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7. EVALUATIONS


7.1 Côte-d’Ivoire
7.2 Ghana - Togo - Bénin
7.3 Nigéria - Cameroun - Guinée équatoriale
7.4 Gabon - Congo - Angola (Cabinda) - Zaïre

7.1 Côte-d’Ivoire

Les données disponibles (tableau 9) sur la pêche chalutière ont permis l’utilisation de deux modèles globaux pour l’ensemble du plateau continental ivoirien, l’un pour la période 1959-70, le second pour la période 1972-77 caractérisée par des modifications notables de l’écosystème en liaison avec la prolifération des balistes (figure 6a).

Tableau 9

PRISE (TONNES), EFFORT (HEURES DE PECHE) ET PUE (kg/HEURE DE PECHE) STANDARDISES DES CHALUTIERS EN COTE-D’IVOIRE (CAVERIVIERE, SOUS PRESSE)

A) 10-120 m CHALUTIERS + CREVETTIERS

ANNEE

1959

1960

1961

1962

1963

1964

1965

1966

1967

1968

1969

1970

1971

1972

1973

1974

1975

1976

1977

PRISE

8000

8500

10200

11500

9600

6600

8300

8890

7730

8350

7650

7060

5560

6430

5530

5550

5320

5090

6130

EFFORT

49690

52800

54550

74190

84210

43710

53900

62170

52950

51540

59300

44970

33490

48710

45700

37760

34320

32840

39550

P.U.E.

161

161

187

155

114

151

154

143

146

162

129

157

166

132

121

147

155

155

155


B) 10-50 m CHALUTIERS + CREVETTIERS
(Estimation)

ANNEE

1966

1967

1968

1969

1970

1971

1972

1973

1974

1975

1976

1977

PRISE

8340


7310

5810

5720

4680

5070

3880

4050

4130

4390

4370

EFFORT

56760

(47130)

45150

45360

36420

28540

39940

32310

28130

26490

28340

29150

P.U.E.

147


162

128

157

164

127

120

144

156

155

150


C) 50-120 m CHALUTIERS + CREVETTIERS
(Estimation)

ANNEE

1966

1967

1968

1969

1970

1971

1972

1973

1974

1975

1976

1977

PRISE

540


1060

1810

1280

880

1370

1690

1470

1170

680

1740

EFFORT

5410

(5820)

6390

13940

8540

4960

8770

13390

9630

7830

4500

10400

P.U.E.

100


166

130

150

177

156

126

153

149

152

167


Fig. 6a: Plateau ivoirien: courbes de prise équilibrée pour la tranche de profondeur 10-120 m (PRODFIT, M = 1 et k = 2) et valeurs observées; périodes 1959-70 (avant baliste) et 1971-77 (après baliste)

Pour la première période on obtient pour l’ensemble du plateau (profondeur 10-120 m) un potentiel maximum moyen de capture (PMMC) de près de 10 000 tonnes.

Pour la seconde période pour laquelle on dispose de statistiques de prise et d’effort séparées pour les tranches de profondeur 10-50 m et 50-120 m, on obtient (figure 6, b et c):

PMMC 10-50 m

4 400 tonnes

PMMC 50-120 m

2 200 tonnes

Total (10-120 m)

6 600 tonnes


Fig. 6b: Pèche au chalut sur le plateau continental ivoirien (0-50 m): relations entre la pue et l’effort de pêche (- -) et courbes de production résultante (-) (a) avant et (b) depuis le développement du stock de baliste (fonction exponentielle, axe majeur réduit;

Fig. 6c: Pèche au chalut sur le plateau continental ivoirien (50-120 m): relation entre la pue et l’effort de pêche (- -) et courbe de production résultante (-) (fonction exponentielle, axe majeur réduit, r = - 0,66)

Ce dernier chiffre traduit une diminution apparente d’environ un tiers de la productivité d’ensemble du plateau continental. Si l’on tient compte de ce qu’une récente campagne d’estimation de la biomasse démersale donne une valeur de 8 000 tonnes pour les balistes, le déficit est de l’ordre de grandeur de la fraction de la biomasse de baliste qui pourrait être pêchée de façon soutenue mais est actuellement évitée ou rejetée. Ceci signifierait que la productivité du plateau continental n’a que peu varié quantitativement à la suite de la prolifération du baliste.

