière de 2004/05 à 1,038 million de tonnes. Ce volume représente environ un tiers de moins que la bonne production de l’an dernier. Selon les estimations, la production de sorgho et de mil, qui sont les principales cultures, aurait baissé de 30 pour cent et de 43 pour cent respectivement, passant à 0,4 million de tonnes et 0,3 million de tonnes. Ce recul de la production s’explique essentiellement par l’insuffisance des précipitations en septembre en certains endroits de la zone sahélienne. Les pertes dues à l’infestation de criquets pèlerins ne sont pas significatives.

En Côte d’Ivoire, l’escalade de la violence a poussé entre 19 000 et 20 000 personnes à se réfugier au Libéria depuis le début du mois d’octobre, ce qui a mis à rude épreuve le gouvernement, les organismes humanitaires et les communautés d’accueil. Selon le HCR, les réfugiés sont éparpillés dans une vingtaine de villages dans une région très isolée du Libéria et de l’eau potable, des vivres et des médicaments sont nécessaires de toute urgence. En outre, près de 9 000 étrangers, pour la plupart des Français, ont été évacués de Côte d’Ivoire depuis octobre. En dépit de conditions météorologiques globalement favorables, on ne s’attend pas à un fort redressement de la production agricole cette année, du fait de l’insécurité persistante, des déplacements de population entraînés par le conflit et de la division prolongée du pays, qui continuent d’entraver la distribution d’intrants et les activités commerciales. La sécurité alimentaire de nombreux ménages reste perturbée par le bouleversement de leurs moyens de subsistance, en particulier dans l’ouest et le nord du pays. En outre, les pertes de revenus sont significatives pour les petits exploitants qui produisent des cultures de rapport. La production de coton en 2003/04 a été estimée à 230 000 tonnes, soit environ moitié moins que le niveau de l’année précédente, et la commercialisation de ce produit a été gravement perturbée. L’industrie sucrière est au bord de la ruine, car trois des quatre zones productrices de canne à sucre et les usines de transformation se trouvent dans le nord et ont été durement touchées par la crise.

En Guinée, les précipitations ont été adéquates dans l’ensemble et l’on escompte une récolte supérieure à la moyenne. Le rapatriement des Sierra-léoniens réfugiés en Guinée s’est terminé à la fin juillet. Environ 12 170 personnes ont été rapatriées cette année, portant à environ 56 000 le nombre de réfugiés qui ont été rapatriés depuis le début de l’opération en octobre 2001. Le retour de la paix en Sierra Leone a entraîné une diminution du nombre de réfugiés originaires de ce pays, mais la Guinée accueille toujours de nombreux réfugiés. Selon le recensement effectué par le PAM en juin, 80 806 réfugiés vivent toujours dans le pays (dont 73 840 originaires du Libéria, quelque 3 980 de la Côte d’Ivoire et plus de 1 830 de Sierra Leone), en sus de près de 80 000 PDI et de plus de 100 000 personnes rapatriées de Côte d’Ivoire en 2002 en Guinée Forestière.

En Guinée-Bissau, une Mission FAO/CILSS d’évaluation des récoltes a estimé la production céréalière totale de 2004 à quelque 208 000 tonnes, soit 72 pour cent de plus que le niveau de l’an dernier. Le riz, qui est la principale culture, devrait progresser de 92 pour cent, passant à 127 000 tonnes. Les importations commerciales en 2004/05 (novembre/octobre) devraient s’élever à 50 000 tonnes de riz et 15 000 tonnes de blé. Les marchés vivriers étant bien approvisionnés, les prix des céréales sont inférieurs à ceux pratiqués à la même époque l’an dernier.

Au Libéria, la crise en Côte d’Ivoire a entraîné l’afflux de plus de 19 000 réfugiés, selon les autorités libériennes. Avec la fin de la guerre civile et le retour consécutif de nombreux agriculteurs déplacés, la production agricole devrait se redresser quelque peu en 2004 par rapport au très bas niveau de l'an dernier; cependant, on signale que la pénurie de semences et d'outils empêche la plupart des agriculteurs de commencer les travaux agricoles. Depuis le 1er octobre, le HCR a organisé le rapatriement de plus de 300 000 réfugiés libériens éparpillés à travers l’Afrique de l’Ouest. Le programme de désarmement des Nations Unies s’est achevé officiellement le 31 octobre, comme prévu. Au 6 novembre, plus de 96 325 ex-combattants avaient rendu les armes et quelque 85 240 ont été démobilisés depuis décembre 2003. À la suite de l'amélioration de la sécurité, le PAM a élargi ses activités à d'autres endroits du pays, outre la capitale Monrovia. Toutefois, cette institution fait face à un sérieux manque de ressources et est contraint, depuis juin, de distribuer des rations réduites aux réfugiés, personnes rapatriées et PDI qui bénéficient de son aide dans le pays, soit approximativement 500 000 personnes.

