Les calculs ont été réalisés sur ordinateur HP 9845B. Les programmes ont été préparés par Fernandez (Instituto Español de Oceanografía, IEO) et Barbe (COPACE) pour les modèles de production de Fox et l'analyse des cohortes et par Pereiro et Fernández pour le LEO pour le modèle de production généralisé.
5.1.1.1 Les prises
Suivant les recommandations du Groupe de travail précédent, un essai de séparation des captures déclarées dans la division 34.1.3 entre les unités de stock présumées de Dakhla et du Cap Blanc ont été tentées en utilisant les données disponibles pour l'Espagne et le Japon (qui sont les deux principaux pays pêcheurs) et quelques hypothèses concernant les autres pays.
Les captures au Cap Blanc ont été estimées de la manière suivante:
1966–68 - seul le Japon exploite le Cap Blanc (données fournies par Hatanaka, 1979);
1970–74 - les captures japonaises sont données par Hatanaka (1979). Les captures coréennes ont été réparties entre le Cap Blanc et la zone de Dakhla en suivant le schéma de répartition des captures japonaises entre ces deux secteurs faute d'une meilleure hypothèse. Le Groupe a insisté sur le fait que, avec le retrait du Japon de cette pêcherie, les données coréennes de captures deviennent essentielles et qu'une bonne connaissance de leur distribution entre les secteurs de Dakhla et du Cap Blanc devient absolument nécessaire (cf. tableaux 12 à 14). On a en outre considéré que 10% des captures totales des autres pays (qui représentent des quantités très faibles) dans la zone nord du COPACE sont capturées au Cap Blanc (hypothése admise par le Groupe de travail précédent);
1975–77 - cent pour cent des captures de la Mauritanie, du Japon et de la Corée sont considérées comme provenant du Cap Blanc. Les données de Hatanaka montrent que cette hypothèse est valable pour le Japon. En outre 10% des captures de l'Espagne sont considérées comme provenant du Cap Blanc ainsi que 20% des captures des autres pays;
1978–79 - cent pour cent des captures du Japon, de la Corée et de la Mauritanie proviennent du Cap Blanc ainsi que 20% des captures des autres pays. L'Espagne n'exploite plus du tout le secteur;
1980 - Les hypothèses sont les mêmes que pour la période précédente mais 77% seulement des captures coréennes proviennent du Cap Blanc (données de la Corée).
Les séries ainsi reconstituées sont données dans le tableau 14.
Les captures réalisées dans la région de Dakhla ont été obtenues par différence entre les captures totales (données COPACE) dans la division 34.1.3 et les captures estimées pour la région du Cap Blanc.
5.1.1.2 Les cpue
Pour le stock du Cap Blanc, Hatanaka (1979) a fourni une série de cpue calculées par années biologiques et déjà utilisées dans la réunion précédente. Les déclarations consignées dans le Bulletin statistique du COPACE étant ventilées par années calendaires, les cpue calculées par Hatanaka ont été ajustées (par moyenne mobile sur 2 années).
Le Japon n'ayant pas pêché en 1980, la cpue a été estimée à partir du rapport moyen entre la cpue du Japon et de la Corée en 1978.
| cpue du Japon Hatanaka (1979)- données du Groupe de travail N° 2 | cpue de la Corée Shimura (1981) | Rapport Japon/Corée | |
|---|---|---|---|
| 1978 | 360 | 571 | R = 0,63 |
| 1979 | 210 | 355 | R = 0,59 |
| 1980 | (435) | 714 |  = 0,61 |
Pour le stock de Dakhla la cpue espagnole a été adoptée, comme pour les réunions précédentes (de 1967 à 1975, la cpue utilisée est une combinaison des données espagnoles et japonaises). Dans l'avenir, l'ISPM s'attachera à fournir les données des cpue de la flotte marocaine.
5.1.1.3 Les efforts
Les efforts ont été simplement calculés en divisant les captures totales par les cpue disponibles.
5.1.1.4 Résultats des modèles 1
L'évolution des captures, effort et cpue est donnée dans les figures 5 et 6.
Dakhla: le modéle de Fox s'applique bien aux données (voir Figure 7). Le meilleur ajustement est obtenu pour m = 0,2 (voir Figure 8). L'essentiel des résultats est consigné dans le tableau suivant.
| Modèle | fMSY | MSY | f1980/fMSY |
|---|---|---|---|
| Fox | 640 000 h | 74 000 t | 2,4 |
| m = 0,2 | 470 000 h | 56 000 t | 3,3 |
Le modéle de production pour m = 0,2 indique une surexploitation plus importante que le modéle de Fox. Dans tous les cas le stock est largement surexploité, ce qui confirme les analyses des groupes de travail précédents. L'effort calculé pour 1980 est de 2 à 3 fois supérieur à celui qui produirait en moyenne la capture maximale équilibrée.
