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4. DISTRIBUTION ET BIOLOGIE DE BALISTES CAPRISCUS

Balistes capriscus est un élément du faciès côtier de la communauté à sparidés (Longhurst, 1969). Au cours de la campagne de chalutage dans le golfe de Guinée (GTS, 1963-64), l’espèce a été rencontrée régulièrement, mais en faible quantité, dans trois secteurs, à savoir sur les fonds durs situés respectivement au large de la Guinée, du Ghana et du Gabon. A partir de 1970 la population ghanéenne s’est accrue de façon considérable au point de devenir l’élément dominant de la faune benthique, alors qu’en 1969 et 1970 les balistes ne représentaient que trois pour cent de la biomasse sur une radiale visitée tous les mois au droit de Tema. L’extension s’est faite à la fois vers l’ouest, où elle affecte les deux tiers du plateau continental ivoirien, et vers l’est où les balistes ont été signalés au Togo, au Bénin et au Nigéria jusqu’à l’embouchure de la rivière Dodo (5°40’E - 4°50’N). Un phénomène analogue s’est produit au large de la Guinée, mais on ne signale rien de semblable devant le Gabon. La biomasse estimée par écho-intégration sur le plateau continental ghanéen en 1976 a été de 68 300 tonnes (campagne Fiolent). En février 1978, une campagne de chalutage (Chalci I) a permis d’estimer à 8 000 tonnes (soit plus du quart de la biomasse benthique totale) la biomasse de baliste sur l’ensemble du plateau continental ivoirien.

Des études sur la biologie du baliste ont été entreprises à partir de 1976 au Ghana où l’espèce est commercialisée (Ansa-Emmim, annexe 3), et en Côte-d’Ivoire où les balistes sont rejetés. Les prises ghanéennes de baliste, effectuées essentiellement par les chalutiers côtiers (8-12 m), sont passées de 3 031 tonnes en 1972 à 8 826 tonnes en 1976. Les balistes représentent 80-90 pour cent des captures de cette catégorie de bateaux de pêche (annexe 3).

Simultanément à l’apparition du baliste, on a observé des modifications considérables de la répartition des biomasses benthiques. Sur la figure 3, nous donnons la répartition de la biomasse moyenne annuelle déduite de prospections systématiques sur la radiale Bassam (Côte-d’Ivoire) en 1966-67 (Troadec et al., 1969). Cette biomasse passe par un premier maximum à 35 m, présente un minimum entre 40 et 60 m, puis un second maximum de 80 à 100 m. Cette répartition des biomasses correspond assez bien à la distribution différentielle des communautés à sciaenidés et à sparidés en fonction de la profondeur (figure 4).

Fig. 3: Radiale Bassam (Côte-d’Ivoire): Biomasse moyenne annuelle (1966-67) en fonction de la profondeur (d’après Troadec et al., 1969)

Fig. 4: Radiale Bassam (Côte-d’Ivoire): Biomasse annuelle moyenne (1966-67) des principales espèces en fonction de la profondeur (d’après Troadec et al., 1969)

Sur la figure 5 nous avons reporté la répartition des biomasses sur cette même radiale, lors de la campagne Bassam 19 (février 1967) d’une part, et de la campagne Chalci I (février 1978), d’autre part. Alors qu’en 1967 la distribution des biomasses est typiquement bimodale; et qu’il n’y a pas de baliste, en 1978 il n’y a qu’un seul maximum entre 40 et 60 m, dû essentiellement aux balistes et paraissant coïncider avec la niche écologique occupée par des espèces eurybathes semipélagiques comme Brachydeuterus auritus.

Fig. 5: Biomasse des espèces démersales sur la radiale Bassam (Côte-d’Ivoire) en février 1967 (Bassam 19; d’après Troadec et al., 1969) et en février 1978 (Campagne CHALCI I; données CRO) - (a) avec baliste

Fig. 5: Biomasse des espèces démersales sur la radiale Bassam (Côte-d’Ivoire) en février 1967 (Bassam 19; d’après Troadec et al., 1969) et en février 1978 (Campagne CHALCI I; données CRO) - (b) sans baliste

Peu de choses sont encore connues sur la biologie de Balistes capriscus. Les premières observations ont été faites en 1972 et 1973 au Togo par Beck (1974): les jeunes (8-12 cm) sont pélagiques. Les individus de 17 à 20 cm sont planctonophages et ceux de taille supérieure ont un régime alimentaire beaucoup plus varié. Beck a également note la présence de balistes en reproduction en novembre 1973 et l’absence totale de reproduction en septembre, octobre et janvier. Ansa-Emmim (annexe 3) signale que les stades de maturité les plus avancés s’observent en fin d’année. Il indique que les variations saisonnières de disponibilité sont accusées et que les rendements des chalutiers diminuent de façon considérable en saison froide, ce qui a également été remarqué en Côte-d’Ivoire lors de la campagne Chalci II (août 1978).

En l’absence de données satisfaisantes sur la répartition et la biologie de l’espèce, le Groupe recommande:

- de suivre autant que possible les biomasses soit a l’aide des statistiques commerciales lorsqu’elles sont représentatives de l’abondance, soit à l’aide de prospections spéciales (chalutage, écho-intégration);

- de préciser dans l’espace l’extension du phénomène et

- d’intensifier les études sur la biologie de cette espèce, en particulier celles des contenus stomacaux pour toutes les gammes de taille et pour des saisons différentes, afin de préciser les liaisons trophiques avec les autres espèces.


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