Au Mali, selon la Mission FAO/PAM/CILSS d’évaluation des récoltes et des disponibilités alimentaires qui s’est rendue dans le pays en octobre, les pertes de récolte les plus importantes dues aux acridiens ont touché le mil (37 000 tonnes), les doliques (3 000 tonnes) et le sorgho (9 000 tonnes). Bien que les pertes soient considérables dans les zones touchées, elles n'ont pas de répercussions majeures au niveau national du fait des bons résultats enregistrés dans les grandes régions agricoles du sud. Tandis que la production de céréales de 2004/05 devrait être inférieure au volume record de l’an dernier, elle sera proche de la moyenne quinquennale. La production intérieure devrait couvrir la majeure partie des besoins d’utilisation de céréales, mais de nombreuses familles d’exploitants auront besoin d’une aide alimentaire ainsi que de semences et d’autres intrants pour les cultures de contre-saison, voire pour la prochaine campagne principale.

En Mauritanie, la situation des approvisionnements vivriers est très préoccupante. La Mission d’évaluation des récoltes et des disponibilités alimentaires qui s’est rendue dans le pays du 17 au 30 octobre a estimé la production céréalière de 2004 à quelque 101 192 tonnes, soit une baisse d’environ 44 pour cent par rapport à l’an dernier et 36 pour cent de moins que la moyenne des cinq dernières années. Ce recul s’explique par la sécheresse et les infestations généralisées de criquets pèlerins qui ont causé de graves dégâts aux cultures et aux pâturages dans tout le pays. Les cultures diéri (pluviales), qui représentent normalement approximativement 30 pour cent de la récolte céréalière totale du pays, ont été gravement touchées par les acridiens et la sécheresse. Les pertes de mil, de sorgho précoce et de légumineuses étaient pratiquement totales dans les zones inspectées par la mission. La mission a estimé que 30 pour cent de la production de riz dans le secteur de l’irrigation à grande échelle – qui représente plus de 90 pour cent de la production rizicole et 50 pour cent de la production intérieure de céréales ces dernières années – ont été ravagés par les criquets pèlerins, mais les agriculteurs craignaient des pertes beaucoup plus importantes si les essaims étaient encore présents au stade de formation des grains. Les pâturages ont été durement touchés et la migration des troupeaux vers le sud a commencé précocement. Le pays a connu plusieurs années de sécheresse et de mauvaises récoltes, et les Mauritaniens ont épuisé les possibilités de faire face à cette situation. L’accès à la nourriture est difficile pour des milliers de ménages ruraux et la situation s’aggravera début 2005 si des mesures appropriées ne sont pas prises pour aider les communautés touchées. Le pays pourrait replonger dans une crise alimentaire analogue à celle qu’il a connue en 2002/03.

Au Niger, l’arrivée précoce des pluies en septembre a compromis les cultures céréalières et les pâturages et contribué à l’invasion des superficies cultivées par les criquets pèlerins. Dans la région de Tahoua, sur 205 villages, environ 125 ont signalé des dégâts aux cultures dus aux acridiens. La Mission conjointe FAO/CILSS/PAM d’évaluation des récoltes et des disponibilités alimentaires a estimé provisoirement la production céréalière de 2004 à 3,14 millions de tonnes, ce qui représente une baisse de 12 pour cent par rapport à la bonne récolte de l’an dernier, mais est proche de la moyenne des cinq années précédentes. Toutefois, du fait de la chute de la production céréalière, on estime que quelque 3,6 millions de personnes pourraient connaître des pénuries alimentaires. En 2003, la population à risque était estimée à 1,58 million de personnes.