Une comparaison grossiére des cpue de quelques bateaux marocains, des cpue espagnoles (dont celle de 1981 est provisoire) et des évaluations de biomasse réalisées par le N/O IBN SINA indiquent une augmentation de l'abondance en 1981 de 20% (données marocaines) à 100% environ (données espagnoles). Les résultats provisoires concordent donc quant à la tendance mais divergent quant à l'amplitude du changement.
L'amélioration apparente serait confirmée par la figure 16 qui montre l'évolution des indices de recrutement dans la zone de Dakhla et en particulier son augmentation apparente en 1980.
Cette amélioration ne modifie cependant pas le jugement relatif à la surexploitation du stock, sur la base du modéle de production (données 1980) car si le nombre de bateaux espagnols a diminué en 1981 de 36% celui des marocains a augmenté de 50% et l'effort total appliqué au stock en 1981 ne sera réellement connu que lorsque toutes les statistiques définitives seront disponibles.
Cap Blanc: les résultats sont les suivants (voir figures 9 et 10):
| Modéles | MSY | fMSY | f1980fMSY |
|---|---|---|---|
| m = 0 1 | 62 000 t | ∞ | - |
| Shaefer | 46 000 t | 156 000 h | 0,17 |
| Fox | 44 000 t | 192 000 h | 0,14 |
1 Meilleur ajustement statistique
Si les statistiques de capture dont on dispose sont correctes, cette analyse indique que le niveau d'exploitation a fortement baissé sur ce stock ces dernières années, passant d'un état de pleine exploitation à un état de sous-exploitation caractérisée. L'augmentation sensible de la cpue est un argument en faveur de cette interprétation.
La divergence des conclusions entre les analyses des stocks du Cap Blanc et de Dakhla tend à confirmer l'existence de deux stocks séparés.
5.1.2.1 Les prises
Les seiches capturées dans la division 34.1.3 ont été supposées appartenir à un même stock; puis la série historique a été reconstituée de 1969 à 1980. Elle figure dans le tableau 15.
5.1.2.2 Les cpue et les efforts
Les cpue des bateaux espagnols ont été retenues par le Groupe pour estimer les efforts totaux dans la zone. Le tableau 15 donne l'évolution de ces cpue et des efforts ainsi calculés.
5.1.2.3 Résultats des modèles
Division 34.1.3
Les modéles de production pour diverses valeurs de m ont été calculés. Les ajustements ne sont pas trés satisfaisants. Les résultats sélectionnés sont les suivants (voir figures 11, 12 et 13).
| Modèles | fMSY | fMSY | f1980/fMSY |
|---|---|---|---|
| m = 0,1 | 1 806 000 h | 7 600 t | 0,25 |
| Fox | 352 000 h | 7 000 t | 1,28 |
| Shaefer | 317 000 h | 8 400 t | 1,42 |
Bien que le meilleur ajustement soit obtenu pour m = 0,1, les résultats n'ont pas de sens en terme d'exploitation rationnelle car ils impliquent que la capture maximale (peu différente de celle de ces dernières années), serait obtenue avec un effort égal à 4 fois le niveau de 1980. Le modèle de Shaefer, plus conservateur, indique que le stock est fortement surexploité.
Le modéle de Fox conduit à un diagnostic semblable.
On doit cependant considérer ces résultats avec prudence car l'ajustement n'est pas bon et le manque de données détaillées a conduit le Groupe de travail à analyser conjointement les concentrations du Cap Blanc et de Dakhla. Compte tenu de l'évolution très divergente de l'effort de pêche dans ces deux secteurs (voir l'analyse sur les poulpes), cette analyse conjointe n'est peut-être pas justifiée et il est plus vraisemblable que parallèlement ce que l'on a observé pour les pêcheries de poulpes, la région de Dakhla soit plus intensément exploitée que celle du Cap Blanc.
Le précédent Groupe de travail avait tenté de mener une analyse de production par recrue du stock du Cap Blanc en utilisant des mortalités par pêche variables selon l'âge calculées par analyse de cohortes. Les données actuelles ne permettent pas encore l'emploi de cette méthode (qui demeure théoriquement la plus satisfaisante) pour le secteur de Dakhla du fait que les vecteurs de prises par âge sont inconnus pour certaines flottilles importantes.