La valeur du PMMC pour la strate 50-120 m est vraisemblablement une sous-estimation au potentiel biologique de capture de cette strate où beaucoup d’espèces ne sont pas pêchées ou débarquées en raison de leur faible valeur marchande et où la pèche ne s’effectue qu’en saison fraîche lorsque la disponibilité des sparidés est élevée. Il en résulte une distribution biologiquement sous-optimale de l’effort de pêche par rapport aux espèces constituant l’écosystème.

Afin de suivre les tendances dans l’évolution des captures de certaines espèces ou de certaines groupes d’espèces, on a comparé année après année (figure 7) les pourcentages en poids par rapport à un ensemble d’espèces cibles (soles, capitaine, ombrine, carpe, sélaciens) après avoir vérifié que le pourcentage du total de ces espèces cibles par rapport au total des espèces débarquées était resté stable au cours de la période d’étude, ceci pour la strate 0-50 m.

Fig. 7: Pêcherie ivoirienne au chalut: évolution relative et absolue des pue pour quelques espèces ou groupes d’espèces d’importance majeure (voir texte)

De 1968 à 1977, les prises par unité d’effort de la friture (Brachydeuterus auritus) et du rasoir (Ilisha africana) ont fortement diminué. La baisse des rendements de friture est à mettre en regard avec la prolifération du baliste qui a la même distribution bathymétrique. La pue de sparidés (pageots et dorades) a augmenté. Cet accroissement peut être dû à une remontée des sparidés en relation avec un refroidissement de la région ou bien au déplacement de l’activité des chalutiers travaillant plus au large pour éviter les fonds de 30 à 35 m où les balistes dominent. Le déclin des cynoglosses peut provenir du fait que l’espèce la plus abondante C. canariensis a la même distribution bathymétrique que le baliste et serait donc indirectement moins exploitée par les chalutiers cherchant à éviter cette dernière. Enfin, l’augmentation du pourcentage d’ombrines après une phase de déclin est vraisemblablement à imputer à une diminution de l’effort déployé ces dernières années par l’ensemble de la flottille ivoirienne.

Au cours de la période 1971-77, la production par unité de surface est de 4 400 tonnes pour 4 700 km2 que représente la strate 10-50 m, soit 0,94 tonnes/km2, et de 2 200 tonnes pour 7 600 km dans la tranche 50-120 m, soit 0,29 tonnes/km2. Une estimation récente de la biomasse sans les balistes est de 9 300 tonnes de 10 à 50 m, de 11 500 tonnes de 50 à 120 m. Les rapports prise/biomasse sont respectivement: de 4 400/9 300 = 0,5 pour la tranche 10-50 m et de 2 200/11 500 = 0,2 pour celle située au-delà des 50 m.

On peut donc considérer que la strate 10-50 m est pleinement exploitée, alors que les prises au-delà de 50 m pourraient biologiquement être au moins doublées, ce qui donnerait pour cette strate un potentiel supérieur à 4 400 tonnes. Toutefois, ce chiffre reste théorique dans la mesure où les rendements économiques actuels sont insuffisants (densité plus faible, plus grand nombre d’espèces de moindre valeur marchande) pour permettre la pleine exploitation de cet écosystème. Si l’on tient maintenant compte des balistes, leur biomasse non exploitée de 8 000 tonnes représente un potentiel de capture supplémentaire de l’ordre de 8 000 x 0,25 = 2 000 tonnes, dont 900 entre 10 et 50 m et 1 100 au-delà.

Le tableau ci-dessous résume les potentialités démersales actuelles du plateau continental ivoirien.


Strate de
profondeur

Potentiel
(tonnes)

Densité
(tonnes/km2)

Sans baliste

0-50 m
50-120 m

4 400
4 400
8 800

0,94
0,38

Avec baliste

0-50 m
50-120 m

5 300
5 500
10 800

1,13
0,72

7.2 Ghana - Togo - Bénin

La nature des données disponibles ne permet pas l’emploi de modèles globaux.

Au Ghana, Rijavec (1971) a estimé, à partir de prospections par chalutage effectuées en 1969 et 1970, que la biomasse démersale comprise entre 10 et 40 brasses (18-70 m) pour une surface de 15 000 km2 était de 47 000 tonnes (densité 31 kg/ha) et que les plus fortes densités s’observaient de 50 à 70 m.