Au Sénégal, la Mission FAO/CILSS/PAM d’évaluation des récoltes et des disponibilités alimentaires a estimé la production céréalière de 2004 à quelque 1 132 700 tonnes, ce qui représente une baisse de 22 pour cent par rapport à la récolte record de l’an dernier (1,4 million de tonnes) mais est proche de la moyenne quinquennale. La production de mil, qui est importante, devrait baisser de 40 pour cent pour passer à quelque 379 166 tonnes, tandis que celle de sorgho a reculé de 30 pour cent par rapport à l’année précédente. Ce recul s’explique par la pluviosité insuffisante, associée aux graves infestations de criquets pèlerins en plusieurs endroits du nord et du centre, notamment dans les régions de Matam, Saint-Louis, Thiès, Diourbel et Louga. En revanche, la production d’arachides, principale culture de rapport, progressera de 28 pour cent du fait du remplacement du mil et du sorgho par cette culture et de la reconduite de plusieurs programmes menés par le gouvernement en faveur de l’agriculture, notamment la subvention des semences de maïs et d’arachides et des engrais. En outre, les principales zones productrices d’arachides ont été épargnées par les criquets pèlerins et ont bénéficié d’une pluviosité adéquate.

Les prix du mil ont grimpé fortement depuis septembre dans les régions touchées. Les besoins d’importations céréalières, estimés à 952 000 tonnes au total, (principalement blé et riz) devraient être couverts par des circuits commerciaux, mais les prix du mil devraient néanmoins rester élevés. Outre l’aide alimentaire destinée aux populations les plus touchées, de nombreuses familles d’agriculteurs auront besoin de semences et d’autres intrants pour les cultures de contre-saison, voire pour la prochaine campagne principale. Les catégories pastorales et semi-pastorales ont été particulièrement durement touchées. Les ressources en pâturages et en eau étant rares, la migration des troupeaux vers le sud a commencé de manière précoce, ce qui pourrait susciter des confrontations. Des mesures urgentes doivent être prises pour établir des couloirs de passage sûrs pour le bétail et pour vacciner les animaux en route pour les pâturages du sud.

En Sierra Leone, la production de riz devrait encore augmenter cette année, du fait de l’amélioration de la sécurité, de la progression de la superficie ensemencée à la suite du retour des réfugiés et des agriculteurs auparavant déplacés, ainsi que des meilleures disponibilités d’intrants agricoles. Le rapatriement des Sierra-léoniens réfugiés en Guinée s’est achevé à la fin juillet. Environ 12 170 personnes ont été rapatriées cette année, portant à environ 56 000 le nombre de réfugiés rapatriés depuis le début de l’opération en octobre 2001. On estime en outre qu’un million de personnes déplacées à l’intérieur du pays ont été réinstallées. Toutefois, 65 000 réfugiés libériens vivent toujours dans le pays.

En Gambie, les précipitations insuffisantes au début de la saison des pluies ont été suivies de précipitations adéquates et généralisées pendant le reste de la campagne de végétation. La Mission conjointe FAO/CILSS qui s’est rendue dans le pays à la fin octobre a estimé provisoirement la production céréalière de 2004 à 239 000 tonnes, niveau record qui marque une hausse d’environ 12 pour cent par rapport à la bonne récolte de l’an dernier et se situe bien au-dessus de la moyenne des cinq années précédentes. Malgré les infestations de sauteriaux, de méloïdés et de striga signalées dans plusieurs régions, les dégâts aux cultures ont été généralement limités. S’agissant des criquets pèlerins, la situation reste calme. Du fait de la récolte exceptionnelle, notamment les bons résultats concernant les arachides, la situation des disponibilités alimentaires devrait être satisfaisante cette année. Avec l’arrivée des nouvelles récoltes sur les marchés, les prix des céréales secondaires ont baissé. Les prix du maïs, du mil et du sorgho ont reculé de 22 pour cent, 25 pour cent et 28 pour cent, respectivement, par rapport à la même époque l’an dernier.

En Afrique centrale, les troubles civils et l’insécurité continuent de saper la sécurité alimentaire de plusieurs pays.

Au Burundi, les semis des cultures vivrières de la campagne principale 2004/05 entrepris en septembre ont été compromis par l’insuffisance des pluies pendant la deuxième décade de ce mois. Il pourrait donc y avoir des réensemencements, ce qui entraînerait un chevauchement des campagnes A et B de 2005 en février-mars. Selon les estimations, la production céréalière totale de 2004 atteindrait 280 000 tonnes environ, soit 3 pour cent environ de plus que l’an dernier. Il convient de noter toutefois que la production vivrière totale reste en dessous de la moyenne d’avant la guerre civile (1988–1993).