De ce fait le Groupe de travail s'est limité, faute de temps, à examiner pour ce secteur la situation la plus probable de la pêcherie dans l'hypothèse d'un F constant à partir de la taille à la première capture. L'analyse a utilisé les estimations de Z et de sélectivité des mailles calculées en 1980 et 1981 à partir des campagnes de recherche de l'IBN SINA. Les résultats ont été calculés dans l'hypothése d'un M égal à 0,5 (valeur retenue comme étant la plus vraisemblable) et dans celle d'un M plus élevé égal à 1,0.
Une gamme de tailles à la première capture comprise entre 4 et 8 cm a été utilisée du fait de l'incertitude qui demeure sur l'âge réel à la première capture. La valeur de 4 cm semble toutefois la plus probable si l'on examine les vecteurs de prises par catégorie de taille des chalutiers espagnols.
Les résultats suivants sont obtenus:
| 1980 | 1981 | ||||
|---|---|---|---|---|---|
| Résultats lus sur les tables Données de rendement de Beverton et Holt | |||||
| M | 0,5 | 1,0 | 0,5 | 1,0 | |
| Z | 2,30 | 2,30 | 1,84 | 1,84 | |
| F/M | 3,60 | 1,30 | 2,68 | 0,84 | |
| M/K | 1,50 | 2,50 | 1,5 | 2,5 | |
| Y/Ropt | 55 | 19,9 | 54 | 18,1 | |
| Y/R pour tc = 8 | 30 | 17,1 | 28 | 16,7 | |
| 19 | 12,1 | 15 | 13,2 | ||
| Y/R (tc = 8 à tcopt) | +83% | +16% | +92% | +7% | |
| Y/R (tc = 4 à tcopt) | +189% | +64% | +16% | 37% | |
| tcopt= | 17 cm | 11 cm | 17 cm | 12 cm | |
Dans les hypothèses les plus vraisemblables pour le Groupe de travail de M = 0,5 et tc = 4 cm (avec la maille de 60 mm et les stratégies de pêche actuelles), le stock apparaît comme étant fortement exploité, la taille à la première capture étant bien inférieure à la taille à la première capture susceptible de maximiser la production par recrue. Les pourcentages estimés d'accroissement potentiel de la production par recrue peuvent en fait être biaisés par les variations probables de F avec l'âge qui sont négligés dans le modéle, en particulier pour les jeunes lors du recrutement et pour les plus vieux individus. (L'analyse des cohortes par la méthode de Jones (voir plus loin) suggère toutefois une relative constance de F durant toute la phase exploitée.) Cependant, le Groupe attire l'attention sur le fait que cette analyse reste très grossière car elle ne tient pas compte du fait que les femelles disparaissent de la pêcherie bien avant les mâles. Ce biais est de nature a surestimer le recrutement par recrue et la taille de première capture optimale théorique et en conséquence les conclusions n'ont qu'une valeur très limitée. Le Groupe recommande qu'une étude similaire par sexe soit entreprise.
Il semble que, au moins pour le stock de Dakhla qui est fortement surexploité en terme de modèle de production, la production par recrue puisse être significativement accrue par une réduction de la mortalité par pêche exercée sur les jeunes individus (accroissement de tc): ce résultat peut être obtenu, soit par un accroissement du maillage, soit par une réduction de l'effort de pêche dans les zones de concentration des juvéniles. Des analyses complémentaires de la sélectivité de mailles supérieures à 60 mm, ainsi que des études de la distribution spatio-temporelle des concentrations des plus jeunes poulpes et une étude analytique par sexe sont nécessaires avant que le Groupe de travail puisse faire des recommandations précises quant à une stratégie optimale d'exploitation.
Une analyse des distributions annuelles des fréquences de taille par la méthode de Jones a été réalisée sur les prises par catégories commerciales de la flottille espagnole de 1976 à 1980. Ces résultats ont été calculés en retenant deux valeurs de F/M correspondants au dernier âge. Les résultats sont donnés dans le tableau suivant:
| Taille en cm | F/Z final = 0,8 | F/Z final = 0,6 | ||||||
|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
| 1976 | 1977 | 1978 | 1979 | 1976 | 1977 | 1978 | 1979 | |
| 2–5 | 0,74 | 0,82 | 0,76 | 0,71 | 0,74 | 0,82 | 0,76 | 0,71 |
| 5–6 | 0,89 | 0,89 | 0,82 | 0,81 | 0,89 | 0,88 | 0,82 | 0,80 |
| 6–8 | 0,86 | 0,85 | 0,84 | 0,82 | 0,86 | 0,85 | 0,83 | 0,82 |
| 8–11 | 0,73 | 0,70 | 0,68 | 0,71 | 0,72 | 0,79 | 0,67 | 0,70 |
| 11–13 | 0,75 | 0,74 | 0,72 | 0,76 | 0,74 | 0,72 | 0,70 | 0,75 |
| 13–15 | 0,87 | 0,86 | 0,86 | 0,87 | 0,85 | 0,84 | 0,84 | 0,86 |
| 15–17 | 0,80 | 0,80 | 0,80 | 0,80 | 0,60 | 0,60 | 0,60 | 0,60 |
 | 2,46 | 2,46 | 1,97 | 1,98 | 2,33 | 2,33 | 1,83 | 1,86 |
Ces résultats suggèrent que le taux d'exploitation en fonction de l'âge est relativement constant. On note en outre que dans la pêcherie espagnole de 1976 à 1979 la classe commerciale de 2 à 5 cm (c'est-à-dire inférieure au tc théorique de la maille employée) semble pleinement recrutée et retenue par les mailles en usage dans la mesure où son taux d'exploitation est très comparable à ceux des individus plus âgés.