Le taux d’exploitation étant élevé au moment où ces campagnes ont eu lieu, on peut raisonnablement espérer une prise maximale moyenne annuelle de l’ordre de 0,4 fois la biomasse, soit environ 20 000 tonnes ou 1,3 tonne/km2. Ce dernier chiffre est un peu supérieur à deux obtenus en Côte-d’Ivoire, ce qui est en accord avec les résultats obtenus par Caverivière (1978) à partir de la comparaison des rendements obtenus par les chalutiers ivoiriens. Il conclut que, pour la période 1968-74 et pour la zone 0-50 m, la densité moyenne sur les fonds de pêche ghanéens est supérieure de 10 a 15 pour cent à celle des fonds de pêche ivoiriens de même nature.

Si l’on extrapole la valeur de 1,3 tonne/km2 a l’ensemble du secteur Ghana/Togo/Bénin on obtient un potentiel maximal de capture de 32 500 tonnes, en supposant que la productivité globale de la région n’a pas changé depuis la prolifération des balistes, ce qui parait être le cas en Côte-d’Ivoire. Encore que les données soient insuffisantes pour le démontrer, il n’est pas impossible que les balistes représentent la moitié de ce potentiel de capture.

7.3 Nigéria - Cameroun - Guinée équatoriale

Longhurst (1964) fut le premier à publier des estimations du potentiel démersal possible du plateau continental nigérian. Il a estimé qu’au début des années 60, la flottille de chalutiers basés à Lagos extrayait en moyenne 3 500 tonnes à partir des fonds côtiers inférieurs à 20 brasses compris entre Cotonou (Bénin) et Lekke (Nigéria). Ce secteur représente une surface de l’ordre de 500 milles nautiques. La production annuelle correspondante par unité d’aire est donc de 7 tonnes/m n2 ou de 2 tonnes/km2. Il précise que le taux de rejet est faible, notamment en ce qui concerne les petites espèces comme Brachydeuterus. Ce chiffre de 2 tonnes/km2 ne représente pas la productivité maximale car plusieurs facteurs, dont les effets peuvent être appréciables, ne sont pas pris en considération:

- si l’auteur indique que la pêche chalutière était active à l’époque, on ignore si le taux maximum d’exploitation était atteint ou dépassé; s’il ne l’était pas ou s’il est dépassé, il en résultera une erreur par défaut;

- les zones périphériques n’étant pas exploitées, du moins au chalut, une immigration vers le secteur appauvri par chalutage doit entraîner une erreur par excès;

- enfin, la production artisanale, importante globalement mais sans doute centrée sur les espèces pélagiques, est ignorée (cause d’erreur par défaut).

A l’aide de cette première valeur, grossière, de la productivité possible d’un secteur du plateau continental nigérian et d’une prospection portant sur l’ensemble du plateau, il avance (1965a) comme ordre de grandeur du potentiel démersal global les chiffres suivants:

pêche au chalut

- zone côtière (0-50 m)

11 000

tonnes (0,4 tonnes/km2)1


- zone profonde (50-200 m)

3 500

tonnes (0,25 tonnes/km2)

pêche artisanale (surtout zone littorale)

25 000

tonnes


Total

de l’ordre de

40 000

tonnes

1 Non compris la pêche artisanale
Ces conclusions, quoique très approximatives, sont intéressantes à plusieurs titres:
- elles donnent une première idée du potentiel possible: le chiffre de 40 000 tonnes correspond à une productivité par unité de surface d’environ 1 tonne/km2 (surface plateau = 41 000 km; tableau 3);

- elles montrent la pauvreté de la zone profonde, dont le potentiel est estimé par l’auteur à un tiers seulement de celui (chalut) de la zone côtière. Cette zone profonde n’était pas exploitée à l’époque;

- il observe que la densité de la biomasse instantanée diminue de façon appréciable lorsqu’on se rapproche du plateau camerounais.