Selon les rapports, l’insécurité continue de régner en certains endroits du pays, ce qui perturbe les activités de rapatriement et de réinstallation des réfugiés. Selon les estimations du HCR, quelque 220 000 réfugiés burundais sont rentrés au pays depuis 2002, mais la situation s’est compliquée avec l’afflux dans le nord-ouest du Burundi de nouveaux réfugiés – dont le nombre atteindrait plus de 25 000 - en provenance de l’est de la République démocratique du Congo. En outre, du fait des violents affrontements qui se sont produits récemment dans les communes rurales de Kabezi et Mutambu, 50 000 civils auraient été déplacés, selon l’organisation Human Rights Watch.

En République centrafricaine, malgré les bonnes conditions météorologiques et les distributions de semences, on ne s’attend pas à une forte reprise de l’agriculture cette année, du fait de l’insécurité persistante. Bien que la plupart des 230 000 PDI aient regagné leur foyer, on estime que 41 000 réfugiés originaires de la République centrafricaine vivent toujours au Tchad.

Au Congo, à la suite de l'accord de paix conclu entre le gouvernement et les rebelles en mars 2003, le gouvernement et plusieurs organisations internationales ont mis en place un programme de désarmement, de démobilisation et de réintégration à l'intention des anciennes milices. Les 3 250 personnes déplacées qui vivaient encore dans des camps près de Brazzaville sont rentrées chez elles à la mi-avril. Toutefois, la sécurité reste précaire et entrave l'aide humanitaire. Le PAM fait face à une grave pénurie de ressources, son programme des deux dernières années n'ayant été financé qu'à hauteur de 46 pour cent seulement, tandis qu'aucune contribution n'a été engagée pour le nouveau programme.

En République démocratique du Congo (RDC),les semis de maïs de la campagne principale ont été effectués en septembre-octobre 2004 alors que les précipitations étaient supérieures à la moyenne. La récolte des cultures vivrières de la campagne secondaire (principalement maïs) de 2004 est achevée. On ne dispose pas encore d’estimations, mais les données tirées des images satellite montrent que la production devrait être proche de la normale. L’amélioration relative de la sécurité et l’aide fournie aux personnes déplacées à l’intérieur du pays et aux réfugiés de retour chez eux devraient avoir des incidences positives. Toutefois, les affrontements violents qui ont eu lieu à l’est du pays, en particulier dans les zones limitrophes de la province de Kivu et aux environs de Bukavu, donnent matière à préoccupation. Ainsi, l’insécurité continue d’entraver considérablement la production vivrière et la sécurité alimentaire.

Au Rwanda, le temps généralement sec a compromis les semis des cultures vivrières de la campagne principale 2004/05 effectués en septembre-octobre, et les perspectives préliminaires concernant les cultures de la campagne A de 2005 sont mauvaises. S’agissant de la production totale de 2004 (campagnes A et B), toutes céréales confondues, les estimations s’élèvent à 266 000 tonnes environ, résultat analogue à la moyenne des cinq dernières années mais légèrement inférieur à la production de l’an dernier. Les besoins d’importations céréalières, de l’ordre de 230 000 tonnes, devraient être couverts pour l’essentiel par des importations commerciales.

De 250 000 à 400 000 personnes environ victimes d'insécurité alimentaire chronique dans les districts les plus vulnérables auront besoin de 15 000 à 25 000 tonnes d'aide alimentaire jusqu'à la fin de cette année. 

LE POINT SUR LES ANNONCES ET LES LIVRAISONS D’AIDE ALIMENTAIRE

Les besoins d’importations céréalières pour l’Afrique subsaharienne devraient demeurer élevés en 2004 mais être toutefois inférieurs à ceux de l’an dernier. Les dernières estimations du SMIAR concernant la production de 2003 et les besoins d’importations et d’aide alimentaire pour 2003/04 sont résumées aux tableaux 1 et 3. Les besoins d’aide alimentaire devraient s’élever au total à 3,1 millions de tonnes, contre 4,0 millions de tonnes reçues en 2002/03. Les annonces d’aide alimentaire en céréales pour 2003/04, y compris les reports de 2002/03, représentent 3,3 millions de tonnes, dont 2,8 millions de tonnes ont été livrées à ce jour.


FAO/SMIAR - décembre 2004

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