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4. RECOMMANDATIONS

Bien que la plupart des recommandations qui peuvent être émises à l'issue de ce projet figurent par anticipation et en application directe dans les dispositions pratiques prévues par le prochain projet de développement des pêches et de l'aquaculture, il paraît utile de souligner certaines d'entre elles, parmi les plus importantes:

Infrastructure Piscicole

Malgré le renforcement des stations piscicoles réalisé dans ce programme ou prévu dans le projet futur, l'infrastructure piscicole de l'Etat restera à long terme, encore bien insuffisante à elle seule pour satisfaire les besoins en fournitures d'alevins dont les demandes pourraient alors atteindre plusieurs centaines de millions d'unités, si seulement 25 pour cent des rizières irriguées étaient empoissonnées. C'est assez souligner l'importance de l'avenir de cette industrie, et le rôle pilote primordial que doivent jouer les centres piscicoles de l'Etat pour sensibiliser et promouvoir l'initiative privée dans ce domaine (Fokonolona, etc.).

Pour parvenir à ce but, le projet recommande aux instances gouvernementales concernées, de prendre les dispositions adéquates auprès des organismes de financement et de prêts (Banques), de manière à faciliter l'accès au crédit à faible taux d'intérêts, à ce secteur particulier qui pourrait concerner plusieurs centaines d'entreprises piscicoles productrices d'alevins, dont le rôle socio-économique en milieu rural rizicole n'est plus à démontrer.

Technique de Reproduction et d'Alevinage

Bien que des résultats remarquables aient été obtenue au cours de ce projet dans l'amélioration de la reproduction naturelle de la Carpe et de l'alevinage, les stations piscicoles restent encore très loin de leur niveau optimum de production qu'elles pourraient et devraient atteindre en appliquant des techniques plus avancées, dont notamment la reproduction induite, l'incubation des oeufs et l'élevage des larves à vésicule résorbée, en laboratoire, les mettant ainsi parfaitement à l'abri des prédateurs pendant leur période la plus critique de vulnérabilité, et ce, pendant deux semaines environ, en les nourrissant au moyen de plancton à produire ou à recueillir. Cette technique ne supprime pas l'alevinage, mais elle présente l'énorme avantage de mettre dans les étangs des alevins robustes, sachant déjà bien nager et capables alors d'échapper à la plupart de leurs ennemis.

Expansion des Pêches, Production et Exploitation, Approvisionnement en Matériels

L'expansion des pêches dans les eaux naturelles dépend avant tout des stocks disponibles et des moyens d'exploitation dont disposent les pêcheurs; des connaissances et compétences techniques de ces derniers, ainsi que des moyens de valoriser convenablement leur production par une évacuation immédiate et facile du poisson frais, vivant ou glacé, ou une évacuation ultérieure impliquant des moyens de traitement, de conservation et de stockage des produits (froid, séchage-fumage).

Or tout comme les pêcheurs marins, les pêcheurs continentaux ne disposent que d'engins médiocres ou rudimentaires. La question primordiale de l'organisation de l'approvisionnement en matériels et équipements de pêche améliorés (production - exploitation), se pose dans ce secteur avec autant d'acuité que pour les pêches maritimes; il en va de même pour l'accès au crédit à l'équipement, notamment pour les associations de pêcheurs qui devraient disposer de moyens collectifs de production plus avancés ou d'installations particulières de traitement, conservation, stockage et transport du poisson.

Les recommandations spécifiques émises dans ce rapport à propos du secteur de la pêche maritime (référence 2.2 - Recommandations/Pêche artisanale ou piroguière traditionnelle), sont tout aussi valables pour le secteur équivalent des pêches continentales. Le project souligne une fois encore ici, toute l'importance de l'application de ces recommandations dans leur ensemble et dans les meilleurs délais.

Commercialisation

Le futur projet posera les bases d'une infrastructure commerciale moderne et rationnelle, visant à protéger les intérêts respectifs des producteurs et des consommateurs. Ces interventions vont bousculer les traditions d'ordre socio-économique existant jusqu'alors entre des collectivités de pêcheurs réputés extrêmement individualistes d'une part, et la corporation des collecteurs-mareyeurs d'autre part, dont on connaît l'âpreté au gain.

Afin d'assurer le plein succès de l'opération future envisagée dont la portée socio-économique sera des plus importantes, le projet recommande de procéder à une préparation idéologique préalable et minutieuse des collectivités concernées, à l'initiative des services locaux d'encadrement technique et administratif, de manière à concilier par avance, les intérêts divergeants sinon opposés des uns et des autres.

Division Pêche et Pisciculture - Personnel et Budget

Jusqu'alors, la Division Pêche et Pisciculture ne dispose ni des cadres suffisants, ni du budget nécessaire au fonctionnement de ses activités grandissantes. Pour assumer entièrement son rôle principal de promoteur de la production piscicole auprès des masses rurales et des pêcheurs, un support en personnel compétent ainsi qu'un appui financier beaucoup plus important lui sont indispensables.

Pour réussir les opérations pilotes envisagées à court terme, les consolider à moyen terme et les élargir à tout le pays à plus long terme, il conviendrait de relever sérieusement le niveau technique des responsables des stations piscicoles principales, former des cadres de vulgarisation des pêches qui soient capables à leur tour de former les pêcheurs en eaux douces, dont les connaissances et compétences techniques, faute de longues traditions, sont restées très limitées; sur le plan conception et maîtrise, la décentralisation effective des services techniques et administratifs implique la mise en place dans chaque Province d'un Ingénieur des Eaux et Forêts spécialisé en pêche et pisciculture, assisté d'adjoints techniques compétents (donc également spécialisés) pour l'exécution du programme de développement des pêches, de la pisciculture et de la rizipisciculture.

Le personnel de conception (Ingénieur E et F) devrait recevoir une formation beaucoup plus spécialisée, du type ingénieur en sciences et industries halieutiques; ce genre d'instruction spécifique est dispensée aux Facultés de Rennes, et le Gouvernement pourrait vraisemblablement obtenir les bourses d'études nécessaires auprès du Fonds d'Aide et de Coopération (F.A.C./France) dans les toutes prochaines années, et si possible dès l'année académique 1977–78. Il conviendrait dans ce domaine, de faire connaître dès à présent aux étudiants de l'Enseignement Supérieur et Moyen (Agriculture-Elevage-Eaux et Forêts) les prochaines possibilités d'affectation en Pêche et Pisciculture, de manière à susciter leur intérêt vers ce secteur pour lequel ils recevraient une formation particulière; parallèlement, planifier les bourses d'études à leur octroyer, indépendamment de celles offertes par le prochain projet, celles-ci étant principalement des bourses de perfectionnement s'adressant à des cadres ayant déjà une formation piscicole de base.

Enfin, ces personnels chargés de promouvoir la production piscicole par la formation pratique et l'organisation des pêcheurs, la vulgarisation de techniques de pêche nouvelles et améliorées, l'impulsion à donner aux milieux ruraux pour les orienter vers la rizi-pisciculture ou la pisciculture familiale (avec ou sans élevages associés), le développement de l'aquaculture côtière, l'amélioration des méthodes de traitement et de commercialisation du poisson, devraient disposer d'un budget minimum annuel de fonctionnement que le projet estime à cinq fois celui accordé jusqu'alors à la Division Pêche et Pisciculture.


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