Par ailleurs, au cours de la campagne GTS en 1963 et 1964 (Williams, 1968) les densités démersales ont été estimées à 19,8 kg/ha de 0 à 50 m et à 16,7 kg/ha au-delà des 50 m. La biomasse estimée pour l’ensemble de la zone Nigéria-Cameroun-Guinée Equatoriale est donc de:

1,98 x 37 800

=

74 844

tonnes (0-50 m)

Brachydeuterus exclu

1,67 x 22 300

=

37 241

tonnes (>50 m)


Total


112 085

tonnes



Compte tenu du niveau d’exploitation probable pendant cette période, on peut penser que 30 à 40 pour cent (plus vraisemblablement 30 pour cent) de la biomasse des fonds de 0 à 50 m peuvent être captures annuellement, soit 22 000 à 30 000 tonnes, dont 15 000 à 20 000 tonnes pour le Nigéria, 5 000 à 7 000 tonnes pour le Cameroun et 1 000 à 2 000 tonnes pour la Guinée Equatoriale. Au-delà de 50 m où l’exploitation était nulle, on peut espérer une capture annuelle de 20 pour cent de la biomasse soit environ 7 500 tonnes dont théoriquement moins de 5 000 tonnes pour le Nigéria, 2 000 tonnes pour le Cameroun et peut-être 500 tonnes pour la Guinée Equatoriale. Les potentiels calculés à partir de ces données correspondent à un maximum théorique, réalisable si toutes les espèces étaient exploitées et commercialisées et l’effort convenablement réparti dans l’espace et le temps. Par exemple, la tranche profonde reste encore, du fait de la faiblesse des rendements économiques, largement inexploitée dans toute la zone.

Les données GTS confirment que, comme l’avait avancé Longhurst (1965a), dans la mesure où il peut être économiquement capturé, le potentiel de la tranche profonde serait, en valeur absolue, compris entre le quart et le tiers du potentiel de la tranche côtière, ceci pour l’ensemble du secteur Nigéria-Cameroun-Guinée Equatoriale.

Remarque

Les estimations obtenues pour le Cameroun, soit 7 000 à 9 000 tonnes au total, ne concordent pas avec les prises déclarées par ce pays qui dépassent 15 000 tonnes depuis de nombreuses années. Il semble qu’une grande partie des captures provienne des zones très côtières et des embourchures de fleuves très nombreuses et importantes, qui n’ont jusqu’ici fait l’objet d’aucune investigation. Ces ressources seraient surtout exploitées par la pêche artisanale et, dans une certaine mesure, mal prises en compte dans des évaluations basées sur des prospections par chalutage. Les chiffres donnés par Longhurst (1965a) pour le Nigéria (15 000 tonnes pour le potentiel chalutable et 25 000 tonnes pour le potentiel artisanal) confirment cette observation. Indépendamment du fait que la flottille chalutière basée à Douala pourrait exploiter une zone plus étendue que le plateau continental camerounais, il a été suggéré que les apports de sels nutritifs d’origine terrigène et la présence de mangroves et de zones deltaïques étendues pourraient être des facteurs d’enrichissement qui viendraient compenser au moins partiellement la faible productivité océanique de cette partie du golfe de Guinée.

7.4 Gabon - Congo - Angola (Cabinda) - Zaïre

En 1963-64, la campagne GTS a permis d’estimer la biomasse disponible sur le plateau continental, par tranches de profondeur (0-50 m et 50-200 m) et par secteurs (Douala - cap Lopez, cap Lopez - sud Gabon et sud Gabon - embouchure du Congo). A l’époque, la pêche au chalut était active dans la bande côtière de ce dernier secteur où la plupart des espèces nobles étaient proches de la pleine exploitation (Le Guen, 1971; Troadec, 1971). Les fonds situés immédiatement au sud du cap Lopez étaient également exploités, mais à un degré moindre, d’abord parce qu’une grande partie du plateau gabonais (60 pour cent d’après Rossignol et al., 1962) est inchalutable. La partie située au nord du cap Lopez, pauvre, n’était pas fréquentée par les chalutiers. Quant aux fonds de plus de 50 m, seuls ceux situés devant l’extrême sud Gabon, le Congo et le Cabinda, étaient exploités quelques mois par an, en saison froide. Sur la base de ces informations et en prenant comme coefficient de mortalité naturelle une valeur moyenne de 0,4, on a admis que le potentiel du secteur le plus exploité (par les chalutiers ponténégrins) était égal à 40 pour cent de la biomasse disponible lors de la campagne et celui du secteur vierge (zone profonde du sud Gabon) à seulement 20 pour cent de cette biomasse; pour les autres secteurs, on a pris des rapports intermédiaires, choisis sur la base du taux d’exploitation probable. On aboutit ainsi aux estimations de potentiel suivantes:

Secteur

Tranche de profondeur

Biomasse, “réduite”1 (tonnes)


Potential théorique (tonnes)