La validité des conclusions obtenues par cette méthode est en fait limitée par un certain nombre de problèmes, du fait en particulier de la notion de pseudo-cohorte qui implique que la pêcherie soit en équilibre, alors que le recrutement et le taux d'exploitation sont variables selon les années). Le Groupe de travail recommande donc que l'analyse soit menée selon la méthode classique d'analyse de cohorte utilisant les vecteurs de prises par âge de l'ensemble des pêcheries dès que ceux-ci auront pu être obtenus.
On peut dès à présent noter que le schéma de la mortalité par la pêche en fonction de l'âge obtenu dans la présente étude sur le stock de Dakhla est très différent de celui obtenu pour la pêcherie japonaise du Cap Blanc de 1969 à 1971 par le précédent Groupe de travail en octobre 1980); de fait, la différence dans les méthodes de calcul rend difficile une comparaison quantitative de ces résultats. La forme des vecteurs de F en fonction de l'âge pour ces deux stocks apparaît sur la figure 14. Le recrutement paraît retardé dans la pêcherie du Cap Blanc et le taux d'exploitation montrait de fortes variations saisonnières (en entraînant des variations en fonction de l'âge). En revanche à Dakhla, le recrutement paraît précoce et le taux d'exploitation beaucoup plus stable. La différence marquée dans l'allure des vecteurs F explique sans doute essentiellement les différences dans les conclusions des analyses de production par recrue qui utilisent ces données.
Le Groupe a tenté une analyse préliminaire des données concernant le cycle biologique et le recrutement.
A partir des données disponibles dans le travail de Hatanaka (1979) sur les périodes de ponte, le recrutement et la croissance, le cycle biologique du stock de poulpe du Cap Blanc a été reconstitué (figure 15). La cohorte pondue au printemps (mai-juin) serait recrutée en novembre (ou passage à l'état adulte) et participerait massivement à la ponte de printemps de l'année suivante. La cohorte pondue à l'automne (septembre-octobre) serait recrutée en mai (la croissance plus lente qui en découle pourrait s'expliquer par les températures hivernales) juste pour la première ponte, mais ne pondrait massivement qu'à l'automne suivant (l'intervalle de taille à l'intérieur duquel s'effectue la maturation a été indiqué). On peut en déduire l'existence d'une saison de ponte principale en mai-juin (les deux nouvelles cohortes pondent) et d'une saison secondaire en septembre-octobre (une seule des cohortes pond). La ponte principale de printemps produirait le recrutement principal d'automne.
5.3.2.1 Dakhla
La cpue espagnole (catégorie commerciale N° 8) de 1977 à 1980, au printemps (avril-mai) et à l'automne (septembre-novembre) a permis de calculer des indices de recrutement dont l'évolution est donnée sur la figure 16.
5.3.2.2 Au Cap Blanc
Les variations saisonnières de cpue données par Hatanaka (1979) (figure 3, p. 26) indiquent une hausse brutale des rendements en août. Si on considère que cette hausse reflète le recrutement, l'évolution de la cpue en août d'année en année indiquerait l'évolution du recrutement de printemps.
La figure 17 montre que le recrutement au Cap Blanc aurait très sensiblement diminuè de 1967 à 1975.
La figure 18 donne une toute première approche de ce problème de la cpue en août pour l'année n + 1 (indice de recrutement) a été reliée à la cpue annuelle moyenne pour l'année précédente (indice de stock reproducteur).
Une relation entre ces deux données existe mais le Groupe n'a pas eu le temps matériel d'en discuter la validité.
Le Groupe a souligné que ces résultats sont donnés à titre tout à fait indicatif et a recommandé qu'une analyse plus approfondie soit réalisée sur ce point avant que des conclusions définitives soient tirées.