Nord Gabon (nord cap Lopez)

0-200 m

6 5002

0,20

1 300

Sud Gabon (sud cap Lopez)


0-50 m

20 000

0,30

6 000

50-200 m

37 000

0,20

7 400

Congo-Cabinda-Zaïre


0-50 m

41 000

0,40

16 400

50-200 m

57 000

0,25

14 250

1 C’est-à-dire sans les espèces pélagiques ni Brachydeuterus auritus

2 Obtenue par extrapolation de la biomasse dans le secteur sud Gabon, le facteur d’extrapolation étant pris égal au rapport des aires respectives multiplié par celui des densités, Rossignol et al. (1962) ayant montré qu’à la même époque la biomasse y était en moyenne 2,7 fois moins dense qu’au sud de ce cap

On aboutit ainsi à un potentiel théorique de l’ordre de 45 000 tonnes (sans Brachydeuterus) pour l’ensemble de la région. Ce chiffre n’est certainement pas réalisable actuellement et cela pour trois raisons.
a) soixante pour cent du plateau continental gabonais étant inchalutable, la réalisation du potentiel de 15 000 tonnes correspondant à l’ensemble du plateau continental de ce pays dépend de la possibilité d’exploiter pleinement les fonds durs, c’est-à-dire d’une mise en oeuvre pleinement réussie d’engins de pèche (lignes, filets, casiers, etc.) autres que le chalut;

b) les estimations relatives au plateau ivoirien ont montré que, pour la strate profonde, il n’était pas possible actuellement pour des raisons économiques de pêcher guère plus des 2/5 du potentiel biologiquement réalisable. Il serait donc impossible actuellement de tirer plus de 9 000 tonnes de cette strate dans tout l’ensemble considéré ici. La même considération s’applique à la strate côtière au nord du cap Lopez qui, très pauvre, est délaissée par les chalutiers;

c) enfin, ces estimations, tirées des biomasses instantanées, admettent que toutes les espèces prises en compte dans ces biomasses peuvent être pleinement exploitées et utilisées, c’est-à-dire qu’aucune ne sera rejetée et que l’effort sera distribué de façon optimale dans l’espace et le temps.

Pour les mêmes raisons, les potentiels calculés ci-dessus doivent être aussi révisés en hausse si le pelon (Brachydeuterus auritus) pouvait être exploité et commercialisé, les biomasses utilisées dans les estimations ne comprenant pas cette espèce. En première approximation, basée sur le rapport entre les chiffres de biomasse totale et de biomasse “réduite” donnés par Williams (1968) et sur les estimations de Fontana (1974, voir plus loin), on peut admettre qu’un surcroît de production compris entre 1/4 et 1/3 du potentiel côtier, soit environ 6 000 à 7 000 tonnes supplémentaires, peut être fourni par Brachydeuterus auritus pour l’ensemble de la région.

Les données disponibles ne permettent pas d’aboutir à des conclusions plus précises. Le maillon le plus faible du raisonnement est évidemment l’appréciation du taux d’exploitation subi en 1963-64 par les différents fonds de pêche. En analysant l’évolution des captures en provenance du seul plateau congolais en fonction de l’accroissement de l’intensité de pêche développé par la flottille chalutière congolaise, Fontana a observé que, sous les conditions courantes de répartition de l’effort de pêche et sans le Brachydeuterus alors rejeté, les prises totales annuelles tendaient à plafonner aux alentours de 8 000 tonnes pour une puissance motrice totale de l’ordre de 3 000 CV. Si l’on interpole les potentiels tirés des biomasses GTS figurant dans les tableaux précédents, proportionnelement aux aires de plateau continental, et en admettant comme en Côte-d’Ivoire que la strate profonde (50-200 m) ne peut en pratique produire plus de 40 pour cent du potentiel théorique, on aboutit, pour le seul plateau congolais, à une production maximale moyenne de 6 000 ou de 12 000 tonnes (Brachydeuterus exclu) selon que l’on base l’interpolation sur le potentiel du secteur sud Gabon-Congo-Cabinda-Zaïre ou sur celui du secteur Congo-Cabinda-Zaïre seulement. Bien qu’approximatives, les deux méthodes aboutissent à des résultats du même ordre. On peut donc penser que l’ordre de grandeur des estimations précédentes et, surtout les différences dans la richesse relative des divers fonds, sont correctes.


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